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« La sexologie rencontre les autres disciplines : saison 2 » - FF3S

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Journal de la Fédération<br />

Française de Sexologie et de Santé Sexuelle<br />

#1<br />

Mai<br />

2011<br />

5 es Assises Françaises de<br />

Sexologie et de Santé Sexuelle<br />

« <strong>La</strong> <strong>sexologie</strong><br />

<strong>rencontre</strong><br />

<strong>les</strong> <strong>autres</strong><br />

<strong>disciplines</strong> :<br />

<strong>saison</strong> 2 »<br />

Montpellier – du 22 au 25 mars 2012<br />

www.ff3s.com<br />

santé<br />

publique / 12<br />

des spots<br />

contre <strong>les</strong><br />

violences<br />

sexuel<strong>les</strong><br />

Cette campagne vise<br />

à enseigner aux enfants<br />

leurs droits de fixer<br />

des limites et de<br />

dénoncer <strong>les</strong> abus.<br />

Psycho / 12<br />

Travestissement<br />

Médical / 16<br />

Le temps<br />

du couple


Edito<br />

Sexologie, une histoire en mouvement<br />

Marie Hélène Colson<br />

marie.helene@colson.fr<br />

<strong>La</strong> <strong>sexologie</strong> est une discipline neuve. Elle s’est progressivement<br />

affirmée depuis une trentaine d’années, en réponse à de nouveaux<br />

besoins, à de nouvel<strong>les</strong> aspirations des individus et des coup<strong>les</strong>.<br />

Portée par la libéralisation de la parole et la médiatisation de la<br />

sexualité, elle s’est renforcée avec l’avènement des aspirations au<br />

bonheur et au plaisir, de toute une génération de baby-boomers.<br />

Une demande nouvelle, soutenue par des ressources nouvel<strong>les</strong><br />

el<strong>les</strong> aussi, avec la commercialisation de molécu<strong>les</strong> novatrices, au<br />

secours des défaillances sexuel<strong>les</strong> principalement masculines.<br />

Venue de Californie, la <strong>sexologie</strong> française a peu à peu mérité ses<br />

lettres de nob<strong>les</strong>se, en se construisant, en s’identifiant comme une<br />

discipline à part entière, portée par différents courants de pensée<br />

et par <strong>les</strong> systèmes thérapeutiques qui l’ont fondée. Avec le temps,<br />

en France, la <strong>sexologie</strong> s’est progressivement affirmée comme un<br />

territoire croisé, riche de sa transversalité, de ses différences, entre<br />

médecins ou pas, universitaires ou pas. Un carrefour de réflexion<br />

et d’action thérapeutique original et efficace.<br />

Le bilan de notre action au sein de nos sociétés savantes est<br />

particulièrement positif. Ensemble, nous avons affirmé notre<br />

expérience, notre professionnalisme, et notre identité. Ensemble<br />

nous avons progressé pas à pas dans la reconnaissance de la<br />

validité scientifique et de l’importance thérapeutique de notre<br />

profession. Nous avons conçu, mis en œuvre et donné une<br />

dimension nationale à l’enseignement universitaire de la <strong>sexologie</strong>.<br />

Nous avons créé Sexologies, la revue scientifique, indexée,<br />

des Sexologues français et européens. Nous avons publié, puis<br />

actualisé des recommandations de prise en charge thérapeutique<br />

de la dysfonction érectile destinées aux médecins non sexologues,<br />

et nous allons continuer dans cette voie pédagogique. Nous avons<br />

structuré et commencé à mettre en œuvre la formation continue<br />

envers <strong>les</strong> médecins et <strong>les</strong> non médecins.<br />

Aujourd’hui, après un long chemin, nous célébrons enfin l’avènement<br />

de la <strong>FF3S</strong>, Fédération française de <strong>sexologie</strong> et de santé<br />

sexuelle. L’union de nos forces vives, cel<strong>les</strong> de la SFSC et de<br />

l’AIHUS, va nous permettre d’accéder à une étape essentielle de<br />

notre développement. Il nous faut aujourd’hui privilégier la<br />

reconnaissance accrue de notre profession auprès des instances<br />

universitaires et de santé. Nous ne pourrons pas continuer à nous<br />

renforcer sans une participation plus active aux grands débats qui<br />

mobilisent aujourd’hui notre société. L’objectif de la <strong>FF3S</strong> est de<br />

nous permettre de disposer d’un espace privilégié de représentation<br />

pour notre profession. <strong>La</strong> <strong>FF3S</strong> doit être le fer de lance des actions<br />

communes à mener en direction de la défense des intérêts des<br />

sexologues, conjointement au SNMS. Elle doit nous permettre de<br />

devenir l’interlocuteur de référence et le partenaire privilégié des<br />

grandes instances et des medias. Nous devons intervenir activement,<br />

et à un niveau national, dans <strong>les</strong> grands débats d’aujourd’hui<br />

impliquant la sexualité : violences conjuga<strong>les</strong>, criminalité sexuelle,<br />

harcèlement sexuel, sexualité sur internet et pornographie, grandes<br />

actions de prévention envers l’enfance et l’ado<strong>les</strong>cence, contraception,<br />

éducation sexuelle, éducation thérapeutique, procréation<br />

médicalement assistée, MST et Sida, etc. Nous nous devons<br />

d’apporter notre expertise aux grands débats d’idées, actuellement<br />

laissés à la seule discrétion des medias, qui généralisent des normes<br />

anarchiques, édictées sans validité ni scientifique, ni éthique,<br />

ni morale, vides de cohérence interne. Aux besoins sociétaux<br />

d’aujourd’hui, à ces nouvel<strong>les</strong> urgences, nous devons opposer de<br />

nouvel<strong>les</strong> ressources. <strong>La</strong> <strong>FF3S</strong> est l’outil qui va nous permettre de<br />

continuer à nous développer autrement, dans une société au paysage<br />

profondément remodelé. <strong>La</strong> <strong>FF3S</strong> n’a pas vocation à se substituer<br />

aux sociétés savantes qui la constituent. L’AIHUS et la SFSC restent<br />

<strong>les</strong> garants du contenu scientifique, moral, éthique, de la <strong>sexologie</strong><br />

française. Il nous reste encore à structurer une véritable théorie<br />

scientifique autour d’une clinique encore en pleine définition, à<br />

continuer à valider nos systèmes thérapeutiques par un renforcement<br />

de nos publications. Cela reste le rôle de nos sociétés savantes<br />

et de leurs commissions de recherche.<br />

Pierre Costa est le Président de notre fédération et Marc Ganem<br />

en est le Vice Président. Tous deux ont mandat pour nous<br />

représenter, à la fois auprès des grandes instances et auprès de<br />

l’industrie pharmaceutique. Leur action, soutenue par la force<br />

unie de nos deux sociétés savantes, sera décisive.<br />

Le site internet de la <strong>FF3S</strong>, principalement tourné vers le grand<br />

public, est destiné à devenir l’un des grands moyens de diffusion de<br />

notre compétence professionnelle, de notre validité scientifique, et de<br />

notre éthique. Il servira d’outil d’éducation thérapeutique envers le<br />

grand public, mais aussi de moyen de formation pour <strong>les</strong> professionnels<br />

de santé souhaitant s’initier ou se perfectionner à la <strong>sexologie</strong> et/<br />

ou à la médecine sexuelle, par des modu<strong>les</strong> de e-learning. Il servira<br />

aussi de lien entre nos membres et aux étudiants de nos enseignements<br />

grâce à des espaces et des forums dédiés. Nous comptons sur<br />

vous tous pour y participer activement et le faire vivre. Chacun<br />

d’entre nous peut y contribuer et je demande à nouveau à tous ceux<br />

qui souhaitent s’y impliquer plus activement de se rapprocher de<br />

moi. Nous comptons sur vous tous pour y participer activement et<br />

le faire vivre. Chacun d’entre nous peut y contribuer et je demande à<br />

nouveau à tous ceux qui souhaitent s’y impliquer plus activement de<br />

se rapprocher de moi. Nous avons aujourd’hui, l’occasion d’écrire<br />

une nouvelle page d’histoire de la <strong>sexologie</strong> française grâce à la <strong>FF3S</strong>.<br />

C’est elle qui nous permettra de continuer à nous développer, tous<br />

ensemble, en disposant de moyens d’action plus puissants et plus<br />

efficaces. Nous pourrons ainsi nous préparer à relever <strong>les</strong> défis<br />

toujours plus diffici<strong>les</strong> d’une société en pleine redéfinition. •<br />

# 1 / Mai 2011 3


Agenda<br />

S<br />

6èmes JOURNEES FRANCO-MAROCAINES DE GYNECOLOGIE OBSTETRIQUE<br />

Du 12 au 15 mai 2011 (Hôtel Kenzi Menara) MARRAKECH (Maroc)<br />

www.<strong>les</strong>jfm.com<br />

<br />

2ème CONGRES DU GROUPE D’EUTDE SUR LA MENOPAUSE<br />

ET LE VIEILLISSEMENT HORMONAL<br />

Du 13 au 14 mai 2011 – (Hôtel Marriott) PARIS (France)<br />

www.gemvi.org<br />

<br />

<strong>les</strong> journées sexogyn<br />

Du 27 au 28 mai 2011 – (Hôtel Mercure Centre) MARSEILLE (France)<br />

www.gynecomarseille.com<br />

13TH WORLD CONGRESS ON MENOPAUSE<br />

Du 8 au 11 juin 2011 – ROME (Italie)<br />

www.imsroma2011.com<br />

WAS – 20TH WORLD CONGRESS FOR SEXUAL HEALTH<br />

Du 12 au 16 juin 2011 – GLASGOW (Grande Bretagne)<br />

E-mail : was@kenes.com<br />

LES TRANSVERSALES<br />

Du 22 juin au 25 juin 2011 – BIARRITZ (France)<br />

www.congresmedical-team5.com/transversa<strong>les</strong>2011<br />

<br />

CIFAS – 6ème CONGRES INTERNATIONAL FRANCOPHONE<br />

SUR L’AGRESSION SEXUELLE<br />

Du 12 au 14 septembre – (Palais des Congrès) MONTREUX (Suisse)<br />

www.unil.ch/cifas2011<br />

<br />

14th CONGRESS OF THE EUROPEAN SOCIETY<br />

FOR SEXUAL MEDICINE<br />

Du 1er au 4 décembre 2011 – MILAN (Italie)<br />

www.essm.org<br />

Retrouvez toutes <strong>les</strong> manifestations sur www.ff3s.com<br />

sexologos<br />

est édité par la Fédération<br />

Française de Sexologie<br />

et Santé Sexuelle<br />

Président<br />

Pierre Costa<br />

vice-président<br />

Marc Ganem<br />

secrétaire général<br />

Marie-Hélène Colson<br />

trésorier<br />

David Zarouk<br />

<strong>FF3S</strong><br />

Siège social<br />

215 chemin de la Pimprenelle<br />

30000 Nîmes<br />

REALISATION EDITION<br />

326 Bureaux de la colline<br />

92213 Saint Cloud Cedex<br />

Tél. 01 49 10 38 92<br />

Fax 01 49 10 00 56<br />

evenements@r-events.fr<br />

www.r-events.fr<br />

4 Mai 2011 / # 1


ommaire<br />

#1<br />

Mars<br />

2011<br />

14<br />

18<br />

4 SexoAgenda<br />

6 Santé<br />

à la une<br />

Du monde<br />

Publique<br />

12 SexoFormation<br />

SexoMéd<br />

14 Le temps du couple<br />

17 SexoEn crise<br />

Académie des Sciences Sexologiques : Actualité et Devenir<br />

SexoPsy<br />

18 Travestissement<br />

21 SexoPsycho<br />

Et si la sexualité était de « nature initiatique »…<br />

22 Quand le symptôme sexuel<br />

vient dire le conflit<br />

25 SexoBillet d’humeur<br />

« En somme l’âge médical peut commencer » Ju<strong>les</strong> Romains (Knock)<br />

22<br />

26 SexoArt<br />

Cotisation<br />

2011<br />

Je souscris à :<br />

80 euros : Membres titulaires (chèque libellé à l’ordre de la SFSC)<br />

Comprenant l’abonnement gratuit à<br />

40 euros : Membres attachés ou FMC (chèque libellé à l’ordre de la SFSC)<br />

Comprenant l’abonnement gratuit à<br />

Abonnement préférentiel à la revue “Sexologies” organe scientifique de la <strong>FF3S</strong> : 80 euros<br />

(chèque de 70 euros à l’ordre d’ELSEVIER MASSON – la SFSC prend 10 euros à sa charge sur cet abonnement)<br />

Coupon et chèque à renvoyer à SFSC - 32, av. Carnot, 75017 Paris<br />

Nom : Prénom :<br />

Profession : Date de naissance :<br />

Adresse :<br />

Téléphone : E-mail :<br />

$<br />

# 1 / Mai 2011 5


à la une<br />

DYSFONCTIONS<br />

SEXUELLES FEMININES<br />

Quand, pourquoi<br />

et comment en parler<br />

avec <strong>les</strong> urologues ?<br />

Les dysfonctions sexuel<strong>les</strong> féminines (DSF)<br />

sont fréquentes et souvent associées à des<br />

pathologies urogynécologiques. Certaines<br />

peuvent être prises en charge par <strong>les</strong> urologues.<br />

Il ne faut donc pas hésiter à <strong>les</strong> évoquer avec<br />

<strong>les</strong> patientes.<br />

20 à 50 % des femmes souffriraient de dysfonctions<br />

sexuel<strong>les</strong> à un moment de leur vie et dans<br />

une enquête américaine, 25 % seulement des<br />

praticiens interrogés ont reconnu avoir abordé<br />

la question de la sexualité avec leurs patientes.<br />

Quatre types de DSF sont décrits : <strong>les</strong> troub<strong>les</strong><br />

du désir, de l’excitation, de l’orgasme et <strong>les</strong><br />

dyspareunies. Chaque diagnostic est divisé<br />

en primitif ou acquis, général ou situationnel,<br />

organique ou psychogène.<br />

Différentes pathologies peuvent induire des<br />

DSF : l’âge et la ménopause bien sûr, mais<br />

aussi des pathologies chroniques (neurologiques,<br />

cardiovasculaires, cancéreuses),<br />

le diabète, la chirurgie pelvienne, <strong>les</strong> syndromes<br />

dépressifs, le poids de l’éducation…<br />

Les DSF sont fréquentes (de 40 à 60 % selon<br />

<strong>les</strong> études) chez <strong>les</strong> femmes dont le partenaire<br />

présente une dysfonction érectile (DE). De plus,<br />

la présence d’une DSF est un facteur prédictif<br />

négatif de prise en charge des DE. Cependant,<br />

il n’y a pas de corrélation entre la présence de<br />

DSF et l’étiologie de la DE (Greenstein, 2006).<br />

Chez <strong>les</strong> femmes présentant des troub<strong>les</strong> du<br />

bas appareil, on observe une prévalence élevée<br />

de DSF (troub<strong>les</strong> de désir, douleur et diminution<br />

de la satisfaction) liée à l’anxiété et à la baisse<br />

d’estime de soi. Un syndrome anxiodépressif<br />

est souvent retrouvé chez ces patientes.<br />

L’incontinence urinaire a un fort retentissement<br />

sur la sexualité et deux études ont montré une<br />

amélioration de la DSF après correction du<br />

trouble par l’oxybutinine (Ditropan). Les DSF<br />

sont aggravées quand des troub<strong>les</strong> de la statique<br />

pelvienne sont associés à l’incontinence<br />

d’effort. Il en est de même des prolapsus sévères<br />

qui s’accompagnent d’une incontinence.<br />

En ce qui concerne la prise en charge thérapeutique<br />

des DSF, la rééducation pelvipérinéale<br />

améliore la sexualité par renforcement du<br />

plancher périnéal. Le traitement de l’incontinence<br />

par bandelettes TOT (Trans-Obturator Tape)<br />

ou TVT (Tension-Free Vaginal Tape) améliore<br />

aussi <strong>les</strong> DSF.<br />

<strong>La</strong> chirurgie des prolapsus améliore <strong>les</strong> DSF<br />

quelle que soit la voie d’abord.<br />

AFU 2010<br />

1 Français sur 5<br />

s’est déjà inscrit<br />

sur un site<br />

de <strong>rencontre</strong>s<br />

Un français sur cinq a déjà été inscrit sur un<br />

site de <strong>rencontre</strong>s, « à la recherche de l’amour pour une nuit ou pour la vie,<br />

d’un échange, d’une amitié » et <strong>les</strong> hommes sont plus nombreux que <strong>les</strong> femmes<br />

à faire la démarche, selon une étude CSA pour Orange et le magazine TerraFemina.<br />

Le succès de Meetic, poids lourd du secteur, a fait des petits : quelques<br />

2 000 sites internet spécialisés existent, qui visent <strong>les</strong> quelques 15 millions de<br />

célibataires français. 1 français sur 5 (20 %) a déjà été inscrit sur un de ces sites,<br />

8 % l’étant toujours actuellement et 12 % s’étant désinscrits. Les hommes sont un<br />

peu plus nombreux à avoir fait la démarche : 23 % contre 17 % chez <strong>les</strong> femmes,<br />

tous âges confondus. 67 % des femmes âgées de 25-49 ans indiquent s’être désabonnées<br />

car el<strong>les</strong> avaient rencontré quelqu’un – sans préciser si cette <strong>rencontre</strong><br />

s’est faite grâce au site web ou pas – contre 46 % des hommes du même âge.<br />

« Internet est devenu un partenaire technologique pour trouver quelqu’un<br />

pour la nuit ou pour la vie, on connaît désormais tous quelqu’un qui a trouvé<br />

quelqu’un sur internet ou qui y va dans ce but », souligne le sociologue Pascal<br />

<strong>La</strong>rdellier cité dans l’étude. « D’après ce baromètre, 62 % des français pensent<br />

que ces sites ne servent qu’à multiplier <strong>les</strong> conquêtes, et nouer des relations courtes.<br />

