PLAN 2007-8 - Ordre des ingénieurs du Québec
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LE MARCHE FAIT FOI DE TOUT<br />
« Ce qui va entraîner la fin <strong>du</strong> développement<br />
de l'hydroélectricité au <strong>Québec</strong>, ce<br />
n'est pas le développement <strong>du</strong>rable, ce<br />
sont les lois <strong>du</strong> marché», déclare Jean-<br />
Thomas Bernard, professeur au Département<br />
d'économique et fondateur de la<br />
Chaire en économique de l'énergie électrique<br />
de l'Université Laval.<br />
« Le <strong>Québec</strong> a été béni <strong>des</strong> dieux, poursuit-il.<br />
Nous pro<strong>du</strong>isons environ 37 000 MW,<br />
en excluant les quelque 5 000 MW de<br />
« LA DIFFICULTÉ, C'EST QU'ON VEUT D'ABORD CRÉER UN AUTRE<br />
COMPLEXE HYDROÉLECTRIQUE COMPARABLE À CELUI DE LA BAIE<br />
JAMES, ET DÉCIDER ENSUITE DE L'UTILISATION DE L'ÉNERGIE<br />
PRODUITE. COMME ON LE FAIT SOUVENT POUR LES QUESTIONS<br />
ÉNERGÉTIQUES AU QUÉBEC, ON TRAVAILLE À LA PIÈCE PLUTÔT<br />
QU'À PARTIR D'UNE VISION GLOBALE. » - Jean Lacroix, pdg,<br />
Association québécoise pour la maîtrise de l'énergie<br />
résidences en tenant compte de cela et avoir recours à l'hydroélectricité<br />
là où c'est le plus efficace, dans les gran<strong>des</strong> in<strong>du</strong>stries<br />
ou les alumineries notamment, et en <strong>des</strong>tiner une grande<br />
partie à l'exportation. La difficulté, c'est qu'on veut d'abord<br />
créer un autre complexe hydroélectrique, et décider ensuite de<br />
l'utilisation de l'énergie pro<strong>du</strong>ite. Comme on le fait souvent pour<br />
les questions énergétiques au <strong>Québec</strong>, on travaille à la pièce plutôt<br />
qu'à partir d'une vision globale. »<br />
Construire de nouveaux barrages en vue d'exporter de l'électricité<br />
aux États-Unis est une avenue envisageable, mais risquée,<br />
selon l'AQME.:« Le danger de l'exportation est que nous sommes<br />
tributaires d'un marché imprévisible, surtout sur un horizon de<br />
dix ans, <strong>du</strong>rée nécessaire pour construire tout chantier hydroélectrique<br />
d'envergure, rappelle Jean Lacroix. Une <strong>des</strong> solutions pour<br />
ré<strong>du</strong>ire le risque à long terme d'un tel projet viendra de la<br />
présence d'un marché <strong>du</strong> carbone, puisque les participants<br />
seront à la recherche de sources d'énergie renouvelable, ce qui<br />
exercera une pression à la hausse sur les prix à l'exportation. »<br />
Aux yeux de Jean Lacroix, un autre complexe hydroélectrique<br />
peut être un projet à considérer sile <strong>Québec</strong> le regarde en y intégrant<br />
l'ensemble <strong>des</strong> filières énergétiques et qu'il indique clairement<br />
son intention de jouer im rôle marquant dans la problématique<br />
<strong>des</strong> changements climatiques, pas seulement sur son territoire, mais<br />
aussi chez ses voisins. « L'électricité exportée devient une énergie<br />
verte lorsqu'il est garanti qu'elle remplace une source d'énergie<br />
polluante », dit Jean Lacroix.<br />
Jean-Thomas Bernard<br />
Churchill Falls. Il n'y a aucun autre endroit<br />
au monde, sauf en Norvège, où l'on génère<br />
une telle quantité d'hydroélectricité. Évidemment,<br />
les bons sites ont été exploités<br />
en premier. Les nouveaux projets sont<br />
situés de plus en plus loin, ce qui accroît<br />
les frais de transport. Certains sites ne<br />
seront jamais développés, comme ceux de<br />
la baie d'Ungava, parce que les frais d'exploitation<br />
sont évalués à plus de 15 cents<br />
le kilowattheure. Or, même à 10 cents, c'est<br />
trop cher pour le marché de l'exportation. »<br />
Jean-Thomas Bernard fait valoir un autre<br />
argument : il n'y aura jamais au <strong>Québec</strong><br />
d'autres centrales comparables à celles de<br />
la baie James. « Il n'existe aucun site d'une<br />
ampleur équivalente à la baie James, préciset-il.<br />
Le complexe de la baie James était un<br />
projet intégré ; il a permis la pro<strong>du</strong>ction de<br />
plus de 12 000 MW. Dans l'ensemble, les<br />
projets en cours de développement ou en<br />
élaboration totalisent tout au plus 4 000 MW,<br />
en excluant les 3 500 MW de Grande Baleine,<br />
projet qui a été mis au rancart. »<br />
La richesse passe plutôt par une ré<strong>du</strong>ction<br />
de la consommation intérieure, au<br />
PIAN : NOVEMBRE <strong>2007</strong> 19