03.06.2014 Views

PSC 1-06 - FSP

PSC 1-06 - FSP

PSC 1-06 - FSP

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

d o s s i e r<br />

t h é r a p i e d e l a d o u l e u r<br />

De la douleur vers la<br />

chronicité le rôle des facteurs<br />

De nos jours, un<br />

patient souffrant de<br />

douleurs chroniques<br />

se voit de plus en plus<br />

souvent proposer un<br />

traitement psychologique<br />

qui varie en<br />

fonction du patient et<br />

de sa problématique.<br />

Christine Favre, psychologue<br />

<strong>FSP</strong>, nous<br />

parle de l’approche<br />

cognitivo-comportementale.<br />

Proposer un traitement<br />

psychothérapeutique<br />

à un patient<br />

souffrant de douleur<br />

chronique devient de<br />

plus en plus courant.<br />

Il est bien connu<br />

aujourd’hui que les<br />

facteurs psychologiques<br />

et sociaux<br />

jouent un rôle<br />

important dans<br />

l’évolution de la<br />

douleur vers la chronicité,<br />

et sont plus<br />

déterminants que la<br />

sévérité de la blessure<br />

elle-même. La<br />

douleur conduit à<br />

une expérience qui<br />

dépasse largement celle des sensations<br />

physiques désagréables; elle impose<br />

des changements de style de vie, des<br />

adaptations continuelles qu’une patiente<br />

exprimait ainsi: «C’est une lutte de<br />

tous les jours: jamais la paix, jamais de<br />

vacances!»<br />

Qu’est-ce que la TCC ?<br />

La psychothérapie cognitivo-comportementale<br />

(TCC) a, depuis les travaux de<br />

Turk & al. (1983), fait preuve de son<br />

efficacité et de son adéquation dans le<br />

traitement de la douleur chronique.<br />

Structurée et limitée dans le temps,<br />

Bibliographie<br />

Asmundson, G.J.G., Vlaeyen, J.W. S., & Crombez, G.<br />

(2004). Understanding and treating fear of pain. Oxford:<br />

Oxford University Press.<br />

Bennett-Levy, J., Butler, G., Fennell, M., Hackmann, A.,<br />

Mueller, M., & Westbrook, D. (2004). Oxford guide to behavioural<br />

experiments in cognitive therapy. Oxford:<br />

Oxford University Press.<br />

McCracken, L.M., & Eccleston, C. (2003). Coping or acceptance:<br />

what to do about chronic pain? Pain, 105, 197–204.<br />

Morley, S, Shapiro, D.A., & Biggs, J. (2004). Developping a<br />

treatment manual for attention management in chronic pain.<br />

Cognitive Behaviour Therapy, 33, 1, 1–11.<br />

Turk, C.D, Meichenbaum, D.H., & Genest, M. (1983). Pain<br />

and behavioral medecine: a cognitive-behavioral perspective.<br />

New York: Guildford Press.<br />

centrée en premier abord sur les problématiques<br />

actuelles, la TCC vise une<br />

prise de conscience et un changement<br />

de la signification que la personne<br />

attribue aux événements, son postulat<br />

étant que les hommes sont bien plus<br />

perturbés par ce qu’ils pensent des<br />

choses que par les choses elles-mêmes.<br />

Elle encourage également l’activation<br />

des ressources adaptatives (coping)<br />

afin d’augmenter le sentiment d’efficacité<br />

personnelle. Aujourd’hui, les traitements<br />

TCC de la douleur se veulent<br />

plus spécifiques et s’appuient sur les<br />

mécanismes psychologiques en jeu<br />

dans la douleur, comme les traitements<br />

par exposition à la peur du mouvement<br />

selon le concept de fear-avoidance de<br />

Vlaeyen (Asmundson & al., 2004) ou<br />

ceux basés sur le contrôle de l’attention<br />

(Morley & al., 2004).<br />

Un traitement approprié<br />

D’un point de vue général, la prise en<br />

charge des patients douloureux chroniques<br />

est avant tout multidimensionnelle<br />

(médicale, physiothérapeutique,<br />

