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accueil > revues > la <strong>mucoviscidose</strong><br />
<strong>La</strong> <strong>mucoviscidose</strong>.<br />
Auteur : Dr. Valérie CHAPPE<br />
McGill University, McIntyre Medical Sciences Building, Dept. <strong>of</strong> Physiology, Montréal, Québec, Canada.<br />
Première partie - <strong>La</strong> <strong>mucoviscidose</strong><br />
I - Les phénotypes CF<br />
II - Implication du canal CFTR<br />
III - Stratégies de correction des phénotypes CF<br />
haut de page<br />
Deuxième partie - Les épithéliums<br />
Le transport d’électrolytes<br />
Les canaux chlorure :<br />
I - Les canaux chlorure : Les différentes familles de canaux chlorure<br />
II - Les canaux chlorure : <strong>La</strong> superfamille des transporteurs ABC<br />
1 - les protéines de type MDR (Multi Drug Resistance)<br />
2 - Le canal chlorure CFTR<br />
3 - Les récepteurs aux sulfonylurés (SUR1 et SUR2)<br />
III - Les canaux chlorure : Régulation des canaux chlorure par les seconds messagers<br />
1 - Activation du transport de chlorure par l’AMPc<br />
1.1 - Régulation du taux d’AMPc par les adénylate-cyclases<br />
2 - Activation du transport de chlorure par l’ATP<br />
2.1 - Les récepteurs purinergiques<br />
haut de page<br />
Troisième partie - Le canal CFTR<br />
I - Structure du canal<br />
1 - Topologie membranaire<br />
2 - Les différents domaines du canal CFTR et leurs fonctions<br />
2.1 - Le domaine régulateur (R)<br />
2.2 - Les domaines transmembranaires<br />
2.3 - Les domaines de liaison aux nucléotides (NBD)<br />
II - Les multiples fonctions du canal CFTR<br />
1 - Les propriétés du canal<br />
1.1 - conductance et sélectivité<br />
2 - Régulation des mécanismes d’ouverture et de fermeture du canal CFTR.<br />
2.1 - Phosphorylation par les PKA et les PKC<br />
2.2 - Régulation du canal CFTR par les protéines phosphatases<br />
2.3 - Régulation par l’ATP<br />
3 - Régulation par les seconds messagers<br />
4 - CFTR et transport d'ATP : divergences sur le thème.<br />
5 - Les autres types de perméabilités<br />
6 - CFTR régulateur de la conductance membranaire<br />
6.1 - Régulation du canal ORCC (Outwardly Rectifying Chloride Channel)<br />
6.2 - Régulation du canal sodium épithélial (ENaC)
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6.3 - Régulation des canaux potassium (K)<br />
III - Régulation de la protéine CFTR<br />
1 - Biosynthèse de la protéine<br />
2 - Localisation de la protéine fonctionnelle<br />
3 - Mécanismes d’endocytose et exocytose<br />
3.1 - Interactions avec le cytosquelette<br />
3.2 - Rôle des protéines Gi<br />
4 - Modification des régulations cellulaires par CFTR<br />
4.1 - Systèmes d’expression.<br />
4.2 - Problèmes liés à la surexpression<br />
4.3 - Les changements de pH intracellulaire<br />
IV - Les mutations du canal CFTR<br />
1 - Les différentes classes de mutations<br />
2 - <strong>La</strong> mutation ΔF508<br />
V - Pharmacologie du canal CFTR<br />
1 - Les activateurs du canal CFTR<br />
2 - Les inhibiteurs du canal CFTR<br />
3 - Les dérivés xanthines<br />
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<strong>La</strong> <strong>mucoviscidose</strong>.<br />
Auteur : Dr. Valérie CHAPPE<br />
McGill University, McIntyre Medical Sciences Building, Dept. <strong>of</strong> Physiology, Montréal, Québec, Canada.<br />
Première partie - <strong>La</strong> <strong>mucoviscidose</strong><br />
<strong>La</strong> <strong>mucoviscidose</strong>, ou fibrose kystique selon la terminologie anglo-saxonne, est la maladie génétique récessive,<br />
autosomale, léthale, la plus répandue dans les populations européennes et nord-américaines. Environ une<br />
personne sur 50 est porteuse du gène muté et un enfant sur 2500 naît atteint de cette maladie. Les progrès<br />
médicaux réalisés dans le traitement de cette pathologie ont fait évoluer l'espérance de vie des patients atteints de<br />
<strong>mucoviscidose</strong>, suivant les pays, de la petite enfance à 35-45 ans, avec une importante réduction de la mortalité<br />
infantile. Cependant, on ne dispose pas à l’heure actuelle de traitements efficaces pour ralentir la destruction des<br />
tissus pulmonaires et pancréatiques.<br />
Les premiers rapports médicaux évoquant cette maladie, datent du moyen âge. À cette époque, les médecins<br />
rapportaient que les enfants dont la peau laissait un goût salé avaient une espérance de vie très limitée. Pendant<br />
très longtemps les multiples symptômes observés chez des malades atteints de <strong>mucoviscidose</strong> n'étaient pas<br />
corrélés entre eux pour diagnostiquer cette maladie. <strong>La</strong> notion de fibrose kystique pour caractériser l'état<br />
physiopathologique des tissus respiratoires et pancréatiques est apparue pour la première fois dans les années 30.<br />
L’appellation mucoviscidosis permit dans les années 40 de différencier cette pathologie, caractérisée par des<br />
sécrétions de mucus abondant et anormalement épais, des différents désordres pancréatiques connus et englobés<br />
dans la définition de la fibrose kystique. C’est en 1946 que Andersen et Hodges ont démontré pour la première fois<br />
que cette maladie est génétique, et résulte d’une mutation récessive autosomale. Il fallut attendre les années 50<br />
pour voir se développer un test de diagnostic rapide, toujours d’actualité, basé sur l’augmentation de salinité de la<br />
sueur des malades. Cette observation révèle la contradiction principale observée dans la complexité de cette<br />
pathologie entre les désordres physiologiques observés au niveau cellulaire concernant le transport d’électrolytes,<br />
et ceux observés au niveau macroscopique concernant la modification des mucus.<br />
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<strong>La</strong> <strong>mucoviscidose</strong>.<br />
Auteur : Dr. Valérie CHAPPE<br />
McGill University, McIntyre Medical Sciences Building, Dept. <strong>of</strong> Physiology, Montréal, Québec, Canada.<br />
Première partie - <strong>La</strong> <strong>mucoviscidose</strong><br />
I - Les phénotypes CF :<br />
<strong>La</strong> <strong>mucoviscidose</strong> est une maladie qui atteint essentiellement les tissus épithéliaux exocrines. On observe des<br />
dysfonctionnements dans de multiples tissus tels que les voies respiratoires, le pancréas, le foie, l'intestin, les vas<br />
déférents, et les glandes sudoripares (Figure 3). Ceci conduit à de nombreux symptômes comme des insuffisances<br />
respiratoires et pancréatiques, une infertilité masculine, et une modification de la concentration saline de la sueur.<br />
Les affections pulmonaires sont la principale cause de mortalité chez les patients CF. L’augmentation de viscosité<br />
du mucus entraîne une occlusion progressive des voies respiratoires et crée un environnement propice aux<br />
infections bactériennes opportunistes. Les tissus respiratoires des malades CF sont rapidement et abondamment<br />
colonisés par des bactéries comme Staphylococcus aureus, Haemophilus influenzae et surtout Pseudomonas<br />
aeruginosa dans les stades tardifs de l’infection. Une fois l'infection bactérienne installée il est très difficile, voir<br />
impossible, de l’éradiquer. On comprend mal pourquoi ces bactéries sont détruites à la surface des épithéliums<br />
normaux mais pas des épithéliums CF. D’après Jeffrey J Smith et collaborateurs il faut une faible concentration en<br />
NaCl dans les fluides recouvrant les épithéliums respiratoires pour permettre la destruction de ces bactéries. A<br />
l’inverse, la forte concentration en NaCl mesurée dans le cas des épithéliums CF expliquerait la persistance des<br />
infections bactériennes (Smith et al., 1996).<br />
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<strong>La</strong> <strong>mucoviscidose</strong>.<br />
Auteur : Dr. Valérie CHAPPE<br />
McGill University, McIntyre Medical Sciences Building, Dept. <strong>of</strong> Physiology, Montréal, Québec, Canada.<br />
Première partie - <strong>La</strong> <strong>mucoviscidose</strong><br />
II - Implication du canal CFTR :<br />
Depuis 1989 nous savons que des mutations du gène CF, localisées sur le chromosome 7 au locus q31, sont<br />
associées à la <strong>mucoviscidose</strong>. Le gène CF de 250 kpb identifié par John Riordan (1989) code pour une protéine<br />
transmembranaire de 1480 acides aminés : la protéine CFTR. L’activité du canal CFTR est principalement associée<br />
à la diffusion de chlorure et à la régulation d’autres canaux ioniques épithéliaux. Ce canal chlorure, activé par<br />
l’AMPc, appartient à la superfamille des transporteurs ABC. Le canal CFTR est exprimé dans les tissus épithéliaux<br />
sécréteurs des glandes sudoripares, du pancréas, de l'intestin, des canaux biliaires, des systèmes génitaux, dans<br />
les voies respiratoires, ainsi que dans les cellules cardiaques.<br />
Plus de 700 mutations de cette protéine ont été recensées. Elles induisent des dysfonctionnements ou un défaut de<br />
localisation du canal CFTR à la membrane plasmique apicale des cellules épithéliales. Cependant, la délétion d’une<br />
phénylalanine en position 508, notée ΔF508, représente 70% des mutations observées dans les cas de<br />
<strong>mucoviscidose</strong>. <strong>La</strong> protéine CFTR-ΔF508 est dégradée très tôt au cours de sa biosynthèse, et moins de 1% de ce<br />
mutant se retrouvera adressé à la membrane.<br />
Les épithéliums CF ne sécrètent pas de chlorure en réponse à l'AMP cyclique, et présentent une absorption accrue<br />
de sodium. Ce dérèglement dans le transport d’électrolytes a pour conséquence une augmentation importante de la<br />
viscosité du mucus recouvrant les voies aériennes. <strong>La</strong> sévérité de la maladie et le nombre d'organes atteints varient<br />
en fonction du type de mutation du canal CFTR (Figure 4). Les hétérozygotes, pour lesquels 50% de la protéine est<br />
fonctionnelle, ne présentent pas de symptômes (Pileweski et Frizzell, 1999). Bien que de nombreux progrès aient<br />
été réalisés dans la connaissance de la biologie et de la biochimie du canal CFTR, on comprend mal l'importance<br />
des désordres physiopathologiques observés notamment au niveau des voies respiratoires.<br />
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<strong>La</strong> <strong>mucoviscidose</strong>.<br />
Auteur : Dr. Valérie CHAPPE<br />
McGill University, McIntyre Medical Sciences Building, Dept. <strong>of</strong> Physiology, Montréal, Québec, Canada.<br />
Première partie - <strong>La</strong> <strong>mucoviscidose</strong><br />
III - Stratégies de correction des phénotypes CF :<br />
De nombreuses stratégies sont utilisées pour pallier les désordres physiologiques observés dans les différents<br />
tissus CF (Figure 5). Ces études concernent tous les aspects de la biologie et de la biochimie du canal CFTR. Elles<br />
incluent notamment des tentatives de thérapie génique, des essais de modulation du transport d’électrolytes par<br />
activation d'autres canaux chlorure présents dans les membranes apicales des épithéliums, des études de<br />
pharmacologie pour développer des molécules activatrices des canaux CFTR présents à la membrane et des<br />
essais de modulation de l'adressage de la protéine.<br />
Les essais de thérapie génique ont pour but de délivrer directement dans les cellules le gène codant pour la<br />
protéine CFTR sauvage, afin de rétablir une expression du gène et un adressage correct à la membrane apicale.<br />
De nombreux véhicules pouvant transférer le gène CFTR sont étudiés. Actuellement aucun traitement efficace n’a<br />
été découvert.<br />
À côté de ces essais impliquant directement le canal CFTR, des tentatives médicales visent à diminuer les<br />
problèmes respiratoires. Dans ce sens, des tentatives ont été réalisées dans l'espoir de fluidifier le mucus.<br />
Malheureusement, peu d’effets bénéfiques ont été mesurés.<br />
Un autre aspect des affections pulmonaires est l’importante inflammation de ces tissus. L'utilisation de fortes doses<br />
d'ibupr<strong>of</strong>ène administrées chez de jeunes enfants avant que n'apparaissent les processus d'inflammation et<br />
d'infection pulmonaire pourrait ralentir le déclin des fonctions pulmonaires.<br />
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<strong>La</strong> <strong>mucoviscidose</strong>.<br />
Auteur : Dr. Valérie CHAPPE<br />
McGill University, McIntyre Medical Sciences Building, Dept. <strong>of</strong> Physiology, Montréal, Québec, Canada.<br />
Deuxième partie - Les épithéliums :<br />
<strong>La</strong> caractéristique principale d’un épithélium est de former une barrière continue entre deux compartiments pour y<br />
maintenir des compositions asymétriques. Dans l’organisme les épithéliums forment une barrière continue entre<br />
l’environnement extérieur et le milieu interne (épithélium pulmonaire) ou délimitent des espaces spécialisés<br />
(glandes endocrines) tout en permettant un transport sélectif d’ions, de solutés et de macromolécules.<br />
Les cellules épithéliales sont polarisées avec un domaine apical en contact avec un compartiment muqueux et un<br />