Les hommes le pensent plus que <strong>les</strong> femmes -66 % contre 58 %. Et d’<strong>autres</strong> en<br />

profitent pour se faire des amis, tout simplement », résume l’enquête. « Il y a une<br />

dédramatisation de ces sites, y aller n’a plus rien de sulfureux » estime M. <strong>La</strong>rdellier,<br />

un phénomène qu’il nomme « droit au libertinage ».<br />

Cette enquête a été réalisée auprès de 988 personnes interrogées en ligne<br />

du 18 au 22 novembre.<br />

UNE STATUE GéANTE DE FEMME NUE DéCLENCHE<br />

UNE LEVéE DE BOUCLIERS EN TOURAINE<br />

Un projet de statut monumentale d’une femme nue, appelée à surplomber une abbaye historique<br />

aux portes de Tours, suscite une virulente polémique : <strong>les</strong> opposants crient à l’hérésie et une<br />

pétition appelant à sa délocalisation a déjà recueilli plus de 4 000 signatures. Au milieu de sa<br />

fonderie-atelier de Rochecorbon près de Tours, le sculpteur de renom Michel Audiard, auteur du<br />

projet de « Femme Loire » financé sur ses propres deniers et par du mécénat d’entreprise,<br />

s’amuse de toute cette agitation. <strong>La</strong> statue, représentant<br />

une femme nue allongée et accoudée sur le sol, mesurera 17<br />

mètres de haut et 40 de long, et sera faite de carton, de<br />

plâtre et de chaux. Sous ses immenses jambes repliées doit<br />

être construit un espace vitré appelé à accueillir visiteurs,<br />

expositions et spectac<strong>les</strong>. Ce sera « un marqueur identitaire<br />

régional », visible notamment par <strong>les</strong> millions d’automobilistes<br />

empruntant l’A10 Paris Bordeaux, assure l’artiste rendu<br />

célèbre par ses stylos sculptés prisés de Bill Clinton ou<br />

Madonna. L’emplacement : un terrain prêté à l’artiste par la<br />

municipalité, qui surplombe, caché par <strong>les</strong> arbres, le site historique de l’Abbaye de Marmoutier, sur<br />

la rive nord de la Loire en face de Tours. <strong>La</strong> pétition a été lancée par un comité qui se veut<br />

apolitique et agit au nom de la défense de l’Abbaye de Marmoutier, fondé par Saint Martin au 4e<br />

siècle, situé au cœur du Val de Loire inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Le texte a recueilli<br />

en quelques semaines plus de 4 000 signatures : responsab<strong>les</strong> d’associations, élus, catholiques ou<br />

simp<strong>les</strong> citoyens outrés. Sur le site de la pétition comme sur Facebook ou Twitter, <strong>les</strong> détracteurs<br />

sont vent debout. Pas tant contre la statue elle-même mais contre son emplacement prévu.<br />

« Honte », « provocation » reviennent en boucle.<br />

6 Mai 2011 / # 1


Mot du Président de la Sfsc<br />

Se reconnaître<br />

et être reconnu…<br />

En ce 1er avril 2011 la SFSC a élu son nouveau Président et à travers<br />

ma candidature une équipe qui a recueilli la confiance du Conseil à<br />

l’unanimité. Le chemin parcouru depuis la naissance de la SFSC en 1974<br />

est aussi impressionnant que riche d’enseignement de la part de ceux<br />

qui ont osé ouvrir la voie, jusqu’à faire admettre non sans mal la notion légitime<br />

de santé sexuelle, au-delà des préjugés et des tabous.<br />

Le chapitre de la vie de la SFSC durant <strong>les</strong> 16 dernières années a été écrit sous<br />

la Présidence du Dr Marc GANEM dont je tiens à saluer ici, au nom des<br />

membres de la SFSC, la constante pugnacité alliée à la sagesse non moins<br />

volontaire du Dr Nicole ARNAUD-BEAUCHAMPS (Vice Présidente) et à<br />

la persévérance méticuleuse du Dr Arnaud SEVENE, honnête homme par excellence au sens humaniste.<br />

Le passage de témoin revêt à mes yeux un double impératif : se reconnaître et être reconnu.<br />

Continuer à se reconnaître dans la SFSC sera une préoccupation pour chacun de ses membres<br />

se revendiquant d’appartenir à une société savante et d’utilité publique. Ensemble, médecins<br />

et non médecins abordant le champ de la <strong>sexologie</strong> avec autant de formations spécifiques que<br />

de sensibilités diverses, continuent de faire évoluer <strong>les</strong> concepts touchant à la sexualité humaine,<br />

grâce au partage de leurs expériences professionnel<strong>les</strong> et/ou leurs travaux scientifiques.<br />

Être reconnu implicitement à travers la SFSC, elle-même visible et crédible autant auprès des instances<br />

politiques de santé et <strong>les</strong> organismes universitaires faisant autorité qu’aux yeux du grand public<br />

-nos patients- toujours désireux de s’informer et de faire confiance à bon escient.<br />

Ambitieux défi en effet que cette reconnaissance en miroir : il sera relevé par l’approfondissement<br />

de nos connaissances sur tous <strong>les</strong> aspects de la <strong>sexologie</strong> déclinés dans nos séminaires, congrès et assises,<br />

et ce, grâce au soutien de nos partenaires de l’industrie pharmaceutique, qui ont parfaitement saisi<br />

le formidable levier de progrès que constitue cette unique transversalité entre <strong>les</strong> différentes <strong>disciplines</strong><br />

se relayant et se reliant <strong>les</strong> unes aux <strong>autres</strong>.<br />

<strong>La</strong> SFSC doit sa vitalité à l’extraordinaire élan donné par nos aînés et à la force de conviction<br />

des passionnés de la formation continue.<br />

<strong>La</strong> SFSC se sait et se veut toujours être reconnue par son abord raisonné de toutes <strong>les</strong> thématiques,<br />

par ses postures raisonnab<strong>les</strong>, et par son engagement dans des pistes de réflexion en résonance avec<br />

<strong>les</strong> valeurs actuel<strong>les</strong> professionnel<strong>les</strong> et sociéta<strong>les</strong>.<br />

David Zarouk<br />

# 1 / Mai 2011 7


Du monde<br />

12 KILOS EN TROP,<br />

SEXE EN MOINS<br />

Une étude récemment commanditée en Angleterre par une marque de produits<br />

amincissants cherche à prouver que <strong>les</strong> femmes minces font plus l’amour que<br />

<strong>les</strong> femmes grosses. Parmi 3 000 femmes interrogées, plus de la moitié des<br />

« tail<strong>les</strong> 36 » disent avoir fait l’amour dans <strong>les</strong> sept derniers jours précédant<br />

l’étude. En revanche, 12 % des obèses affirment ne pas avoir eu de relations<br />

sexuel<strong>les</strong> depuis un an et 6 %<br />

disent ne pas avoir eu d’aventures<br />

depuis six mois. On suppose<br />

que le but de l’enquête est de<br />

pousser <strong>les</strong> femmes fortes à faire<br />

un régime en leur donnant une<br />

motivation supplémentaire…<br />

Mais la vraie question est<br />

ailleurs. Qu’est ce qui empêche<br />

vraiment ces femmes de profiter<br />

des plaisirs charnels ? Dans<br />

une société où la quête de la<br />

perfection physique (passant<br />

obligatoirement par la minceur)<br />

est le nouveau Graal, ceux et<br />

cel<strong>les</strong> qui ne correspondent pas<br />

à cet idéal ont tendance à s’exclure<br />

d’eux-mêmes. <strong>La</strong> représentation<br />

de soi est essentielle<br />

dans le fonctionnement du<br />

désir féminin. Le manque de<br />

confiance en soi, l’ignorance choisie ou la haine de son propre corps ne mettent<br />

pas dans des dispositions érotiques idéa<strong>les</strong>. Loin s’en faut.<br />

Concrètement, avoir des formes peut être un atout de taille, car la sensualité se<br />

niche aussi dans la chair : une belle poitrine débordant du soutien-gorge, ou des<br />

fesses généreusement appétissantes… Mais <strong>les</strong> hommes aiment <strong>les</strong> femmes<br />

plantureuses qui s’assument et non cel<strong>les</strong> qui se cachent…<br />

Pourquoi <strong>les</strong> amygda<strong>les</strong> cérébra<strong>les</strong><br />

diffèrent selon le sexe<br />

L’amygdale, une formation cérébrale impliquée<br />

dans le contrôle des réponses comportementa<strong>les</strong>,<br />

tel<strong>les</strong> que la peur ou l’anxiété, présente des<br />

différences en fonction du sexe, mais dont la nature<br />

est encore mal comprise. Des Américains<br />

apportent un éclairage nouveau en objectivant<br />

une genèse plus importante des astrocytes<br />

au niveau de l’amygdale médiane en cours de<br />

développement chez <strong>les</strong> rates que chez <strong>les</strong> rats.<br />

Les endocannabinoïdes sont à la base de cette<br />

différence et l’administration d’un agoniste non<br />

sélectif des récepteurs aux cannabinoïdes induit<br />

une modification du comportement social ludique<br />

des rates nouveau-nées en le rapprochant<br />

de celui des mâ<strong>les</strong>.<br />

<strong>La</strong> seule chose qu’on savait, jusqu’ici, des<br />

différences sexuel<strong>les</strong> au niveau de cette formation<br />

cérébrale est que la taille de l’amygdale<br />

médiane est plus importante chez <strong>les</strong> adultes<br />

de sexe masculin. L’équipe de Margaret Mc-<br />

Carthy va aujourd’hui plus loin. Ces chercheurs<br />

ont d’abord découvert que l’amygdale de rates<br />

nouveau-nées présente, au 4ème jour après<br />

la naissance, davantage de nouvel<strong>les</strong> cellu<strong>les</strong><br />

que cel<strong>les</strong> des mâ<strong>les</strong>. Par ailleurs, l’administration<br />

d’un agoniste non sélectif des récepteurs<br />

CB1/2 aux cannabinoïdes (le WIN) abolit<br />

cette différence, ce qui suggère le rôle de ces<br />

derniers dans la prolifération cellulaire plus<br />

importante observée chez <strong>les</strong> femel<strong>les</strong>.<br />

<strong>La</strong> réalisation d’une épreuve « open-field »<br />

montre, de façon étonnante, une « masculinisation<br />

» du comportement des jeunes rates après<br />

traitement par l’agoniste WIN. Dans ce test, <strong>les</strong><br />

L’AMOUR DICTÉ PAR<br />

LES BACTERIES ?<br />

Foin des élans du cœur et des sentiments<br />

élevés, ce sont plus prosaïquement nos<br />

bactéries digestives qui écriraient notre<br />

carte du Tendre ! Si l’on suit Rosenberg<br />

et coll. qui ont étudié de près la drosophile,<br />

la petite mouche choisit son âme<br />

sœur en fonction de la bactérie prédominante<br />

dans son intestin. Ils ont divisé<br />

une population de mouches en 2 groupes<br />

et nourri le premier à base de fécule et<br />

l’autre à base de sucre de malt. Remises<br />

toutes ensemble au bout d’un an de ce<br />

régime, on s’aperçoit que chacune choisit<br />

pour s’accoupler une drosophile nourrie<br />

de la même manière. L’analyse de la flore<br />

digestive montre une prédominance de<br />

<strong>La</strong>ctobacillus plantarum suite au régime à<br />

base de fécule, associée à une présence<br />

particulière de phéromones. Lorsque<br />

l’on ajoute un antibiotique qui élimine<br />

<strong>les</strong> bactéries, l’accouplement se fait au<br />

hasard et <strong>les</strong> phéromones ont disparu.<br />

Rosenberg ne voit pas l’organisme vivant<br />

isolé comme unité de base de la sélection<br />

naturelle mais celui-ci inclut dans un<br />

milieu biologie très large, qu’il nomme<br />

« holobiont », auquel contribuent tous<br />

<strong>les</strong> partenaires de l’organisme… jusqu’à<br />

ses bactéries saprophytes. Bactéries et<br />

organisme évoluant la main dans la main<br />

et non chacun pour son propre compte.<br />

Proc Natl Acad Sci,<br />

en ligne le 2 décembre 2010<br />

rats mâ<strong>les</strong> passent davantage de temps à jouer.<br />

Par contre, le traitement WIN n’a aucun effet<br />

sur l’anxiété ou <strong>les</strong> réponses locomotrices, également<br />

explorées par l’open-field. Les auteurs<br />

estiment qu’il serait intéressant, désormais,<br />

d’explorer l’action des hormones gonadiques<br />

sur le système cannabinoïde endogène et sur la<br />

genèse des cellu<strong>les</strong> nerveuses afin de resituer<br />

cette découverte dans le contexte de l’organisation<br />

des différences sexuel<strong>les</strong> au cours du<br />

développement cérébral.<br />

DL Krebs-Kraft, MM McCarthy et coll.<br />

Sex difference in cell proliferation in<br />

developing rat amygdala mediated by<br />

endocannabinoïds has implications for<br />

social behavior. Proc Natl Acad Sci<br />

USA (2010). Publication en ligne<br />

© Dreamstime.com / Droits réservés<br />

8 Mai 2011 / # 1


<strong>La</strong> vie de la Sfsc<br />

Révérence<br />

J’ai annoncé au cours de notre dernier Conseil d’Administration ma<br />

décision de démissionner de mon poste de Président de la SFSC après<br />

seize ans à la tête de notre société savante. En effet, quand le Docteur<br />

Gérard Val<strong>les</strong> a souhaité que je reprenne la SFSC derrière ses membres<br />

fondateurs, ils l’ont créée en 1974, je ne savais absolument pas où nous allions<br />

aller. Il me semble, et je vais le partager avec vous, que ce chemin a permis<br />

à la SFSC de garder sa notoriété et sa place dans le paysage de la Santé Sexuelle<br />

en France. Une de mes premières décisions a été d’arrêter l’enseignement<br />

de la SFSC et de déléguer, en accord avec le Professeur Navratil, l’enseignement<br />

de la <strong>sexologie</strong> à l’intérieur des DIU, ce qui désormais est la règle. Ensuite,<br />

la SFSC et moi-même avons eu l’honneur de nous voir déléguer par la WAS<br />

la responsabilité d’organiser en juin 2001, au Palais des Congrès, le Congrès Mondial de Sexologie. Ce fut plus<br />

qu’un succès, un triomphe. En effet, nous avons accueilli plus de 3 000 délégués venant de 87 pays différents<br />

et pour la première fois, <strong>les</strong> laboratoires pharmaceutiques se sont intéressés à la <strong>sexologie</strong> française.<br />

Dans la foulée, j’ai eu l’honneur d’être nommé Président de la WAS pendant quatre ans. J’ai pu restructurer<br />

la WAS un peu comme la SFSC afin de la rendre plus opérationnelle. J’ai eu le privilège de diriger la délégation<br />

de la WAS à Genève où avec l’OMS, nous avons travaillé en conclave avec 80 experts internationaux pour<br />

revisiter <strong>les</strong> définitions de « sexe », « sexualité » et surtout « santé sexuelle ». Cette <strong>rencontre</strong> nous a amenés<br />

à prendre conscience de l’importance de la santé et des droits sexuels pour tous et en partant j’ai laissé la WAS,<br />

transformée dans son appellation, car désormais, elle s’appelle WORLD ASSOCATION FOR SEXUAL<br />

HEALTH. Une des tâches de la SFSC a été de tendre la main vers l’AIHUS afin d’unir nos efforts pour<br />

promouvoir la <strong>sexologie</strong> en France.<br />

Après plusieurs années d’attente, le Professeur Costa et l’AIHUS se sont unis à la SFSC pour proposer ce que<br />

nous demandions : un seul Congrès par an, qui s’appelle désormais <strong>les</strong> Assises et qui pour la quatrième année<br />

consécutive sont et seront un succès à NANTES du 31 mars au 3 avril 2011. Ensuite, et c’était logique,<br />

la SFSC et l’AIHUS ont créé l’organe représentatif de la <strong>sexologie</strong> française par rapport à tous nos organismes<br />

de tutelle : la Fédération Française de Sexologie et de Santé Sexuelle. Cette fédération va pouvoir dialoguer<br />

d’une seule voix et nous permettre, souhaitons-le, d’avoir un jour une reconnaissance complète de notre<br />

savoir faire et d’obtenir, sur le plan économique, une cotation spécifique qui nous permettra de faire honorer<br />

dignement nos consultations.<br />

J’ai le bonheur d’avoir signé beaucoup d’éditoriaux dans votre revue qui s’appelle SEXOLOGOS<br />

et qui me semble avoir toujours intéressé <strong>les</strong> 6 000 personnes qui la reçoivent trois fois par an.<br />

Comme vous le verrez, SEXOLOGOS fait peau neuve, se diversifie, s’étoffe et laissera de plus en plus la place<br />

au dialogue avec l’ensemble de ceux et cel<strong>les</strong> qui s’intéressent à la réflexion, à la formation et à la pratique en<br />

<strong>sexologie</strong>. <strong>La</strong> misère sexuelle est toujours présente, elle ne s’éradiquera que si nous sommes tous unis et si<br />

nous croyons en ce que nous faisons.<br />

Dernière chose avant de vous quitter, j’ai eu l’honneur de recevoir officiellement le 7 décembre 2010 la Chaire<br />

