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Dossier pédagogique

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Raquel Paiewonsky (née en 1969, vit et travaille à Saint-Domingue, République Dominicaine)<br />

Installation<br />

Diplômée de peinture et design textile, Raquel Paiewonsky questionne le corps en tant que<br />

construction culturelle, mais aussi en tant que récipient qui contient les expériences que nous<br />

traversons dans la vie. En 2009, elle a exposé dans le Pavillon Latino-Américaine à la Biennale de<br />

Venise.<br />

Bitch Balls 2010<br />

installation, ballons, broderie, microfibre<br />

Neuf sphères, chacune marquée d’un cercle de couleur différente, terminé par une petite<br />

excroissance conique, révèlent rapidement au spectateur leur véritable identité. Ce sont des seins<br />

géants, indépendants de tout corps, avec des mamelons de taille exagérée. Ils sont couverts de<br />

microfibre – tissu synthétique qui fait penser à la peau humaine. Ils portent des teintes représentatives<br />

des couleurs de peau de la société dominicaine.<br />

Le titre de l’œuvre joue sur le sens des mots anglais beach et bitch – plage et chienne. L’artiste<br />

explique qu’il s’agit<br />

de « revendiquer ce<br />

dernier terme qui<br />

en anglais signifie<br />

chienne en chaleur.<br />

Dans le jargon<br />

populaire, il a été<br />

adopté comme un<br />

terme péjoratif en<br />

établissant la<br />

comparaison entre<br />

une femme et une<br />

chienne en chaleur,<br />

cela indiquant<br />

l’aspect humiliant<br />

et dénigrant le<br />

rapport sexuel qui<br />

doit être vécu par<br />

la femme. Bitch est<br />

pour moi un terme<br />

sympathique qui<br />

est devenu assez<br />

universel et que je<br />

prétends utiliser<br />

comme allié dans mes représentations du féminin. » - Extrait du catalogue d’exposition<br />

Chaque sein cache à l’intérieur un ballon de plage. Leur utilisation renvoi à plusieurs choses –<br />

le corps-jouet, le corps-artificiel, le corps dépourvu d’âme. Les ballons sont vides, légers, toujours<br />

ronds et prêts à rebondir, ils servent à s’amuser, jouer. Ces seins-simulacres dépourvus de leur rôle<br />

nourricier ne font plus penser ni aux statuettes Artemis à la poitrine multiple, ni à la Venus de<br />

Willendorf, la déesse mère aux formes pleines.<br />

Raquel Paiewonsky dénonce avec beaucoup d’humour le rapport au corps présent dans notre<br />

société. Société qui glorifie l’artificiel, ne laisse rien à l’imagination, enlève au corps féminin son<br />

caractère intime et sacré, lié à la maternité : « Le rôle, le pouvoir et la sensation si merveilleusement<br />

complexe de cette magnifique partie de notre corps a été remplacée par un schéma massif qui nous<br />

déconnecte profondément de l’essentiel ».<br />

La broderie faite à la main sur les mamelons renvoie à l’univers féminin et ne fait que<br />

souligner l’absence du doux geste maternel –elle n’est là que pour décorer.<br />

* Citations de Raquel Paiewonsky proviennent du catalogue de l’exposition<br />

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