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Orientation diagnostique devant : Elévation de la créatinine (310)

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Faculté <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> Marseille<br />

<strong>Orientation</strong> <strong>diagnostique</strong> <strong><strong>de</strong>vant</strong> : Elévation <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

créatinine (<strong>310</strong>)<br />

Ph. Brunet<br />

Septembre 2005 (Mise à jour 2006-2007)<br />

1. Valeur <strong>diagnostique</strong> <strong>de</strong> l’augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> créatininémie<br />

1.1. La créatinine<br />

La créatininémie est le meilleur marqueur <strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction rénale utilisé en pratique clinique. Il<br />

s’agit d’une substance endogène produite par les muscles. Pour un individu donné, sa<br />

production est constante d’un jour à l’autre. Son élimination se fait presque exclusivement par<br />

filtration gloméru<strong>la</strong>ire. Elle n’est pas réabsorbée et très peu sécrétée au niveau tubu<strong>la</strong>ire.<br />

1.2. Définition <strong>de</strong> l’insuffisance rénale selon les valeurs <strong>de</strong><br />

créatininémie<br />

L’augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> créatininémie définit l’existence d’une insuffisance rénale.<br />

L’insuffisance rénale est définie par une créatininémie supérieure à 115 μmol (13 mg/l)<br />

chez l’homme et 90 µmol/l (10 mg/l) chez <strong>la</strong> femme.<br />

Définition <strong>de</strong> l’insuffisance rénale par l’estimation du débit <strong>de</strong> filtration gloméru<strong>la</strong>ire (DFG)<br />

L’estimation du DFG donne souvent un meilleur reflet <strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction rénale que <strong>la</strong><br />

créatininémie, en particulier chez les sujets <strong>de</strong> petite taille et les sujets âgés dont <strong>la</strong> masse<br />

muscu<strong>la</strong>ire est faible. A titre d’exemple, le calcul du DFG chez une femme <strong>de</strong> 80 ans, pesant<br />

45 kg et ayant une créatininémie à 90 µmol/l montre une valeur à 31 ml/min, qui correspond à<br />

une insuffisance rénale sévère.<br />

Le DFG est estimé à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> créatininémie, soit par <strong>la</strong> c<strong>la</strong>irance <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

créatinine, soit par <strong>la</strong> formule <strong>de</strong> Cockcroft et Gault. L’utilisation <strong>de</strong> cette formule est<br />

vivement recommandée car elle a l’avantage <strong>de</strong> ne pas faire intervenir <strong>la</strong> créatininurie et elle<br />

ne nécessite donc pas <strong>la</strong> collection <strong>de</strong>s urines <strong>de</strong> 24 heures.<br />

Les formules <strong>de</strong> calcul sont données dans les tableaux ci-<strong>de</strong>ssous. Le débit <strong>de</strong> filtration<br />

gloméru<strong>la</strong>ire normal est <strong>de</strong> 130 ± 20 ml/min/1,73 m 2 .<br />

L’insuffisance rénale est définie par un DFG < 60 ml/min/1,73 m 2 .<br />

Formules <strong>de</strong> calcul du débit <strong>de</strong> filtration gloméru<strong>la</strong>ire :<br />

C<strong>la</strong>irance <strong>de</strong> <strong>la</strong> créatinine<br />

U x V<br />

P<br />

U = Créatinine urinaire (µmol/l)<br />

V = Volume urinaire <strong>de</strong>s 24 heures, exprimé en ml/minute<br />

P = créatinine p<strong>la</strong>smatique (µmol/l)<br />

DCEM 3 – Module Pluridisciplinaire n° 13<br />

Néphrologie - Urologie<br />

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Faculté <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> Marseille<br />

Formule <strong>de</strong> Cockcroft et Gault<br />

(140 – age) x poids x F<br />

créatinine p<strong>la</strong>smatique<br />

Age en années<br />

Poids en kg<br />

Créatinine en µmol/l<br />

F = 1,23 chez l’homme et 1,04 chez <strong>la</strong> femme<br />

Le DFG permet <strong>de</strong> définir le sta<strong>de</strong> évolutif d’une insuffisance rénale chronique :<br />

Sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’IRC<br />

Valeur du débit <strong>de</strong> filtration gloméru<strong>la</strong>ire<br />

