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Accueil d'un sujet victime de violences sexuelles (183) - Serveur ...

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Faculté <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> Marseille<br />

<strong>Accueil</strong> d’un <strong>sujet</strong> <strong>victime</strong> <strong>de</strong> <strong>violences</strong> <strong>sexuelles</strong><br />

(<strong>183</strong>)<br />

C. Louis-Borrione,. G. Léonetti, M. Rufo,. J.M. Guy<br />

Avril 2005<br />

Objectif pédagogique :<br />

• Décrire la prise en charge immédiate d’une personne <strong>victime</strong> <strong>de</strong> <strong>violences</strong><br />

<strong>sexuelles</strong>.<br />

Références<br />

• L’abus sexuel chez l’enfant<br />

o C. Allard-Dansereau, N. Haley, J.Y Frappier.<br />

o Dans Le Clinicien 1991 ; 131-141<br />

• Le praticien face aux <strong>violences</strong> <strong>sexuelles</strong><br />

o S. Level – epe (Ecole <strong>de</strong>s Parents et <strong>de</strong>s Educateurs <strong>de</strong> l’Ile-<strong>de</strong>-France)<br />

o Conception et réalisation : Exercices <strong>de</strong> Style, Paris 9è - 2000.<br />

1. Introduction<br />

Tout mé<strong>de</strong>cin peut se trouver confronté à un problème <strong>de</strong> violence sexuelle envers un enfant,<br />

un(e) adolescent(e), une femme ou un homme.<br />

Selon la circulaire DGS/DH n° 97/380 du 27 Mai 1997 du ministère <strong>de</strong> l’emploi et <strong>de</strong> la<br />

solidarité relative aux dispositifs régionaux <strong>de</strong> prise en charge <strong>de</strong>s personnes <strong>victime</strong>s <strong>de</strong><br />

<strong>violences</strong> <strong>sexuelles</strong>: « l’accueil d’une <strong>victime</strong> <strong>de</strong> <strong>violences</strong> <strong>sexuelles</strong> doit permettre <strong>de</strong><br />

réconforter, <strong>de</strong> rassurer la <strong>victime</strong> choquée, traumatisée, <strong>de</strong> l’informer et <strong>de</strong> la préparer à la<br />

prise en charge médicale en facilitant l’acceptation et le bon déroulement <strong>de</strong> l’examen<br />

clinique. Surtout cet accueil permettra <strong>de</strong> préparer la <strong>victime</strong> et ses proches aux éventuelles<br />

suites tant sur un plan judiciaire et médical que psychologique et social. »<br />

2. Définitions et épidémiologie<br />

2.1. Définitions<br />

2.1.1. Abus sexuel<br />

« Toute activité sexuelle inappropriée pour l’âge et le développement, à laquelle un enfant est<br />

incité avec ou sans son gré, par une personne en situation d’autorité ou par une personne usant<br />

<strong>de</strong> manipulation physique, affective ou matérielle, et ce quel que soit le sexe <strong>de</strong>s personnes<br />

impliquées, dans un but <strong>de</strong> gratification sexuelle <strong>de</strong> l’abuseur ».<br />

« L’enfant peut être incité ou contraint à <strong>de</strong>s actes sexuels sur lui-même, sur l’abuseur, sur<br />

une tierce personne ou encore être utilisé à <strong>de</strong>s fins d’exploitation pornographique ou <strong>de</strong><br />

prostitution ».<br />

2.1.2. Viol (article 222-23 du co<strong>de</strong> pénal)<br />

« Tout acte <strong>de</strong> pénétration sexuelle <strong>de</strong> quelque nature que ce soit, commis sur la personne<br />

d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise ». C’est donc un crime.<br />

2.1.3. Agression sexuelle (article 222-22 du co<strong>de</strong> pénal)<br />

« Toute agression d’un individu à connotation sexuelle commise avec violence, contrainte,<br />

menace ou surprise ». C’est un délit.<br />

DCEM 4 – Module 11<br />

SYNTHESE CLINIQUE ET THERAPEUTIQUE – URGENCES<br />

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Faculté <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> Marseille<br />

2.2. Epidémiologie<br />

Les affaires <strong>de</strong> viol et d’abus sexuels sont plus nombreuses et plus médiatisées <strong>de</strong>puis une<br />

dizaine d’années : le nombre <strong>de</strong> plaintes a augmentée globalement <strong>de</strong> 40% et <strong>de</strong> 65% pour les<br />

mineurs <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 15 ans.<br />

La prévalence <strong>de</strong> l’abus sexuel est difficile à établir avec précision.<br />

La plupart <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s sont rétrospectives et concernent <strong>de</strong>s adultes ayant vécus <strong>de</strong>s situations<br />

d’abus dans leur enfance.<br />

Au Canada le rapport Badgley en 1984 concluait que 54% <strong>de</strong>s femmes et 31% <strong>de</strong>s hommes<br />

auraient vécu au moins une agression à connotation sexuelle, <strong>de</strong> l’exhibitionnisme au viol.<br />

Au Etats Unis l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Finkelhor (2626 adultes interrogés) en1985 rapportait que 27% <strong>de</strong>s<br />

femmes et 16% <strong>de</strong>s hommes disent avoir subi un geste sexuel abusif.<br />

Dans ces <strong>de</strong>ux rapports 80% <strong>de</strong>s abus se sont produits avant l’âge <strong>de</strong> 18 ans. Dans 25% <strong>de</strong>s<br />

cas l’agresseur était un membre <strong>de</strong> la famille et dans 50% <strong>de</strong>s cas une connaissance ou un<br />

ami.<br />

42% <strong>de</strong>s garçons et 33% <strong>de</strong>s filles n’ont jamais révélés leur abus à quiconque.<br />

En France nous disposons <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> l’observatoire <strong>de</strong> l’action sociale décentralisée<br />

(ODAS) et <strong>de</strong>s statistiques du ministère <strong>de</strong> la Justice.<br />

