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Arts Premiers - Tajan

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PROVENANT DE COLLECTIONS DE DIVERS AMATEURS<br />

244<br />

MASQUE YUPI'K, INUIT, KUSKOKVIM RIVER, Alaska<br />

Masque attrapeur de rêves au visage en transformation<br />

chamanique. Il représente la transformation de l'homme<br />

en phoque dans les rites propiatoires à la chasse. Le<br />

masque dans lequel sont fichés quatre plumes, est surmonté<br />

d'un animal stylisé, poisson, la prise convoitée.<br />

L'ensemble est surmonté d'une arcature en bois flexible<br />

symbolisant le rêve. Cet ensemble constitue un attraperêve<br />

et un médiateur lors de la transformation de l'esprit<br />

en transe chamanique. Le chasseur intercède avec la<br />

Nature afin d'attraper la proie, ou pour la remercier de<br />

l'avoir attrapé.<br />

Bois sculpté, pigments et plumes.<br />

Seconde moitié du XIX ème siècle.<br />

H. 43 CM ; 16 3/4 IN ; H: TOTALE 65 CM; 25 3/4 IN<br />

Commentaire par le docteur Jeau-Loup Rousselot spécialiste<br />

de l'art Eskimo au Staatliches Museum für Völkerkunde de<br />

Munich :<br />

Bien que les masques soient présents dans presque toutes les<br />

cultures, peu sont conservés provenant des chasseurs Eskimo<br />

du Grand Nord. En effet, ceux-ci étaient, en général, fait en<br />

peau, et consistaient en une sorte de rideau, percé de deux<br />

trous pour les yeux. La peau était quelquefois peinte. Dans<br />

l'Alaska de l'ouest, c'est tout le contraire, le chasseur étant<br />

sédentaire, il ne cherchait à faire des masques particulièrement<br />

légers et facilement transportables, dans cette région on peut<br />

observer une grande richesse de masques en bois polychrome.<br />

Le bois ne manque pas dans les deltas du Yukon et du<br />

Kuskokwim, la débâcle, au printemps, apporte de milliers de<br />

troncs arrachés à la forêt boréale. Les eaux peu profondes du<br />

delta du Kuskokwim ont isolé cette côte au temps de la colonisation<br />

russe (jusqu'en 1867), les navires ne trouvant pas de<br />

point d'ancrage, passaient sans s'arrêter. Avec les chercheurs<br />

d'or (Yukon, Klondike, Nome) de la fin du XIX ème siècle, nombres<br />

d'aventuriers et de marchands de fourrures viennent ici chercher<br />

fortune. Avec eux, arrivent les missionnaires qui ouvrent au<br />

christianisme un pays jusque là très traditionnel. Les masques,<br />

encore en usage, font l'admiration des nouveaux venus qui<br />

s'empressent d'en décorer leurs maisons. Avec la christianisation<br />

de la population autochtone, les masque désacralisés font<br />

rapidement l'objet d'un commerce. Au début du XX ème siècle,<br />

les grands s'en procurent par leurs agents sur le terrain.<br />

A la fin des années 30 et pendant la 2e Guerre mondiale, le<br />

Museum of the American Indian de New York vent petit à petit,<br />

une partie de son fonds, ce qui permet, entre autres, aux surréalistes<br />

réfugiés à New York d'en acquérir un certains nombres<br />

qui sont plus tard arrivés en Europe.<br />

Le masque est en général utilisé dans une cérémonie retraçant<br />

un épisode de la mythologie. Ce faisant, les participants veulent<br />

rappeler aux ancêtres et aux esprits les besoins des hommes<br />

en nourriture, ou, après la chasse pour les remercier du succès<br />

de celle-ci. Mais témoigner sa reconnaissance n'était pas tout<br />

; le chasseur en tuant, avait détruit l'équilibre de la nature, le<br />

succès du prédateur faisait qu'il manquait quelque chose de<br />

vivant que la mort de l'animal avait emporté. Alors, il fallait tout<br />

faire pour rétablir l'harmonie originale : par des cérémonies, des<br />

offrandes, par l'observation de tabous on cherchait à compenser<br />

