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presto 2010

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AFROCUBISM<br />

World Circuit / Harmonia Mundi<br />

13 ans plus tard, et en dépit des<br />

millions d'albums vendus de par le<br />

monde, on peut l'avouer : l'immense<br />

succès remporté par l'expérience<br />

Buena Vista Social Club n'est au<br />

départ que le résultat d'un coup<br />

foireux ! En effet, selon le strict<br />

projet initial, cette réunion de vétérans<br />

oubliés de la musique cubaine<br />

aurait dû sceller la rencontre de ces<br />

derniers avec certains de leurs<br />

homologues du Mali. Mais en raison<br />

d'une sombre histoire de visas<br />

oubliés, les Maliens restèrent à quai<br />

d ' a é r o p o r t, et ne pouvant plus<br />

désister l'ombrageux Ry Cooder, le<br />

producteur Nick Gold (grand ordonnateur<br />

de ces séances) se résigna<br />

alors à n'enregistrer que les papys<br />

cubains... Le reste appartient au<br />

Guinness Book (record mondial des<br />

ventes, dans le registre worldmusic).<br />

Après avoir tardivement<br />

propulsé les carrières respectives<br />

d'Ibrahim Ferrer, Omara Portuondo<br />

et autres Compay Secundo, et suite<br />

à l'émouvant live Buena Vista Social<br />

Club At Carnegie Hall, voici donc<br />

enfin l'ultime sequel : le retour du fils<br />

de la vengeance, j'ai nommé AFRO-<br />

CUBISM... Qu'hormis quelques jolies<br />

incursions maliennes (“Benséma”),<br />

on aurait aussi bien pu nommer<br />

CUBANAFRISM, tant l'idiôme cubain<br />

domine cette rencontre, au fil de<br />

laquelle, en dépit de la présence du<br />

maître Toumani Diabaté, les instruments<br />

ouest-africains (kora, balafon)<br />

tendent surtout à aromatiser une<br />

sauce largement délayée par l'omniprésent<br />

Eliades Ochoa (dernier<br />

rescapé prégnant de la bande originelle).<br />

Nulle déception pour autant :<br />

comme sur le splendide “ C o n t i -<br />

nental Drifter” de Charlie Musselwhite,<br />

l'ex-leader du Cuarteto Patria<br />

sait très bien imprimer sa patte<br />

distinctive, sans étouffer pour<br />

autant ses invités. À l'arrivée donc,<br />

une belle réussite de plus à porter<br />

au crédit du métissage...<br />

Patrick DALLONGEVILLE<br />

COCOON<br />

Where The Oceans End<br />

Universal<br />

Qu’est ce que c’est beau ! Douze<br />

titres ciselés, des compositions<br />

lipides, des arrangements minutieux.<br />

Et bien sûr, les voix du duo<br />

20 • 146 DECEMBRE <strong>2010</strong><br />

(Morgane et Mark) sont fabuleuses<br />

et agissent avec un charme<br />

féérique. COCOON porte bien son<br />

nom et ne l’a peut être jamais aussi<br />

bien porté. Il est questions d’océans,<br />

de rencontres, de neige, de bateaux<br />

de mouettes, de falaises et cet<br />

univers imaginaire nous incite au<br />

cocooning, à écouter en boucle<br />

l’album, enfoncé sous les couvertures.<br />

Tout le monde se souvient<br />

(peut être) de “On My Way” sur<br />

l’album précédent (“My Friends All<br />

Died In A Plane Crash”). Un truc<br />

inévitable, une mélodie qui vous<br />

prend les tripes. Il pouvait sembler<br />

d i fficile de réitérer ce genre de<br />

choses. Je pensais que c’était<br />

quelque chose qui ne pouvait arriver<br />

qu’une fois dans la carrière d’un<br />

groupe, comme par magie ou par<br />

chance. Il me faut admettre que le<br />

talent pour reproduire ce genre de<br />

pépite. Et le duo en a… Ecoutez<br />

“Sushi”, “Comets”, “Yum Yum” ou<br />

le très mélancolique et beau “Sea<br />

