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Suivi d'un nourrisson, d'un enfant et d'un adolescent normal ...

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Faculté de Médecine de Marseille<br />

<strong>Suivi</strong> d’un <strong>nourrisson</strong>, d’un <strong>enfant</strong> <strong>et</strong> d’un<br />

<strong>adolescent</strong> <strong>normal</strong>. Examens de santé obligatoires<br />

médecine scolaire, dépistage des anomalies<br />

orthopédiques, des troubles visuels <strong>et</strong> auditifs (33)<br />

Brigitte Chabrol, Patricia Carrel<strong>et</strong>, Stéphane Roman<br />

Juin 2005<br />

Prérequis :<br />

Les candidats, avant d’aborder c<strong>et</strong>te question, doivent avoir comme prérequis indispensable<br />

une parfaite connaissance des différentes étapes du développement psychomoteur (cf<br />

question 32)<br />

Objectifs :<br />

• parfaite connaissance du développement psychomoteur <strong>et</strong> staturopondéral <strong>normal</strong><br />

d’un <strong>nourrisson</strong>, d’un <strong>enfant</strong> <strong>et</strong> d’un <strong>adolescent</strong><br />

• dépistage des anomalies d’examen en particulier des anomalies visuelles, auditives,<br />

orthopédiques pour m<strong>et</strong>tre en place une prise en charge précoce <strong>et</strong> diminuer la<br />

fréquence des complications<br />

• intérêt des examens systématiques dans une optique plus large de prévention <strong>et</strong> de<br />

santé publique.<br />

Références :<br />

• Michel Roussey, Odile Kremp : suivi d’un <strong>nourrisson</strong>, d’un <strong>enfant</strong> <strong>et</strong> d’un <strong>adolescent</strong><br />

<strong>normal</strong> Examens de santé obligatoires, in Pédiatrie, A Bourrillon eds, Paris, in press<br />

• Haut comité de la santé publique : la santé en France en 2001<br />

• Baromètre santé jeunes 97/98 CFES 1998<br />

Liens :<br />

Xavier Pommereau : Rapport sur la santé des jeunes (ministère de la santé) Avril 2002<br />

http://www.sante.gouv.fr/htm/actu/jeunes/4jeune.htm<br />

1. Introduction<br />

Les tranches d’âge concernées dans c<strong>et</strong>te question correspondent :<br />

• pour les <strong>nourrisson</strong>, à un âge allant de 28 jours à 24 mois de vie,<br />

• pour les <strong>enfant</strong>s, à un âge allant de 2 ans à 12 ans<br />

• pour les <strong>adolescent</strong>s, à un âge allant de 12 à 25 ans (c<strong>et</strong>te limite étant actuellement<br />

admise par tous les auteurs).<br />

2. Principes <strong>et</strong> moyens du suivi , examens de santé obligatoires,<br />

médecine scolaire<br />

Les examens systématiques de santé constituent une excellente méthode de prévention. Si<br />

certains ont pu m<strong>et</strong>tre en doute leur fiabilité chez l’adulte, en particulier en raison de leur coût<br />

élevé comparé aux résultats obtenus, ces critiques ne sauraient s’appliquer aux examens<br />

systématiques de l’<strong>enfant</strong> qui constituent l’activité de base de la Protection Maternelle <strong>et</strong><br />

Infantile (PMI) <strong>et</strong> de la Médecine scolaire (actuellement appelé Service de Promotion de la Santé<br />

en faveur des Elèves). Ils perm<strong>et</strong>tent en eff<strong>et</strong> chez l’<strong>enfant</strong> de suivre la croissance <strong>et</strong> le<br />

développement psychomoteur <strong>et</strong> d’intervenir rapidement devant la survenue d’une anomalie du<br />

développement.<br />

DCEM 2 – Module optionnel n° 15<br />

Maturation <strong>et</strong> vulnérabilité<br />

1


Faculté de Médecine de Marseille<br />

L’<strong>enfant</strong> va bénéficier au cours des six premières années de vie de vingt examens ; neuf au cours<br />

de la première année : un examen effectué dès les huit premiers jours, puis un par mois jusqu’au<br />

6 ème (1 er , 2 ème , 3 ème , 4 ème , 5 ème , 6 ème ), tous les 3 mois jusqu’à 1 an (9 ème <strong>et</strong> 12 ème mois), tous les 4<br />

mois jusqu’à deux ans (16 ème , 20 ème , 24 ème mois) <strong>et</strong> enfin tous les 6 mois jusqu’à 6 ans. Ces<br />

examens médicaux préventifs peuvent se faire soit par un médecin libéral ou hospitalier, soit en<br />

consultation de PMI. Ils sont gratuits ou remboursés en totalité.<br />

Trois de ces examens sont obligatoires à des âges clefs du développement en prévoyant la<br />

délivrance de certificats médicaux obligatoires à l’occasion des examens du 8 ème jour, du 9 ème<br />

mois <strong>et</strong> du 24 ème mois. Au delà, les <strong>enfant</strong>s sont tous rentrés en collectivité <strong>et</strong> peuvent être vus<br />

dans le cadre des examens réalisés à l’école maternelle. Pour les trois examens faisant l'obj<strong>et</strong><br />

<strong>d'un</strong> certificat médical obligatoire, une partie de ce certificat comporte seulement des<br />

renseignements administratifs, <strong>et</strong> est envoyée par les parents à la Caisse d'Allocations Familiales<br />

leur perm<strong>et</strong>tant de bénéficier des allocations familiales; l'autre partie, complétée par le médecin,<br />

est à envoyer au médecin coordinateur de la PMI dans un but essentiellement épidémiologique.<br />

Ces certificats sont inclus dans le carn<strong>et</strong> de santé de l’<strong>enfant</strong>.<br />

Le Carn<strong>et</strong> de Santé : Il s’agit d’un document de base. Les renseignements essentiels sur la<br />

croissance, les étapes du développement psychomoteur, les données de l’examen physique <strong>et</strong><br />

sensoriel, les vaccinations, doivent être inscrits sur le carn<strong>et</strong> de santé de l’<strong>enfant</strong>. Il s’agit d’un<br />

livr<strong>et</strong> individuel remis aux parents à la naissance de l’<strong>enfant</strong> par le service d’Etat civil de la<br />

commune où a lieu la naissance. Il est édité par le conseil général du département où est né<br />

l’<strong>enfant</strong>.<br />

Au fur à mesure des éditions, des conseils aux parents ont été inclus en particulier des<br />

informations concernant la santé de leur <strong>enfant</strong> avec les mesures de prévention de la mort subite<br />

du <strong>nourrisson</strong>, des conseils nutritionnels, une information sur les accidents domestiques, des<br />

pages médicales avec les différentes étapes du développement psychomoteur, des courbes de<br />

croissance staturopondéral, de périmètre crânien à compléter soigneusement, le nouveau<br />

calendrier vaccinal du <strong>nourrisson</strong>. 4 pages consacrées à l’adolescence <strong>et</strong> ses difficultés ont été<br />

récemment rajoutées.<br />

C’est un remarquable outil de liaison qui doit être présenté lors de chaque consultation pour<br />

que le médecin puisse prendre connaissance des renseignements qu’il contient <strong>et</strong> y consigner à<br />

son tour ses remarques. Strictement confidentiel, il est propriété de son titulaire ou de ses<br />

parents ; nul ne peut en exiger la communication en dehors des professionnels de santé.<br />

2.1. L’examen de l '<strong>enfant</strong> de la naissance à 24 mois<br />

Il doit toujours s’effectuer en présence des parents ce qui est la règle de base de l’examen<br />

pédiatrique.<br />

Les examens systématiques ne sont pas des simples pesées mais doivent comporter un examen<br />

soigneux du <strong>nourrisson</strong> déshabillé, une évaluation de la croissance staturo-pondérale afin de<br />

dépister le plus tôt possible un ralentissement. C'est pendant c<strong>et</strong>te période où les acquisitions<br />

psychomotrices sont rapides que doivent être dépistées les anomalies motrices <strong>et</strong> sensorielles.<br />

Des conseils diététiques <strong>et</strong> hygiéniques seront donnés <strong>et</strong> la prescription systématique de vitamine<br />

D pour la prévention du rachitisme (en tenant compte de l’apport contenu dans les laits 1 er <strong>et</strong> 2 ème<br />

âge) <strong>et</strong> de fluor pour prévenir les caries, sera faite. Les vaccinations obligatoires <strong>et</strong><br />

recommandées seront pratiquées selon le calendrier prévu par le Comité Technique des<br />

vaccinations. (cf chapitre sur les vaccinations).<br />

DCEM 2 – Module optionnel n° 15<br />

Maturation <strong>et</strong> vulnérabilité<br />

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Faculté de Médecine de Marseille<br />

2.1.1. Le 1 er examen avant le 8 ème jour de vie<br />

Il est réalisé généralement avant la sortie de la maternité <strong>et</strong> est détaillé dans le chapitre sur le<br />

nouveau-né <strong>et</strong> donne lieu au premier certificat obligatoire ( cf QS 23).<br />

2.1.2. Les examens au cours des quatre premiers mois<br />

Ils perm<strong>et</strong>tent essentiellement de dépister une anomalie précoce du développement aussi bien au<br />

niveau staturo-pondéraux que psychomoteur. Ils nécessitent donc une parfaite connaissance des<br />

étapes essentielles du développement psychomoteur (cf. QS 32).<br />

Le cinquième examen systématique, celui effectué à quatre mois, est détaillé dans le carn<strong>et</strong> de<br />

santé bien que ne donnant pas lieu à production <strong>d'un</strong> certificat médical. A c<strong>et</strong> âge, en eff<strong>et</strong>, le<br />

maintien de la tête doit être obtenu ainsi que le sourire-réponse ; l’<strong>enfant</strong> sur le ventre s’appuie<br />

sur les avant-bras. Le régime alimentaire doit commencer à se diversifier <strong>et</strong> les premières<br />

vaccinations doivent avoir été entreprises.<br />

2.1.3. De quatre à huit mois<br />

nous ne reviendrons pas sur l’évolution psychomotrice ( cf QS)<br />

A 6 mois, l'<strong>enfant</strong> a une alimentation diversifiée, les premières vaccinations sont terminées.<br />

2.1.4. L'examen du neuvième mois<br />

C<strong>et</strong> examen donne lieu à la rédaction du deuxième certificat obligatoire. Son but est :<br />

• d'apprécier l'évolution de la croissance <strong>et</strong> le développement psychomoteur<br />

• de rechercher des malformations ou anomalies méconnues lors des examens antérieurs.<br />

C'est ainsi qu'on découvre souvent un souffle systolique ;<br />

• de dépister des anomalies neurologiques <strong>et</strong> en particulier sensorielles ;<br />

• de vérifier que les vaccinations recommandées ont bien été appliquées (Diphtérie,<br />

Tétanos, Poliomyélite, Coqueluche, Haemophilus influenzae b, Hépatite B).<br />

La consultation du carn<strong>et</strong> de santé <strong>et</strong> l'entr<strong>et</strong>ien avec la mère perm<strong>et</strong>tent de connaître<br />

rapidement les antécédents de l'<strong>enfant</strong> <strong>et</strong>, en particulier, son état lors de l'examen du huitième<br />

jour.<br />

On notera les affections <strong>et</strong> les hospitalisations survenues depuis c<strong>et</strong>te période <strong>et</strong> notamment la<br />

survenue possible de convulsions.<br />

On contrôlera les pratiques alimentaires. A c<strong>et</strong> âge l'<strong>enfant</strong> doit être à quatre repas pris à la<br />

cuillère, avoir un régime diversifié, l'apport lacté doit encore être de 500 ml par jour de lait 2 ème<br />

âge. Il doit recevoir un apport vitaminique suffisant (jus de fruits ou hydrosols polyvitaminés,<br />

vitamine D 800 à 1200 unités par jour) <strong>et</strong> du fluorure de sodium (0,25 - 0,50 mg/j).<br />

On précisera les conditions de vie : conditions de l'habitat, mode de garde de l'<strong>enfant</strong> : soit la<br />

mère à la maison, soit, si elle travaille, garde à la maison, (par qui ?), placement chez une<br />

assistante maternelle, en crèche traditionnelle ou familiale.<br />

La durée du sommeil sera précisée : <strong>normal</strong>ement, l'<strong>enfant</strong> doit dormir 11 à 12 heures la nuit,<br />