cette de vie. Certains os, ou la vessie, siège de l'âme,<br />

étaient rendus à la nature. Sur ce masque on peut reconnaître<br />

la figure d'un phoque. Donc, par exemple, les vessies des phoques<br />

tués étaient rendues à la mer par la procession des chasseurs.<br />

L'âme de l'animal rendue à la mer, pouvait y retrouver un<br />

corps, donc renaître et ainsi, rétablir l'harmonie originale.<br />

Le masque présenté ici, exhibe un orifice béant (la surface<br />

bleue noire, du haut et du bas), par cette ouverture apparaît la<br />

face du phoque (peinte en blanc), plus bas, une grande bouche<br />

vorace et monstrueuse. Elle est affamée, comme le montre le<br />

nombre de ses dents, mais ces dents sont aussi le signe de sa<br />

puissance. Pouvoir manger beaucoup est une garantie de survie.<br />

Le phoque étant un animal pacifique, s'il a ici, une bouche<br />

menaçante, c'est pour rappeler au chasseur ses obligations<br />

vis-à-vis de l'animal tué. Il faut respecter les traditions, si on<br />

veut s'assurer dans le futur la bonne volonté et la coopération<br />

des animaux. Ces derniers mettent à la disposition des hommes<br />

leur chair, leur peau, leurs os, leurs organes, leurs défenses<br />

(pour les morses), toutes ces parties du corps sont précieuses<br />

et utilisées à diverses fins par les Eskimo Yupik. En cotre<br />

partie, l'esprit de l'animal attend dévotion, respect, reconnaissance,<br />

et aussi d'être distrait pendant ce temps passé chez les<br />

hommes.<br />

Ce très beau masque de la fin du XIX ème siècle, en bois polychrome,<br />

a une longue histoire comme le montre les alésages<br />

sur sa périphérie, et les traces d'herminette au verso. En effet,<br />

ces marques témoignent d'éléments ajoutés, enlevés et remplacés,<br />

suivant les besoins du rite dans lequel était présenté le<br />

masque.<br />

Provenance : Collection Pascal Alcan Legrand, Paris.<br />

Ancienne collection Rasmussen.<br />

Bibliographie:<br />

Fienup-Riordan A., The Living Tradition of the Yupik Masks,<br />

1996.<br />

Nelson E.W., The Eskimo about Bering Strait, 1899<br />

Rousselot J.-L.; et al., Masques Eskimo d'Alaska, 1991.<br />

180 000/220 000<br />

A rare Yupi'k mask, Inuit, Kuskokvim River, Alaska.<br />

A YUPI' K MASK, INUIT, KUSKOKVIM RIVER, ALASKA.<br />

Dreamcatcher mask of a face in chamanic transformation. The<br />

mask represents the transformation of a man into a seal in the<br />

propiatory hunting rites. The mask in which four feathers are<br />

driven, is surmounted by a stylized animal, a fish, the coveted<br />

catch. The unit is surmounted by an arcature made out of flexible<br />

wood symbolizing dreams. This unit constitutes a dreamcatcher<br />

and allows the meditation during the transformation of<br />

the spirit in chamanic trance to intercede with Nature, in order<br />

to make Her allow the hunter to catch the prey or to thank Her<br />

for having caught it.<br />

Sculpted wood, pigments, and feathers may be later edition.<br />

End of 19th century 2nd S.<br />

Comment by Doctor Jean- Loup Rousselot specialist in Eskimo<br />

art in the Staatliches Museum für Völkerkunde of Munich:<br />

Although the masks are present in almost all the cultures, few<br />

are preserved coming from the Eskimo hunters of the Far<br />

North. Indeed, those were, in general, made out of skin, and<br />

consisted of a kind of a curtain, bored of two holes for the eyes.<br />

The skin was sometimes painted. In Western Alaska, it is all the<br />

opposite, the hunter being sedentary, he did not seek to make<br />

particularly light and easily transportable masks, (and) in this<br />

area one can observe a great richness of polychrome wooden<br />

masks.<br />

126 Art d’Asie du Sud Est, Art Amérindien

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