Données <strong>de</strong> l’ODAS<br />

1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001<br />

Abus sexuels 4 500 5 500 6 500 6 800 5 000 4 800 5 500 5 900<br />

Enfants maltraités 17 000 20 000 21 000 21 000 19 000 18 500 18 300 18 000<br />

Enfants en risque 41 000 45 000 53 000 61 000 64 000 65 000 65 500 67 500<br />

Statistiques du Ministère <strong>de</strong> la Justice<br />

Condamnations 1994 1995 1996 1997 1998<br />

Viol sur mineur <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 15 ans 271 303 335 399 475<br />

Viol par ascendant 304 340 336 245 160<br />

Agression sexuelle sur mineur <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 15 ans 1854 1863 2736 3456 3830<br />

Agression par ascendant 288 389 385 407 302<br />

3. Situations et conditions d’accueil <strong>de</strong>s <strong>victime</strong>s<br />

L’accueil d’une <strong>victime</strong> <strong>de</strong> <strong>violences</strong> <strong>sexuelles</strong> est une urgence.<br />

La <strong>victime</strong> doit être rapi<strong>de</strong>ment reçue dans le calme et dans un local respectant son intimité.<br />

Sa prise en charge ne doit pas être vécue comme une nouvelle agression.<br />

Toute <strong>victime</strong> doit être informée <strong>de</strong> ses droits. Le mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong>vra indiquer et expliquer les<br />

voies <strong>de</strong> recours possibles.<br />

Les centres d’accueil doivent disposer d’une documentation informant les <strong>victime</strong>s sur leurs<br />

droits.<br />

De la qualité <strong>de</strong> cet accueil dépendra les possibilités <strong>de</strong> « reconstruction » <strong>de</strong> la <strong>victime</strong> et les<br />

suites judiciaires.<br />

3.1. La <strong>victime</strong> est un mineur <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 15 ans.<br />

Il est seul ou accompagné par une tierce personne issue ou non du milieu familial.<br />

DCEM 4 – Module 11<br />

SYNTHESE CLINIQUE ET THERAPEUTIQUE – URGENCES<br />

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Les abus sont soit clairement révélés par l’enfant, suggérés ou suspectés par un tiers.<br />

Les faits sont anciens ou récents, uniques ou répétés.<br />

L’accueil ne doit pas le mettre dans la seule situation d’un enfant abusé. Il doit pouvoir être<br />

écouté, réconforté et protégé.<br />

Douter à priori <strong>de</strong> la véracité <strong>de</strong>s faits rapportés n’appartient pas au mé<strong>de</strong>cin. Il n’est pas<br />

nécessaire d’avoir la preuve ni d’être sûr <strong>de</strong> la réalité d’un abus sexuel pour faire un<br />

signalement.<br />

3.2. La <strong>victime</strong> est un adulte.<br />

Les faits sont récents datant <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 3 jours, c’est une urgence d’examen médical, la<br />

<strong>victime</strong> n’ose pas ou ne veut pas porter plainte, la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> est donc médicale. Le mé<strong>de</strong>cin<br />

doit conserver toutes les preuves qui sont souvent fugaces (habits, prélèvements) et<br />

encourager la <strong>victime</strong> à porter plainte. Avec l’accord <strong>de</strong> celle-ci il peut procé<strong>de</strong>r lui même au<br />

signalement judiciaire.<br />

Les faits sont plus anciens, la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> est médicale. La <strong>victime</strong> souhaite être rassurée sur son<br />

état <strong>de</strong> santé ou <strong>de</strong>man<strong>de</strong> un soutien psychologique.<br />

La <strong>victime</strong> ne veut pas parler et le mé<strong>de</strong>cin se trouve face à <strong>de</strong>s signes cliniques anciens ou<br />

récents <strong>de</strong> <strong>violences</strong> <strong>sexuelles</strong>. Il doit alors ai<strong>de</strong>r la <strong>victime</strong> à parler <strong>de</strong> son agression.<br />

3.3. La <strong>victime</strong> est adressée pour un examen médical sur<br />

réquisition.<br />

Une réquisition est « un acte par lequel une autorité judiciaire fait procé<strong>de</strong>r à un acte médicolégal<br />

qui ne peut être différé. »<br />

Tout mé<strong>de</strong>cin peut être requis en <strong>de</strong>hors du mé<strong>de</strong>cin traitant <strong>de</strong> la <strong>victime</strong> quelque soit son<br />

mo<strong>de</strong> d’exercice ou sa spécialité. Le mé<strong>de</strong>cin est tenu d’exécuter la réquisition dans le respect<br />

du secret professionnel. Mais il peut expliquer aux autorités la nécessité d’orienter la <strong>victime</strong><br />

vers une structure spécialisée.<br />

4. L’entretien<br />

Il diffère selon l’âge <strong>de</strong> la <strong>victime</strong> et la situation <strong>de</strong> survenue.<br />

Il va permettre d’apprécier l’urgence médicale, psychologique ou judiciaire.<br />

Si les faits datent <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 3 jours : c’est une urgence médico-légale : l’examen clinique<br />

ne doit pas être différé.<br />

Le mé<strong>de</strong>cin doit toujours gar<strong>de</strong>r à l’esprit que dans une majorité <strong>de</strong> cas les <strong>violences</strong> <strong>sexuelles</strong><br />

s’accompagnent ou font suite à un passé proche ou récent <strong>de</strong> <strong>violences</strong> corporelles.<br />

4.1. La <strong>victime</strong> est un enfant<br />

4.1.1. Soit l’enfant révèle lui-même les faits<br />

Il faut le laisser parler et le féliciter pour son courage.<br />

Cette situation est plus fréquemment rencontrée quand l’agression se déroule en <strong>de</strong>hors du<br />

milieu familial.<br />

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4.1.2. Soit l’enfant est amené par un adulte qui allègue <strong>de</strong>s<br />

révélations que l’enfant lui aurait faites.<br />

Les fausses allégations sont rares, estimées à 5% <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s allégations. Il y a<br />

beaucoup plus <strong>de</strong> fausses rétractions que <strong>de</strong> fausses révélations. Elles surviennent alors dans<br />

le cadre d’un conflit parental pour la gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’enfant ou dans le cadre d’un profil maternel<br />

particulier, s’inscrivant dans un syndrome <strong>de</strong> Münchausen par procuration.<br />

