Communauté Israélite de Lausanne 1848-1948. La ... - Ordiecole.com

Les naturalisations
S'agissant des naturalisations, il ne faut pas oublier que les Juifs ont été discriminés en
la matière de 1910 à 1948. En effet, peu de gens savent que le timbre "J" inventé par la
Suisse pour démarquer les Juifs des autres personnes provenant du Reich en 1938
n'était pas un coup d'essai.
Dès 1910, le Département politique fédéral, qui traite les naturalisations, fait apposer à
l'encre ou au crayon un "J" , puis une étoile de David rouge entourée d'un cercle rouge
sur les demandes de naturalisation présentées par des Juifs 1 .
Le protocole signé par les autorités du Reich et de Suisse les 28 et 29 septembre
1938, à l'initiative insistante de celle-ci, prévoyait une mesure tout-à-fait similaire, à
savoir que "tous les passeports des ressortissants du Reich de race juive qui doivent
servir à franchir la frontière ou à séjourner à l'étranger devaient être munis le plus
rapidement possible d'un signe indiquant que le titulaire était juif. Le gouvernement
allemand se réserva d'ailleurs une clause de réciprocité concernant les Juifs suisses.
C'est ainsi que le "J" connut un second épisode dans notre pays....
La Confédération discrimine déjà les Juifs en matière de naturalisation dans les années
1930. Bien entendu, il s'agit là d'une pratique qui n'a aucun fondement juridique. Celle-ci
a été mise sur en place par les chefs de la police des étrangers. Ces mesures sont
encore renforcées par la suite. Les autorités fédérales demandent en effet aux Juifs
établis en Suisse d'établir la preuve qu'ils étaient domiciliés depuis 20 ans dans notre
pays. Cette discrimination se double en 1941, d'un "numerus clausus" du nombre de
naturalisations accordées aux Juifs. Instauré par Max Ruth. 1er adjoint auprès de la
division de police et spécialiste des naturalisations, elle est connue à l'intérieur du
service sous le nom de "Ruthsche Kategorie". Elle fixe à 12 au maximum les
naturalisations de Juifs pour l'ensemble du territoire suisse. Ce chiffre représente un
maximum qui ne peut être atteint que si l'administration estime qu'un tel nombre de
Juifs est suffisamment "assimilés" pour "mériter" d'obtenir la naturalisation.
Ce n'est qu'en 1946, qu'on commence à douter de la légitimité de la "Ruthsche
Kategorie". De même, les fonctionnaires avaient été amenés à faire usage des termes
"aryen" et "non-aryen" dans le langage officiel 1 . Le texte précise exactement que "les
Juifs et les Juives ne sauraient obtenir plus que 12 autorisations de naturalisation par
année"
Cette pratique a été précédée de multiples autres discriminations en matière de
naturalisations des Juifs. Nous avons tout d'abord énoncé, dès 1910, les demandes
qu'ils présentent portent mention d'un "J" ou d'une étoile de David entourée d'un cercle.
Sur le plan cantonal une pratique, puis une loi zurichoise instaurent une inégalité de
traitement dans les conditions formelles imposées aux Juifs de l'Est établis dans le
canton. Alors que les autres personnes doivent établir la preuve d'une domiciliation de
10 ans, celle des Juifs de l'Est portée à 15 ans. Rothmund, qui considère ces dernier
comme nous l'avons exposé comme des "éléments indésirables et inassimilables"
adopte ces conditions discriminatoire comme pratique fédérale en automne 1926, sans
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