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Les objets mathématiques selon Platon - Université Paris Diderot ...

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prédicats est non pas une idée, mais un concept objectif qu'il conçoit comme une fonction<br />

mathématique en associant la copule au terme nominal. Un tel concept est alors « est<br />

cochon », une fonction à laquelle on donne un argument en disant « celui-là est un<br />

cochon » ; la valeur de ce genre d'expression est alors le vrai ou le faux. Si j'évoque le<br />

concept de Frege, c'est pour faire remarquer que la proposition de <strong>Platon</strong> est moins<br />

extravagante que ne laissent croire ses nombreux détracteurs.<br />

3. Comment les <strong>objets</strong> intelligibles se distinguent-elles des choses sensibles <br />

Pour expliquer que les <strong>objets</strong> des définitions sont non pas les choses individuelles<br />

sensibles mais plutôt les idées, <strong>Platon</strong> argumente non seulement du fait que chaque objet<br />

défini, étant un seul, soit en quelque sorte commune aux multiples choses dont se prédique le<br />

terme générique correspondant. De plus, il établit certains critères que doit remplir l'objet<br />

d'une définition et qu'il attribue aux idées, parce que les choses sensibles ne les remplissent<br />

pas. C'est d'abord le fait d'exister toujours et de ne s'accroître ni ne diminuer, car la définition<br />

classique ne contient de coefficient temporel ni n’indique une évolution. C’est ensuite le fait<br />

d'être simple, c'est-à-dire de ne présenter qu'une seule forme ou caractéristique, celle qui fait<br />

l'objet de la définition. Ce dernier critère distingue les idées des choses particulières, parce<br />

que ces dernières sont ambiguës de deux façons : elles présentent une qualité sous un aspect<br />

et son contraire sous un autre, comme deux ballons se ressemblent en volume mais sont<br />

dissemblables en couleur ; ils présentent une qualité tout en étant autre chose, comme un<br />

visage est beau sans qu'il ne soit rien que beau, car il et aussi visage (Banquet 211 a-b).<br />

Nous ne comprenons pas que cela demande la distinction entre choses sensibles et <strong>objets</strong><br />

simples, parce que nous sommes habitués à distinguer couramment entre la chose et ses<br />

attributs, entre le visage et sa beauté. Mais <strong>Platon</strong>, même s'il fait parfois la différence<br />

abstraite entre la chose (ousia) et l'état (pathos) dans lequel elle se trouve, a coutume<br />

d'appeler une chose belle « le beau » et une chose grande « le grand ». Ces expressions<br />

suggèrent qu'elles désignent des <strong>objets</strong> caractérisés par un seul attribut, mais ce n'est pas<br />

exact, car elles désignent en réalité ce qui est beau ou grand, c’est-à-dire des choses<br />

complexes qui ont bien des attributs et qui, de ce fait, ne se prêtent pas au rôle de l'objet de la<br />

définition d'un seul de ces attributs. C’est ce que <strong>Platon</strong> fait valoir pour distinguer les <strong>objets</strong><br />

de la définition des choses sensibles.<br />

De plus, si nous voulons isoler l’un des attributs d’un objet, nous le désignons par un<br />

terme abstrait comme « beauté » ou « grandeur », tout en pensant qu’il s’agit de<br />

caractéristiques inhérentes à une chose dénotée autrement, comme « la beauté du tableau ».<br />

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