Les circonstances dans lesquelles le dévoilement s’est fait et les mots utilisés par l’enfant<br />

doivent être notés dans le dossier.<br />

4.1.3. Le mé<strong>de</strong>cin n’a pas pour mission d’enquêter dans une<br />

recherche <strong>de</strong> la vérité.<br />

Il doit apporter <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> à cet enfant potentiellement en danger et ne pas oublier que la<br />

souffrance <strong>de</strong> l’enfant dépasse toujours l’imagination <strong>de</strong> l’adulte. Il est important <strong>de</strong> dire à<br />

l’enfant qu’on le croit, qu’il n’est pas coupable, que l’adulte incriminé a fait quelque chose<br />

qui est strictement interdit par la loi et que l’on va l’ai<strong>de</strong>r.<br />

Le mé<strong>de</strong>cin doit parler séparément à l’adulte puis à l’enfant en présence d’une tierce<br />

personne. Face à l’enfant les questions ne doivent pas être directives ni orientées afin <strong>de</strong> ne<br />

pas « polluer » le discours <strong>de</strong> l’enfant.<br />

4.1.4. Le mé<strong>de</strong>cin doit reconnaître les facteurs <strong>de</strong> risque<br />

exposant à <strong>de</strong>s situations d’abus sexuels.<br />

Le risque est plus élevé chez les enfants porteurs d’un handicap mental ou porteur d’une<br />

maladie chronique. Le risque est également plus fréquent en cas <strong>de</strong> mésentente familiale, <strong>de</strong><br />

famille monoparentale ou <strong>de</strong> placement antérieur <strong>de</strong> l’enfant. Des troubles dépressifs ou une<br />

consommation excessive d’alcool ou <strong>de</strong> drogue chez l’un <strong>de</strong>s parents représente un facteur <strong>de</strong><br />

risque plus important.<br />

4.1.5. Le rôle d’un mé<strong>de</strong>cin face à un enfant <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 15<br />

ans sur lequel sont portées <strong>de</strong>s allégations <strong>de</strong> sévices sexuels<br />

doit être <strong>de</strong> le protéger.<br />

Il est levé <strong>de</strong> son secret professionnel (article 378 alinéa 3 du co<strong>de</strong> pénal) et soumis comme<br />

tout citoyen à l’article 434-3 du co<strong>de</strong> pénal : « le fait que quiconque ayant eu connaissance <strong>de</strong><br />

mauvais traitement ou privations infligés à un mineur <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 15 ans qui n’est pas en<br />

mesure <strong>de</strong> se protéger en raison <strong>de</strong> son âge, d’une maladie, d’une infirmité, d’une déficience<br />

physique ou psychique ou d’un état <strong>de</strong> grossesse, <strong>de</strong> ne pas informer les autorités judiciaires<br />

ou administratives est puni <strong>de</strong> 3 ans d’emprisonnement et <strong>de</strong> 300 00 Fr d’amen<strong>de</strong> ».<br />

L’article 223-6 du co<strong>de</strong> pénal stipule : « quiconque pouvant empêcher par son action<br />

immédiate, sans risque pour lui ou pour les tiers, soit un crime soit un délit contre l’intégrité<br />

corporelle <strong>de</strong> la personne s’abstient volontairement <strong>de</strong> le faire est puni <strong>de</strong> 5 ans<br />

d’emprisonnement et <strong>de</strong> 500 000 Fr d’amen<strong>de</strong> ».<br />

Un signalement judiciaire au Procureur <strong>de</strong> la République s’impose pour protéger l’enfant<br />

(douter <strong>de</strong> la véracité <strong>de</strong>s faits rapportés n’appartient pas au mé<strong>de</strong>cin, il n’est pas nécessaire<br />

d’avoir la preuve ni d’être sûr <strong>de</strong> la réalité d’un abus sexuel pour faire un signalement).<br />

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4.1.6. L’hospitalisation dans un service <strong>de</strong> pédiatrie ne doit<br />

pas être systématique.<br />

Mais quand elle s’avérera nécessaire l’enfant sera dirigé vers un centre spécialisé ou il pourra<br />

être pris en charge par une équipe multidisciplinaire composée <strong>de</strong> pédiatres, <strong>de</strong> chirurgiens<br />

pédiatres, <strong>de</strong> pédopsychiatres, <strong>de</strong> psychologues et d’assistantes sociales.<br />

L’hospitalisation est indispensable si l’agresseur supposé se situe dans le foyer <strong>de</strong> vie habituel<br />

<strong>de</strong> l’enfant (intra familial ou institution). Elle peut également être décidée <strong>de</strong>vant<br />

l’importance <strong>de</strong>s lésions physiques ou <strong>de</strong>vant l’existence d’une souffrance psychologique<br />

même si l’enfant n’est pas en danger immédiat.<br />

Le signalement fait, le Procureur en informera le Juge pour Enfants qui prendra les<br />

dispositions d’urgence qui s’imposent (placement <strong>de</strong> l’enfant, réquisition pour l’examen<br />

médical, enquête <strong>de</strong> police ou <strong>de</strong> gendarmerie). L’interrogatoire <strong>de</strong> l’enfant sera effectué par<br />

la briga<strong>de</strong> <strong>de</strong>s mineurs ou la gendarmerie sous enregistrement vidéo afin <strong>de</strong> ne pas faire subir<br />

plusieurs interrogatoires à l’enfant.<br />

4.2. La <strong>victime</strong> est un adolescent.<br />

Son accueil est peu différent <strong>de</strong> celui d’un adulte d’un point <strong>de</strong> vue légal. La révélation<br />

d’abus sexuels chez un mineur <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 15 ans ne permet pas <strong>de</strong> délier le mé<strong>de</strong>cin du secret<br />

professionnel sauf si la <strong>victime</strong> donne son accord pour la dénonciation <strong>de</strong>s faits dont il a été<br />

<strong>victime</strong> (article 226-14).<br />

Ces jeunes adultes sont pourtant plus fragiles et plus vulnérables que leurs aînés. Ils se<br />

trouvent souvent dans une gran<strong>de</strong> détresse psychologique avec un très fort sentiment <strong>de</strong><br />

culpabilité. Ils ont souvent du mal à communiquer et le rôle du mé<strong>de</strong>cin est alors primordial<br />

dans l’acceptation <strong>de</strong> leur discours.<br />

Dans cette tranche d’âge les possibilités d’agression sous l’influence <strong>de</strong> toxiques sont fortes.<br />

