Les objets mathématiques selon Platon - Université Paris Diderot ...
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préliminaire par rapport à l'arithmétique, qu'il faut en être capable, si l'on veut être homme<br />
(Rép. VII, 522 e 3-4) <br />
Deuxièmement, Socrate ajoute tout de suite que personne n'utilise de la bonne façon cet<br />
objet d'étude qui est susceptible de nous tirer vers la connaissance de l'être (ibid., 523 a 2).<br />
On ne peut que soupçonner ce qu'il veut dire : les applications au commerce et à des fins<br />
militaires empêchent les gens de se rendre compte de la valeur théorique des nombres (525 c<br />
3-4). L'ignorance de cette valeur contraste avec la chance que comporte le bon usage des<br />
nombres. Mais l'ignorance et l'usage inadéquat font que <strong>Platon</strong> ne peut renvoyer à des<br />
approches déjà en cours, pour faire accepter l'arithmétique théorique dans le programme<br />
d'éducation.<br />
Troisièmement, <strong>Platon</strong> ne peut pas se réclamer non plus d'un consensus des<br />
arithméticiens. En effet, alors qu'il peut prendre à témoin tous les géomètres (527 a 1-2), il<br />
doit faire appel aux avisés parmi les arithméticiens pour se faire confirmer son approche<br />
(525 d 9).<br />
Il paraît donc difficile pour <strong>Platon</strong> de présenter une façon communément reconnue de<br />
traiter les nombres telle qu'il puisse la prendre au titre de point de départ pour son<br />
programme d'éducation, comme il le fait à propos de la pratique géométrique. Je propose<br />
provisoirement d'expliquer le recours au sophisme par cette difficulté.<br />
2. La définition des nombres mathématiques<br />
L'argument fallacieux suggère que la perplexité que déclenche la perception d'un objet<br />
sensible induit à s'interroger sur ce qu'est l'unité et le nombre. Par la suite, Socrate évoque<br />
d'abord, au titre de savoirs concernant le nombre, l'art du calcul (logistikè) et l'arithmétique<br />
comme s'ils devaient répondre aux questions que se posent les déçus de la perception (525 a<br />
9-10). Mais il est hors de doute que calculer ne signifie pas réfléchir sur la nature des<br />
nombres (525 c 2). Par contre, l'arithmétique, dès lors qu'elle ne désigne pas la simple<br />
capacité de compter (522 e 2), a plus de chances d'être « numérologie ». Il n'empêche,<br />
Socrate ne retiendra ensuite que l'art du calcul qui est censé former les futurs gouvernants en<br />
vue aussi bien de la stratégie militaire que de leur conversion vers l'être (525 b 11 - c 6). En<br />
guise d'explication de cette thèse, Socrate distinguera deux usages des nombres, comme si,<br />
du fait de porter sur les nombres, l'étude du calcul avait aussi un potentiel théorique.<br />
Et effectivement, dis-je, étant donné qu'il est question de l'objet d'étude concernant les<br />
nombres, je me rends compte qu'elle est subtile et nous rend service, de multiple façons, en vue<br />
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