ValdeMarne n°273 / Novembre 2010 - Conseil général du Val-de ...
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BOUGER EN VAL-DE-MARNE<br />
36<br />
© Marc Ginot<br />
LÉGENDES<br />
Théâtrales Charles-Dullin<br />
Un théâtre « <strong>du</strong> et au présent »<br />
1 2 3<br />
1 Les Vivants et les Morts. Pour sauver leur usine,<br />
ils iront jusqu’au bout. Julien Bouffier met en scène la gran<strong>de</strong><br />
fresque sociale <strong>de</strong> Gérard Mordillat<br />
2 Le Chagrin <strong>de</strong>s ogres <strong>de</strong> Fabrice Murgia : la plainte<br />
violente et sauvage d’une jeunesse blessée,<br />
prix Odéon-Télérama juin <strong>2010</strong>.<br />
3 Notre besoin <strong>de</strong> consolation <strong>de</strong> Julie Bérès,<br />
ou ce qui pourrait advenir <strong>de</strong> nos corps dans le futur :<br />
un théâtre d’images pour une humanité mutante.<br />
4 Pinocchio <strong>de</strong> Joël Pommerat, ou comment <strong>de</strong>venir<br />
grand tout en restant libre. À voir en famille.<br />
5 Capital confiance, par les collectifs Transquinquennal<br />
et Toc : sur le front <strong>de</strong> la crise, une exploration hilarante et<br />
glaçante <strong>du</strong> capitalisme.<br />
5<br />
4<br />
Pleins feux, cinq semaines, sur le théâtre contemporain.<br />
Avec vingt-cinq spectacles, les Théâtrales Charles-Dullin<br />
offrent une occasion assez unique d’aller questionner le<br />
théâtre sur ce qui se passe aujourd’hui dans nos vies.<br />
Cela se passe à la Kos, dans l’est <strong>de</strong> la<br />
France. Cela pourrait être Moulinex,<br />
Metaleurop ou Conti. La logique financière<br />
est partout la même, sans souci <strong>de</strong>s<br />
hommes et <strong>de</strong>s femmes pris dans ses<br />
engrenages. Quand l’usine ferme, Rudy<br />
et Dallas, jeunes parents qui peinent à<br />
joindre les <strong>de</strong>ux bouts, voient leur vie<br />
voler en éclat : un couple, <strong>de</strong>ux êtres<br />
vibrants <strong>de</strong> rêves et <strong>de</strong> révolte, parmi une<br />
cinquantaine d’autres bien décidés à se<br />
battre. À Vitry, où il avait déjà monté<br />
Les Yeux rouges et Hiroshima mon amour,<br />
Julien Bouffier adapte le roman <strong>de</strong> Gérard<br />
Mordillat, Les Vivants et les Morts, dont huit<br />
épiso<strong>de</strong>s ont été diffusés le mois <strong>de</strong>rnier<br />
à la télévision. Le théâtre en offre une<br />
nouvelle dimension. Menée à bras-le-corps<br />
par une vingtaine d’artistes, la version <strong>de</strong><br />
Bouffier nous emporte dans un acte <strong>de</strong><br />
théâtre total, présenté en une ou <strong>de</strong>ux<br />
soirées au choix. L’intégrale (8 heures) est<br />
entrecoupée <strong>de</strong> discussions autour d’une<br />
assiette et d’un verre. C’est l’un <strong>de</strong>s<br />
moments forts <strong>de</strong>s Théâtrales Charles-<br />
Dullin qui se déroulent pendant plus d’un<br />
mois. En tout vingt-cinq spectacles, venant<br />
<strong>de</strong> France, Belgique, Tunisie, Russie…<br />
Soutenu par le <strong>Conseil</strong> général, le festival<br />
s’appuie sur une vingtaine <strong>de</strong> villes et <strong>de</strong><br />
théâtres très engagés dans le compagnonnage<br />
artistique (une dizaine <strong>de</strong> copro<strong>du</strong>ctions<br />
relevées). Sylvain Creuzevault, par<br />
exemple, (trois nominations aux Molières<br />
pour Notre terreur) est artiste associé au<br />
Théâtre-Studio d’Alfortville ; Tatiana<br />
Frolova (Une guerre personnelle) nous a été<br />
révélée au <strong>de</strong>rnier festival Exit à Créteil ; et<br />
trois projets, très soutenus par les théâtres,<br />
ont reçu l’ai<strong>de</strong> à la création <strong>du</strong> <strong>Conseil</strong><br />
général : Catherine Verlaguet pour L’Œuf<br />
et la Poule, Laurence Vielle et Jean-Michel<br />
Agius pour On Air et Julie Bérès pour<br />
Notre besoin <strong>de</strong> consolation.<br />
Initiées en 2006, les rési<strong>de</strong>nces d’écriture<br />
se poursuivent cette année, avec <strong>de</strong>ux<br />
jeunes auteurs, Carole Thibaut et Hédi<br />
Tillette <strong>de</strong> Clermont-Tonnerre, qui ont<br />
choisi d’aller à la rencontre <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />
univers nocturnes emblématiques <strong>du</strong><br />
département, le marché <strong>de</strong> Rungis et la<br />
boîte <strong>de</strong> nuit Metropolis (Traveling 94).<br />
Beaucoup d’inédits donc dans cette<br />
édition, et <strong>de</strong>s événements à ne surtout<br />
pas manquer : la venue <strong>de</strong> Joël Pommerat<br />
avec <strong>de</strong>ux petits bijoux à partager en<br />
