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SENSAS LE 106<br />
Par Bertrand LANCIAUX<br />
Vue d’ici, Rouen est une belle endormie qui<br />
connut son heure de gloire avec les Dogs ou les<br />
Olivensteins. En créant une nouvelle salle de<br />
spectacle, le 106, l’agglomération de Rouen (la<br />
CREA) présidée par Laurent Fabius sonne la fin de<br />
la sieste. Entretien avec Jean-Christophe Aplincourt,<br />
directeur du 106, qui ne fait pas trop dans<br />
la réponse de Normand<br />
En quoi le 106 est-il adapté aux enjeux du 21ème siècle en<br />
matière de musiques actuelles ?<br />
Je pense que les nouveaux lieux urbains ne sont pas surdimensionnés<br />
en termes de jauge (1000 à 1500). Cela évite d’empiéter trop sur le<br />
champ plus commercial des Zéniths. Ces lieux ont des clubs pour les<br />
découvertes (300 à 400 places) et des studios de répétition, voire<br />
d’enregistrement, pour entretenir la continuité de l’amateur au professionnel.<br />
C’est plus riche qu’uniquement de la diffusion et certains ont<br />
aussi développé l’action culturelle. Le 106 comporte tout cela, tout en<br />
restant un lieu fluide et assez spacieux. Deux concerts différents<br />
peuvent avoir lieu simultanément. Il y a une bulle radio dans le hall et<br />
on peut y faire entrer de grands volumes pour des installations. Il y a<br />
aussi quelques innovations sociales et techniques comme au Familistère<br />
Godin : une belle arrière-scène avec quai de déchargement à<br />
l’abri, les studios sont très soignés et au centre du bâtiment, pas relégués…<br />
C’est plutôt un processus d’expérimentation qui guide les choix<br />
architecturaux, il faut savoir s’en tenir à ce qui marche bien et innover<br />
de manière réaliste. L’implantation urbaine est aussi un des grands<br />
enjeux depuis toujours : s’approcher le plus possible des cœurs de<br />
ville tout en maîtrisant les nuisances potentielles pour les riverains …<br />
Le 106 comprend un club, une grande salle, des studios de<br />
répétitions, un local radio, des espaces d’expos… Ça fait pas un<br />
peu beaucoup ? Ne craignez-vous pas de vous disperser ?<br />
Au contraire, nous sommes très concentrés, c’est une filière dans un<br />
lieu avec une multiplicité d’approches, un peu comme la chaine de<br />
collaboration d’Howard Becker. C’est aussi dense et riche que les musiques<br />
concernées avec une volonté de documenter la musique, la voir<br />
dans son contexte, mesurer à quel point elle modifie les critères de<br />
perception d’une époque.<br />
Concrètement quelles seront votre feuille de route et votre<br />
marge de manœuvre ?<br />
Concerner 50 000 spectateurs dès la première année, générer une<br />
fréquentation abondante des studios, connecter notre territoire avec<br />
les réseaux de la création mondiale, accompagner les projets artistiques<br />
et associatifs locaux et originaux… La marge de manœuvre est<br />
proportionnelle au niveau de recettes propres attendu (40% tout<br />
confondu), cela laisse une place à l’audace en couvrant des missions<br />
amples. L’organigramme est de 14 salariés de droit commun donc<br />
qualifiés. Il n’y a pas de dumping ce qui est une erreur assez<br />
commune.<br />
Au vu de votre programmation l’éclectisme sera de mise…<br />
Comme dans beaucoup de salles. Comment comptez-vous vous<br />
démarquer, être une alternative aux propositions du privé et un<br />
complément aux autres structures de diffusions de la région ?<br />
L’initiative privée à caractère économique est pour l’instant assez peu<br />
développée en Normandie. C’est plutôt une particularité lilloise liée à<br />
un historique spécifique, en tout cas elle ne s’auto-suffit pas, il a fallu<br />
et il faut encore des lieux construits et soutenus par la puissance<br />
publique pour que cela tienne. A taille d’agglomération approchante,<br />
Lyon est beaucoup moins dynamique que Lille en matière de musiques<br />
actuelles parce qu’il n’y a jamais eu que de l’initiative privée. Pour ce<br />
qui est des autres structures de la région, nous travaillons en réseau.<br />
Il s’appelle RMAHN (prononcez Herman). Ça ressemble au réseau<br />
Raoul. Donc, nous sommes solidaires et souhaitons développer<br />
ensemble des projets. Cela entraîne bien entendu un respect mutuel.<br />
Le 106 est à 2h30 de Lille et 1h15 d’Amiens, comment décider<br />
nos lecteurs de faire le déplacement ?<br />
En mai 2011, nous organisons une thématique qui s’appelle Fast &<br />
Curious. C’est un parallèle entre deux industries nées simultanément<br />
et aujourd’hui mutantes, la voiture et le disque, les fantasmes et les<br />
points de rencontre entre ces deux univers. Il y a aura des expos de<br />
hots rods, low riders (vélos et voitures), focus sur Detroit et la Californie,<br />
conférences, concerts de garage, rockab, soul & électro et des<br />
projections de films cultes… Ensuite nous devrions nous attaquer au<br />
Summer of Love !<br />
Vous venez d’ouvrir en novembre. Quels cadeaux nous réservezvous<br />
pour Décembre ?<br />
Une date exclusive du Persistence Tour avec Sick Of It All, DRI, Blood<br />
For Blood, la création du nouveau concept-spectacle de Tahiti 80, Born<br />
Ruffians, A Place to Bury Strangers, Horace Andy… Tout est sur notre<br />
site internet.<br />
Il y aura toujours de l’action, mais quel sera le rythme de croisière<br />
du 106 ?<br />
92 concerts par an, des résidences, conférences, thématiques, expositions,<br />
émissions de radio, un site internet hyperactif …<br />
Quai Jean de Bethencourt 76100 ROUEN (infoline : 02 32 10 88 60)<br />
www.le106.com<br />
146 DECEMBRE <strong>2010</strong> • 17