1H30 le matin, 2 à 3 heures l'après-midi. On notera la prise éventuelle de médicaments,<br />

notamment de sédatifs le soir, devant faire rechercher un trouble de la relation de l'<strong>enfant</strong> <strong>et</strong> de<br />

son entourage.<br />

On commencera d'abord par les épreuves sensorielles <strong>et</strong> psychomotrices, sans déshabiller<br />

l'<strong>enfant</strong>, en le laissant assis dans les bras de sa mère (cf QS 32).<br />

Le développement somatique sera ensuite apprécié par la prise de mensurations : poids, taille,<br />

périmètre crânien. Les chiffres trouvés seront reportés sur les courbes de croissance du carn<strong>et</strong> de<br />

santé qui, régulièrement tenues, perm<strong>et</strong>tent immédiatement de porter un jugement sur la vitesse<br />

DCEM 2 – Module optionnel n° 15<br />

Maturation <strong>et</strong> vulnérabilité<br />

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Faculté de Médecine de Marseille<br />

de croissance. En moyenne, un <strong>nourrisson</strong> de 9 mois, mesure 70 cm, pèse 8,5 kg, a un périmètre<br />

crânien de 45 cm.<br />

Le gain pondéral est important : 5 à 6 kg depuis la naissance, mais une courbe de poids<br />

excessive, dépassant notamment le 97ème percentile, conduit à rechercher une erreur de régime.<br />

A l'inverse, une courbe de poids insuffisante doit faire penser à une carence d'apport ou une<br />

maladie digestive (maladie cœliaque, mucoviscidose, …).<br />

La croissance en taille est très rapide : l'<strong>enfant</strong>, en un an, va grandir de 20 centimètres. Une<br />

insuffisance du développement statural sans déficit pondéral doit faire penser à une<br />

hypothyroïdie <strong>et</strong> faire pratiquer une mesure de l'âge osseux <strong>et</strong> un dosage de la TSH <strong>et</strong> de la T4.<br />

Une insuffisance staturo-pondérale harmonieuse oriente vers une lésion organique (cardiopathie,<br />

néphropathie), une infection chronique ou récidivante (examen des urines) ou un problème<br />

psychosocial.<br />

La mesure du périmètre crânien est fondamentale puisqu'elle reflète la croissance cérébrale. A<br />

c<strong>et</strong> âge, la fontanelle antérieure n’est pas encore fermée. Elle se ferme entre 6 <strong>et</strong> 15 mois Un<br />

périmètre crânien excessif associé à des anomalies du développement psychomoteur, doit faire<br />

songer à une hydrocéphalie ou à un épanchement sous-dural. Par contre une macrocéphalie<br />

isolée doit faire évoquer une macrocéphalie familiale bénigne. A l'opposé, un périmètre crânien<br />

insuffisant traduit une microcéphalie invitant à rechercher des signes neurologiques anormaux <strong>et</strong><br />

un r<strong>et</strong>ard du développement psychomoteur.<br />

Beaucoup plus exceptionnellement, la forme spéciale du crâne avec soudure précoce des sutures<br />

<strong>et</strong> disparition des fontanelles, fera porter le diagnostic de crâniosténose.<br />

Dès l'inspection, on pourra remarquer une pâleur cutanéo-muqueuse liée à l'anémie<br />

hypochrome si fréquente à c<strong>et</strong> âge, que confirmera un taux d'hémoglobine inférieur à 11<br />

grammes pour 100 ml. C<strong>et</strong>te anémie est facilement corrigée par un régime apportant du fer <strong>et</strong> on<br />

sait qu'elle peut être prévenue par un régime correct (apportant céréales <strong>et</strong> légumes verts) <strong>et</strong><br />

l'utilisation des "laits de suite", enrichis en fer (8 mg par litre).<br />

On notera l'état de la peau : l'évolution des angiomes plans ou tubéreux signalés précédemment,<br />

l'existence éventuelle <strong>d'un</strong>e dermite ou <strong>d'un</strong> eczéma. Enfin, on recherchera soigneusement<br />

comme précédemment l'existence <strong>d'un</strong>e cyanose discrète pouvant s'exagérer au cri <strong>et</strong> invitant à<br />

rechercher une cardiopathie.<br />

L'auscultation cardiaque peut révéler un souffle passé inaperçu jusque là. On recherchera des<br />

symptômes d'accompagnement <strong>et</strong> une radiographie du thorax ainsi qu'un électrocardiogramme<br />

seront éventuellement demandés.<br />

L'audition sera testée par la voix chuchotée en donnant le prénom de l'<strong>enfant</strong>, en prenant soin de<br />

m<strong>et</strong>tre la main devant la bouche <strong>et</strong> en sachant "calibrer" sa voix autour de 20 décibels ( cf plus<br />

loin).<br />

L'appareil oculaire sera examiné soigneusement avec une source lumineuse, la meilleure étant<br />

celle <strong>d'un</strong> ophtalmoscope. Les grosses malformations, les mouvements anormaux auront<br />

probablement été relevés antérieurement <strong>et</strong> l'examen visera essentiellement à dépister un<br />

strabisme (cf plus loin).<br />

On terminera c<strong>et</strong>te partie de l'examen par celui de la cavité buccale : les premières incisives<br />

apparaissent en moyenne à 6 mois. En moyenne, à 9 mois, les quatre incisives médianes sont<br />

présentes, l'éruption des incisives latérales est en cours.<br />

On examinera aussi les tympans, surtout si l'<strong>enfant</strong> a déjà présenté une ou plusieurs otites.<br />

Une attention particulière sera apportée à l'étude du développement psychomoteur (cf QS32).<br />

DCEM 2 – Module optionnel n° 15<br />

Maturation <strong>et</strong> vulnérabilité<br />

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Faculté de Médecine de Marseille<br />

2.1.5. Evolution de 9 à 24 mois<br />

Au cours du dernier trimestre de la première année, la préhension s'affine, le contrôle de la<br />

station debout s'affirme <strong>et</strong> l'<strong>enfant</strong> est capable de faire quelques pas tenu par les mains.<br />

De 12 à 18 mois, apparaît la marche indépendante : l'<strong>enfant</strong> va pouvoir explorer l'espace lointain<br />

<strong>et</strong> faire certains apprentissages.<br />

Après 18 mois, les progrès de la marche sont rapides :<br />

Dans la station debout, il présente une lordose lombaire <strong>et</strong> un genu valgum avec pieds plats qui<br />

peuvent persister jusqu'à 6 <strong>et</strong> 7 ans.<br />

Sa motricité fine se développe, ainsi que le langage (cf. QS 32)<br />

Les conditions de vie sont <strong>d'un</strong>e importance capitale pour l'édification optimale de la<br />

personnalité, car les capacités d'adaptation du jeune <strong>enfant</strong> aux variations des conditions de vie<br />

sont faibles <strong>et</strong> la méconnaissance de sa fragilité risque d'entraîner des destructurations<br />

importantes.<br />

Rappelons enfin que c'est au cours de la deuxième année que doivent être pratiqués :<br />

• les injections de rappel des vaccinations Diphtérie-Tétanos-Poliomyélite-Coqueluche-<br />

Haemophilus influenzae b, Hépatite B.<br />

• le test tuberculinique contrôlant l'efficacité du BCG,<br />

• les vaccinations recommandées : rougeole, oreillons, rubéole.<br />

2.1.6. L'examen du 24ème mois<br />

C'est au terme de c<strong>et</strong> examen qu'est rédigé le troisième certificat médical obligatoire.<br />

Au cours de l'examen, sera effectué un bilan du développement somatique, neurologique <strong>et</strong><br />

psychoaffectif de l'<strong>enfant</strong>. Le terme "bilan" implique qu'on envisage l'évolution de ces différents<br />

paramètres <strong>et</strong> qu'on étudie les différents facteurs, non seulement médicaux mais aussi familiaux<br />

<strong>et</strong> sociaux qui interviennent dans c<strong>et</strong>te évolution.<br />

L'examen peut perm<strong>et</strong>tre de déceler une anomalie jusque là passée inaperçue ou nouvellement<br />

extériorisée, de suivre l'évolution <strong>d'un</strong>e anomalie antérieurement diagnostiquée <strong>et</strong> traitée.<br />

L'examen sera fait en présence de la mère ou mieux des parents, perm<strong>et</strong>tant d'apprécier les<br />

relations des parents <strong>et</strong> de l'<strong>enfant</strong> <strong>et</strong> même des parents entre eux. C'est aussi l'occasion d'établir<br />

un dialogue <strong>et</strong> donner des conseils aux parents. L'interrogatoire <strong>et</strong> l'examen du carn<strong>et</strong> de santé<br />

renseignent sur les affections qu'a pu présenter l'<strong>enfant</strong> : infections respiratoires, notamment des<br />

voies aériennes supérieures, otites, plus rarement infections urinaires qui ont dû faire penser à<br />

une malformation de l'appareil urinaire <strong>et</strong> , enfin, convulsions, qu’il s’agisse de convulsions<br />

isolées fébriles ou dans le cadre d’une épilepsie<br />

A deux ans, l'<strong>enfant</strong> est capable de manger seul à la cuillère <strong>et</strong> doit recevoir une alimentation<br />

diversifiée <strong>et</strong> équilibrée, comportant un bon apport vitaminique (l'apport systématique de<br />

vitamine D est recommandé jusqu'à l'âge de 18 mois puis l'hiver en fonction de l'ensoleillement)<br />

<strong>et</strong> 0,50 à 0,75 mg de fluorure de sodium. On recommandera de ne pas donner de glucides entre<br />

les repas.<br />

Le sommeil nocturne est de 12 heures <strong>et</strong> après le déjeuner, l'<strong>enfant</strong> dort 1 à 2 heures.<br />

Les mensurations préciseront le poids, la taille, le périmètre crânien.<br />

Taille<br />

(cm)<br />

Poids<br />

(kg)<br />

Périmètre<br />

crânien (cm)<br />

Garçons 85,6 + 3 12,8 + 1,20 49 + 1,2<br />

Filles 84,3 + 3,1 11,6 + 1,16 47,5 + 1,5<br />

(d'après Sempé)<br />

DCEM 2 – Module optionnel n° 15<br />

Maturation <strong>et</strong> vulnérabilité<br />

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Faculté de Médecine de Marseille<br />

Surtout, l'enregistrement de ces mensurations sur le carn<strong>et</strong> de santé <strong>et</strong> la mise à jour des courbes<br />

perm<strong>et</strong>tront de juger la vitesse de croissance. Tout r<strong>et</strong>ard de croissance staturo-pondérale devra<br />

faire rechercher la cause.<br />

L'éruption dentaire n'est pas encore terminée mais 16 dents existent déjà sur 20 qui marquent la<br />

dentition de lait.<br />

L'examen général n'a rien de particulier, mis à part l'hypotonie propre à c<strong>et</strong> âge. On regardera,<br />

comme à 9 mois, l'état de la peau <strong>et</strong> de la cavité buccale.<br />

L'examen sensoriel est déjà plus facile mais les gros troubles auront été dépistés auparavant. (cf<br />

plus loin)<br />

L'examen neuropsychique sera pratiqué minutieusement (cf QS 32).<br />

A c<strong>et</strong> âge, on s'enquérra de :<br />

• l'âge de la marche : depuis quand marche-t-il ?<br />

• du développement de langage : associe-t-il des mots ? de la propr<strong>et</strong>é : est-il propre, le<br />

jour, la nuit ?<br />

• de l'alimentation : essaye-t-il de manger seul, prend-il la tasse <strong>et</strong> boit-il à la tasse sans<br />

renverser son contenu ?<br />

• de sa participation à son habillage <strong>et</strong> à son déshabillage (dépend beaucoup de l'attitude de<br />

la mère),<br />

• de la façon dont il joue avec ses jou<strong>et</strong>s…<br />

Dans le domaine affectif, c'est l'âge des passions pour le père <strong>et</strong> la mère ou les aînés ; c'est aussi<br />

l'âge de la jalousie <strong>d'un</strong> frère ou <strong>d'un</strong>e sœur plus p<strong>et</strong>ite. L'intérêt pour les autres <strong>enfant</strong>s est vif<br />

mais le jeu est le plus souvent parallèle. Il y a aussi toute une série de rites : crainte de la nuit <strong>et</strong><br />

de l'obscurité, besoin <strong>d'un</strong> compagnon en peluche.<br />

Rappelons enfin qu'à deux ans, toutes les vaccinations <strong>et</strong> leurs rappels ont dû être faits, ce qu'on<br />

contrôlera facilement en examinant les pages vaccinations du carn<strong>et</strong> de santé.<br />

