presto 2010

AN PIERLE
Un album entre urgence et sérénité
Par Steff le CHIEN
J’avais croisé le chemin d’An il y’a quelques
années, à Douai puis en Belgique, à Avelgem.
Deux rencontres charmantes où l’anversoise
s’était montrée simple, diserte et où il était
amusant de voir la différence entre la femme hors
de scène et la princesse avec ses humeurs de
jeune fille sur les planches. Lors de son concert à
La Péniche à Lille (qui affichait complet depuis
longtemps déjà) j’ai eu la chance de croiser à
nouveau la malicieuse.
Comment peux-tu présenter ce nouvel album Hinterland ? Ça
veut dire quoi Hinterland ?
Ça veut dire plein de choses. Le titre est venu grâce à la pochette.
C’est un copain, un français, Jean Baptiste Biche, qu’on a connu par
son site internet. On l’a invité à la maison, il a commencé par faire des
photos de tout, à faire des dessins dessus. En voyant cette pochette,
on s’est dit que ça avait l’air d’un pays, l’album parlait beaucoup de
crépuscule entre l’éveil, le sommeil, la fantaisie ; Hinterland c’est
aussi être à la périphérie, les banlieues en plus poétique, notre
musique était toujours en périphérie. C’est aussi le centre et ceux qui
y habitent n’y sont que par rapport à cette périphérie.
L’Hinterland c’est aussi l’arrière pays mais peut être quelque
chose de psychologique.
18 • 146 DECEMBRE 2010
Oui (pensive)… Quand on fait l’album, on n’y pense pas trop. Les explications
ne viennent qu’après. Nous on suit nos sentiments, on fait
notre musique. Tu ne peux pas choisir ce que tu vas faire, ça vient. On
est venu à la musique par un détour, on ne voulait pas rentrer dans
nos propres pêchers. Je me suis mise à la guitare, à l’ordinateur, on
s’est basé sur le rythme, le groove…
Mais la guitare n’est pas ton instrument ! C’est plutôt le piano
ou l’accordéon…
Justement ! Mais de l’accordéon, je n’en joue pas très bien…
Oui, mais tu t’amuses !
Exactement. Et à la guitare, c’est la même chose quand tu ne sais
jouer que quelques accords. Tu cherches la mélodie, les chansons
sont plus simples à la base.
C’est plus pop alors ?
Je ne sais pas si c’est plus pop maintenant. Non, parce que parfois
les structures… L’album précédent était plus pop. C’est plus immédiat,
plus profond.
Instinctif ? Brut ?
C’est le mot.
Beaucoup de morceaux ressemblent à ce que tu faisais au
début.
On a gardé beaucoup de voix dès la première prise de son et aussi
pour les guitares. Ensuite on a choisi les morceaux mais on a pas
commencé à polir.
Et pour les arrangements : qui fait le travail ?
C’est Koen et moi, beaucoup Koen au début mais on a gardé les lignes
de synthé que j’avais faites initialement. Il est tellement facile de se
perdre dans les arrangements, c’est gai à faire aussi. On a évacué la
crème fraiche et on a recommencé avec la tarte.
Dans l’album, il n’y a pas les paroles !
On a voulu changer. On a demandé à Jean Baptiste quelles étaient les
paroles qui lui parlaient. Il a choisi quelques phrases plutôt que les