Lion II (I Will Be Gone)” où le refrain<br />

vous aspire secrètement, vous<br />

vampirise. Il y’a aussi des morceaux<br />

plus légers, plus rapides et entraînants<br />

(“Dee Doo”, par exemple) où<br />

d’autres charmes agissent encore.<br />

Les cordes (guitares, violons et<br />

violoncelles) sont mises en avant<br />

avec beaucoup de finesse, les<br />

cuivres tapissent un fond sonore<br />

duquel les voix se détachent. Attention,<br />

cet objet est hautement<br />

addictif !<br />

Steff LE CHIEN<br />

DEFTONES<br />

Diamond Eyes<br />

Reprise records<br />

Qu’allait être l’avenir des DEFTONES<br />

avec un bassiste (Chi) toujours dans<br />

le coma. Même si un album a été<br />

enregistré peu avant son malheureux<br />

accident. Les membres de<br />

DEFTONES, ont décidé d’enregistrer<br />

un autre disque et de ne pas prendre<br />

n ’ i m p o rte quel bassiste, mais Sergio<br />

Vega qui a joué entre autre dans<br />

Quicksand. Etrangement le son me<br />

fait penser à leur premier album<br />

A d re n a l i n e sur chacun des instruments.<br />

Il y a moins cet aspect aérien<br />

dans le chant. C’est un DEFTONES<br />

qui nous apparaît comme à leurs<br />

débuts. Plus brut, plus rêche comme<br />

si certaines choses étaient encore<br />

fébriles. Heureusement, on y<br />

retrouve des titres toujours forts en<br />

tensions, en émotions comme<br />

“CMND/CTRL”, “You’Me Seen The<br />

B u t c h e r ”. “Rocket Skates”<br />

oppresse, pulse et le ton redescend<br />

avec “ S e x t a p e ”, la très belle “ 9 7 6 -<br />

E v i l ”, et “This Place Is Death”. Le<br />

résultat est là ! Réussi.<br />

Grégory SMETS<br />

en concert 14/12 Lille [59]<br />

SPLENDID<br />

DOOBIE BROTHERS<br />

World Gone Crazy<br />

Eagle<br />

Ah, les DOOBIES ! Leur seule évocation<br />

renvoie illico au beau milieu des<br />

seventies, quand ils écumaient l'Europe<br />

avec Little Feat, au sein du<br />

Warner Bros Music Show. Car les<br />

Frères Pétard (traduction littérale)<br />

faisaient alors les riches heures de<br />

Pop Music Hebdo, Best, Extra et<br />

Rock & Folk (couchez donc les<br />

enfants, qu'on puisse digresser tranquilles<br />

entre grand-parents). Armés<br />

de hits aussi imparables que “Long<br />

Train Running”, “China Grove” et<br />

“Listen To The Music”, les DOOBIE<br />

BROTHERS incarnaient la quintessence<br />

de ce son, californien en<br />

diable, qui inondait alors les<br />

airwaves : les concurrents directs<br />

d'America et des Eagles dans les<br />

charts mondiaux. Saga classique :<br />

problèmes de dope, emprisonnement,<br />

cures... Tom Johnston, leader<br />

et principal compositeur dut donc<br />

céder sa place à des requins en<br />

rupture de Steely Dan (l'immonde<br />

Jeff Baxter - devenu depuis expert<br />

en défense militaire U.S. - et le<br />

mercenaire vocal de luxe, Michael<br />

McDonald), avant que la machine ne<br />

s'enraye pour de bon. The end, so ?<br />

On aurait bien pu le croire, sans<br />

cette ultime reformation, qui<br />

regroupe les historiques To m<br />

Johnston et Pat Simmons, avec le<br />

soutien du batteur Michael Hossack<br />

et du troisième gratteux tardif, John<br />

McFee. Et paradoxalement, là où<br />

d'ordinaire, les retouvailles de vétérans<br />

ne suscitent, au mieux, qu'un<br />

embarras poli, les rictus soudain se<br />

figent, et les ricanements s'éteignent.<br />

Car au mépris de toute<br />

probabilité, ces messieurs d'âge<br />

mûr semblent avoir miraculeusement<br />