domaine basal en contact avec un support (lame basale). L’adressage des constituants de la membrane dans ces<br />
deux domaines est asymétrique (Wilson, 1997). <strong>La</strong> ségrégation des composants de chaque domaine est assurée<br />
par la jonction serrée qui procure l’étanchéité de l’épithélium. <strong>La</strong> membrane apicale des cellules épithéliales est<br />
généralement recouverte de microvillosités et dans les épithéliums spécialisés (cellules intestinales), on peut<br />
observer une bordure en brosse. <strong>La</strong> membrane latérale est en contact avec les cellules adjacentes par des<br />
desmosomes ou des jonctions communiquantes qui assurent les communications intercellulaires.<br />
Cette polarisation est aussi le reflet de l'organisation interne des cellules épithéliales. Les éléments du cytosquelette<br />
forment un réseau permettant l’organisation spatiale des organites selon un axe basolatéral-apical, et maintiennent<br />
l’intégrité de la barrière cellulaire.<br />
Le transport d’électrolytes :<br />
Les flux trans-épithéliaux dépendent de la régulation et de la localisation des protéines de transport (Caplan, 1997).<br />
Ces protéines sont des canaux ioniques et des transporteurs ou co-transporteurs.<br />
L’absorption de Na+ et la sécrétion de Cl- sont des éléments majeurs de la fonction épithéliale. Si l’on considère<br />
des épithéliums sécréteurs (Figure 1), la Na/K ATPase produit la force motrice nécessaire au transport actif de<br />
chlorure. Les ions Cl- entrent dans la cellule à travers la membrane basolatérale, par des co-transporteurs de type<br />
Na+/K+/2Cl-, les ions K+ ressortent de la cellule du côté basal par des canaux potassium, et les ions Cl- sortent du<br />
côté apical par diffusion passive à travers les canaux chlorure. Cette sécrétion de Cl- apicale peut être régulée par<br />
des seconds messagers.<br />
Le canal CFTR (Cystic Fibrosis Transmembrane conductance Regulator) apparaît être une des clefs de la<br />
régulation par l’AMPc du transport de chlorure dans les cellules épithéliales (Morris et Frizzell, 1994).<br />
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Auteur : Dr. Valérie CHAPPE<br />
McGill University, McIntyre Medical Sciences Building, Dept. <strong>of</strong> Physiology, Montréal, Québec, Canada.<br />
Deuxième partie - Les épithéliums :<br />
Les canaux chlorure :<br />
I - Les différentes familles de canaux chlorure :<br />
Les canaux chlorure sont présents dans la membrane de la plupart des cellules eucaryotes et jouent un rôle<br />
important dans l’excitabilité membranaire, la régulation du volume cellulaire, le transport transépithélial et la<br />
régulation du pH intracellulaire. Les différents types de canaux chlorure peuvent être activés par des ligands, par le<br />
calcium intracellulaire, par l’AMPc, par les protéines G ou encore par des variations du potentiel de membrane, des<br />
déformations mécaniques ou des variations de volume.<br />
Il est difficile d’établir une classification des canaux chlorure car d’une part les mécanismes d’activation des<br />
différents canaux se recoupent et ne correspondent pas forcement à des caractéristiques structurales, d’autre part<br />
peu de canaux chlorure ont été clonés.<br />
Sur un plan structural, on peut distinguer trois classes de canaux chlorure (Figure 2) :<br />
1 - les récepteurs canaux, activés par des ligands. Cela inclus les récepteurs GABAA et glycine. Ces canaux<br />
s’assemblent en hétéropentamères, chaque monomère possédant quatre segments transmembranaires.<br />
2 - Le canal CFTR, qui est un canal chlorure activé par l’AMPc. Le canal CFTR est composé de deux domaines<br />
possédant chacun six segments transmembranaires. Il fait partie de la superfamille des transporteurs ABC (ATP<br />
Binding Cassette).<br />
3 - <strong>La</strong> famille des canaux CLC. <strong>La</strong> topologie exacte de ces canaux n’est pas encore connue, ils possèdent environ<br />
douze segments transmembranaires et fonctionnent sous forme multimérique. A l’heure actuelle neuf gènes codant<br />
pour des protéines CLC sont connus.<br />
Les canaux chlorure peuvent également être classés en fonction de leur conductance unitaire. On distingue ainsi<br />
les canaux chlorure de conductance élevée : entre 200 et 500 pS (canaux Cl - maxi), les canaux rectifiants sortants<br />
(ORCC : Outwardly Rectifying Chloride Channel) et les canaux de faible conductance, généralement inférieure à 20<br />
pS (Becq et al., 1992; Jentsch et Günther, 1996b; Foskett, 1998; Jentsch, 1996a).<br />
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Auteur : Dr. Valérie CHAPPE<br />
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Deuxième partie - Les épithéliums :<br />
Les canaux chlorure :<br />
II - <strong>La</strong> superfamille des transporteurs ABC :<br />
Les transporteurs ABC font partie d'une superfamille parmi les plus importantes. On retrouve des membres de cette<br />
famille dans toutes les espèces, allant des procaryotes aux eucaryotes. L’analyse de séquence et les éléments<br />
communs semblent indiquer que les différents transporteurs ABC proviennent d'une protéine ancestrale commune<br />
(Saurin et al., 1999).<br />
En utilisant l'hydrolyse de l'ATP, ces transporteurs sont capables de transporter à travers les membranes cellulaires<br />
des éléments très variables tels que des acides aminés, des peptides, des protéines, des ions organiques et<br />
inorganiques, certaines toxines, voir même des antibiotiques.<br />
Sur le plan structural, la présence de deux domaines pouvant lier l'ATP, les domaines NBD (Nucleotides Binding<br />
Domains), est une caractéristique des membres de cette famille. <strong>La</strong> topologie membranaire exacte des<br />
transporteurs ABC est difficile à déterminer car on connaît seulement la structure cristalline de la protéine HisP<br />
(Histidine Perméase bactérienne) et du domaine F1 de l'ATPase mitochondriale (Hung et al., 1998; Annereau et al,<br />
1997a).<br />
On retrouve trois séquences caractéristiques très conservées chez les membres de cette famille :<br />
- Les séquences Walker A et B, qui sont les sites de liaison de l'ATP. Bien que caractéristiques, ces séquences ne<br />
sont pas spécifiques des transporteurs ABC car on les trouve dans beaucoup de protéines ATPases.<br />
Walker A : G/A-X4-G-K-T/S<br />
Walker B : R/K-X3-G-X3-L-h4-D<br />
- Une séquence C particulière aux transporteurs ABC, utilisée pour déterminer l’appartenance d’une protéine à<br />
cette superfamille. Cette " signature " très spécifique aux membres de cette famille, est située entre les sites<br />
Walker.<br />
Séquence C : L-S-X-G-X-R. (<strong>La</strong> lettre X désigne n’importe quel acide aminé, la lettre h désigne un acide aminé<br />
hydrophobe).<br />
Les régions membranaires déterminent le type de molécules transportées, et l’énergie d’hydrolyse de l’ATP sur les<br />
domaines NBD sert à la translocation des diverses molécules à travers les membranes.<br />
Bien que la structure des transporteurs ABC varie, on retrouve des éléments communs. Les transporteurs ABC<br />
sont fonctionnels sous forme de monomères, d’homodimères, d’hétérodimères ou de polymères.<br />
Parmi les transporteurs ABC les plus caractéristiques et les plus étudiés du fait de leurs implications dans<br />
certaines pathologies humaines, on trouve :<br />
1 - les protéines de type MDR (Multi Drug Resistance) comme la p-glycoprotéine ou les MRP. Ces protéines<br />
d'origine multi-génique sont présentes chez de nombreuses espèces. Leur structure très conservée contient un<br />
domaine N-terminal hydrophobe, et deux ensembles de 6 segments transmembranaires reliés chacun à un<br />
domaine NBD. Les MDR sont capables de transporter un grand nombre de drogues cytotoxiques, et de ce fait sont<br />
impliquées dans le rejet de drogues anticancéreuses.<br />
2 - Le canal chlorure CFTR. Sa structure est comparable à celle des MDR, mais il possède en plus un large<br />
domaine cytoplasmique reliant les deux sous-ensembles : segments transmembranaires et domaines NBD. Des<br />
mutations de ce canal sont impliquées dans une maladie génétique, la <strong>mucoviscidose</strong>.
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3 - Les récepteurs aux sulfonylurés (SUR1 et SUR2), glycoprotéines présentes dans les cellules b-pancréatiques,<br />
les cellules cardiaques et les cellules des muscles squelettiques. Les protéines SUR sont impliquées dans la<br />
régulation des canaux potassium dépendants de l’ATP<br />
(Croop, 1998).<br />
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<strong>La</strong> <strong>mucoviscidose</strong>.<br />
Auteur : Dr. Valérie CHAPPE<br />
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Deuxième partie - Les épithéliums :<br />
Les canaux chlorure :<br />
III - Régulation des canaux chlorure par les seconds messagers<br />
Les canaux chlorure sont présents dans toutes les cellules, de la bactérie à l'homme. Leurs fonctions et leurs<br />
régulations sont très variées. Beaucoup de stimuli peuvent les activer comme le calcium, l'AMP cyclique, les<br />
variations de pH, les ligands extra-cellulaires, et les modifications du volume cellulaire. Dans les membranes<br />
apicales d'une même cellule se trouvent des canaux Cl- multiples et variés. On observe généralement une<br />
régulation complexe du transport de Cl- impliquant à la fois des canaux sensibles au calcium et des canaux<br />
sensibles à l’AMPc, ou encore des régulations croisées par ces seconds messagers permettant l’activation par<br />
l’ATP de canaux sensibles à l’AMPc (Allert et al., 1992; Gérard et al., 1994; Stutts et al., 1994, 1995; Merlin et al.,<br />
1998; Woo et al., 1998; Selbie et Hill, 1998).<br />
1 - Activation du transport de chlorure par l’AMPc<br />
Le transport de chlorure transépithélial peut être modulé par des variations du taux d'AMP cyclique intracellulaire<br />
(Frizzell et al., 1986; Gray et al., 1990; Pollard et al., 1991; Copello et al., 1993; Becq et al., 1993; Heming et al.,<br />
1994). <strong>La</strong> conductance chlorure activée par l’augmentation du taux d'AMP cyclique étant déficiente dans les<br />
épithéliums CF, l'activation du canal CFTR est généralement associée à cette conductance.<br />
<strong>La</strong> modulation du taux de base d'AMP cyclique est le résultat de l'activation des adénylate-cyclases par la liaison<br />
d’un ligand sur un récepteur à 7 fragments transmembranaires couplé aux protéines G. Les protéines G permettent<br />
la transduction et l'amplification du signal généré par l'occupation d’un récepteur par son agoniste (Figure 6). <strong>La</strong><br />
diversité des réponses obtenues provient de la régulation des différentes is<strong>of</strong>ormes d’effecteurs présents dans une<br />
cellule. <strong>La</strong> résultante de ces stimulations multiples correspond au maintien d'un niveau de base de seconds<br />
messagers. <strong>La</strong> modification de ce niveau permet d’obtenir une réponse physiologique.<br />
Les protéines G sont associées à la membrane plasmique, du côté intracellulaire, et forment des hétérotrimères αβγ<br />
identifiés par leur sous-unités α (Tableau 1). Les sous-unités α sont codées par quinze gènes différents, dont<br />
certains transcrits subissent des épissages alternatifs. 5 gènes codent pour les sous-unités β, et 11 pour les sousunités<br />
γ. Un même récepteur peut être couplé à différents types de protéines G. Par exemple le récepteur β2-<br />
adrénergique peut se coupler aux protéines Gi ou Gs (Daaka et al.,1997).<br />
Mais la variabilité des signaux de transduction des différents récepteurs provient également du fait que les sousunités<br />
a et bg régulent différemment les nombreuses is<strong>of</strong>ormes d’effecteurs exprimés dans un type cellulaire<br />
donné. De plus, l’effet mesuré dépendra de la distribution spatiale des protéines G, des canaux ioniques et des<br />
adénylate-cyclases de la cellule. En général, les récepteurs couplés aux protéines Gs entraînent une augmentation<br />
du taux d'AMP cyclique intracellulaire par activation des adénylate-cyclases. Les récepteurs couplés aux protéines<br />
Gq/11 mobilisent le calcium intracellulaire par activation des phospholipases C et accumulation d’IP3.<br />
Ces protéines peuvent également réguler directement des canaux ioniques comme les canaux K, Ca 2+ , et Cl - en<br />
modulant l’activité d’un canal ou son recyclage à la membrane par modification du transport vésiculaire, du<br />
compartiment endosomial vers la membrane plasmique. Les protéines Gαi2,3 interviennent dans les mécanismes<br />
de recyclage à la membrane plasmique des canaux CFTR et ORCC (Schwiebert et al., 1992; 1994; 1995).<br />
1.1 -Régulation du taux d’AMPc par les adénylate-cyclases<br />
Les effecteurs des protéines G régulant le taux d’AMPc sont les adénylate-cyclases (AC). Ces enzymes ont des<br />
structures comparables à celles des transporteurs ABC. Leur séquence comprend entre 1080 et 1148 acides<br />
aminés avec 92 % de similarité entre les différents sous-types. Les AC sont formées de 2 ensembles de six<br />