UNESCO « Santé Sexuelle et Droits Humains ». Avec le Dr Troussier qui assurera <strong>les</strong> fonctions de Directeur<br />

de cette Chaire, un sacré challenge nous attend pour pouvoir œuvrer à améliorer ce qui ne va pas dans le<br />

domaine de la Santé Sexuelle au niveau mondial. C’est pour cela que je me suis autorisé à tirer ma révérence,<br />

sans pour autant arrêter de travailler avec vous tous dans le champ de la Sexologie, avec l’espoir de<br />

vous retrouver rapidement.<br />

Dr Marc Ganem<br />

# 1 / Mai 2011 9


Publique<br />

LA GREFFE RENALE EST<br />

POSSIBLE CHEZ LES<br />

PORTEURS DU VIH<br />

<strong>La</strong> transplantation rénale donne-t-elle de bons<br />

résultats chez <strong>les</strong> patients infectés par le VIH ?<br />

Dans une cohorte soigneusement sélectionnée,<br />

<strong>les</strong> taux de survie des patients et des greffons<br />

à 1 et 3 ans se montrent élevés, sans<br />

augmentation des complications associées<br />

à l’infection virale. Seul point préoccupant,<br />

le taux de rejet élevé, qui indique la nécessité<br />

d’améliorer l’immunothérapie.<br />

De nombreuses questions se posent.<br />

Les patients infectés par le VIH peuvent-ils être<br />

traités sans risque par des immunosuppresseurs<br />

? Peut-on donner simultanément des<br />

immunosuppresseurs et des antirétroviraux,<br />

avec des taux sanguins prévisib<strong>les</strong>, étant donné<br />

<strong>les</strong> interactions médicamenteuses complexes ?<br />

<strong>La</strong> néphropathie liée au VIH<br />

pourrait-elle récidiver<br />

dans le rein<br />

transplanté ?<br />

Enfin, est-il<br />

éthique de<br />

soustraire un<br />

rein du pool de<br />

donneurs lorsque<br />

l’efficacité et<br />

la sécurité de<br />

cette greffe chez<br />

<strong>les</strong> patients<br />

contaminés par<br />

le VIH n’ont pas été<br />

établies ? Stock<br />

et coll. publient, dans<br />

le « New-England Journal of Medicine »,<br />

<strong>les</strong> résultats d’une expérience multicentrique<br />

de transplantation rénale chez <strong>les</strong> patients<br />

infectés. Ils montrent la faisabilité de<br />

l’approche. Le taux de rejet est bien<br />

plus élevé que prévu. Il est estimé à 31 %<br />

à 1 an et à 41 % à 3 ans, ce qui est<br />

de 2 à 3 fois plus élevé que le taux de rejet<br />

chez <strong>les</strong> patients non infectés par le VIH.<br />

En dehors de ce problème, l’infection<br />

par le VIH est restée sous contrôle<br />

chez <strong>les</strong> patients, avec des taux de<br />

cellu<strong>les</strong> T CD 4 stab<strong>les</strong> et peu de<br />

complications associées au virus.<br />

<strong>La</strong> prochaine étape sera de développer<br />

des traitements efficaces pour toutes<br />

<strong>les</strong> maladies réna<strong>les</strong> liées au VIH avant<br />

qu’el<strong>les</strong> ne progressent vers l’insuffisance<br />

rénale terminale.<br />

New England of Medicine, 18 novembre 2010,<br />

Stock et coll., p 2004 et 2058.<br />

DES SPOTS<br />

CONTRE LES<br />

VIOLENCES<br />

SEXUELLES<br />

Le Conseil de l’Europe lance une campagne<br />

pour lutter contre <strong>les</strong> violences sexuel<strong>les</strong> sur <strong>les</strong><br />

enfants et améliorer la coopération internationale<br />

dans la poursuite des criminels. Elle s’appelle<br />

« UN sur CINQ » car, « en Europe, un enfant<br />

sur cinq est victime d’abus sexuel ». « Tous <strong>les</strong><br />

jours, des enfants sont victimes d’abus, souvent<br />

commis par des gens auxquels ils font confiance »,<br />

a expliqué Maud de Boer Buquicchio, secrétaire<br />

générale adjointe du Conseil.<br />

<strong>La</strong> campagne vise à enseigner aux<br />

enfants âgés de 4 à 7 ans leurs droits<br />

de fixer des limites et de dénoncer<br />

<strong>les</strong> abus ; elle comprend une série<br />

de spots télévisés, un livre pour<br />

enfants, des affiches et un site internet.<br />

www.onnetouchepasici.org<br />

ENQUETE SUR LE SIDA<br />

Que pensent <strong>les</strong> Français du sida ?<br />

« Santé magazine » a voulu savoir. L’enquête réalisée OBEA/<br />

Intraforces auprès d’un échantillon représentatif de la population<br />

française a montré que seulement une petite majorité est<br />

concernée. Alors que 55 % ont répondu que le Sida <strong>les</strong> touche de<br />

près ou que la maladie <strong>les</strong> concerne parce qu’elle devrait concerner<br />

tout le monde, ils sont 45 % à déclarer ne pas être concernés,<br />

parce qu’ils considèrent ne pas faire partie des groupes à risques<br />

ou parce qu’ils estiment que cette maladie n’est pas si fréquente en<br />

France. Quant au dépistage, 53 % n’ont jamais fait le test, ceux qui<br />

l’ont fait (47 %) l’ont réalisé quand ils ont rencontré leur compagnon<br />

(31 %), lors d’une grossesse (9 %) ou après un rapport à risque<br />

(7 %). Le succès de la mesure phare du plan Sida d’une proposition<br />

systématique de dépistage à l’ensemble de la population<br />

n’est pas acquis. Un espoir cependant, <strong>les</strong> français estiment<br />

à 48 % ne pas être suffisamment informés sur <strong>les</strong><br />

risques de transmission et sur le dépistage.<br />

Santé Magazine – Novembre 2010<br />

© Dreamstime.com / Droits réservés<br />

10 Mai 2011 / # 1


<strong>La</strong> vie de l’Aihus<br />

Age de Raison, de Maturité<br />

et de Challenge ! L’AIHUS, déjà 30 ans.<br />

L’AIHUS, c’est une histoire construite au fil du temps, grâce aux femmes et aux hommes de cette<br />

association, véritab<strong>les</strong> pionniers et ouvriers, inlassab<strong>les</strong> et toujours enthousiastes. Depuis 1981,<br />

que de chemin parcouru par cette force tranquille !<br />

• Une édification forte et une reconnaissance institutionnelle de la <strong>sexologie</strong>, l’AIHUS a œuvré pour<br />

la fondation de l’indispensable implantation universitaire de cette discipline. Les pionniers de l’AIHUS,<br />

tous enseignants et créateurs des diplômes universitaires français de <strong>sexologie</strong>, ont ainsi mis <strong>les</strong> bases de<br />

la reconnaissance en 1996 de cette formation par le conseil de l’ordre des médecins et en 2010 son travail<br />

avec le CCPIU (Conseil de Coordination Pédagogique Inter Universitaire) a également pu faire créer un<br />

DIU national pour <strong>les</strong> professionnels du soin non issus de la filière médicale.<br />

• L’AIHUS a aussi été maître d’œuvre de recherches du champ de la prise en charge des dysfonctions<br />

sexuel<strong>les</strong>, a collaboré à la création de la revue Sexologies qui est devenue la revue scientifique de la FFSSS,<br />

a travaillé à l’éthique de la profession, a permis la création de commissions de travail (<strong>sexologie</strong> médicolégale,<br />

violences sexuel<strong>les</strong>), a mis en place des recommandations en médecine générale pour une meilleure<br />

prise en charge de la dysfonction érectile, a été le berceau de l’ASCLIFF et de bien d’<strong>autres</strong> associations<br />

et initiatives enrichissantes…<br />

Apres neuf ans de Présidence unanimement appréciée et respectée de tous, Pierre Costa et le CA, ont<br />

permis à l’AIHUS une position enviable et installée dans le paysage de la Médecine Sexuelle en France ;<br />

Pierre a pris en charge la direction de la Fédération Française de Sexologie et Santé Sexuelle qui représente<br />

une mission importante pour l’avenir de la <strong>sexologie</strong> en France tout en restant au Conseil d’administration<br />

; il a donc naturellement laissé sa place de président et l’AIHUS a élu une nouvelle équipe pour<br />

<strong>les</strong> 3 ans à venir.<br />

<strong>La</strong> présidente, élue a l’unanimité, Mireille Bonierbale que nous connaissons tous, membre fondateur en<br />

1981 avec pour Vice-président Robert Porto, qui lui aussi fait partie de ces grands Fondateurs sans oublier<br />

Marie Chevret-Measson et Nadine Grafeille, passées dans le nouveau comité des experts de l’AIHUS.<br />

Le nouveau secrétaire général, Antoine Faix, Urologue montpelliérain, élève de Pierre Costa et d’Henri<br />

Navratil, fait partie de la génération montante pour l’avenir de la <strong>sexologie</strong> avec Kamel Ben Naoum un<br />

autre élève de Pierre Costa. Autres nouvel<strong>les</strong> ému<strong>les</strong> de ce conseil d’administration, Audrey Gorin-<strong>La</strong>zard,<br />

élève de Mireille Bonierbale et Pierre Martin-Vauzour (Trésorier Adjoint), élève de Nadine Grafeille.<br />

Patrick Blachère (Secrétaire adjoint), homme d’expérience, travaillera conjointement avec Antoine Faix,<br />

afin de garder une ligne directrice forte et assurer la continuité de l’AIHUS renforcée par la présence de<br />

Pierre Bondil, Philippe Brenot, Catherine Cabanis, Marie-Hélène Colson, Pierre Desvaux, Alain Giami,<br />

Joëlle Mignot, Sylvain Mimoun, Jean Peyranne et Michèle Bonal qui reste la trésorière générale.<br />

Patrick Leuillet et Francis Collier sont présents pour la région Lille Amiens et nous soulignons le retour de<br />

Martine Potentier.<br />

Il faut noter encore une fois, que l’AIHUS se fait remarquer par une grande représentativité dans son<br />

conseil d’administration sur l’échiquier national, ce qui illustre son rayonnement.<br />

L’AIHUS compte à l’heure actuelle plus de 400 membres actifs et ne cesse de recruter des nouveaux<br />

membres chaque année.<br />

L’AIHUS va donc écrire une nouvelle page de son histoire, assurer sa pérennité en développant <strong>les</strong> idées<br />

novatrices et en soutenant <strong>les</strong> jeunes sexologues qui <strong>les</strong> portent comme la défense des droits des victimes<br />

de violences sexuel<strong>les</strong>, aider la fédération française de <strong>sexologie</strong> pour la promotion de la santé sexuelle et<br />

de la profession de sexologue, développer la formation continue idéalement validante avec l’accompagnement<br />

dans la pratique quotidienne.<br />

Alors NE LACHONS RIEN, ENSEMBLE par respect pour le passé si proche et si riche et pour le bien<br />

de chacun d’entre nous, pour l’avenir de cette profession qui est surtout une passion, celle de l’être<br />

humain et sexué.<br />

Le bureau de L’AIHUS<br />

Vous pouvez envoyer toutes vos questions et suggestions à : secretariat.aihus@gmail.com<br />

www.aihus.fr<br />

# 1 / Mai 2011 11


Formation<br />

JOURNEES DE FORMATION CONTINUE EN SEXOLOGIE - SFSC<br />

LE POULIGUEN - LA BAULE (44) – Les vendredi 3 et samedi 4 juin 2011 (pont de l’Ascension)<br />

2 Séminaires OGC* indemnisés pour <strong>les</strong> médecins conventionnés.<br />

Vendredi 3 juin<br />

1 Prise en charge du transsexualisme (8h30 - 17h30)<br />

Les nouvel<strong>les</strong> dispositions léga<strong>les</strong> sur <strong>les</strong> prises en charge du transsexualisme. Les réponses cliniques à la souffrance des sujets,<br />

<strong>les</strong> stratégies de prise psychologique, hormonale ou chirurgicale. Mais bien au-delà, une réflexion sur l’identité sexuelle.<br />

Qu’est ce qui fait le sexe : le biologique ou le genre ?<br />

Organisateur-animateur : Eric Tanneau<br />

Experts : Gil<strong>les</strong> Formet et Michèle Pujos-Gautraud<br />

Samedi 4 juin<br />

2 Troub<strong>les</strong> gênants du comportement sexuel des personnes âgées<br />

et/ou dépendantes (8h30 - 17h30)<br />

Méconnus mais fréquents, ces troub<strong>les</strong> du comportement sont mal vécus par l’entourage à un moment où l’on parle du 5ème risque<br />

pris en charge par la Sécurité Sociale. Mais ils existent aussi chez <strong>les</strong> plus jeunes (traumatisés crâniens, patients psychiatriques).<br />

Déroutant pour <strong>les</strong> soignants, aggravant le fardeau des aidants quand ils se dévoilent au grand jour, ces troub<strong>les</strong> sont à prévenir<br />

et traiter car ils sont source de souffrance, d’accélération du déclin cognitif et de la perte d’autonomie du patient.<br />

Organisateur-animateur : Eric Tanneau<br />

Expert : David Zarouk<br />

En prime : Soirées FAF** le vendredi 3 juin<br />

3 Dépression et troub<strong>les</strong> de la sexualité (18h30 - 22h30)<br />

Une association plus que fréquente, des interactions dans <strong>les</strong> traitements. Comment concilier <strong>les</strong> prises en charge ?<br />

Organisateur-animateur : Eric Tanneau<br />

Expert : Gil<strong>les</strong> Formet<br />

JOURNEES DE FORMATION CONTINUE EN SEXOLOGIE - SFSC<br />

PARIS (75) – Les vendredi 30 septembre et samedi 1er octobre 2011<br />

Séminaires OGC* indemnisés pour <strong>les</strong> médecins conventionnés.<br />

1 Prise en charge du transsexualisme<br />

2 Troub<strong>les</strong> gênants du comportement sexuel des personnes âgées et/ou dépendantes<br />

3 Effets indésirab<strong>les</strong> sexuels des psychotropes<br />

4 Prise en charge des patients auteurs de violences sexuel<strong>les</strong><br />

5 Cancer colorectal et troub<strong>les</strong> de la sexualité<br />

6 Comment aborder la sexualité en médecine de premier recours ?<br />

7 Cancer du sein et troub<strong>les</strong> de la sexualité<br />

Inscriptions<br />

par courrier auprès de :<br />

en joignant :<br />

Dr Eric Tanneau<br />

11 bis, avenue Mac Mahon<br />

75017 Paris<br />

un chèque d’adhésion de 40 € valable pour l’année 2011<br />

au nom de la SFSC ;<br />

un chèque de caution de 180 € à valoir pour l’année 2011<br />

et qui vous sera restitué en fin d’année, sauf utilisation<br />

à titre de dédommagement des frais engagés en cas<br />

de désistement de moins de 15 jours avant le<br />

séminaire ou en cas de non-participation à l’intégralité<br />

du séminaire ;<br />

une feuille de soins barrée par journée OGC<br />

(donc 2 feuil<strong>les</strong> au total) ;<br />

une photocopie de l’attestation envoyée par l’URSSAF<br />

sur demande, stipulant que vous avez bien réglé votre<br />

contribution pour la formation professionnelle.<br />

12 Mai 2011 / # 1


Chaire<br />

Unesco<br />

Santé Sexuelle<br />

& Droits Humains<br />

Les auteurs sont responsab<strong>les</strong> du choix et de la présentation des contenus de cette publication, ainsi que des opinions qui y sont exprimés <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> ne reflêtent pas nécessairement celle de l’UNESCO et ne l’engage pas.<br />

L’inégalité entre <strong>les</strong> peup<strong>les</strong> et entre <strong>les</strong> hommes a subverti le respect<br />

élémentaire de la personne humaine, or la sexualité est à la base de la construction<br />

de l’humanité et tous <strong>les</strong> indicateurs de santé liés à la sexualité sont alarmistes.<br />

Cette Chaire a pour but d’aider à construire une politique internationale de prévention et de réduction<br />

des risques sexuels. Elle est légitimée par la protection des jeunes vis à vis des violences et la lutte contre<br />

<strong>les</strong> violences de genre, <strong>les</strong> mutilations sexuel<strong>les</strong>, l’exploitation sexuelle, la pornographie ou encore la lutte<br />

contre <strong>les</strong> préjugés sexistes ou homophobes.<br />

<strong>La</strong> Chaire a comme vocations :<br />

Assurer une éducation positive à la sexualité pour tous ;<br />

Faire face aux nouveaux défis en anticipant <strong>les</strong> besoins des générations futures ;<br />

Promouvoir l’égalité devant la santé sexuelle ;<br />

Développer <strong>les</strong> compétences des différents acteurs de la recherche, des associations et des politiques<br />

en renforçant leurs liens ;<br />

Contribuer à la diffusion des valeurs fondées sur la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme ;<br />

Donner une base éthique aux relations sexuel<strong>les</strong>.<br />

<strong>La</strong> Chaire est un réseau international de partenaires qui contribue au développement humain durable,<br />

dans le domaine de la sexualité et des droits humains, grâce à ses activités dans :<br />

L’enseignement mené en partenariat international :<br />

- Diplôme universitaire Université Paris Diderot : « Conseiller en santé sexuelle » ;<br />

- Création de pô<strong>les</strong> d’excellence en Santé sexuelle et Droits Humains dans le cadre<br />

de la coopération Nord – Sud – Sud ;<br />

- Jumelage avec des centres de Santé Sexuelle existants ;<br />

- Partenariat dans le cadre du réseau UNITWIN<br />

<strong>La</strong> recherche et l’intervention : en soutenant des actions innovantes en santé sexuelle sur le terrain.<br />

L’élaboration de recommandations consensuel<strong>les</strong> internationa<strong>les</strong> sur <strong>les</strong> objectifs majeurs et prioritaires<br />

en Santé sexuelle et des Droits Humains en collaboration avec <strong>les</strong> grands organismes et ONG mondia<strong>les</strong>.<br />

L’attribution d’un label « Chaire Unesco » qui permet aux secteurs privés et publics de s’engager,<br />

au travers d’un partenariat, fondé sur le respect des standards de la Santé Sexuelle et des Droits Humains.<br />

la dissémination du concept « Human Earth ».<br />

Cette entité sera au service de l’ensemble des professionnels en éducation pour la santé et en éducation sexuelle,<br />

des journalistes, des décideurs politiques et religieux et des acteurs associatifs représentant <strong>les</strong> usagers.<br />

Pendant son premier exercice, cette Chaire devra mettre en place :<br />

Une formation nationale de 3ème cycle pour 20 conseillers en Santé Sexuelle par an (promotion de 1 an) ;<br />

Créer 14 pô<strong>les</strong> d’excellences dans le cadre d’une coopération nord-sud-sud ;<br />

Jumeler 10 centres de Santé Sexuel avec convention de partenariat ;<br />

Former 112 formateurs et 360 conseillers en santé sexuelle à l’internationale ;<br />

Réaliser 3 colloques nationaux, 2 conférences de consensus internationale, l’ouverture d’un site Internet,<br />

la création d’un programme UNITWIN reposant au minimum sur trois conventions de partenariat.<br />

