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Simulation numérique directe de la turbulence en présence d ... - ISAE

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THÈSE<br />

En vue <strong>de</strong> l'obt<strong>en</strong>tion du<br />

DOCTORAT DE L’UNIVERSITÉ DE TOULOUSE<br />

Délivré par l’Institut Supérieur <strong>de</strong> l’Aéronautique et <strong>de</strong> l’Espace<br />

Spécialité : Dynamique <strong>de</strong>s flui<strong>de</strong>s<br />

Prés<strong>en</strong>tée et sout<strong>en</strong>ue par Thibault HARRIBEY<br />

le 16 décembre 2011<br />

<strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>numérique</strong> <strong>directe</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong><br />

<strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’une paroi ab<strong>la</strong>table<br />

JURY<br />

M. Juli<strong>en</strong> Réveillon, prési<strong>de</strong>nt, rapporteur<br />

M. Patrick Chassaing, <strong>directe</strong>ur <strong>de</strong> thèse<br />

M. Bruno Dubroca, rapporteur<br />

M. Emmanuel d’Humières<br />

M. Stéphane Jamme<br />

Mme Thanh-Ha Nguy<strong>en</strong>-Bui, co-directrice <strong>de</strong> thèse<br />

École doctorale<br />

Unité <strong>de</strong> recherche<br />

: Mécanique, énergétique, génie civil et procédés<br />

: Équipe d’accueil <strong>ISAE</strong>-ONERA EDyF<br />

Directeur <strong>de</strong> thèse : M. Patrick Chassaing<br />

Co-directrice <strong>de</strong> thèse : Mme Thanh-Ha Nguy<strong>en</strong>-Bui


Remerciem<strong>en</strong>ts<br />

Le travail reporté dans ce manuscrit a été m<strong>en</strong>é dans le cadre d’un contrat <strong>de</strong> formation<br />

par <strong>la</strong> recherche financé par le Commissariat à l’Énergie Atomique. Cette thèse s’est déroulée<br />

au sein du <strong>la</strong>boratoire <strong>de</strong> Mécanique <strong>de</strong>s flui<strong>de</strong>s et aérothermie du CEA-CESTA. Je voudrais<br />

exprimer mes sincères remerciem<strong>en</strong>ts à tous ceux qui m’ont sout<strong>en</strong>u et accompagné durant ces<br />

trois années.<br />

Je ti<strong>en</strong>s tout d’abord à remercier chaleureusem<strong>en</strong>t mon <strong>directe</strong>ur <strong>de</strong> thèse, Patrick Chassaing,<br />

et mon <strong>en</strong>cadrant CEA, Thanh-Ha Nguy<strong>en</strong>-Bui, pour leur gran<strong>de</strong> disponibilité et <strong>la</strong> qualité sans<br />

faille <strong>de</strong> leur <strong>en</strong>cadrem<strong>en</strong>t. Leurs conseils et leurs expéri<strong>en</strong>ces respectives dans les domaines <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> et <strong>de</strong> <strong>la</strong> r<strong>en</strong>trée atmosphérique se sont révélés primordiaux pour m<strong>en</strong>er à bi<strong>en</strong> ce<br />

travail. Comm<strong>en</strong>t ne pas apprécier les gran<strong>de</strong>s qualités humaines dont ils ont fait preuve à mon<br />

égard durant plus <strong>de</strong> mille jours. Je leur <strong>en</strong> suis extrêmem<strong>en</strong>t re<strong>de</strong>vable.<br />

Je ti<strong>en</strong>s aussi à exprimer ma reconnaissance à Jean-Bernard Cazalbou et Stéphane Jamme<br />

pour leur participation à nos réunions <strong>de</strong> travail et leur gran<strong>de</strong> contribution à l’avancem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

mes recherches. Je ti<strong>en</strong>s d’ailleurs à saluer <strong>la</strong> mémoire <strong>de</strong> Jean-Bernard qui nous a quitté peu<br />

avant <strong>la</strong> sout<strong>en</strong>ance <strong>de</strong> cette thèse. Le mon<strong>de</strong> sci<strong>en</strong>tifique perd incontestablem<strong>en</strong>t un <strong>de</strong>s ses<br />

acteurs les plus admirables.<br />

Je voudrais adresser un grand merci à Bruno Dubroca, il est à l’origine <strong>de</strong> mon intégration<br />

au CEA et il a accepté, tout comme Juli<strong>en</strong> Réveillon, d’être rapporteur pour cette thèse. Les<br />

conseils et avis qu’ils ont délivrés sur ce manuscrit ont été <strong>de</strong>s plus consctructifs et justifiés.<br />

