Dossier pédagogique

Habdaphaï (né en 1960, vit et travaille au Marin)
peinture, dessin
Artiste plasticien présent dans le monde culturel martiniquais depuis les années 80, Habdaphaï est
l’un des fondateurs du Marché d’art contemporain du Marin et de la Galerie Odpis’7. Toujours en
quête d’identité martiniquaise et caribéenne, il développe un travail autour des symboles d’un monde
culturel syncrétique. Il utilise la peinture, mais aussi la vidéo ou la performance.
Voyage des Esprits 2000-2004
Installation de dessins, technique mixte sur papier
De petites feuilles blanches couvertes de symboles se trouvent épinglés à des dessins en forme
d’enveloppes. On pourrait s’imaginer que chaque petite feuille est en réalité une lettre qui devrait se
trouver à l’intérieur d’une des enveloppes. Qui les a écrites ? A qui s’adressent-elles ?
En 2000, Habdahpaï s’agace – pourquoi n’est –il pas possible de placer son œuvre dans un
grand musée sans être obligé de passer par de nombreux intermédiaires ? Il prépare donc des lettres
qu’il enverra dans les plus grandes institutions muséales. Mais cette fois, il ne s’agit pas de dossiers de
présentation de son travail. Dans chaque enveloppe il place des senteurs de la Martinique. Dès que la
lettre se trouve ouverte par le personnel d’un musée – les esprits martiniquais, qui ont sagement
voyagés par la poste, sont libérés dans l’espace d’exposition. Par ce geste poétique, qui dépasse l’atelier
et rentre dans l’espace du réel, Habdaphaï rappelle combien il est difficile d’exister dans le monde de
l’art pour les créateurs issus de territoires périphériques.
Après la destruction de World Trade Center le 11 septembre 2001, arrive une série d’attaques
utilisant des enveloppes piégées à l’anthrax, quiprovoquent la mort de cinq personnes. Habdaphaï est
alors contraint d’arrêter son action, car les enveloppes risquent d’être suspectées de contenir les
dangereuses bactéries. Il
continue à travailler l’idée
du voyage des Esprits par
le biais de la peinture et
du dessin. On y retrouve
des
symboles
caractéristiques de ses
œuvres antérieures. Il
s’agit d’un langage à part
entière, créé par l’artiste
tout au long de ses
recherches sur l’identité
martiniquaise. Certains
signes sont empruntés
aux
cultures
Amérindienne et
africaines, d’autres sont
des
créations
personnelles. Il y en a
plus de 230 à l’heure
actuelle, mais quelquesuns
semblent revenir de manière très récurrente dans les dessins et peintures. Une calebasse, une
voiture, un « Y » qui, associé à un point et quelques courbes piège le spectateur avec humour, en lui
faisant apercevoir un corps de femme sans tête. L’artiste, à qui l’on a demandé la signification de ces
signes répond, qu’il est propre à chacun d’y voir ce qu’il souhaite.
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