Dr Marc Ganem, Président<br />

Dr Thierry Troussier, Directeur<br />

32 Av Carnot 75017 PARIS<br />

Tél. +33 (0)1 45 72 67 62<br />

mbganem@gmail.com<br />

t.troussier@gmail.com<br />

www.human-earth.org


SexoMéd<br />

LE TEMPS<br />

Le speed dating (anglicisme signifiant<br />

littéralement « rendez-vous rapides »)<br />

est une méthode de <strong>rencontre</strong>s amoureuses<br />

en série. Dans un lieu choisi, un<br />

grand nombre de célibataires triés sur le volet<br />

pour leurs caractéristiques proches (âge, catégorie<br />

socio professionnelle, revenus) sont mis<br />

en rapport par deux, autour d’une table, et<br />

éventuellement devant un verre, selon une<br />

durée prédéterminée (typiquement sept rendez-vous<br />

de sept minutes chacun). Traditionnellement,<br />

un signal sonore est émis pour<br />

indiquer la fin de la durée impartie : en faisant<br />

sonner une cloche, ou tinter un verre. <strong>La</strong><br />

conversation peut porter sur n’importe quel<br />

sujet en respectant deux règ<strong>les</strong> : aucune coordonnée<br />

personnelle ne doit être échangée, et<br />

aucun participant ne doit dire à l’autre s’il<br />

souhaite le revoir. À l’issue de chaque rendezvous,<br />

<strong>les</strong> célibataires sont invités, chacun de<br />

leur côté, à émettre une appréciation confidentielle<br />

sur la personne qu’ils viennent de<br />

<strong>rencontre</strong>r, et à dire s’ils<br />

consentent<br />

à la<br />

revoir (avec, éventuellement, un classement<br />

par ordre de préférence). À l’issue de la soirée,<br />

<strong>les</strong> organisateurs mettent en rapport ceux<br />

qui souhaitent mutuellement se retrouver.<br />

Une manière plus simple de faire fonctionner<br />

le jeu est d’asseoir tous <strong>les</strong> participants à des<br />

tab<strong>les</strong>, deux par deux. Au bout des fameuses<br />

sept minutes, <strong>les</strong> hommes (par exemple)<br />

changent de place et vont à la table suivante.<br />

<strong>La</strong> <strong>rencontre</strong> fonctionne par un turn-over<br />

rapide des participants. Les promoteurs de<br />

cette méthode considèrent qu’elle est adaptée<br />

au mode de vie urbain contemporain : anonymat<br />

et vitesse. <strong>La</strong> méthode est considérée<br />

comme basée sur la première impression et<br />

mue par un souci de rapidité et d’efficacité<br />

maximale…<br />

Sept minutes pour une <strong>rencontre</strong>, sept heures<br />

pour une unique nuit d’amour, sept jours<br />

pour une lune de miel enchanteresse mais<br />

non renouvelable, sept mois pour consumer<br />

une passion avant rénovation, sept ans de<br />

réflexion avant fermeture définitive et un ou<br />

plusieurs enfants à partager… Le couple a-t-il<br />

un avenir ? <strong>La</strong> précision des enquêtes démographiques<br />

indiquant, année après année, la<br />

réduction à peau de chagrin de la durée<br />

moyenne de la vie conjugale souligne<br />

l’opportunité de cette question.<br />

Depuis bien longtemps, des<br />

hommes et des femmes<br />

racontent dans l’intimité<br />

de mon cabinet ce que<br />

le cinéma raconte<br />

dans l’intimité<br />

des sal<strong>les</strong> obscures<br />

: des<br />

histoires<br />

de doutes<br />

Serge HEFEZ<br />

Unité de thérapie familiale<br />

Service de psychiatrie de<br />

l’enfant et de l’ado<strong>les</strong>cent<br />

Hôpital de la Pitié-Salpêtrière.<br />

© Donald Sawvel - Dreamstime.com<br />

14 Mai 2011 / # 1


DU COUPLE<br />

et d’infidélités, de passion et de violence, d’espoirs<br />

fous et de désespoirs sans fond, de bonheurs<br />

et de chagrins. Des histoires d’amour et de<br />

désamour, des quêtes éperdues, des scènes, des<br />

déchirements, des retrouvail<strong>les</strong>, des aveux, des<br />

secrets qui se libèrent, des révélations… Et surtout<br />

des transformations, des mises en mouvement,<br />

des changements d’éclairage, des entrebâillements,<br />

des libérations, parfois presque<br />

imperceptib<strong>les</strong>, mais si vivantes et si puissantes !<br />

Si j’ai vu en trente ans changer <strong>les</strong> scènes de la<br />

vie conjugale, c’est parce que la vie des individus<br />

et de leurs coup<strong>les</strong> a changé. Ils viennent,<br />

de plus en plus tôt – parfois quelques mois à<br />

peine après s’être rencontrés –, non plus parce<br />

qu’ils ne parviennent pas à faire évoluer, à<br />

transformer leur lien conjugal, mais bel et bien<br />

parce qu’ils ont du mal à le créer. Comment<br />

désamorcer <strong>les</strong> conflits ? Sortir de la répétition ?<br />

Que faire pour supporter l’étrangeté radicale de<br />

l’autre ? Quelle place donner à la fidélité, à la<br />

sexualité, aux enfants ? Et surtout, parfois quelques<br />

semaines après la <strong>rencontre</strong>, comment<br />

résister à l’épreuve du temps, ce temps qui<br />

désormais s’accélère et nous dévore comme<br />

hier. Cronos ses enfants… Et si l’on y parvient,<br />

comment aménager le temps pour l’autre et le<br />

temps pour soi, le temps du couple et celui de la<br />

famille, du travail, des loisirs, de la vie sociale ?<br />

Pour <strong>les</strong> coup<strong>les</strong> contemporains, chaque étape<br />

de la vie commune semble une épreuve aussi<br />

compliquée à réussir que la quadrature du cercle.<br />

Je vois mes patients, bien plus qu’auparavant,<br />

être aux prises avec le fantasme d’un couple<br />

magnifié, idéalisé, objet de toutes <strong>les</strong><br />

recherches et de toutes <strong>les</strong> convoitises : ce<br />

même couple que leur vantent <strong>les</strong> sites de <strong>rencontre</strong>,<br />

<strong>les</strong> coachs conjugaux, la presse féminine,<br />

<strong>les</strong> chansons, <strong>les</strong> films et la littérature. Et je<br />

<strong>les</strong> vois désespérer de ne pas être à la hauteur<br />

vertigineuse de cet impossible, sans pour autant<br />

cesser d’essayer, inlassablement…<br />

Fini le temps du couple marié et indissoluble,<br />

monstre hybride à deux têtes. L’époux et l’épouse,<br />

l’homme et la femme, le père et la mère ne<br />

sont plus définis par leurs statuts complémentaires,<br />

mais par <strong>les</strong> relations égalitaires qu’ils expérimentent<br />

au quotidien. Dès lors, le psychisme en<br />

liberté s’oppose à la contrainte des règ<strong>les</strong> et des<br />

rô<strong>les</strong> préétablis. En passant de la complémentarité<br />

à la symétrie, le couple se retrouve dans une<br />

situation nouvelle de rivalité, où chacun se<br />

demande qui des deux est plus égal que l’autre ;<br />

qui aime le plus ; qui donne le plus ; qui est le<br />

bourreau et qui est la victime ; qui gagne et qui<br />

perd. Une source de questions inépuisable, qui<br />

alimente à l’infini <strong>les</strong> scènes d’aujourd’hui.<br />

Il me revient comme un leitmotiv dans <strong>les</strong> thérapies<br />

conjuga<strong>les</strong>, cette exigence de liberté, cette<br />

injonction à être soi, ce rêve mythique d’un individu<br />

souverain, seul maître de son destin. Toute<br />

dépendance concourt à repérer en soi <strong>les</strong> traces<br />

archaïques d’une ancienne dépendance infantile<br />

qu’il convient de terrasser.<br />

Dans ce contexte, la représentation du contrat<br />

conjugal a complètement changé. Nous sommes<br />

passés en quelques années du CDI au CDD :<br />

l’idée même de la séparation fait partie du contrat<br />

initial comme une figure moderne du destin.<br />

Preuve de sa capacité d’indépendance, gage de<br />

maturité, il faut pour réussir sa vie réussir ses<br />

séparations successives. <strong>La</strong> soumission à cette<br />

nouvelle norme est totalement ignorée et ne<br />

peut donc être critiquée.<br />

<strong>La</strong> dimension narcissique du pacte conjugal a<br />

pris <strong>les</strong> devants : être aimé pour soi-même,<br />

pour la totalité de soi, dans un véritable processus<br />

de confirmation identitaire. Le sujet s’engage<br />

entièrement dans la relation amoureuse<br />

en mettant en jeu tout ce qui le constitue<br />

comme sujet : le sentiment de ses propres limites,<br />

de la possession de soi-même et de ses<br />

désirs, avec le risque d’une perte de soi ou tout<br />

au moins d’une certaine image de soi. <strong>La</strong> vie<br />

amoureuse est précisément ce qui met en cause<br />

<strong>les</strong> frontières du moi, frontière entre sujet et<br />

objet interne, entre « je » et « nous », entre<br />

monde intérieur et réalité extérieure. <strong>La</strong> réassurance<br />

est au rendez-vous mais le danger<br />

d’anéantissement ou de fusion n’est pas loin !<br />

Cécile et Thomas sont venus me consulter après<br />

avoir pris la décision de se séparer. Tous deux<br />

âgés de trente-cinq ans, en couple depuis sept<br />

ans, ils sont parents d’un petit garçon de quatre<br />

ans, et souhaitent selon leurs propres termes<br />

« lui éviter tout traumatisme lié à cette séparation<br />

». Ils veulent également s’informer : « nous<br />

avons opté pour une garde alternée et nous voudrions<br />

savoir si c’est, comme on le dit, contraire<br />

à l’épanouissement de notre enfant ». Ils sont<br />

« Que sont donc <strong>les</strong> angoisses « archaïques »<br />

dont nous parlent <strong>les</strong> auteurs modernes ? El<strong>les</strong> sont<br />

l’effet des passions narcissiques, (…) là où amour et<br />

destructivité affectent d’un même souffle le Moi et l’objet.<br />

El<strong>les</strong> sont <strong>les</strong> passions au sens strict, c’est-à-dire<br />

des amours qui font souffrir, au point de s’en<br />

défendre par un sacrifice aliénant ».<br />

André Green, Le Travail du négatif, Éditions de Minuit, 1993<br />

sympathiques et enjoués, passionnés par leur<br />

travail, l’un dans l’audio-visuel, l’autre dans le<br />

cinéma, semblent d’accord sur tout, chacun<br />

complétant <strong>les</strong> phrases commencées par son<br />

conjoint. Mais pourquoi diable se séparent-ils ?!<br />

Leur <strong>rencontre</strong> fut un véritable coup de foudre<br />

suivi d’une intense relation passionnelle. Ils plaquent<br />

leur travail et partent pendant deux ans<br />

« faire la route », pour un tour du monde<br />

enchanteur. De retour en France, ils reprennent<br />

sans difficulté leur vie professionnelle, trouvent<br />

un logement et décident au bout d’un an d’avoir<br />

un enfant. Le petit Théo achève de combler leur<br />

bonheur ; ils fondent avec lui une famille idéale,<br />

emmènent leur « petit bout » partout dans leur<br />

cercle d’amis, partagent équitablement <strong>les</strong> tâches<br />

de la vie quotidienne. Et puis ? Et puis, « la vie<br />

reprend le dessus »… Les câlins, <strong>les</strong> petites<br />

attentions se font plus rares… ô, pas de crises,<br />

bien sûr, mais un quotidien qui s’étire avec<br />

monotonie, <strong>les</strong> courses, le petit à aller chercher à<br />

l’école… Chacun investit davantage son travail,<br />

chacun songe à l’avenir avec appréhension : « ça<br />

ne serait que cela la vie, ce petit bonheur tiède et<br />

étriqué ? ». Cécile tente une aventure lors d’un<br />

déplacement professionnel et avoue immédiatement<br />

cette infidélité à Thomas, car « il est hors<br />

de question de lui cacher quoi ce soit » ; celui-ci<br />

# 1 / Mai 2011 15


16 Mai 2011 / # 1<br />

reconnaît un peu penaud qu’il s’est « laissé tenter<br />

» à une ou deux reprises… Ils se confient leur<br />

désarroi, leur désir intense de vivre d’<strong>autres</strong> passions,<br />

d’<strong>autres</strong> rêves, d’<strong>autres</strong> voyages… et c’est<br />

sans la moindre larme, sans la moindre dispute,<br />

mais dans la certitude de faire au mieux pour le<br />

bonheur de chacun qu’ils décident cette séparation.<br />

Tout s’organise, Thomas loue un appartement<br />

au coin de la rue ; ils veulent rester de<br />

grands amis, un père et une mère exemplaires<br />

pour le petit Théo qui, du reste, n’a manifesté<br />

« aucune réaction particulière » à l’annonce de<br />

cette séparation. Mais Cécile, dont <strong>les</strong> parents<br />

ont divorcé quand elle avait cinq ans sait bien<br />

qu’un déchirement souterrain peut occasionner<br />

de grandes b<strong>les</strong>sures. Comment <strong>les</strong> lui éviter ?<br />

<strong>La</strong> confrontation avec ce couple « d’accord sur<br />

tout », y compris sur cette séparation joyeuse,<br />

m’avait, je m’en souviens, plongé dans un profond<br />

malaise, non dénué d’irritation, contre eux<br />

bien sûr, mais aussi contre moi-même. Au fond,<br />

qu’est-ce que je prétends donc soigner en « thérapie<br />

de couple » ? Suis-je un « galvanisateur »<br />

de désir, un réanimateur de liens moribonds, un<br />

donneur de bon conseils, un garant de l’ordre<br />

social (« mais enfin, faites tout de même un<br />

effort pour construire une famille, ça n’est quand<br />

même pas si difficile ! »)<br />

Si au moins ce couple s’interrogeait sur cette<br />

séparation, j’aurais pu tenter un travail avec chacun,<br />

explorer chez Cécile ce processus de répétition,<br />

ce té<strong>les</strong>copage entre son histoire et sa vie<br />

présente. Et du reste, qu’est-ce qui me troublait<br />

tant chez eux, leur certitude tranquille, l’étroitesse<br />

de leur demande, ou leur aspect si terriblement<br />

normal et désespérément contemporain ?<br />

Cette petite vignette clinique peut paraître bien<br />

superficielle. Elle m’est apparue néanmoins<br />

exemplaire d’un mouvement de fond, d’une<br />

logique de l’individualisme et de la poursuite<br />

éperdue du bonheur qui mène bien souvent à<br />

l’impasse de l’obsession de soi, de la gratification<br />

immédiate, du désir inquiet et perpétuellement<br />

inassouvi. <strong>La</strong> conjugalité se décolle irrémédiablement<br />

de la parentalité. Les forces<br />

centripètes qui disloquent <strong>les</strong> coup<strong>les</strong> s’opposent<br />

aux forces centrifuges qui soudent chaque<br />

parent individualisé à « son » ou à « ses »<br />

enfants dans un lien d’identification projective<br />

surinvesti et anxieux.<br />

Du reste, voici que me revient Cécile quelques<br />

mois plus tard. Elle est seule, elle traverse une<br />

profonde dépression. Thomas file le parfait<br />

amour avec une jeune femme que Cécile connaît<br />

bien, avec qui elle avait eu l’occasion de travailler<br />

quelques années auparavant. En proie à une insatisfaction<br />

vague et diffuse, à la sensation d’une<br />

vie atone et sans but, à des ressentis tenaces de<br />

vide et d’angoisse, elle « ne se reconnaît pas »<br />

elle-même. Son métier l’ennuie, elle éprouve une<br />

difficulté croissante à s’entendre avec <strong>les</strong> <strong>autres</strong>.<br />

Elle ressent douloureusement le besoin de<br />

« s’accrocher » à Théo, et ne supporte plus <strong>les</strong><br />

séparations occasionnées par la résidence alternée.<br />

Mais lorsque Théo est là, il lui « prend la<br />

tête », il est trop capricieux, il l’empêche de vivre.<br />

Des vagues de rage destructrice contre ellemême<br />

et contre autrui l’envahissent, la submergent<br />

et l’inquiètent considérablement.<br />

Le contraste entre la Cécile d’aujourd’hui et la<br />

jeune femme enjouée et sûre d’elle, rencontrée il<br />

y a plusieurs mois, est particulièrement saisissant.<br />

N’est-elle pas atteinte des effets secondaires<br />

d’une « pathologie de la liberté » ?<br />

Jusqu’à quel point l’amour se doit-il d’être l’unique<br />

fondement des liens de parenté et d’alliance ?<br />

Dans la souffrance de sa solitude, dans cette<br />

ambivalence douloureuse qu’elle ressent pour<br />

son fils, Cécile mesure après-coup ce superbe<br />

défi de nos contemporains qui se voudraient <strong>les</strong><br />

seuls forgerons de leurs liens affectifs. C’est précisément<br />

cette illusion qui alimente une immense<br />

« fatigue d’être soi ». Dans la légende, Narcisse<br />

pleure quand il prend conscience qu’il est<br />

lui-même l’objet de son amour. Il veut alors se<br />

séparer de sa propre personne et se frappe<br />

jusqu’au sang avant de dire adieu au miroir fatal<br />

et de rendre l’âme.<br />

André Green a largement souligné que le narcissisme<br />

de vie se déployait dans un mouvement de<br />

balance entre libido d’objet et libido du moi. Le<br />

sujet trouve dans l’amour qu’il se porte à lui-même<br />

une compensation à la perte de l’amour<br />

fusionnel : le narcissisme est alors effet de liaison,<br />

ou plutôt de re-liaison.<br />

Dans cette séparation d’avec Thomas qui n’en<br />

n’est pas une, Cécile ne peut se recentrer sur ellemême.<br />

L’expérience du décentrement est mise à<br />

l’épreuve du ressentiment, de la haine et du désespoir.<br />

<strong>La</strong> retraite vers l’unité ou la fusion avec l’objet<br />

idéalisé ne sont plus possib<strong>les</strong> : c’est le repli narcissique,<br />

narcissisme de mort qui devient la recherche<br />

du néant, de l’abaissement des tensions au<br />

niveau zéro, de la mort psychique.<br />

Je tiens à toi, se murmurent <strong>les</strong> amoureux dans le<br />

feu de la <strong>rencontre</strong>. Puis rapidement ils se posent<br />

la question de ce qui <strong>les</strong> fait tenir ensemble, énigme,<br />

convenons-le, qui traverse tout l’espace des<br />

sociétés démocratiques.<br />

Plus une société est hiérarchique, aristocratique,<br />

religieuse, moins <strong>les</strong> hommes ont besoin de<br />

s’unir pour agir car ils sont, selon l’expression de<br />

Tocqueville, « tenus ensemble ». Les liens institués,<br />

libérés de la subjectivation du temps, sont<br />

par essence éternels.<br />

Comme le souligne Louis Dumont , ce qui caractérise<br />

<strong>les</strong> sociétés individualistes est que <strong>les</strong><br />

valeurs d’interdépendance sociale sont hiérarchiquement<br />

subordonnées aux valeurs de l’indépendance<br />

des individus. L’homme se conçoit<br />

alors lui-même comme possesseur d’un capital,<br />

d’un potentiel, qu’il gère pour en extraire une<br />

plus-value de jouissances et de capacités relationnel<strong>les</strong>.<br />

Il a beau vivre plus vieux, le temps<br />

commence alors à lui manquer !<br />

Je n’irais pas comme certains jusqu’à prétendre<br />

que la structure psychique de l’homme contemporain<br />

« sans gravité » s’est transformée en<br />

quelques décennies. Alain Ehrenberg démontre<br />

magistralement comment toute une dramaturgie<br />

sociale s’est ainsi construite sur le remplacement<br />

des valeurs de l’appartenance par celui des<br />

valeurs de choix en décrivant à l’envie la désorganisation<br />

inédite de la personnalité individuelle,<br />

ce qui permet d’articuler le mal commun et le<br />

mal individuel. L’autonomie serait devenue destructrice.<br />

L’individu se définirait uniquement<br />

par ses choix et l’exhibition de la jouissance lèverait<br />

totalement <strong>les</strong> limites de l’encadrement institutionnel.<br />

Cette nouvelle conception de l’individu<br />

souffrant opère à coup sûr un glissement du<br />

pathogène au normatif. Le passé malgré son<br />

âpreté joue le rôle d’un idéal imaginaire de vie<br />

commune dans laquelle <strong>les</strong> gens savaient où<br />

ils étaient et qui ils étaient : <strong>les</strong> générations s’y<br />

succédaient en étant structurées par <strong>les</strong> conflits,<br />

<strong>les</strong> classes s’y affrontaient clairement et <strong>les</strong> névroses<br />