segments transmembranaires, chaque ensemble étant suivi d'un grand domaine cytoplasmique qui contient des<br />
sites de liaison à l'ATP. Les AC sont régulées de manière complexe par de multiples effecteurs tels que les PKC,
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les sous-unités βγ et α des protéines G, ou des modifications locales du calcium intracellulaire. Les différentes<br />
is<strong>of</strong>ormes d’AC (Tableau 2) sont classées en trois familles (Mons et Cooper, 1995; Cooper et al., 1995):<br />
- Le type I : comprend les adénylate-cyclases I, III, et VIII. Cette famille est peu régulée par les protéines Gα s.<br />
- Le type II : comprend les isoenzymes II, IV, et VII qui ne sont pas régulées par les protéines Gαi. Les AC II et IV<br />
peuvent être co-stimulées par les sous-unités α s et βγ des protéines Gi (Federman et al., 1992).<br />
- Le type V : regroupe les isoenzymes V et VI.<br />
2 - Activation du transport de chlorure par l’ATP<br />
Dans de nombreuses cellules épithéliales il existe une conductance chlorure activée par l’ATP extra-cellulaire<br />
distincte de la perméabilité sensible à l’AMPc. Bien qu’inconnues sur le plan moléculaire, les perméabilités<br />
sensibles à l’ATP et à la voie de signalisation du calcium, sont assimilées à des canaux chlorure par le fait de leur<br />
sensibilité aux différents agents pharmacologiques spécifiques des canaux Cl-.<br />
L’ATP extra-cellulaire active le transport de chlorure par sa liaison aux récepteurs P2-purinergiques couplés à la<br />
voie de signalisation du calcium (Marunaka, 1993; Chao et al., 1995; Sahi et al., 1996; Chan et al., 1996; Chan et<br />
al., 1997; Ho et al., 1997; Zeng et al., 1997).<br />
L’effet de l'ATP dépend de plusieurs paramètres :<br />
1 - du type de récepteur purinergique (P2) présent à la surface. On mesurera ainsi des différences dans l'efficacité<br />
de stimulation et le type de réponse obtenue,<br />
2 - de la présence et de l'activité d’ecto-ATPases à la surface cellulaire,<br />
3 - de la présence de canaux Cl- sensibles au calcium. (Figure 7). <strong>La</strong> liaison de l’ATP sur son récepteur entraîne<br />
l’activation de phospholipases C (PLC). Dans les cellules de mammifères, il existe plus de 10 is<strong>of</strong>ormes de<br />
phospholipases C (PLC), regroupées en trois familles: PLC-β, PLC-δ , et PLC-γ. L’hydrolyse par les PLC des<br />
phosphatidylinositol 4,5 biphosphate (PIP2) d’une part, et des phosphatidylinositol 4-monophosphate (PIP) et<br />
phosphatidylinositol (PI) d’autre part, conduit respectivement à l'accumulation d’IP3 et de diacyl glycérol (DAG). <strong>La</strong><br />
liaison de l’IP3 sur son récepteur, au niveau du réticulum endoplasmique, provoque la libération du stock interne de<br />
calcium. Le DAG est un activateur des PKC.<br />
Cette phase rapide de la réponse ATP (augmentation transitoire du niveau de calcium interne durant quelques<br />
secondes à une minute) est généralement suivie d’une phase lente due à l’activation des phospholipases A2<br />
cytosoliques (PLA2c) par le calcium interne libéré. Les PLA2c hydrolysent les phospholipides membranaires<br />
provoquant la libération d’acide arachidonique. Les métabolites de l’acide arachidonique vont alors activer l’entrée<br />
de calcium par des canaux calciques. Cette deuxième étape d’augmentation du taux de calcium interne va de<br />
nouveau activer les PLA2c, et les PLC (Willars, 1996). Cela conduit alors à un nouveau cycle d’activation de la voie<br />
de signalisation du calcium (formation d’IP3 et de DAG, libération du stock interne, activation des PLA2c). L’arrêt de<br />
cette stimulation est en partie due à un rétrocontrôle négatif par les PKC, dont la stimulation va conduire à une<br />
inhibition des PLC et à la recapture du calcium par le réticulum endoplasmique.<br />
Ce sont les métabolites de l’acide arachidonique et le calcium qui vont activer la sortie de chlorure au pôle apical<br />
des cellules épithéliales. Cette régulation du transport de chlorure par l’ATP via la voie de signalisation des<br />
récepteurs P2 est largement décrite dans les cellules épithéliales FRTL-5 (Fischer Rat Thyroid cell Line), (Martin,<br />
1992; Carrasco, 1993; Bizzarri et Corda, 1994; Shimegi et al., 1994; Törnquist et al., 1994; Ekokoski et Törnquist,<br />
1993; Wang et al., 1995; <strong>La</strong>glia et al., 1996).<br />
2.1 - Les récepteurs purinergiques<br />
Dans les années 70, Burnstock propose l’existence de récepteurs extra-cellulaires spécifiques pour expliquer les<br />
effets physiologiques de l’adénosine (récepteurs P1) et de l’ATP (récepteurs P2). En 1985, il a proposé de<br />
subdiviser la famille des récepteurs P2 en deux groupes : les P2x et les P2y, à partir de leurs différences d’affinité<br />
aux agonistes : α,β-méthylène ATP pour les P2x et 2-méthylthioATP pour les P2y.<br />
<strong>La</strong> classification actuelle des récepteurs P2 est basée sur leurs voies de transduction et leurs structures (Figure 8).<br />
On distingue ainsi la famille des récepteurs ionotropiques (P2x), qui font partie des canaux ioniques activés par les<br />
ligands, de celle des récepteurs métabotropiques (P2y) couplés aux protéines G, essentiellement Gq/11 et dans<br />
certains cas aux protéines Gi/o.<br />
<strong>La</strong> famille des récepteurs P2x compte 7 membres notés P2x1 à P2x7 ayant entre 30 et 50 % d’homologie de<br />
séquence. Ils sont formés de 2 segments transmembranaires, et d’une large boucle extra-cellulaire contenant des
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résidus cystéines conservés formant des ponts dissulfures. Les domaines NH2 et COOH sont intracellulaires et<br />
contiennent des sites consensus de liaison aux protéines kinases. Les récepteurs P2x s'assemblent pour former<br />
des hétéromultimères, et le site de liaison de l’ATP implique la boucle extra-cellulaire de plusieurs monomères. <strong>La</strong><br />
pharmacologie, les cinétiques d’activation et de désactivation, et la perméabilité au calcium sont variables en<br />
fonction des différents sous-types de récepteurs P2x.<br />
<strong>La</strong> famille des récepteurs métabotropiques P2y comprend 11 membres notés P2y1 à P2y11 ayant 25 à 55 %<br />
d’homologie de séquence. Ils fonctionnent sous forme de monomères bien que dans beaucoup de tissus on<br />
observe la co-expression de plusieurs sous-types. Ces récepteurs sont formés de 7 segments transmembranaires,<br />
le domaine N-terminal est extra-cellulaire alors que le domaine C-terminal est intracellulaire et porte des sites de<br />
liaison aux protéines kinases. Les diversités structurales au niveau des boucles intracellulaires et du domaine<br />
COOH entre les différents sous-types influencent le couplage de ces récepteurs avec les différentes protéines G :<br />
Gq/11 ou Go/i.<br />
Les sous-types de récepteurs P2y présentent des caractéristiques pharmacologiques différentes. Les P2y1,3 et 6<br />
sont préférentiellement activés par les nucléotides diphosphates, alors que les récepteurs P2y2 et P2y4 sont<br />
seulement activés par les nucléotides triphosphates. Les signaux de transduction de ces récepteurs sont multiples,<br />
ils activent les PLA2, PLC, PLD et les protéines kinases. Ils peuvent être couplés positivement ou négativement aux<br />
adénylate-cyclases.<br />
D’autres sous-types de récepteurs P2 ont été décrits :<br />
1 - les P2T, qui sont essentiellement exprimés dans les plaquettes, et pour lesquels l’ADP est un agoniste et l’ATP<br />
un antagoniste.<br />
2 - Les P2u, qui correspondent aux P2y2 et P2y4, et ont une distribution assez large. L’ATP et l’UTP sont des<br />
agonistes et l’α,β-méthylène ATP ou le 2-méthylthio ATP sont sans effet. Ce sous-type de récepteur P2 peut se<br />
coupler aux protéines Gq/11 ou aux protéines Gi/o sensibles à la toxine de pertussis (Mosbacher et al., 1998).<br />
Comme ils sont présents à la membrane apicale des cellules épithéliales des voies respiratoires chez l’homme, une<br />
attention particulière est donc portée sur les récepteurs P2y2 dans les études menées sur les épithéliums<br />
respiratoires de phénotype CF (Abbracchio et Burnstock, 1998).<br />
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<strong>La</strong> <strong>mucoviscidose</strong>.<br />
Auteur : Dr. Valérie CHAPPE<br />
McGill University, McIntyre Medical Sciences Building, Dept. <strong>of</strong> Physiology, Montréal, Québec, Canada.<br />
Troisième partie - Le canal CFTR :<br />
I - Structure du canal :<br />
1 - Topologie membranaire :<br />
Le canal CFTR est une glycoprotéine composée de 1480 acides aminés. L’analyse de séquence indique la<br />
présence de deux fois six segments transmembranaires putatifs (TMD), et trois domaines intracellulaires : deux<br />
domaines de liaison aux nucléotides notés NBD1 et NBD2 (Nucleotide Binding Domain), et un domaine régulateur<br />
R. D’après les pr<strong>of</strong>ils d'hydrophobicité, 80 % des acides aminés sont dans le cytoplasme, 16% dans les segments<br />
transmembranaires et 4% dans les boucles extra-cellulaires. Les domaines N et C terminaux de la protéine sont<br />
cytoplasmiques (Akabas et al., 1997; Tuesnàdy et al., 1997).<br />
<strong>La</strong> topologie membranaire exacte du canal CFTR est encore incertaine car les seules structures tridimensionnelles,<br />
disponibles pour les membres de la superfamille des transporteurs ABC, dont CFTR fait partie, sont celles de la<br />
protéine HisP (Histidine Perméase bactérienne) et du domaine F1 de l'ATPase mitochondriale.<br />
Les premières représentations de l’insertion du canal CFTR dans la membrane plasmique, menées par<br />
comparaison avec les modèles de protéines contenant des domaines de liaison à l’ATP, étaient essentiellement<br />
basées sur la structure de l’adénylate-kinase (ADK), bien que l’on ne trouve que 12% d’homologie dans les<br />
séquences conservées, entre le domaine NBD1 du canal CFTR et le domaine de liaison à l’ATP de l’ADK. Les<br />
modèles plus récents sont basés sur des comparaisons avec l’ATPase-F1. Dans ce cas, on trouve 28%<br />
d’homologie entre le domaine NBD1 du canal CFTR et les domaines NBDa et NBDb de l’ATPase (Hung et al.,<br />
1998; Annereau et al., 1997a; Annereau et al., 1997b; Bianchet et al., 1997). En opposition avec le modèle<br />
généralement proposé (Figure 9), des études montrent qu’après purification et incorporation dans une bicouche<br />
lipidique, le domaine NBD1 isolé (résidus 426-588) peut fonctionner comme un canal Cl- (Arispe et al., 1992). Cela<br />
suggère que ce domaine soit capable de s'insérer dans la membrane plasmique, avec une portion extra-cellulaire.<br />
Sur le plan structural, NBD1 ressemble à l’histidine perméase bactérienne (HisP), dont les domaines de liaison à<br />
l’ATP sont accessibles du coté extra-cellulaire (Baichwal et al., 1993). L’expression de NBD1 dans des cellules<br />
épithéliales montre qu’il peut s’insérer dans la membrane et créer une conductance Cl- (Clancy et al., 1997). Les<br />
domaines NBD1 et NBD2 exprimés dans des cellules d'insectes (Hi5) sont accessibles du côté extra-cellulaire<br />
(Gruis et al., 1997).<br />
Les nombreuses études qui se poursuivent actuellement permettront certainement, dans les années à venir, de<br />
connaître avec plus de certitude la topologie membranaire exacte du canal CFTR.<br />
2 - Les différents domaines du canal CFTR et leurs fonctions<br />
<strong>La</strong> connaissance des intéractions entre les différents domaines fonctionnels est essentielle pour la compréhension<br />
de la régulation et de la fonction du canal CFTR.<br />
2.1 - Le domaine régulateur (R)<br />
Ce domaine correspond aux résidus 590 à 831 codés par l’exon 13. Il est très spécifique du canal CFTR puisque<br />
les autres membres de la famille ABC ne possèdent pas de domaine régulateur.<br />
<strong>La</strong> phosphorylation du domaine R par les protéines kinases A et C (PKA, PKC) est un prérequis à l'ouverture du<br />
canal par le MgATP (Riordan et al., 1989). L’état déphosphorylé du domaine R maintient le canal fermé alors que<br />
des modifications de conformation interviennent dans le passage à l’état ouvert (Cotten et Welsh, 1997).<br />
Ce domaine est en fait composé de 2 sous-domaines :<br />
1 - RD1, allant des résidus 590 à 672. Cette séquence très conservée dans les différentes espèces est impliquée<br />
dans la maturation de la protéine ainsi que dans l'ouverture du canal en modulant des interactions dynamiques<br />
entre le domaine NBD1 et les sites de phosphorylation du domaine R (Pasyk et al., 1998).<br />
2 - RD2, pour les résidus 672 à 831 (Dulhanty et Riordan, 1994) correspond, à l’inverse, à une séquence très
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variable entre les espèces. Les résidus serines phosphorylables sont compris dans cette portion du domaine R, ce<br />
qui lui confère un rôle important dans le fonctionnement du canal CFTR.<br />
2.2 - Les domaines transmembranaires (Figure 10)<br />
Par analogie avec les autres protéines canalaires, on considère que les domaines transmembranaires (TMD1 et<br />
TMD2), interviennent dans la formation du pore. Alors que le domaine TMD2 est peu impliqué, TMD1 joue un rôle<br />