sociale et psychologique); du point de<br />

vue psychothérapeutique aussi, elle est<br />

marquée par une très grande diversité<br />

et par la complémentarité des axes<br />

comportementaux et cognitifs. Si la<br />

douleur a des caractéristiques communes,<br />

elle affecte les gens différemment<br />

selon leur personnalité, leur<br />

contexte et leur style de vie et aussi<br />

selon le contexte d’apparition de la<br />

douleur (accident ou non). Il s’agit<br />

alors d’ajuster le traitement à chaque<br />

patient selon ses problématiques<br />

propres. Avant de discuter quelques-uns<br />

des objectifs les plus courants, voyons<br />

plus précisément en quoi la douleur<br />

chronique transforme la vie des personnes<br />

qui en souffrent, car c’est<br />

notamment à travers leur mise en évidence<br />

en début de thérapie que thérapeute<br />

et patient vont définir les difficultés<br />

les plus saillantes et les objectifs<br />

thérapeutiques.<br />

Les effets de la douleur<br />

Le fait d’avoir mal empêche la personne<br />

d’agir comme de coutume, la limite<br />

dans ses activités ou l’oblige à faire les<br />

La psychothérapie et<br />

psychosociaux<br />

choses autrement: faire moins, entrecouper<br />

son activité de pauses… Ces<br />

changements paraissent aller de soi,<br />

mais, pour beaucoup de patients, ils<br />

sont difficiles à accepter. Source de<br />

frustrations, ils témoignent de leurs<br />

incapacités et affectent l’image de soi.<br />

En restreignant autant les activités professionnelles,<br />

quotidiennes, que celles<br />

de loisir, la douleur réduit les sources<br />

de détente et les sources de valorisation.<br />

Morley parle de «cascade psychologique»<br />

pour décrire les pertes qui<br />

touchent les différents rôles sociaux et<br />

compartiments de vie, et qui peuvent<br />

aller jusqu’à remettre en cause l’identité<br />

même de la personne ainsi que le<br />

sens de sa vie. Les relations interpersonnelles<br />

s’en trouvent aussi affectées.<br />

Avec la douleur, on se sent plus irritable<br />

et moins patient. On a moins<br />

envie de sortir parce qu’on ne peut pas<br />

rester assis longtemps, parce qu’on a le<br />

sentiment de n’avoir plus rien à dire et<br />

d’être moins intéressant. L’inactivité<br />

peut aussi mener à un déconditionnement<br />

physique ou à une prise de poids,<br />

ce qui change l’image de son corps. Du<br />

point de vue émotionnel, rares sont les<br />

moments de pure émotion positive;<br />

même les bons moments sont entachés<br />

de désagrément. La coloration émotionnelle<br />

est variée: elle diffère selon<br />

les patients, plus marquée par la tristesse<br />

pour ceux qui se sentent inutiles et<br />

impuissants, par la colère pour ceux qui<br />

ne se voient plus capables de faire ce<br />

qu’ils faisaient avant, par l’anxiété pour<br />

ceux qui ne voient que de l’incertitude<br />

dans leur santé et leur avenir, par la<br />

révolte pour ceux qui ne peuvent<br />

accepter cette cassure dans leur trajectoire<br />

de vie, par la peur pour ceux qui<br />

voient leur corps comme blessé et fragile.<br />

Les croyances jouent un rôle<br />

essentiel. Elles concernent la douleur<br />

et sa signification par rapport à la santé<br />

et à la maladie (c’est un signal qui<br />

indique que quelque chose ne va pas:<br />

il s’agit de le découvrir et de le guérir),<br />

les explications personnelles que se<br />

donne le patient sur ce qu’il a (mon<br />

articulation est sèche, les os frottent et<br />

se réduisent en poussière), la peur du<br />

mouvement et de la re-blessure, ainsi

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!