Enfin, je salue les efforts faits par mon prédécesseur Anthony Velghe qui n’a pas hésité à<br />

traverser <strong>la</strong> France pour v<strong>en</strong>ir m’ai<strong>de</strong>r à adopter son bébé <strong>numérique</strong>, le co<strong>de</strong> EVEREST, dès<br />

le comm<strong>en</strong>cem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> <strong>la</strong> thèse.<br />

Je voudrais égalem<strong>en</strong>t exprimer toute ma sympathie <strong>en</strong>vers les équipes du CEA-CESTA qui<br />

m’ont accueilli on ne peut plus agréablem<strong>en</strong>t dès mon arrivée. J’ai pu y côtoyer et apprécier <strong>de</strong><br />

nombreuses personnes (dans le désordre) : Xavier, Michel, David, Pierre-H<strong>en</strong>ri, Jean, Gérard,<br />

Muriel, Agnès, Olivier, Patrick, Anne-Pascale (<strong>la</strong> super-secrétaire), Marc, Jean-Jacques, Laur<strong>en</strong>t,<br />

Jean-Marc, David, Isabelle, Pierre, Céline, François...<br />

Une p<strong>en</strong>sée aussi pour mes camara<strong>de</strong>s doctorants, Joanne, Aurélie, Sébasti<strong>en</strong>, Pascal, François,<br />

Manu, Cyril et surtout Mathieu avec qui j’ai partagé bi<strong>en</strong> plus qu’un bureau et qui m’a tant<br />

aidé lorsque je r<strong>en</strong>contrais <strong>de</strong>s erreurs <strong>numérique</strong>s <strong>en</strong>core inconnues pour moi (et elles fur<strong>en</strong>t<br />

nombreuses). Un grand coup <strong>de</strong> chapeau (et même une révér<strong>en</strong>ce) à toutes ces personnes qui<br />

ont fait <strong>de</strong> ces trois années <strong>de</strong> <strong>la</strong>beur un joyeux mom<strong>en</strong>t <strong>de</strong> sci<strong>en</strong>ce.<br />

Je remercie naturellem<strong>en</strong>t mes par<strong>en</strong>ts et mes sœurs pour leur souti<strong>en</strong> sans faille. L’équilibre<br />

familial qu’ils m’ont apporté m’a permis <strong>de</strong> réaliser ce travail le plus sereinem<strong>en</strong>t qu’il puisse<br />

être.<br />

3


4 Remerciem<strong>en</strong>ts<br />

Puis, comm<strong>en</strong>t ne pas évoquer toutes les personnes qui n’ont « ri<strong>en</strong> » fait pour m’ai<strong>de</strong>r dans<br />

ce travail et qui m’ont proposé tout et n’importe quoi pour m’<strong>en</strong> éloigner. Cette jolie troupe<br />

d’amis que je me « cogne » <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> dix ans maint<strong>en</strong>ant, pour le meilleur et pour le pire,<br />

est composée <strong>de</strong> Charly (Le coloc), Poupon, Coco, Jean-Bat, Kinkin, Nono, Serge (pour ce qui<br />

est <strong>de</strong>s mâles) et Régine, Infrite, Sansan, Maron, Vaness, Stéph et C<strong>la</strong>iron (pour ces dames).<br />

Finalem<strong>en</strong>t, <strong>de</strong>rrière tout homme il y a une femme (<strong>en</strong>fin pas tout le temps), je ne déroge<br />

pas à <strong>la</strong> règle. En effet, j’ai une Ophélie qui veille t<strong>en</strong>drem<strong>en</strong>t sur moi et pour qui je ti<strong>en</strong>s à<br />

exprimer toute ma profon<strong>de</strong> affection (c’est une litote).


