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DÉPASSIONNER LE DÉBAT SUR LE GENRE
Le 3 février dernier, un colloque
organisé par l’enseignement
catholique de l’académie de Lyon
a traité des enjeux éducatifs soulevés
par l’introduction dans le programme
de SVT des concepts d’identité
et d’orientation sexuelles.
Prendre de la hauteur
par rapport
aux débats idéologiques
alimentés par
la sortie, à l’été 2011,
de nouveaux manuels
de SVt de 1 re et de terminale,
rendant compte
de l’introduction, dans
les programmes, de la
notion de construction
de l’identité et de l’orientation sexuelles.
tel était l’objectif du colloque organisé
le 3 février dernier à l’institut de l’Oratoire,
par l’enseignement catholique de l’académie
de Lyon et intitulé « Masculin,
féminin, la pensée de la différence ».
Cette démarche a ainsi démontré la richesse
d’un débat « qui met face à la dimension
spirituelle […], au mystère de
la personne », selon les termes de Michel
Boyancé, doyen de la faculté libre de philosophie
et de psychologie de Paris, qui
a retracé l’histoire de l’émergence de la
théorie du genre. Ainsi, les premières
études sociologiques et psychologiques,
dites de genre, sont nées dans les années
50-60, en réaction au déterminisme scientiste
qui justifia longtemps la différence
entre hommes et femmes, au bénéfice
de la domination masculine. La réduction
du genre au biologique, scientifiquement
infondée dans l’état actuel des connaissances,
ne tient plus. À l’inverse, libération
sexuelle aidant, le genre se définit comme
une construction purement sociale, psychique,
intellectuelle et spirituelle. L’explication
exclusivement naturelle des
différences hommes-femmes devient une
explication exclusivement culturelle, plébiscitée
notamment par les militances
féministe et homosexuelle. Or, « le biologique
ne peut pas faire abstraction du
psychisme et vice et versa », plaide Michel
Boyancé : « À une époque où les expériences
extrêmes sont érigées en modèles,
ouvrant le champ des possibilités identificatoires
[…], où le porno réduit le
sexe à une violence mécanicisée, l’enjeu
est de repenser le lien entre le corps et
De g. à d. : François-Xavier Clément, directeur diocésain de Saint-Étienne, Claude Berruer, Michel Boyancé et Xavier Lacroix.
la personne, de retrouver du sens à la
chair, de rappeler aux jeunes que le but
de la vie passe par la nécessité de se comprendre.
»
Pour relever ce défi, Xavier Lacroix,
ancien doyen de la faculté de théologie
de l’Université catholique de Lyon, a appelé
de ses vœux une collaboration entre
enseignants de SVt et de philosophie,
indispensable pour pallier les carences
de manuels qui « cultivent l’ambiguïté
entre discours inattaquable et non-dits
inquiétants », appuyant son propos sur
une étude détaillée des chapitres incriminés.
Des ateliers sur la manière d’aborder le
genre au primaire, d’exploiter les manuels
de SVt, sur l’approche proposée par le
CLeR ou sur l’éclairage biblique qui peut
être fait de ces sujets sont venus nourrir
la réflexion personnelle des parents, enseignants,
éducateurs et formateurs présents.
Un préalable indispensable pour remplir
l’objectif initial assigné à l’ajout
de ces quelques lignes au programme
de SVt, à savoir, lutter
contre les préjugés et notamment
l’homophobie, en plein
essor.
Les participants au colloque
ont ainsi été invités à favoriser
l’accueil de la différence, dans
le respect des valeurs de chacun.
et, pour cela, toutes les
occasions sont à saisir pour libérer
la parole des jeunes, répondre à leurs
questions, accompagner leurs débats. VL
En ligne : www.eglise.catholique.fr (Actualités et
zévénements/Dossiers/« La théorie du genre ») -
http://departement-education.enseignement-catholique.fr
le fait religieux, en jeux
et dans les prograMMes
Entre autres retombées du rassemblement
national des coordinateurs du
groupe « Enseignement et Religions 1 »
du Sgec, les 16 et 17 janvier 2012 à Paris,
une collaboration s’esquisse avec l’association
Enquête 2 qui sensibilise les jeunes au fait
religieux via une série d’outils ludo-éducatifs.
Ainsi, une vingtaine d’établissements du
réseau expérimentent un nouveau jeu conçu
pour des élèves de cycle 3. Dans une perspective
d’enrichissement culturel et de
« ARTS, MYTHES & RELIGIONS »
De Brocéliande à
Carnac, en passant
par Locmariaquer,
du mythe
arthurien à l’énigme
des menhirs… Ce
sont les chemins de
promenade spirituels
que le Caec de Bretagne
et Formiris ouvriront, du 26 au 30 mars prochain,
à l’occasion d’une session de formation sur le patrimoine
culturel breton et le fait religieux, organisée avec l’UCO,
l’Isfec de Bretagne, l’Ifer, et la mission Enseignement
et Religions du Sgec.
D. R.
Renseignements : www.isfec-bretagne.org/amr
© V. Leray
contribution au vivre-ensemble, « il s’agit de
susciter une curiosité éveillée et bienveillante
chez les jeunes, à un âge où les questions se
posent mais où les stéréotypes restent peu
prégnants », explique Marine Quenin, présidente
d’Enquête.
Les coordinateurs fait religieux ont aussi été
invités par Évelyne Martini, IPR 3 de lettres,
à profiter de l’infléchissement des nouveaux
programmes « vers une réaffirmation du
sens, des questionnements existentiels intégrant
la dimension religieuse ». L’histoire
des arts ou l’enseignement d’exploration
« Littérature et société », avec sa proposition
de travail autour des textes sacrés, offrent
aussi l’opportunité d’« expliciter des savoirs
ponctuels au service d’une imprégnation,
d’une compréhension globale du climat des
œuvres ». Enfin, concernant le dialogue interreligieux,
Dennis Gira, spécialiste du bouddhisme,
a dispensé des conseils sur la posture
à adopter – « respect, amitié, humilité, audace,
patience, écoute et silence » – comme autant
de remparts contre les écueils du syncrétisme,
de l’indifférenciation, de l’incompréhension
ou de la réduction de l’autre à des clichés. VL
1. www.enseignement-et-religions.org
2. www.enquete.asso.fr
3. Inspectrice pédagogique régionale.
N° 347, février-mars 2012 Enseignement catholique actualités 15