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en restant dans une logique avec<br />
“ W h a t ’s Ur Favorite Collar ?”,<br />
“Silver Choice”, “Who Are You ?”,<br />
“Fences For Teeth”, “House Of<br />
Beds”, “Lost In the World”. Il y a<br />
encore quelques petites imperfections<br />
qui restent mineures. Le<br />
résultat est convaincant et indiscutable.<br />
Grégory SMETS<br />
SISKIYOU<br />
Siskiyou<br />
Constellation<br />
Un trio de circonstance et d’accointances,<br />
bâti autour de Colin Huebert<br />
(ex-Great Lake Swimmers) et se<br />
singularisant, dès ce premier<br />
album, par des méthodes d’enregistrement<br />
plutôt artisanales et instinctives<br />
: la structure des morceaux<br />
dans l’urgence, les arrangements<br />
(variés et riches) plus réfléchis. Un<br />
folk-rock lo-fi un peu hétéroclite,<br />
distillant du brut comme du plus<br />
poli, les faisant alterner souvent (un<br />
“This Land” plutôt rude enchaîné<br />
avec un plus doux “Never Ever Ever<br />
Ever Again”), évoquant parfois les<br />
géniaux The Baptist Generals (sur<br />
un “Everything I Have” entrainant et<br />
enthousiaste) et part i c u l i è r e m e n t<br />
touchant sur le fragile “Big Sur”.<br />
Une musique faite pour les feux de<br />
camp venteux sur la côte nord du<br />
Pacifique, du côté de Vancouver.<br />
Pour se réchauffer l’âme, mais en<br />
gardant à l’esprit que le froid en est<br />
une composante essentielle.<br />
Julien COURBE<br />
NARROW TERENCE<br />
Marco Corridos<br />
Dans La Boîte / Discograph<br />
Je me suis presque fait avoir, sur ce<br />
coup là ! La promo m’avait<br />
demandé si je connaissais Narrow<br />
TERENCE. Ben non, pas plus que ça.<br />
On me répond : “Comment ? Tu<br />
n’as pas encore écouté le meilleur<br />
album du monde ?”. Ben non. Envoi<br />
rapide, écoute rapide. Boum ! Ce<br />
n’est pas le meilleur album du<br />
monde, mais je comprends que<br />
certains puissent se tromper (sauf<br />
la promo, pour eux c’est forcément<br />
toujours excellent). Un univers<br />
coincé entre Matt Eliott, Tom Waits<br />
(“Cave In Hell” ou moins évident<br />
avec “Weakness Of The Sheep”) et<br />
beaucoup d’autres influences que<br />
chacun trouvera. Il y’a aussi des<br />
trucs bien tordus, punk grandiloquent,<br />
carnavalesque, purement<br />
rock et un charme baroque quand la<br />
voix se susurre, se chuchote à ellemême,<br />
accompagnée de cordes<br />
acoustiques (‘You made the sea’ est<br />
poignant). L’album est réussi, très<br />
bien produit ! Les arrangements ne<br />
défont pas l’énergie primaire et<br />
brutale et donnent à l’ensemble un<br />
écrin de velours. Même si ce n’est<br />
pas le meilleur album du monde,<br />
c’est beau.<br />
Steff LE CHIEN<br />
RICHARD THOMPSON<br />
Dream Attic<br />
Proper / Harmonia Mundi<br />
Aussi impossible à cataloguer qu'à<br />
réduire à un genre unique, Richard<br />
THOMPSON (né en 1949) s'avère<br />
l'un des ultimes artistes émergés<br />
dans les années 60, encore en<br />
mesure de proposer une œuvre<br />
passionnante en ce nouveau millénaire.<br />
Certes, il fonda Fairport<br />
Convention dès 1967 (un chef<br />
d'œuvre, Liege & Lief en 69), et<br />
accompagna le regretté Nick Drake.<br />
Entre ses collaborations avec sa<br />
première épouse, Linda, et ses<br />
