Bulletin de liaison et d'information - Institut kurde de Paris

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Mercredi 12 jUillet 2006
Affrontements intercommunautaires
et attentats à Bagdad
Des miliciens chiites ont mené
une nouvelle opération contre
la communauté sunnite.
Après la tuerie de dimanche,
le quartier chiite de Sadr City
a été la cible d'attentats
Pour la seconde fois en deux jours,
plusieurs dizaines de miliciens chiites
irakiens ont investi un quartier
de Bagdad, mitrailleuses et lance-grenades
au poing. Lundi 10juillet, à la tombée
de la nuit, le quartier mixte sunnite et
chiite de Ghazaliya, à l'ouest de la capitale,
a vécu dans la terreur d'une réédition
de la tuerie d'Al-Jihad où, dimanche, au
moins 57 habitants avaient été exécutés
par des miliciens chiites parce que leurs
cartes d'identité laissaient supposer
qu'ils étaient de confession sunnite.
Selon l'agence Reuters, les hommes
armés de cet assaut contre Ghazaliya se
sont réclamés de l'Armée du Mahdi, la
milice de l'imam radical chiite Moqtada
Al-Sadr, déjà soupçonnés d'être les
tueurs d'Al-Jihad. L'un d'eux, contacté
par Reuters, aurait déclaré: «Nous
allons vider les terroristes de ce quartier. »
Pendant que les miliciens prenaient d'assaut
deux mosquées sunnites de Ghazaliya
et que des affrontements grondaient
dans les rues du quartier, les habitants se
sont barricadés. «J'ai éteint toutes les
lumières,jermé les portes à clé et/ai caché
mes enfants, a raconté un habitant à la
même agence. L'alerte a été donnée par les
mosquées. On avait l'impression que des
individus se précipitaient pour aller défendre
les mosquées. Mais nul ne pouvait dire
qui était qui. »
Cycle de représailles
Dans le désordre général, certains ont
cru reconnaître leurs voisins chiites parmi
les assaillants. Quels qu'ils soient, ces derniers
n'ont nullement été gênés par lesbarrages
de l'armée. Les combats n'ont cessé
que vers minuit, malgré le couvre-feu nocturne
décrété la veille par le gouvernement.
Comme à Al-Jihad, les forces de
sécurité sont arrivées tardivement. L'armée
américaine s'est déployée dans le secteur
et les policiers irakiens ont comptabilisé
trois cadavres, aux abords de la mosquée
sunnite Hadithi.
Les affrontements intercommunautaires
sont devenus monnaie courante
depuis l'attentat contre le mausolée chiite
de Samarra, en février. Mais jusqu'à
présent, il s'agissait d'enlèvements, ou
d'opérations clandestines, menés par des
« escadrons de la mort».
Le «dimanche noir» d'Al-Jihad a
ouvert la voie à une nouvelle forme de terreur
: celle des exécutions de rue en plein
jour ou en plein couvre-feu, où le sang
versé ne peut appeler que plus de sang,
dans un cycle infernal de représailles où
chacune des communautés s'estime martyrisée
par ses adversaires. Après
Al-Jihad, un triple attentat a frappé Sadr
City, fief de l'Armée du Mahdi, faisant au
moins 10 morts et 51 blessés, tous civils.
D'autres attaques ont endeuillé le pays
lundi, notamment à Kirkouk, où un
camion kamikaze a visé l'Union patriotique
du Kurdistan (UPK), le parti kurde
dirigé par le président irakien,] alal Talabani.
Le même jour, une vidéo d'Al-Qaida a
été mise en ligne, montrant les corps mutilés
de deux soldats américains enlevés en
juin, affirmant qu'ils avaient été torturés et
exécutés « pour venger» la jeune Irakienne
violéeet tuée par le soldat Steven Green.
Celui-ci a été inculpé de viol et meurtres
par lajustice américaine._
CÉCILE
HENNION
Les cadavres de deux civils irakiens qui ont été tués le dimanche 9 juillet à Bagdad. Le gouvernement irakien apparaît impuissant
face aux violences quotidiennes dans ce pays. NAMIR NOOR-ElDEEN/REUTERS
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