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Les objets mathématiques selon Platon - Université Paris Diderot ...

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qu'en prenant part à l'être propre de ce à quoi elle prend part à chaque fois. Et que, dans le cas<br />

présent, tu ne connais aucune autre cause du devenir deux que le fait de prendre part à la<br />

dualité. Et que ce qui veut être deux doit y prendre part, alors que doit prendre part à l'unité ce<br />

qui veut être un. Ces coupures-là, en revanche, les adjonctions et les autres finesses de ce genre,<br />

tu les enverrais promener, en laissant le soin de répondre à ceux qui sont plus savants que toi.<br />

(Phéd. 101 b 8 - c 9)<br />

Ce passage ne fait qu'appliquer aux nombres la nouvelle méthode d'explication. Tout en<br />

invoquant l'idée de l'unité, Socrate n'établit pas de lien avec la pluralité d'unités qui servent à<br />

définir le nombre mathématique dans la République et qui demandent précisément cette idée<br />

commune. Quant à l'idée du nombre deux, on n'apprend pas comment elle se rapporte à la<br />

même définition du nombre en général. L'absence des unités et des nombres mathématiques<br />

correspond sans doute à la grande autonomie qui caractérise le cheminement de chaque<br />

dialogue de <strong>Platon</strong>. Quelques pages plus loin on retrouve cependant des nombres pairs et<br />

impairs qui ne sont pas attachés à des ensembles concrets et que l'on voudrait donc tenir pour<br />

des idées. Mais, étant donné que ces nombres doivent être pairs ou impairs, ils sont<br />

forcément divisibles — en deux ensembles égaux ou non égaux —, ce qui est incompatible<br />

avec le principe de la simplicité des idées. Qui plus est, Socrate appelle même le nombre dix<br />

« le double de cinq », ce qui signifie que les nombres en question font l'objet d'opérations<br />

mathématiques (105 a 6-7) ; il s'agit donc de nombres mathématiques et non des idées des<br />

nombres (cf. P. Pritchard, l. c., p. 35). Mais Socrate n'indique pas la différence.<br />

C'est dans le Phédon que <strong>Platon</strong> s'occupe le plus des idées des nombres, mais il n'a pas<br />

l'air de vouloir, par là, contribuer à la théorie de l'arithmétique. L'indice le plus marqué en est<br />

le fait que les idées des nombres apparaissent dans le contexte d'une réflexion sur<br />

l'explication du devenir ; à la différence d'autres exemples (voir Phéd. 100 e 5 - 101 b 8),<br />

dans l'exemple mathématique l'accent est mis sur le fait de devenir deux. Or, cet aspect qui<br />

caractérise les choses sensibles est étranger aux mathématiques. Si <strong>Platon</strong> veut faire<br />

référence aux mathématiciens qui visualisent l'addition en ajoutant un caillou à un autre, la<br />

critique de Socrate est pertinente vis-à-vis de ceux qui confondent l'objet arithmétique avec<br />

sa figuration. Il les avertit que leurs manipulations dépendent de façon non réciproque des<br />

idées de nombres. Est-ce que Socrate critique tacitement aussi les mathématiciens avisés <br />

Tel serait le cas, si ces mathématiciens se prononçaient sur la naissance des unités et des<br />

ensembles dénombrés sensibles en soutenant quelle est due à des processus physiques et non<br />

à la participation aux idées.<br />

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