2.2. L'<strong>enfant</strong> de 2 à 5 ans<br />

A trois ans, l'<strong>enfant</strong> quitte son milieu familial pour entrer à l'école maternelle. Plus de 95 % des<br />

<strong>enfant</strong>s sont scolarisés à l’âge de 3 ans en France. Durant trois ans, il bénéficiera de plusieurs<br />

examens systématiques dont un à trois ans, lors de son entrée à la maternelle, sous la<br />

responsabilité du service de la Protection Maternelle <strong>et</strong> Infantile (PMI) <strong>et</strong> l'autre à cinq ans, sous<br />

celle du Service de Promotion de la Santé en Faveur des Elèves (ex service de Médecine<br />

Scolaire).<br />

la quatrième année de vie constitue un âge clef pour le dépistage des infirmités moyennes ou<br />

mineures <strong>et</strong> des inadaptations. En eff<strong>et</strong>, à c<strong>et</strong> âge, on peut obtenir une certaine collaboration de<br />

l'<strong>enfant</strong> <strong>et</strong> les tests deviennent plus précis. Le développement psychomoteur <strong>et</strong> intellectuel est<br />

devenu plus compl<strong>et</strong> <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> une meilleure exploration, même si avec l'âge, la dispersion des<br />

performances réalisées par l'<strong>enfant</strong> s'accroît. Ainsi en est-il du langage qui, au cours de la<br />

quatrième année de vie, doit être bien établi.<br />

L'<strong>enfant</strong> de 3 ans possède une grande variété d'aptitudes physiques. L'école maternelle doit<br />

favoriser l'évolution de l'<strong>enfant</strong>, le sortir du milieu familial qui a dû être le sien jusque là, lui<br />

offrir l'apprentissage de la vie collective, le préparer à s'adapter au milieu scolaire puis au milieu<br />

social de l'adulte. L'examen ne devrait être pratiqué qu'après trois mois d'école, perm<strong>et</strong>tant de<br />

juger de l'adaptation de l'<strong>enfant</strong> à ce nouveau mode de vie. La convocation se fait par<br />

l'intermédiaire des enseignants qui peuvent fixer le jour <strong>et</strong> l'heure convenant aux parents. Ceci<br />

perm<strong>et</strong> de r<strong>et</strong>arder le rendez-vous si l'<strong>enfant</strong> est malade : on s'enquérra d'ailleurs de l'absentéisme<br />

qui, important, peut être l'indice de troubles de santé ou sociaux. La convocation est adressée aux<br />

deux parents, mais le plus souvent, c'est la mère qui sera présente, plus rarement le père, bien<br />

que partout, on note une augmentation de sa participation.<br />

DCEM 2 – Module optionnel n° 15<br />

Maturation <strong>et</strong> vulnérabilité<br />

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Faculté de Médecine de Marseille<br />

Le médecin dispose, avant l'examen, <strong>d'un</strong> certain nombre de documents :<br />

• Le carn<strong>et</strong> de santé, document confidentiel, propriété de la famille qui naturellement a<br />

tout intérêt à le montrer au médecin examinateur. Très souvent, il est demandé par<br />

l'enseignant, ce qui est contraire au principe de confidentialité. Sa présentation <strong>et</strong> sa<br />

tenue varient selon le département mais le remplissage par la famille <strong>et</strong> le médecin qui<br />

suit habituellement l'<strong>enfant</strong> donne déjà de bons renseignements sur la surveillance dont a<br />

bénéficié<br />

• La fiche remplie par les parents qui, en fait, reproduit les renseignements trouvés dans le<br />

carn<strong>et</strong> de santé.<br />

• La fiche à remplir par l'enseignant est un document fondamental. En eff<strong>et</strong>, les<br />

enseignants des écoles maternelles connaissent parfaitement les possibilités de l'<strong>enfant</strong> <strong>et</strong>,<br />

après quelques semaines de présence à l'école, peuvent très bien déceler certains<br />

anomalies dans son comportement : apathie ou au contraire, trop grande turbulence,<br />

agressivité, troubles de la démarche, de la préhension, de la vue, de l'audition.<br />

• Les documents de la PMI : tout <strong>enfant</strong> suivi par le service de PMI possède une fiche dont<br />

le type est lui aussi très variable suivant les régions. Actuellement, il est demandé aux<br />

médecins de PMI d'utiliser le dossier de médecine scolaire puisque c'est le service qui<br />

effectuera les examens de 5 ans <strong>et</strong> ne contient pas le compte-rendu des examens<br />

antérieurs. Le carn<strong>et</strong> de santé constitue donc le meilleur moyen de liaison.<br />

2.2.1. L'examen<br />

L'entr<strong>et</strong>ien avec les parents peut débuter par l'examen du carn<strong>et</strong> de santé <strong>et</strong>, pour commencer,<br />

par l'étude des courbes de développement <strong>et</strong> la situation des vaccinations : très souvent, manque<br />

le contrôle tuberculinique. Il sera pratiqué ultérieurement (intradermo-réaction à 10 unités d'IP<br />

48) au besoin collectivement à toute la classe au cours <strong>d'un</strong>e seule séance <strong>et</strong> la réaction lue 4<br />

jours plus tard. Une revaccination sera proposée pour les <strong>enfant</strong>s ayant une réaction négative<br />

(induration inférieure à 4 millimètres).<br />

Pendant la conversation avec les parents, on demande à l'<strong>enfant</strong>, assis devant une table basse, de<br />

dessiner un bonhomme puis sa famille. La suite de l'examen peut varier selon l'examinateur.<br />

Toutefois, l'ordre suivant paraît satisfaisant.<br />

2.2.2. L'examen de la vision (cf plus loin)<br />

2.2.3. L'examen de l'audition (cf plus loin)<br />

2.2.4. L'examen général<br />

A c<strong>et</strong> âge, il ne comporte rien de particulier. On recherchera l'existence de hernies, surtout<br />

inguinales qui, sauf contre-indication, auront dû être opérées, les bandages étant inefficaces <strong>et</strong><br />

même nuisibles. Plus que la palpation des orifices herniaires, on recherchera la notion de "hernie<br />

sortie" qui doit entraîner l'intervention chirurgicale.<br />

On examinera les organes génitaux : prépuce, orifice de l'urètre à la recherche <strong>d'un</strong> hypospadias à<br />

corriger vers 6 ans, la position des testicules.<br />

On examinera la cavité buccale. L'<strong>enfant</strong> doit avoir ses 20 dents de lait. A l'aide <strong>d'un</strong>e sonde <strong>et</strong><br />

<strong>d'un</strong> miroir, on recherchera les caries. Celles-ci sont fréquentes <strong>et</strong> on en profitera pour donner des<br />

conseils de prévention : brossage des dents après chaque repas, pas de sucreries entre les repas,<br />

prise de fluorure de sodium (1 mg/j).<br />

DCEM 2 – Module optionnel n° 15<br />

Maturation <strong>et</strong> vulnérabilité<br />

7


Faculté de Médecine de Marseille<br />

2.2.5. L'examen de l'appareil locomoteur<br />

il est systématique (cf plus loin)<br />

2.2.6. l'étude du développement psychomoteur <strong>et</strong> intellectuel<br />

Enfin, à c<strong>et</strong> âge, on s'attachera plus encore à l'étude du développement psychomoteur <strong>et</strong><br />

intellectuel. Il ne s'agit pas de faire un examen compl<strong>et</strong> spécialisé mais, par quelques items,<br />

d'apprécier si le développement de l'<strong>enfant</strong> est <strong>normal</strong> ou présente des anomalies nécessitant<br />

l'avis <strong>d'un</strong> spécialiste.<br />

L'examen recherchera :<br />

• des troubles du langage<br />

• des troubles du comportement à type d'inhibition, d'instabilité, de non-participation à la<br />

classe. Ce sont des manifestations le plus souvent banales mais qui peuvent marquer le<br />

début <strong>d'un</strong>e structuration pathologique caractérielle, névrotique ou psychotique, donc à<br />

surveiller ;<br />

• des troubles psychosomatiques alimentaires, sphinctériens, du sommeil,...; douleurs<br />

abdominales, eczéma, asthme,...<br />

• des difficultés de contrôle tonique <strong>et</strong> moteur souvent liées à un malaise relationnel de<br />

l'<strong>enfant</strong> <strong>et</strong> de son entourage <strong>et</strong> aggravées par la mauvaise tolérance de l'entourage. Ils<br />

aboutissent à l'instabilité psychomotrice avec troubles de l'attention.<br />

• des dyspraxies, déficits de l'organisation <strong>et</strong> de la réalisation de certains gestes souvent<br />

liés à une désorganisation du schéma corporel <strong>et</strong> de l'organisation spatiale.<br />

La latéralité, c'est-à-dire la dominance fonctionnelle <strong>d'un</strong> côté du corps n'est pas encore bien<br />

établie à c<strong>et</strong> âge <strong>et</strong> ne peut guère être évaluée définitivement avant 6-7 ans. L'éducation joue un<br />

rôle considérable dans l'établissement de c<strong>et</strong>te latéralisation.<br />

Certains <strong>enfant</strong>s paraissent particulièrement à risque : ce sont ceux vivant dans un milieu familial<br />

perturbé ou dans des conditions socio-culturelles <strong>et</strong> économiques défavorables : transplantés,<br />

<strong>et</strong>hnies diverses, logement en cités d'urgence, bilinguisme, placements multiples, non<br />

valorisation de l'école, parents séparés, parents alcooliques ou en hospitalisation psychiatrique.<br />

Ceci souligne la nécessité d'envisager l'<strong>enfant</strong> dans sa "globalité" <strong>et</strong> d'effectuer un travail<br />

d'équipe avec la collaboration des psychologues, des enseignants, des travailleurs sociaux.<br />

En terminant l'examen, non seulement on aura pu déceler les troubles éventuels, mais on aura dû<br />

évaluer leur répercussion sur l'<strong>enfant</strong> <strong>et</strong> son entourage. Ceci conduit souvent à donner des<br />

conseils aux parents, ce qui nécessite une grande disponibilité du médecin.<br />

2.3. Examens à l’âge scolaire, rôle de la médecine scolaire<br />

Le service de santé scolaire est devenu en 1991 le service de promotion de la santé en faveur<br />

des élèves (SPSFE), dépendant du ministère de l’Education Nationale <strong>et</strong> non du ministère de la<br />

Santé. Les actions de santé sont assurées par deux services qui agissent en étroite collaboration :<br />

le service médical <strong>et</strong> le service infirmier.<br />

Les deux grandes missions du SPSFE sont :<br />

• d’une part, la réalisation de deux bilans à des âges importants du développement de<br />

l’<strong>enfant</strong> <strong>et</strong> de sa scolarité. Il est nécessaire, en eff<strong>et</strong>, pour la bonne scolarité de l’<strong>enfant</strong><br />

que le dépistage des handicaps soit effectué le plus précocement possible à l’école<br />

maternelle. Aussi l’effort sera-t-il porté sur le bilan obligatoire pour tous les élèves au<br />

cours de leur sixième année de vie dans le prolongement des dépistages réalisés par la<br />

PMI au cours du cycle des apprentissages premiers. Il est prévu par ailleurs un bilan<br />

d’orientation au cours de la troisième, dernière année du collège :<br />

DCEM 2 – Module optionnel n° 15<br />

Maturation <strong>et</strong> vulnérabilité<br />

8


Faculté de Médecine de Marseille<br />

• d’autre part, des actions de protection, de prévention <strong>et</strong> d’éducation à la santé, conçue<br />

dans toutes ses composantes : physique, mentale, sociale, dans le cadre d’un proj<strong>et</strong><br />

intégré au proj<strong>et</strong> d’école <strong>et</strong> d’établissement <strong>et</strong> visant à impliquer les jeunes comme<br />

acteurs de prévention à partir de l’expression de leurs besoins <strong>et</strong> de leurs interrogations.<br />