Table <strong>de</strong>s matières<br />

Remerciem<strong>en</strong>ts 3<br />

Nom<strong>en</strong>c<strong>la</strong>ture 9<br />

Introduction générale 13<br />

1 Contexte sci<strong>en</strong>tifique 17<br />

1.1 Phénomènes liés à <strong>la</strong> r<strong>en</strong>trée atmosphérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19<br />

1.1.1 Les <strong>en</strong>jeux <strong>de</strong> <strong>la</strong> r<strong>en</strong>trée atmosphérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19<br />

1.1.2 Aspects physico-chimiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> r<strong>en</strong>trée mis <strong>en</strong> jeu . . . . . . . . . . . . . 23<br />

1.1.3 Développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> rugosités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26<br />

1.2 Introduction à <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29<br />

1.2.1 Généralités sur les écoulem<strong>en</strong>ts turbul<strong>en</strong>ts . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29<br />

1.2.2 Représ<strong>en</strong>tation spectrale <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34<br />

1.2.3 Métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37<br />

Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41<br />

2 Les équations du problème physique 43<br />

2.1 Les équations du co<strong>de</strong> EVEREST . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45<br />

2.1.1 Les équations <strong>de</strong> conservation <strong>de</strong> Navier-Stokes . . . . . . . . . . . . . . . 45<br />

2.1.2 Cinétique chimique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46<br />

2.1.3 Adim<strong>en</strong>sionnem<strong>en</strong>t . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48<br />

2.1.4 Coeffici<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> transport . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50<br />

2.2 L’approche statistique <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53<br />

2.2.1 Motivations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53<br />

2.2.2 Les moy<strong>en</strong>nes <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription statistique . . . . . . . . . . . . . . . . . 54<br />

2.2.3 Modèles utilisés pour <strong>la</strong> validation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> simulée . . . . . . . . 56<br />

2.2.4 Analyse corré<strong>la</strong>toire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59<br />

Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63<br />

3 Prés<strong>en</strong>tation du co<strong>de</strong> EVEREST 65<br />

3.1 Prés<strong>en</strong>tation générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67<br />

3.1.1 Contexte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67<br />

3.1.2 Principe <strong>de</strong> fonctionnem<strong>en</strong>t . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68<br />

3.1.3 Informations générales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71<br />

3.2 Discrétisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74<br />

3.2.1 Discrétisation temporelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74<br />

3.2.2 Discrétisation spatiale <strong>de</strong>s schémas compacts . . . . . . . . . . . . . . . . 75<br />

5


6 Table <strong>de</strong>s matières<br />

3.3 Génération d’un champ turbul<strong>en</strong>t <strong>de</strong> vitesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81<br />

3.3.1 Considérations spectrales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82<br />

3.3.2 Passage <strong>de</strong>s fluctuations spectrales dans le domaine physique . . . . . . . 84<br />

3.3.3 Critère <strong>de</strong> résolution spectrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86<br />

3.4 Parallélisation du co<strong>de</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88<br />

3.4.1 Principe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88<br />

3.4.2 Efficacité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91<br />

Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92<br />

4 <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI) 95<br />

4.1 Initialisation du champ turbul<strong>en</strong>t . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97<br />

4.1.1 Configuration d’écoulem<strong>en</strong>t étudiée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97<br />

4.1.2 Initialisation par un spectre <strong>de</strong> Passot-Pouquet (PP) . . . . . . . . . . . . 99<br />

4.1.3 Initialisation par un spectre <strong>de</strong> Von-Kármán corrigé par Pao (VKP) . . . 100<br />

4.2 Caractérisation <strong>de</strong>s principales propriétés <strong>de</strong> <strong>la</strong> THI . . . . . . . . . . . . . . . . 104<br />

4.2.1 Vérification du caractère homogène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104<br />

4.2.2 Analyse <strong>de</strong> l’isotropie <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107<br />

4.3 Décroissance énergétique <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111<br />

4.3.1 Validation <strong>de</strong>s comportem<strong>en</strong>ts analytiques <strong>de</strong>s simu<strong>la</strong>tions . . . . . . . . . 111<br />

4.3.2 Reca<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> <strong>la</strong> constante C ε,2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116<br />

4.3.3 Interprétation <strong>de</strong>s résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118<br />

4.4 Étu<strong>de</strong> d’une <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> forcée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119<br />