4.3. La <strong>victime</strong> est un adulte (homme ou femme).<br />

Le mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong>vra intervenir avec patience et surtout avec respect pour la <strong>victime</strong>.<br />

L’entretien va permettre <strong>de</strong> préciser les circonstances <strong>de</strong> l’agression afin d’orienter l’examen<br />

clinique et les prélèvements.<br />

La connaissance <strong>de</strong> l’anamnèse <strong>de</strong>s faits est fondamentale.<br />

Il faudra essayer d’obtenir <strong>de</strong>s réponses aux questions suivantes :<br />

• date, heure et lieu <strong>de</strong>s faits.<br />

• Le nombre d’agresseurs et leurs liens <strong>de</strong> parenté avec la <strong>victime</strong>.<br />

• Les circonstances <strong>de</strong> l’agression avec recherche <strong>de</strong> coups et blessures associés<br />

• (utilisation éventuelle d’armes) ou <strong>de</strong> <strong>violences</strong> verbales.<br />

• les événements associés (perte <strong>de</strong> connaissance, prise <strong>de</strong> toxiques).<br />

• le déroulement <strong>de</strong> l’agression, la notion <strong>de</strong> pénétration avec ou sans l’utilisation <strong>de</strong><br />

corps étrangers, l’emploi ou non par l’agresseur d’un préservatif.<br />

• Le comportement après l’agression (toilette, changement <strong>de</strong> vêtements).<br />

Le retentissement psychologique sera évalué : sentiment <strong>de</strong> dévalorisation, dépression,<br />

anxiété, abus d’alcool ou <strong>de</strong> psychotropes voire tentative <strong>de</strong> suici<strong>de</strong>.<br />

Plusieurs situations peuvent être rencontrées :<br />

• Violence intra-conjugale : la prise en charge est alors délicate car le viol est rarement<br />

rapporté clairement, le mari accompagne souvent sa femme, il apparaît alors comme<br />

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« trop présent » répondant à la place <strong>de</strong> sa femme. Le mé<strong>de</strong>cin <strong>de</strong>vra soutenir la<br />

<strong>victime</strong> et expliquer à la <strong>victime</strong> les voies <strong>de</strong> recours possibles.<br />

• Viol sur un adulte handicapé : le diagnostic d’abus sexuel sera difficile à poser.<br />

L’agresseur est souvent un proche ou un adulte exerçant une autorité sur elle (centre<br />

ou institution) qui alléguera que la <strong>victime</strong> était consentante. Dans ce type <strong>de</strong> situation<br />

il ne faut pas hésiter à adresser la <strong>victime</strong> dans un centre spécialisé ou la prise en<br />

charge se fera au sein d’une équipe multidisciplinaire.<br />

• Viol en réunion : l’emprise d’un toxique est souvent présente. Un sentiment <strong>de</strong> honte<br />

et <strong>de</strong> culpabilité est très souvent présent rendant l’aveu difficile et le récit confus.<br />

5. L’examen clinique<br />

La qualité <strong>de</strong> l’accueil et <strong>de</strong> l’entretien préalables préparent à cet examen .L’obtention <strong>de</strong><br />

l’autorisation <strong>de</strong> la <strong>victime</strong> est une obligation. Son importance médico-légale doit être<br />

clairement expliquée et comprise par la <strong>victime</strong>.<br />

Quelque soit l’âge <strong>de</strong> la <strong>victime</strong> seront systématiquement notés :<br />

• Date et heure <strong>de</strong> l’examen<br />

• Délai écoulé <strong>de</strong>puis l’agression<br />

• Antécé<strong>de</strong>nts médicaux, chirurgicaux, gynécologiques, traumatiques, hospitalisations<br />

précé<strong>de</strong>ntes<br />

Pour les femmes en activité génitale on précisera:<br />

• Activité génitale habituelle et moyens <strong>de</strong> protections utilisés<br />

• Date <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières règles<br />

Dans tous les cas sera réalisé un examen général <strong>de</strong> la <strong>victime</strong> avec examen cutanéo-muqueux<br />

rigoureux <strong>de</strong> tout le corps à la recherche <strong>de</strong> traces <strong>de</strong> violence. Les lésions éventuelles seront<br />

décrites très précisément.<br />

5.1. La <strong>victime</strong> est un mineur.<br />

Si les faits sont anciens (> 15 jours) et que l’enfant n’est pas en danger <strong>de</strong> récidive, il n’y a<br />

pas d’urgence à pratiquer cet examen et l’enfant sera orienté vers une structure adaptée (mais<br />

l’urgence <strong>de</strong> la prévention <strong>de</strong> la récidive reste présente).<br />

Si les faits sont récents, moins <strong>de</strong> 3 jours, l’examen doit être effectué en urgence.<br />

Mais du fait <strong>de</strong> sa difficulté <strong>de</strong> réalisation, <strong>de</strong> sa spécificité, <strong>de</strong> son implication médico-légale<br />

et surtout pour le désagrément qu’il procure à l’enfant, cet examen doit être réalisé dans la<br />

mesure du possible par un mé<strong>de</strong>cin formé à cet examen (mé<strong>de</strong>cin légiste ou expert) qui sera<br />

requis à la suite du signalement fait aux instances judiciaires (Procureur <strong>de</strong> la République,<br />

gendarmerie, briga<strong>de</strong> <strong>de</strong>s mineurs).<br />

L’examen sera pratiqué avec l’accord <strong>de</strong> l’enfant et si l’enfant le souhaite en présence d’un <strong>de</strong><br />

ses proches.<br />

Cet examen ne doit pas être traumatisant, le mé<strong>de</strong>cin rassurera l’enfant en parlera avec lui<br />

durant tout son déroulement. L’enfant doit être examiné dans sa globalité dans un premier<br />

temps puis en <strong>de</strong>rnier seront examinés les organes génitaux externes. Le mé<strong>de</strong>cin doit rassurer<br />

l’enfant sur son intégrité physique.<br />

DCEM 4 – Module 11<br />

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5.1.1. Chez la petite fille<br />