2.3.1. Examen de la 6ème année<br />

Seul bilan systématique obligatoire, il doit être réalisé chez tous les <strong>enfant</strong>s en grande section de<br />

maternelle ou éventuellement en cours préparatoire pour les <strong>enfant</strong>s qui n’ont pu <strong>normal</strong>ement<br />

satisfaire à c<strong>et</strong>te obligation. Il perm<strong>et</strong> de réaliser le dépistage des maladies, des handicaps <strong>et</strong> des<br />

déficiences pouvant entraver la scolarité de l’<strong>enfant</strong>.<br />

L’examen est assez semblable à celui décrit pour l’<strong>enfant</strong> de 3 ans : il se déroule dans le même<br />

établissement avec la coopération des enseignants qui doivent annoncer aux familles la visite <strong>et</strong><br />

en fixer l’horaire. Le médecin disposera du carn<strong>et</strong> de santé <strong>et</strong> des fiches remplies par les parents<br />

<strong>et</strong> l’enseignant ainsi que des documents transmis par la PMI.<br />

L’examen se déroule comme précédemment.<br />

L’infirmière réalise les examens biométriques <strong>et</strong> sensoriels plus facilement pratiqués à c<strong>et</strong> âge<br />

(Stycar vision test pour la vision, audivérification pour l’audition).<br />

Il en est de même de l’évaluation du développement intellectuel. Rappelons qu’un bon examen à<br />

3 ou 4 ans aura dû dépister les infirmités <strong>et</strong> les troubles de l’adaptation. Il s’agira donc plus<br />

souvent d’évaluer l’efficacité des mesures prises précédemment que de dépister des troubles<br />

d’apparition récente. A c<strong>et</strong> âge, la latéralité doit s’affirmer <strong>et</strong> les tests graphomoteurs <strong>et</strong><br />

graphoperceptifs (reproduction d’un carré, d’un losange, d’une ligne spiralée) sont importants<br />

car perm<strong>et</strong>tent de juger de l’aptitude de l’<strong>enfant</strong> à l’écriture. Pour tout élève repéré, le bilan des<br />

compétences neuro-sensorielles nécessaire à l’apprentissage des langages sera effectué.<br />

Au terme de l’examen, le médecin <strong>et</strong> l’infirmière effectuent une synthèse en tenant compte non<br />

seulement des facteurs médicaux mais aussi du degré de maturité <strong>et</strong> des facteurs sociaux. Tout<br />

problème repéré lors de c<strong>et</strong>te visite est signalé par un avis écrit aux familles leur demandant un<br />

r<strong>et</strong>our d’information sur la consultation <strong>et</strong> la mise ne place des soins. Le médecin de l’Education<br />

Nationale (MDEN) informera ainsi la famille, le médecin de famille <strong>et</strong> recommandera si<br />

nécessaire de prendre l’avis d’un spécialiste. Il s’entr<strong>et</strong>iendra de la situation de l’<strong>enfant</strong> avec<br />

l’institutrice. Le rôle du MDEN ne consiste donc pas seulement à soupçonner ou dépister<br />

l’anomalie mais à s’assurer qu’une suite est donnée à ce dépistage. C<strong>et</strong>te action est inscrite en<br />

priorité dans la politique en matière de santé des élèves au niveau des rectorats.<br />

2.3.2. Bilans infirmiers<br />

L’objectif visé est d’assurer le suivi des élèves entre les bilans médicaux <strong>et</strong> faciliter la liaison<br />

avec l’équipe éducative à des moments-clefs de la scolarité.<br />

On insiste particulièrement sur le dépistage des troubles sensoriels <strong>et</strong> des troubles de la statique<br />

<strong>et</strong> des troubles articulaires. Il ne faut pas oublier que les myopies ont tendance à s’accentuer<br />

entre 6 <strong>et</strong> 12 ans <strong>et</strong> que les déviations rachidiennes s’accentuent dans la période de forte<br />

croissance de la puberté.<br />

A partir des données recueillies auprès des infirmières chargées du dépistage <strong>et</strong> du suivi, il peut<br />

s’avérer nécessaire de faire le point sur l’état de santé de certains <strong>enfant</strong>s <strong>et</strong> sur les actions qu’il<br />

faudra promouvoir pour faciliter leur adaptation dans le cycle secondaire.<br />

DCEM 2 – Module optionnel n° 15<br />

Maturation <strong>et</strong> vulnérabilité<br />

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2.3.3. Bilan de santé des élèves du cycle 3 en zone d’éducation<br />

prioritaire<br />

Un bilan médical de fin de scolarité primaire est progressivement mis en place dans les zones<br />

d’éducation prioritaire notamment pour tous les élèves signalés par les infirmier(ère)s ou par<br />

l’équipe éducative.<br />

2.3.4. Bilan d’orientation en classe de 3ème<br />

Ce bilan effectué le plus tôt possible dans l’année scolaire, doit perm<strong>et</strong>tre d’offrir à l’élève un<br />

examen médical <strong>et</strong> un espace d’écoute <strong>et</strong> de dialogue notamment autour de ses proj<strong>et</strong>s de vie en<br />

répondant à ses préoccupations dans le respect de la confidentialité.<br />

L’objectif est de repérer les signes d’appel de mal être (utilisation de produits licites ou illicites,<br />

absentéisme, désinvestissement scolaire, conduites suicidaires), de diagnostiquer les psychopathologies<br />

<strong>et</strong> de donner tout conseil relatif à la scolarité en amont des procédures d’orientation ;<br />

ce bilan perm<strong>et</strong> également, dans une optique de prévention, d’aider l’élève à construire son<br />

proj<strong>et</strong> de vie en tenant compte des éventuelles inaptitudes liées à des problèmes médicaux. Il doit<br />

perm<strong>et</strong>tre également d’organiser le suivi des élèves pendant l’année de 3 ème <strong>et</strong> de donner un avis<br />

médical dans le cadre de l’orientation pour ceux qui iront vers l’enseignement professionnel.<br />

Dans le cadre de la réglementation d’hygiène <strong>et</strong> de sécurité du code du travail, le MDEN donne<br />

un avis sur l’aptitude du jeune à travailler sur des machines dangereuses. C<strong>et</strong>te action préventive<br />

s’effectue au sein des commissions d’hygiène <strong>et</strong> de sécurité de l’établissement.<br />

2.3.5. Examens « à la demande »<br />

La demande peut être exprimée par les parents, l’élève lui-même, le médecin, l’infirmière,<br />

l’assistante sociale ou tout membre de l’équipe éducative.<br />

Ces examens sont offerts à tous les jeunes <strong>enfant</strong>s ou <strong>adolescent</strong>s <strong>et</strong> en particulier aux plus<br />

vulnérables ou défavorisés pour lesquels il convient d’éviter qu’un déficit sensoriel ou somatique<br />

ne provoque ou n’aggrave l’échec scolaire. Ce sont des moments privilégiés pour proposer aux<br />

jeunes une écoute à leurs difficultés, les aider à les maîtriser pour une meilleure intégration dans<br />

la vie scolaire ou sociale.<br />

Ces interventions s’inscrivent dans l’intervalle <strong>et</strong> en complément des bilans de santé <strong>et</strong><br />

perm<strong>et</strong>tent d’effectuer un suivi spécifique du jeune en situation scolaire.<br />

C’est également dans ce cadre que se situent :<br />

• le suivi des élèves en difficulté ;<br />

• le suivi particulier des élèves pour lesquels une inaptitude à la pratique de l’éducation<br />

physique <strong>et</strong> sportive, totale ou partielle, supérieure à 3 mois consécutifs ou cumulée pour<br />

l’année scolaire en cours, a été prononcée ;<br />

• l’aide à l’intégration des <strong>enfant</strong>s handicapés ou atteints d’une maladie chronique, avec la<br />

mise en place d’un proj<strong>et</strong> d’accueil individualisé (PAI) réalisé en concertation avec les<br />

parents, le ou les médecins traitants de l’<strong>enfant</strong>, l’équipe éducative <strong>et</strong> l’équipe médicale<br />

scolaire ;<br />

• les actions médico-psycho-pédagogiques concourant à l’adaptation <strong>et</strong> l’orientation des<br />

élèves, notamment par l’élaboration des dossiers traités <strong>et</strong> la participation aux travaux des<br />

commissions spécialisées ou de leurs équipes techniques.<br />

Les familles <strong>et</strong>, si elles le souhaitent, les médecins traitants doivent être informés de toute<br />

affection ou trouble découverts à l’occasion de ces examens. Le MDEN leur donne tous conseils<br />

utiles sur les orientations thérapeutiques souhaitables, sur les possibilités offertes au niveau des<br />

réseaux d’aide spécialisés <strong>et</strong> des structures de soins ou de rééducation. Il donne également aux<br />

DCEM 2 – Module optionnel n° 15<br />

Maturation <strong>et</strong> vulnérabilité<br />

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enseignants les recommandations appropriées afin que toutes mesures soient prises pour faciliter<br />

la bonne adaptation des élèves.<br />

2.3.6. Interventions en situation d’urgence<br />

Pour la protection de l’<strong>enfant</strong> en danger, victime<br />

de mauvais traitements ou en cas de révélation d’abus sexuel, le médecin sera amené à faire une<br />

évaluation de la situation vécue par l’<strong>enfant</strong> <strong>et</strong> possiblement un constat des lésions organiques ou<br />

des troubles psychologiques induits par la maltraitance ; s’il constate que la santé ou le<br />

développement de l’<strong>enfant</strong> est compromis ou menacé, il en rend compte sans délai aux services<br />

départementaux compétents <strong>et</strong>/ou au procureur, selon les modalités définies en liaison avec<br />

l’autorité judiciaire <strong>et</strong> les services de l’Etat dans le département.<br />

En cas de maladies transmissibles survenues en milieu scolaire (toxi-infections alimentaires,<br />

méningite à méningocoque, tuberculose…) le MDEN, en accord avec le médecin de la DDASS,<br />

conseille le chef d’établissement dans l’application des mesures prophylactiques de protection<br />

individuelle ou collective <strong>et</strong> se tient disponible pour toutes informations utiles auprès des<br />

enseignants <strong>et</strong> des parents d’élèves.<br />

Le MDEN peut être aussi amené à faire des interventions d’urgence en cas d’événement grave<br />

survenu dans une classe ou un établissement, tel qu’un décès accidentel ou le suicide d’un élève.<br />

2.3.7. Education à la santé<br />

Précédées d’une analyse de terrain, les actions éducatives concernent le premier <strong>et</strong> second degré.<br />

Le médecin comme l’infirmière y participent soit en tant que chef de proj<strong>et</strong>, soit en tant que<br />

partenaire ressource d’une équipe d’établissement.<br />

Certains thèmes sont à développer prioritairement, comme par exemple :<br />

• dans le domaine de l’hygiène : interventions sur le sommeil, l’hygiène alimentaire<br />

(prévention de l’obésité) notamment dans les classes du 1 er degré, prévenir les maladies<br />

transmissibles <strong>et</strong>/ou contagieuses par la promotion des règles d’hygiène élémentaires<br />

• dans le domaine de l’éducation à la sexualité : respect de l’autre, contraception, lutte<br />

contre l’augmentation des grossesses non désirées <strong>et</strong> des IVG chez les <strong>adolescent</strong>es,<br />

promotion de la prévention des maladies sexuellement transmissibles<br />

• dans le domaine de la prévention des conduites dépressives <strong>et</strong> des tentatives de suicide,<br />

des comportements violents<br />

• dans le domaine de la prévention des consommations de produits licites ou illicites.<br />

Pour ces différentes actions, le MDEN, aidé de l’assistante sociale scolaire, peut s’appuyer sur de<br />

nombreux supports ou outils pédagogiques.<br />

3. Dépistage des troubles orthopédiques<br />

En fonction de l'âge de l'<strong>enfant</strong>, le dépistage perm<strong>et</strong> de m<strong>et</strong>tre en évidence des troubles<br />

différents.<br />

3.1. Troubles orthopédiques du <strong>nourrisson</strong><br />

3.1.1. Au niveau de la hanche<br />

Le dépistage d’une dysplasie de hanche doit être systématique avec recherche d’un pseudo<br />

raccourcissement du membre inférieur, d’une asymétrie de plis fessiers, d’un défaut d'abduction.<br />

A l'examen, la hanche du côté atteint est moins mobile, ascensionnée <strong>et</strong> se place en adduction..<br />

DCEM 2 – Module optionnel n° 15<br />

Maturation <strong>et</strong> vulnérabilité<br />

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Le ressaut est inconstant à ce stade. A partir de trois mois, la radio, parfois couplée à<br />

l'échographie m<strong>et</strong> en évidence la dysplasie.<br />

L'agénésie fémorale : On regroupe sous ce terme toutes les anomalies malformatives qui<br />

associent de diverse façon : une coxa vara, une brièv<strong>et</strong>é du fémur, une incurvation de la diaphyse<br />

