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GREEN VAUGHAN<br />
Par Geoffrey SEBILLE<br />
A la question, le journaliste est-il obligé de kiffer<br />
l’artiste qu’il rencontre, la réponse est : euh, non,<br />
pas forcément. Aujourd’hui, les GREEN VAUGHAN,<br />
sur le point d’embarquer aux Transmusicales de<br />
Rennes.<br />
Soyons honnêtes, les circonstances qui m’ont conduit à converser<br />
avec les GREEN VAUGHAN relèvent moins du coup de cœur<br />
musical que de l’opiniâtreté d’un impresario. Depuis le temps que<br />
l’ardent manager des Green m’évoquait, les yeux embués<br />
d’étoiles, le nouveau bébé qu’il avait pris sous son aile, il aura<br />
fallu, visez mon dédain, que le groupe remportasse le Start de<br />
Domaine Musiques ainsi qu’une place au soleil aux Transmusicales de<br />
Rennes pour que je daignasse me pencher sur le sujet. “Si c’est<br />
comme ça, on va te faire un café avec une vieille dosette qui traîne”,<br />
me prévient-on. Et la liberté de la presse dans tout ça ?<br />
GREEN VAUGHAN, donc. Paraît que le patronyme ne possède ni<br />
symbolique, ni signification particulière. Et surtout pas de connivence<br />
avec Stevie Ray Vaughan. L’un a balancé Green. L’autre, Vaughan,<br />
comme un réflexe. “On aurait pu s’appeler Green Chirac”. Hasardeux<br />
baptême. Ainsi débute l’histoire du duo, souvent évoquée comme “un<br />
bras de fer permanent, une confrontation gentille entre deux<br />
personnes.” Anto, guitariste, pèse ses mots d’une voix hésitante. Nico,<br />
plus bourru et barbu, est du genre grande gueule. Normal, à la<br />
maison, c’est lui, qui tient le micro. Comment ça marche, GREEN<br />
VAUGHAN ? “La musique qu’on fait, c’est pas lui, c’est pas moi, c’est<br />
au centre”.<br />
Conflits intérieurs<br />
Visiblement, ne pas être tombé sous le charme du 4 titres des Green<br />
n’est pas une tare. Il serait même conseillé d’oublier le disque si l’on<br />
envisage d’aller applaudir les deux gaillards. “Ce que tu as entendu, là,<br />
c’est vraiment gentil par rapport à ce que ça donne sur scène.” Après<br />
une année, à peine, d’existence, le rodage du groupe est brillant<br />
(Aéronef, Grand Mix, Flèche D’or, Maroquinerie … ) et assez dense<br />
pour que, seules les personnes retranchées dans leur salon à mater<br />
l’intégrale de Pyramide en DVD, n’aient pas vu passer le nom de<br />
GREEN VAUGHAN.<br />
Un éphémère buzz branchouille de plus, s’inquiète le rédacteur de ce<br />
papier, las de voir des combos se contenter de balancer des boucles<br />
avec un Mac tout en dansant de manière convenue ? Autant mater<br />
du Véronique et Davina. Au moins, ça nous fera perdre du poids. A ce<br />
sujet, le discours des GREEN VAUGHAN se veut rassurant, “on veut<br />
exister d’une manière sincère”. Voire mûrement réfléchi : “on n’est<br />
pas juste là pour amuser la galerie.” La musique, une fois n’est pas<br />
coutume, en dompteuse de conflits intérieurs. “Je ne suis pas<br />
quelqu’un d’apaisé. Je ressens cette urgence, ce besoin d’évacuer les<br />
choses”, confie Anto.<br />
Machine de guerre<br />
Si, de loin, GREEN VAUGHAN peut ressembler à son voisin (configuration<br />
scénique, ordi, vidéo-proj et cie), intention est fermement déclarée<br />
de ne pas “faire comme les autres” et de sonner “comme un machine<br />
de guerre”. Tremblez bigoudènes, le prochain fait d’armes de GREEN<br />
VAUGHAN se déroulera à Rennes, le 10 décembre, dans le cadre du<br />
festival des Transmusicales. On raconte même que leur programmation,<br />
outre le fait d’avoir été marmité par la BIC de Lille, s’accompagnerait<br />
d’un coup de cœur du directeur des Trans’ en personne. Bon voilà,<br />
ça, c’était histoire de vous mettre la pression une dernière fois avant<br />
de composter les billets, les gars. “De toutes façons, on s’est telle -<br />
ment loupés qu’on peut plus se louper”, ironise Anto. Ah oui, j’oubliais,<br />
GREEN VAUGHAN, c’est de l’électro-rock. Mais vous le savez aussi bien<br />
que moi, les étiquettes musicales, c’est comme les bandes-annonces<br />
de films. C’est pour les lâches.<br />
VENDREDI 10 DECEMBRE TRANSMUSICALES DE RENNES A Rennes [35] 4BIS<br />
10 • 146 DECEMBRE <strong>2010</strong>