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Hypertravail, quand tu nous tiens... - CSST

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sécurité<br />

France, des stagiaires influents<br />

L’Alsace-Moselle, région de France joliment vallonnée, est<br />

reconnue pour ses vins blancs fruités. Et depuis la présentation<br />

du 8 octobre, pour son projet Synergie-école-entrepriseprévention<br />

2 . Il est issu d’une double constatation. D’abord,<br />

la formation aux risques du travail dans les écoles professionnelles<br />

est théorique et souvent éloignée des conditions<br />

réelles de pratique. En second lieu, la région est couverte,<br />

outre de ses vignobles, d’un « tissu de petites entreprises à<br />

accidentabilité élevée », selon l’expression de Bernard Leseux,<br />

ingénieur-conseil régional adjoint à la Caisse régionale<br />

d’assurance-maladie (CRAM) Alsace-Moselle. Sur les 8 000 entreprises<br />

couvertes par un assureur de risques professionnels,<br />

83 % comptent moins de 10 travailleurs.<br />

Timo Leino, coordinateur du programme finlandais<br />

Jeunesse au travail et Hannele Kokotti, directrice<br />

de projet, Skills Finland.<br />

Un plus un ont fait deux : on allait confier à l’é<strong>tu</strong>diant, à<br />

l’occasion de son stage en entreprise, une mission d’aide à<br />

l’amélioration de la sécurité et des conditions de travail. Un<br />

agent infiltré, en quelque sorte. Avec l’accord de l’employeur,<br />

il doit faire un diagnostic sur les conditions de santé et de<br />

sécurité de l’entreprise. Pour orienter son évaluation, on lui<br />

fournit, pendant sa formation, une trousse comportant des<br />

fiches thématiques, un tableau de synthèse où il peut proposer<br />

des solutions et diverses publications et documents<br />

de référence. « Il s’agit d’un partenariat entre trois acteurs :<br />

la branche professionnelle, l’enseignement professionnel<br />

et l’insti<strong>tu</strong>tion de prévention », note Bernard Leseux. À la<br />

menuiserie Émile Bronnier par exemple, à la suite de l’intervention<br />

d’un stagiaire en provenance du Lycée du bâtiment<br />

de Cernay, un protecteur a été installé sur la bande défilante<br />

d’une ponceuse et un bouton d’arrêt d’urgence a été ajouté<br />

sur une scie circulaire. « J’ai apporté une fiche au patron<br />

et il a fait ce qu’il fallait », narre dans une vidéo le jeune<br />

stagiaire à l’origine de l’amélioration. Le propriétaire ajoute<br />

en souriant : « Il a été plus que directif, il a été incisif ! »<br />

2. Mis sur pied par l’Académie de Strasbourg, la Confédération d’Alsace<br />

des professions du bois et la CRAM d’Alsace-Moselle.<br />

« Nous avons démarré avec une classe d’un lycée, indique<br />

pour sa part Bernard Jarry, inspecteur au ministère de<br />

l’Éducation nationale. Après une première expérience réussie,<br />

le programme a été élargi à toute l’Alsace. » En 1999, d’autres<br />

régions de l’Est de la France adoptaient l’idée. À l’heure<br />

ac<strong>tu</strong>elle, le principe s’étend ailleurs en France et a gagné la<br />

réparation automobile et le bâtiment gros œuvre.<br />

Suisse, un programme rigoureux<br />

Le pays n’a pas failli à sa réputation de rigueur et d’efficacité.<br />

C’est en 2001, à l’occasion du premier séminaire sur l’enseignement<br />

en sst, à Strasbourg, que les responsables suisses ont<br />

été sensibilisés à cette question. Il faut dire que leur si<strong>tu</strong>ation<br />

les avait prédisposés. En Suisse, la formation professionnelle<br />

se réalise à la faveur d’un apprentissage de trois ans en entreprise,<br />

en parallèle avec un enseignement d’une journée par<br />

semaine dans un collège spécialisé. Pour les 200 000 apprentis,<br />

le risque d’accident est 1,7 fois plus élevé que chez les autres<br />

travailleurs. En moyenne, chaque apprenti subira un accident<br />

durant son entraînement de trois ans. Ces accidents coûtent<br />

145 millions d’euros par année (environ 235 millions de dollars).<br />

En novembre 2002, un comité national, mis sur pied sous<br />

l’égide du Secrétariat d’État aux affaires économiques, a<br />

adopté un plan d’action. En premier lieu, il fallait un cadre<br />

juridique pour l’enseignement de la sst, puis adapter les règlements<br />

sur la formation professionnelle. Le comité a ensuite<br />

prévu une grande enquête nationale sur l’état de la formation<br />

en prévention dans l’enseignement professionnel. Plus de<br />

200 collèges et 89 employeurs ont retourné le questionnaire.<br />

L’analyse des résultats a révélé qu’à peine 21 % des établissements<br />

avaient intégré la sst dans leurs cours et que la formation<br />

des professeurs était insuffisante. « Il fallait agir de toute<br />

urgence », a lancé Robert Lang, chef de l’information à la<br />

Caisse nationale suisse d’assurance en cas d’accidents (SUVA).<br />

On a agi. Le comité a prévu que, d’ici cinq ans, la sst serait<br />

systématiquement intégrée dans la formation professionnelle<br />

et les examens des quelque 220 métiers. Les professeurs recevront<br />

la formation nécessaire. Il faudra également créer un<br />

matériel pédagogique adapté aux jeunes. Le ministère de<br />

l’Éducation sera le chef de file de cette intégration. « On ne<br />

Bernard Leseux, ingénieur-conseil régional adjoint<br />

à la Caisse régionale d’assurance-maladie<br />

de l’Alsace-Moselle, et Bernard Jarry, inspecteur<br />

au ministère de l’Éducation nationale.<br />

Automne 2004<br />

Prévention au travail<br />

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