4.4.1 Motivations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119<br />

4.4.2 Caractérisation du forçage spectral utilisé . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122<br />

4.4.3 Interprétation <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> forçage implém<strong>en</strong>tées . . . . . . . . . . . . 125<br />

4.5 Extraction <strong>de</strong>s paramètres spectraux <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t . . . . . . . . . . . . . . . 127<br />

4.5.1 Principe <strong>de</strong> l’extraction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128<br />

4.5.2 Résultats du suivi spectral <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . 128<br />

4.5.3 Interprétation <strong>de</strong>s résultats liés à l’extraction spectrale . . . . . . . . . . . 132<br />

Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132<br />

5 Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal 135<br />

5.1 Justification <strong>de</strong>s adaptations <strong>numérique</strong>s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137<br />

5.1.1 Définition du cadre théorique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137<br />

5.1.2 Configuration étudiée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139<br />

5.1.3 Formalisme mathématique <strong>de</strong> l’approche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142<br />

5.1.4 Adaptation du forçage <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144<br />

5.2 Pré-requis à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> cisaillem<strong>en</strong>t libre . . . . . . . . . . . . . . 146<br />

5.2.1 Définition <strong>de</strong>s champs turbul<strong>en</strong>ts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146<br />

5.2.2 Vérification <strong>de</strong> <strong>la</strong> t<strong>en</strong>ue <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong> résolution . . . . . . . . . . . . . . 147<br />

5.2.3 Évaluation du forçage confiné <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> . . . . . . . . . . . . . . . 149<br />

5.3 Résultats généraux <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> parois . . . . . . . . . . . . . 151<br />

5.3.1 Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s paramètres <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151<br />

5.3.2 Aspects thermiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154<br />

5.3.3 Interprétation <strong>de</strong>s résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157<br />

5.4 Bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>sions <strong>de</strong> Reynolds . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159<br />

5.4.1 Cas d’une paroi adiabatique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159


Table <strong>de</strong>s matières 7<br />

5.4.2 Cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi isotherme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163<br />

5.4.3 Interprétations <strong>de</strong>s résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167<br />

5.4.4 Transfert énergétique intercomposantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168<br />

Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168<br />

6 <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion <strong>en</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> confinée 171<br />

6.1 Prise <strong>en</strong> compte du phénomène d’ab<strong>la</strong>tion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173<br />

6.1.1 Contexte théorique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173<br />

6.1.2 Modélisation ret<strong>en</strong>ue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174<br />

6.1.3 Définition <strong>de</strong>s simu<strong>la</strong>tions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177<br />

6.2 Analyse <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t dans <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> blocage . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178<br />

6.2.1 Comportem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s paramètres généraux <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t . . . . . . . . . . 178<br />

6.2.2 Bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>sions <strong>de</strong> Reynolds . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181<br />

6.2.3 Interprétations <strong>de</strong>s résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182<br />

6.3 Interaction <strong>en</strong>tre l’écoulem<strong>en</strong>t et <strong>la</strong> réaction d’ab<strong>la</strong>tion . . . . . . . . . . . . . . . 183<br />

6.3.1 Conséqu<strong>en</strong>ces du régime turbul<strong>en</strong>t sur <strong>la</strong> récession . . . . . . . . . . . . . 183<br />

6.3.2 Caractérisation <strong>de</strong>s états <strong>de</strong> surfaces ab<strong>la</strong>tées . . . . . . . . . . . . . . . . 186<br />

6.3.3 <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un matériau composite idéalisé . . . . . . . . 189<br />

6.3.4 Interprétation <strong>de</strong>s résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190<br />

Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191<br />

Conclusion générale 193<br />

Annexes 195<br />

A Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s spectres <strong>de</strong> Passot-Pouquet et <strong>de</strong> Von-Kármán Pao 197<br />

A.1 le spectre <strong>de</strong> Passot-Pouquet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197<br />

A.1.1 Étu<strong>de</strong> analytique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197<br />

A.1.2 Étu<strong>de</strong> paramétrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 198<br />

A.2 Spectre <strong>de</strong> Von-Kármán Pao . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199<br />

A.2.1 Étu<strong>de</strong> analytique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199<br />

A.2.2 Étu<strong>de</strong> paramétrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200<br />

A.2.3 Initialisation d’une <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> VKP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201<br />

A.3 Comparaison <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux spectres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 202<br />