propres albums solo, sa discographie<br />
dépasse à ce jour les cinquante<br />
références, mais ce diable d'homme<br />
échappe, encore et toujours, à toute<br />
classification. Non pas que son art<br />
soit difficile d'accès, mais son indéniable<br />
héritage folk s'est depuis<br />
toujours enrichi d'autres courants<br />
moins apprêtés. Son écriture, aussi<br />
acerbe qu'exigeante, s'accommode<br />
ainsi d'une science de la pyrotechnie<br />
instrumentale sans réel équivalent<br />
contemporain. Imaginez donc la<br />
v e r ve de chroniqueur d'un Ray<br />
Davies, alliée à la fulgurance guitaristique<br />
d'un Tom Verlaine, qui aurait<br />
également digéré la maestria de<br />
Scotty Moore et James Burt o n .<br />
Peinture au vitriol de la haute<br />
finance mondiale qui nous vaut la<br />
crise économique actuelle, “ T h e<br />
Money Shuffle” s'agrémente ainsi<br />
d'un solo tellurique. Pour le reste,<br />
cette nouvelle livraison oscille entre<br />
folk électrifié (“ H e re Comes<br />
G e o rd i e ”), funk mâtiné de gigue<br />
(“Demons In Her Dancing Shoes”)<br />
et lugubres lullabies (“Crimescene”,<br />
“Stumble On”), pour culminer en un<br />
v e r tigineux maëlstrom avec le<br />
terrassant “If Love Whispers Your<br />
Name” (seul équivalent recensé à ce<br />
jour du “Torn Curtain” de Television).<br />
Comme si la performance<br />
n'était pas suffisamment soufflante,<br />
ces treize nouvelles compositions<br />
furent en outre directement enregistrées<br />
en public ! Décidément, ce<br />
satané Richard ne fera jamais rien<br />
comme tout le monde...<br />
Patrick DALLONGEVILLE<br />
SHUGO TOKUMARU<br />
Port Entropy<br />
Souterrain Transmissions<br />
Les Beatles évidemment (“ L a m i -<br />
n a t e ”), Sufjan Stevens sûrement<br />
(“ S t r a w ”), Pascal Comelade très<br />
vraisemblablement aussi (“ D r i v e -<br />
Thru”)… et tout un tas d’autres<br />
bricoleurs pops locaux (une spécialité<br />
japonaise) pour influencer (et<br />
éclairer) l’œuvre déjà bien garnie de<br />
ce jeune homme aux belles idées et<br />
aux jolies compositions. Des instruments<br />
singuliers et des jouets pour<br />
des sons légers et des ambiances<br />
aériennes : des choses a priori insignifiantes,<br />
mais aux grands effets<br />
(quelques souffles vacillants sur<br />
“Linne”, de la scie musicale peutêtre,<br />
l’omniprésence du xylophone<br />
ou d’un de ses dérivés, le charme de<br />
la langue lointaine dans laquelle on<br />
croit reconnaître des tournures<br />
familières et ces mélodies qui se<br />
frayent un chemin facilement vers<br />
l’évidence). Du bricolage plus sérieux<br />
qu’il n’y parait alors, pour des chansons<br />
en émotions douces ou en<br />
rythmes plus sautillants parf o i s<br />
(“Malerina”, “Lahaha” single pop<br />
ovni…). Une révélation du moment<br />
et un des grands disques de l’année<br />
pop assurément…<br />
Julien COURBE<br />
WARPAINT<br />
The Fool<br />
Un girls band, un de plus me direzvous.<br />
Ça peut devenir inquiétant<br />
quatre (jolies) filles qui essayent de<br />
faire sonner des instruments. On ne<br />
citera pas de nom... Cependant, et<br />
après cette remarque misogyne<br />
inutile et non assumée, il convient<br />
de se poser la vraie question : que<br />
vaut ce premier LP des Angelines ?<br />
Ces dernières ne débarquent pas de<br />
