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PRATIQUES
Le relooking
Dans les pays anglo-saxons, on en parle très franchement.
En France, ceux qui ont affaire aux agences de relooking
témoignent anonymement. Ainsi, Claire, PDG d’une PME
dans le BTP : “j’ai pris la suite de mon père et je me suis
retrouvée projetée dans un monde d’hommes. Le plus dur
pour moi, c’était d’être crédible, avec mes petites chaussures
à talons et mes tailleurs. Au bout de quelques mois, j’avais
l’impression que tout allait à vau-l’eau et j’ai fait appel à une
agence de relooking. En quatre jours, on a fait le tour de mes
vêtements, en gommant un peu plus mes signes extérieurs
féminins et en incluant plus de tenues sports et de talons
plats… Je croyais que la féminité allait asseoir mon autorité,
j’avais tout faux. Il fallait que je sois plus sobre, plus androgyne…”
Claire, se sentant très à l’aise dans ses vêtements,
s’est mise naturellement à communiquer plus simplement avec
ses salariés. L’ambiance s’est détendue et la motivation des collaborateurs
a suivi une courbe ascendante. Frédérique Durant,
coach conseil en image, installée à Lanester (56), raconte : “Un
jeune chef d’entreprise manquait de crédibilité parce qu’il faisait
très jeune. On lui a choisi une paire de lunettes à monture écaille
pour le vieillir, un costume plus classique, une coupe de cheveux
nette et toute sa gestuelle a changé instinctivement !” Certains
conseillers en image avouent même inciter leurs clients à fouiller
dans leur passé. “Souvent nos blocages viennent de l’enfance,
explique Frédérique Durant, ex-étudiante en psychologie, il faut
les mettre à jour pour avancer.”
De l’importance des codes
Chaque secteur professionnel a son “dress code”. Vincent
Colin, créateur de “Swann & Oscar” sur Internet et auteur d’un
Vincent Colin,
auteur d’un ouvrage pédagogique
sur l’entretien d’embauche,
a travaillé cinq ans
dans le recrutement
ouvrage pédagogique sur “l’entretien d’embauche”, sait bien
que le costume cravate est toujours de mise dans la finance,
la banque, le commerce. Il habille discrètement quelques jeunes
patrons bretons. “J’ai travaillé pendant 5 ans dans le recrutement
et j’ai vu combien l’apparence était importante. Pour les
hommes d’affaires, je conseille des chemises droites et sobres
et, pour les esthètes, des chemises cintrées et près du corps.
Pour les couleurs, on revient au bleu et au blanc.” Même ceux
qui se défendent des codes en sont parfois les serviteurs,
sans le savoir, instinctivement. Ainsi Philippe Sebolde, jardinierpaysagiste
(Horta), installé dans les environs de Rennes : “Mon
apparence n’a pas d’importance, ce qui l’est c’est l’harmonie
des plantes entre elles, le jardin, le projet que je propose. Ma
tenue n’a aucun rôle dans l’affaire. Je pense que les clients n’attendent
pas que je sois un porte-fringues !” Il est à parier que
le costume-cravate ne ferait pas forcément l’affaire…
■ Anny Letestu
ENTRETIEN AVEC SANDRINE MANUSSET, PRÉSIDENTE DE LA COMMISSION FORMATION DU RÉSEAU
“ENTREPRENDRE AU FÉMININ” DANS LE FINISTÈRE, CHEF D’ENTREPRISE ET SOCIOLOGUE ENVIRONNEMENTALE
En Bretagne,
le discours compte plus
que l’apparence
Est-ce que l’apparence
d’une femme chef d’entreprise
a plus d’importance que celle
d’un homme
Chez une femme, ce qui revient souvent,
même si l’on retrouve ça aussi chez un
chef d’entreprise, c’est le manque de
confiance en elle. Les femmes qui ont un
projet d’entreprise et qui viennent dans le
réseau ont souvent besoin de travailler sur
ce point. Il faut éviter de faire le lien entre
féminité et beauté, car la beauté est très
subjective. Si la femme a confiance en elle,
ce ne sera pas la peine de travailler sur
l’apparence. Aujourd’hui encore, on
constate que l’on attend plus d’une femme
qu’elle fasse attention à son apparence, alors que c’est moins
important lorsqu’il s’agit d’un homme. Les différences ne sont
pas seulement liées au sexe. Elles sont aussi géographiques.
Ainsi, les codes ne sont pas les mêmes à Paris et en province.
Comment fait-on lorsqu’on ne connaît pas les codes
professionnels régionaux
On adopte un style un peu passe-partout, pas de couleurs
vives, comme ça on est certain de ne pas heurter. Si l’on est hésitant,
si l’on doute de son apparence, rien de positif ne sera
communiqué à l’autre. Le plus important, c’est la cohérence entre
la personne et son entreprise. Chaque corps de métier a ses
codes, à chacun ensuite de se les approprier.
Vous qui avez travaillé dans d’autres régions, est-ce que
l’apparence d’un chef d’entreprise est importante en
Bretagne Est-ce qu’il y a des particularités
J’ai l’impression qu’ici en Bretagne, le discours compte plus que
l’apparence. Ici on n’est pas à Paris. Si vous arrivez très chic à
un rendez-vous professionnel, cela n’épatera personne. On tient
plus compte des réseaux, de l’humain. Les questions : Vous
connaissez qui Vous venez de la part de qui reviennent souvent
dans les rencontres.
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BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°200 • MAI 2010