Bibliographie 208


Nom<strong>en</strong>c<strong>la</strong>ture<br />

Lettres <strong>la</strong>tines<br />

A Fréqu<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> collisions [kg.s −1 .m −2 .P a −1/2 ]<br />

c Vitesse du son [m.s −1 ]<br />

C α Fraction massique <strong>de</strong> l’espèce α [−]<br />

C p Chaleur spécifique à pression constante [J.kg −1 .K −1 ]<br />

D Coeffici<strong>en</strong>t <strong>de</strong> diffusion molécu<strong>la</strong>ire [m 2 .s −1 ]<br />

Dij ν T<strong>en</strong>seur <strong>de</strong> diffusion molécu<strong>la</strong>ire [−]<br />

D p ij T<strong>en</strong>seur <strong>de</strong> diffusion par fluctuation <strong>de</strong> pression [−]<br />

Dij u T<strong>en</strong>seur <strong>de</strong> diffusion par fluctuation <strong>de</strong> vitesse [−]<br />

D(κ) Spectre <strong>de</strong> dissipation turbul<strong>en</strong>te [−]<br />

Da Nombre <strong>de</strong> Damköhler [−]<br />

e Énergie interne [J]<br />

E Énergie totale [J]<br />

E(κ) Spectre énergétique <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> [−]<br />

f(r) Coeffici<strong>en</strong>t <strong>de</strong> corré<strong>la</strong>tions longitudinales [−]<br />

F o Nombre <strong>de</strong> Fourier [−]<br />

g(r) Coeffici<strong>en</strong>t <strong>de</strong> corré<strong>la</strong>tions transversales [−]<br />

H Enthalpie totale massique [J.kg −1 ]<br />

h α Enthalpie massique <strong>de</strong> l’espèce α [J.kg −1 ]<br />

h rugo Hauteur <strong>de</strong> rugosité [−]<br />

J Flux <strong>de</strong> diffusion mo<strong>la</strong>ire [mol.m −2 .s −1 ]<br />

J Matrice Jacobi<strong>en</strong>ne [−]<br />

k Énergie cinétique <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> [m 2 .s −2 ]<br />

k f Vitesse <strong>de</strong> réaction chimique dans le s<strong>en</strong>s direct [−]<br />

k b Vitesse <strong>de</strong> réaction chimique dans le s<strong>en</strong>s indirect [−]<br />

Kn Nombre <strong>de</strong> Knuds<strong>en</strong> [−]<br />

l f , m f , n f Échantillonage dans les directions x, y, z [−]<br />

L dom Longueur du domaine <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion [m]<br />

l T , L T Échelles <strong>de</strong> longueur turbul<strong>en</strong>te [m]<br />

L Amplitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’on<strong>de</strong> caractéristique [−]<br />

ṁ Débit massique [kg.m −2 .s −1 ]<br />

Ma Nombre <strong>de</strong> Mach [−]<br />

M α Masse mo<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> l’espèce α [kg.mol −1 ]<br />

P Pression [P a]<br />

¯p Pression <strong>de</strong> vapeur saturante [P a]<br />

9


10 Nom<strong>en</strong>c<strong>la</strong>ture<br />

P e Nombre <strong>de</strong> Péclet [−]<br />

P r Nombre <strong>de</strong> Prandtl [−]<br />

˙q Flux <strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> chaleur [W.m −2 ]<br />

Q ij T<strong>en</strong>seur <strong>de</strong>s corré<strong>la</strong>tions toubles <strong>de</strong> vitesse [−]<br />

R Taux d’ab<strong>la</strong>tion mo<strong>la</strong>ire par unité <strong>de</strong> surface [mol.m −2 .s −1 ]<br />

Re Nombre <strong>de</strong> Reynolds [−]<br />

Re f Nombre <strong>de</strong> Reynolds <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> dans le p<strong>la</strong>n y = L dom<br />

2<br />

[−]<br />

Re λ Nombre <strong>de</strong> Reynolds basé sur l’échelle <strong>de</strong> Taylor [−]<br />

Re T Nombre <strong>de</strong> Reynolds <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> [−]<br />