Ma<strong>la</strong>die rénale chronique<br />

>60 ml/min avec marqueurs d’atteinte rénale*<br />

IRC modérée<br />

60 – 30 ml/min<br />

IRC sévère<br />

30 – 15 ml/min<br />

IRC terminale<br />

< 15 ml/min<br />

*voir chapitre insuffisance rénale chronique<br />

1.3. P<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong> l’urée p<strong>la</strong>smatique (ou azotémie)<br />

La mesure <strong>de</strong> l’azotémie doit être complètement remp<strong>la</strong>cée par <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> créatininémie<br />

pour <strong>diagnostique</strong>r une insuffisance rénale. En effet l’urée est produite <strong>de</strong> façon variable d’un<br />

jour à l’autre en fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> quantité <strong>de</strong> protéines dégradées, d’origine alimentaire ou<br />

endogène. Ainsi l’azotémie est augmentée en cas d’hypercatabolisme (traitement par<br />

corticoi<strong>de</strong>s, tétracyclines, syndrome infectieux, traumatisme, hémorragie digestive…).<br />

L’azotémie est également augmentée en cas d’hypovolémie car dans cette circonstance, l’urée<br />

subit une réabsorption tubu<strong>la</strong>ire.<br />

L’augmentation <strong>de</strong> l’azotémie ne permet donc pas à elle seule <strong>de</strong> porter le diagnostic<br />

d’insuffisance rénale.<br />

La mesure <strong>de</strong> l’azotémie gar<strong>de</strong> une p<strong>la</strong>ce, lorsque <strong>la</strong> créatininémie est élevée, dans trois<br />

circonstances :<br />

• pour apprécier le caractère fonctionnel d’une insuffisance rénale. Dans ce cas,<br />

l’augmentation <strong>de</strong> l’urée p<strong>la</strong>smatique et proportionnellement plus importante que celle <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> créatininémie (rapport urée p<strong>la</strong>smatique (mmol/l) / créatinine p<strong>la</strong>smatique (µmol/l) ><br />

0,1).<br />

• Pour préciser l’indication <strong>de</strong> dialyse en cas d’insuffisance rénale terminale : <strong>la</strong> dialyse doit<br />

être débutée pour <strong>de</strong>s valeurs d’azotémie supérieures à 60 mmol/l.<br />

• Pour évaluer les performances d’une séance d’hémodialyse, on utilise souvent le rapport<br />

<strong>de</strong>s concentrations d’urée p<strong>la</strong>smatique avant et après dialyse.<br />

Ainsi, même si l’urée est un mauvais marqueur <strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction rénale, on considère qu’au<br />

cours <strong>de</strong> l’insuffisance rénale, ses taux p<strong>la</strong>smatiques reflètent indirectement <strong>la</strong> présence<br />

d’autres toxines provenant du catabolisme protéique.<br />

DCEM 3 – Module Pluridisciplinaire n° 13<br />

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2. Démarche <strong>diagnostique</strong> <strong><strong>de</strong>vant</strong> une augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

créatininémie<br />

La démarche <strong>diagnostique</strong> comprend <strong>de</strong>ux étapes :<br />

• . <strong>la</strong> recherche d’une insuffisance rénale aiguë (IRA)<br />

• . <strong>la</strong> recherche d’une insuffisance rénale chronique (IRC)<br />

L’IRA et l’IRC peuvent parfois coexister. Il n’est pas rare qu’un épiso<strong>de</strong> d’IRA survienne<br />

chez un patient IRC.<br />

2.1. Recherche d’une IRA<br />

2.1.1. Clinique<br />

2.1.1.1. Interrogatoire<br />

2.1.1.1.1. Rechercher un contexte d’IRA pré-rénale ou<br />

fonctionnelle :<br />

• pertes hydrosodées (diarrhée, vomissements, brûlures, traitement diurétique, arrêt <strong>de</strong><br />

l’alimentation et <strong>de</strong>s boissons…)<br />

• prise <strong>de</strong> médicaments impliqués dans les modifications <strong>de</strong> l’hémodynamique<br />

gloméru<strong>la</strong>ire : anti-inf<strong>la</strong>mmatoires non stéroidiens (AINS), inhibiteurs <strong>de</strong> l’enzyme <strong>de</strong><br />

conversion (IEC), antagonistes <strong>de</strong>s récepteurs <strong>de</strong> l’angiotensine II (ARA II).<br />

