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Les objets mathématiques selon Platon - Université Paris Diderot ...

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ne paraît plutôt un que le contraire, il est besoin d'une instance qui décide alors et,<br />

nécessairement, l'âme est perplexe à l'égard de l'un, se met à la recherche en activant en elle la<br />

pensée < de l'un > et se demande ce qu'est finalement l'un en soi ; et ainsi, l'étude au sujet de<br />

l'un pourrait appartenir à la classe de ce qui guide vers la contemplation de l'être et < nous > y<br />

retourne. — Mais sans aucun doute, dit-il, la vision de l'un possède surtout cette caractéristique,<br />

car nous voyons la même chose comme une et comme une pluralité illimitée. — Si donc cela<br />

concerne l'un, répondis-je, la même chose concerne aussi le nombre dans son ensemble. —<br />

Assurément. (Rép. VII, 524 d 9 - 525 a 8)<br />

Tout comme les passages traduits concernant la géométrie, ce texte fait partie du<br />

programme d'éducation que Socrate suggère pour les gouvernants futurs de la cité. La<br />

formule de base de ce programme consiste à dire qu'il faut substituer à l'orientation par les<br />

sens celle par la raison. À ces deux modes de cognition correspondent deux domaines<br />

d'<strong>objets</strong>. En désignant le domaine des <strong>objets</strong> intelligibles par le terme « être », Socrate laisse<br />

entendre que les <strong>objets</strong> sensibles se caractérisent fondamentalement par le devenir, c'est-àdire<br />

par leur instabilité qui les soustrait au savoir. Mais Socrate ne fait pas fond sur<br />

l'instabilité des <strong>objets</strong> sensibles pour expliquer que l'âme s'en détourne et réfléchit sur ses<br />

impressions. S'il voulait exploiter l'instabilité des <strong>objets</strong> sensibles, Socrates devrait évoquer<br />

la possibilité qu'ils apparaissent tantôt comme une chose tantôt comme plusieurs. Pourtant, il<br />

tient au fait que, si les <strong>objets</strong> sensibles font réfléchir l'âme sur l'un et les nombres, c'est parce<br />

qu'ils apparaissent un et plusieurs à la fois. Par conséquent, l'âme qui ne supporte pas cette<br />

ambiguïté, cherchera des <strong>objets</strong> non ambigus ou non équivoques, mais pas forcément<br />

stables ; puisqu'elle n'est pas présentée comme étant gênée par le devenir, on n'a aucune<br />

raison de penser qu'elle cherche l'être — consciemment. C'est Socrate qui le lui attribue,<br />

parce que lui-même croit savoir que ce qui est non équivoque n'est pas soumis au devenir,<br />

mais relève de l'être.<br />

Socrate ne propose pas ici un argument en faveur de l'hypothèse des idées, il évoque la<br />

condition qui pousse un individu à dépasser l'orientation que donnent les sens et à déterminer<br />

la signification des termes qui servent à décrire les <strong>objets</strong> perçus. Comme dans les premiers<br />

dialogues de <strong>Platon</strong>, Socrate prend pour acquis que, une fois défini le sens de « un », on<br />

saura décider si un objet donné est un ou non ; et il prête cette façon de procéder aussi aux<br />

autres qu'il suppose être dans ladite condition. Elle se caractérise par le fait que les <strong>objets</strong> qui<br />

semblent être des unités sont en même temps perçus comme plusieurs chacun. Que cette<br />

condition soit remplie, ce n'est pas Socrate qui l'affirme, c'est l'interlocuteur, Glaucon, et<br />

Socrate n'a rien a y redire. Il est cependant intéressé non par la conséquence que tout le<br />

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