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Maladies et Grands Syndromes – Fractures chez l'enfant - Serveur ...

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Faculté de Médecine de Marseille<br />

<strong>Maladies</strong> <strong>et</strong> <strong>Grands</strong> <strong>Syndromes</strong> – <strong>Fractures</strong> <strong>chez</strong><br />

l’enfant : particularités épidémiologiques,<br />

diagnostiques <strong>et</strong> thérapeutiques (237)<br />

Professeur Gérard Bollini, Professeur Jean Luc Jouve<br />

Juin 2005<br />

1. Introduction<br />

Les fractures <strong>chez</strong> l’enfant surviennent sur un squel<strong>et</strong>te en croissance ce qui en fait leurs<br />

particularités. Pour bien comprendre ces particularités il est donc nécessaire de commencer<br />

par exposer comment apparaissent <strong>et</strong> grandissent les os <strong>chez</strong> l’enfant.<br />

2. Bases fondamentales<br />

2.1. Développement des maqu<strong>et</strong>tes osseuses<br />

Le tissu mésenchymateux est à l’origine de l’apparition des maqu<strong>et</strong>tes osseuses. Deux<br />

processus selon qu’il s’agit d’os plat ou d’os long vont participer à l’élaboration des ébauches<br />

osseuses.<br />

2.1.1. Os plat, ossification membraneuse<br />

Pour les os plats, à partir du tissu mésenchymateux une métaplasie va se produire<br />

transformant le tissu mésenchymateux en tissu osseux sans étape intermédiaire par du tissu<br />

cartilagineux. Ainsi l’ilion, une des 3 maqu<strong>et</strong>tes osseuses constituées du bassin (avec l’ischion<br />

<strong>et</strong> le pubis) ; à l’origine de l’aile iliaque, va se former par ossification membraneuse à partir<br />

du mésenchyme.Mais il faut bien comprendre que c<strong>et</strong>te maqu<strong>et</strong>te osseuse ainsi formée va être<br />

entourée de cartilage de croissance perm<strong>et</strong>tant ensuite sa croissance.<br />

2.1.2. Os long, ossification enchondrale<br />

Pour les os longs, le tissu mésenchymateux va subir une première métaplasie en cartilage<br />

hyalin.(Le cartilage hyalin est un cartilage de croissance alors que le cartilage articulaire est<br />

un fibrocartilage). C’est ensuite au sein de ce cartilage hyalin que les cellules cartilagineuses<br />

les chondroblastes vont se transformer en cellules osseuses, les ostéoblastes pour former au<br />

centre de la diaphyse osseuse la 1ère maqu<strong>et</strong>te osseuse. Ce mode de formation de l’os est<br />

appelé ossification enchondrale puisque se produisant à partir des chondroblastes. De la<br />

même manière que pour les os plats, les os longs vont être entourés de structures de<br />

croissance<br />

2.2. Les structures de croissance<br />

2.2.1. Structure de croissance des os longs<br />

La chondroépiphyse se trouve aux extrémités de tous les os longs. A la naissance, la plupart<br />

des chondroépiphyses ne sont encore formés que de cartilage hyalin (cartilage de croissance)<br />

entouré d’une fine couche de fibrocartilage (cartilage articulaire).<br />

DCEM3 – Module pluri-disciplinaire n° 13<br />

Rhumatologie, Chirurgie Orthopédique, Chirurgie infantile<br />

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Une seule de ces chondroépiphyses présente constamment à la naissance son noyau<br />

d’ossification déjà apparu c’est l’extrémité inférieure du fémur. Toutes les autres extrémités<br />

épiphysaires des os longs ne sont encore formées que de cartilage. Si l’on se représente une<br />

extrémité épiphysaire d’os long sous la forme d’une sphère cartilagineuse, c<strong>et</strong>te sphère va voir<br />

apparaître en son sein une zone d’ossification que l’on appelle le noyau d’ossification. Ce<br />

noyau d’ossification va donc être entouré de cartilage de croissance qui va contribuer à son<br />

développement volumétrique. La partie de la chondroépiphyse qui par l’apparition du noyau<br />

d’ossification se r<strong>et</strong>rouve placée entre ce dernier <strong>et</strong> la zone métaphyso diaphysaire issue du<br />

développement de la maqu<strong>et</strong>te osseuse de l’ossification enchondrale va prendre le nom de<br />

cartilage de conjugaison. Alors que la polarité de croissance de la chondroépiphyse se fait de<br />

la périphérie vers le centre perm<strong>et</strong>tant au noyau d’ossification de se développer en volume. Le<br />

cartilage de conjugaison va voir lui sa polarité de croissance dirigée vers la métaphyse. Ainsi,<br />

ce cartilage de conjugaison participe à la croissance en longueur des os longs.<br />

Une dernière structure de croissance est représentée par le périoste. Ce dernier engaine sur<br />

toute sa longueur la diaphyse <strong>et</strong> la métaphyse <strong>et</strong> s’interrompt au niveau du cartilage de<br />

conjugaison. Ce périoste est une membrane très épaisse <strong>chez</strong> l’enfant <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> à l’os de<br />

grandir en épaisseur car sa face profonde est ostéoformatrice. Le périoste joue un rôle<br />

essentiel dans l’apparition du cal osseux après une fracture diaphysaire ou métaphysaire <strong>et</strong><br />

dans le remodelage du cal osseux avec la croissance nous y reviendrons.<br />

2.2.2. Structure de croissance des os plats<br />

Les os plats comme les os longs sont entourés de périoste qui perm<strong>et</strong> leurs croissances en<br />

épaisseur. Leur croissance en longueur se fait par les apophyses. Les apophyses comme les<br />

épiphyses sont constituées de cartilage hyalin de croissance mais ne sont pas recouvertes de<br />

fibro-cartilage articulaire. En eff<strong>et</strong>, alors que les épiphyses sont constitutives d’une<br />

articulation, les apophyses représentent des zones d’insertion musculaires ou tendineuses.<br />

Ainsi l’ilion maqu<strong>et</strong>te osseuse à l’origine de l’aile iliaque est prolongée sur son versant<br />

supérieur par une bande de cartilage apophysaire. (future crête iliaque) sur laquelle s’insère<br />

des muscles. C<strong>et</strong>te apophyse va faire grandir en hauteur l’aile iliaque pendant que le périoste<br />

qui entoure l’ilion va le faire grandir en épaisseur.<br />

2.2.3. Os courts.<br />

Les os courts peuvent être comparés dans leur croissance à une épiphyse isolée. C’est un<br />

volume de cartilage hyalin doublé sur leur versant articulaire de fibro cartilage avec une<br />

polarité unique de croissance vers le centre perm<strong>et</strong>tant l’apparition d’un noyau d’ossification<br />

<strong>et</strong> son développement en volume.<br />

2.3. Vascularisation de l’os en croissance<br />

La vascularisation de la diaphyse <strong>et</strong> de la métaphyse est assurée par de très nombreux<br />

vaisseaux venant des masses musculaires entourant le périoste qui traversent ce dernier <strong>et</strong><br />

établissent à l’intérieur de l’os un riche réseau anastomotique.<br />

Au contraire, la vascularisation de l’épiphyse est beaucoup plus précaire. Elle est assurée par<br />

un ou plusieurs vaisseaux selon les épiphyses qui traversent la chondroépiphyse pour se<br />

rendre au noyau d’ossification. Ces vaisseaux vont participer à la nutrition des couches les<br />

plus profondes de la chondroépiphyse. Les couches superficielles ont une nutrition par<br />

imbibition à partir du liquide synovial.<br />

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Ainsi au niveau de la tête du fémur d’un enfant qui ne présente qu’un vaisseau nourricier<br />

