Nouvelles Janvier 2005 - BNP Paribas

gloussant, un gâteau dans une main et un verre de thé fumant
dans l'autre. Mon défunt mari commandait en vérité à une
armée de djinns, mais ne s'est jamais servi de cet avantage pour
faire du mal à un seul de ses semblables.
Son honnêteté et ses scrupules l'empêchaient également
d'exploiter leurs immenses aptitudes à des fins lucratives, car
contrairement aux croyances des gens qui ne sont pas initiés
aux sciences occultes, les djinns peuvent être aussi démunis que
nombre d'êtres humains. Bien qu'ils habitent dans les ténèbres
de la terre et que leur morphologie soit différente de la nôtre,
rares sont ceux qui savent que ces êtres sont dépourvus d'appareil
digestif, et c'est cette particularité qui les met à l'abri du
besoin.
Dans leur monde impénétrable, point n'est donc nécessaire
de travailler ou de se livrer à une quelconque activité à caractère
commercial on artisanal pour vivre.
Cela n'empêche pas cependant l'existence d'une hiérarchie
sociale nécessaire pour leur mode de vie et la perpétuation de
leur espèce. Or ,leur existence même échappe à notre explication
rationnelle. S'il est impossible à un être humain de pénétrer
physiquement dans leurs monde, les djinns par contre possèdent
la faculté de se matérialiser et d'apparaître dans le nôtre
sous la forme que nous leur connaissons.”
Surpris par ses révélations extraordinaires et étonné par sa profonde
connaissance du sujet, je lui demandai si elle avait vu ou
approché de près un représentant de ces esprits malins ou bienfaisants
et, dans l'affirmative, la priai de me le décrire dans le détail.
Elle éclata aussitôt d’un rire caverneux qui ressemblait plutôt
au hennissement d'une rosse asthmatique et me répondit :
"Non seulement j'en voyais très souvent des spécimens
quand ils se matérialisaient dans la salle de travail de leur
maître mais un jour, je fus sollicitée par l'un de leurs princes
pour une intervention auprès de mon mari. Voici comment les
choses se sont déroulées. Un jour que je me trouvais dans la
salle commune en train de raccommoder quelques habits, je fus
surprise par la présence soudaine d’un djinn dans tous ses états,
car il était parcouru de tremblements et paraissait en proie à
une terrible crise de nerfs. Les poils de sa peau étaient roussis
en différents endroits et il dégageait une affreuse odeur de
brûlé. La barbe qu'il portait était longue et bien fournie et se
terminait par une pointe recourbée. Son crâne était orné de
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