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Orientation diagnostique devant : Troubles de la miction (341)

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Faculté <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> Marseille<br />

<strong>Orientation</strong> <strong>diagnostique</strong> <strong><strong>de</strong>vant</strong> : <strong>Troubles</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>miction</strong> (<strong>341</strong>)<br />

G. Serment, J.M. Guys<br />

Septembre 2005<br />

1. Introduction<br />

Les troubles <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>miction</strong> sont polymorphes, et variables en fonction <strong>de</strong> l’âge. Leur<br />

mécanisme n’est pas univoque, les troubles sont soit primitifs par altération <strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction du<br />

muscle vésical appelé détrusor d’origine myogène, ou neurogène soit secondaires à une lésion<br />

sous vésicale.<br />

2. La maturation <strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction vésico-sphinctérienne<br />

La continence et les <strong>miction</strong>s sont le résultat d’une parfaite coordination entre le détrusor et<br />

l’appareil sphinctérien. L’évolution en sens inverse <strong>de</strong> <strong>la</strong> pression dans <strong>la</strong> vessie et dans<br />

l’urètre permet d’être continent sans être dysurique. Cet automatisme existe dès le sta<strong>de</strong> fœtal.<br />

Celui-ci va évoluer et passer par le sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> vessie du nouveau-né puis du petit enfant, avant<br />

d’aboutir au type adulte.<br />

2.1. La vessie fœtale<br />

Elle commence à fonctionner vers le 6 ème mois <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie intra-utérine. L’activité contractile est<br />

<strong>de</strong> type rythmique, entretenue très certainement par un réflexe court, adrénergique, inclus<br />

dans <strong>la</strong> paroi même <strong>de</strong> <strong>la</strong> vessie ou dans les ganglions juxta-vésicaux. La coordination vésicosphinctérienne<br />

réflexe est organisée dans ces plexus ganglionnaires périphériques qui se<br />

comportent comme <strong>de</strong> véritables centres médul<strong>la</strong>ires.<br />

2.2. A <strong>la</strong> naissance<br />

La vessie du nouveau-né développe <strong>de</strong>s contractions phasiques entraînant chaque fois une<br />

<strong>miction</strong> réflexe et ceci avec une bonne coordination sphinctérienne.<br />

Les stimuli susceptibles <strong>de</strong> déclencher ce réflexe <strong>miction</strong>nel ne se limitent pas alors, comme<br />

chez l’adulte, à <strong>la</strong> proprioception. L’attouchement périnéal, le changement <strong>de</strong>s couches sont<br />

souvent suivis d’un jet d’urine. L’hyper-réflectivité est une caractéristique <strong>de</strong> cette vessie du<br />

nouveau-né.<br />

2.3. La vessie du petit enfant<br />

Elle est l’aboutissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> myélinisation <strong>de</strong>s voies <strong>de</strong> conduction motrice et sensitive qui<br />

se complètent entre le 9 ème et le 24 ème mois.<br />

Ce processus permet l’entrée en fonction <strong>de</strong>s centres supra-médul<strong>la</strong>ires et l’on peut considérer<br />

qu’à 4 ans le réflexe <strong>miction</strong>nel est intégré dans le tronc cérébral.<br />

L’acquisition du contrôle volontaire <strong>de</strong>vient le fait <strong>de</strong> l’éducation à <strong>la</strong> propreté.<br />

Ce contrôle sphinctérien nécessite le concours <strong>de</strong> plusieurs facteurs : évolution somatique <strong>de</strong>s<br />

fonctions, investissement psycho-affectif marquant une étape du développement libinal <strong>de</strong><br />

l’enfant et interaction avec l’environnement (re<strong>la</strong>tion privilégiée à <strong>la</strong> mère et usages familiaux<br />

et sociaux).<br />

Le contrôle sphinctérien anal se met en p<strong>la</strong>ce vers 2 ans et est habituellement établi avant 3<br />

ans. Il existe bien sûr <strong>de</strong> notables variations inter-individuelles. Si le contrôle <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>miction</strong><br />

DCEM 3 – Module Pluridisciplinaire n° 13<br />

Néphrologie - Urologie<br />

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Faculté <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> Marseille<br />

commence à s’installer en même temps que celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> défécation, sa mise en p<strong>la</strong>ce est plus<br />

complexe, plus progressive et dure plus longtemps.<br />

La perception d’un besoin d’uriner est indispensable à l’acquisition <strong>de</strong> <strong>la</strong> continence.<br />

« L’éducation » fait prendre conscience à l’enfant que l’impression qu’il perçoit a quelque<br />

chose à voir avec <strong>la</strong> satisfaction qu’il donne à ses parents. Ceci induit un réflexe conditionné.<br />

L’acquisition du contrôle du sphincter strié précè<strong>de</strong> celle du détrusor et sa contraction<br />

énergique peut rester pendant plusieurs années <strong>la</strong> seule façon <strong>de</strong> s’opposer aux fuites.<br />

Certaines pathologies pourront trouver ici leur origine. L’acquisition du contrôle <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

musculeuse lisse qui met en jeu <strong>de</strong>s connexions directes entre les centres frontaux et les<br />

centres bulbaires est plus complexe. Le néo-cortex intervient dans <strong>la</strong> faculté d’autoriser ou <strong>de</strong><br />

refuser globalement le déclenchement <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>miction</strong>. La possibilité d’uriner sur comman<strong>de</strong>,<br />

naturellement et sans le secours <strong>de</strong> <strong>la</strong> poussée abdominale est le signe que l’enfant a acquis<br />

une parfaite maîtrise <strong>de</strong> sa vessie.<br />

Les points <strong>de</strong> repère utilisables sont en règle les suivants : <strong>de</strong> 15 à 24 mois, les <strong>miction</strong>s<br />

diurnes se régu<strong>la</strong>risent, à 18 mois l’enfant peut indiquer lorsque <strong>la</strong> culotte est mouillée, <strong>la</strong><br />

propreté diurne est acquise à 24 mois. A 36 mois, avec l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> ses parents, une propreté<br />

conditionnelle est acquise <strong>la</strong> nuit. A 42 mois, <strong>la</strong> propreté acquise <strong>de</strong> manière autonome l’est<br />

<strong>de</strong> manière diurne et nocturne.<br />

2.4. Chez l’adulte<br />

L’automatisme vésico-sphinctérien dépend étroitement <strong>de</strong>s propriétés fondamentales et <strong>de</strong><br />

l’innervation <strong>de</strong> <strong>la</strong> muscu<strong>la</strong>ture vésico-sphinctérienne. Pendant <strong>la</strong> phase <strong>de</strong> remplissage, <strong>la</strong><br />

pression vésicale reste basse et <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> contenir un grand volume sous basse pression<br />

est <strong>la</strong> première qualité <strong>de</strong> <strong>la</strong> vessie. La pression urétrale elle reste élevée. Elle est activement<br />

maintenue par l’activité tonique <strong>de</strong>s sphincters lisses et striés <strong>de</strong> l’urètre. Le maintien <strong>de</strong> ce<br />

tonus sphinctérien est le fait <strong>de</strong> réflexes segmentaires sous contrôle inhibiteur supramédul<strong>la</strong>ire.<br />

L’augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> pression vésicale est due à <strong>la</strong> contraction du détrusor. La<br />

stimu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s récepteurs <strong>de</strong> tension <strong>de</strong> celui-ci entraîne une décharge para-sympathique qui<br />

a <strong>de</strong>ux conséquences : une contraction en masse <strong>de</strong>s cellules muscu<strong>la</strong>ires lisses du détrusor et<br />

une re<strong>la</strong>xation sphinctérienne.<br />

Cette coordination est le fait d’une inhibition réciproque <strong>de</strong>s systèmes parasympathique d’une<br />

part, sympathique et somatique d’autre part.<br />

Cette coordination est organisée dans <strong>de</strong>ux boucles : un circuit court incluant les centres<br />

médul<strong>la</strong>ires et les plexus ganglionnaires périphériques comme dans le cadre <strong>de</strong>s vessies<br />

fœtales et du petit enfant mais aussi un circuit long incluant les centres du tronc cérébral pour<br />

<strong>la</strong> coordination entre les systèmes parasympathiques et somatiques traduisant <strong>la</strong> maturation et<br />

l’évolution <strong>de</strong> cet automatisme vésico-sphinctérien.<br />

3. Les grands syndromes pathologiques<br />

3.1. La dysurie<br />

Elle se définit comme une difficulté à vi<strong>de</strong>r <strong>la</strong> vessie lors d’une <strong>miction</strong> volontaire.<br />

3.1.1. L’interrogatoire<br />

Il révèle une faiblesse du jet <strong>miction</strong>nel, <strong>de</strong>s efforts <strong>de</strong> poussée abdominale, parfois <strong>de</strong>s<br />

gouttes retardataires.<br />

On peut évaluer <strong>la</strong> mesure du handicap urinaire (MHU) lié à <strong>la</strong> dysurie (tableau 1)<br />

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Tableau 1 (extrait du MHU) score <strong>de</strong> dysurie<br />

SCORE 0 1 2 3 4 SCORE<br />

DYSURIE<br />

RETENTION<br />

0 - dysurie<br />

d’attente,<br />

terminale<br />

- poussées<br />

abdominales<br />

- jet haché<br />

- poussées manuelles<br />

- <strong>miction</strong> prolongée,<br />

sensation résidu<br />

- cathétérisme SCORE<br />

DYSURIE<br />

=<br />

3.1.2. L’examen clinique<br />

Il recherche un obstacle sur le bas appareil urinaire. Exploration du méat urétral, inspection à<br />

<strong>la</strong> recherche d’un rétrécissement ou d’une anomalie <strong>de</strong> position (hypospa<strong>de</strong>, épispa<strong>de</strong>).<br />

Palpation <strong>de</strong> l’urètre, mise en p<strong>la</strong>ce d’un explorateur à boule à <strong>la</strong> recherche d’un<br />

rétrécissement urétral. Chez l’homme adulte il faut pratiquer un toucher rectal pour<br />