épiphysaire prédominant issu de l’artère circonflexe postérieure, une fracture du col qui<br />

interrompt le flux de l’artère circonflexe postérieure produit une nécrose de la tête fémorale.<br />

2.4. Equilibre des zones de croissance<br />

Il existe une balance d’activité entre les cartilages de croissance situées aux deux extrémités<br />

des os longs.<br />

Pour exemple, la croissance des cartilages de conjugaison est respectivement de 30% pour<br />

l’extrémité supérieure <strong>et</strong> 70% pour l’extrémité inférieure du fémur, 80% <strong>et</strong> 20% pour<br />

l’humérus, 55% <strong>et</strong> 45% pour le tibia.Toute destruction post-fracturaire d’un cartilage de<br />

conjugaison fémoral inférieur fera que à compter de la date de survenue de c<strong>et</strong>te destruction<br />

70% de la croissance résiduelle du fémur sera manquante en fin de croissance.<br />

Au sein d’une même extrémité d’os long, il peut exister une synergie d’activité de deux<br />

structures de croissance adjacente. Ainsi l’extrémité supérieure du fémur détermine un angle<br />

d’inclinaison (angle formé par l’axe de la diaphyse <strong>et</strong> l’axe du col) par une synergie qui fait<br />

que alors que le grand trochanter fournit en direction du col une quantité de croissance x, le<br />

cartilage de conjugaison de l’épiphyse fémorale fournit lui une quantité double de croissance<br />

(2x) en direction du col du fémur. Si le cartilage de croissance de l’apophyse trochantérienne<br />

est détruit l’angle d’inclinaison augmente (coxa valga) alors que si le cartilage de<br />

conjugaison épiphysaire est détruit l’angle d’inclinaison diminue (coxa vara).<br />

2.5. Biomécanique des os en croissance<br />

2.5.1. Biomécanique osseuse <strong>chez</strong> l’enfant<br />

Les diaphyses osseuses peuvent être représentées comme un cylindre creux. Les parois de ce<br />

cylindre sont les corticales alors que la zone creuse est la médullaire siège <strong>chez</strong> l’enfant de la<br />

fonction hématopoï<strong>et</strong>ique. La corticale de l’enfant est plus élastique <strong>et</strong> plus plastique que celle<br />

de l’adulte. L’élasticité se définit comme la possibilité de produire une déformation en<br />

appliquant une force avec r<strong>et</strong>our à la forme initiale après que c<strong>et</strong>te force cesse de s’appliquer.<br />

Quand le seuil d’élasticité est dépassé, il se produit une déformation non réversible que l’on<br />

appelle une déformation plastique. Au-delà enfin si une force encore plus importante est<br />

appliquée, le corticale se rompt. Ainsi la diaphyse d’enfant peut supporter en proportion de sa<br />

taille une charge plus importante que l’adulte en restant dans ses limites d’élasticité.<br />

De même toute proportions toujours gardées, il supportera une contrainte plus importante que<br />

celle d’un adulte avant de se rompre absorbant ce surcroît de contrainte pour une déformation<br />

plastique.<br />

Ceci explique la possibilité de fractures en « bois vert » de l’enfant. Nous y reviendrons.<br />

2.5.2. Biomécanique du cartilage de conjugaison<br />

dans la charpente squel<strong>et</strong>tique est soumis à des contraintes mécaniques spécifiques. Le<br />

cartilage de conjugaison se trouve toujours orthogonal aux contraintes mécaniques qu’il subit.<br />

Chaque unité de surface du cartilage de conjugaison est le siége d’une pression identique. A la<br />

suite d’une fracture diaphysaire ou métaphysaire la consolidation Chaque os long possède à<br />

ses deux extrémités un cartilage de conjugaison. Chaque os long selon où il se situe peut se<br />

faire avec une désaxation résiduelle de l’axe osseux . Le cartilage de conjugaison va voir son<br />

orientation se modifier <strong>et</strong> les contraintes mécaniques qu’il subit ne vont plus être<br />

régulièrement réparties sur sa surface .<br />

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Par rapport à la pression moyenne homogène spécifique de son site qu’il supporte<br />

habituellement vont se développer des pressions asymétriques plus élevées que la moyenne<br />

d’un coté <strong>et</strong> moins élevées de l’autre. Le cartilage de conjugaison, sous réserve qu’il conserve<br />

un potentiel de croissance significatif, c’est à dire que l’enfant ne soit pas trop proche de la fin<br />

de sa croissance, va réagir en augmentant sa croissance la où les contraintes sont plus élevées<br />

<strong>et</strong> en la ralentissant la où les contraintes sont moins élevées. La croissance asymétriques de la<br />

zone métaphysaire va progressivement tendre a réorienter le cartilage de conjugaison pour<br />

qu’il r<strong>et</strong>rouve des contraintes régulièrement réparties sur sa surface. Ce phenoméne est connu<br />

sous le nom de loi de Volkmann énoncée en 1862. Son explication en serait purement<br />

mécanique selon Pauwels, d’autres y verrait un rôle joué par le périoste.<br />

Le périoste se termine en eff<strong>et</strong> au niveau du cartilage de conjugaison où il vient se fixer. Le<br />

complexe formé par le cartilage de conjugaison <strong>et</strong> le fourreau périosté est un systeme<br />

mécaniquement « pré-contraint ». Ceci veut dire qu’il existe une traction mécanique<br />

permanente que le périoste exerce sur le cartilage de conjugaison. On conçoit que si, à la suite<br />

de la consolidation d’une fracture métaphysaire ou diaphysaire, le cartilage de conjugaison se<br />

r<strong>et</strong>rouve incliné par rapport à son axe habituel il va se produire une moindre traction du<br />

périoste d’un coté <strong>et</strong> une augmentation de traction de l’autre. La diminution de traction du<br />

périoste perm<strong>et</strong>trait au cartilage de conjugaison d’augmenter sa quantité de croissance alors<br />

que l’augmentation de traction controlatéral du périoste viendrait freiner c<strong>et</strong>te même<br />

croissance entrainant progressivement une renormalisation de position du cartilage de<br />

conjugaison.<br />

C<strong>et</strong>te loi de Volkmann ne s’applique que pour des modifications d’axes, donc de pression,<br />

modérée sur un cartilage de croissance sain présentant un potentiel de croissance résiduel<br />

significatif.<br />

Quand la déformation devient trop importante <strong>et</strong> l’asymétrie de pression trop élevée c<strong>et</strong>te<br />

propriété disparaît. Le cartilage de croissance voit au contraire son potentiel de croissance<br />

diminuer voire disparaître au niveau de la zone trop fortement comprimée. Ceci répond à une<br />

autre loi connue sous le nom de loi de Delpech qui stipule qu’un cartilage de croissance<br />

soumis à une trop forte pression voit son activité de croissance diminuer voire disparaître dans<br />

les zones de trop forte pression.<br />

2.5.3. Biomécanique du périoste<br />

La biomécanique du périoste a été résumé par la loi de Wolf énoncée en 1892 qui considère<br />

que les appositions périostées se constituent aux endroits mécaniquement contraints, alors que<br />

les régions non sollicitées font l’obj<strong>et</strong> de résorptions osseuses. L’ensemble aboutit<br />

progressivement à un déplacement relatif du cal fracturaire vers l’axe mécanique de l’os<br />

considéré. Ce processus, présent <strong>chez</strong> l’adulte, est beaucoup plus marqué <strong>chez</strong> l’enfant,<br />

porteur d’un périoste infiniment plus actif.<br />

Ainsi, en cas d’angulation osseuse, la concavité fera l’obj<strong>et</strong> d’une néoformation, alors que la<br />

convexité sera le siège d’une résorption. Les mécanismes de c<strong>et</strong>te association appositionrésorption<br />

sont encore mal connus.<br />

Une théorie consiste à considérer que dans une angulation post fracturaire le périoste de la<br />

convexité est rompu, donc peu actif, alors que celui de la concavité est intact donc très actif.<br />