<strong>et</strong> une éventuelle pseudarthrose congénitale. Le diagnostic est porté devant un raccourcissement<br />

associé le plus souvent à une déformation de la cuisse <strong>et</strong> confirmé par la radiographie.<br />

3.1.2. Au niveau du genou<br />

Il faut savoir que le flexum de genou est physiologique chez le nouveau-né <strong>et</strong> que ce n'est que sa<br />

persistance au delà du deuxième mois qui est préoccupante.<br />

La persistance <strong>d'un</strong> flexum irréductible peut être due à une agénésie du quadriceps ou à une<br />

rétraction précoce des muscles de la loge postérieure de la cuisse.<br />

3.1.3. Au niveau des pieds<br />

Peu d'anomalies sont dépistées à c<strong>et</strong> âge, les malpositions du nouveau-né ont en principe disparu,<br />

l'<strong>enfant</strong> n'est pas mis en charge. Les chevauchements d'orteils inquiètent souvent les parents mais<br />

ils n'ont habituellement pas de caractère pathologique.<br />

3.1.4. Au niveau du rachis<br />

3.1.4.1. Le torticolis<br />

L'attitude de la tête est inclinée latéralement avec le plus souvent une rotation associée du côté<br />

opposé à l'inclinaison. L'examen recherche la permanence de c<strong>et</strong>te attitude <strong>et</strong> le caractère<br />

réductible. L'attitude en position inverse doit pouvoir être obtenue passivement <strong>et</strong> sans provoquer<br />

de douleur. On recherche une tension plus marquée au niveau <strong>d'un</strong> chef du muscle sterno-cleïdomastoïdien.<br />

L'examen neurologique recherche des signes évoquant une tumeur de la fosse<br />

postérieure surtout si le torticolis est d'apparition récente <strong>et</strong> raide. Il s'agit le plus souvent <strong>d'un</strong><br />

torticolis dit congénital dont l'évolution est le plus souvent favorable lorsque le reste de l’examen<br />

neurologique est <strong>normal</strong>.<br />

3.1.4.2. La scoliose du <strong>nourrisson</strong><br />

Il s'agit <strong>d'un</strong>e déformation scoliotique constatée chez un <strong>nourrisson</strong> après trois mois, l'attitude du<br />

tronc est arquée. Il peut s'y associer un torticolis ou une asymétrie du bassin. La radiographie en<br />

position couchée recherche une malformation vertébrale. En l'absence de malformation<br />

vertébrale ou de pathologie neuromusculaire, l'évolution est le plus souvent favorable <strong>et</strong> la<br />

scoliose du <strong>nourrisson</strong> guérit vers 6 mois.<br />

3.1.4.3. Les déformations du thorax<br />

3.1.4.3.1. Le thorax en entonnoir<br />

Il s’agit <strong>d'un</strong> thorax dont la partie médiane est enfoncée, soit à sa partie supérieure, soit dans sa<br />

totalité. L'examen s'attache à rechercher d'autres anomalies qui compliquent c<strong>et</strong>te malformation<br />

qui reste bénigne si elle est isolée.<br />

3.1.4.3.2. Le thorax en carène<br />

Là, au contraire le sternum est proj<strong>et</strong>é en avant des côtes. Il peut être isolé, mais doit faire<br />

rechercher d'autres malformations, notamment cardiaques ou osseuses, ou une pathologie<br />

neuromusculaire.<br />

DCEM 2 – Module optionnel n° 15<br />

Maturation <strong>et</strong> vulnérabilité<br />

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3.2. Troubles orthopédiques chez l'<strong>enfant</strong>.<br />

Lors d’un examen systématique, on peut dépister :<br />

3.2.1. Au niveau des genoux<br />

3.2.1.1. un genu valgum.<br />

Il est physiologique chez l'<strong>enfant</strong>. On l'évalue par la mesure de l'angle de l'axe du fémur <strong>et</strong> du<br />

tibia ou par la mesure de l'écart inter malléolaire. Il s'y associe fréquemment un pied valgus.<br />

L'évolution est le plus souvent spontanément favorable quand il est isolé.<br />

3.2.1.2. un genu varum<br />

Il est beaucoup moins banal <strong>et</strong> il peut être lié à une arcature tibiale isolée spontanément<br />

résolutive mais il doit faire rechercher systématiquement un rachitisme carentiel ou vitamino<br />

résistant.<br />

3.2.2. Au niveau des pieds<br />

3.2.2.1. Le pied plat valgus essentiel<br />

Il est par définition isolé, le pied repose au sol sur son bord interne, dès que le pied est en<br />

décharge la déformation disparaît ainsi que lorsque l'<strong>enfant</strong> se m<strong>et</strong> sur la pointe des pieds. Il<br />

s'agit <strong>d'un</strong> effondrement statique non structural du pied. Il est souvent associé à un genu valgum.<br />

Il régresse spontanément, avec ou sans semelles orthopédiques.<br />

3.2.2.2. Autres pieds plats valgus<br />

Ils se différencient du précédent par leur caractère irréductible lors de la mise en décharge ou<br />

lors de l'appui sur la pointe des pieds. Ils entrent parfois dans le cadre de pathologies<br />

neurologiques. Leur surveillance s'impose afin d'éviter l'enraidissement douloureux ou les<br />

déformations des pièces osseuses en croissance.<br />

3.2.2.3. Le pied creux<br />

A l'inverse du pied plat, il est presque toujours un élément <strong>d'un</strong> tableau neurologique. Il associe<br />

diversement un varus calcanéen, une chute du premier rayon, un creusement de la voûte <strong>et</strong> un<br />

adductus de l'avant pied. Il est souvent associé à un équin.<br />

3.2.2.4. La marche sur la pointe des pieds<br />

Il faut éliminer une pathologie neurologique par un examen minutieux. Il n'existe pas de<br />

rétraction, l'<strong>enfant</strong> peut se corriger à la demande. C<strong>et</strong>te démarche, fréquente lors des premiers<br />

pas, se corrige habituellement spontanément avant 6 ans<br />

3.2.3. Les anomalies de torsion des membres<br />

3.2.3.1. La démarche en rotation interne<br />

C'est une démarche "les pieds en dedans". Elle est due à la persistance <strong>d'un</strong>e antéversion<br />

fémorale ou à une torsion tibiale excessive. En cas d'antéversion, les genoux <strong>et</strong> les rotules sont en<br />

rotation interne à la station debout <strong>et</strong> à la marche, en cas d'excès de torsion tibiale interne, les<br />

rotules sont vues de face <strong>et</strong> la rotation a lieu en dessous du genou. Dans les deux cas les troubles<br />

sont le plus souvent spontanément résolutifs <strong>et</strong> ne nécessitent ni orthèse ni kinésithérapie.<br />

DCEM 2 – Module optionnel n° 15<br />

Maturation <strong>et</strong> vulnérabilité<br />

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3.2.3.2. La démarche en rotation externe<br />

Au contraire, l'angle du pas est ouvert. Il faut s'assurer de la <strong>normal</strong>ité de l'examen neurologique<br />

<strong>et</strong> de la <strong>normal</strong>ité des rotations de hanche. L'évolution est le plus souvent favorable.<br />

3.2.4. Au niveau du rachis<br />

La scoliose infantile se différencie de la scoliose du <strong>nourrisson</strong> par sa redoutable évolutivité.<br />

3.3. Troubles orthopédiques chez l’<strong>adolescent</strong><br />

Ils se résument essentiellement à<br />

3.3.1. La scoliose idiopathique<br />

La scoliose est une déviation rachidienne dans le plan frontal, associée à une rotation dans le<br />

plan horizontal <strong>et</strong> cliniquement à une gibbosité. Ces caractéristiques l’opposent à l’attitude<br />

scoliotique, qui est une asymétrie dans le plan frontal sans rotation <strong>et</strong> sans gibbosité. L’attitude<br />

scoliotique est souvent due à une inégalité de longueur des membres inférieurs <strong>et</strong> disparaît en<br />

position assise <strong>et</strong> à fortiori en position couchée.<br />

La scoliose idiopathique s’oppose à la scoliose symptomatique rencontrée dans les maladies<br />

neurologiques. La scoliose idiopathique de l’<strong>adolescent</strong> apparaît avant les premières règles chez<br />

la fille <strong>et</strong> d’une façon générale avant la fin de la puberté <strong>et</strong> donc avant la fin de la maturation<br />

osseuse.<br />

On décrit, par convention, la scoliose par le sens de sa convexité <strong>et</strong> par sa topographie :<br />

cervicale, cervico-thoracique, thoracique, thoraco-lombaire ou lombaire. La courbure peut être<br />

unique : scoliose en « C » ou double : scoliose en « S », voire triple.<br />

Cliniquement, on évalue la réductibilité de la courbure en tentant de l’inverser , on mesure la<br />

gibbosité, <strong>et</strong> la taille debout <strong>et</strong> la taille assise, le stade pubertaire. Radiologiquement, on mesure<br />

l’angulation de la ou des courbures ainsi que la rotation. On évalue aussi la maturation osseuse<br />

par le test de Risser.<br />

La scoliose idiopathique a une évolution maximale dans l’année qui suit la puberté.<br />

3.3.2. La cyphose dorsale<br />

La cyphose dorsale est une courbure sagittale rigide de la colonne vertébrale à ne pas confondre<br />

avec le « dos rond », qui est un trouble de la posture que l’on peut corriger activement <strong>et</strong> qui<br />

réalise « l’attitude asthénique » fréquente chez l’<strong>adolescent</strong> associant au dos rond une<br />

hyperlordose lombaire <strong>et</strong> parfois un enroulement des épaules.<br />

La cyphose dorsale douloureuse évoque une maladie de Scheuerman ou épiphysite vertébrale<br />

qui est une dystrophie ostéo- chondro-épiphysaire acquise des plateaux supérieurs <strong>et</strong> inférieurs<br />

des corps.<br />

4. Dépistage des troubles visuels<br />

Les anomalies visuelles par leur nombre, par leur r<strong>et</strong>entissement sur le développement<br />

psychomoteur <strong>et</strong> mental, donc sur l'avenir de l'<strong>enfant</strong> doivent être recherchées par tout médecin<br />

prenant en charge la santé <strong>d'un</strong> <strong>enfant</strong>.<br />

DCEM 2 – Module optionnel n° 15<br />

Maturation <strong>et</strong> vulnérabilité<br />

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4.1. Examen de la vision au cours de la premiere année de vie<br />

4.1.1. Chez le nouveau-né<br />

Nous ne reprendrons pas l'examen de la vision à la naissance (cf. examen du nouveau-né)<br />

4.1.2. Au cours du premier trimestre<br />

Le développement de la vision <strong>et</strong> des nerfs moteurs de l’œil fait disparaître le phénomène des<br />

yeux de poupée tandis qu'apparaissent :<br />

• le réflexe de fixation : les yeux fixent un obj<strong>et</strong> de préférence rouge, bien éclairé, situé à<br />

80 cm de l'<strong>enfant</strong> ;<br />

• le réflexe de convergence : les yeux convergent lorsqu'on rapproche l'obj<strong>et</strong> de l'<strong>enfant</strong>,<br />

puis<br />

• le réflexe de poursuite : les yeux de l'<strong>enfant</strong> suivent l'obj<strong>et</strong> qu'on déplace latéralement <strong>et</strong><br />

l'angle de poursuite devient de plus en plus important. Il se complète alors par :<br />

• le réflexe conjugué de la tête <strong>et</strong> des yeux, lors du déplacement latéral de l'obj<strong>et</strong> les yeux<br />

<strong>et</strong> la tête tournent pour suivre l'obj<strong>et</strong>.<br />

• A c<strong>et</strong> âge, il n'est pas possible d'évaluer cliniquement l'acuité visuelle de l'<strong>enfant</strong>. Toute<br />

déviation bloquée des yeux doit être examinée par un spécialiste. Toute indifférence à la<br />

lumière <strong>et</strong> à l'entourage est suspecte.<br />

4.1.3. Pendant le deuxième trimestre<br />

La synergie oculo-céphalique se précise, les mouvements binoculaires sont stabilisés. Toute<br />

déviation des yeux est déjà pathologique à 4 mois. L'<strong>enfant</strong> réagit mieux à la couleur rouge vif<br />

qu'aux autres couleurs mais son acuité visuelle, difficilement mesurable, est encore médiocre :<br />