<strong>diagnostique</strong>r une pathologie prostatique (adénome, cancer, prostatite).<br />

3.1.3. Les examens paracliniques :<br />

• <strong>la</strong> débimétrie est l’examen le plus simple pour évaluer <strong>la</strong> dysurie. Le principe est<br />

d’enregistrer certains paramètres lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>miction</strong> dans un débimètre : débit maximum<br />

(Qmax normal > 15 ml/s), temps <strong>de</strong> <strong>miction</strong> (environ 20 s pour un volume <strong>de</strong> 300 ml),<br />

aspect <strong>de</strong> <strong>la</strong> courbe « en cloche ». Cet examen n’est interprétable que si <strong>la</strong> <strong>miction</strong> est dans<br />

<strong>de</strong>s conditions habituelles (remplissage vésical physiologique, déclenchement<br />

automatique <strong>de</strong> l’appareil, patient détendu, isolé et informé). Il faut un volume uriné<br />

supérieur à 150 ml pour que cet examen soit interprétable (schémas 1 et 2).<br />

• Les rapports pressions /débit permettent <strong>de</strong> prouver <strong>la</strong> dysurie en éliminant les vessies<br />

hypo voire acontractiles. Ces examens sont plus invasifs et se justifient dans les cas<br />

complexes (vessies neurologiques) (schéma 3)<br />

• Les examens radiologiques sont indispensables pour préciser <strong>la</strong> nature <strong>de</strong>s obstacles du<br />

bas appareil urinaire. L’urographie intraveineuse (UIV) avec clichés <strong>miction</strong>nels permet<br />

un bi<strong>la</strong>n complet du haut et du bas appareil urinaire. L’urétrocystrographie rétrogra<strong>de</strong> et<br />

<strong>miction</strong>nelle (UCRM) est utile pour préciser, <strong>la</strong> taille, <strong>la</strong> situation d’un obstacle urétral.<br />

Cet examen permet <strong>de</strong> dépister un reflux vésico-urétéral et <strong>de</strong> mesurer un éventuel résidu<br />

post-<strong>miction</strong>nel.<br />

• L’échographie prostatique permet une appréciation du volume et <strong>de</strong> <strong>la</strong> morphologie <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

g<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, mais ne permet pas <strong>de</strong> préciser le <strong>de</strong>gré d’une éventuelle obstruction.<br />

3.1.4. Les traitements<br />

• médicaux : les alpha bloquants sont actuellement très utilisés pour les dysuries liées à un<br />

obstacle cervico-prostatique. Les récepteurs alpha sont nombreux au niveau du col vésical<br />

et dans <strong>la</strong> g<strong>la</strong>n<strong>de</strong> prostatique. Leur stimu<strong>la</strong>tion par le système sympathique engendre une<br />

augmentation <strong>de</strong>s pressions dans l’urètre proximal. Ces médicaments sont bien tolérés, ils<br />

n’ont pas l’AMM pour les dysuries <strong>de</strong> <strong>la</strong> femme. Les extraits <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ntes (Ta<strong>de</strong>nan®,<br />

Permixon®) ont un effet <strong>de</strong> décongestion du pelvis et du périnée, leur utilisation est<br />

encore fréquente bien que leur efficacité réelle reste à démontrer. Les inhibiteurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> 5<br />

alpha réductase (Permixon®, Chibroproscar®) ont un effet <strong>de</strong> réduction du volume<br />

prostatique prouvé pour le Chibroproscar®, ils ont du fait <strong>de</strong> leur action sur <strong>la</strong><br />

transformation <strong>de</strong> <strong>la</strong> testostérone en DHT hormone active une inci<strong>de</strong>nce possible sur <strong>la</strong><br />

diminution <strong>de</strong> <strong>la</strong> libido et sont <strong>de</strong> ce fait réservés aux personnes âgés.<br />

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• La di<strong>la</strong>tation urétrale reste une métho<strong>de</strong> simple <strong>de</strong> traitement <strong>de</strong>s sténoses <strong>de</strong> l’urètre. les<br />

récidives sont fréquentes ce qui impose <strong>de</strong>s traitements itératifs le plus souvent en<br />

ambu<strong>la</strong>toire.<br />

• L’urétrotomie consiste à couper avec une <strong>la</strong>me froi<strong>de</strong> <strong>la</strong> sclérose autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> sténose<br />

urétrale. Cette technique est facile sous contrôle endoscopique, les taux <strong>de</strong> récidives sont<br />

importants. Devant une récidive <strong>de</strong> <strong>la</strong> sténose <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> « stents » métalliques<br />

auto-expansibles était considérée comme une révolution thérapeutique. En fait les<br />

complications liées à <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> ces « stents » sont fréquentes (épithélialisation<br />

dans <strong>la</strong> lumière <strong>de</strong> <strong>la</strong> « stent », incarcération <strong>de</strong> celle-ci dans <strong>la</strong> paroi urétrale) et<br />

actuellement <strong>la</strong> chirurgie <strong>de</strong>s sténoses urétrales est <strong>de</strong> nouveau d’actualité.<br />

• La chirurgie <strong>de</strong>s rétrécissements urétraux est efficace et bien codifiée. Les anastomoses<br />

termino-terminales après résection <strong>de</strong> <strong>la</strong> sténose sont possibles en cas <strong>de</strong> rétrécissement<br />

courts sur <strong>la</strong> partie mobile <strong>de</strong> l’urètre (pénien et bulbaire) avec un risque <strong>de</strong> dysérection<br />

postopératoire très invalidant pour les sujets jeunes. En cas <strong>de</strong> rétrécissements longs et sur<br />

<strong>la</strong> partie fixe <strong>de</strong> l’urètre, les p<strong>la</strong>sties avec <strong>la</strong> vaginale, <strong>la</strong> peau du scrotum permettent un<br />

rétablissement <strong>de</strong> <strong>la</strong> continuité urétrale en un temps opératoire. Les sténoses complexes et<br />

récidivées seront traitées par <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>sties cutanées en <strong>de</strong>ux temps (technique <strong>de</strong> Bengt<br />

Johansson).<br />

• La chirurgie <strong>de</strong> <strong>la</strong> prostate s’impose en cas d’adénome obstructif, elle peut se faire par<br />

voie endoscopique (résection transurétrale) pour les petits adénomes (poids inférieur à 50<br />

g) ou par voie sang<strong>la</strong>nte trans-vésicale, transcapsu<strong>la</strong>ire (Millin) pour les gros adénomes ou<br />

en cas <strong>de</strong> diverticule vésical associé.<br />

• Le traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong> rétention chronique liée à l’hypoactivité vésicale est difficile. Peu <strong>de</strong><br />

médicaments sont disponibles pour améliorer <strong>la</strong> contraction du muscle <strong>de</strong>trusor. Le test à<br />

l’eau g<strong>la</strong>cée n’est efficace que dans certains cas <strong>de</strong> vessies neurologiques. Les<br />

cystop<strong>la</strong>sties <strong>de</strong> réduction ne sont pas toujours efficaces. La neuromodu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s racines<br />

sacrées est en cours d’évaluation dans cette pathologie. Le plus souvent les patients gèrent<br />

ce problème par <strong>de</strong>s autosondages. Les indications <strong>de</strong> neurostimu<strong>la</strong>tion type Brindley sont<br />

réservées aux lésions médul<strong>la</strong>ires complètes, stabilisées pour <strong>de</strong>s patients motivés et<br />

coopérants.<br />

3.2. La rétention aiguë<br />

C’est l’impossibilité <strong>de</strong> vi<strong>de</strong>r <strong>la</strong> vessie alors que le besoin est urgent. Cette pathologie est plus<br />

fréquente chez l’homme en amont d’un adénome prostatique obstructif. Chez <strong>la</strong> femme elle<br />

est rare et souvent d’origine neurologique voire psychiatrique (rétention hystérique).<br />

3.2.1. L’examen clinique<br />

Il révèle un globe vésical lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> palpation et <strong>de</strong> <strong>la</strong> percussion <strong>de</strong> l’abdomen (matité<br />

concave vers le bas), cet examen est souvent difficile du fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> douleur.<br />

Les examens paracliniques sont inutiles pour le diagnostic qui est avant tout clinique.<br />

3.2.2. Le traitement<br />

Il se limite à un sondage évacuateur, ou à <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’un cathéter sus pubien<br />

(Cystocath®). Ultérieurement <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong> l’obstruction sera discutée en fonction <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> nature <strong>de</strong> l’obstacle, <strong>de</strong> son retentissement sur <strong>la</strong> voie excrétrice et <strong>de</strong> l’âge du patient.<br />

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3.3. La pol<strong>la</strong>kiurie<br />

On parle <strong>de</strong> pol<strong>la</strong>kiurie lorsqu’il y a plus <strong>de</strong> 5 <strong>miction</strong>s par jour et 2 <strong>miction</strong>s par nuit.<br />

3.3.1. Il faut préciser le nombre <strong>de</strong> <strong>miction</strong>s diurnes et<br />

nocturnes selon le MHU (tableau 2)<br />

Tableau 2<br />

SCORE 0 1 2 3 4 SCORES<br />

FREQUENCE<br />

MICTIONNELLE<br />

DIURNE<br />

intervalle<br />

<strong>miction</strong>nel<br />

> 2 h.<br />

intervalle<br />

<strong>miction</strong>nel <strong>de</strong><br />

1h30 à 2h<br />

intervalle<br />

<strong>miction</strong>nel <strong>de</strong><br />

1 h.<br />

intervalle<br />

<strong>miction</strong>nel <strong>de</strong><br />

1/2 heure<br />

intervalle<br />

<strong>miction</strong>nel<br />

< 1/2 heure<br />

SCORE<br />

POLLAKIURIE<br />

=<br />

FREQUENCE<br />

MICTIONNELLE<br />

NOCTURNE<br />

0 ou 1<br />

<strong>miction</strong><br />

/nuit<br />

2 <strong>miction</strong>s/nuit 3-4 <strong>miction</strong>s/nuit 5-6 <strong>miction</strong>s/nuit plus <strong>de</strong> 6<br />