C<strong>et</strong>te vision très mécanique paraît discutable. En eff<strong>et</strong> le remodelage se poursuit pendant<br />

plusieurs années <strong>et</strong> il est douteux que la résorption osseuse observée durant c<strong>et</strong>te période soit<br />

le seul fait de la lésion periostée initiale.<br />

Il semble en fait que la loi de Wolf trouve son explication dans la modification de potentiels<br />

électriques au niveau cellulaire. Ce phénomène dit piézo-électrique est défini par le fait que<br />

lorsque un os est soumis à des forces en flexion, sa partie convexe devient électropositive <strong>et</strong><br />

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sa partie concave électronégative. Ces courants piézo-électriques seraient générés par le<br />

collagène présent dans la structure osseuse. L’électronégativité favoriserait la formation<br />

osseuse par l’intermédiaire de la différentiation des fibroblastes. A l’inverse l’électropositivité<br />

favoriserait la résorption par un mécanisme inverse.<br />

2.6. Facteurs influençant le remodelage<br />

2.6.1. L’âge<br />

Il est évident que ce potentiel de remodelage est directement lié au potentiel de croissance<br />

restant. Ainsi une fracture obstétricale peut supporter une angulation considérable allant<br />

jusqu’à 60° facilement corrigée au cours des 15 ans de croissance à courir. En revanche il y a<br />

peu à espérer de c<strong>et</strong>te correction <strong>chez</strong> une jeune fille pubère pour qui une angulation ne va<br />

être que peu modifiée.<br />

2.6.2. Le segment osseux considéré<br />

Il est admis que la capacité de correction angulaire est variable sur chaque segment osseux.<br />

C<strong>et</strong>te capacité est réputée plus importante au membre inférieur qu’au membre supérieur. Ceci<br />

est interprété par le fait que le membre inférieur est plus soumis à des contraintes mécaniques<br />

axiales, le rendant ainsi plus sensible à la loi de Pauwels.<br />

2.6.3. Le siège de la fracture sur l’os concerné<br />

Remodelage <strong>et</strong> correction seront d’autant plus importants que la fracture est proche d’un<br />

cartilage de croissance. Les fractures médio diaphysaires sont par contre moins facilement<br />

corrigées.<br />

C<strong>et</strong>te capacité est fortement liée au potentiel du cartilage de croissance situé à proximité de la<br />

fracture. Nous avons vu que l’activité respective des cartilages de croissance situés aux<br />

extrémités des os longs est différente . Ainsi sur l’humérus, le cartilage de croissance<br />

proximal assure 80% de la croissance en longueur alors que celui situé à la partie distale n’en<br />

assure que 20%. Une angulation située au niveau du col chirurgical de l’humérus sera<br />

susceptible de correction importante alors qu’au niveau métaphysaire distal il y a peu à<br />

espérer d’un défaut angulaire résiduel.<br />

2.6.4. Le plan électif de l’angulation résiduelle<br />

Si l’on considère les trois plans de référence anatomiques, certains critères sont constamment<br />

r<strong>et</strong>rouvés :<br />

La possibilité maximale de correction se situe dans le plan préférentiel de mouvement des<br />

articulations adjacentes. Ainsi au niveau du membre inférieur, les cals vicieux en flessum <strong>et</strong><br />

recurvatum feront l’obj<strong>et</strong> de correction spontanée importante évitant le plus souvent une<br />

nouvelle intervention. Selon le même principe, la correction d’une déviation dans le plan<br />

coronal sera moins efficiente.<br />

A l’inverse, un défaut dans le plan horizontal, à savoir un cal vicieux en rotation ne doit pas<br />

être considéré comme pouvant se corriger. Certains auteurs ont décrit des modifications des<br />

torsions axiales dans les années suivant une fracture. Celles ci sont interprétées comme la<br />

conséquence d’une modification hélicoïdale de l’activité du cartilage de croissance. Elles ne<br />

constituent cependant pas un phénomène sur lequel on puisse compter en pratique<br />

quotidienne.<br />

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2.6.5. La valeur de l’angulation résiduelle<br />

C’est l’élément principal afin d’établir un pronostic. Il convient avant tout de déterminer<br />

comme dans tout cal vicieux les composantes de la déformation maximale dans les trois plans<br />

de l’espace. Il faut tenir compte du fait que les incidences radiographiques standard sous<br />

estiment souvent l’importance de la déformation car elles ne sont pas situées dans le plan de<br />

déformation maximum dit plan d’élection.<br />

2.7. Formation du cal osseux <strong>chez</strong> l’enfant<br />

La différence de formation du cal osseux <strong>chez</strong> l’enfant <strong>et</strong> <strong>chez</strong> l’adulte explique aussi les<br />

différences de prises en charge thérapeutiques. Les fractures de l’adultes consolident<br />

essentiellement par consolidation dite « per primam ». L’union se fait par des systèmes<br />

haversiens qui pontent le site fracturaire en le traversant essentiellement au niveau des<br />

corticales de l’os. Ceci explique que les fractures de l’adulte justifient d’une réduction<br />

anatomique (c.a.d. restituant l’anatomie de l’os) <strong>et</strong> stable (c.a.d. utilisant un matériel<br />

d’ostéosynthèse rigide ).<br />

A l’inverse les fractures de l’enfant consolident selon un mode appelé « consolidation<br />

secondaire ». La survenue de la fracture entraîne un hématome. Très vite <strong>chez</strong> l’enfant se<br />

produit à partir de c<strong>et</strong> hématome un cal provisoire formé d’un cal périphérique ou periosté <strong>et</strong><br />

d’un cal central, médullaire appelé encore endosté. Ce cal provisoire est formé d’un os<br />

immature, primitif, qui peut assurer très vite une solidité clinique de l’os fracturé. Ainsi les<br />

fractures obstétricales consolident en 2 à 3 semaines. Secondairement le cal periosté va subir<br />

une évolution tendant à transformer l’os primitif en os définitif dit encore Haversien. En<br />

parallèle le périoste est le siége des phénomènes de résorption-apposition perm<strong>et</strong>tant le<br />

remodelage de l’os comme exposé au paragraphe précedent. Ainsi les fractures diaphysaires<br />

de l’enfant ne nécessitent pas pour consolider de réduction anatomique ni d’ostéosynthése<br />

stable.<br />

Il est évident que plus l’enfant est proche de la fin de sa croissance plus le rôle à la fois dans<br />

la formation <strong>et</strong> le remodelage du cal periosté diminue. Prenons l’exemple d’une fracture<br />

diaphysaire du fémur. De l à 6 ou 7 ans un traitement orthopédique par traction pendant 3<br />

semaines suivi d’un plâtre pelvi-pédieux pendant 3 autres semaines sera indiqué. Chez<br />

l’enfant de plus de 12 ans on aura plutôt recours à une réduction anatomique avec<br />

ostéosynthèse stable. Dans la tranche d’âge intermédiaire on utilisera plus volontiers une<br />

ostéosynthèse dite « élastique ». Ce type d’ostéosynthèse est représentée par des broches qui<br />

sont mises à l ‘intérieur de la médullaire sans aborder chirurgicalement le foyer de fracture.<br />