L’examen génital s’effectuera chez la petite fille en position dite <strong>de</strong> la « grenouille »<br />

(décubitus dorsal, jambes pliées, genoux écartés vers l’extérieur et talons collés).<br />

L’examen commence par une inspection externe <strong>de</strong>s cuisses, du pubis, <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s<br />

petites lèvres. La vulve (Figure 1) sera ensuite exposée par une traction douce <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s<br />

lèvres vers l’extérieur et en bas. Cette manœuvre expose clairement l’hymen dont les<br />

multiples variations anatomiques doivent être connues (Figure 2), et la fourchette vulvaire<br />

postérieure. Le recours à une son<strong>de</strong> à ballonnet ou à un spéculum est totalement prohibé.<br />

Lors <strong>de</strong> cette inspection, le mé<strong>de</strong>cin recherchera <strong>de</strong>s signes <strong>de</strong> traumatismes récents<br />

(abrasions, ecchymoses, coups d’ongle, érythème) ou <strong>de</strong>s séquelles <strong>de</strong> traumatismes anciens<br />

(cicatrice au niveau <strong>de</strong> la fourchette, béance du méat urinaire, troubles pigmentaires ou fusion<br />

labiale).<br />

Figure 1 : Vulve normale<br />

DCEM 4 – Module 11<br />

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Figure 2 : Variations anatomiques <strong>de</strong> l’hymen<br />

(a: semi-lunaire, b: labié, c: annulaire, d: cribriforme, e: hymen à languette, f: frangé, g: lobé, h : bri<strong>de</strong>, i : en<br />

carène)<br />

Au niveau <strong>de</strong> l’hymen c’est l’inspection du bord libre qui permettra d’affirmer ou d’infirmer<br />

son intégrité. Le diamètre <strong>de</strong> l’orifice vaginal sera mesuré (5 mm à 5 ans puis 1mm par an)<br />

mais il peut varier d’un enfant à l’autre en fonction <strong>de</strong> sa forme anatomique.<br />

Seront notées les déchirures sanguinolentes ou non, les lacérations, les trans-sections<br />

anciennes cicatrisées ou récentes qui se situent préférentiellement dans la moitié postérieure<br />

<strong>de</strong> l’hymen (5H et 7H).<br />

L’absence <strong>de</strong> lésion vulvaire ou hyménéale n’élimine pas la possibilité d’abus sexuels. Des<br />

étu<strong>de</strong>s récentes ont montrés que <strong>de</strong>s lésions vulvaires n’étaient retrouvés que dans 20% <strong>de</strong>s<br />

enfants <strong>victime</strong>s d’abus sexuels avoués par leur agresseur.<br />

5.1.2. Chez le petit garçon<br />

Chez le petit garçon, l’inspection <strong>de</strong>s organes génitaux se portera sur l’aspect cutané du pubis,<br />

<strong>de</strong> la face interne <strong>de</strong>s cuisses, du pénis, du prépuce et <strong>de</strong>s bourses. Les conditions d’un<br />

décalottage seront notées (circoncis ou non, phimosis cicatriciel ou non, cicatrices d’un<br />

décalottage forcé avec plaies anciennes ou récentes, lésion du frein, adhérences balano-<br />

DCEM 4 – Module 11<br />

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préputiales, œdème du prépuce). Le gland et le méat urinaire seront examinés (existence ou<br />

non <strong>de</strong> lésions évocatrices d’une maladie sexuellement transmissible, sténose du méat,<br />

urétrorragie).<br />

5.1.3. Dans les <strong>de</strong>ux sexes<br />

Dans les <strong>de</strong>ux sexes la région anale et la cavité buccale seront également examinées.<br />

L’examen <strong>de</strong> l’anus débute par une inspection en déplissant la marge <strong>de</strong> l’anus. On<br />

recherchera une béance <strong>de</strong> l’anus (souvent physiologique chez l’enfant quand il est relaxé ou<br />

si l’ampoule rectale est pleine <strong>de</strong> matières fécales), <strong>de</strong>s fissures, <strong>de</strong>s lésions hémorroïdales,<br />

<strong>de</strong>s dilatations veineuses, la perte <strong>de</strong> tissu sous-cutané périnéal, la présence ou non du réflexe<br />

cutané anal, <strong>de</strong>s condylomes ou <strong>de</strong>s lésions érythémateuses. Le toucher rectal pourra<br />

compléter l’examen. Il apprécie la tonicité sphinctérienne (une hypotonicité peut être en<br />

faveur d’un abus sexuel).<br />

Toutes les constatations seront rapportées sur un schéma le plus précisément possible. Des<br />

photographies peuvent être utiles.<br />

La réalisation <strong>de</strong> cet examen sous anesthésie générale n’est pas impossible mais le Comité<br />

Consultatif d’Ethique pour les sciences <strong>de</strong> la vie et <strong>de</strong> la santé en a fixé le bon usage le 20<br />

février 1997 : l’examen sous anesthésie générale ne peut en aucun cas permettre ce que<br />

l’enfant refuse, il peut être nécessaire pour un examen plus approfondi et ceci dans l’intérêt <strong>de</strong><br />

l’enfant. Il ne doit pas être vécu comme une agression supplémentaire.<br />

Des examens bactériologiques et sérologiques peuvent être effectués en fonction du récit <strong>de</strong><br />

l’enfant ou <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> l’examen clinique.<br />

Des prélèvements vaginaux, oraux ou anaux peuvent être indiqués pour la recherche <strong>de</strong><br />

sperme si l’agression remonte à moins <strong>de</strong> 72 heures. Ces prélèvements n’auront <strong>de</strong> valeur<br />

médico-légale que si ils sont effectués sous réquisition judiciaire et mis sous scellés.<br />

5.2. La <strong>victime</strong> est une adolescente ou une femme n’ayant<br />

jamais eu <strong>de</strong> rapports sexuels.<br />

L’examen en position gynécologique sera mieux adapté car chez la femme pubère, le<br />

développement <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s petites lèvres rend moins accessible l’orifice vaginal. De<br />

plus l’hymen s’épaissit et son exposition est moins aisé que chez la fillette.<br />