<strong>miction</strong>s/nuit<br />

3.3.2. L’examen clinique<br />

Il recherche un obstacle urétral (explorateur à boule), une compression extrinsèque par une<br />

pathologie gynécologique (spéculum, toucher vaginal) ou un problème ano-rectal (toucher<br />

rectal) et ce termine par un bi<strong>la</strong>n neurologique du périnée et général.<br />

3.3.3. Les examens paracliniques<br />

Ils ont pour but <strong>de</strong> rechercher une cause favorisante (infection urinaire, reflux vésico-urétéral,<br />

sténose <strong>de</strong> l’urètre) ou <strong>de</strong> quantifier le trouble du comportement vésical par l’enregistrement<br />

<strong>de</strong> l’activité vésicale lors <strong>de</strong> son remplissage (cystomanométrie).<br />

3.3.4. Les traitements<br />

3.3.4.1. Les médicaments :<br />

les anticholinergiques sont actuellement le traitement <strong>de</strong> référence <strong>de</strong>s impériosités et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

pol<strong>la</strong>kiurie après avoir éliminer une cause organique urologique ou <strong>de</strong> voisinage (pol<strong>la</strong>kiurie<br />

essentielle). Ces médicaments sont contre indiqués en cas <strong>de</strong> g<strong>la</strong>ucome à angle fermé, ils ont<br />

<strong>de</strong>s effets secondaires (sécheresse <strong>de</strong> <strong>la</strong> bouche, constipation, troubles ocu<strong>la</strong>ires), leur<br />

posologie doit être adaptée à chaque patient en fonction du poids <strong>de</strong> celui-ci et <strong>de</strong> <strong>la</strong> pério<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s troubles (diurnes, nocturnes). L’oxybutynine (Ditropan ®, Driptane®) est le médicament<br />

le plus utilisé. La toltérodine (Détrusitol®) et le chlorhydrate <strong>de</strong> trospium (Ceris®) sont<br />

efficaces, ont moins d’effets secondaires mais ne sont pas remboursés par <strong>la</strong> SECU. D’autres<br />

médicaments qui n’ont pas l’AMM peuvent être utilisées en cas d’échec ou <strong>de</strong> contre<br />

indication <strong>de</strong>s précé<strong>de</strong>nts (myore<strong>la</strong>xants, opiacés, anticholinergiques d’action centrale<br />

(Anafranil®, Tofranil®), antiprostag<strong>la</strong>ndines (AINS)<br />

3.3.4.2. Les traitements comportementaux<br />

Ils sont souvent utilisés en complément du traitement médical (calendrier <strong>miction</strong>nel,<br />

biofeedback) <strong>de</strong> même que <strong>la</strong> rééducation par stimu<strong>la</strong>tion électrique fonctionnelle (SEF) et<br />

parfois une prise en charge psychiatrique.<br />

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3.3.4.3. La chirurgie :<br />

Elle a <strong>de</strong>s indications limitée, <strong>la</strong> neuromodu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s racines sacrées est en cours<br />

d’évaluation dans cette pathologie pour les cas réfractaires.<br />

3.4. Impériosité et incontinence par impériosité<br />

Selon l’ANAES il existe plusieurs types d’incontinence : par impériosité, à l’effort, mixtes.<br />

3.4.1. La clinique permet <strong>de</strong> préciser l’importance <strong>de</strong>s<br />

symptômes par le MHU (tableau 3)<br />

Tableau 3 : extrait du MHU score impériosité<br />

SCORE 0 1 2 3 4 SCORES<br />

IMPERIOSITE<br />

MICTIONNELLE<br />

FUITE URINAIRE<br />

PAR<br />

IMPERIOSITE<br />

absente<br />

absente<br />

dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> sécurité<br />

entre 10 et 15 mn.<br />

ou caractère<br />

immédiatement<br />

pressant du besoin<br />

d'uriner sans fuite<br />

moins d'une fois<br />

par mois<br />

dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> sécurité<br />

entre 5 et 10 mn<br />

plusieurs<br />

fois/mois<br />

dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> sécurité<br />

entre 2 et 5 mn<br />

plusieurs<br />

fois/semaine<br />

dé<strong>la</strong>i <strong>de</strong> sécurité<br />

< 2mn<br />

plusieurs<br />

fois/jour<br />

SCORE<br />

IMPERIOSITE<br />

FUITE =<br />

AUTRE<br />

INCONTINENCE<br />

0<br />

- en gouttes post<br />

<strong>miction</strong>nelles<br />

- énurésie<br />

(>1/mois)<br />

- paroxysme<br />

émotionnel<br />

- énurésie<br />

(1/semaine)<br />

- énurésie<br />

(plusieurs<br />

/semaine)<br />

- fuites<br />

permanentes<br />

gouttes à gouttes<br />

- énurésie<br />

(=1/jour)<br />

SCORE autre<br />

FUITE<br />

=<br />

Une évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> vie peut être faite grâce à l’échelle Ditrovie qui est validée<br />

pour l’incontinence par impériosité (tableau 4).<br />

ECHELLE DITROVIE<br />

Tableau 4 : échelle Ditrovie<br />

Au cours <strong>de</strong>s 4 <strong>de</strong>rnières semaines, vos troubles urinaires :<br />

Pas du tout Un peu Moyennement Beaucoup Enormément<br />

(1) vous ont-ils gênés lorsque vous<br />

étiez à l'extérieur <strong>de</strong> chez vous ? 1 2 3 4 5<br />

(2) vous ont-ils gênés pour faire les 1 2 3 4 5<br />

courses ou les achats ?<br />

(3) vous ont-ils gênés pour porter<br />

quelque chose <strong>de</strong> lourd ? 1 2 3 4 5<br />

(4) ont nécessités que vous<br />

interrompiez fréquemment votre<br />

travail ou vos activités<br />

quotidiennes ?<br />

1 2 3 4 5<br />

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Au cours <strong>de</strong>s 4 <strong>de</strong>rnières semaines, à cause <strong>de</strong> vos troubles urinaires, avec quelle fréquence :<br />

(5) avez-vous éprouvé un<br />

sentiment <strong>de</strong> honte, <strong>de</strong><br />

dégradation ?<br />

Jamais Rarement <strong>de</strong> temps en<br />

temps<br />

souvent<br />

en permanence<br />

1 2 3 4 5<br />

(6) avez vous craint <strong>de</strong> sentir<br />

mauvais ? 1 2 3 4 5<br />

(7) avez-vous perdu patience ?<br />

1 2 3 4 5<br />

(8) avez-vous craint <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong><br />

chez vous ? 1 2 3 4 5<br />

(9) avez-vous été obligé <strong>de</strong> vous<br />

relever plusieurs fois pendant<br />

votre sommeil ?<br />

1 2 3 4 5<br />

(10) Compte tenu <strong>de</strong> vos troubles urinaires, comment évaluer vous actuellement votre qualité <strong>de</strong> vie ?<br />

(entourez <strong>la</strong> réponse <strong>de</strong> votre choix)<br />

1 2 3 4 5<br />

Excellente<br />

Mauvaise<br />

3.4.2. L’examen clinique<br />

recherche comme pour <strong>la</strong> pol<strong>la</strong>kiurie, une infection urinaire, un obstacle urétral, une<br />

pathologie <strong>de</strong> voisinage.<br />

3.4.3. Les examens paracliniques<br />

3.4.3.1. Les explorations radiologiques<br />

L'urographie intraveineuse était systématiquement <strong>de</strong>mandée en cas : d'infection urinaire,<br />

d'instabilité vésicale, <strong>de</strong> troubles <strong>miction</strong>nels, elle est <strong>de</strong> plus en plus remp<strong>la</strong>cée par<br />

l'échographie rénale.<br />

L'urétrocystographie rétrogra<strong>de</strong> ou l'urétrocystographie per<strong>miction</strong>nelle<br />

recherche : un reflux, un résidu post-<strong>miction</strong>nel, une sténose urétrale.<br />

L'échographie pelvienne est systématique lorsque <strong>la</strong> vessie est pleine pour préciser l'aspect<br />

morphologique <strong>de</strong> l'appareil génital, <strong>de</strong> <strong>la</strong> muqueuse vésicale et <strong>la</strong> mesure du résidu post<strong>miction</strong>nel.<br />

3.4.3.2. L'endoscopie<br />

Dans le cadre <strong>de</strong>s incontinences urinaires "atypiques", <strong>la</strong> cystoscopie peut déceler certaines<br />

anomalies (pathologie obstructive organique par sclérose ou sténose du col vésical, anomalie<br />

<strong>de</strong> position ou <strong>de</strong> situation <strong>de</strong>s méats urétéraux, altération <strong>de</strong> <strong>la</strong> muqueuse vésicale, lésions<br />

d'allure inf<strong>la</strong>mmatoire, découverte d'une tumeur vésicale...)<br />

3.4.3.3. Les explorations urodynamiques<br />

La cystomanométrie est réalisé pour affirmer le diagnostic <strong>de</strong> vessie instable. Sa réalisation en<br />

est bien codifiée :<br />

DCEM 3 – Module Pluridisciplinaire n° 13<br />

Néphrologie - Urologie<br />

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• Remplissage lent (100 ml/minute) à l'eau avec une son<strong>de</strong> munie d'un capteur <strong>de</strong> pression<br />

manométrique. L'enregistrement simultané <strong>de</strong>s pressions vésicales et urétrales permet<br />

d'étudier le comportement du sphincter en cas <strong>de</strong> contraction vésicale.<br />

• En cours d'examen, on précise le volume pour lequel on obtient <strong>la</strong> première sensation <strong>de</strong><br />

besoin d'uriner (B1 vers 150 cc), le besoin qui correspond à une envie d'uriner (B2 vers<br />

250 cc) et le besoin urgent (B3 vers 350 cc). Normalement, <strong>la</strong> vessie se remplie en<br />

hypopression car il existe une bonne régu<strong>la</strong>tion entre le tonus sympathique (relâchement<br />

du muscle détrusor) et le tonus parasympathique qui est antagoniste. La vessie est dite<br />

normotonique ou normo-active.<br />

Cet examen fait le diagnostic :<br />

• d'une vessie hypersensible avec diminution du volume <strong>de</strong>s différents besoins <strong>miction</strong>nels<br />

