Hypertravail, quand tu nous tiens... - CSST

Quand la prévention sort de l’entreprise…
pour entrer à l’école
Donner une seconde vie
à des appareils anciens, c’est bien,
mais les rendre sûrs, c’est mieux !
Par Guy Sabourin
Dangereux les tordeurs à rouleaux
des machines à laver de nos
grands-mères Oh oui ! France Gagnon,
bénévole à l’école primaire Plein-Soleil
de Saint-Étienne-de-Lauzon en sait
quelque chose. Ce jour-là, elle aide les
enfants à fabriquer du papier. C’est
elle qui introduit la pâte dans le vieux
tordeur pour en extraire l’eau.
Mi-novembre 2003, en cette première
journée d’une activité à visée pédagogique,
les enfants sont excités. La
responsable arrive, réclame l’attention
et recommande la prudence. France
Gagnon se retourne pour écouter. Une
seconde d’inattention et hop !, sa main
gauche passe dans le tordeur. Ses
muscles, sérieusement écrasés, font
mal et elle doit se rendre à l’hôpital.
Le midi, l’école prévient son mari,
Paul Brazeau, de ce qui vient d’arriver.
« Je venais tout juste de terminer une
formation en enquête-accident chez
Steris Canada, à Beauport, spécialisée
dans la fabrication de produits médicaux,
où je suis ingénieur, racontet-il.
J’ai décidé de me rendre sur les
lieux l’après-midi même et d’enquêter.
J’ai vite découvert que l’appareil
n’était pas adapté à l’usage que l’école
en faisait. »
C’était sa première enquête. En bon
préventeur, l’ingénieur
a rempli un
rapport comme on
le lui a enseigné. Il
a ensuite proposé
ses services, à titre
bénévole, afin de
rendre l’appareil sûr
le plus rapidement
possible. « J’en ai
aussi profité pour
expliquer à la direction
de l’école
sa responsabilité
d’employeur en santé-sécurité, un
volet parfois oublié dans les projets
de microentreprises en milieu scolaire
», précise l’ingénieur.
Un travail d’équipe
Paul Brazeau réunit une petite
équipe chez Steris. Son mandat
Trouver un moyen de sécuriser le
tordeur. Ce qui a été fait en un
temps record. Quelques jours plus
tard, le tordeur réintégrait l’école,
équipé d’un garde transparent,
sorte de porte à battant horizontal
empêchant les mains de toucher les
pièces mobiles du tordeur. Daniel
Rochette, responsable en recherche
et développement, a fourni la maind’œuvre
et le matériel tandis que
Daniel Rivard, directeur général,
a fourni les outils et les postes de
travail en usine.
Paul Brazeau a photographié
les lieux de l’accident, écrit un résumé
et affiché le tout à l’intérieur
de l’usine Steris pour en informer les
autres travailleurs. « Il y a 18 mois,
notre entreprise prenait un sérieux
virage santé-sécurité », explique Réal
Lefebvre, ingénieur et coordonnateur
santé-sécurité chez Steris, qui a prêté
main-forte à son collègue pour régler
Photos : Stéris Canada
Yvan Béland, soudeur
assembleur chez
Steris Canada,
a contribué au projet.
Avant
Après
Photo : Stéris Canada
l’histoire du tordeur. Et qui a aussi
fourni trois paires de lunettes de sécurité
aux enfants désireux d’utiliser les
mélangeurs électriques pour préparer
la pâte à papier. « Un de nos mandats
consiste justement à rayonner
dans la communauté. Oui à la sécurité
à l’usine, mais aussi à la maison et à
l’extérieur ! Voilà pourquoi, chez nous,
des messages de prévention incitent
les travailleurs et leur famille à tondre
le gazon chaussés de chaussures de
sécurité, par exemple. »
L’incident a au moins permis de
sensibiliser les jeunes — et l’école —
à la sécurité au travail. Et quand la
préoccupation de travailler en sécurité
entre à l’école, elle s’imprime pour longtemps
dans les jeunes consciences. La
preuve, aujourd’hui, chaque fois que le
tordeur est en marche, une voix d’enfant
lance : « Attention à vos doigts ! » PT
Automne 2004
Prévention au travail
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