L’utilisation <strong>de</strong> tampons périodiques peut élargir l’orifice hyménéal mais ne provoque pas <strong>de</strong><br />

déchirure <strong>de</strong> l’hymen.<br />

Les lésions recherchées seront donc superposables à celles rencontrées chez un mineur<br />

<strong>victime</strong> d’abus sexuel.<br />

5.3. La <strong>victime</strong> est une femme.<br />

L’examen doit la mettre en confiance et les gestes doivent être doux.<br />

L’exposition <strong>de</strong> l’hymen peut nécessiter la réalisation d’un toucher rectal pour exposer la<br />

cloison recto-vaginale. L’utilisation d’une son<strong>de</strong> à ballonnet est parfois envisageable.<br />

Chez une femme ayant déjà eu <strong>de</strong>s rapports sexuels, l’hymen n’est plus très bien<br />

individualisable mais la constatation <strong>de</strong> plaies à type <strong>de</strong> déchirures siégeant à 5h et à 7h est<br />

fortement évocatrices <strong>de</strong> relations <strong>sexuelles</strong> forcées. La présence associée d’ecchymoses sur<br />

la face interne <strong>de</strong>s cuisses et un argument <strong>de</strong> plus en faveur <strong>de</strong> l’agression sexuelle.<br />

DCEM 4 – Module 11<br />

SYNTHESE CLINIQUE ET THERAPEUTIQUE – URGENCES<br />

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Faculté <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> Marseille<br />

Les prélèvements seront effectués avant le toucher vaginal.<br />

Lors du toucher vaginal on notera la douleur provoquée, orificielle ou profon<strong>de</strong> (cul-<strong>de</strong>-sac<br />

vaginal, mobilisation <strong>de</strong> l’utérus).<br />

5.4. La <strong>victime</strong> est un homme.<br />

Le viol <strong>de</strong> l’homme est reconnu juridiquement. Il peut être homosexuel ou hétérosexuel.<br />

Le diagnostic est difficile à poser car la révélation est rarement faite. L’agression sexuelle est<br />

souvent très violente et c’est <strong>de</strong>vant la constatation <strong>de</strong> lésions corporelles que la suspicion se<br />

fera (hématomes, fractures, plaies).<br />

L’entretien pourra conduire à <strong>de</strong>s révélations et à l’acceptation <strong>de</strong> l’examen clinique.<br />

L’examen <strong>de</strong>s organes génitaux externes sera le même que pour le garçon. Par contre<br />

l’examen <strong>de</strong> l’anus est indispensable. Il faut préciser dans quelle position il est effectué<br />

(genupectorale ou gynécologique). L’inspection notera aspect <strong>de</strong> la muqueuse anale, l’état du<br />

revêtement cutanéo-muqueux et l’existence ou non d’une béance anale spontanée. Un toucher<br />

rectal évaluera la tonicité sphinctérienne et une anuscopie pourra compléter l’examen et<br />

permettre les prélèvements.<br />

6. Les prélèvements<br />

Ils sont soit réalisés dans un but médico-légal sur réquisition judiciaire si l’agression est<br />

récente (moins <strong>de</strong> 3 jours), soit dans un but purement médical si l’agression est plus ancienne.<br />

6.1. Prélèvements médico-légaux<br />

Ils doivent être réalisés le plus tôt possible après l’agression, sans toilette préalable, sans<br />

utilisation <strong>de</strong> lubrifiant. Ils doivent être réalisés avec <strong>de</strong>s gants, i<strong>de</strong>ntifiés et numérotés dans<br />

l’ordre <strong>de</strong> leur réalisation, étiquetés, répertoriés dans le certificat médical et le dossier clinique<br />

<strong>de</strong> la <strong>victime</strong> et surtout ils doivent être saisis et scellés par les enquêteurs. Les laboratoires<br />

concernés seront saisis par le magistrat.<br />

Le choix <strong>de</strong>s sites <strong>de</strong> prélèvements est orienté par les déclarations <strong>de</strong> la <strong>victime</strong>.<br />

6.1.1. Recherche <strong>de</strong> spermatozoï<strong>de</strong>s<br />

Sur pipette avec étalement sur lame, en tenant compte <strong>de</strong>s délais <strong>de</strong> réalisation :<br />

• 72 à 96 h pour le vagin (cul-<strong>de</strong>-sac postérieur, exocol, endocol, parois vaginales)<br />

• 72 h pour l’anus<br />

• 48 h pour la bouche (sous la langue, <strong>de</strong>rrière les incisives et les amygdales)<br />

• 24 h sur la peau (avec une compresse humidifiée pour essuyer la zone tachée)<br />

6.1.2. Prélèvements en vue <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntification génétique <strong>de</strong><br />

l’agresseur<br />

• sperme : sur <strong>de</strong>s écouvillons <strong>de</strong> coton sec et ils seront séchés <strong>de</strong> 30 à 60 mm avant <strong>de</strong><br />

les placer dans leur tube protecteur.<br />

• poils ou cheveux sur la <strong>victime</strong> ou ses vêtements (pas <strong>de</strong> délai)<br />

• vêtements tachés portés seront conservés dans du papier kraft et remis aux enquêteurs<br />

(pas <strong>de</strong> délai)<br />

DCEM 4 – Module 11<br />

SYNTHESE CLINIQUE ET THERAPEUTIQUE – URGENCES<br />

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• i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> la <strong>victime</strong>, soit sur sang (2 prélèvements <strong>de</strong> 2,5 ml sur tube EDTA),<br />

soit sur frottis intra-buccal (enfant ou refus <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> sang) par cytobrosse (4<br />

prélèvements).<br />

6.2. Prélèvements à visée médicale<br />

6.2.1. Recherche d’une éventuelle grossesse<br />

• Par dosage plasmatique <strong>de</strong>s β-HCG.<br />

6.2.2. Recherche <strong>de</strong> maladies sexuellement transmissibles<br />

(MST).<br />

Ils seront guidés par le contexte clinique. En cas <strong>de</strong> pénétration vaginale seront au minimum<br />

réalisés la recherche <strong>de</strong> Gonocoques au niveau du col et <strong>de</strong> Chlamydia au niveau cervical et<br />

urétral (PCR sur les urines).<br />

Chez un enfant, le Chlamydia et le Trichomonas peuvent être transmis par la mère lors <strong>de</strong><br />

l’accouchement (Chlamydia jusqu’à 2 ans et Trichomonas jusqu’à 9 mois).<br />

6.2.3. Bilan sérologique et biologique.<br />

• Initialement il est recommandé <strong>de</strong> réaliser : VIH1 et 2, VDRL et TPHA, HTLV,<br />