Sc Nombre <strong>de</strong> Schmidt [−]<br />

S k Facteur <strong>de</strong> dissymétrie [−]<br />

T (κ) Spectre <strong>de</strong> transfert énergétique [−]<br />

T a Température d’activation [K]<br />

T f Température du flui<strong>de</strong> [K]<br />

T k Facteur d’ap<strong>la</strong>tissem<strong>en</strong>t [−]<br />

T w Température <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi [K]<br />

t Temps [s]<br />

u ′ Agitation turbul<strong>en</strong>te [m.s −1 ]<br />

u, v, w Composantes du champ <strong>de</strong> vitesse fluctuant [m.s −1 ]<br />

ũ, ṽ, ˜w Composantes du champ <strong>de</strong> vitesse spectral fluctuant [m.s −1 ]<br />

v a Vitesse d’ab<strong>la</strong>tion [m.s −1 ]<br />

v w Vitesse <strong>de</strong> récession <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi [m.s −1 ]<br />

v ω Vitesse d’injection [m.s −1 ]<br />

x, y, z Coordonnées <strong>de</strong> l’espace physique [m]<br />

X α Fraction mo<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> l’espèce α [m]<br />

Lettres grecques<br />

α n Coeffici<strong>en</strong>t d’accomodation <strong>de</strong> l’espèce C n [−]<br />

δ ij Symbole <strong>de</strong> Kronecker [−]<br />

ε Taux <strong>de</strong> dissipation turbul<strong>en</strong>te [m 2 .s −3 ]<br />

ε ii T<strong>en</strong>seur <strong>de</strong>s pseudo-dissipation [−]<br />

η Échelle <strong>de</strong> Kolmogorov [−]<br />

κ 1 , κ 2 , κ 3 Cordonnées dans l’espace spectral [m −1 ]<br />

κ e Maximum du spectre énergétique E(κ) [m −1 ]<br />

κ d Maximum du spectre dissipatif D(κ) [m −1 ]<br />

κ max Nombre d’on<strong>de</strong> maximal résolu [m −1 ]<br />

λ Conductivité thermique [J.K −1 .m −1 .s −1 ]<br />

λ T Micro-échelle <strong>de</strong> Taylor [m]<br />

Λ f Macro-échelle <strong>de</strong> Taylor longitudinale [m]<br />

Λ g Macro-échelle <strong>de</strong> Taylor transversale [m]<br />

µ Viscosité dynamique [P l]<br />

µ t Viscosité dynamique turbul<strong>en</strong>te [kg.m −1 .s −1 ]<br />

ν Viscosité cinématique = µ/ρ [m 2 .s −1 ]


Nom<strong>en</strong>c<strong>la</strong>ture 11<br />

ν i ′, ν′′ i Coeffici<strong>en</strong>ts stœchiométriques <strong>de</strong> l’espèce i [−]<br />

ξ, η, ζ Coordonnées <strong>de</strong> l’espace mathématique selon x, y, z [m]<br />

Π ii T<strong>en</strong>seur <strong>de</strong>s corré<strong>la</strong>tions pression-déformation [−]<br />

ρ Masse volumique du flui<strong>de</strong> [kg.m −3 ]<br />

ρ w Masse volumique du matériau <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi soli<strong>de</strong> [kg.m −3 ]<br />

σ ij T<strong>en</strong>seur <strong>de</strong>s contraintes visqueuses [−]<br />

τ η Temps <strong>de</strong> retournem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s tourbillons <strong>de</strong> Kolmogorov [s]<br />

τ T Temps <strong>de</strong> retournem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s tourbillons porteurs d’énergie [s]<br />

υ s Volume mo<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase soli<strong>de</strong> [m 3 .mol −1 ]<br />

ψ ij T<strong>en</strong>seur spectral <strong>de</strong>s corré<strong>la</strong>tions doubles <strong>de</strong> vitesse [−]<br />

˙ω Taux <strong>de</strong> réaction chimique [−]<br />

Constantes<br />

γ = 1.4<br />

k B = 1.381.10 −23 J.K −1 Constante <strong>de</strong> Boltzmann<br />

M AIR = 32 10 −3 Masse mo<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> l’air assimilé à du dyoxygène<br />

P atm = 10 5 bar Pression atmosphérique <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce<br />