• défail<strong>la</strong>nces d’organe associées à une IRA fonctionnelle : insuffisance cardiaque, cirrhose.<br />

2.1.1.1.2. Rechercher <strong>de</strong>s éléments évocateurs d’une IRA<br />

obstructive :<br />

• antécé<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> ma<strong>la</strong>die prostatique, <strong>de</strong> néop<strong>la</strong>sie pelvienne ou colique.<br />

• prise <strong>de</strong> médicaments impliqués dans une précipitation intra-tubu<strong>la</strong>ire<br />

• signes fonctionnels : douleurs pelviennes ou lombaires, coliques néphrétiques, troubles<br />

mictionnels, hématurie macroscopique.<br />

2.1.1.1.3. Rechercher <strong>de</strong>s éléments évocateurs d’IRA<br />

organique :<br />

• Eléments évocateurs d’une IRA organique par nécrose tubu<strong>la</strong>ire aigue (NTA) :<br />

• Etat <strong>de</strong> choc<br />

• Exposition à un toxique : produits <strong>de</strong> contraste iodé, aminosi<strong>de</strong>, sel <strong>de</strong> p<strong>la</strong>tine,<br />

amphotéricine B…<br />

• Rhabdomyolyse : crise convulsive, traumatisme, compression muscu<strong>la</strong>ire prolongée (perte<br />

<strong>de</strong> connaissance).<br />

• Rechercher <strong>de</strong>s éléments évocateurs <strong>de</strong>s néphropathies interstitielles ou vascu<strong>la</strong>ires<br />

aigues.<br />

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2.1.1.2. Examen<br />

2.1.1.2.1. Recherche d’éléments en faveur d’une IRA prérénale<br />

:<br />

• Signes cliniques <strong>de</strong> <strong>de</strong>shydratation extracellu<strong>la</strong>ire : hypotension, hypotension<br />

orthostatique, pli cutané persistant, hypotonie <strong>de</strong>s globes ocu<strong>la</strong>ires, veines p<strong>la</strong>tes, oligurie.<br />

2.1.1.2.2. Recherche d’éléments en faveur d’une IRA<br />

obstructive :<br />

• touchers pelviens à <strong>la</strong> recherche d’une grosse prostate, d’une masse pelvienne, d’un globe<br />

vésical.<br />

2.1.1.2.3. Recherche d’éléments en faveur d’une IRA<br />

organique :<br />

• Oligurie ou anurie<br />

• Il existe parfois une hyperhydratation extracellu<strong>la</strong>ire à <strong>la</strong> phase d’état : hypertension,<br />

oedèmes déclives, turgescence <strong>de</strong>s veines jugu<strong>la</strong>ires, reflux hépato-jugu<strong>la</strong>ire, œdème<br />

pulmonaire, épanchements pleuraux, ascite.<br />

2.1.2. Examens biologiques<br />

2.1.2.1. En faveur d’une IRA fonctionnelle :<br />

• Examens sanguins : augmentation <strong>de</strong> l’hématocrite et <strong>de</strong> <strong>la</strong> protidémie évocateurs d’une<br />

hémoconcentration ; augmentation <strong>de</strong> l’azotémie (urée p<strong>la</strong>smatique) proportionnellement<br />

plus importante que celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> créatininémie ; augmentation importante <strong>de</strong> l’uricémie.<br />

• Examens urinaires : rétention sodée ou « verrouil<strong>la</strong>ge sodé » (natriurèse basse, excrétion<br />

fractionnelle du sodium basse, inversion du rapport sodium/potassium urinaire) avec<br />

urines concentrées (urée urinaire élevée). Voir tableau ci-<strong>de</strong>ssous.<br />

2.1.2.2. En faveur d’une IRA obstructive :<br />

• Pas <strong>de</strong> signes biologiques spécifiques. Il existe parfois une rétention sodée urinaire.<br />

2.1.2.3. En faveur d’une IRA organique :<br />

• Baisse <strong>de</strong> l’hématocrite et <strong>de</strong> <strong>la</strong> protidémie (hémodilution) en cas d’hyperhydratation<br />

extracellu<strong>la</strong>ire.<br />

• Hypercalcémie évocatrice d’un myélome ou d’un surdosage en calcium ou vitamine D.<br />