1/30ème à 1/10ème.<br />

4.1.4. Pendant les troisièmes <strong>et</strong> quatrièmes semestres<br />

La coordination praxique oeil-main se développe. La préhension manuelle s'accompagne <strong>d'un</strong>e<br />

convergence. La vision binoculaire se développe. L'acuité visuelle est estimée à 2/10ème. Entre<br />

9 <strong>et</strong> 11 mois, on juge le comportement de l'<strong>enfant</strong> en particulier par le test de préhension de la<br />

pastille qui nécessite une participation visuelle.<br />

Une indifférence complète à la lumière <strong>et</strong> à l'entourage est le signe D'UNE CECITE<br />

CENTRALE, mais la non-survenue de l'évolution précédemment décrite doit faire rechercher<br />

un trouble oculaire qui peut s'extérioriser, de plus :<br />

• par une position a<strong>normal</strong>e <strong>et</strong> des mouvements anormaux, incoordonnés des globes<br />

oculaires, voire un nystagmus,<br />

• par le signe digito-oculaire de Francesch<strong>et</strong>ti : l'<strong>enfant</strong> ayant une acuité visuelle très<br />

faible, cherche à provoquer des phosphènes, seules sensations lumineuses qu'il puisse<br />

avoir, en comprimant son œil avec son poing ou en enfonçant son pouce entre l'œil <strong>et</strong> le<br />

rebord orbitaire,<br />

• par le signe de l'éventail ou de l'essuie-glace : l'<strong>enfant</strong> promène sa main régulièrement<br />

devant les yeux, <strong>d'un</strong> mouvement latéral pour voir ombre <strong>et</strong> lumière se succéder.<br />

4.2. Mesure de l'acuité visuelle<br />

La difficulté de mesurer l'acuité visuelle avant 2 ou 3 ans explique que nous connaissons mal le<br />

développement de c<strong>et</strong>te fonction qui, de 1/10 au cours des premiers jours de vie, est de 8/10 à 3<br />

ans pour atteindre 10/10 <strong>et</strong> vraisemblablement plus à 5-6 ans. L'acuité visuelle se mesure par<br />

DCEM 2 – Module optionnel n° 15<br />

Maturation <strong>et</strong> vulnérabilité<br />

15


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l'analyse des détails <strong>d'un</strong>e image appelée optotype <strong>et</strong> consiste à mesurer l'image rétinienne de c<strong>et</strong><br />

optotype placé à une certaine distance.<br />

Pour faire passer le test, on habitue d'abord l'<strong>enfant</strong> en utilisant la vision binoculaire, puis<br />

ensuite, on teste séparément l’œil droit <strong>et</strong> l’œil gauche en masquant l’œil du côté opposé par une<br />

lun<strong>et</strong>te en verre opaque ou un obj<strong>et</strong> opaque (cuillère). Il convient également de présenter l'obj<strong>et</strong> à<br />

reconnaître avec un bon contraste sur le fond <strong>et</strong> dans ce sens, un rétro-éclairage est bénéfique.<br />

4.2.1. Chez un <strong>enfant</strong> d’âge scolaire<br />

On utilise l'échelle de Monoyer constituée par des l<strong>et</strong>tres d'imprimerie habituellement<br />

présentées en tableau groupant, outre la ligne correspondant à l'acuité visuelle unité, différentes<br />

lignes de caractères plus grands ou plus p<strong>et</strong>its, correspondant aux acuités visuelles plus basses ou<br />

plus grandes, dans une progression arithmétique ou mieux, logarithmique.<br />

4.2.2. Chez un <strong>enfant</strong> plus jeune<br />

Pour tester l'acuité visuelle <strong>d'un</strong> <strong>enfant</strong> plus jeune qui ne connaît pas encore les l<strong>et</strong>tres<br />

d'imprimerie, différents optotypes ont été proposés. Par ailleurs, la mesure peut se faire en<br />

utilisant la méthode d'appariement : l'<strong>enfant</strong> désigne l'obj<strong>et</strong> qui lui est présenté en m<strong>et</strong>tant le<br />

doigt sur l'image identique qu'il a devant lui.<br />

4.2.3. L’acuité visuelle subjective de près<br />

Elle se mesure avec des optotypes de même type placés à 60 centimètres ; c<strong>et</strong>te mesure présente<br />

en général moins d'intérêt que la mesure de l'acuité visuelle de loin C<strong>et</strong>te mesure est cependant<br />

très importante pour les déficients visuels bilatéraux puisqu'elle donne une idée plus précise de<br />

ce que le suj<strong>et</strong> voit réellement <strong>et</strong> juge l'aptitude de l'organe visuel pour un travail déterminé. Elle<br />

conditionne le choix de la méthode d'éducation. Il est facile de comprendre qu'elle peut alors être<br />

réservée à des centres spécialisés.<br />

4.2.4. L’acuité visuelle objective<br />

La difficulté d'obtenir une réponse subjective verbale ou gestuelle, au-dessous de 3 ans, a conduit<br />

à tenter d'utiliser des méthodes objectives de mesure basées sur des réflexes visuels parmi<br />

lesquels, les réflexes de poursuite d'obj<strong>et</strong>s mobiles (nystagmus optocinétique déclenché par une<br />

cible en mouvement – tambour de Barany -) sont les plus commodes à observer.<br />

4.3. Examen de la vision des couleurs<br />

C’est à partir de 6 ans qu’il faut penser à vérifier qu’il n’existe pas de troubles de la vision des<br />

couleurs. Ils sont fréquents mais heureusement relativement mineurs. Il s'agit le plus souvent de<br />

maladies à transmission récessive liée à l'X touchant 8 % des suj<strong>et</strong>s masculins <strong>et</strong> environ 0,5 %<br />

des suj<strong>et</strong>s féminins. La plus courante est le daltonisme.<br />

4.4. Dépistage du strabisme<br />

Le strabisme mérite une mention spéciale par sa fréquence, (3 à 4 % des <strong>enfant</strong>s au cours des 5<br />

premières années de vie sont atteints <strong>d'un</strong> strabisme) <strong>et</strong> la nécessité <strong>d'un</strong> dépistage <strong>et</strong> <strong>d'un</strong><br />

traitement précoces pour prévenir les complications.<br />

Il faut d'abord éliminer les faux strabismes par épicanthus (3 ème paupière interne) ou<br />

hypertélorisme (écartement des orbites). Si la plupart des strabismes sont primitifs, il ne faut pas<br />

oublier que certains d’entre eux sont symptomatiques d’une affection organique sous-jacente<br />

dont ils peuvent être le signe révélateur. L’examen du fond d’œil perm<strong>et</strong>tra d’éliminer ces<br />

DCEM 2 – Module optionnel n° 15<br />

Maturation <strong>et</strong> vulnérabilité<br />

16


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affections. Il peut également s’agir d’une paralysie oculomotrice en rapport avec une maladie<br />

neurologique ou entrant dans le cadre d’une hypertension intracrânienne.<br />

4.4.1. L’étude des refl<strong>et</strong>s cornéens<br />

L'<strong>enfant</strong> étant assis sur les genoux de sa mère, on éclaire les yeux de l'<strong>enfant</strong> avec une lampe de<br />

poche placée à 80 cm. Normalement, le refl<strong>et</strong> de la lumière se situe très légèrement en dedans du<br />

centre de la cornée (angle Kappa) <strong>et</strong> est symétrique lorsque l'<strong>enfant</strong> fixe la lumière. En cas de<br />

strabisme, le refl<strong>et</strong> sur l’œil dévié sera déplacé.<br />

4.4.2. Le test de Sarnigu<strong>et</strong>-Badoche<br />

Ce test utilise des lun<strong>et</strong>tes dont les verres sont opaques (ou obturés) dans le champ nasal.<br />

L'<strong>enfant</strong> regarde droit devant lui <strong>et</strong> la limite de l'opacité déborde sur la pupille de chaque côté<br />

chez l'<strong>enfant</strong> <strong>normal</strong>. Chez l'<strong>enfant</strong> atteint de strabisme, l'opacité déborde sur la pupille<br />

(strabisme convergent) ou ne l'atteint pas (strabisme divergent). La dimension des lun<strong>et</strong>tes doit<br />

varier avec l'âge de l'<strong>enfant</strong> <strong>et</strong> chez certains <strong>enfant</strong>s, il est difficile de placer les lun<strong>et</strong>tes <strong>et</strong> de<br />

faire fixer un obj<strong>et</strong>.<br />

4.4.3. Le test de l'écran ou la manœuvre de l’occlusion alternée<br />

L'<strong>enfant</strong> est invité à fixer un obj<strong>et</strong> lumineux situé à un mètre. L'opérateur obture un oeil au<br />

moyen <strong>d'un</strong> écran (carte, cuillère en bois, <strong>et</strong>c...) ou plus simplement chez les jeunes <strong>enfant</strong>s, avec<br />

le pouce de la main fixée sur le crâne. L'écran est successivement placé <strong>d'un</strong> côté <strong>et</strong> de l'autre <strong>et</strong><br />

on note à ce moment là :<br />

• premièrement l’œil découvert : ou bien c<strong>et</strong> œil garde sa position <strong>et</strong> continue à fixer<br />

l'obj<strong>et</strong>, il s'agit <strong>d'un</strong> <strong>enfant</strong> <strong>normal</strong> ; ou bien c<strong>et</strong> oeil se déplace pour prendre la fixation <strong>et</strong><br />

il s'agit alors <strong>d'un</strong> strabisme.<br />

• deuxièmement, l’œil masqué est découvert : s'il ne bouge pas lorsqu'il est découvert, ceci<br />

veut dire qu'il fixait <strong>normal</strong>ement l'obj<strong>et</strong>, il y a orthophorie (équilibre oculomoteur<br />

parfait). S'il se déplace pour reprendre la fixation il y a hétérophorie. C'est le strabisme.<br />

Tout strabisme dépisté doit être traité précocement pour éviter les complications<br />

Deux tests simples perm<strong>et</strong>tent de dépister l'amblyopie fonctionnelle strabique :<br />

4.4.3.1. le test de l'occlusion alternée ou test d'échappement<br />

L'occlusion <strong>d'un</strong> œil puis de l'autre est bien acceptée lorsqu'il existe une bonne acuité visuelle des<br />

deux côtés. S'il existe une amblyopie, l'<strong>enfant</strong> réagira vivement à l'occlusion du bon œil alors<br />

qu'il n'aura aucune réaction lors de l'occlusion de l'œil amblyope.<br />

4.4.3.2. manœuvre droite-gauche avec les lun<strong>et</strong>tes à écran<br />

binasal.<br />

La manœuvre consiste à déplacer alternativement de la droite vers la gauche, puis de la gauche<br />

vers la droite, un jou<strong>et</strong> de fixation devant les yeux <strong>d'un</strong> <strong>enfant</strong> porteur de lun<strong>et</strong>tes à écran nasal ;<br />

• si l'<strong>enfant</strong> a une bonne vision des deux yeux, il changera automatiquement d'œil fixateur,<br />

sans déplacer la tête lorsque l'obj<strong>et</strong> se déplacera <strong>d'un</strong> côté <strong>et</strong> de l'autre ;<br />

• s'il existe une amblyopie relative <strong>d'un</strong> œil, l'<strong>enfant</strong> gardera plus ou moins longtemps la<br />

fixation avec son bon œil, en effectuant une rotation de la tête <strong>et</strong> l'importance de c<strong>et</strong>te<br />

rotation est en relation directe avec l'importance de l'amblyopie,<br />

DCEM 2 – Module optionnel n° 15<br />

Maturation <strong>et</strong> vulnérabilité<br />

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• si l'amblyopie est profonde, l'<strong>enfant</strong> maintiendra constamment la fixation avec le bon<br />