R = 8.3145107 J.mol −1 .K −1 Constante <strong>de</strong>s gaz parfaits


Introduction générale<br />

Cette thèse s’inscrit dans le cadre <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> modélisation <strong>de</strong>s phénomènes physiques<br />

liés à <strong>la</strong> r<strong>en</strong>trée atmosphérique. Elle a été m<strong>en</strong>ée au sein du Commissariat à l’Énergie Atomique,<br />

<strong>en</strong> étroite col<strong>la</strong>boration avec le départem<strong>en</strong>t Aérodynamique et Propulsion <strong>de</strong> l’Institut Supérieur<br />

<strong>de</strong> l’Aéronautique et <strong>de</strong> l’Espace (<strong>ISAE</strong>). Elle s’inscrit dans <strong>la</strong> continuité <strong>de</strong>s travaux déjà réalisés<br />

par Velghe [64]. Nous proposons d’abord dans cette introduction, outre une <strong>de</strong>scription du<br />

contexte général, un panorama <strong>de</strong>s principales étu<strong>de</strong>s existantes sur le sujet. Nous verrons <strong>en</strong>fin<br />

les différ<strong>en</strong>ts objectifs fixés et nous finirons par donner l’organisation <strong>de</strong> ce mémoire.<br />

Contexte général<br />

Le développem<strong>en</strong>t et l’optimisation <strong>de</strong>s boucliers thermiques <strong>de</strong>s son<strong>de</strong>s d’exploration spatiale<br />

sont <strong>de</strong>v<strong>en</strong>us <strong>de</strong>s aspects ess<strong>en</strong>tiels <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche liée à <strong>la</strong> r<strong>en</strong>trée atmosphérique. En effet,<br />

lorsque le module traverse l’atmosphère, il subit un échauffem<strong>en</strong>t aérodynamique int<strong>en</strong>se (vitesse<br />

<strong>de</strong> r<strong>en</strong>trée supérieure à 5 km.s −1 ). Le frottem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’air, fonction <strong>de</strong> l’atmosphère considérée,<br />

permet un ral<strong>en</strong>tissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> <strong>la</strong> son<strong>de</strong>, <strong>en</strong>traînant une conversion <strong>de</strong> l’énergie cinétique <strong>en</strong> énergie<br />

thermique. Il <strong>en</strong> résulte une augm<strong>en</strong>tation soudaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> température du matériau qui peut<br />

atteindre 4000 K. Afin <strong>de</strong> supporter <strong>de</strong> telles conditions, l’emploi <strong>de</strong> matériaux composites thermostructuraux<br />

<strong>de</strong> type Carbone/Carbone (C/C) s’explique par leur très bonne t<strong>en</strong>ue mécanique<br />

ainsi que les nombreuses réactions physico-chimiques s’y produisant. Même si elles absorb<strong>en</strong>t une<br />

gran<strong>de</strong> partie du flux thermique, ces réactions chimiques (oxydation, sublimation) vont <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drer<br />

une disparition <strong>de</strong> <strong>la</strong> matière, d’où une diminution <strong>de</strong> l’épaisseur du bouclier. Cette récession<br />

s’effectue alors <strong>en</strong> interaction avec l’écoulem<strong>en</strong>t du flui<strong>de</strong>. Dans ces conditions, l’évolution structurelle<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> surface va modifier le comportem<strong>en</strong>t aérodynamique <strong>de</strong> <strong>la</strong> capsule <strong>en</strong> favorisant<br />

les échanges pariétaux <strong>de</strong> masse et <strong>de</strong> chaleur ainsi que <strong>la</strong> transition <strong>la</strong>minaire/turbul<strong>en</strong>t. Les<br />

essais expérim<strong>en</strong>taux <strong>de</strong> caractérisation <strong>de</strong> flux thermique et <strong>de</strong> suivi structurel <strong>de</strong> <strong>la</strong> surface<br />

ont permis <strong>de</strong> recréer partiellem<strong>en</strong>t les conditions d’une r<strong>en</strong>trée atmosphérique. Ils ont mis <strong>en</strong><br />

évi<strong>de</strong>nce <strong>la</strong> création d’une rugosité microscopique à <strong>la</strong> surface du bouclier <strong>en</strong> régime turbul<strong>en</strong>t,<br />

alors qu’<strong>en</strong> régime <strong>la</strong>minaire, <strong>la</strong> surface <strong>de</strong> ce même matériau reste lisse tout au long <strong>de</strong> l’essai.<br />