important dans la conductance et dans la sélectivité (Devidas et Guggino, 1997). Les segments membranaires M1,<br />
M5, M6, et M12 sont impliqués dans la zone formant le pore (Tabcharani et al., 1992; McCarthy et al., 1993;<br />
McDonough et al., 1994; Schwiebert et al., 1998). M1 et M6 ont une structure secondaire essentiellement formée<br />
d’une hélice α dont une des faces est exposée dans la lumière du canal. (Akabas et al., 1994; Akabas et al., 1997).<br />
De plus, des changements de conformation du segment M6 (passage d’une hélice α à un feuillet β) influent sur la<br />
sélectivité et l'ouverture du canal (Wigley et al., 1998).<br />
2.3 - Les domaines de liaison aux nucléotides (NBD)<br />
Dans la séquence des NBD se trouvent les sites consensus de liaison à l'ATP, Walker A et B (Walker et al., 1982),<br />
ainsi qu’une séquence commune à tous les transporteurs ABC : LSGGQXQR (ou motif C). Le motif C est situé à la<br />
surface des domaines NBD, proche des sites de liaison de l'ATP (Clancy et al., 1997). <strong>La</strong> structure secondaire des<br />
NBD (Figure 11 et Figure 12) consiste essentiellement en un feuillet β (60-70 %) central, entouré par des hélices α<br />
(10 %). Selon les auteurs, les limites des domaines NBD1 et NBD2 varient légèrement. Pour NBD1 la limite<br />
inférieure varie du résidu F434 (codé par l'exon 9) à L441, et la limite supérieure est comprise entre I586 (codé par<br />
l'exon 12) et K684 avec une extension possible jusqu'à F650. Le domaine NBD2 est formé des résidus L11<strong>27</strong> à<br />
L1480 (Bianchet et al., 1997).<br />
Les deux domaines NBD coopèrent dans la régulation des mécanismes d'ouverture et de fermeture ATPdépendents<br />
du canal CFTR. NBD1 est impliqué dans l’ouverture du canal, alors que NBD2 est impliqué dans les<br />
deux événements. <strong>La</strong> liaison de l’ATP sur NBD2, qui possède une activité ATPasique faible (Bianchet et al., 1997),<br />
entraîne un changement de conformation de NBD1. Il a été proposé que l'ATP et le GTP puissent se lier sur le<br />
même site (Randak et al., 1996). NBD2 pourrait se comporter comme une sous-unité liant le GTP, et a été comparé<br />
aux sous-unités α des protéines G.<br />
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Auteur : Dr. Valérie CHAPPE<br />
McGill University, McIntyre Medical Sciences Building, Dept. <strong>of</strong> Physiology, Montréal, Québec, Canada.<br />
Troisième partie - Le canal CFTR :<br />
II - Les multiples fonctions du canal CFTR<br />
1 - Les propriétés du canal<br />
1.1 - conductance et sélectivité<br />
En déterminant la relation courant-voltage (I/V), pour un canal unitaire dans un milieu symétrique (même<br />
composition ionique de part et d’autre de la membrane), on obtient une droite dont la pente est la conductance<br />
unitaire (g). On peut également par cette relation définir le potentiel d’inversion du courant (Erev) pour lequel le flux<br />
des ions est nul. Les mesures de conductance d’un canal, et sa séquence de perméabilité donnent des<br />
informations sur les propriétés du canal. En effet, les intéractions entre les ions perméants et le pore du canal<br />
dépendent de leurs propriétés physiques et de leurs structures respectives. CFTR forme un canal anionique<br />
permettant la diffusion passive des ions chlorure. <strong>La</strong> portion extra-cellulaire du canal ne présente pas de sélectivité<br />
anionique et le site précis ainsi que le mécanisme de sélectivité de charge sont inconnus (Dawson et al., 1999).<br />
CFTR est hautement sélectif pour les anions plutôt que pour les cations monovalents, bien que cette sélectivité soit<br />
imparfaite : le Cl- est 10 à 20 fois plus perméant que Na+ (Anderson et al., 1991b; Bear et al., 1991). Les ions qui<br />
sont facilement déshydratés tendent à être plus perméants que les ions qui retiennent plus fortement l'eau<br />
d'hydratation .<br />
Les boucles intracytoplasmiques qui relient les segments transmembranaires impliqués dans la formation du pore,<br />
ne participent pas directement aux mouvements des ions. À l’inverse, les résidus de la boucle extra-cellulaire 1,<br />
influencent la sélectivité du canal (Seibert et al., 1997).<br />
<strong>La</strong> partie du pore la plus resserrée a un diamètre d'environ 5,3 Å (Hanrahan et al., 1998). <strong>La</strong> conductance du canal<br />
varie entre 6 et 11pS en fonction du type cellulaire, de la température, et de la concentration des ions.<br />
<strong>La</strong> séquence de perméabilité du canal CFTR est : Br - >Cl - >I - >F - . Cette séquence distingue CFTR des autres<br />
canaux chlorure épithéliaux, dans lesquels la perméabilité de l'iodure est plus importante que celle du chlorure<br />
(Sheppard et Welsh, 1999). Cependant, dans les domaines transmembranaires la mutation de résidus basiques en<br />
résidus acides, modifie la séquence de perméabilité, transformant CFTR d'un canal de faible, en un canal de forte<br />
perméabilité à l'iodure, avec une nouvelle séquence : I - >Br - > Cl - > F - . Ce qui correspond à la séquence proposée<br />
par J.A. Tabcharani et collaborateurs (1997). Les recherches menées par P. Linsdell et collaborateurs, montrent<br />
que des ions différents peuvent passer en même temps à travers le pore (Linsdell et al., 1997a). Le résidu R347,<br />
dans le segment transmembranaire 5, sert vraisemblablement de filtre de sélectivité anionique. Il intervient dans le<br />
transport multi-anionique en formant des intéractions de charge (Tabcharani et al., 1993; Wigley et al., 1998). Des<br />
mutations du résidu T338, dans le segment transmembranaire M6, altèrent l'intéraction entre l'ion perméant et le<br />
pore du canal. Les thréonines T338 et T339 procurent une stabilité de structure à l'hélice a 6 grâce à des ponts<br />
hydrogènes intra-hélice (Linsdell et al., 1998c).<br />
2 - Régulation des mécanismes d’ouverture et de fermeture du canal CFTR.<br />
<strong>La</strong> durée d'ouverture du canal est variable en fonction de la température et du modèle cellulaire considéré. Ceci<br />
représente certainement les différences d’expression des isoenzymes pouvant réguler CFTR dans une cellule<br />
donnée. Pour des températures physiologiques (35°C) la durée d'ouverture du canal CFTR est comprise entre 100<br />
et 250 ms. Les mécanismes qui contrôlent l’ouverture et la fermeture sont des événements séquentiels, impliquant<br />
des étapes de phosphorylation suivies de la liaison et l’hydrolyse du MgATP. Le modèle de base sur lequel les<br />
études structure-fonction s’appuient propose que des changements de conformation du domaine R, après<br />
phosphorylation, permettent le passage des ions chlorure. <strong>La</strong> levée de l'inhibition imposée par l'état déphosphorylé<br />
du domaine R stimule l'interaction entre l'ATP et les domaines NBD.
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On distingue deux étapes dans l’ouverture du canal :<br />
1 - <strong>La</strong> phosphorylation du domaine R. Son degré de phosphorylation détermine la probabilité d’ouverture. Bien que<br />
les résidus phosphorylables du domaine R soient connus, les résidus impliqués dans les mécanismes d’ouverture<br />
et de fermeture du canal sont incertains (Hwang et al., 1993; Hwang et al., 1994).<br />
2 - <strong>La</strong> liaison et l’hydrolyse de l’ATP sur les sites NBD. Elle entraîne une modification conformationnelle des<br />
domaines transmembranaires du canal CFTR. L’hydrolyse des nucléotides triphosphates est indispensable à<br />
l’ouverture du canal, et la phosphorylation préalable par la PKA augmente cette réaction. Le canal déphosphorylé<br />
est incapable d'hydrolyser l'ATP. Sur des membranes excisées, après phosphorylation par les PKA, le canal peut<br />
être ouvert par les nucléotides triphosphates mais pas par les analogues non hydrolysables de l’ATP, l'ADP ni<br />
l’AMPc (Schultz et al., 1995).<br />
L'hydrolyse de l'ATP représente l’étape limitante à la fois pour l’ouverture et la fermeture du canal. Ces deux<br />
événements interviennent sur des sites différents d'une même molécule. Le domaine NBD1 est le site d’hydrolyse<br />
de l'ATP couplé à l'ouverture du canal et le domaine NBD2 est le site d’hydrolyse de l'ATP permettant la fermeture<br />
du canal. Dans des expériences de protéine de fusion, les activités ATPasiques ont été localisées sur les résidus<br />
433-589 pour le domaine NBD1, et 1208-1399 pour le domaine NBD2 (Seibert et al., 1997; Mathews et al., 1998).<br />
L’hydrolyse de l'ATP sur les domaines NBD du canal CFTR est plus lente que celle des autres ATPases. Cette<br />
vitesse de réaction correspond d’avantage à celle de l'hydrolyse du GTP au niveau des sous-unités a des protéines<br />
G. En 1995, MR Carson et MJ Welsh ont comparé les domaines NBD du canal CFTR aux sous-unités a des<br />
protéines G. Sur le plan structural, le motif C spécifique des transporteurs ABC ressemble fortement au site<br />
catalytique des GTPases (motif D-X-[G/A]-G-Q). De plus, la liaison et l’hydrolyse de l’ATP sur les domaines NBD du<br />
canal CFTR contrôlent la durée d’ouverture et de fermeture du canal, de même que la liaison et l’hydrolyse du GTP<br />
contrôlent la durée d’activation des protéines G (Gadsby et Nairin, 1999; Foskett et al., 1998).<br />
2.1 - Phosphorylation par les PKA et les PKC<br />
<strong>La</strong> première étape de l’activation du canal passe par une phosphorylation par les PKA. In vitro (canal isolé), on<br />
trouve cinq résidus serines, phosphorylés par la PKA, situés dans le domaine R: 660, 700, 737, 795, et 813. Il<br />
existe probablement sur ce domaine d'autres résidus pouvant être phosphorylés par les PKA in vivo (dans les<br />
cellules intactes). <strong>La</strong> phosphorylation sur le domaine R se produit avec une stœchiométrie de 5 à 6 mol/mol après<br />
une exposition limitée à la PKA. Les cinétiques de phosphorylation sont influencées par la structure locale de la<br />
protéine CFTR, ainsi que par la proximité et l'activité sélective des phosphatases endogènes de la cellule. Sur un<br />
canal isolé, la PKC phosphoryle le domaine R avec une stœchiométrie de 2 mol/mol, essentiellement sur les<br />
résidus sérines 686-790. Et dans les cellules CHO et Calu-3, la PKCe, régule CFTR (Liedtke et Cole, 1998). <strong>La</strong><br />
phosphorylation du canal CFTR par les PKC semble stimuler une phosphorylation ultérieure par la PKA (Yurkomauro<br />
et al., 1998) puisque l'inhibition de la phosphorylation par les PKC prévient une phosphorylation ultérieure du<br />
canal CFTR par la PKA. Ces données suggèrent qu'une phosphorylation de base par les PKA et les PKC soit<br />
nécessaire pour entraîner l'activation du canal, en agissant sur des sites de phosphorylation essentiels ou que les<br />
PKC activent CFTR indirectement par des phosphorylations au niveau du cytosquelette ou des vésicules de<br />
transport.<br />
2.2 - Régulation du canal CFTR par les protéines phosphatases<br />
Très rapidement, après phosphorylation par les PKA, la déphosphorylation par des protéines phosphatases inactive<br />
le canal. A l’inverse, l’inhibition des protéines phosphatases endogènes, augmente l'efficacité de stimulation du<br />
canal CFTR et ralentit son retour à l'état désactivé. Mais peu de choses sont connues sur la spécificité avec<br />
laquelle ces différentes phosphatases déphosphorylent les phosphosérines du canal CFTR<br />
Chez les eucaryotes, les quatre principaux types de protéines phosphatases sérine/thréonine solubles sont codés<br />
par les membres de deux familles de gènes. Les protéines phosphatases PP1, PP2A, et PP2B appartiennent à la<br />
famille des PPP, dont la spécificité de substrat est modulée par différentes sous-unités régulatrices. PP2C<br />
appartient à la famille PPM de protéines phosphatases dépendantes du magnésium et qui ne possèdent pas de<br />
domaine de régulation. Les phosphatases PP2A et PP2C sont critiques pour la régulation du canal CFTR. Ces<br />
enzymes comportent des motifs d'ancrage à la membrane, permettant la co-localisation avec CFTR (Becq et al.,<br />
1993). <strong>La</strong> protéine PP2A provoque une déphosphorylation quasi complète du canal CFTR et les phosphatases<br />
endogènes PP2C sont des régulateurs puissants de l'activité du canal CFTR. Leurs effets sur l'ouverture et la<br />
fermeture du canal unitaire sont distincts de ceux de la PP2A, mais similaires à ceux des phosphatases endogènes<br />
dans les cellules CHO, BHK, et T84. L’association de plusieurs phosphatases est nécessaire pour la désactivation<br />
complète du canal CFTR (Luo et al., 1998). Le canal CFTR excisé à partir de cellules CHO ou de cellules<br />
respiratoires humaines, est désactivé par l’action de phosphatases associées à la membrane. Il est activée par des<br />
inhibiteurs de phosphatages (Becq, et al., 1994). Cette régulation a également été montrée dans le cas de<br />
certaines mutations comme R117H, G551D et dF508.<br />
2.3 - Régulation par l’ATP<br />
Une fois phosphorylé, l'ouverture du canal nécessite de l'ATP cytosolique et du magnésium. En absence d’ATP, le<br />
canal CFTR phosphorylé se ferme. L’ADP et les analogues non-hydrolysables de l’ATP inhibent l’activation par