• Elévation <strong>de</strong> <strong>la</strong> CPK évocatrice d’une rhabdomyolyse<br />

• Baisse <strong>de</strong> l’hématocrite, élévation <strong>de</strong> <strong>la</strong> LDH, évocatrices d’une hémolyse<br />

• Hypoalbuminémie, protéinurie, évocatrices d’une glomérulopathie<br />

• ECBU anormal avec leucocyturie et bactériurie, évocatrices d’une néphropathie<br />

interstitielle infectieuse (pyélonéphrite)<br />

• Hyperéosinophilie évocatrice <strong>de</strong> néphropathie interstitielle immuno-allergique.<br />

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2.1.2.4. Différencier IRA fonctionnelle et IRA par nécrose<br />

tubu<strong>la</strong>ire<br />

Tests permettant <strong>de</strong> distinguer une IRA fonctionnelle et une IRA par nécrose tubu<strong>la</strong>ire :<br />

Indice IRA fonctionnelle IRA par nécrose tubu<strong>la</strong>ire<br />

Na U<br />

Na/K U<br />

Fe Na<br />

U/P urée<br />

U/P créatinine<br />

Osmo<strong>la</strong>lité U<br />

U/P osmo<strong>la</strong>lité<br />

< 20 mmol/l<br />

< 1<br />

< 1%<br />

> 10<br />

> 40<br />

> 500 mOsm/kg<br />

> 1,5<br />

> 40<br />

> 1<br />

> 1%<br />

< 3<br />

< 20<br />

< 350 mOsm/kg<br />

< 1,1<br />

Urée P (mmol/l)/Créat P<br />

(µmol/l)<br />

> 0,1<br />

Légen<strong>de</strong> : U = urinaire ; P = p<strong>la</strong>smatique ;<br />

Fe Na = excrétion fractionnelle du sodium = [(Na U/Na P)/(créat U/créat P)]x100<br />

Noter que les valeurs <strong>de</strong> natriurèse ne sont pas interprétables en cas <strong>de</strong> traitement par<br />

diurétique.<br />

L’orientation principale est donnée par les valeurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> natriurèse et <strong>de</strong> l’urée urinaire. Dans<br />

l’IRA fonctionnelle, <strong>la</strong> natriurèse est basse et le taux d'urée urinaire élevé. Dans l’IRA par<br />

nécrose tubu<strong>la</strong>ire, <strong>la</strong> natriurèse est conservée et le taux d’urée urinaire est effondré.<br />

2.1.3. Examens radiologiques<br />

2.1.3.1. En faveur d’une IRA obstructive :<br />

• L’abdomen sans préparation (ASP) : peut révéler une image radio-opaque se projetant sur<br />

les voies urinaires évocatrice <strong>de</strong> calcul.<br />

• L’écho rénale et vésicale montre une di<strong>la</strong>tation <strong>de</strong>s voies excrétrices.<br />

• Le scanner rénal sans injection ou l’uro-IRM peuvent visualiser <strong>la</strong> di<strong>la</strong>tation <strong>de</strong>s voies<br />

excrétrices lorsque l’écho rénale n’est pas contributive, chez un patient trop corpulent.<br />

• L’examen recherche une di<strong>la</strong>tation urétérale et vésicale afin d’essayer <strong>de</strong> situer le siège <strong>de</strong><br />

l’obstacle.<br />

La di<strong>la</strong>tation <strong>de</strong>s voies excrétrices peut être modérée. Des calices visibles chez un patient<br />

anurique sont déjà un signe évocateur d’obstacle.<br />

La di<strong>la</strong>tation <strong>de</strong>s cavités peut apparaître <strong>de</strong> façon retardée par rapport à <strong>la</strong> constitution <strong>de</strong><br />

l’obstacle et il faut savoir répéter l’échographie si un premier examen est négatif.<br />