étaient l’expression nette de ces conflits au<br />

sein des individus produisant de beaux et francs<br />

symptômes.<br />

Mais <strong>les</strong> dizaines de Cécile et de Thomas, ni psychotiques<br />

ni « border line » auxquels je suis<br />

tous <strong>les</strong> jours confronté et que guettent la régression<br />

narcissique et son cortège de dépressions<br />

me feraient dire plus volontiers que le couple<br />

et la famille d’aujourd’hui baignent dans un<br />

contexte de « narcissisation » au sens où comme<br />

le souligne Kernberg , « <strong>les</strong> changements dans la<br />

culture contemporaine affectent <strong>les</strong> modes de<br />

relation d’objet ». Ne pas prendre en compte la<br />

dimension sociale du narcissisme nous mènerait<br />

à ignorer ce qui abonde dans la vie quotidienne :<br />

terreur de la dépendance à autrui associé à une<br />

angoisse du vide et de la solitude, immense rage<br />

réprimée et désirs oraux impétueux et insatisfaits.<br />

Et qui s’associe à des traits caractéristiques<br />

de la société contemporaine comme la peur<br />

intense de vieillir, la perception différente du<br />

temps, la fascination de la célébrité, la peur et<br />

l’exaltation de la compétition…<br />

1<br />

GREEN André, Narcissisme<br />

de vie, narcissisme<br />

de mort, Editions<br />

de Minuit, 1983<br />

2<br />

DUMONT Louis, Essais<br />

sur l’individualisme,<br />

Paris, Le Seuil, coll.<br />

Points essais, rééd.<br />

1991<br />

3<br />

EHRENBERG Alain,<br />

<strong>La</strong> Société du malaise,<br />

Odile Jacob, 2010<br />

4<br />

KERNBERG O, «<br />

Narcissisme normal et<br />

narcissisme pathologique<br />

», Nouvelle revue<br />

de psychanalyse, 1976,<br />

n°13


En crise<br />

Académie des Sciences Sexologiques<br />

Actualité & Devenir<br />

Sexo<br />

<strong>La</strong> <strong>sexologie</strong> française traverse actuellement une crise<br />

existentielle : nécessité d’une médecine sexuelle<br />

basée sur la physiopathologie de la fonction sexuelle,<br />

nécessité de maintenir l’approche psychique de<br />

la sexualité, rapprochement de la SFSC et de l’AIHUS…<br />

Quelle est, quelle sera la place de notre déjà vieille Académie<br />

au sein de cette évolution ?<br />

Je veux d’abord vous présenter des excuses sur le déroulement<br />

de la journée du 23 janvier 2011, insuffisamment<br />

préparée par moi en raison de soucis personnels<br />

heureusement dissipés depuis. Je pense qu’elle a été<br />

malgré tout passionnante avec l’intervention de Daniel<br />

Sibony le matin, mais tout autant avec cel<strong>les</strong> de Char<strong>les</strong><br />

Gellman, de Ludwig Fineltain et de J.R. Dintrans<br />

l’après-midi. Je crois qu’il est indispensable de rappeler<br />

que cette journée Gérard Val<strong>les</strong> est effectivement<br />

depuis sa création une journée et non pas une matinée<br />

suivie d’un déjeuner ! Cette année nous étions vingt le<br />

matin et huit l’après midi : ce n’est pas acceptable, audelà<br />

d’une impolitesse c’est une offense faite à nos trois<br />

amis qui ont fait l’effort d’une réflexion et de nous en<br />

communique le fruit. J’ai eu le sentiment désagréable<br />

que la plupart des participants venaient seulement<br />

pour écouter la « vedette » et déjeuner, ce n’est pas<br />

cela le but de l’ASS ! J’entends bien que chacun avait<br />

d’excellents prétextes mais ce genre de désertion<br />

devrait rester l’exception alors que cela devient de plus<br />

en plus la règle. Depuis son origine cette journée a lieu<br />

l’avant dernier dimanche de janvier, il suffit à chacun<br />

d’en faire à l’avance une priorité (il y a toujours un train<br />

ou un avion qui part deux ou trois heures plus tard). Il<br />

y a aussi ceux que cela n’intéresse pas, je peux le comprendre,<br />

mais qu’ils le précisent d’emblée ! Dorénavant<br />

<strong>les</strong> inscriptions ne se feront que pour <strong>les</strong> personnes qui<br />

s’engageront, sauf cas de force majeure, à rester de<br />

9h30 à 17h. Une Académie est faite d’académiciens et<br />

dans notre cas ces académiciens ont toujours été <strong>les</strong><br />

membres du CA de la SFSC, ce qui n’exclut pas la participation<br />

de tout sexologue intéressé par le débat.<br />

Pour l’avant dernier dimanche de janvier 2012, après<br />

concertation entre certains d’entre nous et aussi pour<br />

tenir compte de quelques critiques je vous propose<br />

comme thème : « Confrontation de nos méthodes thérapeutiques<br />

», sujet à traiter non pas de manière abstraite<br />

mais à partir de cas cliniques concrets comportant<br />

aussi bien échecs que réussites (quatre cas par exemple)<br />

sous la supervision neutre d’un épistémologue susceptible<br />

d’en dégager <strong>les</strong> conclusions méta-sexologiques.<br />

Cette nouvelle réunion se déroulera donc le dimanche<br />

22 janvier 2012 de 9h30 à 17h en un lieu qui vous sera<br />

précisé deux mois à l’avance mais obligatoirement dans<br />

Paris intra muros.<br />

J’espère que nous pourrons continuer l’action de notre<br />

Académie dans l’esprit et la forme dans <strong>les</strong>quels elle a<br />

été conçue par <strong>les</strong> fondateurs dont nous avons la chance<br />

de compter encore parmi nous deux membres éminents<br />

: Char<strong>les</strong> Gellman et Ludwig Fineltain, c’est-àdire<br />

un colloque permettant d’aborder en toute liberté<br />

d’esprit ce qui n’est pas traité dans nos congrès i.d. le<br />

rapport de la sexualité avec la médecine, la psychologie,<br />

la philosophie, la sociologie, l’anthropologie. L’ASS<br />

n’a pas vocation d’être un moment de formation ouvert<br />

à un vaste public mais un moment de réflexion et<br />

de débats entre personnes concernées et aussi, ne<br />

l’oublions pas, un moment d’amitié.<br />

Bien entendu puisque nous voilà maintenant réunis au<br />

sein de la Fédération nous invitons chaleureusement<br />

<strong>les</strong> membres de l’AIHUS à venir travailler et échanger<br />

avec nous à cette occasion, Mireille Bonierbale en a<br />

donné l’exemple éminent il y a deux ans.<br />

Je reste à l’écoute de vos suggestions !<br />

Amitiés à tou(te)s<br />

Claude Esturgie<br />

# 1 / Mai 2011 17


SexoPsy<br />

Travestissement<br />

Dr Char<strong>les</strong> Gellman (Paris)<br />

Neuropsychiatre Sexologue<br />

Article paru dans « Le dictionnaire<br />

de la pornographie » PUF Ed. 2005<br />

18 Mai 2011 / # 1<br />

Le travestissement (transvestisme, travestisme,<br />

éonisme, cross dressing) consiste<br />

en s’habiller et se comporter comme<br />

appartenant à l’autre sexe : la femme s’habille<br />

comme un homme, l’homme s’habille<br />

comme une femme. <strong>La</strong> fréquence et la durée de<br />

l’habillement chez <strong>les</strong> travestis sont variab<strong>les</strong>, le<br />

plus souvent épisodiques. Dans le comportement<br />

de travestissement, on peut distinguer<br />

deux approches. L’une accentue <strong>les</strong> aspects érotiques<br />

et sexuels. L’autre accentue plutôt <strong>les</strong><br />

aspects d’appartenance à l’autre genre, et un certain<br />

malaise dans le genre d’origine. Dans ce cas,<br />

le travestissement peut être considéré comme<br />

un trouble de la genralité ou une dysphorie de<br />

genre. <strong>La</strong> genralité est le sentiment d’appartenir<br />

à une identité masculine ou féminine, ce sentiment<br />

n’étant pas forcément lié à l’identité anatomique.<br />

Il arrive souvent que le transvestisme<br />

soit confondu avec l’homosexualité ou avec<br />

d’<strong>autres</strong> variations sexuel<strong>les</strong>. Les travestis peuvent<br />

avoir des tendances homosexuel<strong>les</strong> aussi<br />

bien que hétérosexuel<strong>les</strong> ou asexuel<strong>les</strong> (en fonction<br />

de leur orientation psychologique). L’orientation<br />

sexuelle est en général indépendante de<br />

l’identité de genre.<br />

Portraits<br />

Le travestissement occasionnel ou utilitaire :<br />

carnaval, soirées festives<br />

C’est le cas le plus fréquent, à caractère ludique<br />

lors de fêtes, carnavals, manifestations culturel<strong>les</strong>,<br />

sportives comme le marathon du Médoc<br />

qui réunit 8 000 participants et où l’on remarque<br />

des gaillards musclés courant en tutu rose<br />

de ballerine.<br />

L’option utilitaire est illustrée par le film<br />

« Madame Doubtfire ». Daniel Hillard (Robin<br />

Williams) adore ses 3 enfants. Aussi quand sa<br />

femme demande le divorce et obtient leur garde,


© Travesti – Toile de Bernard Buffet / Droits réservés<br />

le déchirement est terrible. Pour se rapprocher<br />

d’eux, il décide de se métamorphoser en une respectable<br />

nounou anglaise, Madame Doubtfire,<br />

et se fait embaucher par son ex-femme.<br />

Le travesti homosexuel ou <strong>les</strong>bien<br />

Ce travesti masculin, s’affiche en femme avec<br />

maniérisme pour satisfaire son homosexualité.<br />

C’est une situation fréquente et qui contribue à<br />

entretenir la confusion entre travestissement et<br />

homosexualité. « <strong>La</strong> Cage aux fol<strong>les</strong> » est une<br />

boîte de nuit qui présente un spectacle de travestis,<br />

dont la vedette est Zaza (de son nom Albin).<br />

Il forme avec Renato un vieux couple homosexuel.<br />

Dialogue : Renato : « Essaye de marcher<br />

comme John Wayne ». Albin s’exécute, dans<br />

une démarche plus chaloupée que jamais.<br />

Renato, désespéré par le résultat « Ça, c’est John<br />

Wayne jeune fille »...<br />

Le travesti <strong>les</strong>bien est en général marié, souvent<br />

père de famille, son orientation est hétérosexuelle,<br />

il adore <strong>les</strong> femmes d’où le terme<br />

de « saphien » créé par Char<strong>les</strong> Fourier et<br />

reprit comme « <strong>les</strong>bien » par Paul Eluard.<br />

Il se travestit de façon épisodique en serveuse,<br />

infirmière ou pute. L’épouse est au courant et<br />

accepte la situation.<br />

« Le terme français de <strong>les</strong>bien [caractérise] complètement<br />

un profil sexuel et affectif masculin bien<br />

précis. (...) Le profil <strong>les</strong>bien comporte tout un<br />

ensemble de traits associés et interdépendants :<br />

- Image de la femme vécue comme complice,<br />

égale et active, féminisme,<br />

- Antijalousie, générosité naturelle et altruisme,<br />

- Pratiques amoureuses <strong>les</strong>biennes (complicité<br />

amoureuse totale, recherche et réalisation des<br />

désirs de l’autre et de son plaisir, don réciproque<br />

et double découverte, amour-communication/<br />

échange),<br />

- Amitié amoureuse qui ne dissocie pas la communication<br />

culturelle et affective de la tendresse physique<br />

: donc rejet du dualisme judéo- chrétien,<br />

- Attirance d’abord pour la personnalité et donc<br />

vécu sensuel d’anatomies non dissociées de<br />

toute la personne et non systématiquement<br />

conformes aux canons officiels,<br />

- Et donc comme chez nombre de féministes,<br />

rejet fréquent des accessoires « féminin » associés<br />

au modèle machiste de la femme qu’on<br />

consomme dans un emballage de luxe ritualisé,<br />

- Tendresse et grande sensibilité physique et<br />

morale souvent fragilisante,<br />

- Refus des valeurs et attitudes de rivalité/domination,<br />

- Et culture de l’amitié totale, généreuse.<br />

Il s’agit en fait de l’existence intégrée dans un<br />

individu de sexe masculin et hétérosexuel d’un<br />

ensemble de valeurs féminines qui le conduisent<br />

à avoir aux femmes, bien qu’homme, une relation<br />

analogue à celle des <strong>les</strong>biennes…<br />

Le profil <strong>les</strong>bien se définit ainsi en totale opposition<br />

aux valeurs machistes. Il ne « prend » pas<br />

une femme, une amie qui se « donnerait » ou lui<br />

« accorderait ses faveurs ». Il aime et ne<br />

consomme pas l’autre. Il aime une autre égale,<br />

semblable et différente, il l’aime heureuse, dans<br />

ses désirs, même pour d’<strong>autres</strong> ».<br />

Le travesti transsexuel, le transgenre, le queer<br />

Le transsexuel a le sentiment irrésistible d’appartenir<br />

à l’autre sexe, adapte son comportement,<br />

son habillement à cet autre sexe, et quête inlassablement<br />

une assistance médicochirurgicale qui<br />

lui permettra de retrouver ce qu’il croit être sa<br />

vraie nature.<br />

James Morris décrit un cas de transsexualité :<br />

le sien (« L’Énigme », Gallimard). Dès l’âge de<br />

4 ans, James Morris a la certitude d’être une fille<br />

dans un corps de garçon. (...) Aucun transsexuel<br />

n’a jamais été guéri par des thérapeutiques psychiatriques.<br />

<strong>La</strong> recherche médicale la plus<br />

récente offrait une solution : faute de pouvoir<br />

modifier l’esprit, modifier le corps, par un traitement<br />

aux hormones, d’abord, suivi d’une intervention<br />

chirurgicale.<br />

Le transgendériste, le 3e sexe, va encore plus<br />

loin dans la complexité, et accepte un mélange<br />

de genres sur sa personne physique. Ainsi un<br />

homme biologique vit en femme, féminisé par<br />

<strong>les</strong> vêtements et l’hormonothérapie, tout en<br />

conservant son pénis ; une femmes biologique<br />

ayant subi une mastectomie (ablation des<br />

seins) sans traitement hormonal, androgynisant<br />

son corps sans le viriliser vraiment ; ou<br />

encore une personne gardant son sexe anatomique<br />

féminin et pouvant s’en servir pour le<br />

plaisir, tout en se sentant masculin, et voulant<br />

vivre au masculin ; intéressé par la modification<br />

de son corps dans le sens de la virilisation,<br />

mais non par la phalloplastie.<br />

Au départ, le terme «queer» (pédé bizarre)<br />

était une insulte homophobe. Le courant queer a<br />

repris par dérision l’appellation à son compte et<br />

regroupe cel<strong>les</strong> et ceux qu’on a étiquetés de perversion,<br />

de déviance, <strong>les</strong> parias, <strong>les</strong> inclassab<strong>les</strong><br />

qui vivent dans <strong>les</strong> marges de l’identité sexuelle<br />

et de la normalité. On y retrouve des transsexuels,<br />

des bisexuels, des adeptes du SM, du fétichisme,<br />

du piercing, de l’automutilation.<br />

Le chanteur queer Marylin Manson « eonist »<br />

avec implants mammaires et pénis tatoué, est un<br />

des champions de la provocation, de l’affrontement<br />

contre <strong>les</strong> normes sexuel<strong>les</strong> et mora<strong>les</strong> sur<br />

un mode anarchiste. Il glorifie la pornographie<br />

dans son clip vidéo récent « Mobscene » et dans<br />

« Gâteau et sodomie ». Extrait : « Beaucoup<br />

trop de défécations ora<strong>les</strong> / Merdes blanches,<br />

agenouillez-vous / C’est l’heure des gâteaux et<br />

de la sodomie / Je suis le dieu de la baise »<br />

(www.mansonlegion.com)<br />

Le travesti fétichiste<br />

Le travesti fétichiste, se travesti pour ressentir<br />

une excitation érotique. Les vêtements féminins<br />

(vinyle, dentel<strong>les</strong>, petites culottes, strings, jarretel<strong>les</strong>,<br />

collants) sont autant de stimulants de<br />

l’érection et de masturbations. Un exemple<br />

brillant et sulfureux est celui de Pierre Molinier,<br />

l’androgyne ténébreux du surréalisme, ami d’André<br />

Breton, photographe érotique qui se mettait<br />

en scène lui-même pour se représenter en guêpière,<br />

bas noirs ou résil<strong>les</strong>, et qui aura donné à<br />

l’érotisme fétichiste une dimension artistique.<br />

« Notre mission sur la terre est de transformer le<br />

monde en un immense bordel. »<br />

Le travesti prostitué<br />

Annonce : « Travesti soumis, reçoit H/couple.<br />

Fétichiste SM, fessée, scato, boit urine et sperme.<br />

S’exhibe rasé, portes jarretel<strong>les</strong>, escarpins. Possibilité<br />

de vous travestir. »<br />

Dans ce domaine <strong>les</strong> travestis brésiliens « <strong>les</strong><br />

brésiliennes » ont acquis une notoriété internationale.<br />

Dans le film de Beatriz Flores Silva :<br />

« Putain de vie/En la puta vida » Elisa prostituée<br />

prend conscience de son état d’exploitée.<br />

Une guerre de territoire s’est déclenchée entre<br />

<strong>les</strong> « Uruguayens » et leurs concurrents travestis<br />

brésiliens. Le meurtre d’un travesti brésilien fait<br />

basculer <strong>les</strong> choses. Elisa décide de dénoncer<br />

Placido son proxénète, et <strong>les</strong> <strong>autres</strong> maquereaux,<br />

qui sont lourdement condamnés.<br />

Histoire belge : Pourquoi <strong>les</strong> français ont-ils vraiment<br />

des raisons d’être fiers d’être champions du<br />

monde de foot ?<br />

- Parce que c’est bien la première fois qu’ils<br />

arrivent à baiser <strong>les</strong> Brésiliens ailleurs qu’au bois<br />

de Boulogne.<br />

Drag Queens, <strong>les</strong> « Reines »<br />

Un drag queen est un acteur masculin habillé d’une<br />

façon extrêmement provocante : robes multicolores,<br />

chaussures hautes comme des échel<strong>les</strong>, perruques<br />

figées et exubérants bijoux de pacotille.<br />

Les drag imitent et parodient sur scène, au cabaret,<br />

au théâtre, des icônes comme Marilyn,<br />

Marlène Dietrich, Judy Garland…<br />

Le transvestisme féminin, féministe et politique<br />

L’habit ferait-il le mari ? L’exemple d’un female husband,<br />

James Allen (1787-1829) qui fut pendant<br />

21 ans le mari d’Abigail, mourut à la suite d’un accident<br />

du travail. C’est à cette époque que <strong>les</strong> médecins<br />

découvrirent qu’Allen était une femme. De<br />

nombreux journaux britanniques en parlèrent.<br />

<strong>La</strong> liste est longue des saintes, soldates, ouvrières,<br />

voyageuses, artistes, amantes, qui ont, à<br />

travers <strong>les</strong> sièc<strong>les</strong>, endossé un habit masculin<br />