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l’ATP, de manière compétitive, par interaction spécifique sur le domaine NBD2 (Riordan, 1993). Bien que, l’AMP-<br />
PNP ne puisse pas ouvrir le canal CFTR phosphorylé, une fois le canal ouvert il peut s’y lier fortement et le bloquer<br />
dans cette conformation pour quelques minutes. <strong>La</strong> liaison de l’AMP-PNP se produit probablement au niveau de<br />
l’extrémité C-terminale du domaine NBD (Gadsby et al., 1998). Bien que, la probabilité d'ouverture du canal<br />
augmente en fonction de la concentration en ATP intracellulaire, c’est le rapport entre ATP et ADP qui est le plus<br />
important dans la régulation du canal CFTR. Des changements dans l'état métabolique de la cellule qui modifient<br />
ce ratio régulent l'activité du canal (Welsh et Anderson, 1993).<br />
3 - Régulation par les seconds messagers<br />
L'activation du canal CFTR par la protéine kinase A est stimulée par l'AMPc. Le niveau d'AMPc est contrôlé par la<br />
balance entre sa synthèse par les adénylate-cyclases et son hydrolyse par les phosphodiestérases. Dans les<br />
cellules provenant d'épithéliums respiratoires, l'activité du canal CFTR sauvage est particulièrement sensible à<br />
l'activité de la phosphodiestérase de type III. L'inhibition de ce type de phosphodiestérase élève considérablement<br />
le niveau d'AMPc intracellulaire, entraînant une augmentation importante de l'efflux de chlorure (Kelley et al., 1995).<br />
Il est également possible d’activer le canal CFTR par des mécanismes indépendants de l’AMPc. Une étude menée<br />
dans des cellules provenant de carcinomes mammaires de souris C1<strong>27</strong>i, transfectées avec le gène codant pour le<br />
canal CFTR humain, a montré que l’ATP extra-cellulaire peut activer le transport de chlorure. <strong>La</strong> stimulation du<br />
canal CFTR par des analogues de l'ATP suggère une stimulation impliquant les récepteurs P2 purinergiques<br />
(Cantiello et al., 1994). Dans des cellules CFPAC transfectées avec le gène codant pour la protéine CFTR<br />
sauvage, il a été noté que le transport de chlorure est régulé par le récepteur P2y2, ainsi qu’une implication des<br />
récepteurs adénosine. Cependant, ces résultats ne peuvent pas exclure la possibilité d'une interaction directe de<br />
l'adénosine sur CFTR (O’Reilly et al, 1998).<br />
4 - CFTR et transport d'ATP : divergences sur le thème Ces dernières années une nouvelle hypothèse<br />
sur une des multiples fonctions attribuées à la protéine CFTR a été émise par les chercheurs des groupes de HF<br />
Cantiello, JF Engelhardt et WB Guggino, selon laquelle le canal CFTR serait perméant à l’ATP. Les observations<br />
montrent que les cellules qui expriment de manière endogène ou après transfection le canal CFTR (les cellules<br />
mammaires C1<strong>27</strong>i, pulmonaires Calu-3, pancréatiques CFPAC, ou encore intestinales T84 et Caco-2) sécrètent de<br />
l’ATP après activation de la voie de signalisation de l’AMPc. Dans le cas de la mutation dF508, ils ne constatent<br />
plus de sortie d’ATP stimulée par l'AMP cyclique. Le rôle physiologique attribué au transport d’ATP par CFTR est la<br />
régulation du pH intracellulaire et la libération d’acide arachidonique après activation de la voie de signalisation des<br />
récepteurs P2 purinergiques. Ces récepteurs de haute affinité à l’ATP sont exprimés dans de nombreux épithéliums<br />
et notamment dans ceux exprimant le canal CFTR (Cantiello et al., 1997).<br />
A l’inverse, un grand nombre de laboratoires montrent qu’indépendamment d’une sécrétion cellulaire d’ATP, il n’y a<br />
pas de conductance ATP dépendante de l’AMPc à travers le canal CFTR. <strong>La</strong> différence de sécrétion d'ATP en<br />
fonction de la présence ou de l’absence du canal CFTR dans les épithéliums, est provoquée par des stimulations<br />
mécaniques des cellules indépendamment du canal CFTR (Grygorczyk et Hanrahan, 1997; Watt et al., 1998). Par<br />
ailleurs, sur des cellules issues de systèmes épithéliaux non respiratoires, on ne retrouve pas de conductance<br />
unitaire ou macroscopique de l'ATP associée à CFTR. Enfin, des études sur des canaux CFTR incorporés dans<br />
des bicouches lipidiques (bilayer) montrent que ce canal ne transporte pas l'ATP (Li et al., 1996b).<br />
L’ensemble de ces résultats montrent que les mécanismes ou les régulations de la sécrétion ou du transport d'ATP,<br />
sont certainement très différents en fonction du type d'épithélium étudié. Une hypothèse avancée pour expliquer<br />
ces divergences est qu’un canal présent dans les solutions purifiées du canal CFTR, fonctionne comme une<br />
protéine transportant l'ATP. Deux possibilités sont alors avancées : 1°) un autre canal conduisant l'ATP de manière<br />
spécifique serait associé à CFTR dans ces vésicules, 2°) CFTR nécessiterait un signal additionnel ou des<br />
régulateurs qui permettraient le transport d'ATP (Schwiebert et al., 1999). Dans ce sens des études menées sur les<br />
cellules MDCK, démontrent la présence d'un canal ATP concomitant avec la présence du canal CFTR (Sujita et al.,<br />
1998).<br />
5 - Les autres types de perméabilités<br />
<strong>La</strong> complexité des mécanismes de régulation du canal CFTR et l’importance des dysfonctionnements observés<br />
dans les épithéliums de phénotypes CF, font émerger des hypothèses mettant en cause d’autres fonctions pour<br />
CFTR que le seul transport de chlorure.<br />
<strong>La</strong> perméabilité d’anions polyatomiques de taille connue, a été étudiée dans les cellules CHO transfectées de<br />
manière stable avec le gène CF humain codant pour le canal CFTR sauvage. Les anions polyatomiques testés du<br />
côté externe, donnent la séquence de perméabilité suivante NO3- > Cl - >HCO3-> formate> acétate. A l’inverse, le<br />
pyruvate, le propanoate, le méthane sulfonate, l'éthane sulfonate, et le gluconate ne sont pas perméants, quel que<br />
soit le côté de la membrane duquel ils sont testés. <strong>La</strong> perméabilité dépend de l'énergie d'hydratation des ions<br />
(Linsdell et al., 1997b).<br />
Le canal CFTR est également perméant au tripeptide glutathion : g-glutamyl-cystéinyl-glycine (GSH), qui<br />
représente l’antioxydant extra-cellulaire le plus abondant dans les poumons. Ils contiennent environ 400μM de<br />
GSH, ce qui représente cinquante fois la concentration trouvée dans le plasma et 100 fois celle trouvée dans les
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fluides de beaucoup d'autres tissus. <strong>La</strong> concentration en GSH dans les épithéliums présentant un phénotype CF est<br />
fortement réduite (Linsdell et Hanrahan, 1998a).<br />
Le canal CFTR permet également le passage de manière très asymétrique d'anions organiques de grande taille<br />
uniquement lorsqu’ils sont présents du côté intracellulaire. Cette asymétrie n'est pas observée avec des anions plus<br />
petits. Les inhibiteurs d'ATPases, qui bloquent le canal en configuration ouverte, détruisent cette asymétrie,<br />
permettant l'influx de gros anions. L'hydrolyse de l'ATP est donc nécessaire au maintien de l’asymétrie (Linsdell et<br />
Hanrahan, 1998b).<br />
Le transport de GSH et l'efflux d'anions organiques de grande taille représentent de nouvelles fonctions<br />
physiologiques pour le canal CFTR.<br />
6 - CFTR régulateur de la conductance membranaire<br />
Avant qu’on ne lui reconnaisse des fonctions de canal chlorure, on attribuait surtout à CFTR des propriétés de<br />
régulation de la conductance membranaire (Stutts et al., 1997; Egan et al., 1995).<br />
6.1 - Régulation du canal ORCC (Outwardly Rectifying Chloride Channel)<br />
L’ORCC est un canal chlorure régulé par l'AMPc dont on a longtemps pensé qu’il pouvait être la protéine, impliquée<br />
dans la régulation de la conductance membranaire, déficiente dans la <strong>mucoviscidose</strong>. Les études d’interactions<br />
entre CFTR et d’autres canaux ioniques membranaires montrent que la présence du canal CFTR fonctionnel est<br />
indispensable à l'activation du canal ORCC par les PKA. Dans les systèmes de membranes artificielles, CFTR<br />
régule le canal ORCC par des interactions membranaires ou cytoplasmiques (Scwiebert et al., 1999). EM<br />
Schwiebert et collaborateurs, proposent également que l’intéraction entre CFTR et le canal ORCC dans les cellules<br />
épithéliales, soit liée à un mécanisme autocrine/paracrine impliquant l'ATP. Nous avons démontré que l'expression<br />
du canal CFTR dans des cellules d’insectes de type Hi-5, confère au canal ORCC endogène une sensibilité à la<br />
glibenclamide, qui est un inhibiteur spécifique du canal CFTR (Julien et al., 1999).<br />
6.2 - Régulation du canal sodium épithélial (ENaC):<br />
L’absorption accrue de sodium, dans les épithéliums respiratoires CF, montre un contrôle négatif du canal sodium<br />
épithélial sensible à l’amiloride par CFTR (Mall et al., 1998).<br />
Des études récentes montrent que les domaines NBD1 et R du canal CFTR interagissent directement avec la partie<br />
C-terminal du canal ENaC exprimé chez la levure, ou dans des fibroblastes transfectés de manière stable avec ces<br />
deux canaux.<br />
Plusieurs possibilités sont avancées pour expliquer la régulation négative du canal ENaC par CFTR :<br />
1 - les transporteurs de la famille ABC, de type MDR (Multi Drug Resistance), peuvent transporter des substrats<br />
comme les phospholipides à travers les membranes. Donc des messagers phospholipidiques, pourraient jouer un<br />
rôle dans la modulation du canal ENaC par CFTR;<br />
2 - cela serait directement le résultat de l’interaction entre CFTR et certaines sous-unités du canal ENaC.<br />
3 - CFTR et le canal ENaC pourraient interagir grâce à des éléments du cytosquelette associés à la membrane.<br />
Cette interaction serait impliquée dans la capacité du canal CFTR à interférer avec la régulation par la PKA du<br />
canal ENaC. Ces 2 canaux peuvent être affectés par des interactions avec le cytosquelette, notamment le<br />
cytosquelette d'actine.<br />
6.3 - Régulation des canaux potassium (K)<br />
CFTR est non seulement capable de réguler directement, ou indirectement d'autres canaux ioniques, mais aussi de<br />
transférer des effets modulateurs d’agonistes et d'antagonistes sur d'autres protéines.<br />
Les sulfonylurés, sont des inhibiteurs de canaux K sensibles à l'ATP. Or, le composé sulfonyluré glibenclamide<br />
inhibe l'activité du canal CFTR, ce qui suggère un lien entre CFTR et la famille des canaux K sensibles à l’ATP. Les<br />
canaux K sont exprimés dans beaucoup de tissus. <strong>La</strong> sensibilité aux sulfonylurés des canaux K pancréatiques, est<br />
conférée par la protéine SUR, une protéine de liaison aux sulfonylurés, membre de la famille des transporteurs<br />
ABC, et les sulfonylurés tels que la glibenclamide et le tolbutamide sont utilisés contre le diabète. <strong>La</strong> protéine SUR,<br />
est une molécule de 140 kDa, qui a les caractéristiques pharmacologiques d'un récepteur de haute affinité.<br />
Contrairement au canal CFTR qui cumule à la fois des fonctions de transport de chlorure et de régulateur de la<br />
conductance membranaire, la protéine SUR exprimée seule, ne montre pas d'activité canalaire, suggérant qu'elle<br />
se comporte seulement comme un régulateur des canaux ioniques.<br />
Les canaux K sensibles à l'ATP, sont un sous-groupe de la superfamille des canaux K rectifiants entrants (KIR).<br />
Les canaux KIR ont été identifiés sur la membrane basolatérale des cellules des épithéliums respiratoires, où ils<br />
interviennent dans le recyclage du potassium. Dans les cellules CFPAC, on a montré que la présence du canal<br />
CFTR, influence l’activation par l’AMPc des canaux potassium épithéliaux (Loussouarn et al., 1996). Il a récemment<br />
été suggéré que des canaux K similaires existent sur la membrane apicale des cellules épithéliales des voies<br />
respiratoires. Un membre de cette famille a été identifié dans le poumon: ROMK1. <strong>La</strong> famille des canaux ROMK est<br />
constituée de plusieurs is<strong>of</strong>ormes de canaux K sensibles à l'ATP. Le canal ROMK2 présente une sensibilité faible
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et très variable aux composés sulfonylurés tels que la glibenclamide. Par leur co-localisation dans le canal<br />
collecteur du rein, il est possible que le canal CFTR régule l'activité du canal ROMK2.<br />
CFTR pourrait êt re couplé avec ROMK1 ou ROMK2, dans la membrane cellulaire, procurant un domaine<br />
manquant à ces canaux et, restaurant ainsi une sensibilité aux sulfonylurés. Les mécanismes qui contrôlent les<br />
interactions entre CFTR et ROMK2 pourraient impliquer une protéine de régulation ou des éléments du<br />
cytosquelette.<br />
<strong>La</strong> phosphorylation atténue la réponse aux sulfonylurés et altère les interactions entre CFTR et ROMK2. De la<br />
même manière que pour les interactions entre CFTR et les canaux ORCC ou ENaC, l’interaction entre CFTR et<br />
ROMK2 nécessite la présence du domaine NBD1 du canal CFTR fonctionnel (McNicholas et al., 1996). Des études<br />