• une vessie hypertonique qui se traduit par un premier besoin précoce, une capacité<br />

vésicale diminuée et un effondrement <strong>de</strong> <strong>la</strong> compliance vésicale (rapport DV/DP)<br />

• une vessie instable se manifeste par l'apparition précoce <strong>de</strong> contractions du détrusor,<br />

involontaires, non inhibées, d'une amplitu<strong>de</strong> supérieure à 20 cm d'H2O, survenant<br />

isolément ou en salves avant 200 ml <strong>de</strong> remplissage.<br />

3.4.4. Les traitements<br />

3.4.4.1. La rééducation<br />

Elle peut diminuer les fuites par impériosité. Le principe est d’utiliser un réflexe inhibiteur<br />

périnéo-vésical (réflexe 3 <strong>de</strong> Mahony). En pratique <strong>la</strong> contraction du sphincter urétral et du<br />

périnée entraîne un relâchement du muscle vésical. Il faut apprendre à <strong>la</strong> patiente à contracter<br />

son périnée dès qu’elle perçoit une envie urgente d’uriner (principe du biofeedback vésical).<br />

Cette rééducation nécessite un matériel sophistiqué, un cathétérisme vésical, elle est donc<br />

pratiquée dans <strong>de</strong>s services spécialisés. En complément <strong>de</strong> cette rééducation une prise en<br />

charge comportementale est nécessaire.<br />

3.4.4.2. Les médicaments<br />

Ce sont les mêmes que ceux utilisées dans le traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong> pol<strong>la</strong>kiurie.<br />

3.4.4.3. La neuromodu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s racines sacrées S3<br />

Elle est actuellement validée pour traiter les troubles réfractaires.<br />

3.4.4.4. La chirurgie d’agrandissement vésical (« c<strong>la</strong>m<br />

cystop<strong>la</strong>sty », cysto-entérop<strong>la</strong>sties)<br />

Elle est réservée aux échecs <strong>de</strong> <strong>la</strong> neuromodu<strong>la</strong>tion.<br />

3.5. L’incontinence urinaire d’effort (IUE)<br />

Elle se définit par <strong>de</strong>s fuites concomitantes d’un effort d’hyperpression intra abdominale.<br />

3.5.1. L’interrogatoire<br />

Il précise les circonstances d’apparition <strong>de</strong>s fuites (tableau 5)<br />

DCEM 3 – Module Pluridisciplinaire n° 13<br />

Néphrologie - Urologie<br />

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Tableau 5 : score d’incontinence d’effort d’après le MHU<br />

SCORE 0 1 2 3 4 SCORES<br />

INCONTINENCE<br />

URINAIRE<br />

A L'EFFORT<br />

absente<br />

lors <strong>de</strong>s efforts<br />

violents (sport,<br />

course)<br />

lors <strong>de</strong>s efforts<br />

moyens (quinte<br />

<strong>de</strong> toux,<br />

éternuement,<br />

soulèvement,<br />

rire)<br />

lors <strong>de</strong>s faibles<br />

efforts (toux isolée,<br />

marche,<br />

accroupissement,<br />

mouvement<br />

brusque)<br />

au moindre<br />

changement <strong>de</strong><br />

position<br />

SCORE<br />

FUITE<br />

EFFORT<br />

=<br />

AUTRE<br />

INCONTINENCE<br />

0<br />

- en gouttes<br />

post<br />

<strong>miction</strong>nelles<br />

- énurésie<br />

(>1/mois)<br />

- paroxysme<br />

émotionnel<br />

- énurésie<br />

(1/semaine)<br />

- énurésie (plusieurs<br />

/semaine)<br />

- fuites<br />

permanentes<br />

gttes à gttes<br />

- énurésie<br />

(=1/jour)<br />

SCORE autre<br />

FUITE<br />

=<br />

Il existe <strong>de</strong> nombreuses autres c<strong>la</strong>ssifications pour quantifier l’incontinence urinaire d’effort<br />

(ANAES, Stamey).<br />

3.5.2. Le plus important :<br />

C’est <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce <strong>la</strong> fuite en examinant <strong>la</strong> patiente vessie pleine en position<br />

gynécologique, ou <strong>de</strong>bout s’il n’y a pas <strong>de</strong> fuite en décubitus dorsal. L’incontinence urinaire<br />

d’effort est presque toujours liée à un pro<strong>la</strong>psus urétral et ou vésical. La correction <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>de</strong>scente du col vésical en le maintenant en p<strong>la</strong>ce avec <strong>de</strong>ux doigts pendant l’effort <strong>de</strong> toux<br />

(manœuvre <strong>de</strong> Bonney) permet <strong>de</strong> supprimer <strong>la</strong> fuite affirmant son origine mécanique liée au<br />

pro<strong>la</strong>psus vésico-urétral.<br />

Avant toute décision thérapeutique il faut apprécier le retentissement <strong>de</strong> cette incontinence<br />

grâce au questionnaire d’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> vie Contilife (voir en annexe)<br />

3.5.3. Les examens paracliniques<br />

3.5.3.1. Le bi<strong>la</strong>n urodynamique<br />

Il précise le mécanisme <strong>de</strong>s fuites : incontinence d’effort ou insuffisance sphinctérienne. Il est<br />

indispensable avant toute intervention chirurgicale car il permet <strong>de</strong> dépister les éventuels<br />

échecs <strong>de</strong> cette chirurgie.<br />

La sphinctérométrie permet d'explorer les mécanismes <strong>de</strong> clôture cervico-urétraux par<br />

l'enregistrement <strong>de</strong>s pressions endo-urétrales.<br />

Les forces <strong>de</strong> clôture peuvent être étudiées au repos : c'est le profil urétral.<br />

La pression <strong>de</strong> clôture maximale (Pc max) dont les valeurs normales sont calculées par :<br />

N = 110 - Age (cmH20), augmente avec le remplissage vésical et avec les augmentations <strong>de</strong><br />

pression intra-abdominale. Cet enregistrement permet le diagnostic d'insuffisance<br />

sphinctérienne quand les pressions sont inférieures à 20% <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur normale.<br />

L'enregistrement <strong>de</strong>s pressions endocervicales et endo-urétrales lors <strong>de</strong> l'effort (profilométrie<br />

dynamique) va permettre d'étudier <strong>la</strong> transmission <strong>de</strong>s pressions au niveau <strong>de</strong> l'urètre<br />

proximal qui est le garant <strong>de</strong> <strong>la</strong> continence à l'effort selon <strong>la</strong> théorie d’Enhorning qui<br />

considère que l’urètre proximal et <strong>la</strong> vessie sont dans <strong>la</strong> même enceinte <strong>de</strong> pression. Selon ce<br />

concept, comme <strong>la</strong> pression est plus élevée dans l’urètre que dans <strong>la</strong> vessie, a l’effort les<br />

pressions abdominales se transmettent à ces <strong>de</strong>ux structures anatomiques expliquant que <strong>la</strong><br />

continence à l’effort est un phénomène passif. En cas <strong>de</strong> <strong>de</strong>scente <strong>de</strong> vessie (cystocèle) le col<br />

vésical et l’urètre proximal <strong>de</strong>scen<strong>de</strong>nt (urétrocèle) tandis que <strong>la</strong> partie supérieure <strong>de</strong> <strong>la</strong> vessie<br />

reste dans <strong>la</strong> cavité abdominale. A l’effort les pressions abdominales se transmettent à <strong>la</strong><br />

vessie mais pas en totalité à l’urètre proximal qui est <strong>de</strong>scendu (défaut <strong>de</strong> transmission <strong>de</strong>s<br />

DCEM 3 – Module Pluridisciplinaire n° 13<br />

9<br />

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pressions abdominales selon le concept d’Enhorning) et dès que <strong>la</strong> pression vésicale dépasse<br />

<strong>la</strong> pression urétrale il y a <strong>de</strong>s fuites d’effort (incontinence orthostatique) voir schéma n° 4.<br />

3.5.3.2. L’électromyographie du sphincter strié urétral<br />

L'EMG globale <strong>de</strong> surface permet l'enregistrement <strong>de</strong> l'activité du périnée par électro<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

surfaces collées sur <strong>la</strong> peau.<br />

L'EMG unitaire faite avec <strong>de</strong>s aiguilles coaxiales imp<strong>la</strong>ntées dans l'urètre permet d'apprécier<br />

l'activité électrique du sphincter strié, <strong>de</strong> définir et <strong>de</strong> quantifier l'importance d’une possible<br />

dénervation <strong>de</strong> celui-ci.<br />

3.5.3.3. L’échographie, l’UIV, <strong>la</strong> cystoscopie sont peu utiles<br />

pour le diagnostic qui est clinique.<br />

3.5.4. Les traitements<br />

• La rééducation est toujours entreprise en première intention.<br />

La rééducation périnéale a pour but d'améliorer <strong>la</strong> contraction du p<strong>la</strong>ncher pelvien lors <strong>de</strong>s<br />

efforts pour améliorer <strong>la</strong> transmission <strong>de</strong>s pressions abdominales à l'urètre proximal. Elle peut<br />

guérir <strong>de</strong>s incontinences mineures avec pro<strong>la</strong>psus modéré et consoli<strong>de</strong>r l'action <strong>de</strong><br />

l'intervention chirurgicale.<br />

Cette gymnastique fait appel à :<br />

<strong>de</strong>s exercices <strong>de</strong> contraction périnéale, un travail manuel contre résistance lors du testing <strong>de</strong>s<br />

releveurs.<br />

La rééducation a aussi pour but <strong>de</strong> réapprendre à <strong>la</strong> ma<strong>la</strong><strong>de</strong> l'utilisation <strong>de</strong>s muscles périnéopelviens<br />

dont l'utilisation est erronée (suite à un accouchement ou une chirurgie pelvienne).<br />