Hépatite B (Ag HBs, Ac anti-HBc, Ac anti HBs), Hépatite C, Chlamydia, Herpès.<br />

• Bilan à 1 mois : VIH1 et 2, Hépatite B si Ac anti-HBs positif initialement, Hépatite C,<br />

transaminases, Chlamydia et Herpès si positifs initialement.<br />

• Bilan à 3 mois : VIH1 et 2, HTLV, VDRL, TPHA, Hépatite B si Ac anti-HBs positif<br />

initialement, Hépatite C, transaminases.<br />

• Bilan à 6 mois : VIH1 et 2, Hépatite C, transaminases.<br />

Ces bilans seront bien sûr adaptés en fonction du délai écoulé <strong>de</strong>puis les faits.<br />

• Agression récente : bilan initial puis contrôle à 1 mois, 3 mois, 6 mois, et 12 mois.<br />

• Agression ancienne : bilan initial puis sérologies adapté en fonction du délai écoulé.<br />

6.2.4. Recherche <strong>de</strong> toxiques.<br />

Leur utilisation pour obtenir la soumission, peut être suspectée <strong>de</strong>vant une confusion dans les<br />

propos <strong>de</strong> la <strong>victime</strong>, une amnésie, un malaise, une perte <strong>de</strong> connaissance ou <strong>de</strong>s<br />

hallucinations.<br />

Leur recherche doit s’effectuer dans le sang et les urines. Cette recherche peut également se<br />

faire dans le liqui<strong>de</strong> gastrique (vomissements). Les prélèvements peuvent être conservés 48h<br />

au réfrigérateur à 4° C.<br />

Dans le cadre d’une réquisition judiciaire, ces prélèvements seront effectués en double pour<br />

une éventuelle contre-expertise. Ils seront mis sous scellés par les autorités requérantes.<br />

6.2.5. Bilan pré-thérapeutique.<br />

Il est indispensable quand il existe un risque <strong>de</strong> transmission du VIH et qu’un traitement anti<br />

rétrovirus doit être mis en place. Il comporte : NFS, plaquettes, ionogramme, créatinine,<br />

transaminases, gamma-GT, bilirubine totale, phosphatases alcalines, amylase, lipase.<br />

DCEM 4 – Module 11<br />

SYNTHESE CLINIQUE ET THERAPEUTIQUE – URGENCES<br />

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7. Evaluation <strong>de</strong>s préjudices<br />

Les <strong>victime</strong>s d’agressions <strong>sexuelles</strong> bénéficient <strong>de</strong>s possibilités d’in<strong>de</strong>mnisation tant pour les<br />

préjudices physiques que psychologiques.<br />

Ces préjudices peuvent être temporaires ou permanents.<br />

7.1. L’incapacité temporaire<br />

Si la <strong>victime</strong> ne peut plus faire face à ses activités personnelles habituelles ou si elle ne peut<br />

plus travailler, elle est alors en incapacité totale <strong>de</strong> travail (ITT). Toute <strong>victime</strong> peut bénéficier<br />

d’une ITT. Elle repose sur les seules conséquences médicales <strong>de</strong> l’agression.<br />

Elle doit être déterminée avec précision car <strong>de</strong> sa durée va dépendre l’orientation juridique <strong>de</strong><br />

l’affaire.<br />

Cette durée sera initialement prescrite par le mé<strong>de</strong>cin traitant puis secondairement elle peut<br />

être modifiée par le mé<strong>de</strong>cin expert.<br />

7.2. Les préjudices permanents<br />

Ils sont déterminés par une expertise médicale qui s’appuiera sur les éléments consignés dans<br />

le dossier médical <strong>de</strong> la <strong>victime</strong>.<br />

Ils correspon<strong>de</strong>nt aux séquelles définitives en rapport avec l’agression.<br />

Ces séquelles donnent lieu à plusieurs types <strong>de</strong> préjudice :<br />

• Incapacité permanente : existence d’une diminution <strong>de</strong>s capacités fonctionnelles<br />

(physiques, psychiques ou intellectuelles <strong>de</strong> la <strong>victime</strong>). Elle s’évalue en % <strong>de</strong> 1 à 100.<br />

Elle donne un taux d’incapacité permanente partielle (IPP).<br />

• Les préjudices esthétiques, professionnels, d’agrément et sexuels seront également<br />

évalués.<br />

Pour l’enfant il existe un préjudice juvénile qui évalue la perte <strong>de</strong> chance pour l’enfant (ne<br />

peut plus suivre une scolarité normale ou ne pourra pas exercer certains métiers).<br />

8. La prise en charge thérapeutique<br />

Cette prise en charge est indispensable. Elle permet bien sûr l’instauration d’un traitement<br />

adapté aux lésions constatées mais surtout elle permet l’instauration d’un traitement préventif<br />

d’une éventuelle grossesse ou d’une MST.<br />

8.1. Prévention d’une grossesse.<br />

Elle doit être instaurée en cas d’abus chez une femme ou une adolescente en pério<strong>de</strong><br />

d’activité génitale sans moyens <strong>de</strong> contraception efficace (pilule ou stérilet).<br />

Le traitement est fonction <strong>de</strong> la date <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières règles et du délai écoulé <strong>de</strong>puis l’agression.<br />

Si le rapport < 72h contraception en urgence : Tétragylon® (2 cp à renouveler 12h après) ou<br />

Norlevo® (1 cp à renouveler 12 à 24 h après) si contre-indication aux oestroprogestatifs.<br />