interdit et sont ainsi sorties, de plein gré ou non,<br />

de l’enfermement d’un destin sexué univoque.<br />

Dans le film western de Maggie Greenwald sorti<br />

# 1 / Mai 2011 19


SexoPsy<br />

Bibliographie<br />

Femmes travesties : un « mauvais » genre<br />

de Christine Bard et Nicole Pellegrin.<br />

Revue CLIO - oct. 1999<br />

Le voile, l’objet manqué<br />

de Jacques LACAN.<br />

Séminaire du 6 février 1957.<br />

Molinier<br />

de Pierre MOLINIER - 1969.<br />

L’Énigme<br />

de James MORRIS<br />

Gallimard<br />

Paul Éluard a cent ans<br />

de Gérard VERROUST - Colloque<br />

International de Nice - janvier 1996<br />

20 Mai 2011 / # 1<br />

en 1993, The Ballad of Little Jo, l’héroïne a le<br />

choix entre deux modes de vie, mère de famille<br />

ou putain. Mais elle choisit une troisième voie,<br />

la plus intrépide : être un homme, dont elle prend<br />

l’allure et <strong>les</strong> habits, alors qu’elle est « femme » et<br />

qu’elle le redeviendra, à la fin de l’histoire, pour<br />

l’amour d’un immigré, Chinois et persécuté.<br />

Les femmes travesties, font parfois rire. Valérie<br />

Lemercier dans sa comédie, Le Derrière (1999),<br />

incarne un jeune gay. On rit de ses mésaventures<br />

de femme (de « pisseuse » en l’occurrence)<br />

travestie et de l’image caricaturale de l’homosexualité<br />

masculine.<br />

À chacune/chacun, son image de la fille en garçon,<br />

et le look vestimentaire qui va avec : complet<br />

trois pièces avec gilet, salopette, cuirasse,<br />

strass, smoking, perfecto, pourpoint, monocle,<br />

chevelures rases, musculatures gonflées...<br />

Le transvestisme féminin fut d’abord un moyen<br />

de survie : déguisement des persécutées et des<br />

amoureuses, habillement commode des pauvresses<br />

et des patriotes. Il leur permit aussi de<br />

rendre visib<strong>les</strong> des revendications de liberté<br />

physique, d’égalité économique et de dépassement<br />

du cadre binaire des relations de sexe. Images<br />

de subversion politique et/ou d’affirmation<br />

d’une identité sexuelle non conforme.<br />

Le transvestisme féminin connaît lui aussi des<br />

références historiques, des personnages célèbres.<br />

Le chevalier d’Eon, (d’où la dénomination<br />

d’éonisme) par exemple. C’est en 1728 que<br />

naquit Char<strong>les</strong> Geneviève Louis d’Eon de Beaumont.<br />

<strong>La</strong> confusion des prénoms était prémonitoire<br />

d’une vie marquée tout entière par l’ambiguïté.<br />

Mais ses talents et sa bonne mine le firent<br />

bientôt remarquer du Roi Louis XV qui l’embrigade<br />

dans ses services de diplomatie parallèle<br />

(le « Secret du Roi »), afin d’approcher la<br />

Tsarine Elisabeth de Russie, d’Eon se métamorphose<br />

en Melle Lia de Beaumont. George Sand,<br />

Colette portaient des habits d’homme, s’assimilant<br />

ainsi à la frange littéraire et subversive de<br />

l’époque. Marlène Dietrich joua de l’ambiguïté<br />

en frac et en chapeau claque.<br />

De nos jours il est courant pour une femme de<br />

s’habiller en pantalon, en homme, voire de porter<br />

des accessoires masculins plus ou moins<br />

féminisés (cravates, pataugas, gros godillots).<br />

Depuis l’émancipation des femmes, résultat<br />

des mouvements féministes et des garçonnes<br />

des années 1920, qui coupèrent leurs cheveux,<br />

fumèrent le cigare, arboraient le frac, la masculinisation<br />

de l’allure des femmes est devenue<br />

banale. Modèle de l’uniformisation du « look »<br />

unisexe : le trio incontournable du jean –<br />

T-shirt – baskets. S’il est permis pour <strong>les</strong><br />

femmes de porter un habit masculin, <strong>les</strong><br />

femmes exagérément masculines (« butch » :<br />

« camionneuses »), subissent parfois de la<br />

discrimination.<br />

Psychologie<br />

du travestissement<br />

Un thème aussi complexe recouvrant des<br />

comportements infiniment variés, ne peut<br />

s’expliquer simplement. Nous nous contenterons<br />

des théories de deux grands penseurs,<br />

Szondi et <strong>La</strong>can. Pour Léopold Szondi, psychiatre,<br />

la figure d’identité, comme être<br />

sexuel complet, est celle de l’androgynie :<br />

« L’Etre-complet, l’être-total, c’est l’êtredouble<br />

hermaphrodite. Tout puissant est<br />

l’être qui possède <strong>les</strong> deux organes sexuels ;<br />

il est tout puissant parce qu’il n’a pas besoin<br />

d’un autre être pour accéder à la complétude ».<br />

« Tout homme, dit Szondi, a été cet être<br />

double dans la phase la plus ancienne de son<br />

ontogenèse, comme cellule sexuelle primaire<br />

(ovocyte ou spermatocyte), avant que<br />

s’opère la partition en deux cellu<strong>les</strong> sexuel<strong>les</strong><br />

(ovule et spermatozoïde), de la réunion<br />

desquel<strong>les</strong> naît l’individu ». « Cet être-double<br />

est naturellement anérotique puisque<br />

l’attraction érotique est l’apanage des êtres<br />

unisexués, <strong>les</strong>quels aspirent précisément à la<br />

complétude par le biais de l’accouplement<br />

avec un autre être unisexué. <strong>La</strong> partition de<br />

la cellule primaire fait perdre à l’individu<br />

son intégrité, il devient un « demi-être ».<br />

De cette condition de « demi-être » naît<br />

naturellement l’aspiration à l’être complet et<br />

la tendance à attendre la complétude de la<br />

part du partenaire de l’autre sexe. Cette aspiration,<br />

Platon la baptise Eros. Une personne<br />

peut être définie comme normale dans la<br />

mesure où il lui suffit de pratiquer le coït<br />

avec un partenaire pour trouver la complétude.<br />

Si ce moyen ne réussit pas, il y a un<br />

trouble du « besoin de complétude ». »<br />

Le transvestisme serait ainsi un retour symbolique<br />

à l’être-double androgyne, tout<br />

puissant.<br />

Pour Jacques <strong>La</strong>can, psychanalyste « le<br />

transvestiste… est quelqu’un qui s’identifie<br />

à la mère phallique en tant que d’autre part<br />

elle voile ce manque de phallus. Car aussi<br />

bien n’avons-nous pas attendu Freud pour<br />

aborder la psychologie des vêtements : dans<br />

tout usage du vêtement il y a quelque chose<br />

qui participe de la fonction du transvestisme,<br />

et si l’appréhension immédiate, courante,<br />

commune de la fonction du vêtement<br />

est de cacher <strong>les</strong> pudeurs (pudenda ?). Les<br />

vêtements ne sont pas seulement faits pour<br />

cacher ce qu’on en a au sens d’en avoir ou<br />

pas, mais aussi précisément de ce qu’on n’en<br />

a pas. L’une et l’autre fonction sont essentiel<strong>les</strong>.<br />

Il ne s’agit pas essentiellement et toujours<br />

de cacher l’objet, mais aussi bien de<br />

cacher le manque d’objet ».<br />

Alors somme nous tous des travestis ?


Psycho<br />

Et si la sexualité était de<br />

« nature initiatique »…<br />

<strong>La</strong> <strong>sexologie</strong> tente de traiter <strong>les</strong> liens possib<strong>les</strong> entre le<br />

corps et la psyché mis en cause dans le symptôme<br />

sexuel. Ainsi doit-elle considérer le symptôme<br />

sexuel au delà des concepts cartésiens dualistes qui<br />

opposent corps et psyché. Dès lors, le patient est considéré<br />

dans sa globalité. C’est la prise de conscience d’Eros<br />

qui va permettre le rétablissement du lien entre Psyché et<br />

Soma. Eros est cet élan de vie poussant l’individu à aller<br />

vers l’inter-relationnel. Ainsi, pouvons-nous dire que la<br />

<strong>sexologie</strong> est une thérapeutique qui tient compte de la<br />

subjectivité intimement reliée à l’autre où elle ramène le<br />

somatique au psychique et inversement, le psychique au<br />

somatique. En fait, le psychique est relationnel comme le<br />

somatique. Le psychologique et le somatique s’inscrivent<br />

tous <strong>les</strong> deux dans une organisation relationnelle où Eros<br />

préside.<br />

<strong>La</strong> <strong>sexologie</strong> est donc une entreprise pluridisciplinaire qui<br />

associe plusieurs niveaux dans la fonction érotique. Le<br />

psychosexologue clinicien va donc aider à intégrer <strong>les</strong><br />

troub<strong>les</strong> sexuels dans une dysfonction relationnelle en<br />

explorant <strong>les</strong> trois niveaux de la fonction érotique :<br />

1 Soma génétique, hormonal, fonctionnel, sensoriel.<br />

2 Eros énergie, émotionnel, relationnel, affectif.<br />

3 Psyché idées, imaginaire, symbolique, esthétique,<br />

spirituel.<br />

Le travail psychosexologique est de créer un pont entre<br />

ces trois niveaux de la fonction érotique : Soma, Eros, Psyché.<br />

Car il n’y a pas de conscience sans émotion. Pas de<br />

Psyché seule faite de jugements, d’opinions, d’idées,<br />

d’imaginaire sans être mis en confrontation à l’autre. Pas<br />

de Soma seul, fait d’organicité, de réaction biochimique,<br />

endocrinologique, fonctionnelle, de tension musculaire<br />

sans connections avec l’imaginaire, l’imaginaire érotique,<br />

amoureux, le désir d’union, le désir d’aimer. C’est l’émotion<br />

qui permet la conscience de soi.<br />

Ainsi pouvons-nous entrevoir la <strong>sexologie</strong> comme un travail<br />

de connections entre <strong>les</strong> sensations, <strong>les</strong> images traumatiques,<br />

refoulées, <strong>les</strong> émotions. Elle interroge le corps<br />

et l’esprit et inversement, pour prêter attention à un Eros<br />

b<strong>les</strong>sé, bafoué, qui veut grandir, progresser dans une nature<br />

supérieure de l’amour. Elle retrace la ligne de vie qui<br />

décrit <strong>les</strong> étapes de la vie qui ont entravées son développement<br />

d’homme ou de femme vers une sexualité satisfaisante,<br />

vers une aptitude à aimer et à être aimer. C’est un<br />

chemin d’évolution et de maturation. Quel patient n’a pas<br />

confondu sa partenaire avec ses parents faisant de cette<br />

fusion amoureuse un remarquable creuset d’illusions de<br />

réparer <strong>les</strong> manques d’amour du passé. Nous avons à<br />

l’aider à reconnaître dans sa colère l’expression de la douleur<br />

des b<strong>les</strong>sures de son enfance. Nous avons à l’aider à<br />

comprendre que <strong>les</strong> attentes de satisfaction complète rappelant<br />

l’unité originelle mère-enfant, la nostalgie du paradis<br />

perdu, sont réouvertes par <strong>les</strong> frustrations inévitab<strong>les</strong><br />

et indispensab<strong>les</strong> que sa/son partenaire lui fait vivre.<br />

L’autre est un véritable révélateur de l’Eros b<strong>les</strong>sé dans<br />

l’enfance et qui doit trouver guérison autrement que dans<br />

l’amour fusionnel. Eros doit évoluer et se transformer en<br />

un amour mur qui nécessite bien l’aide d’un psychosexologue<br />

clinicien.<br />

En quelque sorte, l’amour doit devenir cette unité qui diffère<br />

de l’amour infantile en ce qu’elle ne désire pas simplement<br />

la satisfaction personnelle de ses besoins, mais<br />

davantage la satisfaction de l’autre.<br />

<strong>La</strong> difficulté est bien présente pour le psychosexologue,<br />

puisqu’il doit aider son patient à pouvoir<br />

quitter ses propres besoins narcissiques<br />

d’amour liés à une enfance<br />

douloureuse autrement qu’en cherchant<br />

le Prince charmant ou la Belle<br />

au Bois Dormant. Et la gageure paraît<br />

d’autant impossible de l’aider à combler<br />

son Eros b<strong>les</strong>sé en l’invitant à<br />

développer une sensibilité à l’autre,<br />

en rejoignant la souffrance de l’autre.<br />

Il faudra du temps, souvent le temps<br />

de toute une thérapie, ou d’une vie<br />

pour que chacun prenne le temps<br />

d’écouter Eros b<strong>les</strong>sé de l’autre. Ainsi<br />

pourra t-il identifier chez celui-ci <strong>les</strong><br />

manques et frustrations ayant entravés<br />

son devenir d’homme ou de femme. Par cette attention,<br />

la compassion, la patience, l’espérance, il fait grandir<br />

Eros et s’ouvre à cet amour supérieur qui comble son<br />

creux de mère ou de père. C’est là, l’art du psychosexologue<br />

à conduire son patient et à le confronter avec <strong>les</strong><br />

grands thèmes de la vie : l’abandon, l’injustice, le pardon,<br />

la vengeance, la haine, l’amour, la naissance, la famille, la<br />

mort, la liberté, le bien et le mal, qui par leur élaboration<br />

lui permettra de se libérer et de croître dans une position<br />

d’homme ou de femme.<br />

Et si la sexualité revêtait « une nature initiatique »…<br />

<strong>La</strong>urent Malterre<br />

Psychosexologue clinicien - Psychanalyste<br />

Auteur de « <strong>La</strong> guerre des sexes »<br />

et « L’unité psychothérapique »<br />

Aux éditions L’Harmattan<br />

74, rue des Gravilliers 75003 Paris<br />

Sexo<br />

# 1 / Mai 2011 21


SexoPsy<br />

QUAND LE SYMPTOME<br />

SEXUEL VIENT DIRE<br />

LE CONFLIT<br />

Dr Jean-Michel HAVET<br />

Service de Psychiatrie des Adultes<br />

C.H.U. – Hôpital Robert Debré<br />

51092 Reims Cedex<br />

22 Mai 2011 / # 1<br />

On trouve généralement à l’origine de<br />

toute consultation une symptomatologie<br />

ou du tout moins une plainte<br />

pour laquelle le sujet et/ou son entourage<br />

viennent demander aide et soulagement.<br />

<strong>La</strong> lecture que le praticien fera du symptôme<br />

le conduira à mettre en œuvre un type de<br />

prise en charge en cohérence avec son interprétation.<br />

Il est donc fondamental qu’il soit<br />

pleinement conscient des hypothèses qui<br />

guident sa pratique afin de pouvoir <strong>les</strong> modifier<br />

si cel<strong>les</strong>-ci ne s’avéraient pas fonctionnel<strong>les</strong><br />