© Cici Oisson<br />
© Hermann Sorgeloos<br />
famille (Le Petit Chaperon rouge et Pinocchio) ;<br />
le retour d’Avignon <strong>de</strong> Stanislas Nor<strong>de</strong>y<br />
et Falk Richter avec My Secret Gar<strong>de</strong>n ;<br />
l’accueil généreux d’Ariane Mnouchkine<br />
pour un master class à la Cartoucherie <strong>de</strong><br />
Vincennes ; la journée dédiée au monologue<br />
(Voix singulières) ; la <strong>de</strong>rnière création<br />
- très atten<strong>du</strong>e - <strong>du</strong> Flamand Arne Sierens<br />
(Tous <strong>de</strong>s gagnants) ; ou encore Le Chagrin<br />
<strong>de</strong>s ogres, premier et formidable spectacle<br />
d’un metteur en scène <strong>de</strong> 24 ans, Fabrice<br />
Murgia, qui nous parle <strong>de</strong> sa génération<br />
avec <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>stins extrêmes, la jeune<br />
séquestrée Natascha Kampusch et le<br />
lycéen Bastien Bosse qui tira sur ses professeurs<br />
et camara<strong>de</strong>s avant <strong>de</strong> retourner<br />
l’arme contre lui.<br />
Qu’il s’agisse <strong>de</strong> redonner la parole aux<br />
oubliés <strong>de</strong> la société (Saleté, Motobécane,<br />
Concert à la carte, Un jour j’irai à Vancouver...),<br />
d’évoquer le plus intime <strong>de</strong> nous-mêmes<br />
(Fantaisies, Infiniment là, Hobb Story...), ou <strong>de</strong><br />
disséquer la crise financière comme le<br />
font, avec une ironie salutaire, les collectifs<br />
Transquinquennal et Toc (Capital confiance),<br />
le désir, l’urgence, la nécessité <strong>de</strong> parler<br />
« <strong>du</strong> et au présent » traversent quasiment<br />
tous les spectacles. Un choix revendiqué<br />
par Guillaume Hasson, le directeur <strong>de</strong>s<br />
Théâtrales, pour qui « les artistes sont les<br />
éponges <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>. Des combattants sans armes.<br />
Des explorateurs qui occupent <strong>de</strong>s terrains sur<br />
lesquels nous n’osons plus mettre les pieds, pour en<br />
retirer <strong>de</strong>s formes, <strong>de</strong>s langages et <strong>de</strong>s clartés<br />
nouvelles. » Allons voir.<br />
Pour en savoir plus<br />
Francine Déverines<br />
Du 5 novembre au 12 décembre à<br />
Arcueil, Cachan, Chevilly-Larue,<br />
Choisy-le-Roi, Créteil, Fontenay-sous-<br />
Bois, Fresnes, Gentilly, Ivry-sur-seine,<br />
Le Kremlin-Bicêtre, Maisons-Alfort,<br />
Nogent-sur-Marne, Orly, Vincennes,<br />
Le Perreux-sur-Marne, Rungis,<br />
Saint-Maur, Saint-Maurice, Villejuif,<br />
Villeneuve-Saint-Georges,<br />
Vitry-sur-Seine. Tél. : 01 48 84 40 53 et<br />
www.lestheatrales.com<br />
© Elisabeth Carecchio<br />
Un festival à l’écoute <strong>du</strong> public /<br />
LesColporteurs<br />
Quand les spectateurs<br />
s’en mêlent<br />
Ils aiment le théâtre et le font savoir.<br />
Ce sont les colporteurs. Un réseau <strong>de</strong> plus<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux cents spectateurs qui, tout au long<br />
<strong>de</strong> l’année, tisse le lien entre le public et les<br />
artistes, entre le théâtre et la cité. Pas <strong>de</strong>s<br />
consommateurs mais un vrai public qui a<br />
besoin <strong>de</strong> parler, <strong>de</strong> faire retour <strong>de</strong> ce qu’il<br />
voit et d’inventer <strong>de</strong> nouveaux chemins <strong>de</strong><br />
théâtre. Le 17 octobre <strong>de</strong>rnier, venus <strong>de</strong>s<br />
quatre coins <strong>du</strong> département, ils s’étaient<br />
donné ren<strong>de</strong>z-vous à l’espace culturel<br />
André-Malraux <strong>du</strong> Kremlin-Bicêtre pour<br />
découvrir en primeur la programmation et<br />
les spectacles qu’ils allaient se charger <strong>de</strong><br />
promouvoir autour d’eux, bien en amont<br />
<strong>de</strong>s Théâtrales. Salle quasiment comble,<br />
ambiance conviviale autour d’un verre et<br />
d’un gâteau confectionné à la maison,<br />
extraits <strong>de</strong> spectacles et la parole qui circule<br />
pendant plus <strong>de</strong> trois heures, sans arriver<br />
à tarir le flot <strong>de</strong> questions adressé aux<br />
auteurs et metteurs en scène présents :<br />
Peter Cloos, Julien Bouffier, Laurence Vielle,<br />
Bernard Crombey, Carole Thibaud,<br />
Hédi Tillete <strong>de</strong> Clermont-Tonnerre…<br />
Ouvert à tous : forum <strong>de</strong>s Colporteurs,<br />
le 13 décembre à Anis-Gras, à Arcueil.<br />
Tél. : 01 49 12 03 29. www.lestheatrales.com<br />
Le magazine <strong>du</strong> <strong>Conseil</strong> général / Numéro 273 / <strong>Novembre</strong> <strong>2010</strong> 37<br />
© Cie les cambrioleurs.