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Les objets mathématiques selon Platon - Université Paris Diderot ...

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valeurs. À la différence des prédicats comme « cheval » et « maison », les prédicats<br />

évaluatifs ne sont pas clairs et souvent controversés, lorsqu'il y a conflit. Socrate explique, en<br />

effet, les conflits, même les guerres, non par des oppositions d'intérêts, mais par des<br />

compréhensions inconciliables de ce qui est juste, admirable et utile (voir Euthyphron 7 b -<br />

8 e). Car ces divergences entraînent des jugements de valeur opposés sur certains faits ou<br />

conditions qui deviennent par là matière de conflit.<br />

Voilà une des configurations dans lesquelles le savoir moral, c'est-à-dire la définition des<br />

termes évaluatifs, est censé apporter une solution. Un autre type de situation est représenté<br />

par la question de savoir si certains exercices militaires rendent courageux : pour en juger, il<br />

faut savoir ce que cela veut dire qu'être courageux. Or, Socrate prend pour acquis qu'on le<br />

sait en définissant le prédicat « courageux » ou le courage et que la même chose vaut pour<br />

les autres prédicats du même ordre. Socrate pense, en effet, que les définitions fonctionnent<br />

comme des critères qui permettent de se rendre compte à propos de chaque objet particulier<br />

s'il satisfait à la définition ou non, si bien qu'il faut affirmer de lui le prédicat défini ou bien<br />

le nier. Cependant, Socrate ne prend pas les définitions pour des règles linguistiques qui<br />

déterminent le bon usage des prédicats, il les prend pour des expressions qui désignent<br />

quelque chose, et il appelle ce quelque chose déjà « idée » ou « forme ». Il utilise donc le<br />

même terme qui revient dans les dialogues de maturité de <strong>Platon</strong>, mais il ne développe pas<br />

encore la conception de ce que sont les idées. Sauf qu'il leur assigne deux fonctions : une<br />

objective qui, dans le cas de l'idée de la piété, par exemple, consiste à être ce grâce à quoi<br />

tout est pieux qui l'est ; une fonction cognitive qui est celle du modèle (paradeigma) que l'on<br />

regarde par le biais de la définition pour appeler ensuite pieux ce qui ressemble au modèle et<br />

pour nier cette propriété à propos de tout ce qui ne lui ressemble pas (Euthyphron 6 d-e).<br />

2. L'hypothèse des idées généralisée<br />

La spécificité de ces idées socratiques réside dans leur caractère moral. Ce caractère rend<br />

compréhensible ce qu'on lira dans les dialogues de maturité, c'est-à-dire que ce n'est pas par<br />

expérience que nous connaissons les idées. Car on peut accepter qu'aucune personne, aucune<br />

action réalise pleinement ce que nous entendons, par exemple, en parlant de « juste » et de<br />

« justice ». <strong>Platon</strong> précise cette idée en faisant remarquer que nous appliquons ces prédicats<br />

toujours dans des contextes particuliers dont les caractéristiques ne sont pas généralisables<br />

pour définir le prédicat. Par exemple, il passe pour juste de rendre à quelqu'un ce qu'il a<br />

prêté, mais si un homme a prêté une arme à un autre, il ne serait pas juste pour ce dernier de<br />

la rendre, lorsque le premier souffre d'un accès de folie et risque de se suicider (République<br />

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