2.1.3.2. En faveur d’une IRA fonctionnelle :<br />

• Les examens morphologiques sont normaux.<br />

2.1.3.3. En faveur d’une IRA organique :<br />

• Les examens morphologiques sont le plus souvent normaux.<br />

• Une augmentation <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s reins peut être observée dans les néphropathies<br />

interstitielles aiguës.<br />

• Un scanner rénal avec injection permet le diagnostic d’un infarctus rénal (occlusion <strong>de</strong><br />

l’artère rénale) en montrant l’absence <strong>de</strong> prise <strong>de</strong> contraste par le rein, qui témoigne <strong>de</strong><br />

l’absence <strong>de</strong> vascu<strong>la</strong>risation rénale.<br />

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2.1.4. En résumé :<br />

Une IRA doit être systématiquement recherchée <strong><strong>de</strong>vant</strong> toute élévation <strong>de</strong> <strong>la</strong> créatininémie, y<br />

compris chez un patient porteur d’une néphropathie connue avec IRC. Il est fréquent qu’une<br />

IRC se complique d’un épiso<strong>de</strong> d’IRA qui nécessite un traitement spécifique.<br />

L’interrogatoire doit impérativement rechercher une exposition à un toxique (produit <strong>de</strong><br />

contraste iodé) ou à un médicament.<br />

L’examen clinique doit rechercher <strong>de</strong>s signes <strong>de</strong> déshydratation extracellu<strong>la</strong>ire susceptibles <strong>de</strong><br />

faire évoquer une origine fonctionnelle ; les touchers pelviens sont systématiques à <strong>la</strong><br />

recherche d’un obstacle.<br />

Le bi<strong>la</strong>n biologique <strong>de</strong> première intention doit comprendre les examens suivants :<br />

ionogramme, réserve alcaline, protidémie, hémogramme, albuminémie, LDH, CPK, azotémie,<br />

uricémie, calcémie, ionogramme urinaire, urée urinaire, ban<strong>de</strong>lette urinaire, ECBU, dosage <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> protéinurie.<br />

Le bi<strong>la</strong>n radiologique <strong>de</strong> première intention comprend une échographie rénale et vésicale et si<br />

celle-ci est irréalisable un scanner rénal sans injection.<br />

2.2. Recherche d’une insuffisance rénale chronique<br />

2.2.1. Clinique<br />

L’interrogatoire doit s’acharner à retrouver <strong>de</strong>s valeurs antérieures <strong>de</strong> créatininémie élevées<br />

qui représentent l’un <strong>de</strong>s meilleurs critères <strong>diagnostique</strong>s <strong>de</strong> l’IRC.<br />

L’interrogatoire recherche également un contexte évocateur d’IRC :<br />

• Antécé<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> néphropathie ou d’uropathie<br />

• Hypertension ancienne et sévère, lésions d’athérosclérose<br />

• Diabète sucré ancien, évoluant <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> 10 ans, accompagné <strong>de</strong> rétinopathie<br />

• Prise chronique <strong>de</strong> médicaments néphrotoxiques : antalgiques, AINS, lithium,<br />

ciclosporine (sandimmun, néoral), tacrolimus (prograf).<br />

Les signes cliniques d’IRC sont extrêmement rares avant le sta<strong>de</strong> d’IRC sévère ou terminale.<br />

Le symptôme le plus précoce est <strong>la</strong> nycturie. A un sta<strong>de</strong> ultérieur surviennent <strong>de</strong>s<br />

manifestations non spécifiques : asthénie, anorexie, amaigrissement, pâleur.<br />

2.2.2. Biologie<br />

Les signes biologiques c<strong>la</strong>ssiques d’IRC doivent être recherchés : anémie, hypocalcémie,<br />

hyperphosphorémie. Ces signes ne sont cependant pas spécifiques et peuvent être observés<br />

dans l’IRA.<br />

2.2.3. Radiologie<br />

2.2.3.1. L’échographie rénale<br />

Elle montre dans l’IRC <strong>de</strong>s reins <strong>de</strong> taille diminuée (< 10 cm). Il existe trois étiologies d’IRC<br />

qui c<strong>la</strong>ssiquement, ne s’accompagnent pas <strong>de</strong> diminution <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s reins : le diabète,<br />

l’amylose et <strong>la</strong> polykystose.<br />

L’échographie montre également une perte <strong>de</strong> <strong>la</strong> différenciation cortico-médul<strong>la</strong>ire.<br />