Le biofeedback périnéal sera utile pour rééduquer une inversion <strong>de</strong> comman<strong>de</strong> périnéale qui<br />

est fréquemment diagnostiquée dans les suites <strong>de</strong> couches.<br />

La rééducation du sphincter urétral peut être efficace dans certaines situations: traitement <strong>de</strong><br />

l'insuffisance sphinctérienne, amélioration <strong>de</strong>s fuites dues au défaut <strong>de</strong> transmission,<br />

Cette rééducation <strong>de</strong> l'insuffisance sphinctérienne utilise : <strong>de</strong>s contractions isolées du<br />

sphincter strié urétral, <strong>la</strong> stimu<strong>la</strong>tion électrique fonctionnelle par son<strong>de</strong>s endo-vaginales.<br />

On consoli<strong>de</strong> toujours cette thérapeutique par une rééducation <strong>de</strong>s muscles du périnée.<br />

• La chirurgie reste <strong>la</strong> solution <strong>la</strong> plus efficace pour guérir les fuites à l’effort qui sont<br />

souvent associées à un pro<strong>la</strong>psus génital voire rectal. Les techniques sont développées<br />

dans un chapitre spécifique (incontinence urinaire <strong>de</strong> l’adulte).<br />

4. Les spécificités liées à l’âge :<br />

4.1. Les différents troubles <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>miction</strong> chez l’enfant<br />

Certains <strong>de</strong> ces troubles sont <strong>la</strong> conséquence directe d’une anomalie dans <strong>la</strong> maturation<br />

vésico-sphinctérienne. L’immaturité vésicale et l’énurésie sont les principales anomalies<br />

fonctionnelles <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>miction</strong> chez l’enfant. Néanmoins, les troubles constatés chez l’adulte et<br />

décrits précé<strong>de</strong>mment peuvent tout à fait être observés chez les enfants et malgré certaines<br />

caractéristiques séméiologiques particulières, sont superposables à <strong>la</strong> fois dans leur stratégie<br />

<strong>diagnostique</strong> et thérapeutique sous réserve d’une étiologie i<strong>de</strong>ntique.<br />

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4.1.1. Les particu<strong>la</strong>rités séméiologiques<br />

Des <strong>miction</strong>s anormalement fréquentes font parler <strong>de</strong> pol<strong>la</strong>kiurie chez l’enfant au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> 6<br />

par jour. La nycturie correspond à l’interruption du sommeil par le besoin d’uriner, plus d’une<br />

fois par nuit.<br />

Les troubles <strong>de</strong> <strong>la</strong> sensation du besoin : fausse envie, impériosité ou urgence ont comme<br />

caractéristique <strong>de</strong> perturber l’enfant dans ses activités du fait <strong>de</strong> ce besoin impromptu,<br />

imprévisible, souvent d’emblée maximal et qui s’accompagne d’une fuite avant d’arriver aux<br />

toilettes.<br />

Les troubles du jet <strong>miction</strong>nel : certains sont constatés à l’initiation du jet. Le bref blocage<br />

expiratoire qui précè<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>miction</strong>, s’il est sans valeur pathologique, peut masquer un jet<br />

différé nécessitant une pression préa<strong>la</strong>ble <strong>de</strong> l’hypogastre ou une poussée abdominale et qui<br />

orienterait vers une anomalie d’ouverture <strong>de</strong> <strong>la</strong> filière cervico-urétrale. Le jet puissant,<br />

explosif, <strong>de</strong> bon calibre et d’un seul tenant correspond généralement à un hyper débit par<br />

hyper-contractibilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> vessie.<br />

La dysurie : le jet intermittent, <strong>de</strong> petit calibre, parfois goutte à goutte est plus facile à<br />

<strong>diagnostique</strong>r s’il apparaît secondairement que si elle est présente <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> naissance.<br />

La rétention aiguë d’urine peut être l’aboutissement d’une dysurie chronique, c’est alors une<br />

situation d’urgence.<br />

La persistance d’un besoin en fin <strong>de</strong> <strong>miction</strong> signe une vidange vésicale incomplète et<br />

souvent un résidu.<br />

4.1.2. L’examen clinique minutieux<br />

comportant un interrogatoire expérimenté, il est indispensable. Les examens complémentaires<br />

ont une p<strong>la</strong>ce limitée et sont réalisés pour écarter une étiologie organique, malformative ou<br />

neurologique congénitale et/ou acquise.<br />

4.1.2.1. L’interrogatoire<br />

Il doit utiliser un <strong>la</strong>ngage à <strong>la</strong> portée <strong>de</strong> l’enfant et il n’est pas inintéressant d’avoir un court<br />

entretien seul avec lui surtout si les parents prennent trop <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ce dans <strong>la</strong> conversation. Les<br />

questions doivent suivre un ordre méthodique et appellent <strong>de</strong>s réponses courtes : les notions<br />

d’uropathie malformative, les antécé<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> troubles fonctionnels <strong>de</strong> même nature chez les<br />

parents ou dans <strong>la</strong> fratrie, les antécé<strong>de</strong>nts néphrologiques ainsi que le développement général<br />

<strong>de</strong> l’enfant tant sur le p<strong>la</strong>n psychomoteur que statural, ses habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie, les conditions <strong>de</strong><br />

sa sco<strong>la</strong>rité et les loisirs doivent être étudiés. L’interrogatoire est plus spécifique dans <strong>la</strong><br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong>s modalités d’apprentissage et d’acquisition <strong>de</strong> <strong>la</strong> propreté, le caractère primaire<br />

ou secondaire <strong>de</strong>s troubles, les traitements antérieurs et les spécialistes consultés. L’utilisation<br />

éventuelle <strong>de</strong> protections ainsi que le retentissement sur le comportement <strong>de</strong> l’enfant et sur <strong>la</strong><br />

vie <strong>de</strong> famille ne doivent pas être sous estimés.<br />

La <strong>de</strong>uxième étape <strong>de</strong> l’interrogatoire<br />

Il va chercher à différencier les troubles du comportement vésico-sphinctérien par l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> <strong>miction</strong> et <strong>de</strong> <strong>la</strong> continence mais aussi les troubles non spécifiques qui peuvent être<br />

révé<strong>la</strong>teurs d’un problème urinaire. L’examen visuel du jet urinaire est instructif s’il est<br />

possible. Il peut parfois être raconté (puissance, bruit dans <strong>la</strong> cuvette). L’évaluation <strong>de</strong>s<br />

quantités <strong>de</strong> boissons ingérées et <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> diurèse peuvent distinguer une polyurie dont<br />

l’origine chez l’enfant est souvent d’ordre médical.<br />

Les douleurs abdominales diffuses ou localisées peuvent avoir différentes significations :<br />

spasmes coliques par constipation, douleurs abdominales et prurit liés à une oxyurose,<br />

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brûlures <strong>miction</strong>nelles ressenties comme <strong>de</strong>s douleurs abdominales basses. L’association<br />

infection urinaire, douleurs abdominales est fréquente. Il est <strong>de</strong> <strong>la</strong> même façon impératif <strong>de</strong><br />

s’assurer <strong>de</strong> <strong>la</strong> normalité du transit intestinal et <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> l’exonération. La rétention<br />

stercorale avec ou sans encoprésie peut accompagner les troubles <strong>miction</strong>nels fonctionnels<br />

dans plus d’un tiers <strong>de</strong>s cas.<br />

4.1.2.2. L’examen clinique<br />

Il visera surtout à écarter une pathologie organique. Si l’inspection permet <strong>de</strong> constater et<br />

d’apprécier <strong>la</strong> tenue vestimentaire, l’examen <strong>de</strong> <strong>la</strong> culotte est intéressant : tachée, humi<strong>de</strong>,<br />

trempée, souillée. La palpation recherche une grosse vessie, un contact lombaire, d’éventuels<br />

fécalomes. L’examen <strong>de</strong>s organes génitaux externe doit être systématique. L’examen<br />

neurologique vise essentiellement à éliminer un dysraphisme occulte. Devant une anomalie<br />

visible <strong>de</strong> <strong>la</strong> région lombo-sacrée, <strong>de</strong>s anomalies orthopédiques (pieds creux, inégalité <strong>de</strong><br />

longueur), <strong>de</strong>s troubles trophiques (ulcérations cutanées) l’examen <strong>de</strong> <strong>la</strong> motricité <strong>de</strong>s<br />

membres inférieurs et <strong>de</strong> <strong>la</strong> sensibilité périnéale associée à un toucher rectal qui apprécie <strong>la</strong><br />

sensibilité du canal et le tonus sphinctérien voire l’existence d’un fécalome, est important. Le<br />

reste <strong>de</strong> l’examen sera conduit selon les règles <strong>de</strong> l’examen pédiatrique.<br />

Au terme <strong>de</strong> cette démarche il se dégage dans <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s cas une orientation <strong>diagnostique</strong><br />

précise. La confrontation <strong>de</strong> l’interrogatoire et <strong>de</strong> l’examen clinique permet <strong>de</strong> préjuger du<br />

type du trouble <strong>miction</strong>nel fonctionnel <strong>de</strong> sorte que les investigations complémentaires ne<br />

sont pas toujours indispensables pour donner les premières orientations <strong>diagnostique</strong>s.<br />

4.1.3. Les examens complémentaires<br />

4.1.3.1. L’échographie :<br />

Cet examen simple peut apporter <strong>de</strong> précieuses informations. L’épaisseur et <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>rité <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

paroi vésicale doivent être évaluées à vessie pleine et en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s contractions<br />

<strong>miction</strong>nelles. L’examen du haut appareil urinaire complète le bi<strong>la</strong>n vésical et recherche un<br />

éventuel retentissement urétéral et/ou rénal. A <strong>la</strong> différence <strong>de</strong> l’adulte, l’appréciation d’un<br />

résidu post-<strong>miction</strong>nel est plus difficile à réaliser et nécessite pour ce<strong>la</strong> 2 à 3 examens après<br />

<strong>miction</strong> dans les conditions les plus normales possibles.<br />

4.1.3.2. La cystographie rétrogra<strong>de</strong><br />

plus souvent que sus-pubienne est capitale dans l’exploration chez l’enfant. Elle débute par un<br />

cliché sans préparation qui doit être lu avec attention : recherche une anomalie <strong>de</strong> fermeture<br />