et opératoires.<br />

Le titre même de cet exposé, « quand le<br />

symptôme sexuel vient dire le conflit », traduit<br />

à l’évidence une conception étio-pathogénique<br />

qu’il nous faut expliciter afin de ne<br />

pas nous laisser porter par un courant idéologique<br />

implicite qui limiterait notre façon de<br />

penser et par là même risquerait d’être une source<br />

de blocage et d’impasse dans notre activité<br />

thérapeutique.<br />

Même si le terme de conflit mériterait à lui seul<br />

un long débat je m’attacherais essentiellement à<br />

l’analyse du concept de symptôme, aux différentes<br />

acceptions qu’il sous-entend et à l’usage qu’il<br />

peut donc en être fait en pratique.<br />

En première analyse, le terme de symptôme en<br />

lui-même renvoie à une problématique plus<br />

profonde et cachée dont le patient s’attend à ce<br />

que le praticien l’identifie afin de lui apporter un<br />

remède efficace. Il existe bien des traitements


© Dreamstime.com / Droits réservés<br />

dits « symptomatiques », mais ceux-ci ont souvent<br />

mauvaise presse. En effet, même si le plus<br />

souvent la demande initiale du patient est d’être<br />

débarrassé de ses symptômes, quelle que soit la<br />

méthode employée pour cela, le traitement<br />

symptomatique s’il peut apporter au sujet en<br />

souffrance un certain apaisement, est censé laisser<br />

entier le problème à l’origine du symptôme<br />

qui de ce fait sera toujours susceptible de se<br />

manifester à nouveau.<br />

Etroitement associé donc à la notion de symptôme<br />

se trouve la question de la causalité qu’il<br />

nous faudra examiner tant du point de vue de sa<br />

direction que du point de vue de son origine.<br />

Pour ce qui concerne sa direction nous avons été<br />

habitués à penser que la cause précède l’effet et<br />

donc à nous poser la question du « pourquoi ? ».<br />

L’idée sous-jacente est que pour faire disparaître<br />

l’effet il faut en supprimer la cause. Outre le fait<br />

que la connaissance des causes n’est pas toujours<br />

nécessaire et encore moins suffisante à la prise en<br />

charge efficace des problèmes et difficultés auxquels<br />

nous sommes confrontés (il vaut mieux<br />

savoir comment éteindre un incendie que de<br />

savoir ce qui la déclenché) le raisonnement causaliste<br />

dans cette perspective peut conduire à<br />

une régression infinie dans la recherche de la<br />

cause de la cause, puis de la cause de la cause de<br />

la cause, et ainsi de suite.<br />

Par exemple, si je propose que tel ou tel symptôme<br />

sexuel est lié à l’attachement irrésolu du sujet à sa<br />

mère je peux (je dois ?) me demander quelle est<br />

l’origine de cet attachement. Je vais alors découvrir<br />

que celui-ci vient de ce que sa mère a éprouvé<br />

dans son enfance un sentiment d’abandon de la<br />

part de sa propre mère qui elle-même s’est comportée<br />

ainsi parce qu’elle avait souffert de l’emprise<br />

que sa mère (l’arrière-grand-mère donc de<br />

notre patient) avait exercé vis à vis de son autonomie<br />

psychique, etc. Il est fort peu probable que ce<br />

cheminement, pour intéressant qu’il soit, puisse<br />

aider le sujet à venir à bout de son symptôme.<br />

Pourquoi arrêterions-nous notre analyse à l’arrière-grand-mère<br />

du patient ? Et même si nous le<br />

décidions, comment pourrions-nous intervenir<br />

pour modifier la conduite de celle-ci ?<br />

Par ailleurs, si cette notion de causalité efficiente<br />

(pour reprendre la classification Aristotélicienne<br />

des causes) ou de cause antécédente (dans une<br />

acception plus moderne) est très certainement<br />

utile pour la prédiction des résultats attendus de<br />

nos actions, elle néglige par son aspect mécanique<br />

et déterministe ce qui fondamentalement<br />

constitue l’essence de l’être humain, à savoir sa<br />

capacité à développer des projets qui repose sur<br />

des intentions.<br />

En d’<strong>autres</strong> termes, en matière de comportement<br />

humain, il convient de redonner une place<br />

à ce qu’Aristote nommait la cause finale, c’est à<br />

dire au but conduisant à la mise en œuvre de<br />

l’acte. En complète opposition donc avec ce que<br />

nous pensions n’être pas possible l’effet (recherché)<br />

précède la cause. Il s’agira alors d’envisager<br />

le symptôme en tant que praxis dont le sujet est<br />

l’acteur et non plus en tant que processus auquel<br />

il serait soumis.<br />

Ainsi, par exemple, il apparaîtra que tel ou tel<br />

symptôme sexuel allégué, que dans ma précédente<br />

analyse je pensais pouvoir attribuer à tel<br />

ou tel désordre psychologique ou psychopathologique<br />

que j’étais persuadé d’avoir identifié, a en<br />

fait pour fonction de frustrer le ou la partenaire<br />

du sujet qui en était porteur. Je vais alors être<br />

conduit à me demander d’une part si cela est –<br />

ou non volontaire, contrôlé par le sujet et d’autre<br />

part quelle peut bien être la raison de ce comportement.<br />

Ne cherche-t-il pas par exemple, par ce<br />

procédé à se venger d’un préjudice dont il juge<br />

son conjoint responsable ? On voit ici apparaître<br />

l’idée du symptôme en tant qu’arme dans un<br />

conflit conjugal. <strong>La</strong> question sera alors : comment<br />

vais-je pouvoir utiliser cette hypothèse<br />

pour aboutir à un résultat thérapeutique satisfaisant<br />

pour <strong>les</strong> deux membres du couple ? En toute<br />

logique je devrais chercher le mobile du comportement<br />

symptomatique afin de vérifier mon<br />

hypothèse. Mais, dans toute histoire conjugale<br />

des raisons d’être mécontent existent obligatoirement,<br />

chacun étant loin d’être parfait et de<br />

satisfaire pleinement l’autre. Le mobile mis ainsi<br />

à jour sera-t-il suffisant pour expliquer la situation<br />

? Sa « découverte » permettra-t-elle en ellemême<br />

une évolution positive ? On peut en douter.<br />

En effet, s’il est fort probable que le conjoint<br />

frustré accepte volontiers l’idée de la malignité<br />

portée par le symptôme de son partenaire que<br />

ma redéfinition propose, il est tout autant probable<br />

que l’autre membre du couple rejette cette<br />

idée et s’en offusque en mettant en avant sa souffrance<br />

et ses difficultés. Mais, même si tous deux<br />

acceptent cette vision du symptôme comme<br />

moyen de communiquer à l’autre son mécontentement,<br />

cela sera-t-il suffisant pour résoudre<br />

le problème ? Le thérapeute ne se retrouvera-t-il<br />

pas ainsi invité et impliqué comme tiers dans un<br />

conflit sans issue, chargé d’arbitrer le différent et<br />

d’être l’allié de l’un ou de l’autre, chacun restant<br />

convaincu de son bon droit et campant sur ses<br />

positions.<br />

Un changement radical de point de vue sera possible<br />

en intégrant à notre raisonnement <strong>les</strong> mécanismes<br />

de rétroaction nous conduisant à une<br />

Même si tous deux acceptent cette vision<br />

du symptôme comme moyen de communiquer<br />

à l’autre son mécontentement, cela sera-t-il<br />

suffisant pour résoudre le problème ?<br />

modélisation circulaire des processus interactifs<br />

dans laquelle <strong>les</strong> notions de cause et d’effet perdent<br />

la pertinence et l’utilité indispensab<strong>les</strong> à<br />

nos conceptions précédentes.<br />

Cette perspective nous conduits à abandonner<br />

l’usage des concepts de cause et d’effet en vertu<br />

du fait que <strong>les</strong> individus sont à la fois agissant et<br />

réagissant. C’est la raison pour laquelle chercher<br />

à déterminer ce qui est cause et ce qui est effet<br />

revient à ponctuer arbitrairement l’interaction<br />

pour attribuer à l’un ou à l’autre (selon la façon<br />

dont nous ouvrirons la boucle d’interaction) la<br />

responsabilité de la problématique. En fin de<br />

compte il ne s’agira plus de se demander, « qui<br />

fait quoi à quoi » mais, « qu’est-ce qu’ils font<br />

ensemble », de quel jeu sont-ils prisonniers ?<br />

Ainsi, en présence d’un symptôme sexuel le praticien<br />

ne sera intéressé ni par son origine, ni par<br />

son but, mais par la façon dont il se pérennise. Il<br />

s’enquierera donc de la manière dont le partenaire<br />

y réagit et des effets que cette réaction a sur<br />

celui qui porte le symptôme. Il évitera ainsi <strong>les</strong><br />

pièges de la culpabilité et des accusations réciproques<br />

de malveillance.<br />

Quant au lieu de la causalité nous en avons habituellement<br />

– ainsi que nos patients – une compréhension<br />

individuelle qui nous conduit à une<br />

prise en charge physiologique ou psychopathologique<br />

centrée sur le sujet. Si la question du<br />

conflit surgit celui-ci sera alors, ainsi que nous l’a<br />

enseigné entre autre la psychanalyse, intrapsychique,<br />

entre <strong>les</strong> différences instances de la psychée,<br />

entre le moi et le surmoi, entre <strong>les</strong> désirs et<br />

leurs interdits.<br />

# 1 / Mai 2011 23


SexoPsy<br />

<strong>La</strong> célèbre phrase de<br />

Simone de Beauvoir :<br />

« on ne naît pas<br />

femme : on le devient »<br />

peut tout aussi<br />

bien s’appliquer<br />

aux hommes.<br />

24 Mai 2011 / # 1<br />

L’un des apports majeurs des thérapies familia<strong>les</strong><br />

systémiques a été de nous apprendre que<br />

le patient n’est pas l’unique propriétaire de ses<br />

symptômes dont le sens et la fonction doivent<br />

être recherchés dans le contexte où ils sont<br />

apparus. Le « choix » d’un symptôme sexuel<br />

n’est certainement pas sans rapport avec la<br />

structure, la dynamique et l’histoire du couple<br />

où il se manifeste et cela peut être exploré au<br />

cours de l’entretien. Il sera cependant surtout<br />

important de saisir son utilité pour le maintien<br />

de ce couple. En effet, on considère dans une<br />

perspective systémique que tout symptôme<br />

est au service de l’homéostasie familiale et<br />

participe au non changement d’une situation<br />

qui nécessiterait pourtant le passage à une<br />

étape suivante.<br />

Un conflit conjugal, pour peu qu’il soit de degré<br />

suffisant, devrait trouver sa résolution dans la<br />

séparation si la réconciliation n’est pas possible.<br />

<strong>La</strong> focalisation sur le symptôme sexuel peut être<br />

envisagée comme le moyen d’occulter le conflit<br />

et la séparation qui menace. Dans la perspective<br />

de Mara Selvini Palazzoli, le problème est une<br />

solution à un autre problème plus grave. Il est<br />

donc important de ne pas changer. Et, ce sera ce<br />

que l’on pourra constater en interrogeant <strong>les</strong><br />

membres du couple sur chronologie des évènements<br />

dans <strong>les</strong>quels le symptôme sexuel est<br />

venu prendre place. Une tension existait en<br />

général bien avant son installation, tension qui a<br />

laissé la place à la recherche de l’origine du<br />

symptôme ; tension qui est devenue secondaire<br />

et mise en relation avec le symptôme : s’il disparaît,<br />

l’harmonie renaîtra.<br />

<strong>La</strong> théorie du constructionnisme social,<br />

enfin, associé à la critique féministe des thérapies<br />

familia<strong>les</strong> nous a conduits à remettre en<br />

question <strong>les</strong> idées développées jusque là et<br />

qui ne tenaient pas compte des implications<br />

de la différence des sexes quant aux rô<strong>les</strong><br />

joués tant au niveau familial que du couple, et<br />

quant aux attentes qui en découlent. L’identité<br />

sexuée n’existe pas en dehors du contexte<br />

qui la détermine en grande partie : elle n’est<br />

pas donnée à priori, mais construite dans la<br />

relation en référence aux idées ayant cours<br />

dans une société particulière. <strong>La</strong> célèbre<br />

phrase de Simone de Beauvoir : « on ne naît<br />

pas femme : on le devient » peut tout aussi<br />

bien s’appliquer aux hommes.<br />

L’identité sexuée repose sur des schémas sociaux<br />

dont il est préférable d’avoir connaissance et<br />

qu’il conviendra d’expliciter quand il s’agira<br />

d’aborder un symptôme sexuel : qu’est-ce qui<br />

pour le patient – et son conjoint – constitue le<br />

fait d’être un homme ou une femme, et quel<strong>les</strong><br />

attentes en découlent ?<br />

Ainsi que l’exprime fort bien Peggy Papp : « <strong>les</strong><br />

identités masculines et féminines ne sont jamais<br />

aussi vulnérab<strong>les</strong> que dans la chambre à coucher<br />

dans laquelle la signification de ce qu’est « un<br />

vrai homme » ou « une vraie femme » est mise<br />

en relief de façon pointue et jouée en termes à la<br />

fois symboliques et réels. Les besoins sexuels,<br />

<strong>les</strong> fantasmes, <strong>les</strong> désirs et <strong>les</strong> attentes des hommes<br />

et des femmes s’entrecroisent dans une<br />

danse complexe qui peut déboucher tout autant<br />

sur une fusion bienheureuse que sur l’aliénation,<br />

la frustration et le désappointement ».<br />

<strong>La</strong> valeur des femmes est souvent associée au<br />

fait de donner aux <strong>autres</strong> et d’être responsable<br />

de leur bien être émotionnel, ce qui <strong>les</strong> conduit<br />

souvent à mettre leurs propres besoins au<br />

second plan et à inhiber leur colère. C’est sans<br />

doute pourquoi le conflit chez ces dernières fait<br />

le lit de la dépression qui tombe à point pour<br />

justifier la baisse ou l’absence de libido.<br />

Les hommes restent largement dépendant dans<br />

la construction de leur identité masculine de<br />

l’idée que l’on attend d’eux la réalisation de performances<br />

(professionnel<strong>les</strong>, sportives mais<br />

également sexuel<strong>les</strong>). <strong>La</strong> simple idée de se sentir<br />

faible ou impuissant leur est généralement<br />

insupportable. Combien de fois n’ai je pas<br />

entendu des hommes frappés de difficultés ou<br />

d’absence d’érection se préoccuper surtout de<br />

ce que risque d’en penser leur épouse, plutôt<br />

que de s’en inquiéter pour eux-mêmes. Là encore,<br />

la dépression sera l’élément indépendant de<br />

la volonté propre du sujet qui permettra, à elle<br />

seule ou en association aux effets indésirab<strong>les</strong><br />

des antidépresseurs, d’expliquer le désintérêt<br />

pour la sexualité et d’éviter le conflit.<br />

Savoir retrouver en arrière plan du symptôme<br />

l’image idéalisée de l’homme ou de la femme<br />

que chacun des membres du couple a intériorisé<br />

pour mettre à jour <strong>les</strong> problématiques souvent<br />

conflictuel<strong>les</strong> qui en découlent s’impose donc<br />

comme une priorité pour le thérapeute. C’est à<br />

partir de là qu’il pourra avec eux construire une<br />

histoire différente dans laquelle le symptôme<br />

sexuel n’aura plus sa place.<br />

En conclusion, considérer que le symptôme<br />

sexuel vient dire le conflit reste essentiellement<br />

une hypothèse du thérapeute. Si l’on veut bien<br />

admettre que le conflit existe toujours (au moins<br />

potentiellement) à partir du moment où deux<br />

personnes sont dans une relation suffisamment<br />

durable, puisqu’il est impossible que leurs intérêts<br />

coïncident de façon permanente, la question<br />

sera alors pour le thérapeute de savoir comment<br />

il va utiliser cette hypothèse afin d’élaborer<br />

une stratégie efficace pour résoudre le problème.<br />

Différentes pistes s’offrent à lui que nous<br />

n’avons fait qu’esquisser au cours de cet exposé.


Billet d’humeur du Dr Esturgie<br />

Ceux d’entre vous qui ont eu la chance d’entendre Fabrice<br />

Luchini faire la lecture de Muray au théâtre de l’Atelier<br />

n’ont certainement pas oublié sa magnifique tirade<br />

concernant <strong>les</strong> emplois jeunes : « Un bataillon d’agents<br />

du développement du patrimoine ouvre la marche, suivi presque<br />

aussitôt par un peloton d’accompagnateurs de détenus.<br />

Puis arrivent en rangs serrés, des compagnies d’agents de gestion<br />

locative, d’agents polyvalents, d’agents d’ambiance, d’adjoints<br />

de sécurité, de coordinateurs petite enfance, d’agents<br />

d’entretien des espaces naturels, d’agents de médiation, d’aideséducateurs,<br />

d’agents d’accueil des victimes et j’en passe. Ferme<br />

le cortège un petit groupe hilare d’accompagnateurs de personnes<br />

dépendantes placées en institution… etc. ». À cette énumération,<br />

il manquait pourtant un métier. Rassurez vous la<br />

lacune est comblée, j’ai appris à la radio qu’il existe une nouvelle<br />

profession : assistant sexuel pour personnes handicapées.<br />

Vous étiez sans doute au courant, moi, j’ignorais encore – bien<br />

que des politiques nous aient déjà promis une société du soin –<br />

jusqu’où pouvait aller la sollicitude de certains.<br />

En réalité tout cela est fort<br />

sérieux : un député de la<br />

majorité prépare un projet<br />

de loi pour officialiser cette<br />

fonction comme cela existe<br />

déjà dans plusieurs pays<br />

européens : Danemark,<br />

Belgique, Allemagne et<br />

Suisse. Il est indéniable que<br />

la fonction sexuelle peut<br />

poser des difficultés insurmontab<strong>les</strong><br />

aux personnes<br />

handicapées et il me semble<br />

naturel que ces personnes aient accès à des services sexuels<br />

rétribués, cela porte un non, vieux comme le métier lui-même,<br />

cela s’appelle prostitution. Au risque de choquer, personnellement<br />

je pense que la prostitution est une réalité sociale et<br />

humaine à respecter dans la mesure où elle ne s’exerce pas sous<br />

la forme du trafic et de l’esclavage des femmes (ou des hommes,<br />

ou des transsexuels) et il me semblerait justifié de décriminaliser<br />

la prostitution et de la reconnaître légalement.<br />

Ceci étant posé, l’affaire mérite réflexion. J’ai trouvé sur Google<br />

le témoignage d’un Monsieur qui exerce cette activité, Pascal a<br />

50 ans : « avec moi elle a eu envie de découvrir un corps qui ne<br />

soit pas juste source de souffrance, mais de plaisir… je ne propose<br />

pas de rapport sexuel complet, ni pénétration, ni fellation,<br />

mais j’offre des caresses pouvant aller jusqu’à l’orgasme et des<br />

corps-à-corps dans la nudité (il intervient indifféremment auprès<br />

des femmes et des hommes)… je n’ai pas de limite d’âge mais je<br />

n’accepte pas <strong>les</strong> moins de trente ans, car la différence d’âge me<br />

gênerait (sic)… Je demande juste le remboursement des frais de<br />

déplacement mais je trouverais plus sain d’être payé… chaque<br />

<strong>rencontre</strong> est une aventure, l’émotion est là ». Dans <strong>les</strong> pays où<br />

le métier d’« agent polyvalent de masturbation à domicile<br />

pour personnes handicapées dépendantes placées ou non<br />

en institution » est légal, le prix des prestations varie de 100 à<br />

150 euros, le temps passé n’étant pas précisé !<br />

Il faut envisager avant tout ce problème du point de vue des<br />

« En somme<br />

l’âge médical peut<br />

commencer »<br />

Ju<strong>les</strong> Romains (Knock)<br />

handicapé(e)s. Qu’ils ou el<strong>les</strong> puissent avoir la possibilité de<br />

recourir si el<strong>les</strong> le désirent à des professionnel(le)s sexuel(<strong>les</strong>)<br />

dans de bonnes conditions devrait pour moi aller de soi, il suffirait<br />

d’étudier comment l’organiser, mais il faudrait au préalable<br />

changer la loi et cesser de condamner la prostitution et son<br />

utilisation comme des délits. Dans cette pratique la personne<br />

resterait sujet de son désir et non pas objet d’une compassion<br />

suspecte même si c’était l’assurance maladie qui jouait le rôle<br />

d’entremetteuse. D’autre part le caractère technique du service<br />

rendu aurait l’avantage d’éviter toute équivoque. Ces<br />

handicapé(e)s souffrent suffisamment de devoir être assisté(e)s<br />

de diverses manières pour leur épargner une dépendance supplémentaire.<br />

Il s’agit d’êtres humains à part entière qui la plupart<br />

du temps ont leur propre sexualité soit solitaire soit partagée<br />

: Isabelle, une de mes patientes I.M.C. qui venait en<br />

consultation en fauteuil roulant a eu un petit garçon qu’elle<br />

élève seule, le père s’étant dérobé, elle est métamorphosée<br />

depuis cette naissance. Une autre jeune I.M.C. en fauteuil roulant<br />

était parfaitement épanouie dans un couple <strong>les</strong>bien avec<br />

une femme normale, une<br />

troisième, Sandra, qui prépare<br />

le concours d’avocat,<br />

vient en thérapie à la suite<br />

d’attouchements par un<br />

soignant ! Notre devoir est<br />

de <strong>les</strong> aider à oublier leur<br />

différence et non pas de<br />

leur imposer notre commisération<br />

sous une forme ou<br />

une autre. L’Enfer, dit la<br />

sagesse des nations est pavé<br />

de bonnes intentions.<br />

Voyons maintenant du côté des candidats à cet assistanat…<br />

Pascal est, dit-il, le « seul aidant sexuel en France » actuellement,<br />

marié, père de famille, épanoui dans son couple, formé<br />

en Suisse en 2008-2009. J’avoue rester très perplexe sur <strong>les</strong><br />

motivations inconscientes de cet homme que je veux croire<br />

sincère : pas de pénétration ni de fellation (fait-il des cunnilingus<br />

?). Il y a des corps à corps dans la nudité, des orgasmes, de<br />

l’émotion, de l’aventure ! Avec des hommes comme avec des<br />

femmes ! Quelle peut être la part chez lui d’une nouvelle<br />

déviance que l’on pourrait dénommer handicapophilie ? Quels<br />

dégâts psychologiques profonds peuvent créer ces contacts,<br />

ces émotions chez des sujets fragilisés par leur handicap ? Par<br />

quelle aberration peut-on en arriver là ? Nous retrouvons la<br />

vieille confusion sémantique entre fonction sexuelle et sexualité.<br />

Dans un document publié sur Google, l’argumentation en<br />

faveur de cette pratique est développée à partir de la définition<br />

par l’O.M.S. de la santé sexuelle et du droit de chacun à y accéder.<br />

Bien entendu nous adhérons tous à cette définition et à ce<br />

droit, mais cet exemple nous démontre, me semble t’il, combien<br />

nous devons rester vigilants devant <strong>les</strong> interprétations<br />

hygiénistes que certains peuvent en faire et <strong>les</strong> dérives inquiétantes<br />