Ceci perm<strong>et</strong> de respecter le périoste <strong>et</strong> donc le cal periosté. Ceci évite aussi de m<strong>et</strong>tre en place<br />

un plâtre pelvi-pédieux très contraignant pour un enfant de c<strong>et</strong> age. Ceci perm<strong>et</strong> enfin de<br />

limiter le déplacement post fracturaire facilitant le remodelage avec la croissance.<br />

2.8. Poussée de croissance post fracturaire<br />

La survenue d’une fracture sur un os en croissance est à l’origine d’une stimulation de la<br />

croissance. Ceci s’observe de façon constante mais à des degrés variables. C<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> est<br />

significatif durant les 2 ans qui suivent le traumatisme <strong>et</strong> peut atteindre des valeurs allant<br />

jusqu’à 30mm. Les conséquences sont peu importantes au niveau du membre supérieur. En<br />

revanche, elle peut engendrer au niveau des membres inférieurs des inégalités de longueur de<br />

membres dont la famille doit être avertie.<br />

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2.8.1. Physiopathologie<br />

L’origine de c<strong>et</strong>te poussée de croissance est dans l’hyperhémie locale <strong>et</strong> régionale provoquée<br />

par le processus de consolidation osseuse. Ce processus d’hyperhémie se prolonge durant<br />

toute la période de remodelage, c’est à dire plusieurs mois à plusieurs années. C<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> n’est<br />

pas spécifique aux fractures <strong>et</strong> on le r<strong>et</strong>rouve également dans tous les processus<br />

inflammatoires développés au niveau des membres. C ‘est le cas des infections ostéoarticulaires.<br />

Les modifications vasculaires concernent essentiellement les cartilages de croissance de l’os<br />

concerné. Elles peuvent s’étendre aux segments osseux adjacents. Ainsi lors de fractures du<br />

fémur il est fréquent d’observer, associée à la poussée de croissance du fémur, une croissance<br />

excessive du tibia homolatéral dans des valeurs moins importantes.<br />

Le rôle strictement mécanique du périoste est également fréquemment évoqué dans la genèse<br />

de la poussée de croissance. Ogden considère que le fourreau periosté constitue un frein<br />

mécanique à l’activité du cartilage de croissance.<br />

Lorsque la fracture provoque une rupture du périoste, la levée de ce frein participerait à la<br />

poussée initiale importante constatée au cours des trois premiers mois qui suivent la fracture.<br />

L’importance respective de ces éléments est difficile à évaluer d’autant que l’importance de la<br />

poussée de croissance est très variable d’un suj<strong>et</strong> à l’autre dans des situations apparemment<br />

similaires. Comme dans le remodelage osseux seuls des facteurs favorisant peuvent être<br />

dégagés.<br />

2.8.2. Facteurs influençant la poussée de croissance<br />

2.8.2.1. L’âge<br />

Contrairement aux processus de remodelage osseux, l’âge ne semble pas jouer un rôle majeur<br />

dans l’importance du processus de poussée de croissance. Certains auteurs observent une<br />

poussée de croissance plus importante <strong>chez</strong> les enfants de moins de 5 ans mais dans des<br />

valeurs peu significatives. D’autres facteurs sont r<strong>et</strong>rouvés de façon également peu<br />

significative tels que la prédominance masculine ou le coté dominant qui donnerait des<br />

poussées de croissance plus importantes.<br />

2.8.2.2. Le segment osseux considéré<br />

Le fémur est le plus suj<strong>et</strong> à ce processus. La valeur de l’inégalité moyenne varie en fonction<br />

des auteurs de 8 à 11 mm. Le tibia est suj<strong>et</strong> à une poussée de croissance moins importante<br />

variant selon les auteurs de 4 à 10 mm.<br />

Au niveau du membre supérieur la poussée de croissance est modeste. Elle est régulièrement<br />

décrite au niveau de l’humérus. De façon mal expliquée les deux os de l’avant bras ne font<br />

pratiquement pas l’obj<strong>et</strong> d’une poussée de croissance post traumatique.<br />

2.8.2.3. Le type de fracture<br />

Il s’agit d’un facteur régulièrement observé. On peut considérer que tous les éléments<br />

favorisant l’hyperhémie locale sont générateurs d’une poussée de croissance importante.<br />

Ainsi on été décrits le déplacement important, le chevauchement après réduction, le type<br />

spiroïde ou oblique long. Dans le même ordre d’idée les facteurs augmentant le délai de<br />

consolidation sont r<strong>et</strong>rouvés tels que l’instabilité de la fracture.<br />

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L’angulation après réduction. L’existence d’une angulation importante après consolidation<br />

serait également un facteur favorisant dans la mesure où elle prolonge la durée de la période<br />

de remodelage <strong>et</strong> donc l’hyperhémie locale.<br />

2.8.2.4. Le type de traitement<br />

Il s’agit d’un des facteurs les plus importants, à prendre en considération dans la prise en<br />

charge des fractures des membres inférieurs.<br />

Les ostéosynthèses extensives à foyer ouvert par plaques vissées sont notoirement<br />

pourvoyeuses de poussées de croissance importantes.<br />

De telles poussées de croissance ne sont pas observées lors des traitements orthopédiques.<br />

Selon Lascombes l’enclouage centro-médullaire élastique stable ne donne pas plus de poussée<br />

de croissance que le traitement orthopédique.<br />

3. Applications cliniques<br />

3.1. Particularités selon le siége des fractures m<strong>et</strong>aphysaires<br />

<strong>et</strong> diaphysaires<br />

3.1.1. <strong>Fractures</strong> de l’extrémité supérieure de l’humérus<br />

La fracture est proche du cartilage de croissance huméral proximal responsable de 80% de la<br />

croissance de l’humérus. Elle est également située à un endroit où le périoste est<br />

particulièrement riche <strong>et</strong> épais. Ceci perm<strong>et</strong> une correction très importante des angulations<br />

résiduelles. Compte tenu de c<strong>et</strong>te propriété la fracture du col chirurgical de l’humérus de<br />

l’enfant relève toujours d’un traitement orthopédique sauf circonstances particulières.<br />

3.1.2. <strong>Fractures</strong> métaphysaires distales de l’humérus<br />

Proche d’un cartilage de croissance distal peu actif la fracture supra condylienne possède un<br />

potentiel de correction limité. La déformation résiduelle la plus fréquente est le cal vicieux en<br />

rotation responsable d’un cubitus varus. Elle est définitive <strong>et</strong> ne peut être traitée que par une<br />

ostéotomie correctrice. Le principal défaut résiduel susceptible de correction est le butoir<br />

antérieur provoqué par un cal exubérant. Dans c<strong>et</strong>te circonstance, la croissance en longueur va<br />

éloigner ce butoir mécanique de l’articulation <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tre de voir s’améliorer<br />

progressivement l’amplitude en flexion.<br />

3.1.3. <strong>Fractures</strong> diaphysaires des deux os de l’avant-bras<br />

Il s’agit d’un des problèmes les plus délicats à résoudre en terme de pronostic lorsqu’existe<br />

une angulation résiduelle. Les opinions varient de façon importante, en fonction des auteurs<br />

quant à la valeur <strong>et</strong> au type de déformation résiduelle tolérables. Plusieurs raisons expliquent<br />

de telles divergences.<br />

• Le siège médio diaphysaire perm<strong>et</strong> un remodelage periosté efficace du cal mais peu de<br />

correction d’axe de la part des cartilages de croissance.<br />

• L’évaluation de l’angulation résiduelle de chacun des deux os de l’avant bras, <strong>et</strong><br />

surtout leur plan d’élection est difficile à faire à partir de documents radiographiques.<br />