L’échographie rénale est un examen indispensable et <strong>de</strong> très gran<strong>de</strong> valeur <strong>diagnostique</strong> pour<br />

affirmer l’existence d’une IRC.<br />

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2.2.3.2. Radiographie <strong>de</strong> l’abdomen sans préparation (ASP)<br />

L’ASP peut parfois montrer <strong>de</strong>s images radio-opaques en projection <strong>de</strong>s voies urinaires<br />

évocatrices <strong>de</strong> ma<strong>la</strong>die lithiasique ou <strong>de</strong> néphrocalcinose.<br />

2.2.4. En résumé<br />

Les critères essentiels permettant <strong>de</strong> porter le diagnostic d’IRC sont l’existence <strong>de</strong> bi<strong>la</strong>ns<br />

antérieurs montrant <strong>de</strong>s valeurs <strong>de</strong> créatininémie élevée et une diminution <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s reins<br />

à l’imagerie.<br />

2.3. Bi<strong>la</strong>n étiologique d’une IRC<br />

Devant une IRC, il est possible <strong>de</strong> réunir <strong>de</strong>s arguments <strong>diagnostique</strong>s en faveur <strong>de</strong>s<br />

principales étiologies.<br />

A un sta<strong>de</strong> tardif <strong>de</strong> l’IRC les éléments <strong>diagnostique</strong>s spécifiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> néphropathie initiale<br />

ten<strong>de</strong>nt cependant souvent à disparaître.<br />

2.3.1. En faveur d’une néphropathie vascu<strong>la</strong>ire<br />

• Néphroangiosclérose : existence d’une hypertension artérielle sévère et ancienne ;<br />

protéinurie variable<br />

• Ma<strong>la</strong>die ischémique rénale athéromateuse (MIRA) : lésions diffuses d’athérosclérose<br />

(coronaires, membres inférieurs, artères cérébrales)<br />

• Syndrome <strong>de</strong>s embols <strong>de</strong> cholestérol : antécé<strong>de</strong>nt récent <strong>de</strong> cathétérisme aortique, <strong>de</strong><br />

chirurgie <strong>de</strong> l’aorte ou <strong>de</strong> traitement anticoagu<strong>la</strong>nt ; signes périphériques <strong>de</strong> nécrose ;<br />

cristaux <strong>de</strong> cholestérol au fond d’œil ; syndrome inf<strong>la</strong>mmatoire, hypocomplémentémie,<br />

hyperéosinophilie.<br />

2.3.2. En faveur d’une néphropathie diabétique<br />

• Diabète sucré évoluant <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> 10 ans avec protéinurie et hypertension artérielle.<br />

• Rétinopathie diabétique au fond d’œil témoignant d’une microangiopathie diabétique<br />

2.3.3. En faveur d’une glomérulopathie<br />

• Protéinurie abondante ; parfois syndrome néphrotique.<br />

• Hypertension artérielle<br />

2.3.4. En faveur d’une néphropathie interstitielle<br />

• Pression artérielle normale ou hypertension modérée.<br />

• L’ECBU montre une leucocyturie<br />

• Acidose hyperchlorémique fréquente<br />

• L’échographie rénale montre <strong>de</strong>s reins asymétriques, à contours bosselés<br />

• Contexte étiologique : uropathie malformative, ma<strong>la</strong>die lithiasique, prise chronique <strong>de</strong><br />

médicaments néphrotoxiques : paracétamol, lithium, ciclosporine, tacrolimus.<br />

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2.3.5. En faveur d’une néphropathie héréditaire<br />

Principalement <strong>la</strong> polykystose <strong>de</strong> l’adulte qui est <strong>la</strong> plus fréquente<br />

• Il existe <strong>de</strong>s antécé<strong>de</strong>nts familiaux <strong>de</strong> néphropathie<br />

• L’échographie montre <strong>de</strong>s reins <strong>de</strong> taille augmentée et porteurs <strong>de</strong> kystes multiples.<br />

Le diagnostic étiologique d’une IRC justifie <strong>de</strong> discuter systématiquement les principales<br />

causes d’IRC. Au sta<strong>de</strong> avancé <strong>de</strong> l’IRC, le diagnostic étiologique est parfois difficile est<br />

l’étiologie <strong>de</strong> l’IRC <strong>de</strong>meure indéterminée.<br />

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