Hypertravail, quand tu nous tiens... - CSST

Prévention des troubles
Trois boulangeries font « lever »
Dans le cadre du Grand Rendez-vous de la santé et de la sécurité du travail,
en octobre 2003 au Palais des congrès de Montréal, la Direction régionale de Montréal–1
(DRIM–1) de la CSST a remis pour la première fois trois certificats mérite à des
entreprises s’étant distinguées dans la lutte aux troubles
musculo-squelettiques (TMS). Les lauréats sont les
boulangeries Lanthier et Comas et la biscuiterie Carvin.
Par Guy Sabourin
Pour sa première campagne
de prévention des TMS débouchant sur
des certificats mérite, la DRIM–1 a ciblé
l’industrie de la boulangerie. Des inspecteurs
de la CSST, des infirmières
en santé au travail, des techniciens en
hygiène industrielle et des hygiénistes
industriels rattachés aux équipes de
santé au travail des CLSC de la grande
région de Montréal ont visité et analysé
les risques dans 22 entreprises. Avec le
soutien constant de la CSST, chacune
de ces entreprises scrutées à la loupe a
été invitée à mettre en place des moyens
de prévention. Les trois
prix récompensent et reconnaissent
les efforts
des entreprises les plus
ouvertes à procéder à des
changements.
D’huile et de cuve
Dans une boulangerie, la
pâte à pain repose sur
chacune des tablettes de
hauts chariots verticaux,
qu’on roule dans le four,
et auxquels on fait ensuite
parcourir parfois de
grandes distances dans
l’usine. Or, la chaleur du
four assèche la graisse du
mécanisme des roues.
Résultat : les chariots
roulent de plus en plus
mal et les travailleurs,
pliés en deux et à bout de
bras, doivent déployer
tant d’efforts musculaires
pour les faire avancer
qu’ils récoltent des maux
de bras, de dos et d’épaules.
Photo : Réjean Gosselin
La boulangerie Comas a tout simplement
acheté de nouveaux chariots
avec roues en plastique et inventé
un mécanisme de distribution d’huile
végétale qui lubrifie les roues en permanence.
La boulangerie a également
installé une cuve à garniture
géante qui se soulève à la simple pression
d’un bouton et se déverse toute
seule dans un entonnoir, travail qui
était fait manuellement avant les
transformations. « Aujourd’hui, c’est
la machine qui fait l’effort, pas le
travailleur », se réjouissent à l’unisson
les frères présidents Christian et
Charles Comas.
La passe des passerelles
À la boulangerie Lanthier, de longs
convoyeurs horizontaux traversent
l’usine sur une bonne partie de sa superficie.
Pour se rendre d’une ligne de
production à une autre, les travailleurs
passaient souvent sous les convoyeurs.
Ou ils se frappaient parfois la tête en se
relevant ou ils se faisaient mal au dos.
La solution était pourtant simple :
installer des passerelles en bonne et
due forme aux endroits où les travailleurs
avaient tendance à traverser sous
les convoyeurs. « Ils montent maintenant
un escalier avec rampe, accèdent à
une passerelle, puis redescendent de
l’autre côté, explique le président Claude
Lanthier. Nous avons installé six de ces
passerelles, qui augmentent le confort et
la sécurité et qui détrônent les échelles
verticales que personne n’utilisait. »
Le confort !
La biscuiterie Carvin a opté
pour plusieurs petits changements,
qui font toute la
différence. « Nous avons
surtout amélioré la manière
de travailler, explique
Carmelo Lipari, le président.
Nous avons établi une rotation
des postes sur un même
quart de travail, ce qui évite
d’avoir à répéter le même
mouvement trop longtemps.
Nous avons aussi réduit le
poids des charges, acquis
du matériel pour emballer,
imaginé un nouveau malaxeur
pour le mélange de
pâte à biscuits et installé un
nouveau convoyeur pour alimenter
le coupe-biscuits. En
un mot, nous avons réussi
à trouver des positions plus
confortables pour chacun. »
Ça roule mieux, à la
boulangerie Comas !
38 Prévention au travail Automne 2004