<strong>de</strong> l’arc postérieur, une hypop<strong>la</strong>sie ou une agénésie sacrée. De même, le dépistage <strong>de</strong> lithiases<br />

vésicales, favorisé par <strong>la</strong> stase et l’infection peut être réalisé. Le remplissage vésical doit être<br />

réalisé à basse pression avec un produit <strong>de</strong> contraste tiédi. La cystographie analyse <strong>la</strong><br />

morphologie globale <strong>de</strong> <strong>la</strong> vessie. La capacité vésicale doit toujours être notée et <strong>la</strong> recherche<br />

d’un reflux réalisée.<br />

L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase <strong>miction</strong>nelle est essentielle, elle permet une analyse morphologique et<br />

fonctionnelle <strong>de</strong> l’urètre et le dépistage d’une mauvaise re<strong>la</strong>xation du sphincter externe<br />

pendant <strong>la</strong> contraction vésicale. Cette cystographie est dans notre expérience très souvent<br />

couplée à une étu<strong>de</strong> urodynamique simplifiée (simple manométrie vésicale). De plus l’arrêt <strong>de</strong><br />

l’écoulement du produit <strong>de</strong> contraste du aux contractions vésicales, les fausses ou vraies<br />

ouvertures du col vésical en cours <strong>de</strong> remplissage, <strong>la</strong> petite capacité vésicale, les besoins<br />

explosifs, l’aspect <strong>la</strong>rge <strong>de</strong> l’urètre en toupie lors d’une <strong>miction</strong> brutale peuvent indiquer <strong>de</strong>s<br />

troubles vésicaux fonctionnels.<br />

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A l’inverse, l’augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> capacité vésicale et l’apparition d’un résidu post-<strong>miction</strong>nel<br />

signe une forme évoluée <strong>de</strong> dyssynergie vésico-sphinctérienne. La paroi vésicale s’épaissit, <strong>la</strong><br />

vessie <strong>de</strong>vient diverticu<strong>la</strong>ire et trabiculée. Les diverticules para-urétraux, voire un reflux<br />

vésico-urétéral et un spasme du sphincter externe caractérise <strong>la</strong> vessie <strong>de</strong> lutte. Il peut être<br />

alors difficile <strong>de</strong> différencier une dyssynergie vésico-sphinctérienne d’une vessie<br />

neurologique d’origine congénitale.<br />

4.1.3.3. L’urographie intra-veineuse<br />

n’a que peu d’intérêt dans ce cadre et les scintigraphies évaluent <strong>de</strong> façon plus efficace <strong>la</strong><br />

fonction rénale globale.<br />

4.1.3.4. L’examen urodynamique<br />

a <strong>de</strong>s exigences techniques et <strong>de</strong>s limites d’interprétation différentes <strong>de</strong> l’adulte.<br />

• La débimètrie est l’enregistrement <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité du jet <strong>miction</strong>nel. Celui-ci dépend <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

facteurs : <strong>la</strong> force d’expulsion du muscle vésical et <strong>la</strong> bonne perméabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> filière<br />

cervico-urétrale. En fonction <strong>de</strong> l’aspect <strong>de</strong> <strong>la</strong> courbe certaines étiologies peuvent être<br />

évoquées. Les courbes explosives traduisent une expulsion vésicale brutale et puissante.<br />

Les courbes p<strong>la</strong>tes ne sont significatives que si le volume uriné est suffisant et peuvent<br />

révéler une obstruction <strong>de</strong> <strong>la</strong> filière cervico-urétrale. Les courbes hachées évoquent soit un<br />

obstacle urétral intermittent, soit permanent par hypertonie du sphincter par exemple que<br />

l’enfant s’efforce <strong>de</strong> vaincre en améliorant son jet <strong>miction</strong>nel par poussées abdominales<br />

successives.<br />

• La cystomanométrie enregistre <strong>la</strong> pression <strong>de</strong> <strong>la</strong> vessie au fur et à mesure <strong>de</strong> son<br />

remplissage. L’allure <strong>de</strong> <strong>la</strong> courbe permet <strong>de</strong> connaître <strong>la</strong> capacité fonctionnelle <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

vessie, sa compliance et l’activité du muscle. Le remplissage doit être lent, 10 à 30<br />

ml/minute par une fine son<strong>de</strong> urétrale à double canal, Charrière 5 ou 6.<br />

L’interprétation <strong>de</strong>s résultats se fera comme chez l’adulte tout en sachant que les critères <strong>de</strong><br />

normalité comportent <strong>de</strong>s écarts physiologiques en rapport avec l’âge <strong>de</strong> l’enfant. Les<br />

différents paramètres étudiés peuvent s’associer <strong>de</strong> façon différente et se combiner. C’est en<br />

ce sens que l’examen urodynamique chez l’enfant reste un examen complémentaire dont le<br />

préa<strong>la</strong>ble est une rigoureuse analyse <strong>de</strong> <strong>la</strong> séméiologie clinique. Son apport est cependant<br />

important dans l’élimination d’une pathologie malformative ou mieux neurologique<br />

congénitale ou acquise.<br />

4.1.4. Les principaux syndromes pathologiques<br />

Les troubles <strong>miction</strong>nels <strong>de</strong> l’enfant constituent un motif fréquent <strong>de</strong> consultation. Le<br />

caractère fonctionnel <strong>de</strong> ces troubles ne <strong>de</strong>vra être envisagé qu’après avoir éliminé toute<br />

pathologie malformative.<br />

Le diagnostic <strong>de</strong> vessie neurologique <strong>de</strong>vra être systématiquement évoqué afin <strong>de</strong> l’éliminer.<br />

Les circonstances cliniques <strong>de</strong> découverte d’une telle vessie sont variables :<br />

• soit <strong>la</strong> vessie neurologique fait partie intégrante d’une affection connue et alors il n’y a<br />

pas <strong>de</strong> problème,<br />

• soit le diagnostic est évoqué <strong><strong>de</strong>vant</strong> <strong>de</strong>s troubles <strong>miction</strong>nels jusqu’ici considérés comme<br />

banals, plus ou moins anciens et ayant bénéficié parfois d’un traitement médical voire<br />

chirurgical. C’est en règle <strong><strong>de</strong>vant</strong> l’échec itératif <strong>de</strong> <strong>la</strong> thérapeutique entreprise que l’on<br />

évoque l’étiologie neurologique.<br />

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Elle doit être en fait systématiquement évoquée lorsque <strong>la</strong> situation clinique, urodynamique et<br />

radiologique n’est pas parfaitement adaptée à l’hypothèse étiologique proposée. C’est ainsi<br />

que considérant les troubles fonctionnels, quatre grands chapitres peuvent être répertoriés :<br />

• l’énurésie nocturne monosymptomatique,<br />

• l’instabilité vésicale ou syndrome d’immaturité vésicale,<br />

• le syndrome <strong>de</strong> Hinmann<br />

• <strong>la</strong> pol<strong>la</strong>kiurie isolée, transitoire, bénigne<br />

• les troubles <strong>miction</strong>nels associés à <strong>de</strong>s «mauvaises habitu<strong>de</strong>s».<br />

4.1.4.1. L’énurésie<br />

L’énurésie ou pipi au lit est une <strong>miction</strong> normale, involontaire et inconsciente qui ne survient<br />

que pendant le sommeil et qui persiste ou réapparaît après l’âge <strong>de</strong> 5 ans.<br />

Le diagnostic <strong>de</strong> l’énurésie nocturne isolée se fait le plus souvent lors <strong>de</strong> l’interrogatoire. Ce<br />

« pipi au lit » exclut par définition tout autre souillure survenant en pério<strong>de</strong> d’éveil, n’ayant<br />

pas le caractère cyclique <strong>de</strong>s <strong>miction</strong>s.<br />

La guérison spontanée <strong>de</strong> l’énurésie avec le temps doit rentre pru<strong>de</strong>nt <strong>la</strong> mise en avant d’un<br />

facteur étiopathogénique précis. Il existe plutôt une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> facteurs intriqués témoins<br />

d’un défaut <strong>de</strong> maturité « global » <strong>de</strong> l’enfant : petite instabilité vésicale nocturne, capacité <strong>de</strong><br />

réveil réduite, faible élévation <strong>de</strong> <strong>la</strong> sécrétion nocturne d’ADH. Chacun <strong>de</strong> ces facteurs peut<br />

prédominer pour un enfant donné. La biologie molécu<strong>la</strong>ire n’a pas pour le moment permis<br />

d’avancer vers une étiologie malgré <strong>la</strong> localisation d’un gène Enur1 sur le chromosome 13.<br />

Si les conséquences somatiques <strong>de</strong> l’énurésie se résument aux lésions cutanées dues à<br />

l’irritation et à <strong>la</strong> macération au contact <strong>de</strong> l’urine, elle a sur le développement psycho-affectif<br />

et l’intégration sociale <strong>de</strong>s conséquences essentielles. L’anxiété, le sentiment <strong>de</strong> culpabilité ou<br />

d’opposition peuvent alors prendre le pas sur l’intégration sociale. L’enfant se confortant dans<br />

un état infantile, à l’extrême utilisant son symptôme pour obtenir ou gar<strong>de</strong>r l’affection <strong>de</strong> ses<br />

parents.<br />

Des traitements non médicamenteux comme les systèmes d’a<strong>la</strong>rme peuvent être intéressants.<br />

Ce type <strong>de</strong> traitement n’est généralement efficace que chez l’enfant re<strong>la</strong>tivement âgé, au<br />

<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> 8 ans, en particulier chez <strong>la</strong> fille.<br />

Certains traitements sont connus pour être à l’heure actuelle totalement inefficaces : régimes<br />

alimentaires variés, restriction liquidienne en fin <strong>de</strong> journée, réveil nocturne, mesures<br />

coercitives ou <strong>la</strong> tentative d’éducation <strong>de</strong> contrôle <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>miction</strong> par interruption <strong>de</strong> celle-ci.<br />