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• La présence de la membrane inter osseuse, véritable hauban entre les fourreaux<br />

périostés induit des contraintes dans le plan transversal, qui modifient l’évolution<br />

selon si elle est intacte, déchirée, ou cicatrisée avec une fibrose rétractile.<br />

Les déformations tolérables en angulation varient selon les auteurs de 10° à 20°. Les défauts<br />

résiduels en rotation sont acceptables pour Chambers dans des valeurs allant jusqu’à 30° dans<br />

la mesure où ils ne grèvent que peu le pronostic fonctionnel. En revanche le décalage en<br />

translation, voire, le chevauchement sont d’excellent pronostic dés lors qu’ils ne<br />

s’accompagnent pas de défauts d’axe.<br />

Insistons sur le fait que l’analyse de ces défauts résiduels reste difficile sur des clichés sous<br />

plâtre après une réduction orthopédique. C’est probablement pour c<strong>et</strong>te raison que le principe<br />

énoncé par Blount en 1977 garde toute sa valeur : « les fractures du 1/3 moyen de l’avant<br />

bras ne doivent pas laisser persister une angulation dans quelque plan que ce soit à l’exception<br />

des très jeunes enfants ». Aussi, ce type de fracture constitue pour nous une indication<br />

d’ostéosynthèse élastique stable au moindre doute.<br />

3.1.4. <strong>Fractures</strong> du quart inférieur des deux os de l’avantbras<br />

La proximité du cartilage de croissance distal perm<strong>et</strong> d’espérer des corrections d’axe très<br />

significatives. C<strong>et</strong>te correction est n<strong>et</strong>tement meilleure dans le plan sagittal (plan de<br />

mouvement préférentiel du poign<strong>et</strong>) que dans le plan frontal. Les angulations tolérables<br />

varient selon les auteurs de 20 à 40° <strong>chez</strong> les moins de 10 ans <strong>et</strong> 10 à 20° <strong>chez</strong> les plus de dix<br />

ans. De Courtivron dans un travail rapporté par Chambers revoit 602 fractures du radius<br />

distal. Il considère comme tolérables les angulations allant jusqu’à 20° dans le plan sagittal<br />

<strong>chez</strong> les moins de 9 ans <strong>et</strong> 10° <strong>chez</strong> les plus de 11 ans. Dans le plan frontal il observe une<br />

moins bonne correction <strong>et</strong> considère comme acceptable 15° <strong>chez</strong> les moins de 9 ans <strong>et</strong> 0° <strong>chez</strong><br />

les plus de 11ans. Enfin tous les auteurs s’accordent pour considérer que les cals vicieux en<br />

flexion palmaire <strong>et</strong> inclinaison cubitale ont un potentiel de correction optimal.<br />

Comme dans les fractures diaphysaires l’existence d’un décalage en translation ou d’un<br />

chevauchement est de bon pronostic. Le raccourcissement observé lorsqu’un des deux os est<br />

en position de chevauchement est toujours compensé par la poussée de croissance initiale.<br />

Ainsi la situation relativement fréquente d’une fracture distale au cours de laquelle le radius<br />

est réduit <strong>et</strong> le cubitus chevauché mais axé ne justifie pas d’ostéosynthèse complémentaire.<br />

3.1.5. <strong>Fractures</strong> du fémur<br />

Les défauts d’axes résiduels ont des conséquences à l’évidence plus importantes qu’au<br />

membre supérieur. Les défauts tolérables ont fait l’obj<strong>et</strong> de nombreuses publications <strong>et</strong> on<br />

peut r<strong>et</strong>enir avec Kasser les données suivantes :<br />

• Dans le plan sagittal le potentiel de correction est bon. Il est évalué à 30° en dessous<br />

de 2 ans, 20° entre 2 <strong>et</strong> 5 ans, 15° entre 6 <strong>et</strong> 10 ans, 10° après 11 ans.<br />

• Dans le plan frontal la correction est moins bonne, évaluée à 15° entre 2 <strong>et</strong> 5 ans, 10°<br />

entre 6 <strong>et</strong> 10 ans, 5° après 11 ans.<br />

• Dans le plan horizontal, malgré certaines publications faisant état de correction de<br />

troubles de rotation à long terme, il faut partir du principe que les cals vicieux<br />

rotatoires ne se corrigent pas.<br />

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La poussée de croissance survenant dans les deux ans qui suivent une fracture peut être<br />

importante <strong>et</strong> doit être prise en considération dans le choix thérapeutique. Gasco <strong>et</strong> De Pablos<br />

dans une revue de la littérature colligent 585 cas avec une inégalité moyenne de 9,3 mm.<br />

C<strong>et</strong>te notion justifie un raccourcissement de 10 à 15 mm dans le plâtre lorsqu’un traitement<br />

orthopédique est mis en place <strong>chez</strong> le p<strong>et</strong>it enfant, ce raccourcissement s’obtient en laissant<br />

volontairement les deux fragments fracturaires se chevaucher. Lorsqu’un traitement par<br />

ostéosynthèse est envisagé, l’utilisation de plaques vissées est un facteur majorant de façon<br />

significative la poussée de croissance. Plusieurs publications font état de poussées de<br />

croissance supérieures à 25 mm obligeant à des épiphysiodèses controlatérales. Ce type<br />

d’ostéosynthèse est donc à proscrire <strong>chez</strong> l’enfant de moins de 12 ans. L’embrochage centromédullaire<br />

élastique stable, tel qu’il est décrit dans sa technique originale par l’école de<br />

Nancy, ne donne pas de poussée de croissance supérieure à celle d’un traitement<br />

orthopédique. Il constitue une indication de choix dans la période d’age de 6 ou 7 ans à 12<br />

ans. Il convient de signaler que la littérature anglo-saxonne fait parfois état de poussée de<br />

croissance anormale après enclouage centro-médullaire. C<strong>et</strong>te notion doit être considérée avec<br />

prudence car elle regroupe souvent des enclouages rigides conduit par des techniques très<br />

variables en fonction des auteurs.<br />

3.1.6. <strong>Fractures</strong> métaphysaires proximales du tibia<br />

Ces fractures présentent la particularité de développer secondairement une déviation en<br />

valgus. Il s’agit le plus souvent de fractures peu ou pas déplacées. La désaxation survient dans<br />

une période de 3 à 18 mois suivant la fracture. L’origine de c<strong>et</strong>te désaxation a longtemps été<br />

discutée. Il semble établi désormais qu’elle trouve son origine dans une poussée de croissance<br />

asymétrique du cartilage de croissance proximal du tibia. Ogden a mis en évidence sur des<br />

artériographies que la vascularisation de la physe proximale du tibia était beaucoup plus<br />

développée à la partie médiale qu’à la partie latérale. Ainsi au cours de la période<br />

d’hyperhémie qui suit la fracture, la partie médiale du cartilage de croissance est plus active<br />

que la partie latérale, aboutissant à un vrai tibia valgum. L’évolution spontanée est dans la<br />

majorité des cas favorable. Curieusement la correction spontanée se produit non pas à partir<br />

du cartilage de croissance proximal, mais plutôt à partir du distal. Le tibia prend alors un<br />

aspect curviligne en S italique dont l’axe global <strong>et</strong> la direction des interlignes articulaires sont<br />

revenus à la normale. Toute indication d’ostéotomie ou d’épiphysiodèse précoce est à<br />

proscrire avant l’adolescence. En eff<strong>et</strong> une ostéotomie tibiale proximale a toutes les chances<br />

de reproduire le même eff<strong>et</strong> de poussée de croissance asymétrique. Devant une telle fracture<br />

les familles doivent être averties du risque de déviation en valgus, en précisant qu’aucun<br />

traitement préventif n’est envisageable.<br />

3.1.7. <strong>Fractures</strong> diaphysaires <strong>et</strong> métaphysaires distales de<br />

jambe<br />

Le remodelage du cal osseux est souvent important sur le tibia. Par contre la correction<br />

angulaire réelle évaluée sur l’orientation des surfaces articulaires est beaucoup moins efficace<br />

que sur le fémur. Ceci induit souvent une imagerie trompeuse, flatteuse au niveau de l’ancien<br />

cal fracturaire mais avec un bénéfice limité en terme de correction d’axes. Certains caractères<br />

particuliers sont régulièrement décrits au niveau du tibia La possibilité de correction angulaire<br />

est peu dépendante de l’âge de l’enfant<br />

Dans le plan coronal les désaxations en varus se corrigent mieux que celles en valgus.<br />