nulle part; elles ont déjà écumé pas<br />
mal de salles de concerts à travers<br />
les États Unis et l'Europe, notamment<br />
au côté de Vampire Weekend<br />
ou Yeasayer. Après un EP intitulé<br />
Exquisite Corpse sorti l'an dernier,<br />
c'est donc The Fool qui vient concrétiser<br />
leur entreprise entamée en<br />
2004. Et c'est un pas réussi pour<br />
WARPAINT avec un opus mêlant<br />
voix entrelacées, langoureuses,<br />
presque enfantines, à des mélodies<br />
fines et délicates. Produit par Tom<br />
Biller (Liars, Sean Lennon...), The<br />
Fool est un album du chaud et du<br />
froid, mais toujours intense. On<br />
ressent instantanément l'envie de se<br />
laisser bercer à travers cette mélancolie<br />
proposée par ces quatre<br />
demoiselles bourrées de talents.<br />
Elles nous sortent là l'un des albums<br />
les plus intéressants de cette fin<br />
d'année. Juste à l'écoute du single<br />
“ U n d e rt o w ”, les longues nuits<br />
d'hiver n'ont qu'à bien se tenir. On en<br />
redemande.<br />
Dorian BRIQUANNE<br />
WAT<br />
Wonder<br />
Boxon Records<br />
We Are Terrorist – WAT - est un<br />
quatuor délivrant des sonorités en<br />
provenance d’horizons si différents<br />
mais au final si proches comme<br />
nous le prouve Wonder, première<br />
production de la planète WAT. L’accroche<br />
rock voir cross-over peut<br />
d’entrer nous éblouir mais le ton<br />
change dès les notes suivantes et<br />
partent vers des contrées que n’aurait<br />
pas renié l’amateur de French<br />
Touch avec le spatial “Odyssée“.<br />
Ensuite les ambiances s’entrecroisent,<br />
se frôlent et se poussent entre<br />
pop, électro, rock est tant d’autres<br />
que l’auditeur averti se délectera de<br />
retracer.<br />
Emmanuel QUEVA<br />
TONY JOE WHITE<br />
The Shine<br />
Live In Amsterdam<br />
Munich / Module<br />
Sacré Tony Joe... S'il partage avec<br />
feu son homonyme, Barry (White),<br />
de disposer d'un organe (vocal) dont<br />
les basses suscitent encore et<br />
toujours de coupables gouzis parmi<br />
les dames, la comparaison ne s'arrête<br />
pas là. Car comme J.J. Cale<br />
(dont il demeure l'un des rares<br />
modèles déclarés), Tony Joe pond<br />
grosso modo toujours le même<br />
disque depuis des lustres, avec pour<br />
seule variante la production qu'il y<br />
applique. Cet énergumène (dont le<br />
“Polk Salad Annie” offrit jadis un hit<br />
à Presley, et dont le “ S t e a m y<br />
Windows” suffit à remettre Tina<br />
Turner en selle) préfère depuis<br />
toujours la pêche à la ligne aux feux<br />
de la rampe, même s'il se laisse<br />
encore sporadiquement aller à une<br />
brêve tournée de ci, de là. The<br />
Shine, son 25ème album à ce jour,<br />
s'avère un bon cru pour tous ceux<br />
qui considèrent Lazy (qu'il commit<br />
en 1973) comme la plus convaincante<br />
des professions de foi.<br />
Musique languide de fin de soirée,<br />
de celles qui s'insinuent recta dans<br />
le cerveau reptilien, folk blues au<br />
funk toujours sous-jacent : swamp,<br />
en somme, comme ils disent... Un<br />
bonheur ne venant jamais seul, ces<br />
braves gens de Munich éditent<br />
simultanément un CD/DVD live du<br />
boucanier, capté au Paradiso d'Amsterdam<br />
voici deux ans à peine. L'oc<br />
22 • 146 DECEMBRE <strong>2010</strong>