Ils ne doivent pas être prescrits si la <strong>victime</strong> est sous anti-convulsivants ou inducteurs<br />

enzymatiques (inefficaces).<br />

Si le rapport remonte à plus <strong>de</strong> 3 jours mais moins <strong>de</strong> 5 jours, la mise en place d’un stérilet est<br />

possible (ATCD <strong>de</strong> grossesse).<br />

DCEM 4 – Module 11<br />

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8.2. Prévention <strong>de</strong>s MST.<br />

En cas <strong>de</strong> pénétration (vaginale, anale ou buccale), un traitement doit être systématiquement<br />

instauré.<br />

Pour la prévention du Chlamydia, <strong>de</strong> la syphilis et du gonocoque : Doxycycline (2 cp/j<br />

pendant 7 jours) ou azithromycine (4 cp en une prise).<br />

Pour le risque <strong>de</strong> transmission du VIH, la prophylaxie est basée sur les recommandations <strong>de</strong> la<br />

circulaire DGS/DH/DRT/DSS n° 98/228 du 9 avril 1998.<br />

L’avis du mé<strong>de</strong>cin référent <strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts d’exposition doit être sollicité.<br />

Le traitement doit être instauré dans les 48 heures (bi ou trithérapie) et pour une durée <strong>de</strong> 1<br />

mois. Après réception <strong>de</strong>s sérologies et avec l’accord <strong>de</strong> la <strong>victime</strong> le traitement peut être<br />

modifié. Il est délivré gratuitement par la pharmacie centrale <strong>de</strong>s hôpitaux.<br />

Pour le risque <strong>de</strong> transmission <strong>de</strong> l’hépatite B, si la <strong>victime</strong> n’est pas ou mal vacciné il faut<br />

dans les 8 jours qui suivent l’agression faire une injection <strong>de</strong> vaccin contre l’hépatite B.<br />

Il n’existe pas <strong>de</strong> traitement préventif <strong>de</strong> l’hépatite C.<br />

9. La prise en charge psychologique<br />

Toute agression laisse <strong>de</strong>s séquelles aux <strong>victime</strong>s et tout particulièrement les <strong>violences</strong><br />

<strong>sexuelles</strong>. En absence <strong>de</strong> prise en charge psychologique, un état <strong>de</strong> névrose traumatique<br />

s’installe avec un certain temps <strong>de</strong> latence.<br />

De la qualité <strong>de</strong> la prise en charge initiale et <strong>de</strong> la mise en place d’un suivi spécialisé dépendra<br />

la qualité <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s <strong>victime</strong>s et <strong>de</strong> leur famille.<br />

9.1. Les soins en urgence<br />

Le soutien psychologique <strong>de</strong> la <strong>victime</strong> lors <strong>de</strong> son arrivée est essentiel. Il évite le repli <strong>de</strong> la<br />

<strong>victime</strong> sur elle-même. Il s’efforce <strong>de</strong> faire reculer le sentiment <strong>de</strong> culpabilité que la <strong>victime</strong><br />

éprouve.<br />

Cette première approche <strong>de</strong>vra être effectuée par le mé<strong>de</strong>cin qui réceptionne la <strong>victime</strong><br />

quelque soit sa spécialité. Il <strong>de</strong>vra avant tout éviter <strong>de</strong>s propos ou <strong>de</strong>s actes déplacés qui<br />

peuvent être néfastes ultérieurement pour la reconstruction <strong>de</strong> la <strong>victime</strong>.<br />

Il préparera la <strong>victime</strong> à accepter un suivi psychologique.<br />

9.2. Les psychotropes<br />

Ils ne doivent pas être prescrits en systématique mais ils peuvent ai<strong>de</strong>r la <strong>victime</strong> si elle<br />

présente <strong>de</strong>s bouffées d’agressivité ou d’angoisse. Ils peuvent également améliorer la qualité<br />

d’un sommeil souvent vecteur <strong>de</strong> reviviscence <strong>de</strong> l’agression.<br />

9.3. L’hospitalisation<br />

Elle représente souvent la meilleure solution quand la <strong>victime</strong> est un enfant ou un adolescent.<br />

Elle doit se faire dans un service <strong>de</strong> pédiatrie compétent, elle va permettre l’instauration dans<br />

le calme d’un examen somatique et d’une prise en charge psychologique adaptée.<br />

Pour un mineur, quand l’abus est intra-familial cette hospitalisation est obligatoire en<br />

attendant l’ordre <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> provisoire délivré par le Procureur <strong>de</strong> la République.<br />

DCEM 4 – Module 11<br />

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10. Conclusion<br />

Le rôle du mé<strong>de</strong>cin dans la prise en charge <strong>de</strong>s <strong>victime</strong>s <strong>de</strong> <strong>violences</strong> <strong>sexuelles</strong> est<br />

prépondérant. De la qualité <strong>de</strong> cet accueil dépendra les possibilités <strong>de</strong> reconstruction <strong>de</strong> leur<br />

personnalité.<br />

Les <strong>violences</strong> <strong>sexuelles</strong> ne peuvent plus être ignorées ou sous évaluées. Les <strong>victime</strong>s sont <strong>de</strong><br />

mieux en mieux protégées par le co<strong>de</strong> pénal à condition que le mé<strong>de</strong>cin n’ignore pas la loi et<br />

donne toutes ses chances aux <strong>victime</strong>s en assurant parfaitement leur prise en charge initiale.<br />

11. Points forts<br />

L'étudiant doit être capable <strong>de</strong> :<br />

• définir un abus sexuel et un viol,<br />

• citer les articles du co<strong>de</strong> pénal et du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> déontologie en rapport avec la levée du<br />

secret professionnel,<br />

• décrire les situations pour un enfant et pour un adulte qui imposent une déclaration<br />

judiciaire,<br />

• décrire les éléments à recueillir par l'interrogatoire et l'examen clinique <strong>d'un</strong> enfant ou<br />

<strong>d'un</strong> adulte abusé,<br />

• connaître les éléments <strong>de</strong> l'amnanèse qui nécessitent un avis spécialisé,<br />

• justifier la prescription <strong>de</strong> prélèvements et décrire les conditions <strong>de</strong> leur réalisation,<br />

• exposer les principes <strong>de</strong> la prise en charge thérapeutique on fonction du délai écoulé<br />

entre l'abus et sa révélation.<br />

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