récentes suggèrent la possibilité d'un complexe formé entre le canal CFTR et le canal ROMK1 (Ho et al., 1998).<br />
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<strong>La</strong> <strong>mucoviscidose</strong>.<br />
Auteur : Dr. Valérie CHAPPE<br />
McGill University, McIntyre Medical Sciences Building, Dept. <strong>of</strong> Physiology, Montréal, Québec, Canada.<br />
Troisième partie - Le canal CFTR :<br />
III - Régulation de la protéine CFTR<br />
1 - Biosynthèse de la protéine<br />
Le gène codant pour la protéine CFTR est localisé sur le chromosome 7, dans la bande Q 31. Il mesure 250 kb et<br />
comprend <strong>27</strong> exons. A l’état naturel, il est synthétisé peu de protéine CFTR, moins de 1000 copies par cellules<br />
(Chang et al., 1998). Dans les cellules épithéliales, l’ARNm du canal CFTR (6,5 kb) est traduit en une protéine<br />
membranaire de 1480 acides aminés, contenant une séquence signal, non-clivable, dont dépend son adressage à<br />
la membrane apicale (Chen et Zhang, 1996). En positions 894 et 900 se trouvent deux sites potentiels de liaison<br />
d’olygosaccharides, ce qui donne une forme mature de la protéine de 168 kDa. Seule la protéine mature pourra<br />
gagner la surface pour former un canal chlorure (Kopito et al., 1999).<br />
Durant sa maturation dans le réticulum endoplasmique la protéine CFTR est associée aux protéines chaperonnes<br />
HSP 70. <strong>La</strong> maturation de la protéine CFTR sauvage est peu efficace, seulement 30% des précurseurs<br />
nouvellement synthétisés seront transformés en molécules matures. En effet, 70 % du précurseur sauvage et 100%<br />
des précurseurs mutés dont le repliement est incorrect sont rapidement dégradés (demi-vie de 20 à 40 minutes) par<br />
le proteasome, après ubiquitination, avant d'atteindre l’appareil de Golgi (Jensen et al., 1995). <strong>La</strong> durée de la liaison<br />
entre CFTR et les protéines chaperonnes HSP, ainsi que l’étape de libération des ribosomes, module la<br />
dégradation cytosolique du canal CFTR (Ward et al., 1995). Le blocage des protéines immatures au niveau du<br />
réticulum est un phénomène sensible à la température, et aux mutations dans le domaine NBD1 (Kopito, 1999). Le<br />
faible taux de maturation de la protéine CFTR n’est pas une caractéristique des transporteurs ABC dont certains<br />
atteignent un degré de maturation de 100%, dans des modèles cellulaires recombinants comme les cellules de la<br />
lignée HEK 293.<br />
Après la dissociation de la protéine CFTR avec les protéines chaperonnes, elle acquiert sa structure<br />
tridimensionnelle. 20 à 40% de la protéine mature transite alors vers l'appareil de Golgi. Au cours de sa biosynthèse<br />
la protéine passe par différentes étapes de glycosylation. D'abord synthétisée sous forme d'un précurseur (135 kDa<br />
mesuré en gel d’électrophorèse) contenant des chaînes olygosaccharidiques sensibles à l'endoglycosidase H, le<br />
précurseur donne ensuite naissance à une forme mature (150 à 160 kDa) contenant des chaînes<br />
olygosaccharidiques complexes et résistantes à l'endoglycosidase H.<br />
2 - Localisation de la protéine fonctionnelle<br />
Le canal CFTR fonctionnel est principalement localisé sur la membrane apicale des cellules épithéliales polarisées.<br />
Cependant le canal est également fonctionnel dans les membranes d’autres compartiments cellulaires :<br />
- En l’absence de jonctions serrées, les cellules perdent leur polarisation. <strong>La</strong> protéine CFTR fonctionnelle est alors<br />
retenue au niveau du réseau trans-golgien (Morris et al., 1994; Pasky et al., 1997).<br />
- Dans les bordures en brosse (Benharouga et al., 1997), et majoritairement dans les endosomes de cellules<br />
rénales (Crawford et Maloney, 1998).<br />
- Enfin, dans les membranes nucléaires, CFTR peut être associé à un canal régulé par l’ATP (Pasky et al.,1997).<br />
3 - Mécanismes d’endocytose et exocytose<br />
<strong>La</strong> dégradation de la protéine CFTR est un phénomène lent (plus de 24 heures). A l’inverse, son endocytose est un<br />
mécanisme rapide, avec 50% d’internalisation en quelques minutes. CFTR interagit alors avec les complexes<br />
adaptateurs spécifiques de la membrane plasmique (Bradbury et al., 1994).<br />
Dans les cellules épithéliales, la présence de la protéine CFTR endogène a été détectée dans les vésicules
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enrobées de clathrine ainsi que dans les endosomes (Webster et al., 1994). Et son activité canalaire est impliquée<br />
dans la régulation des mécanismes de fusion des endosomes (Biwersi et al., 1996). Dans ces cellules, les<br />
mécanismes d'endocytose et d'exocytose du canal CFTR sont régulés par l'AMP cyclique. L’activation du canal par<br />
l'AMPc a un effet inhibiteur sur son endocytose (Bradbury et al., 1992; Prince et al., 1994). Cette régulation permet<br />
d'augmenter la quantité de canaux CFTR présents à la membrane apicale, à partir d’un stock interne constant. Cela<br />
apporte un mécanisme additionnel à la stimulation directe du transport de chlorure par l'AMPc (Wei et al., 1996).<br />
3.1 - Interactions avec le cytosquelette<br />
Le cytosquelette joue un rôle très important dans le maintien de la polarité des cellules épithéliales. Plus<br />
particulièrement, le cytosquelette d'actine semble avoir un rôle central dans le contrôle de la sécrétion<br />
d’électrolytes. En effet, la dépolymérisation des filaments d’actine module la vitesse de passage du canal CFTR de<br />
la membrane apicale vers les compartiments internes (Morris et al., 1997) par un mécanisme indépendant de l’AMP<br />
cyclique, et impliquant une interaction directe entre l'actine, des protéines associées à l'actine et CFTR (Cantiello et<br />
al., 1996). A partir d’observations montrant que sa séquence contient des sites potentiels de liaison à l’actine, la<br />
protéine CFTR peut être considérée comme une nouvelle protéine de liaison à l’actine (Prat et al., 1995).<br />
3.2 - Rôle des protéines Gi<br />
Les protéines de liaison au GTP (protéines G) régulent toute une variété de canaux ioniques, incluant les canaux<br />
Cl-, directement au niveau membranaire et indirectement par les seconds messagers et les protéines kinases. E.M<br />
Schwiebert et collaborateurs ont montré que, dans les épithéliums respiratoires, les protéines Gα-i2 sont inhibitrices<br />
du transport de chlorure par le canal CFTR (Schwiebert et al., 1992). Les Gα-i2 régulent le transport des vésicules<br />
vers la membrane apicale. Leur inhibition par la toxine de pertussis stimule l’exocytose du canal CFTR, ce qui<br />
restaure le transport de chlorure dans des cellules isolées, provenant de patients atteints de <strong>mucoviscidose</strong><br />
(Schwiebert et al., 1994).<br />
4 - Modification des régulations cellulaires par CFTR<br />
4.1 - Systèmes d’expression<br />
Beaucoup de lignées cellulaires non-épithéliales ont été utilisées, en tant que systèmes d’expression hétérologues,<br />
pour l’étude de la fonction, de la structure et de la biosynthèse de la protéine CFTR (Chang et al., 1998). Ces<br />
systèmes sont également utilisés pour produire de la protéine en grande quantité pour l’analyse in vitro, après<br />
purification du canal. Cependant de nombreuses difficultés subsistent, liées aux différents modèles cellulaires<br />
utilisés.<br />
4.2 - Problèmes liés à la surexpression<br />
Une des principales difficultés rencontrée dans l’étude du canal CFTR, est le faible taux d’expression endogène,<br />
rendant difficile les études structure-fonction menées sur le canal purifié. L’expression dans les bactéries, qui<br />
permettrait de disposer de la protéine en grande quantité, s’est avérée très difficile. En effet, cela provoque une<br />
forte diminution de la croissance des clones, et une toxicité de nature incertaine, attribuée à une séquence en aval<br />
de l’exon 6.<br />
Dans les modèles eucaryotes, l’hyper-expression du canal CFTR affecte pr<strong>of</strong>ondément les caractéristiques<br />
physiologiques des cellules. Par injection intranucléaire d’ADNc du canal CFTR, R. Mohammad-Panah et<br />
collaborateurs montrent que l’hyper-expression du canal CFTR perturbe la physiologie des épithéliums. Les canaux<br />
CFTR sont activés en permanence, ne sont plus régulables par l’AMPc, et surtout perdent leurs propriétés de<br />
régulation des autres canaux ioniques (Mohammad-Panah et al., 1998). Ces modifications ont également été<br />
observées dans d’autres modèles cellulaires comme NIH/3T3 (Stutts et al., 1993). On ne connaît pas les raisons de<br />
l’activation permanente du canal CFTR dans les cas de surexpression. Le même phénomène est observé dans le<br />
cas du canal potassium KV1.3 (modification des caractéristiques du courant et de la pharmacologie). L’explication<br />
qui paraît la plus probable est l’existence de formes constitutivement actives du canal CFTR en proportion très<br />
faible dans les système d’expression endogène, l’hyper-expression permettrait de visualiser ces canaux.<br />
4.3 - Les changements de pH intracellulaire<br />
Les modifications observées dépendent des cellules utilisées. Là encore on retrouve dans les nombreux travaux de<br />
recherche, concernant la régulation de la protéine CFTR, des contradictions en fonction des modèles cellulaires. <strong>La</strong><br />
présence du canal CFTR (endogène ou transfecté) peut conduire à une acidification du pH du cytoplasme ou des<br />
endosomes.<br />
Les cellules exprimant la P-glycoprotéine (Multi Drug Resistance) ont un pHi plutôt alcalin et la co-expression du<br />
canal CFTR et MDR tend à rééquilibrer le pH cellulaire (Wei et al., 1995; Wei et al., 1997). L’activation par l’AMPc<br />
du canal CFTR exprimé dans les cellules CFPAC (Elgavish et al., 1991), les fibroblastes NIH 3T3 et les cellules<br />
épithéliales mammaires C1<strong>27</strong> (Poulsen et al., 1994), conduit également à une acidification du pHi.<br />
Dans les cellules coliques épithéliales T84 et les fibroblastes Swiss 3T3, l’activation du canal CFTR abaisse le pH
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des endosomes (Biwersi et al., 1994).<br />
A l’inverse, dans les endosomes (précoces et tardifs) des cellules L transfectées, CFTR ne modifie pas<br />
l’acidification, soit que le canal n’est pas fonctionnel dans ces compartiments, soit qu’il manque un c<strong>of</strong>acteur (Root<br />
et al., 1994). Dans le cas de cellules exprimant le mutant dF508 (qui est dégradé au niveau du réticulum<br />
endoplasmique) il n’y a pas de différence de pH dans les endosomes ni dans le compartiment trans-golgien par<br />
rapport aux cellules transfectées avec le gène sauvage (Dunn et al., 1994; Seksek et al., 1996).<br />
Il a été suggéré que CFTR régule le mouvement des vésicules de transport indépendamment de son activité sur le<br />
pHi. L’activation du canal CFTR par la forskoline, dans les cellules fibroblastiques 3T3, induit une augmentation de<br />
la fusion des endosomes de 1.3 à 2.65 fois en moins de 10 minutes. Ce mécanisme est indépendant d’une<br />
augmentation de l’endocytose ou de l’acidification des endosomes et nécessite un transport de chlorure (Biwersi et<br />
al., 1996).<br />
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<strong>La</strong> <strong>mucoviscidose</strong>.<br />
Auteur : Dr. Valérie CHAPPE<br />
McGill University, McIntyre Medical Sciences Building, Dept. <strong>of</strong> Physiology, Montréal, Québec, Canada.<br />
Troisième partie - Le canal CFTR :<br />
IV - Les mutations du canal CFTR<br />
1 - Les différentes classes de mutations<br />
Le gène codant pour la protéine CFTR impliquée dans la <strong>mucoviscidose</strong> à été découvert en 1989, et depuis, plus<br />
de 700 mutations ont été recensées dans ce gène. <strong>La</strong> plupart sont des mutations ponctuelles qui impliquent<br />
seulement quelques nucléotides. <strong>La</strong> fréquence des mutations varie selon les populations avec une distribution<br />
reflétant probablement des différences dans leur apparition durant l'évolution, dans les pressions de sélection<br />
exercées et dans la migration des populations. Bien que cela soit rare, plusieurs mutations peuvent apparaître sur<br />
le même chromosome et deux changements sur le même allèle peuvent provoquer des phénotypes plus sévères<br />
ou au contraire avoir un effet de compensation.<br />
Dans certaines populations, un petit nombre de mutations représentent la majorité des allèles CF. <strong>La</strong> plupart des<br />
mutations sont rares et spécifiques de certaines familles. Les tests de détection sont donc réalisés en fonction des<br />
mutations essentielles recensées dans une population. Dans les populations caucasiennes et nord-européennes, la<br />
mutation ΔF508 apparaît avec une fréquence allélique de 67%. Cette mutation représente 48% des allèles CF dans<br />
la population afro-américaine et 30% dans les populations américaines d’origine asiatique. <strong>La</strong> présence de cette<br />
mutation dans les populations américaines natives est rare.<br />