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Dans le plan sagittal les déformations en recurvatum se corrigent mieux que les déformations<br />

en flessum.<br />

Pour Weber une déviation en varus est susceptible de correction jusqu’à 13° alors qu’en<br />

valgus les défauts d’axe au delà de 5° ne se corrigent pas.<br />

Concernant la stimulation de la croissance, la poussée de croissance observée au niveau du<br />

tibia est plus modérée qu’au niveau du fémur. Gasco <strong>et</strong> De Pablos dans leur revue de la<br />

littérature colligent 293 fractures du tibia avec une valeur moyenne de 5,83 mm. C<strong>et</strong>te valeur<br />

modérée a pour conséquence clinique qu’aucune disposition particulière n’est à envisager au<br />

moment de la prise en charge initiale d’une fracture du tibia. Seul un raccourcissement très<br />

limité peut être accepté lors d’une réduction orthopédique.<br />

3.1.8. <strong>Fractures</strong> du rachis<br />

Les fractures du rachis de l’enfant qui n’interrompent ni la continuité ni la stabilité de la<br />

colonne vertébrale sont susceptibles de correction spontanée dés lors que les cartilages de<br />

croissance sont intacts. C’est le cas des fractures-tassements corporéales qui laissent intact<br />

dans la majorité des cas le complexe disque-cartilage de croissance. Le pronostic de ces<br />

lésions est favorable tant sur la stabilité que sur la croissance ultérieure. L’évolution se fait<br />

vers une récupération relative de la hauteur vertébrale <strong>et</strong> un redressement spontané de la<br />

déviation en cyphose ou en inflexion latérale. En cas de doute une IRM perm<strong>et</strong> de confirmer<br />

l’intégrité du disque <strong>et</strong> donc du cartilage de croissance correspondant.<br />

Au niveau du rachis cervical l’atteinte intéresse plutôt le segment proximal <strong>chez</strong> le p<strong>et</strong>it<br />

enfant <strong>et</strong> le segment distal <strong>chez</strong> le grand enfant. Chez le p<strong>et</strong>it enfant les fractures de<br />

l’odontoïde sont en général des décollements apophysaires qui seront traités<br />

orthopédiquement par minerve en position de réduction.<br />

3.2. <strong>Fractures</strong> intéressant le cartilage de conjugaison<br />

Ces fractures portent aussi le nom de fractures epiphysaires ou de fracture-décollement<br />

épiphysaires. Elles comportent un risque majeur qui est que la continuité anatomique <strong>et</strong><br />

fonctionnelle du cartilage de conjugaison soit lésée. C<strong>et</strong>te complication porte le nom<br />

d’epiphysiodése.<br />

3.2.1. Classification des fracture-décollement épiphysaires<br />

C’est la classification de Salter qui est la plus couramment utilisée. Elle comporte 5 stades.<br />

• Stade 1 : Le trait de fracture sépare le cartilage de conjugaison de la métaphyse. Le<br />

cartilage<br />

• de conjugaison conserve son intégrité, il reste en continuité. Ce stade ne comporte à<br />

• priori pas de risque d’épiphysiodése.<br />

• Stade 2 : Le trait de fracture passe d’abord entre le cartilage de conjugaison <strong>et</strong> la<br />

métaphyse puis, détache un fragment de métaphyse. La encore, le cartilage de<br />

conjugaison est en continuité donc pas de risque d’épiphysiodése.<br />

• Stade 3 : Le trait de fracture détache une partie plus ou moins importante de<br />

l’épiphyse avec la portion de cartilage de conjugaison qui lui correspond. Il y a donc<br />

interruption de la continuité du cartilage de conjugaison <strong>et</strong> risque d’épiphysiodése si la<br />

réduction n’est pas parfaite.<br />

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• Stade 4 : Le trait de fracture détache une partie de l’épiphyse, du cartilage de<br />

conjugaison qui lui correspond ainsi qu’un fragment de métaphyse. Là encore le<br />

cartilage de conjugaison n’est plus en continuité <strong>et</strong> le risque d’épiphysiodése est élevé.<br />

• Stade 5 : Aucun trait de fracture n’est visible mais on observe dans les suites d’un<br />

traumatisme une interruption de la croissance du cartilage de conjugaison. Le<br />

diagnostic est donc toujours établi pour ce stade 5 à posteriori.<br />

C<strong>et</strong>te classification de Salter est la plus simple <strong>et</strong> la plus couramment utilisé. D’autres<br />

classifications comme celle de Ogden qui décrit 20 types ou sous types ou plus récemment<br />

celle de P<strong>et</strong>erson rendent mieux compte d’atteintes plus rares du cartilage de conjugaison<br />

comme par exemple les avulsions péripheriques ou les désordres ischémiques mais sont<br />

d’utilisation peu courantes.<br />

3.2.2. Bilan d’imagerie<br />

La radiographie standard perm<strong>et</strong> dans la grande majorité des cas de porter un diagnostic<br />

précis sur la lésion en cause moyennant une technique rigoureuse <strong>et</strong> une bonne connaissance<br />

de la traumatologie pédiatrique. Au terme du bilan radiographique, deux situations peuvent se<br />

poser. Dans la grande majorité des cas, le diagnostic est évident <strong>et</strong> rien ne s’oppose à une<br />

prise en charge thérapeutique adaptée. Parfois, le diagnostic reste difficile du fait du faible<br />

déplacement d’un fragment épiphysaire ou d’une fracture survenant sur une épiphyse peu ou<br />

pas ossifiée <strong>chez</strong> un enfant en bas âge. Enfin certaines localisations sont de diagnostic<br />

difficile.<br />

Dans ces circonstances, une imagerie complémentaire est justifiée dès la phase initiale. Trois<br />

localisations sont de diagnostics réputés difficiles :<br />

• L’extrémité inférieure du tibia peut être le siège de fracture triplane associant plusieurs<br />

types de Salter. L’utilisation d’une imagerie multiplanaire perm<strong>et</strong> de confirmer le<br />

diagnostic <strong>et</strong> préciser le siège <strong>et</strong> l’importance des traits de fracture.<br />

Tomodensitométrie ou IRM peuvent être indifféremment utilisées. Aucune étude n’a<br />

été conduite pour comparer leurs valeurs respectives, <strong>et</strong> le choix dépend<br />

essentiellement de la disponibilité du plateau technique.<br />

• Au niveau du genou, les lésions épiphysaires pures sont rares mais pourvoyeuses de<br />

troubles de croissance fréquents, notamment au niveau de l’épiphyse proximale du<br />

tibia. Certains traits de fracture sont peu ou pas visibles sur des radiographies<br />

standard. L’IRM constitue une bonne indication à la phase initiale lorsque existe une<br />

clinique évocatrice associant hémarthrose <strong>et</strong> impotence fonctionnelle.<br />

