27.12.2014 Views

Les objets mathématiques selon Platon - Université Paris Diderot ...

Les objets mathématiques selon Platon - Université Paris Diderot ...

Les objets mathématiques selon Platon - Université Paris Diderot ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

En ce qui concerne l'autre branche du dilemme, Socrate s'étonne que le pur<br />

rapprochement d'un objet et d'un autre en fasse deux. En effet, en évoquant un objet et un<br />

autre, on implique déjà qu'ils sont deux, avant de les rapprocher. Socrate a raison de rejeter<br />

l'idée <strong>selon</strong> laquelle la proximité spatiale nous amène à compter les choses, mais il ne<br />

substituera pas à cette idée une autre concernant le critère qui permet de compter. C'est<br />

seulement Aristote qui expliquera que l'on compte toujours les items que l'on subsume sous<br />

un terme commun comme « sept chevaux » ou « vingt animaux » (Métaph. XIV 1, 1088 a 8-<br />

14).<br />

Le second argument de Socrate, pour rejeter l'explication causale, est l'observation que<br />

deux choses peuvent naître aussi de la coupure d'une seule, processus opposé à celui du<br />

rapprochement dans la mesure où la coupure éloigne les parties du corps coupé les unes des<br />

autres. On peut, certes, s'étonner que deux processus de caractère opposé aboutissent au<br />

même résultat, mais cela ne suffit pas pour réfuter les explications qui se fondent sur les<br />

deux processus. Il faut une prémisse supplémentaire que Socrate ne propose pas. Deux me<br />

semblent entrer en ligne de compte.<br />

Premièrement, on peut supposer que la cause soit une condition non seulement suffisante,<br />

mais aussi nécessaire à la production de l'effet ; les idées que Socrate proposera au titre de<br />

causes d'une nouvelle forme possèdent en tout cas ce caractère. Or, il est évident que, étant<br />

donné que l'adjonction et la coupure ne peuvent s'opérer au même temps, elles s'empêchent<br />

mutuellement d'être des conditions nécessaires de la naissance de deux choses. Par<br />

conséquent, aucune d'entre elles n'en est la cause.<br />

Deuxièmement, on peut faire l'hypothèse que Socrate s'inspire d'une certaine notion de<br />

causalité. Elle se repère déjà chez Anaxagore et dominera la philosophie antique en disant<br />

que le rapport entre cause et effet consiste à transmettre une qualité. L'exemple standard est<br />

le feu qui rend chaudes d'autres choses en les chauffant. L'exemple illustre bien le principe<br />

qui a été formulé après <strong>Platon</strong> : le transfert de qualité, de la dualité en l'occurrence, est censé<br />

s'effectuer à partir de ce qui la possède à un degré supérieur (voir Aristote, Seconds<br />

Analytiques I 2, 72 a 29-30). Évidemment cette règle ne saurait s'appliquer à deux réalités de<br />

nature opposée, en l'occurrence l'adjonction et la coupure, à supposer que la qualité à<br />

transmettre dépende de la nature de la cause. Aux yeux de Socrate, cela pouvait plaider<br />

contre une méthode qui admet deux causes opposées du même effet.<br />

b) La naissance de deux choses expliquée par la participation à l'idée de deux<br />

24

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!