Dans l’ensemble des mutations recensées, 40% sont des mutations faux-sens, 18% des mutations non-sens, 18%<br />
des mutations altèrent des codons essentiels pour l’épissage, 22% des mutations modifient le cadre de lecture, les<br />
2% restant correspondent à des mutations localisées dans le promoteur ou à des délétions dans le cadre de<br />
lecture.<br />
Les mutations sont classées en 6 groupes correspondant aux dysfonctionnements moléculaires observés<br />
(Figure 13) :<br />
I - Les mutations nulles, pour lesquelles il n’y a pas de protéine. Cela correspond à un défaut de synthèse, il n'y a<br />
pas de transcription du gène en ARNm stable ni ayant la bonne longueur. Cela entraîne une perte de fonction.<br />
Environ 50% des mutations du canal CFTR affectent la synthèse de l'ARNm.<br />
II - <strong>La</strong> deuxième classe de mutations correspond à un défaut de maturation de la protéine. <strong>La</strong> protéine<br />
mutante n'est donc pas adressée au bon endroit, en général elle reste localisée dans le cytoplasme. Dans ce cas<br />
encore, très peu de protéines fonctionnelles arrivent à la membrane apicale des épithéliums. <strong>La</strong> mutation ΔF508 est<br />
incluse dans cette classe.<br />
III - Les protéines mutées sont présentes à la membrane apicale. Ces mutants sont correctement synthétisés et<br />
localisés, mais ne peuvent pas être activés ou ont une fonction de canal Cl- anormale.<br />
Dans la classe III sont incluses les mutations G551D et G551S situées dans le domaine NBD1 et S1255P et<br />
G1349D dans le domaine NBD2, qui modifient la liaison et l'hydrolyse de l'ATP ainsi que la phosphorylation du<br />
domaine R.<br />
IV - Cette classe correspond à des mutations qui affectent la conductance et les mécanismes d'ouverture et<br />
de fermeture du canal. Certaines sont localisées dans les domaines transmembranaires formant le pore du canal.<br />
V - Les mutations de la classe 5 influencent la quantité d’ARNm ayant une longueur totale correcte, ainsi<br />
que la quantité de protéines fonctionnelles. Cette classe inclut des mutations dans le promoteur et des<br />
mutations qui modifient l'épissage alternatif ou provoquent une synthèse de la protéine inefficace.<br />
VI - <strong>La</strong> 6ème classe correspond à des mutations qui affectent la régulation des autres canaux par CFTR
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(Pileweski et Frizzell, 1999; Mickle et al., 1998).<br />
Sur le plan clinique, la relation génotype/phénotype est très difficile à établir, due à la faible représentation de<br />
beaucoup de mutations et aux effets environnementaux modifiant le phénotype vrai. De plus, un même phénotype<br />
peut correspondre à des désordres cellulaires différents (Fanen et al., 1997). D'où l’intérêt de développer des<br />
modèles animaux ou cellulaires pour étudier ces relations.<br />
2 - <strong>La</strong> mutation ΔF508<br />
Cette mutation de classe II est responsable de 70 % des cas de <strong>mucoviscidose</strong>. Les homozygotes sont<br />
diagnostiqués à un âge très précoce par des insuffisances pancréatiques et un taux élevé de NaCl dans la sueur<br />
(Ward et al., 1994).<br />
Localisé dans le domaine NBD1 (codé par l'exon 10), cette délétion d’une phénylalanine en position 508, ne modifie<br />
pas le cadre de lecture et n’a pas d’effet sur la liaison de l’ATP. <strong>La</strong> mutation perturbe le repliement du domaine<br />
NBD1 et empêche la maturation complète de la protéine. ΔF508 est probablement impliquée dans des interactions<br />
hydrophobes critiques pour assurer un repliement correct et une bonne structuration tridimensionnelle de la<br />
protéine, avant la structuration des sites de liaison à l'ATP (Qu et al., 1997).<br />
Dans les systèmes d'expression exogène transfectés avec des ADNc codant pour la protéine CFTR portant la<br />
mutation ΔF508 (CFTR-ΔF508), on obtient une protéine non glycosylée, localisée dans le cytoplasme (Demolombe<br />
et al., 1994). L'absence de glycosylation suggère que la protéine n'entre pas dans l’appareil de Golgi. Elle est<br />
dégradée dans le réticulum endoplasmique par le proteasome et d'autres complexes protéolytiques. <strong>La</strong> rétention de<br />
la protéine dans le réticulum endoplasmique, compartiment cellulaire dans lequel la protéine est fonctionnelle<br />
(Pasyk et Foskett, 1995), est due au moins en partie, aux protéines chaperonnes de type "heat-shock protein" (HSP<br />
70) et la calnexine (Jiang et al.,1998). Cependant, lorsqu’elle est correctement adressée à la membrane plasmique,<br />
la protéine CFTR-ΔF508 fonctionne comme un canal chlorure activé par l'AMP cyclique (Frizzell et al., 1995).<br />
Les propriétés du canal mutant, étudié après insertion dans des membranes artificielles, ne sont pas différentes de<br />
celles de la protéine sauvage. Par contre, des études menées sur la protéine exprimée à la membrane de cellules<br />
de mammifères, montrent des différences fonctionnelles comme un temps de fermeture du canal plus long. Dans<br />
les cellules d’insectes, comme dans les oocytes de xénopes, il n'a pas été constaté d’arrêt dans la maturation du<br />
canal CFTR- ΔF508. Probablement à cause de la faible température à laquelle sont maintenues ces cellules, ce qui<br />
crée un système permissif pour l’adressage à la membrane (Riordan, 1993). <strong>La</strong> combinaison de certains agents<br />
pharmacologiques comme la forskoline et le milrinone (inhibiteur de phosphodiestérases de classe III), permettent<br />
une restauration partielle du transport d'électrolytes médié par CFTR dans les épithéliums de souris homozygotes<br />
pour la mutation ΔF508 (Kelley et al., 1997).<br />
<strong>La</strong> mutation R553M corrige, in vitro, le défaut de repliement dû à la mutation ΔF508. In vivo, le double mutant<br />
ΔF508/R553M corrige seulement partiellement le transport à la membrane, et la protéine mature n’est que<br />
partiellement fonctionnelle.<br />
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<strong>La</strong> <strong>mucoviscidose</strong>.<br />
Auteur : Dr. Valérie CHAPPE<br />
McGill University, McIntyre Medical Sciences Building, Dept. <strong>of</strong> Physiology, Montréal, Québec, Canada.<br />
Troisième partie - Le canal CFTR :<br />
V - Pharmacologie du canal CFTR<br />
Pour rétablir le transport de chlorure dans les épithélium CF, de nombreuses stratégies ont été développées. à côté<br />
des études de thérapie génique, d’activation de canaux environnants autres que CFTR, ou encore de modulation<br />
des processus d'adressage membranaire, un ensemble d'études porte sur des drogues pouvant améliorer le<br />
transport de chlorure par CFTR (Figure 5). Cette pharmacologie a pour but l'amélioration du transport de chlorure<br />
par activation directe des canaux CFTR présents à la membrane ou encore par activation indirecte en agissant sur<br />
des récepteurs membranaires environnants. à côté de l'apport de ces études dans la compréhension de la<br />
pathologie et dans l'amélioration des traitements de malades atteints de <strong>mucoviscidose</strong>, la pharmacologie, par<br />
l’étude des modes d’action des molécules utilisées, permet également d’améliorer nos connaissances sur la<br />
régulation du canal et sur son rôle dans les mécanismes de régulations cellulaires<br />
Parmi les molécules testées, on distingue d'une part les molécules capables d'inhiber le canal, qui sont des<br />
bloqueurs du canal CFTR, et d'autre part des molécules pouvant activer le canal, appelées ouvreurs. Malgré cette<br />
dénomination des différentes molécules testées, on ne dispose pas à ce jour d’une pharmacologie spécifique. En<br />
effet, les études pharmacologiques sur le canal CFTR sont menées à partir de molécules dont les effets portent sur<br />
des récepteurs membranaires, des seconds messagers, voir même à partir de molécules dont on ne connaît que<br />
des effets physiologiques généraux sur le transport d’électrolytes à travers les épithéliums. De ce fait, on ne connaît<br />
généralement pas précisément les mécanismes par lesquels les activateurs ou les inhibiteurs modulent la sortie de<br />
chlorure par le canal CFTR.<br />
Depuis quelques années, nous avons pour objectif l’étude des relations structure/fonction de molécules activatrices<br />
du canal CFTR afin de déterminer les bases structurales de l’effet de ces molécules (dérivés xanthines et MPB) sur<br />
le transport de chlorure et la détermination de leur mode d’action.<br />
1 - Les activateurs du canal CFTR (Figure 14)<br />
<strong>La</strong> génistéine : ce composé fait partie de la classe des flavonoïdes naturels.<br />
C’est l’inhibiteur de l’activité tyrosine kinase du récepteur à l’EGF le plus puissant dans cette classe de molécules.<br />
<strong>La</strong> génistéine agit par un mécanisme compétitif avec l’ATP (Ki : 13.7 μM), et peut se lier aux récepteurs adénosine<br />
(Ki = 5 μM). Par ailleurs, par son action sur la topoisomérase II, la génistéine intervient dans les cassures de l’ADN<br />
et donc probablement dans l’apoptose.<br />
Cette molécule est également un puissant activateur du canal CFTR dont le mécanisme a beaucoup été discuté.<br />
Elle n’agit pas par une activation des protéines kinases A, C ou G car il n'y a pas d'augmentation d’AMPc<br />
intracellulaire, de calcium, ou de GMPc. Il est nécessaire d'avoir de l'ATP et une phosphorylation préalable du canal<br />
CFTR par les PKA pour avoir un effet de la génistéine (Weinreich, et al., 1997). On constate alors un maintien de<br />
l’état ouvert du canal, peut-être par inhibition de l’effet des phosphatases, ou une interaction directe au niveau des<br />
domaines NBD sur les sites de liaison à l’ATP.<br />
En ce qui concerne les protéines CFTR mutées, la génistéine n'a pas d'effet direct sur le mutant ΔF508, mais en<br />
présence d'AMP cyclique ou de forskoline, on observe une forte synergie d’activation du transport de chlorure<br />
(Hwang et al., 1997). <strong>La</strong> stimulation combinée de génistéine et de forskoline permet également l'activation de<br />
certains mutants comme G551D qui sont présents à la membrane mais non activables par la forskoline seule.<br />
L’idée générale qui se dégage pour le mode d’action de cette molécule est celle d’une action directe sur le canal,<br />
au niveau des domaines NBD. Cependant cette interprétation des résultats ne correspond pas aux effets observés<br />
avec la mutation ΔF508, pour laquelle on peut supposer un effet de la génistéine sur l’adressage.<br />
Le NS-004 : C'est un benzimidazolone substitué.<br />
Ces molécules ont d'abord été définies comme des ouvreurs des canaux K à large conductance dépendants du
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calcium, les canaux BK ou maxi K. A l’inverse, ils inhibent les canaux Kv, ainsi que des canaux calcium voltagedépendants.<br />
Les effets du NS-004 sur le canal CFTR sont assez proches de ceux de la génistéine. Cette molécule active le<br />
canal, même en présence d’inhibiteurs de PKA, pour des concentrations comprises entre 0,1 et 1 μM, et le mutant<br />
ΔF508 pour des concentrations supérieures à 10 μM, sans augmenter la concentration en AMP cyclique. Le NS-<br />
004 est décrit comme un ouvreur du canal CFTR. Bien que la probabilité d'ouverture des canaux phosphorylés<br />
augmente en présence de NS004, cette molécule n'a pas d'effet sur le canal CFTR après qu'il se soit<br />
spontanément désactivé. In vitro le NS004 n'inhibe pas les protéines phosphatases (Schultz et al., 1999) .<br />
Le milrinone : c'est un inhibiteur de phosphodiestérases de type III. Il a été proposé que le milrinone stimule CFTR<br />
en augmentant le taux d'AMPc intracellulaire. Cependant le mode d'action exacte de cette molécule n'a pas encore<br />
été déterminé. Le milrinone active à la fois le canal sauvage et le canal mutant ΔF508. Il a un effet additif sur<br />
l’activation des canaux CFTR par la forskoline ou par des agonistes de l'AMP cyclique ce qui suggère un<br />
mécanisme indépendant de la voie de l’AMPc. Des études récentes menées in vivo sur des souris transgéniques<br />
ainsi que des essais cliniques sur des sujets humains atteints de <strong>mucoviscidose</strong>, concluent que le milrinone n’induit<br />
pas la sécrétion de chlorure dans les voies aériennes CF (Smith et al., 1999).<br />
Les inhibiteurs de protéines phosphatases<br />
<strong>La</strong> régulation du canal CFTR implique des étapes de phosphorylation et de déphosphorylation. L’inactivation<br />
spontanée du canal qui conduit à sa fermeture est induite par l'action de protéines phosphatases sur le domaine<br />
régulateur.<br />
Parmi les activateurs du canal CFTR on trouve des composés capables d'inhiber les phosphatases, ce qui permet<br />
le maintien du canal à l'état ouvert. Différents inhibiteurs de phosphatases ont donc été testés, principalement sur<br />
des fragments membranaires excisées provenant de cellules CHO transfectées avec le gène codant pour la<br />
protéine CFTR, ou encore de cellules épithéliales des voies respiratoires humaines. Ces études conduisent à deux<br />
