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Nouvelles Janvier 2005 - BNP Paribas

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Fenêtre sur lumière<br />

Par Mouhcine ayouche<br />

Un artiste a peint une fenêtre. Je l’ai découverte au printemps<br />

2003 à Zagora, que je visitais pour la première fois de ma vie.<br />

Entre une exposition de photographies prises par des enfants et la<br />

visite d’un site de gravures rupestres, je découvre la fenêtre. En fait<br />

je ne la découvre pas, je regarde au travers. Dès mon arrivée à l’atelier<br />

du peintre, la toile m’attire vers elle, me laissant aveugle et<br />

sourd à tout ce qui m’entoure. Pourtant, que de belles choses sorties<br />

de l’imagination, fertile et créative et du travail acharné d’un<br />

artiste du cru : Mohamed BANNOUR. Il était là avec sa grande<br />

taille, son teint foncé et sa gandoura accueillant ses visiteurs avec<br />

la modestie et l’humilité des âmes sensibles. Emerveillé et effarouché<br />

que son œuvre suscite tant d’enchantement parmi les présents,<br />

c’est à peine s’il ne s’excusait pas d’avoir créé du beau.<br />

La fenêtre était là, centrale, qui réaménageait l’ensemble de<br />

l’espace et redéfinissait l’architecture initiale de la pièce, lui imprimant<br />

son propre cachet. Elle s’offrait, accessible à tous, à portée de<br />

main et l’on savait d’emblée qu’elle était faite pour être ouverte à<br />

satiété au gré de la fantaisie des gens. Entrebaillée, entrouverte,<br />

mi-close, grande-ouverte… elle ne vous privait de rien et surtout<br />

pas de liberté. Elle ne vous emprisonnait pas. Elle vous invite à la<br />

sortie, au voyage vers l’extérieur, vers le monde.<br />

La fenêtre de BANNOUR m’avait entraîné vers elle. Je regardais<br />

à travers et contemplais l’oasis parsemée de constructions ocres et de<br />

palmiers aux cîmes vertes sur laquelle elle donnait, baignant dans<br />

une lumière matinale où se disputaient clarté et limpidité. Cette<br />

lumière vous rendait la sérénité à laquelle aspire toute âme. Elle vous<br />

transperçait de bonheur et vous fait communier avec la nature.<br />

Je me rendis compte que je me trouvais en même temps au<br />

milieu de cette oasis et dans la chambre à la fenêtre. Mieux encore !<br />

Je me voyais déambulant parmi les palmiers, alors que j’étais accoudé<br />

à la fenêtre et penché vers le dehors. Don d’ubiquité, de dédoublement<br />

offert par la magie / sorcellerie du pinceau / baguette de<br />

l’artiste Distanciation de l’être par rapport à soi-même dans un<br />

détachement à la fois lucide et irréel auquel atteignent les grands<br />

acteurs, qui tout en campant des personnages sur scène, restent eux-<br />

* Chapitre de Grâce à Jean de La Fontaine (Ed. Le Fennec, décembre, 2004)

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