Nouvelles Janvier 2005 - BNP Paribas
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aisance, habileté et à une vitesse incroyable. Elle filait la laine<br />
sereinement avec des gestes majestueux.<br />
Ahmed, la quarantaine passée faisait plus que son âge, une<br />
barbe mi-blonde mi-blanche auréolait un visage douloureux au<br />
regard moqueur, triste et juvénile. Il était potelé, mais semblait<br />
maladif. Néanmoins, une lueur d'esprit brillait en lui et le rendait<br />
attachant, malgré son attitude prétentieuse, gauche et parfois<br />
vulgaires.<br />
II avalait à grandes gorgées sa soupe, on entendait les clapotis<br />
de sa langue et les glouglous nerveux de sa gorge, dans un<br />
silence qui semblait d'ailleurs. Aïcha posa sa laine sur un pouf<br />
en cuir rouge puis se leva pour préparer le thé<br />
-"Dis- moi Aïcha où es-t ton compagnon "<br />
- "Je n’ai point de mari, point de compagnon. Est-ce qu'une<br />
femme ne peut vivre sans homme "<br />
- "Si, mais pas au milieu de cette forêt lugubre. N'as-tu pas<br />
peur d’être là, entourée d'animaux sauvages, loin des hommes<br />
"<br />
-"Vois-tu, c'est vivre avec les hommes qui me fait peur. Ici,<br />
je suis reine et les loups que tu entends ce soir n'approchent<br />
guère ma demeure. Je suis dans mon élément naturel et j'y suis<br />
heureuse, les hommes qui se risquent ici se font déchiqueter par<br />
les loups. Je n'ai pas besoin d'homme pour me défendre."<br />
- "Et moi, comment ai-je fait pour arriver à ta cabane sans<br />
périr "<br />
- "Parce qu ils ont eu pitié de ton âme en détresse. Peut être<br />
que tu leur ressembles...Au fait, quel est ton nom "<br />
- "Je suis Ahmed, un homme d’affaires assez riche, mais<br />
assez stupide pour tomber en panne d'essence."<br />
- "Que veut dire riche, pour toi On n’est jamais stupide…<br />
tout est prémédité."<br />
Elle lui tendit un verre de thé.<br />
Il sirotait son verre de thé en scrutant du regard le plafond.<br />
Des ombres gigantesques se mouvaient dans ce plafond,<br />
leurs images dansaient à la lueur des bougies placées dans les<br />
quatre coins de la cabane.<br />
II pensait à sa belle demeure, aux mille lustres, à sa vaisselle<br />
en cristal, à ses pyjamas de soie, à ses pantoufles moelleuses,<br />
à son portable muet comme par enchantement, à son carrosse<br />
transforme en citrouille, délaissé sur la piste. Puis il pensait à sa<br />
femme et à ses cris de terreur, à ses maîtresses nocturnes chez<br />
qui il allait se réfugier pour échapper à ces cris de terreur. Enfin,