types de résultats. D'une part, l’utilisation de ces molécules permet d'avoir une activation spontanée du canal, sans<br />
stimulation préalable de la voie AMPc, ceci dans le cas de la protéine sauvage et dans le cas de protéines mutées<br />
présentes à la membrane. D’autre part, la classification de l'efficacité de ces inhibiteurs de phosphatases est : 3-<br />
isobutyl 1-méthyl xanthine (IBMX) > Br-tétramisol (dérivé du lévamisol) > vanadate > théophylline > ATP ><br />
calyculine A > acide okadaique > leupeptine (Becq et al., 1994; Becq et al., 1996).<br />
Les dérivés benzimidazolones : ce sont des régulateurs de la conductance K<br />
<strong>La</strong> conductance K au niveau des membranes basolatérales joue un rôle important dans la sécrétion apicale du<br />
chlorure. <strong>La</strong> modulation des canaux K sensibles aux calcium (Kca) par différentes drogues a donc été envisagée<br />
afin d'améliorer le transport de chlorure. Les molécules testées sont des dérivés des benzimidazolones, les<br />
benzoxazoles : chlorzoxazone et zoxazolamine, ainsi que des ouvreurs de canaux Kca comme le 1-EBIO. Par<br />
augmentation de la conductance K basolatérale, ces dérivés permettent le maintien de la sécrétion de chlorure<br />
dans les voies respiratoires humaines (Shultz et al., 1999).<br />
Les psoralènes<br />
Les psoralènes sont des composés naturels que l'on trouve dans une grande variété de plantes. Ils sont connus<br />
depuis très longtemps comme inducteurs de la re-pigmentation de la peau après une exposition solaire. L'utilisation<br />
la plus fréquente des psoralènes est le traitement des psoriasis, et de nombreuses photodermatoses. Cependant le<br />
mécanisme sous-tendant cet effet thérapeutique est inconnu. Une explication réside peut-être dans la capacité des<br />
psoralènes de s’intercaler dans la double hélice d'ADN inhibant ainsi la réplication, ce qui par conséquent bloque la<br />
prolifération cellulaire. Cette propriété a été utilisée dans les techniques de transfert de gènes utilisant des vecteurs<br />
viraux rendus non pathogènes et non réplicatifs après une exposition combinée aux ultraviolets et aux psoralènes.<br />
Les virus inactivés par les psoralènes sont utilisés dans les études de thérapie génique.<br />
Un des psoralènes les plus utilisés : le 8-MOP, est un puissant inhibiteur du cytochrome P450, des canaux K<br />
sensibles à l'ATP et " delayed rectifier " des cellules b pancréatiques. Par comparaison avec certains inhibiteurs de<br />
ces canaux K tels que la glibenclamide et le tolbutamide ayant un effet connu d’inhibition du canal CFTR, les<br />
psoralènes ont été testés sur le transport de chlorure. Le 8-MOP augmente la sécrétion de Cl- uniquement lorsque<br />
la conductance K est stimulée par le calcium. L’augmentation du transport de chlorure observée est due au canal<br />
CFTR (Devor et al., 1997).<br />
Le sodium 4-phénylbutyrate (4PBA)<br />
C’est un régulateur de la transcription. Cette molécule, représente une classe assez particulière d’agents<br />
pharmacologiques utilisés dans la restauration des défauts de transport de chlorure. Contrairement aux molécules<br />
décrites plus haut, le 4PBA a pour effet l'augmentation du nombre de canaux CFTR-ΔF508 présents à la membrane
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cellulaire, par un mécanisme d’échappement au système de dégradation des protéines. Son mode d'action est<br />
inconnu mais semble différent de celui du butyrate qui est un régulateur de l'expression du gène CFTR. Bien que<br />
cette molécule soit déjà utilisée en thérapie humaine pour les traitements de pathologies dues à des désordres<br />
dans le cycle de l’urée, son efficacité et son utilité dans le traitement de la <strong>mucoviscidose</strong> restent à démontrer<br />
(Rubenstein et al., 1997).<br />
2 - Les inhibiteurs du canal CFTR (figure 15)<br />
Les sulfonylurés et diarylsulfonylurés<br />
Les composés de cette famille ont été étudiés et développés dans un premier temps pour leurs effets sur la<br />
régulation de la glycémie. Le composé ayant la plus haute affinité (< 1nM): la glibenclamide, est un agent de<br />
régulation de l’hypoglycémie. L'effet des sulfonylurés sur la sécrétion d'insuline pancréatique est médié par<br />
l’inhibition de canaux K sensibles à l'ATP.<br />
L’inhibition du canal CFTR par la glibenclamide est sensible au pH et dépend du voltage et de la concentration en<br />
chlorure externe. Son demi-effet est de l'ordre de 30 mM (Sheppard et Robinson, 1997). Glibenclamide et<br />
tolbutamide diminuent la probabilité d'ouverture de manière dose-dépendante par des interactions directes avec le<br />
canal. Le site d’interaction supposé est situé dans le pore du canal, ce qui entraîne une compétition avec les ions<br />
Cl-. Des analyses cinétiques montrent que la glibenclamide et le tolbutamide interagissent exclusivement avec le<br />
canal dans son état ouvert et interrompent le transport de chlorure.<br />
Du fait de son interaction directe avec le canal, la glibenclamide est très souvent utilisée comme contrôle de<br />
l'implication du canal CFTR dans un transport de chlorure donné. Cependant, les effets de la glibenclamide doivent<br />
être étudiés et analysés avec précaution car, pour des concentrations < 10nM la glibenclamide peut agir sur la<br />
protéine SUR et pour des concentrations μM, la glibenclamide peut avoir de multiples effets, notamment l’inhibition<br />
de canaux K et chlorure, ainsi que de nombreuses enzymes dont les PKA.<br />
Dans le même groupe de molécules, les diarylsulfonylurés ont une sélectivité beaucoup plus grande et un effet<br />
beaucoup plus important sur l’inhibition du canal CFTR. Leur mode d'action est comparable à celui de la<br />
glibenclamide et du tolbutamide par interactions avec l'état ouvert du canal (Schultz et al., 1999).<br />
Les arylaminobenzoates<br />
Le DPC et l’acide flufénamique sont décrits comme étant des bloqueurs du canal CFTR. Ils bloquent l'ouverture du<br />
canal lorsqu'ils sont exposés directement sur la face intracytoplasmique. Ce blocage est totalement réversible est<br />
implique une liaison au niveau de résidus des domaines transmembranaires 6 et 12 formant le pore.<br />
Le MOPS : 3-(N-morpholino) propanesulfonic acid<br />
Cette molécule serait capable d’entrer dans le pore du canal lorsque celui-ci commence à s’ouvrir, suite à<br />
l’hydrolyse de l’ATP sur le domaine NBD1, par des liaisons au niveau de résidus bordant le pore, bloquant ainsi la<br />
conduction des anions à mi-parcours.<br />
L’étude de cette inhibition un peu particulière du transport d’anion dans le canal CFTR permet de mieux<br />
appréhender les questions de régulation des processus séquentiels d’ouverture et de fermeture du canal (Ishihara<br />
et Welsh, 1997).<br />
3 - Les dérivés xanthines<br />
Les méthylxanthines telles que la caféine, la théophylline, et la théobromine sont des composés naturels que l’on<br />
trouve dans certaines plantes comme le café, le thé ou le cacao et donc dans les boissons fabriquées à partir de<br />
ces plantes.<br />
Des analyses sur les effets, notamment de la caféine, ont été réalisées chez les adultes, et récemment, l’attention a<br />
également été portée sur les effets des méthylxanthines chez les enfants et les adolescents. Ces analyses sont<br />
primordiales lorsque l'on considère l'utilisation de telles molécules dans le traitement de pathologies comme la<br />
<strong>mucoviscidose</strong> qui atteignent les enfants et les jeunes adultes.<br />
Des études épidémiologiques menées aux Etats-Unis montrent que, comme pour les adultes, une large majorité<br />
d’enfants consomment de la caféine chaque jour, principalement à travers les boissons. Les méthylxanthines sont<br />
très bien absorbées par l’organisme. Après ingestion orale, 99 % de la caféine est absorbée en 45 minutes avec<br />
une demi-vie de 4h. Le pic de concentration plasmatique de la théophylline apparaît en 1,5 à 2 heures avec une<br />
demi-vie de 6h et la demi-vie de la théobromine est de 7h. Les méthylxanthines sont distribuées dans tout le corps,<br />
elles peuvent traverser la barrière placentaire et sont retrouvées dans le lait maternel. Leur élimination se fait grâce<br />
au métabolisme du foie. Ainsi, les drogues qui entrent en compétition pour les enzymes de dégradation vont tendre<br />
à augmenter la demi-vie des méthylxanthines, à l’inverse, les drogues qui induisent ces enzymes vont tendre à faire<br />
diminuer la demi-vie des méthylxanthines.
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En dehors des effets de stimulation sur le système nerveux central, la famille des alkylxanthines est aussi connue<br />
pour ses effets sur la relaxation des muscles lisses, notamment au niveau bronchial (effet broncho-dilatateur), la<br />
stimulation des muscles cardiaques et un effet diurétique. Au niveau cellulaire, de multiples effets sont observés : la<br />
mobilisation du calcium intracellulaire pour des doses très élevées de xanthines, l’inhibition de phosphodiestérases,<br />
l’inhibition des phosphatases, et l’inhibition des récepteurs à l’adénosine.<br />
Les effets sur le comportement humain des méthylxanthines sont principalement attribués à l’antagonisme du<br />
récepteur adénosine, bien que les tentatives pour reproduire les effets de la caféine en modulant les récepteurs<br />
adénosines n’aient pu le démontrer (Hughes et Hale, 1998).<br />
Une des xanthines la plus étudiée est l’IBMX. Cette molécule est capable d'activer à la fois le canal CFTR sauvage<br />
et la protéine mutée, avec cependant une efficacité moins importante. L’IBMX a des effets multiples, c’est un<br />
inhibiteur de phosphatases et de phosphodiestérases. Sur des membranes excisées, ou des vésicules<br />
membranaires, on enregistre une importante activation du courant chlorure en présence d’IBMX, principalement<br />
due à une inhibition des phosphatases membranaires, et par conséquent une diminution de la désactivation<br />
spontanée des canaux CFTR.<br />
L'activation du canal par inhibition des phosphodiestérases, inhibition de phosphatases, ou une liaison directe au<br />
canal CFTR des alkylxanthines reste à déterminer (Schultz et al., 1999).<br />
Une autre série d’alkylxanthines étudiées dans les mécanismes de régulation du transport de chlorure, correspond<br />
aux dérivés antagonistes des récepteurs adénosines. Cette classe de dérivés comprend des composés substitués<br />
en position 8, comme le 8-cyclopentyl-1,3-dipropyl xanthine (CPX), les dérivés aminés (XAC) (Jacobson et al.,<br />
1988), et les dérivés 1,3-diallyl-8-cyclohexylxanthine (DAX). Ces dérivés augmentent l'efflux de chlorure dans des<br />
cellules pancréatiques exprimant le canal CFTR-ΔF508. <strong>La</strong> réponse est biphasique, les faibles concentrations (10 à<br />
30 nM) induisent une stimulation, et les fortes concentrations (100nM à 10mM) à l'inverse inhibent l'efflux de<br />
chlorure (Eidelman et al., 1992).<br />
Le transport de chlorure à travers le canal CFTR sauvage n'est pas modulé par le CPX ni par le XAC. Bien que les<br />
premières études l’aient laissé supposer, l'action de ces deux composés sur le canal ΔF508 ne passe<br />
vraisemblablement pas par un antagonisme des récepteurs adénosine. Les dérivés DAX et CPX se lient<br />
directement au domaine NBD1 du canal CFTR (Kd = 17nM pour NBD1-ΔF508 et Kd = 1nM pour le NBD1 sauvage)<br />
et améliorent la fréquence et la durée d’ouverture du canal ainsi que son incorporation dans des bicouches<br />
lipidiques (Arispe et al., 1998). Une classification dans la capacité de liaison au domaine NBD1 a été proposée<br />
(Cohen et al.,1997). 1) Pour le domaine NBD1 sauvage : DA-CPX > DAX > CPX > caféine > adénosine >> IBMX ><br />
2-thio CPX. 2) Pour le domaine NBD1-ΔF508 : DAX > CPX > caféine > DA-CPX > adénosine >> IBMX >2-thio CPX.<br />
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<strong>La</strong> <strong>mucoviscidose</strong>.<br />
Auteur : Dr. Valérie CHAPPE<br />
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<strong>La</strong> <strong>mucoviscidose</strong> - Figure 8 :
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<strong>La</strong> <strong>mucoviscidose</strong> - Figure 9 :<br />
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<strong>La</strong> <strong>mucoviscidose</strong> - Figure 11 :<br />
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<strong>La</strong> <strong>mucoviscidose</strong> - Figure 12 :<br />
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<strong>La</strong> <strong>mucoviscidose</strong> - Figure 13 :<br />
Figure 13 : les différentes classes de mutations de la protéine CFTR : Les mutations de la protéine CFTR sont<br />
regroupées en différentes classes. Cela correspond aux étapes de biosynthèse de la protéine perturbées par les<br />
mutations, ou à une perte de fonction du canal CFTR.<br />
Merci à Nicole ZSÜRGER pour la figure.
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<strong>La</strong> <strong>mucoviscidose</strong> - Figure 14 :
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<strong>La</strong> <strong>mucoviscidose</strong> - Figure 15 :<br />
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