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explorer l’exploration
Pour favoriser la dynamique
d’exploration dans l’enseignement
catholique, un groupe a été constitué
à l’issue des états généraux de
l’animation. Il s’est retrouvé à Paris
le 25 janvier 2012 pour un point
d’étape stimulant.
Il devient indispensable et urgent de
penser les moyens de valoriser les
équipes qui s’engagent dans des
expérimentations au sein des établissements
scolaires 1 », constate
l’équipe de recherche théodile-
CIReL (ÉA 4354) de l’université de
Lille-III. « Les équipes souffrent de ce
manque de reconnaissance et se fatiguent,
d’autant plus qu’à la longue,
un tel silence institutionnel pourrait
bien être considéré comme une forme
de négation du travail accompli »,
note aussi les chercheurs 2 .
Ce grand besoin d’accompagnement,
l’enseignement catholique en mesure
depuis longtemps toute l’importance.
Mais comment être au plus près du terrain
pour encourager les établissements
à entrer dans une dynamique d’exploration
– mot préféré à celui d’innovation,
particulièrement piégé
Comment repérer les expériences,
les mutualiser
et mobiliser de nouvelles
équipes
C’est pour réfléchir à
ces questions qu’un
groupe, composé d’une
quarantaine de chargés
de mission diocésains,
de chefs d’établissement
et de cadres éducatifs,
a été constitué à
l’issue des états généraux
de l’animation qui
se sont tenus du 14 au
16 février 2011 à Issyles-Moulineaux.
Réunis
à Paris par le département Éducation
du Secrétariat général de l’enseignement
catholique, il leur était proposé
de rechercher « une méthode de repérage
et non un modèle à imposer sur
tout le territoire », a expliqué Claude
Berruer. « Nous sommes bien dans la
continuité des assises, a poursuivi
l’adjoint au secrétaire général, la
finalité est toujours la même : l’enseignement
catholique doit être animé et
non administré. On doit entretenir
l’esprit créateur. »
Invités en premier lieu à faire « un
pas de côté », les participants ont pu
échanger avec Catherine Faucher et
emmanuelle Audras, des Scouts et
Guides de France, qui ont exposé la
manière dont la démarche d’exploration
était vécue au sein de ce mouvement.
Pour rendre le jeune scout responsable
et créatif, on s’appuie sur
trois leviers, a expliqué emmanuelle
Audras : le projet, la notion d’équipe
et le contact avec le réel. Catherine
Faucher, en charge du département
Pédagogie, animation et formation, a
évoqué, quant à elle, la création d’un
observatoire éducatif qui est attentif à
ce qui se passe dans le monde pour
rester en phase avec la jeunesse.
Catherine Faucher (à gauche) et Emmanuelle Audras, des Scouts et Guides de France,
ont invité les participants à faire « un pas de côté ».
Parmi les derniers sujets retenus par
le mouvement : « Voir ce que le phénomène
des Indignés dit des jeunes. »
Choisir un prisme
D’autres témoignages ont suivi, d’acteurs
de l’enseignement catholique
cette fois, tel Xavier Guilloteau, directeur
adjoint de Sainte-Marie-du-
Port aux Sables-d’Olonne. en réduisant
la durée des cours de 55 à 45 minutes,
son lycée a ouvert il y a neuf ans « des
espaces et des temps nouveaux ».
2 747 ateliers (sic) sont proposés cette
année aux élèves de seconde et de première,
avec l’aide d’une trentaine d’associations…
« Il faut rassurer, autoriser,
tenir dans le temps, semer des graines,
© S. Horguelin
saisir les opportunités pour moissonner
», a déclaré Xavier Guilloteau qui
n’hésite pas à s’appuyer sur le BO et
les inspecteurs pour stimuler ses enseignants.
Après ce riche temps d’échanges,
Yves Mariani, de l’Observatoire national
de pédagogie, s’est demandé quoi
observer en matière d’exploration.
non pas les expériences en tant que
telles, mais « comment passer du
connu à l’inconnu, comment rompre
avec ses habitudes, faire l’expérience
d’une autonomie et d’une responsabilité…
», a-t-il précisé, en soulignant
qu’on ne peut observer qu’à partir d’un
cadre donné. et d’inviter les participants
à choisir un prisme qui pourrait
être, par exemple, leur projet d’établissement
ou le projet diocésain.
Autre question à se poser : pour quoi
observer Pour « répondre
à la demande de valorisation
des enseignants », bien
sûr, mais aussi pour « expliciter
les conditions de la réussite
et repérer ce qui germe,
balbutie et se cherche », a
poursuivi Yves Mariani. Au
terme de cette journée, un
tour de table a permis à chacun
de pointer « au cœur
de ce qui se fait déjà, ce qui
bouge, résiste ou est en tension,
ce que les scouts et
guides appellent des “foyers
de vie” », a noté Christiane
Durand, coresponsable de
l’observatoire national de
pédagogie.
Un prochain rendez-vous est déjà pris
pour le 7 mars 2012. Il s’agira alors de
partir des réalités vécues et de voir comment
agir. Chacun reviendra avec une
expérience qui sera relue collectivement.
« La démarche consiste moins à aller
voir des dispositifs que des postures »,
a conclu Yves Mariani en lançant à chacun
le défi d’« explorer l’exploration »
sur le terrain qui est le sien.
Sylvie Horguelin
1. Cf. « Rapport sur les expérimentations liées à l’article 34
de la loi d’orientation et de programme pour l’école de
2005 », remis au Haut Conseil de l’Éducation le 27 juin
2011 : www.hce.education.fr/gallery_files/site/21/117.pdf
2. Voir aussi la note « Les expérimentations réalisées dans le
cadre des projets d’école ou d’établissement », 29 nov. 2011 :
www.hce.education.fr/gallery_files/site/21/119.pdf
N° 347, février-mars 2012 Enseignement catholique actualités 9