Certains moyens font partie en revanche du conditionnement nécessaire à partir du moment<br />

où l’on va s’occuper du problème <strong>de</strong> l’énurésie : suppression <strong>de</strong>s couches, réalisation d’un<br />

calendrier <strong>miction</strong>nel, vidange vésicale avant le coucher et encouragement divers.<br />

Concernant les traitements médicamenteux, les anti-dépresseurs tricycliques sont plus<br />

efficaces que le p<strong>la</strong>cebo. Néanmoins, <strong>la</strong> posologie qui permet d’obtenir un taux p<strong>la</strong>smatique<br />

efficace est très proche <strong>de</strong> <strong>la</strong> dose qui sera toxique. Ce <strong>de</strong>rnier effet doit faire supprimer<br />

l’Imipramine <strong>de</strong> l’arsenal thérapeutique pédiatrique en première intention.<br />

L’analogue structural <strong>de</strong> l’ADH est le plus souvent utilisé. En diminuant le débit urinaire<br />

nocturne il permet <strong>de</strong> ne pas atteindre le volume vésical déclenchant <strong>la</strong> <strong>miction</strong>. Son action<br />

anti-spasmodique en inhibant les contractions vésicales est beaucoup plus discutable.<br />

L’excellente tolérance <strong>de</strong> <strong>la</strong> Desmopressine et sa bonne efficacité notamment chez l’enfant <strong>de</strong><br />

plus <strong>de</strong> 6 ans en fait un élément essentiel du traitement <strong>de</strong> cette affection bénigne.<br />

4.1.4.2. Le syndrome d’immaturité vésicale<br />

La persistance chez l’enfant <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 5 ans <strong>de</strong> l’hyper-réflexivité détrusorienne qui<br />

caractérise <strong>la</strong> vessie du nouveau-né définit le syndrome dit «immaturité vésicale ». Les<br />

DCEM 3 – Module Pluridisciplinaire n° 13<br />

Néphrologie - Urologie<br />

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besoins impérieux, les fuites urinaires diurnes et une pol<strong>la</strong>kiurie modérée sont <strong>la</strong> traduction<br />

clinique <strong>de</strong>s formes non compliquées. Elles peuvent être tout à fait associées à <strong>de</strong>s fuites<br />

nocturnes dans près <strong>de</strong> 50 % <strong>de</strong>s cas.<br />

En tentant <strong>de</strong> maîtriser ces contractions vésicales, certains enfants adoptent <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s<br />

particulières très évocatrices, accroupissement avec compression du périnée par le talon,<br />

jambes croisées, mains appuyées sur <strong>la</strong> région génitale. Dans plus <strong>de</strong> <strong>la</strong> moitié <strong>de</strong>s cas une<br />

rétention stercorale est associée.<br />

Le bi<strong>la</strong>n urodynamique permet d’affirmer l’instabilité vésicale mais n’est pas toujours utile si<br />

l’expression clinique est suffisamment évocatrice. Des contractions non inhibées du détrusor<br />

sont retrouvées très rapi<strong>de</strong>ment au cours du remplissage. Ces contractions à haute pression<br />

déclenchent une augmentation volontaire <strong>de</strong> l’activité du sphincter strié afin d’assurer <strong>la</strong><br />

continence. Plus l’activité sphinctérienne est intense, plus <strong>la</strong> pression endo-vésicale augmente.<br />

Ceci est à l’origine d’un débit <strong>miction</strong>nel explosif. Cet asynchronisme vésico-sphinctérien<br />

crée un véritable obstacle au flux urinaire. Dans les cas évolués il existe un résidu,<br />

l’hyperpression peut entraîner un reflux vésico-urétéral, l’ensemble conduisant aux infections<br />

urinaires répétées et aux troubles du comportement. Dans ces formes évoluées <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong><br />

l’imagerie reste importante afin d’apprécier le retentissement <strong>de</strong> cette instabilité vésicale sur<br />

l’appareil urinaire supérieur, voire <strong>de</strong> reconnaître <strong>de</strong>s associations avec d’autres troubles.<br />

Le traitement médicamenteux est nécessaire dans <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s cas. Le traitement<br />

anticholinergique est le plus utilisé. Le Chlorhydrate d’Oxybutinine entraîne une diminution<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> pression intra-vésicale et <strong>de</strong> l’amplitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s contractions du détrusor. L’augmentation <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> capacité vésicale fonctionnelle résultante entraîne une disparition et une amélioration <strong>de</strong>s<br />

troubles dans <strong>de</strong> nombreux cas. Les effets indésirables sont généralement du type atropinique,<br />

sécheresse buccale, troubles <strong>de</strong> l’accommodation, constipation, agitation, cauchemars, voire<br />

tachycardie. Les réactions cutanées sont fréquentes (bouffées <strong>de</strong> chaleur) et peuvent traduire<br />

un phénomène d’allergie immédiate. Associées à l’Oxybutinine, <strong>de</strong>s mesures <strong>de</strong> prévention <strong>de</strong><br />

l’infection urinaire sont importantes ainsi que le traitement <strong>de</strong> <strong>la</strong> rétention stercorale et <strong>la</strong> prise<br />

en charge psychologique du retentissement social <strong>de</strong> <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die dans les formes évoluées.<br />

La rééducation vésico-sphinctérienne visera essentiellement à redonner <strong>de</strong>s habitu<strong>de</strong>s<br />

<strong>miction</strong>nelles correctes. Le résultat du traitement est conditionné par <strong>la</strong> col<strong>la</strong>boration et <strong>la</strong><br />

participation active <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille qui doit accompagner l’enfant sur un mo<strong>de</strong> positif. L’échec<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en charge doit faire envisager l’hypothèse d’une instabilité urétrale associée. C’est<br />

dans ce <strong>de</strong>rnier cadre que <strong>la</strong> rééducation utilisant les techniques dites <strong>de</strong> bio-feedback<br />

permettent progressivement d’annuler les réactions secondaires à cette instabilité par une<br />

contraction immédiate du sphincter (réflexe <strong>de</strong> Mahony).<br />

4.1.4.3. Le syndrome dit <strong>de</strong> Hinmann<br />

ou encore désigné par « vessie neurologique non neurogène » représente une forme<br />

particulièrement évoluée <strong>de</strong> dyssynergie vésico-sphinctérienne. Les fuites d’urine sont diurnes<br />

et nocturnes avec souvent <strong>de</strong>s <strong>miction</strong>s incomplètes par regorgement. Il existe une<br />

constipation avec dans 70 % <strong>de</strong>s cas une encoprésie associée à <strong>de</strong>s douleurs abdominales. Les<br />

infections urinaires récidivantes ainsi que les troubles du comportement sont constants.<br />

L’insuffisance rénale terminale fait toute <strong>la</strong> gravité <strong>de</strong> ce syndrome.<br />

L’examen neurologique est toujours normal. Les investigations para-cliniques mettent en<br />

évi<strong>de</strong>nce <strong>la</strong> rétention stercorale toujours importante.<br />

Sur le p<strong>la</strong>n radiologique <strong>la</strong> vessie est <strong>de</strong> type neurologique, diverticu<strong>la</strong>ire, verticalisée mais <strong>de</strong><br />

gran<strong>de</strong> capacité à <strong>la</strong> différence <strong>de</strong>s vessies neurologiques congénitales observées comme dans<br />

les Spina Bifida. Il existe une ballonisation per-<strong>miction</strong>nelle <strong>de</strong> l’urètre postérieur en amont<br />

d’un sphincter strié hypertonique mais sans obstacle anatomique. Le résidu post-<strong>miction</strong>nel<br />

est constant. Il peut exister un mégauretère refluant ou sténotique. La cystomanométrie<br />

DCEM 3 – Module Pluridisciplinaire n° 13<br />

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visualise <strong>de</strong>s contractions non inhibées du détrusor avec <strong>de</strong>s pressions vésicales, en règle<br />

générale supérieures à 30 ou 40 cm d’eau. La dyssynergie vésico-sphinctérienne est <strong>de</strong> règle.<br />

La physiopathologie <strong>de</strong>meure imprécise. Hinmann évoquait une diminution <strong>de</strong> <strong>la</strong> perception<br />

centrale <strong>de</strong> <strong>la</strong> sensation du besoin par un trouble <strong>de</strong> <strong>la</strong> personnalité.<br />

Le traitement médicamenteux fait appel à l’ensemble <strong>de</strong>s traitements mis à notre disposition,<br />

anticholinergiques, rééducation par bio-feedback, traitement actif <strong>de</strong> <strong>la</strong> rétention stercorale,<br />

traitement curatif et préventif <strong>de</strong> l’infection d’urine. La prise en charge psychologique<br />

<strong>de</strong>meurant essentielle. La constatation dans ce cadre nosologique particulier <strong>de</strong> sévices<br />

sexuels associé est <strong>de</strong> plus en plus rapportée et doit être systématiquement recherchée.<br />

4.1.4.4. La pol<strong>la</strong>kiurie isolée transitoire bénigne<br />

affecte plus volontiers le garçon <strong>de</strong> 7 ans à l’âge pré-pubertaire. Elle ne s’accompagne en<br />

règle d’aucun autre symptôme, ni douleur, ni trouble du transit. On retrouve souvent à<br />

l’interrogatoire une perturbation affective récente. Toutes les données para-cliniques peuvent<br />

