Communauté Israélite de Lausanne 1848-1948. La ... - Ordiecole.com

Avant-propos
1998 n’est de loin pas une année anodine. Certes, nous fêtons le 150ème
anniversaire de la Communauté israélite de Lausanne 1 . Le fait d’y consacrer une
centaine de pages démontre notre intérêt pour son histoire. Mais ce n’est pas tout,
1998 est aussi l’année anniversaire d’autres événements importants.
Reprenons les dans l’ordre chronologique. Il faut bien opérer un choix. Comparonsles
aux autres événements qui font l’objet d’un jubilé.
Commençons par le 200ème anniversaire de la libération du Pays de Vaud de Leurs
Excellences de Berne. C’est en effet le 24 janvier 1798, que les Vaudois voient artir
ceux qui occupaient le canton depuis l’an 1536. Il faut aussi rappeler la tentative du
Major Jean-Daniel Davel, qui sacrifia sa vie à la libération du Pays de Vaud en 1723
dans l’indifférence générale de ses compatriotes. On constate qu’il n’est pas facile
d’être compris et que l’on fête la libération de ceux qui nous oppriment. Voici le
premier des maître-mots du message que nous entendons passer : “ Libération ”
Passons ensuite au 150ème anniversaire de la Constitution fédérale. Elle a le même
âge que la CIL. Elle ne réserva pas au départ des droits égalitaires aux Juifs et aux
Chrétiens, discriminant les premiers sur le plan de la liberté d’établissement, de
confession et des droits politiques. Ce n’est, nous le verrons que sur la pression de
l’étranger que la situation s’est modifiée en 1866. La plus ancienne constitution écrite
d’Europe toujours en vigueur est étrangement celle qui a accordé l’égalité de droits
aux Juifs le plus tard et sur pression de l’étranger (France, Hollande et Etats-Unis
d’Amérique). Voici le second maître-mot “ DEMOCRATIE ”.
C’est encore le 100ème anniversaire de “ J’accuse ”, le célèbre cri du coeur poussé
par Emile Zola dans le quotidien parisien “ L’Aurore ” du 13 janvier 1898, pour venir
en aide au capitaine Alfred Dreyfus injustement condamné pour trahison. Cette
affaire a divisé la France en deux camps : les Dreyfusards et les anti-Dreyfusards.
Ces derniers étaient furieusement antisémites. Ils ont heureusement perdu la bataille
devant l’esprit républicain. A ce propos, nous pensons utile de rappeler qu’Emile
Zola était totalement indifférent à ce qui touchait les Juifs et le judaïsme avant de
prendre conscience de la gravité et de l’injustice de l’Affaire Dreyfus. Le romancier
humaniste qu’il est ne peut en effet supporter d’entendre des violences antisémites
qui vont jusqu’à réclamer “ un wagonnet d’exportation ” pour y mettre “ tous les
youpins, youpines et youpinets de la localité dans les immenses fours à cristallerie ”
de la ville de Baccarat. Ces antisémites là étaient les précurseurs d’autres, qui
mirent plus tard un projet du même ordre à exécution dans les camps de la mort.
Emile Zola prend donc fait et cause contre l’antisémitisme dès 1896 en publiant son
plaidoyer intitulé “ Pour les Juifs ”. Lui ne l’est pas, contrairement à Bernard Lazare,
qui se profile à la même époque comme le porte-parole d’une résistance trop
1 Dès maintenant, nous utiliserons l’abréviation CIL pour Communauté israélite de Lausanne
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