• Au niveau du coude, une lésion de la chondro-épiphyse humérale distale peut être<br />

d’interprétation difficile notamment <strong>chez</strong> les enfants en bas âge. Il est des cas où<br />

même avec une expérience solide, le diagnostic lésionnel s’avère douteux. L’IRM<br />

perm<strong>et</strong> alors une bonne analyse des lésions de l’épiphyse cartilagineuse notamment en<br />

cas de fracture du condyle externe .Le manque de disponibilité actuelle de c<strong>et</strong> examen<br />

laisse encore une place à l’examen radioscopique sous anesthésie générale ou<br />

l’arthrographie. Enfin rappelons que les clichés comparatifs ont peu de valeur dans la<br />

démarche du diagnostic. Ils s’avèrent en pratique souvent pourvoyeur de faux négatifs.<br />

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3.2.3. Traitement à la période initiale<br />

3.2.3.1. Les lésions élémentaires<br />

• Les décollements épiphysaires (type Salter 1 <strong>et</strong> 2) relèvent d’une réduction du foyer de<br />

fracture aussi précise que possible. En cas de réduction imparfaite, certains défauts<br />

seront tolérables dans la mesure où le cartilage de croissance garde tout son potentiel.<br />

Il convient alors d’évaluer les possibilités de correction spontanée en fonction de<br />

l’âge, de la déviation angulaire, de son plan d’élection<br />

• Les sections du cartilage de croissance (type Salter 3 <strong>et</strong> 4). L’objectif est une réduction<br />

anatomique aussi précise que possible visant à empêcher la formation d’un pont<br />

d’épiphysiodèse . Pour c<strong>et</strong>te raison, ces fractures justifient le plus souvent un abord<br />

chirurgical <strong>et</strong> une fixation par une ostéosynthèse légère. Il convient d’éviter une lésion<br />

supplémentaire de la physe ou de la virole périchondrale lors de c<strong>et</strong> abord chirurgical<br />

afin de ne pas rajouter une composante iatrogène au traumatisme.<br />

3.2.3.2. Les lésions complexes<br />

Elles sont de traitement initial difficile. Ici encore il faut restituer une anatomie aussi parfaite<br />

que possible en corrigeant les lésions simples associées. Lorsqu’une perte de substance du<br />

cartilage de croissance est observée en per opératoire, il est tentant de la combler au moyen<br />

d’un matériel d’interposition inerte tel qu’on le fait dans les désépiphysiodèses. En revanche<br />

lorsque l’épiphysiodèse est quasi certaine, <strong>et</strong> que l’enfant est proche de la fin de la croissance<br />

il peut être justifié, au niveau des membres inférieurs, de compléter l’épiphysiodèse <strong>et</strong> de<br />

réaliser une épiphysiodèse controlatérale afin de ne pas voir se développer un défaut angulaire<br />

ou une inégalité de longueur des membres inférieurs. C<strong>et</strong>te attitude est logique notamment<br />

dans les fractures du fémur distal du grand enfant. Dans tous les autres cas, seule une<br />

surveillance régulière va perm<strong>et</strong>tre de faire un bilan exact des lésions.<br />

3.2.4. Les épiphysiodèses<br />

Il s’agit d’un pont osseux reliant l’épiphyse <strong>et</strong> la métaphyse sur une étendue plus ou moins<br />

variable. Si l’épiphysiodèse intéresse tout le cartilage de conjugaison ou que la partie centrale<br />

elle entraînera un raccourcissement, si elle est paracentrale ou périphérique elle entraînera un<br />

raccourcissement <strong>et</strong> une désaxation.<br />

L’imagerie est fondamentale. Elle a plusieurs rôles, d’une part affirmer le diagnostic<br />

d’épiphysiodèse, d’autre part évaluer son r<strong>et</strong>entissement.<br />

• Les clichés radiographiques objectivent à un stade précoce la perte de parallélisme des<br />

stries d’arrêt de croissance qui convergent vers le pont d’épiphysiodèse, ils décèlent<br />

également les anomalies d’axe, de longueur, <strong>et</strong> la désorientation de la plaque<br />

conjugale.<br />

• L’IRM perm<strong>et</strong> un diagnostic précoce montrant la communication vasculaire épiphysométaphysaire.<br />

Elle précise la nature de type fibreux ou osseux du pont constitué. Enfin<br />

elle autorise une détermination précise de l’étendue du pont .A ce titre, l’IRM<br />

remplace avantageusement la tomodensitométrie. La scintigraphie osseuse reste un<br />

complément utile en complément de l’IRM. Elle donne une idée de l’activité<br />

métabolique du cartilage de croissance restant lorsque un protocole de<br />

désépiphysiodèse est envisagé.<br />

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En eff<strong>et</strong>, si la physe est hypofixante dans son ensemble, il y a peu de chance pour<br />

qu’une désépiphysiodèse perm<strong>et</strong>te une reprise de la croissance.<br />

• En acquisition tomographique, la scintigraphie peut localiser le pont osseux <strong>et</strong> en<br />

déterminer la surface relative.<br />

3.2.5. Traitement des épiphysiodèses<br />

Deux alternatives sont possibles, traiter la conséquence de l’épiphysiodèse au moyen d’une<br />

chirurgie parfois lourde <strong>et</strong> itérative ou traiter directement la cause au moyen d’une<br />

désépiphysiodèse.<br />

3.2.5.1. Traitement palliatif<br />

Il repose sur 3 principes, corriger le défaut d’axe, maintenir la correction, corriger l’inégalité<br />

de longueur. Ces gestes peuvent être plus ou moins combinés en fonction de la localisation <strong>et</strong><br />

du résultat souhaité.<br />

3.2.5.1.1. Correction du défaut d’axe<br />

Elle se fait au moyen d’une ostéotomie. Celle ci peut être réalisée en extemporanée. Elle peut<br />

également être réalisée de façon progressive par un fixateur externe. Il est alors possible d’y<br />

associer un allongement du segment osseux.<br />

3.2.5.1.2. Maintien de la correction<br />

Lorsque l’atteinte du cartilage de croissance est partielle, l’épiphysiodèse doit être complétée<br />

dans le même temps opératoire afin d’empêcher une récidive de la déformation. Ceci peut se<br />

faire par une extension de l’ostéosynthèse jusque dans la physe ou par une technique<br />

d’épiphysiodèse classique de type agrafage ou par épiphysiodèse per cutanée.<br />

3.2.5.1.3. La correction de l’inégalité de longueur<br />

Elle s’impose dès lors que l’inégalité de longueur prévisible est supérieure à 2 cm. Elle se fait<br />

de 2 manières ;<br />

• Soit en bloquant la croissance d’une physe du membre sain controlatéral. Il existe des<br />

tables donnant en fonction de l’age la quantité de croissance résiduelle pour les filles<br />

<strong>et</strong> les garçons du cartilage de croissance fémoral distal <strong>et</strong> tibial proximal ce qui perm<strong>et</strong><br />

de choisir en fonction du sexe quel cartilage <strong>et</strong> à quel age devra être interrompu. C<strong>et</strong>te<br />

option est plutôt choisie pour des inégalités prévisionnelles de 2 à 3 cm.<br />

• Soit lorsque l’inégalité de longueur prévisionnelle est plus importante par des<br />

allongements osseux progressifs au moyen d’un fixateur externe. Les techniques de<br />

raccourcissement du segment osseux controlatéral sont peu utilisées.<br />

• Ces 2 techniques peuvent être combinées.<br />

3.2.5.2. Traitement curatif - Les désépiphysiodèses<br />

Le principe consiste à r<strong>et</strong>irer le pont osseux, principal obstacle à la reprise de la croissance.<br />