être normales. Il s’agit en fait d’une manifestation psychosomatique à part entière. La<br />

pol<strong>la</strong>kiurie isolée transitoire bénigne comme le spécifie son nom, ne justifie d’aucun<br />

traitement médicamenteux. Les anti-spasmodiques et anticholinergiques sont inefficaces. Un<br />

traitement psychothérapique est par contre en règle générale nécessaire.<br />

4.1.4.5. Certaines habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie<br />

sont à l’origine d’un dérèglement <strong>miction</strong>nel et défécatoire. La sco<strong>la</strong>risation <strong>de</strong> l’enfant qui<br />

débute à 3 ans et à qui on <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’être propre représente un impératif rigi<strong>de</strong> que les<br />

mamans vivent comme une obligation pour pouvoir inscrire l’enfant à <strong>la</strong> maternelle. Parfois <strong>la</strong><br />

propreté n’est qu’apparente et se révèle bien fragile dès les premiers jours <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sse. La mise<br />

au pot systématique toutes les heures en maternelle peut être tout aussi délétère que<br />

d’empêcher un enfant d’uriner sous prétexte qu’il a oublié <strong>de</strong> le faire pendant <strong>la</strong> récréation. Il<br />

n’est pas obligatoire non plus que toute petite fille, avant d’aller dans un grand magasin se<br />

trouve dans l’obligation d’uriner sur comman<strong>de</strong> et ceci sous prétexte du mauvais état <strong>de</strong>s WC<br />

publics. Elle le fait en outre « en suspension » pour éviter le contact avec <strong>la</strong> cuvette dans <strong>de</strong><br />

nombreux cas. Toutes ces mauvaises habitu<strong>de</strong>s peuvent conduire à <strong>de</strong>s troubles <strong>miction</strong>nels<br />

fonctionnels que l’on peut retrouver à l’âge adulte…<br />

L’éducation <strong>de</strong> <strong>la</strong> propreté doit se faire ludiquement avec douceur et sans empressement. Les<br />

repères horaires au cours d’une journée favorisant à <strong>la</strong> fois le rythme <strong>de</strong>s <strong>miction</strong>s et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

défécation doivent être respectés. Il faut faire comprendre à l’enfant que du temps est<br />

nécessaire pour satisfaire ces exigences dans le calme et <strong>la</strong> détente. Le « rituel <strong>miction</strong>nel »<br />

doit être admis. Chez <strong>la</strong> fille par exemple, <strong>la</strong> culotte doit être enlevée jusqu’aux chevilles, les<br />

genoux écartés, le périnée relâché et <strong>la</strong> <strong>miction</strong> ne <strong>de</strong>vrait se terminer qu’après avoir <strong>la</strong><br />

certitu<strong>de</strong> d’avoir vidé tout le contenu <strong>de</strong> <strong>la</strong> vessie. L’apport hydrique, s’il est conseillé dans <strong>de</strong><br />

nombreux troubles <strong>miction</strong>nels, à partir du moment où l’infection d’urine nécessite une<br />

certaine dilution <strong>de</strong>s germes, ne doit pas être étendu à l’ensemble <strong>de</strong>s troubles constatés. Trop<br />

d’eau ingérée impose plus <strong>de</strong> <strong>miction</strong>s et ouvre <strong>la</strong> voie aux modifications <strong>de</strong>s rythmes<br />

<strong>miction</strong>nels surtout si ceux-ci sont réalisés en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> l’entourage connu <strong>de</strong> l’enfant où <strong>la</strong><br />

vie y est en tout cas beaucoup moins bien organisée !<br />

4.2. Grossesse et post partum<br />

L’incontinence urinaire est fréquente lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> grossesse. Si elle survient en début <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

grossesse, elle est en général due à une insuffisance sphinctérienne. Les fuites qui<br />

apparaissent en fin <strong>de</strong> grossesse sont dues à <strong>la</strong> compression <strong>de</strong> <strong>la</strong> vessie par l’utérus et elles<br />

disparaissent après l’accouchement. L’incontinence du post-partum est fréquente, presque<br />

DCEM 3 – Module Pluridisciplinaire n° 13<br />

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toujours régressive au moment du retour <strong>de</strong> couches. Elle nécessite une rééducation<br />

spécifique si elle se pérennise après 3 mois. La rééducation systématique du périnée dans le<br />

post-partum est proposée pour prévenir les troubles <strong>de</strong> <strong>la</strong> ménopause. La validation <strong>de</strong> cette<br />

attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>ra plusieurs années <strong>de</strong> recul.<br />

4.3. Ménopause<br />

Les modifications hormonales ont un impact sur l’urètre et <strong>la</strong> vessie (source <strong>de</strong> dysurie et <strong>de</strong><br />

pol<strong>la</strong>kiurie) .Les modifications tissu<strong>la</strong>ires avec hypotonie <strong>de</strong>s muscles releveurs, altération <strong>de</strong>s<br />

ligaments favorisent l’apparition du pro<strong>la</strong>psus vésico-utérin et <strong>de</strong> l’incontinence urinaire<br />

d’effort (IUE). A cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie l’incontinence urinaire est fréquente et souvent<br />

invalidante car il s’agit <strong>de</strong> femmes encore jeunes. La rééducation est instaurée en première<br />

intention. Le pro<strong>la</strong>psus utérin voire rectal associé à L’IUE conduit souvent à proposer une<br />

chirurgie réparatrice.<br />

4.4. Personnes âgées<br />

L’incontinence urinaire est une affection très fréquente à cause du vieillissement sphinctérien.<br />

Elle est <strong>la</strong> cause <strong>de</strong> mise en centres <strong>de</strong> moyens et longs séjours. Difficile à traiter par<br />

rééducation car les patients se dép<strong>la</strong>cent difficilement, les toilettes sont souvent éloignées, et<br />

il manque régulièrement du personnel médical et paramédical. Le plus souvent ces personnes<br />

sont appareillées avec <strong>de</strong>s couches qui restent le traitement palliatif <strong>de</strong>s incontinences<br />

urinaires et anales<br />

4.5. L’homme.<br />

Les troubles liés à l’adénome <strong>de</strong> <strong>la</strong> prostate sont traités dans un chapitre à part.<br />

Le plus souvent après prostatectomie totale pour cancer, parfois après chirurgie <strong>de</strong> l’adénome,<br />

on peut déplorer comme séquelle une incontinence urinaire.<br />

Les fuites sont fréquentes en postopératoire immédiat, elles disparaissent en général au bout<br />

d’un mois. Si elles se pérennisent, il faut entreprendre un traitement spécifique : rééducation<br />

<strong>de</strong> l’insuffisance sphinctérienne, traitement médical <strong>de</strong>s impériosités. A long terme si <strong>la</strong> lésion<br />

du sphincter est majeure, il faut proposer une chirurgie avec mise en p<strong>la</strong>ce d’un sphincter<br />

artificiel.<br />

DCEM 3 – Module Pluridisciplinaire n° 13<br />

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Nom : …………………………………….. Prénom : ……………………… Age :<br />

Date :…………………………<br />

QUESTIONNAIRE I-PSS<br />

Répon<strong>de</strong>z aux questions suivantes en entourant le chiffre à l’endroit qui vous paraît correspondre le<br />

mieux à ce que ressent le patient.<br />

SCORE INTERNATIONAL DES SYMPTOMES DE L’HYPERTROPHIE BENIGNE DE LA PROSTATE<br />

(IPSS)<br />

Jamais<br />

Environ<br />

1 fois<br />

sur 5<br />

Environ<br />

1 fois<br />

sur 3<br />

Environ<br />

fois<br />

sur 2<br />

Environ<br />

2 fois<br />

sur 3<br />

Presque<br />

toujours<br />

1. Au cours du <strong>de</strong>rnier mois écoulé, avec quelle fréquence avezvous<br />

eu <strong>la</strong> sensation que votre vessie n’était pas complétement<br />

vidée après avoir uriné ?<br />

0 1 2 3 4 5<br />

2. Au cours du <strong>de</strong>rnier mois écoulé, avec quelle fréquence avezvous<br />

eu besoin d’uriner à nouveau moins <strong>de</strong> 2 heures après avoir<br />

fini d’uriner ?<br />

0 1 2 3 4 5<br />

3. Au cours du <strong>de</strong>rnier mois écoulé, avec quelle fréquence avezvous<br />

eu une interruption du jet d’urine, c’est-à-dire démarrage<br />

du jet, puis arrêt, puis redémarrage ?<br />

0 1 2 3 4 5<br />

4. Au cours du <strong>de</strong>rnier mois écoulé, après en avoir ressenti le<br />

besoin, avec quelle fréquence avez-vous eu <strong>de</strong>s difficultés à<br />

retenir votre envie d’uriner ?<br />

0 1 2 3 4 5<br />

5. Au cours du <strong>de</strong>rnier mois écoulé, avec quelle fréquence avezvous<br />

eu une diminution <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> force du jet d’urine ?<br />

0 1 2 3 4 5<br />

6. Au cours du <strong>de</strong>rnier mois écoulé, avec quelle fréquence avezvous<br />

dû forcer ou pousser pour commencer à uriner ?<br />

0 1 2 3 4 5<br />

Jamais 1 fois 2 fois 3 fois 4 fois 5 fois ou<br />

plus<br />

7. Au cours du <strong>de</strong>rnier mois écoulé, combien <strong>de</strong> fois par nuit, en<br />

moyenne, vous êtes-vous levé pour uriner (entre le moment <strong>de</strong><br />

votre coucher le soir et celui <strong>de</strong> votre lever définitif le matin) ?<br />

0 1 2 3 4 5<br />

TOTAL I-PSS Score S (1) =<br />

QUALITE DE VIE LIEE AUX SYMPTOMES URINAIRES<br />

Très<br />

satisfait<br />

Satisfait<br />

Plutôt<br />

satisfait<br />

Partagé<br />

(ni satisfait<br />

ni ennuyé)<br />

Plutôt<br />

ennuyé<br />

Très<br />

ennuyé<br />

Score<br />

Extrêmement<br />

ennuyé<br />

8. Vous venez d’expliquer comment vous uriner. Si vous <strong>de</strong>viez<br />

vivre le restant <strong>de</strong> votre vie <strong>de</strong> cette manière, diriez-vous que<br />

vous en seriez :<br />

0 1 2 3 4 5 6<br />

In<strong>de</strong>x <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong> vie L(2) =<br />

Fréquence <strong>de</strong> symptômes (1)<br />

(total I-PSS score S : total <strong>de</strong>s questions 1 à 7)<br />

Légère Modérée Sévère<br />

0-7 8-19 20-35<br />

Tolérance aux symptômes (2)<br />

(in<strong>de</strong>x <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong> vie L : question 8)<br />

Bonne Moyenne Mauvaise<br />

0-1 2-4 5-6<br />

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