susceptib<strong>les</strong> d’en découler.<br />

Un projet de société dont la finalité serait le soin témoignerait<br />

de l’irrémédiable vieil<strong>les</strong>se de cette société.<br />

Claude Esturgie<br />

Sexo<br />

# 1 / Mai 2011 25


Art<br />

Livres<br />

Sans confiance entre <strong>les</strong><br />

individus, c’est toute notre<br />

société qui s’écroule. <strong>La</strong><br />

peur, la déraison, la faillite, la<br />

guerre, la paranoïa menacent.<br />

Pourtant : la judiciarisation<br />

des rapports contractuels, le<br />

désir de contrôle, la difficulté<br />

d’accepter notre part humaine<br />

de fragilité, sans laquelle<br />

la confiance n’existe pas,<br />

engendrent une société ou de<br />

la défiance. L’essai magistral<br />

de Michela Marzano offre une<br />

double perspective historique<br />

et philosophique : de la<br />

banqueroute de <strong>La</strong>w (1720) à<br />

la crise du prêt interbancaire<br />

(2007/2008), de l’égoïsme<br />

libéral au doute systématique<br />

des théories du complot, du<br />

don de soi dans l’amour,de<br />

la confiance dans la relation<br />

médicale, à la multiplication<br />

des conflits juridiques dans la<br />

sphère privée (sait-on que 70<br />

% des contentieux au TGI sont<br />

familiaux ?), de la crainte<br />

de tout perdre à l’éloge de la<br />

dépendance, Michela Marzano<br />

construit et déconstruit notre<br />

rapport à la confiance. Le<br />

pilier de notre civilisation.<br />

de Michela Marzano,<br />

Éd. Grasset<br />

Dans son dernier livre, Sex@<br />

mour, Jean-Claude Kaufmann<br />

enquête sur <strong>les</strong> <strong>rencontre</strong>s<br />

amoureuses sur Internet,<br />

et nous livre quelques clés<br />

essentiel<strong>les</strong> du nouveau<br />

pays des amours qui n’a rien<br />

de merveilleux. Internet a<br />

bouleversé <strong>les</strong> codes de la <strong>rencontre</strong><br />

entre deux individus.<br />

Tout se passe dorénavant<br />

avec une incroyable facilité<br />

- et rapidité. Résultat : une<br />

banalisation de la sexualité qui<br />

soulève une question brûlante<br />

chez le sociologue : le sexe<br />

peut-il vraiment devenir un<br />

loisir comme <strong>les</strong> <strong>autres</strong> ?<br />

de Jean-claude Kaufmann,<br />

Éd. Armand Collin<br />

De nombreux individus se<br />

disent aujourd’hui libertins :<br />

parmi eux, ceux qui fréquentent<br />

<strong>les</strong> clubs et <strong>les</strong> lieux de<br />

<strong>rencontre</strong>s sadomasochistes,<br />

échangistes, « fétichismes »,<br />

de sexualité de groupe, ceux<br />

qui s’intéressent également<br />

à la pornographie… Ils sont à<br />

la recherche de la jouissance<br />

totale, et se veulent affranchis<br />

de toute contrainte et de tout<br />

attachement. Alberto Eiguer<br />

décrit ces libertins d’hier et<br />

d’aujourd’hui : qu’ont-ils en<br />

commun et qu’est ce qui <strong>les</strong><br />

différencie ? Le libertin est-il<br />

un pervers ? Un prédateur<br />

? Jusqu’où est-il prêt à aller<br />

pour satisfaire ses désirs ?<br />

L’auteur répond à toutes <strong>les</strong><br />

questions que posent ces<br />

personnalités, et donne des<br />

perspectives thérapeutiques.<br />

Le propos est ponctué de cas<br />

cliniques et d’exemp<strong>les</strong> puisés<br />

dans la littérature.<br />

de Albert Eiguer,<br />

Collection : Psychismes,<br />

Éd. DUNOD<br />

Qui voudrait encore, du moins<br />

en Europe, mourir pour Dieu,<br />

pour la Patrie, pour la Révolution<br />

? Personne ou presque,<br />

mais pour ceux que nous<br />

aimons, nous serions prêts<br />

à tout. Par-delà l’humanisme<br />

des Lumières et ses critiques,<br />

par-delà Kant et Nietzsche,<br />

une nouvelle spiritualité laïque<br />

naît de la sacralisation de<br />

l’humain par l’amour. Ce livre<br />

raconte son histoire. Il dévoile<br />

ses liens secrets avec une<br />

autre aventure, celle de la vie<br />

de bohème.<br />

de Luc Ferry, Éd. PLON<br />

« L’amour, c’est comme<br />

retrouver un parent perdu, son<br />

regard traverse la mort, et,<br />

avec lui, surgissent des fou<strong>les</strong><br />

de détails précis, formes,<br />

sons, couleurs, odeurs. Une<br />

femme vraiment aimée est<br />

brusquement la même qu’une<br />

autre, très différente, et qu’on<br />

n’oubliera jamais. Mais cette<br />

matinée aussi est la même<br />

qu’il y a vingt ou trente ans,<br />

ce rayon de soleil est le<br />

même, ce passage de bateaux<br />

le même, ces mouettes <strong>les</strong><br />

mêmes. L’autre, contrairement<br />

à la vieille rengaine romantique,<br />

est le même quand<br />

même. Toute séparation se<br />

dissout dans le soir puissant.<br />

Les amoureux sont seuls au<br />

monde parce que le monde<br />

est fait pour eux et par eux.<br />

L’amour est cellulaire dans <strong>les</strong><br />

tourbillons du hasard, et ces<br />

deux-là avaient une chance<br />

sur quelques milliards de se<br />

<strong>rencontre</strong>r à la même époque.<br />

Entre le français et l’italien, il<br />

y a une longue et bizarre histoire.<br />

Elle ne demande, avec<br />

Stendhal, qu’à s’approfondir ».<br />

de Philippe Sollers<br />

xxxx p., Éd. Gallimard<br />

Sans oublier…<br />

au prochain numéro<br />

26 Mai 2011 / # 1


Dysfonction érectile<br />

L<br />

’amour nous<br />

appartient…<br />

CIALIS ® (tadalafil). FORMES ET PRESENTATIONS (*) : CIALIS 2,5 mg, CIALIS 5 mg, CIALIS 10 mg ou<br />

CIALIS 20 mg, comprimés pelliculés. COMPOSITION (*): 2,5 mg, 5 mg, 10 mg ou 20 mg de tadalafil. Excipients:<br />

contient du lactose monohydraté. INDICATIONS : Traitement de la dysfonction érectile chez l’homme adulte.<br />

Une stimulation sexuelle est requise pour que tadalafil soit efficace. CIALIS n’est pas indiqué chez la femme.<br />

POSOLOGIE ET MODE D’ADMINISTRATION (*) : Voie orale. Homme adulte : Dose recommandée : 10 mg<br />

à prendre avant toute activité sexuelle prévue, pendant ou à distance des repas. En cas d’effet insuffisant, une dose<br />

de 20 mg peut être préconisée. CIALIS peut être pris au moins 30 minutes avant toute activité sexuelle. Fréquence<br />

d’administration maximale : une prise par jour (tadalafil 10 mg ou 20 mg n’est pas recommandé pour une utilisation<br />

quotidienne prolongée). Chez <strong>les</strong> patients répondeurs à un traitement à la demande qui prévoient un usage<br />

fréquent de CIALIS, la prise d’un comprimé par jour, à des doses plus faib<strong>les</strong> peut être considérée comme adéquate,<br />

la décision dépendant du choix du patient et de l’avis du médecin. Chez ces patients, la posologie recommandée est<br />

de 5 mg, une fois par jour, approximativement au même moment de la journée. Réduction possible à 2,5 mg une<br />

fois par jour, selon la tolérance individuelle. Hommes âgés ou atteints de diabète ou d’insuffisance rénale légère à<br />

modérée : Aucun ajustement posologique. Insuffisance rénale sévère : Dose maximale recommandée : 10 mg.<br />

Administration quotidienne non recommandée. Insuffisance hépatique : Dose recommandée : 10 mg. Administration<br />

de doses supérieures à 10 mg ou administration quotidienne : aucune donnée. Insuffisance hépatique sévère (Child-<br />

Pugh, classe C) : données cliniques de tolérance limitées. Une évaluation individuelle attentive du rapport bénéfice/<br />

risque devra être effectuée par le médecin. Population pédiatrique : Non indiqué chez <strong>les</strong><br />

patients de moins de 18 ans. CONTRE-INDICATIONS : Hypersensibilité à la substance active<br />

ou à l’un des excipients. Lors des essais cliniques, il a été montré que le tadalafil potentialisait<br />

l’effet hypotenseur des dérivés nitrés. Cela résulterait des effets conjugués des dérivés nitrés et<br />

du tadalafil sur la voie monoxyde d’azote / GMPc. CIALIS est donc contre-indiqué chez <strong>les</strong><br />

patients qui reçoivent des dérivés nitrés sous n’importe quelle forme (voir rubrique Interactions<br />

Médicamenteuses). Les traitements de la dysfonction érectile, tels que CIALIS, ne doivent pas<br />

être utilisés chez <strong>les</strong> hommes atteints de maladie cardiaque et pour qui l’activité sexuelle est<br />

déconseillée. Les médecins doivent évaluer le risque cardiaque potentiel de l’activité sexuelle<br />

chez <strong>les</strong> patients ayant des antécédents cardiovasculaires. Les groupes de patients présentant<br />

<strong>les</strong> antécédents cardiovasculaires suivants n’ayant pas été inclus dans <strong>les</strong> essais cliniques,<br />

l’utilisation du tadalafil est donc contre-indiquée chez : - <strong>les</strong> patients ayant présenté un<br />

infarctus du myocarde au cours des 90 derniers jours, - <strong>les</strong> patients souffrant d’angor instable<br />

ou présentant des douleurs angineuses pendant <strong>les</strong> rapports sexuels, - <strong>les</strong> patients ayant<br />

présenté une insuffisance cardiaque supérieure ou égale à la classe 2 de la classification<br />

NYHA (New York Heart Association) au cours des 6 derniers mois, - <strong>les</strong> patients<br />

présentant des troub<strong>les</strong> du rythme non contrôlés, une hypotension artérielle<br />

(< 90/50 mm Hg) ou une hypertension artérielle non contrôlée, - <strong>les</strong> patients ayant<br />

eu un accident vasculaire cérébral au cours des 6 derniers mois. CIALIS est contre-indiqué chez <strong>les</strong> patients ayant<br />

une perte de la vision d’un œil due à une neuropathie optique ischémique antérieure non artéritique (NOIAN), que<br />

cet événement ait été associé ou non à une exposition antérieure à un inhibiteur de la PDE5 (voir rubrique Mises en<br />

garde spécia<strong>les</strong> et précautions d’emploi). MISES EN GARDE SPECIALES ET PRECAUTIONS D’EMPLOI (*) :<br />

Pour l’ensemble des dosages : Avant d’instaurer tout traitement de la dysfonction érectile, recueillir <strong>les</strong> antécédents<br />

médicaux et réaliser l’examen clinique afin de diagnostiquer la dysfonction érectile et d’en déterminer <strong>les</strong> causes<br />

sous-jacentes potentiel<strong>les</strong>. Des anomalies visuel<strong>les</strong> et des cas de NOIAN rapportés à la suite de la prise de CIALIS<br />

et d’<strong>autres</strong> inhibiteurs de la PDE5. Le patient doit être averti qu’en cas d’anomalie visuelle soudaine, il doit arrêter<br />

la prise de CIALIS et consulter immédiatement un médecin (voir Contre-indications). Les patients doivent être<br />

informés du fait de devoir chercher une assistance médicale immédiate s’ils présentent une érection d’une durée de<br />

4 heures ou plus. Utiliser avec prudence en cas de pathologies susceptib<strong>les</strong> de prédisposer au priapisme ou en cas de<br />

malformation anatomique du pénis. L’efficacité de CIALIS n’est pas connue chez <strong>les</strong> patients ayant subi une intervention<br />

chirurgicale pelvienne ou une prostatectomie radicale sans préservation des bandelettes nerveuses. Les patients<br />

devront être informés de ne pas associer CIALIS à d’<strong>autres</strong> inhibiteurs de la PDE5 ou à d’<strong>autres</strong> traitements de la<br />

dysfonction érectile. CIALIS contient du lactose monohydraté. Ne pas administrer en cas d’intolérance héréditaire rare<br />

au galactose, de déficit en lactase de <strong>La</strong>pp ou de syndrome de malabsorption du glucose-galactose. CIALIS 2,5 mg et<br />

5 mg : Lors de l’initiation du traitement quotidien par tadalafil chez <strong>les</strong> patients recevant des médicaments anti-<br />

Libre d’aimer<br />

hypertenseurs, envisager une adaptation éventuelle de la posologie du traitement antihypertenseur. INTERACTIONS<br />

MEDICAMENTEUSES (*) : Les études d’interaction ont été conduites avec la dose de 10 et/ou 20 mg de<br />

tadalafil. Certaines antiprotéases (ritonavir ou saquinavir), et d’<strong>autres</strong> inhibiteurs du CYP3A4 (érythromycine,<br />

clarithromycine, itraconazole, kétoconazole et jus de pamplemousse) doivent être co-administrés avec prudence.<br />

Risque potentiel d’augmenter <strong>les</strong> concentrations plasmatiques de tadalafil. Une diminution des concentrations<br />

plasmatiques du tadalafil ne peut être écartée lors de l’association à la rifampicine et <strong>autres</strong> inducteurs du CYP3A4<br />

(phénobarbital, phénytoïne et carbamazépine). Chez un patient prenant CIALIS quelque soit la dose, et chez qui<br />

l’administration d’un dérivé nitré est nécessaire pour le pronostic vital, respecter un délai minimum de 48 h après<br />

la dernière prise de CIALIS. L’administration simultanée de tadalafil et de doxazosine n’est pas recommandée.<br />

Cette association augmente significativement l’effet hypotenseur de cet alpha-bloquant. Cet effet peut se<br />

prolonger pendant au moins douze heures et se manifester par des symptômes tels que des syncopes. Utilisation<br />

avec prudence du tadalafil chez <strong>les</strong> patients traités par alpha-bloquants, notamment chez <strong>les</strong> personnes âgées. Chez<br />

<strong>les</strong> patients traités par antihypertenseurs, le tadalafil 20 mg peut induire une baisse de la pression artérielle,<br />

généralement mineure et vraisemblablement sans conséquence clinique. Lors de l’administration concomitante<br />

de tadalafil 10 mg et de théophylline : légère augmentation (3,5 battements/min) de la fréquence cardiaque. Même<br />

si cet effet est mineur et qu’il n’a eu aucune signification clinique, il doit toutefois être pris en considération en cas<br />

d’administration concomitante de ces médicaments. Les concentrations en alcool (concentration sanguine maximale<br />

moyenne de 0,08 %) n’ont pas été affectées par l’administration concomitante de tadalafil<br />

(10 ou 20 mg). Chez certains sujets, observation de sensations de vertiges et d’hypotension<br />

orthostatique. Aucune étude d’interaction spécifique avec <strong>les</strong> traitements antidiabétiques<br />

n’a été conduite. GROSSESSE ET ALLAITEMENT (*) : Données limitées chez la femme<br />

enceinte. Par précaution, il est préférable d’éviter l’utilisation de CIALIS pendant la grossesse.<br />

CIALIS ne doit pas être utilisé pendant l’allaitement. EFFETS SUR L’APTITUDE A<br />

CONDUIRE DES VEHICULES ET A UTILISER DES MACHINES (*) : Les patients<br />

doivent connaître la manière dont ils réagissent à CIALIS avant de conduire un véhicule<br />

ou d’utiliser des machines. EFFETS INDESIRABLES (*) : Effets très fréquents : céphalées.<br />

Effets fréquents : dyspepsie, douleurs dorsa<strong>les</strong>, myalgies. Effets peu fréquents : vision<br />

trouble, douleurs oculaires, tachycardie, palpitations, hypotension, hypertension, douleur<br />

abdominale, douleur thoracique 1 . Effets rares : accident vasculaire cérébral 1 (y compris<br />

évènements hémorragiques), syncope, accidents ischémiques transitoires 1 , convulsions,<br />

amnésie transitoire, anomalie du champ visuel, neuropathie optique ischémique<br />

antérieure non-artéritique (NOIAN) 3 , occlusion vasculaire rétinienne 3 , perte<br />

soudaine de l’audition 2 , infarctus du myocarde, angor instable 3 , arythmie<br />

ventriculaire 3 , syndrome de Stevens-Johnson 3 , érections prolongées, priapisme 3 ,<br />

mort subite d’origine cardiaque 1,3 . (1) <strong>La</strong> plupart des patients chez <strong>les</strong>quels ces<br />

évènements ont été rapportés présentaient des facteurs de risque cardiovasculaires préexistants. (2) Des cas de<br />

diminution ou de perte de l’audition subite ont été rapportés chez un petit nombre de patients après commercialisation<br />

et au cours d’essais cliniques avec tous <strong>les</strong> inhibiteurs de la PDE5, dont le tadalafil. (3) Des effets indésirab<strong>les</strong> non<br />

observés dans <strong>les</strong> essais cliniques contrôlés versus placebo ont été rapportés lors de la surveillance après<br />

commercialisation. SURDOSAGE (*). PHARMACODYNAMIE (*). PHARMACOCINETIQUE (*). DONNEES<br />

DE SECURITE PRE-CLINIQUE (*). CONDITIONS PARTICULIERES DE CONSERVATION (*). LISTE I.<br />

(*) Pour une information complète, consulter le Résumé des Caractéristiques du Produit disponible sur le<br />

site internet de l’AFSSAPS. NUMEROS AU REGISTRE COMMUNAUTAIRE DES MEDICAMENTS :<br />

EU/1/02/237/006, 008, 001, 003, 004 : CIALIS 2,5 mg – 28 comprimés pelliculés - CIP 3400938054316 ;<br />

CIALIS 5 mg – 28 comprimés pelliculés - CIP 3400938054545 ; CIALIS 10 mg – 4 comprimés pelliculés<br />

- CIP 3400936079847 ; CIALIS 20 mg – 4 comprimés pelliculés - CIP 3400936080096 ; CIALIS 20 mg –<br />

8 comprimés pelliculés - CIP 3400936080157. Non remboursé par la Sécurité Sociale. Non agréé à l’usage des<br />

Collectivités. Date de dernière révision : 06 septembre 2010. LILLY FRANCE S.A.S. -<br />

13, rue Pagès 92158 Suresnes Cedex - Tél. : 01 55 49 34 34 - Information Médicale/<br />

Pharmacovigilance : Tél.: 01.55.49.32.51 ou n° vert 0 800 00 36 36 / Fax : 01 55 49 33 07.<br />

Lilly France - Société par Actions Simplifiée au capital de 358 511 701 e - 609 849 153<br />

R.C.S. Nanterre – CIALIS_MLA-version1-septembre2010<br />

FRCLS00098 - Novembre 2010 - © Lilly – Tous droits de reproduction réservés.

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