œil, effectuant une rotation non seulement de la tête, mais aussi du corps pour suivre<br />

l'obj<strong>et</strong>, réalisant ainsi le "signe de la toupie".<br />

Ces deux procédés perm<strong>et</strong>tent l'appréciation de la présence <strong>et</strong> du degré de l'amblyopie avant l'âge<br />

où il est possible de déterminer l'acuité visuelle qui, comme ceci vient d'être exposé, ne se situe<br />

guère avant deux ans.<br />

Il faudra aussi étudier la réfraction par skiascopie afin de rechercher une amétropie, c’est-à-dire<br />

un trouble de la réfraction. En eff<strong>et</strong>, le premier geste thérapeutique, <strong>et</strong> sans doute le plus<br />

important, sera de donner une correction optique la plus exacte possible de l’astigmatisme, de<br />

l’hypermétropie ou de la myopie de l’<strong>enfant</strong> strabique. C'est donc entre 6 <strong>et</strong> 9 mois qu'un<br />

strabisme reconnu doit être traité.<br />

5. Dépistage des anomalies auditives<br />

Le dépistage des anomalies auditives chez l'<strong>enfant</strong> de plus de 6 mois est une démarche spécifique<br />

dont l'objectif sera d'aiguiller ou non vers un milieu ORL spécialisé en audiologie infantile afin<br />

d'assurer la démarche diagnostique. Il a pour but de soulever l’éventualité d’un problème<br />

auditif :<br />

• soit en raison de signes cliniques audio-linguistiques évocateurs<br />

• soit en raison de signes cliniques ou d’une pathologie pouvant s’accompagner de surdité<br />

• soit en raison de facteurs de risque.<br />

5.1. Les méthodes <strong>et</strong> techniques à utiliser pour le dépistage<br />

5.1.1. L’otoscopie<br />

L’otoscopie ne doit pas être oubliée.<br />

5.1.2. émissions vocales<br />

Une évaluation rapide des émissions vocales ( vocalises, babil, gazoullis), de la parole <strong>et</strong> du<br />

langage en tenant compte de l’âge de l’<strong>enfant</strong> <strong>et</strong> de son niveau de développement, d’éventuels<br />

troubles du comportement, de son environnement socioculturel.<br />

5.1.3. Facteurs de risques généraux<br />

Facteurs de risques généraux suscitant une surveillance régulière de l'audition :<br />

• R<strong>et</strong>ard de langage <strong>et</strong> de parole,<br />

• Antécédents familiaux de surdité ou d’autres,<br />

• Anomalies de l’<strong>enfant</strong> visibles dés la naissance particulièrement les aplasies d’oreille uni<br />

ou bilatérales, les fentes labio-vélo-palatines, de la tête <strong>et</strong> du cou, mais aussi toute autre<br />

malformation ;<br />

• Pathologies survenues depuis la naissance (méningites+++, mais aussi toutes les<br />

pathologies ORL dont otites séromuqueuses évoluant depuis plus de 3 mois déroulement<br />

de la grossesse (rubéole, CMV, traitements ototoxiques, l’incompatibilité fo<strong>et</strong>omaternelle).<br />

• Maladies dégénératives<br />

• Traumatismes crânien <strong>et</strong> acoustique (walkman, concerts traumatisants <strong>et</strong>c ….).<br />

DCEM 2 – Module optionnel n° 15<br />

Maturation <strong>et</strong> vulnérabilité<br />

18


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5.1.4. La recherche obstinée<br />

La recherche obstinée par le pédiatre de signes cliniques évocateurs de surdité, notamment des<br />

critères comportementaux, <strong>et</strong> l’écoute attentive des inquiétudes familiales très souvent les<br />

premières évocatrices, autant sinon plus que la recherche de facteurs de risque restent<br />

fondamentaux. Gesell <strong>et</strong> Amatruda ont décrit, dès 1947, un certain nombre de symptômes<br />

conduisant à suspecter une atteinte de l'audition chez l'<strong>enfant</strong> en les classant sous cinq rubriques<br />

5.1.4.1. Audition <strong>et</strong> compréhension du langage<br />

indifférence générale aux sons - absence de réponse aux mots - réponse au bruit mais pas à la<br />

voix<br />

5.1.4.2. Vocalisation <strong>et</strong> production des sons<br />

caractère monotone de la voix - vocalisation peu distincte - rar<strong>et</strong>é du rire - pauvr<strong>et</strong>é des essais<br />

vocaux - vocalisation à la recherche <strong>d'un</strong>e sensation vibratoire - mouvements répétés de heurts de<br />

tête <strong>et</strong> de piétinements à la recherche de c<strong>et</strong>te même sensation - hurlements <strong>et</strong> cris perçants pour<br />

exprimer aussi bien le plaisir que la contrariété ou un besoin<br />

5.1.4.3. Attention visuelle <strong>et</strong> compréhension réciproque<br />

attention <strong>et</strong> vigilance visuelle accrues - tendance marquée à l'imitation lors du jeu - attention<br />

particulière pour les gestes <strong>et</strong> les déplacements de l'entourage - vivacité inhabituelle des gestes<br />

5.1.4.4. Relation sociale <strong>et</strong> adaptation<br />

relation sub<strong>normal</strong>e lors des jeux vocaux avec d'autres <strong>nourrisson</strong>s dans la même chambre -<br />

intérêt plus marqué pour les choses que pour les personnes - expression du visage investigatrice,<br />

parfois de surprise ou de dépit<br />

alternance de méfiance <strong>et</strong> de coopération - réaction marquée aux louanges <strong>et</strong> marques d'affection<br />

5.1.4.5. Comportement affectif<br />

crises de colère pour manifester un besoin ou attirer l'attention sur soi - tension, résistance <strong>et</strong><br />

colère provoquées par l'absence de compréhension - tendance à l'obstination <strong>et</strong> à la taquinerie -<br />

irritabilité provoquée par la difficulté de se faire comprendre - explosions de mauvaise humeur<br />

provoquées par les contrariétés - initiatives impulsives <strong>et</strong> intempestives.<br />

5.1.5. Acoumétrie tonale ou verbale<br />

Moatti a mis au point un matériel simple : il s'agit de quatre p<strong>et</strong>its jou<strong>et</strong>s imitant les cris<br />

d'animaux (vache, mouton, chat, oiseau), sons complexes dont les fréquences sont variables. Le<br />

son est produit en r<strong>et</strong>ournant lentement l'obj<strong>et</strong>.La réaction d'orientation investigation peut être<br />

remplacée par des modifications au niveau de la face, des modifications de la respiration, des<br />

phénomènes moteurs. Les réponses négatives ne perm<strong>et</strong>tent pas d'affirmer l'absence de<br />

perception <strong>et</strong> l'examen doit être pratiqué à nouveau. Si le doute persiste, l'<strong>enfant</strong> doit être dirigé<br />

vers un centre spécialisé. Bien qu'il ne s'agisse pas <strong>d'un</strong>e véritable mesure audiométrique, les<br />

réactions obtenues suivant le jou<strong>et</strong> utilisé perm<strong>et</strong>tent d'apprécier grossièrement le champ auditif<br />

de l'<strong>enfant</strong>. Enfin, la méthode risque de méconnaître les hypo-acousies inférieures à 50 décibels.<br />

A 2 ans, <strong>et</strong> surtout à 2 ans <strong>et</strong> demi, on peut avoir recours au test du nom : placé derrière l'<strong>enfant</strong><br />

occupé à jouer, on ém<strong>et</strong> son nom à voix nue ou par haut-parleur : l'<strong>enfant</strong> se r<strong>et</strong>ourne s'il entend,<br />

vers la source sonore.<br />

DCEM 2 – Module optionnel n° 15<br />

Maturation <strong>et</strong> vulnérabilité<br />

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On peut également avoir recours au test de phrases : dans les mêmes conditions que pour le test<br />

du nom, on demande à l'<strong>enfant</strong> de répéter des phrases ou d'exécuter des ordres.<br />

Un peu plus tard, on utilise le test des mots avec indication d'images, l'<strong>enfant</strong> montre du doigt<br />

l'image correspondant à la forme phonétique entendue. En fonction de mots bien choisis, il est<br />

possible de préciser les troubles de prononciation.<br />

A partir de 4 ans, mais mieux, à 5 ans, grâce à un appareil audiométrique simple, dont peuvent<br />

disposer maintenant tous les médecins scolaires, peut être rapidement réaliser le "test de<br />

balayage de fréquences". L'<strong>enfant</strong> coiffé <strong>d'un</strong> casque à deux écouteurs reçoit un son, soit <strong>d'un</strong><br />

côté, soit de l'autre. En notant les réponses de l'<strong>enfant</strong>, on peut classer l'audition en <strong>normal</strong>e,<br />

suspecte ou mauvaise. L'examen par une personne entraînée demande 3 minutes.<br />

5.2. Les investigations selon les âges <strong>et</strong> les situations<br />

5.2.1. Entre 6 mois <strong>et</strong> 9 mois puis au 24ème mois<br />

« l’essentiel est axé sur les surdités sévères ou profondes, mais aussi les surdités moyennes <strong>et</strong><br />

surtout les surdités évolutives qui s’aggravent rapidement »<br />

Si il n’y a pas de facteur de risque ni d’inquiétude familiale, on réalisera systématiquement au<br />

cours des consultations pédiatriques de surveillance :<br />

• Un interrogatoire familial sur ses réactions aux bruits usuels <strong>et</strong> à l’appel<br />

• L’étude du réflexe d’orientation investigation par stimulation acoustique aux jou<strong>et</strong>s<br />

sonores étalonnés<br />

• L’étude de l’installation des émissions vocales puis du langage oral<br />

• Une otoscopie<br />

Si une surdité apparaît possible après un dépistage pédiatrique <strong>et</strong>/ou si il existe une inquiétude<br />

familiale, un bilan compl<strong>et</strong> dans une consultation d’audiophonologie infantile sera réalisé avec<br />

otoscopie, impédancemétrie, acoumétrie tonale <strong>et</strong> vocale, Oto-émissions acoustiques (si possible<br />

selon le calme de l’<strong>enfant</strong>), audiométrie tonale conditionnée, Potentiels Evoqués Auditifs<br />

éventuellement.<br />

5.2.2. Au cours de la 5ème année<br />

« l’essentiel est de ne négliger aucune atteinte auditive qu’elle soit transmissionnelle par OSM,<br />

acquise par méningite ou autre, génétique d’installation r<strong>et</strong>ardée, évolutive, <strong>et</strong> aussi les surdités<br />

encore méconnues par négligence familiale ou médicale »<br />

S’il n’existe pas de facteur de risque ni de suspicion familiale ou scolaire, on réalisera<br />

systématiquement :<br />

• Une étude du comportement de l’<strong>enfant</strong> notamment ses réactions aux bruits <strong>et</strong> à l’appel,<br />

une étude de sa parole <strong>et</strong> son langage,<br />

• Une acoumétrie vocale de voix basse à forte (répétition ou désignation)<br />

• Une audiométrie tonale de balayage en médecine scolaire.<br />

• En cas de doute : un bilan audiométrique compl<strong>et</strong> sera effectué.<br />

6. Mortalité <strong>et</strong> morbidité infantile<br />

Au recensement de mars 1999, on a dénombré prés de 10,5 millions d’<strong>enfant</strong>s de 0 à 14 ans en<br />

France métropolitaine, soit 18% de la population générale. D’autre part, le nombre de naissance<br />

augmente régulièrement depuis 1994, il est de 779 000 en 2001.<br />

DCEM 2 – Module optionnel n° 15<br />

Maturation <strong>et</strong> vulnérabilité<br />

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6.1. Mortalité chez les <strong>enfant</strong>s entre 0 <strong>et</strong> 15 ans<br />

6.1.1. Mortalité infantile<br />

ce taux correspond au nombre de morts au cours de la première année de vie rapporté à 100<br />

<strong>enfant</strong>s nés vivants. Il est un bon refl<strong>et</strong> du niveau de santé d’un pays. Le nombre de décès<br />

d’<strong>enfant</strong>s de moins de 1 an (de la naissance à 365 jours révolus) est actuellement de moins de 5<br />

pour 1000, soit l’un des moins élevé au monde. Avant un an le nombre de décès s’élève ainsi à<br />

3400 par an. La moitié de ces décès concerne la première semaine de vie.<br />

La mortalité infantile se différencie en mortalité néonatale de 0 à 27 jours <strong>et</strong> mortalité postnatale<br />

de 28 à 365 jours.<br />

La mortalité post-natale est due aux maladies infectieuses <strong>et</strong> à la cause la plus importante que<br />

constitue « la mort subite du <strong>nourrisson</strong> » qui représente 10% des décès avec une surmortalité<br />

masculine très marquée (+ 50 %), mais dont le taux est 4 fois moins élevé actuellement ce qui<br />

s’explique principalement par la modification du mode de couchage des <strong>enfant</strong>s.<br />