retrouvé la formule qui les<br />

consacra voici près de quarante ans<br />

: ces harmonies vocales imparables,<br />

et cette rythmique à faire remuer<br />

les plus dodus des arrière-trains. Et<br />

s u r tout, ces refrains fédérateurs<br />

évoquant le soleil de la côte ouest...<br />

Explication plausible : Johnston signe<br />

à nouveau (et chante) les deux tiers<br />

des compos, et la production a été<br />

confiée à l'historique Ted Templeman<br />

(lequel en avait manifestement<br />

conservé la recette, en prévision de<br />

ce retour inespéré). Faîtes donc le<br />

test, une tequila-sunrise (ou un<br />

pétard) au bec : voyage dans le<br />

temps garanti !<br />

Patrick DALLONGEVILLE<br />

GET WELL SOON AND<br />

THE GRAND ENSEMBLE<br />

Live At Konzerthaus Dortmund<br />

Que demande le peuple... Les Allemands<br />

de GET WELL SOON viennent<br />

de mettre en ligne un EP live téléchargeable<br />

de manière totalement<br />

gratuite sur leur site internet. Konstantin<br />

Gropper et ses musiciens<br />

étaient accompagnés pour l'occasion<br />

d'un orchestre symphonique et<br />

délivrent ici six titres de leur dernier<br />

album Vexations. Leur mélancolie<br />

caractéristique est au rendez-vous<br />

notamment sur le sublime “Werner<br />

Herzog Gets Shot”. Un avant goût<br />

plus qu'alléchant avant leur date<br />

belge, sans aucune doute l'une des<br />

dernières dates du groupe avant un<br />

bon moment.<br />

Dorian BRIQUANNE<br />

en concert 01/12 Bruxelles [B]<br />

BOTANIQUE<br />

I HEART HIROSHIMA<br />

The Rip<br />

Cargo Records / Differ-Ant<br />

Dès le bref “Count Me In” inaugural,<br />

la sympathie en gros capital… Les<br />

jeunes australiens (deux guitaristes<br />

et une batteuse/chanteuse) de I<br />

H E A RT HIROSHIMA font dans le<br />

rock lo-fi qu’on aime : celui,<br />

instinctif, dont l’absence de moyens<br />

(voire de compétences techniques)<br />

n’empêche pas la passation d’émotions<br />

ni l’efficacité brute. Des<br />

morceaux simplifiés (la batterie est<br />

minimale, le chant vire souvent au<br />

n’importe quoi, les guitares sont<br />

approximatives en effets et minimales<br />

en justesse) et la faculté de<br />

composer sur ce qui est primordial<br />

en l’occurrence, mélodies et énergies<br />

percutantes (“ S h a k e y t o w n ” ,<br />

“The Corner”…) et ce supplément<br />

d’insolence non calculée. Autant<br />

influencés par leurs glorieux aînés<br />

locaux (The Chills, entre autres) que<br />

par Sleater-Kinney, Elastica ou Pavement<br />

(“Old Tree”), les I HEART HIRO-<br />

SHIMA ressuscitent en fraîcheur<br />

leur panthéon personnel, daté un<br />

peu mais tellement séduisant ainsi<br />

revigoré. Le disque s’essouffle un<br />

peu trop rapidement et perd de l’intérêt<br />

sur les derniers titres, mais<br />

l’essentiel est délivré d’emblée.<br />

Urgemment…<br />

Julien COURBE<br />

KINGDOM<br />

Hemeltraan<br />

Hypertension Records<br />

Suite logique de leur premier EP,<br />

KINGDOM redéfinit amplement sa<br />

musique plus sobre, plus sombre,<br />

plus homogène. Laissant une amertume<br />

de néant, sans vie sur “The<br />

Rivers Rage”, “Elude” aspect d’une<br />

puissance presque démoniaque qui<br />

laisse entrevoir une fissure extérieure<br />

d’un monde incertain. Le<br />

chant arrive religieusement comme<br />

une lamentation d’une plaie béante<br />

de souffrance macabre. KINGDOM<br />

progresse dans son univers et nous<br />

surprend.<br />

Grégory SMETS

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