Deux conditions sont indispensables à sa réalisation. D’une part l’existence d’une quantité<br />

suffisante de cartilage de croissance encore fonctionnel au niveau de la physe, d’autre part un<br />

bon accès du pont afin de perm<strong>et</strong>tre sa résection.<br />

Quelle que soit la technique envisagée, une localisation aussi précise que possible du pont<br />

d’épiphysiodèse est nécessaire au moyen notamment de l’IRM.<br />

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Lorsque l’épiphysiodèse est latérale, l’abord direct du pont est possible sous contrôle de la<br />

vue <strong>et</strong> il est alors relativement facile de pratiquer une résection complète.<br />

Lorsque l’épiphysiodèse est centrale ou paracentrale, ce qui est le cas le plus fréquent, la<br />

réalisation est plus difficile afin de localiser parfaitement le pont <strong>et</strong> ne pas léser le cartilage de<br />

croissance restant. Deux voies d’abord sont possibles, la voie transmétaphysaire <strong>et</strong> la voie<br />

directe transphysaire en distraction. Après avoir réséqué le pont osseux entre épiphyse <strong>et</strong><br />

métaphyse un matériel inerte comme par exemple du ciment chirurgical sera interposé pour<br />

éviter la récidive du pont osseux.<br />

Les indications entre un traitement palliatif <strong>et</strong> une désépiphysiodèse sont variables, dépendant<br />

de la localisation, de l’âge de l’enfant. Certaines indications sont cependant maintenant bien<br />

établies.<br />

Les désépiphysiodèses s’adressent essentiellement aux membres inférieurs à savoir le fémur<br />

distal, le tibia proximal, le tibia distal. Certaines désépiphysiodèses ont été réalisées au niveau<br />

du radius distal avec des réussites mitigées.<br />

L’indication de désépiphysiodèse ne peut se concevoir que lorsque l’enfant présente un<br />

cartilage de croissance restant encore actif sur le plan scintigraphique avec un pont de taille<br />

inférieur à 50 % de la surface globale du cartilage de croissance <strong>et</strong> un pronostic d’inégalité de<br />

longueur ou de défaut d’axe péjoratif. Ceci revient à considérer que c<strong>et</strong>te technique est<br />

réservée à des enfants de moins de 11 ans d’âge osseux.<br />

La période idéale pour réaliser une telle intervention semble être le 18 ième mois suivant la<br />

fracture initiale. En eff<strong>et</strong>, il est important de s’assurer que le pont d’épiphysiodèse constitué a<br />

un r<strong>et</strong>entissement clinique certain <strong>et</strong> qu’il n’est pas susceptible, en cas de pont fibreux, d’être<br />

rompu par la croissance résiduelle <strong>et</strong> n’avoir que des conséquences modestes.<br />

3.3. Enfants battus<br />

Silverman, radiologue, a décrit les critères radiologiques qui en présence de fractures <strong>chez</strong><br />

l’enfant, doit faire penser à une possible maltraitance. Il s’agit en général de p<strong>et</strong>its enfants<br />

amenés par un des parents à distance du traumatisme. L’histoire rapportée par les parents ne<br />

semble pas correspondre aux signes cliniques rencontrés.<br />

Il peut exister des signes cutanés évoquant des brûlures, des contusions, des hématomes<br />

d’âge différents. Des radiographies de l’ensemble du squel<strong>et</strong>te r<strong>et</strong>rouvent des calcifications ou<br />

des ossifications periostées au niveau des métaphyses. Des fractures de côtes peuvent exister.<br />

Ces fractures sont en général d’âge différent. Il faut rechercher des lésions extrasquel<strong>et</strong>tiques<br />

oculaires, abdominales <strong>et</strong> surtout cérébrales. Un hématome sous-dural chronique peut être<br />

évoqué devant une anémie. Une scintigraphie osseuse peut remplacer des radiographies du<br />

squel<strong>et</strong>te compl<strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tant de ne demander des radiographies que sur les zones<br />

d’hyperfixation. Au moindre doute un scanner cérébral perm<strong>et</strong>tra de rechercher un éventuel<br />

hématome sous dural. La suspicion d’une maltraitance doit entraîner un signalement au<br />

procureur ou au juge pour enfant perm<strong>et</strong>tant d’obtenir un ordre de garde nécessaire à<br />

l’établissement d’un bilan médical <strong>et</strong> social.<br />

3.4. <strong>Fractures</strong> pathologiques<br />

3.4.1. Fragilité osseuse constitutionnelle<br />

L’ostéogenèse imparfaite communément appelée maladie de Lobstein est la plus fréquente<br />

des fragilités osseuses constitutionnelles. Elle peut s’accompagner, mais pas toujours, à une<br />

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teinte bleutée des sclérotiques. Il faut rechercher l’existence d’une éventuelle surdité. Elle<br />

représente un diagnostic différentiel du syndrome des enfants battus. Les os sont en général<br />

très ostéoporotiques, avec des corticales fines. Il s’agit en général de fractures plutôt<br />

diaphysaires. Les corps vertébraux présentent un aspect aplati <strong>et</strong> biconcave.<br />

Il peut s’agir parfois de formes très frustres ou le diagnostic d’ostéogenèse imparfaite sera<br />

difficile à établir. Les formes sévères avec fractures itératives ont vu leur pronostic se<br />

modifier depuis l’emploi des diphosphonates qui en renforçant la solidité de l’os limite le<br />

nombre des fractures. es fractures, dans c<strong>et</strong>te affection, consolident dans des délais normaux.<br />

Un traitement chirurgical qui utilise des clous téléscopiques, qui s’allongent avec la<br />

croissance de l’enfant, peut être proposé dans les formes sévères.<br />

3.4.2. <strong>Fractures</strong> sur tumeurs<br />

Une fracture peut être révélatrice d’une tumeur. Dans ces cas il s’agit en général d’une tumeur<br />

bénigne. Les tumeurs bénignes qui se révèlent par une fracture pathologique sont<br />

essentiellement les kystes essentiels <strong>et</strong> les fibromes non ossifiant dans leurs localisations<br />

tibiales distales. De nombreuses autres tumeurs peuvent être révélées par une fracture<br />

(dysplasie fibreuse, kyste anévrysmal, tumeurs malignes ….) mais il s’agit d’un mode de<br />

découverte beaucoup plus rare. Une fracture peut par contre émailler le cours d’une tumeur<br />

connue <strong>et</strong> traitée. Ainsi une tumeur maligne où l’os est fragilisé par la biopsie, la<br />

chimiothérapie <strong>et</strong> l’immobilisation peut se compliquer d’une fracture.<br />

On peut rapprocher de ce cas de figure les fractures survenant sur os ayant subi une<br />

irradiation.<br />

3.4.3. <strong>Fractures</strong> <strong>et</strong> infection osseuse<br />

Les fractures survenant sur un os ostéomyélitique sont devenues très rares non pas que c<strong>et</strong>te<br />

affection ait disparu mais par ce que le diagnostic est fait plus précocement <strong>et</strong> le traitement<br />

antibiotique entrepris plus rapidement.<br />

DCEM3 – Module pluri-disciplinaire n° 13<br />

Rhumatologie, Chirurgie Orthopédique, Chirurgie infantile<br />

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