La mortalité néonatale relève de causes dites endogènes. Les trois causes de mort principales<br />

dans les premiers jours de vie sont : la prématurité, les malformations, le mauvais déroulement<br />

de l’accouchement. La mortalité néonatale se répartit en mortalité néonatale précoce (0-6 jours)<br />

<strong>et</strong> mortalité tardive (7-27 jours). On appelle mortalité périnatale l’addition de la mortalité fœtale<br />

tardive (morts-nés) <strong>et</strong> de la mortalité néonatale précoce en les rapportant toutes deux aux<br />

nombres de naissances vivantes.<br />

On r<strong>et</strong>rouve chez le fœtus <strong>et</strong> le nouveau né la surmortalité masculine, en eff<strong>et</strong> l’excédent de<br />

garçons est de 10 à 20 % parmi les morts nés <strong>et</strong> de 35 à 40 % des <strong>enfant</strong>s nés vivants <strong>et</strong> décèdant<br />

rapidement.<br />

6.1.2. La mortalité chez les <strong>enfant</strong>s de 1 à 4 ans<br />

elle est inférieure à 0.5 pour 1000. C<strong>et</strong>te mortalité est due essentiellement aux accidents (37 %)<br />

puis aux anomalies congénitales (11.8%), aux tumeurs malignes <strong>et</strong> leucémies (7.7%) La<br />

mortalité par infections pulmonaires (4.3 %) <strong>et</strong> générales a considérablement régressé bien qu’il<br />

s’agissede maladies encore fréquentes.<br />

6.1.3. La mortalité chez les <strong>enfant</strong>s de 5 à 15 ans<br />

elle est la plus faible de toutes les classes d’âge avec des variations faibles dans le temps, elle est<br />

environ de 0.25 % pour les garçons <strong>et</strong> de 0.17% pour les filles. Ce sont les accidents qui<br />

représentent la moitié de ces décès, la deuxième cause est représentée par les tumeurs <strong>et</strong> les<br />

leucémies.<br />

6.2. Morbidité chez les <strong>enfant</strong>s entre 0 <strong>et</strong> 15 ans<br />

Globalement les <strong>enfant</strong>s de 0 à 14 ans sont en bonne santé physique. Parmi les affections<br />

déclarées on r<strong>et</strong>rouve trois groupes principaux :<br />

• les maladies de l’appareil respiratoire (22% des <strong>enfant</strong>s) avec des affections aiguës des<br />

voies aériennes supérieures : rhinopharyngites, angines, laryngites (11%), l’asthme <strong>et</strong> les<br />

antécédents d’asthme (8 %) <strong>et</strong> les bronchites aiguës (3%). L’asthme <strong>et</strong> les rhinites<br />

allergiques sont plus fréquemment déclarés chez le garçon.<br />

• les maladies des dents (20%) : il s’agit essentiellement de problèmes de caries,<br />

• les problèmes ophtalmologiques (17%) avec des troubles de la réfraction (myopie,<br />

hypermétropie, astigmatisme). Ces troubles sont un peu plus fréquents chez la fille <strong>et</strong> le<br />

strabisme.<br />

DCEM 2 – Module optionnel n° 15<br />

Maturation <strong>et</strong> vulnérabilité<br />

21


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Les autres affections sont moins fréquentes. Les maladies de peau touchent 6% des <strong>enfant</strong> <strong>et</strong> sont<br />

représentées essentiellement par de l’eczéma (4 %).<br />

Les maladies de l’oreille concernent au total 4,4 % des <strong>enfant</strong>s les otites concernait 4 % des<br />

<strong>enfant</strong> <strong>et</strong> le surdités ou hypoacousies moins de 1 %.<br />

Enfin 4 % se plaignent de divers symptômes (céphalées, troubles du sommeil).<br />

6.2.1. Les motifs de recours aux soins de ville<br />

ils sont essentiellement représentés par les maladies de l’appareil respiratoire (40%), les examens<br />

systématiques du <strong>nourrisson</strong> <strong>et</strong> de l’<strong>enfant</strong> (10%), les vaccinations ( 6 %) <strong>et</strong> les autres maladies<br />

infectieuses ( 10%) , qui sont principalement digestives. Si la pathologie infectieuse respiratoire<br />

bénigne représente la plus grande part de recours aux soins, peu de place est réservée à la<br />

prévention. Des facteurs tels que les risques liés au tabagisme passif, le caractère protecteur de<br />

l’allaitement maternel (45% seulement des femmes allaitent à la sortie de la maternité) devraient<br />

être largement expliqués aux parents dont le rôle éducatif <strong>et</strong> préventif est essentiel. Ainsi dans ce<br />

type de pathologie, des mesures simples (mouchage, lavage des mains) devraient être largement<br />

répandues.<br />

6.2.2. Les motifs d’hospitalisation<br />

Le taux d’hospitalisation est très élevé entre 0 <strong>et</strong> 1 an, proche de celui des personnes âgées puis<br />

très bas entre 5 <strong>et</strong> 14 ans.<br />

Avant un an, les affections périnatales représentent 30% des séjours (prématurité, hypotrophie<br />

complications obstétricales…) puis les maladies de l’appareil respiratoire représentent 15 % des<br />

hospitalisations, les bronchites <strong>et</strong> les bronchiolites constituant la deuxième cause<br />

d’hospitalisation avant l’âge d’un an.<br />

Pour les <strong>enfant</strong>s plus grands, les hospitalisations sont également motivées le plus souvent par<br />

une affection respiratoire (20%), puis par : - des lésions traumatiques (essentiellement<br />

représentées par les fractures du bras <strong>et</strong> les traumatismes crâniens) (10%), - des intoxications<br />

(10%) accidentelles mais également volontaires (tentatives de suicide), - des maladies de<br />

l’appareil digestif (10%).<br />

6.2.3. Les affections longue durée<br />

près de 26 000 <strong>enfant</strong>s de moins de 15 ans étaient sous un régime d’affection à longue durée en<br />

1998, avec une répartition différente selon le tranches d’âges : 0-4 ans : 47 %, 5-9 ans : 28 %,<br />

10-14 ans : 25%.<br />

Avant 15 ans, le troubles mentaux représentent la principale cause d’ALD avec 29% des<br />

demandes. Selon des travaux récents, le taux de déficiences sévères serait de 9 pour 1000 des<br />

<strong>enfant</strong> à 8 ans, correspondant dans 39 % des cas à des déficience motrices, 34 % des cas à des<br />

déficiences intellectuelles, dans 25 % des cas à des troubles psychiatriques, les déficiences<br />

auditives <strong>et</strong> visuelles représentent 10 <strong>et</strong> 7 % des cas respectivement.<br />

Les autres causes d’ALD sont l’insuffisance respiratoire chronique grave (15 %), les affections<br />

cardiovasculaires graves (11%), pour les filles la scoliose structurelle idiopathique représente<br />

11% des ALD, alors qu’elle ne représente que 1 % chez les garçons.<br />

Les autres motifs sont les formes graves des affections neuromusculaires, les tumeurs malignes<br />

<strong>et</strong> le diabète.<br />

Outre les pathologies déjà citées, il est nécessaire d’insister sur plusieurs points où le rôle de la<br />

prévention est considérable, mais reste encore insuffisant :<br />

DCEM 2 – Module optionnel n° 15<br />

Maturation <strong>et</strong> vulnérabilité<br />

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6.2.4. Les accidents<br />

Faculté de Médecine de Marseille<br />

représentent le risque à court terme le plus important pour la santé des <strong>enfant</strong>s en France plus que<br />

dans tous les autres pays européens. Ils sont à l’origine de 40% des décès <strong>et</strong> de 12 % des<br />

hospitalisations entre 1 <strong>et</strong> 14 ans. Le risque est plus important chez le garçon avec 30% de<br />

mortalité accidentelle en plus. Les accidents de la circulation sont responsables de la moitié des<br />

décès accidentels, il s’agit de piétons dans 25 % des cas <strong>et</strong> des usagers de deux roues dans 23 %<br />

des cas. Le risque à moyen <strong>et</strong> long terme n’est pas encore bien précisé mais les séquelles<br />

neuromotrices sont souvent importantes avec un r<strong>et</strong>entissement sur la vie familiale, scolaire <strong>et</strong><br />

sociale des <strong>enfant</strong>s.<br />

6.2.5. Les problèmes nutritionnels<br />

la dénutrition devient très rare en France, c’est l’excès de poids qui constitue actuellement un<br />

réel problème de santé publique en particulier chez les jeunes.<br />

L’obésité concerne 10 à 12% des <strong>enfant</strong>s de 5 à 12 ans, <strong>et</strong> 13.4% des <strong>adolescent</strong>s. Le taux est<br />

plus élevé chez les garçons (15 %) que chez les filles (11.6%). L’obésité a des répercussions<br />

immédiates (r<strong>et</strong>ard pubertaire éventuel, limitation des mouvements, mauvaise image de soi, rej<strong>et</strong><br />

ou moqueries…) mais également a long terme si elle perdure au delà de l’adolescence avec une<br />

augmentation du risque de survenue de diabète, d’hypertension artérielle, d’infarctus… La cause<br />

principale est la baisse de la dépense énergétique liée au mode de vie, associée à d’importantes<br />

modifications du comportement alimentaire. La prévention repose essentiellement sur la pratique<br />

d’activités sportives <strong>et</strong> un meilleur équilibre alimentaire.<br />

6.2.6. Les problèmes de comportement <strong>et</strong> de santé mentale<br />

Les problèmes de comportement <strong>et</strong> de santé mentale restent difficiles à apprécier.<br />

Le taux de prévalence des dépressions de l’<strong>enfant</strong> <strong>et</strong> de l’<strong>adolescent</strong> varie de 2 à 6 % selon les<br />

auteurs. A l’adolescence l’expression d’un mal-être peut s’exprimer par des plaintes somatiques,<br />

surtout chez les filles, ou des troubles des conduites plus fréquents chez les garçons (violence,<br />

prise de risque, consommation de produits psychoaffectifs).<br />

Le suicide représente la deuxième cause de mortalité chez les jeunes de 12 à 25 ans, soit 17,4%<br />

des décès chez les garçons, 15,1% chez les filles. 7% des jeunes scolarisés déclarent avoir fait<br />

une tentative de suicide (5% une seule, 2% plusieurs). On r<strong>et</strong>rouve comme indicateur de risque :<br />

la survenue avant l’âge de 15 ans, le cumul de diverses conduites de rupture….<br />

Le dépistage précoce de ces indicateurs, une meilleure sensibilisation des adultes chargés<br />

d’<strong>adolescent</strong>s, une prise en charge soutenue des <strong>adolescent</strong>s sont autant de points à développer<br />

dans une optique de prévention.<br />

L’usage de substances psychoactives est en n<strong>et</strong>te augmentation chez les <strong>adolescent</strong>s.<br />

• L’alcool est le produit le plus précocement expérimenté à 13.6 ans en moyenne chez les<br />

filles <strong>et</strong> 13.1 ans en moyenne chez les garçons. 25 % des jeunes en consomment au moins<br />

une fois par semaine.<br />

• Le tabac : le premier usage a lieu en moyenne vers 14 ans. L’usage répété concerne 4<br />

<strong>adolescent</strong>s sur 10 à 17 ans<br />

• Le cannabis est la drogue illicite la plus consommée. L’âge moyen de la première<br />

utilisation se situe avant 16 ans. De 14 à 18 ans sa prévalence passe de 14 % à 59% chez<br />

les garçons, de 8 à 43 % chez les filles<br />

• Les Médicaments psychotropes : leur usage est trois fois plus fréquent chez les filles<br />

(29.7% des filles <strong>et</strong> 10.6 % des garçons à l’âge de 17 ans)<br />

DCEM 2 – Module optionnel n° 15<br />

Maturation <strong>et</strong> vulnérabilité<br />

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Faculté de Médecine de Marseille<br />

• La polyconsommation simultanée de plusieurs produits psychotropes est en<br />

augmentation. Entre 17 <strong>et</strong> 19 ans, l’association tabac, cannabis, alcool est la plus<br />

fréquente<br />

Pour lutter contre ce phénomène <strong>et</strong> ses conséquences, plusieurs actions à m<strong>et</strong>tre en œuvre ont été<br />

proposées récemment par Xavier Pommereau dans un rapport au ministre de la santé.<br />

DCEM 2 – Module optionnel n° 15<br />

Maturation <strong>et</strong> vulnérabilité<br />

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