De plus, <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> favorise les échanges thermiques à <strong>la</strong> paroi et amplifie donc le phénomène<br />

d’ab<strong>la</strong>tion. Ce sont ces interactions fortes <strong>en</strong>tre <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> et <strong>la</strong> formation <strong>de</strong> rugosités que<br />

nous allons t<strong>en</strong>ter <strong>de</strong> définir au cours <strong>de</strong> ce travail.<br />

La conception du bouclier thermique est une contrainte forte pour dim<strong>en</strong>sionner le module<br />

spatial et pour définir <strong>la</strong> charge utile transportable. La simu<strong>la</strong>tion <strong>numérique</strong> <strong>directe</strong> <strong>de</strong> l’évolution<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> surface du bouclier thermique qui pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> compte le phénomène d’ab<strong>la</strong>tion est donc<br />

nécessaire pour minimiser l’épaisseur <strong>de</strong> <strong>la</strong> protection thermique. L’interprétation <strong>de</strong>s résultats<br />

nécessitera alors <strong>la</strong> validation <strong>de</strong> <strong>la</strong> simu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> implém<strong>en</strong>tée.<br />

13


14 Introduction générale<br />

Étu<strong>de</strong>s existantes<br />

Depuis les années 70, on assiste au développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> <strong>la</strong> simu<strong>la</strong>tion <strong>numérique</strong> <strong>directe</strong> (DNS<br />

<strong>en</strong> ang<strong>la</strong>is) pour l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> <strong>en</strong> mécanique <strong>de</strong>s flui<strong>de</strong>s. Si une telle simu<strong>la</strong>tion permet<br />

difficilem<strong>en</strong>t d’<strong>en</strong>visager <strong>de</strong>s géométries complexes ainsi que <strong>de</strong>s points singuliers, elle permet<br />

une avancée significative car elle donne accès à toutes les gran<strong>de</strong>urs physiques <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t<br />

décrit par les équations <strong>de</strong> Navier-Stokes. Les premières simu<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> ce type sont attribuées à<br />

Orszag & Patterson [41]. Son utilisation s’est ét<strong>en</strong>due <strong>en</strong>suite à <strong>de</strong>s configurations où <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong><br />

prés<strong>en</strong>te une ou plusieurs directions d’inhomogénéité. Les travaux <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce re<strong>la</strong>tifs à <strong>la</strong><br />

<strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> homogène isotrope sur lesquels nous nous appuierons sont ceux <strong>de</strong> Comte-Bellot &<br />

Corssin [15] concernant l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> décroissance énergétique <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> et ceux <strong>de</strong> Perot<br />

& Moin [47] qui abor<strong>de</strong>nt <strong>la</strong> simu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> surfaces <strong>de</strong> blocage.<br />

L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion a déjà fait l’objet <strong>de</strong> nombreux travaux et modèles. La plupart <strong>de</strong> ces<br />

étu<strong>de</strong>s sont militaires et font partie d’une littérature non-ouverte. Pour le reste, <strong>de</strong>ux points<br />

<strong>de</strong> vue sont généralem<strong>en</strong>t adoptés : l’un flui<strong>de</strong>, l’autre matériau. Pour le premier, ce sont les<br />

échanges dans <strong>la</strong> partie flui<strong>de</strong> qui sont analysés, nous pouvons citer les étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Kuo & Keswani<br />

[27], Chelliah [14] et Milos & Ch<strong>en</strong> [38]. La <strong>de</strong>scription du matériau et <strong>de</strong> sa réactivité y sont<br />

sommaires. À l’inverse, les étu<strong>de</strong>s qui se p<strong>la</strong>c<strong>en</strong>t d’un point <strong>de</strong> vue matériau, comme Rodriguez-<br />

Mirasol [54], Luo [34] et Han [20], n’offr<strong>en</strong>t pas ou très peu <strong>de</strong> <strong>de</strong>scription du coup<strong>la</strong>ge dynamique<br />

flui<strong>de</strong>/soli<strong>de</strong>. Sinon, <strong>la</strong> monographie <strong>de</strong> Duffa sur l’ab<strong>la</strong>tion [17] brosse un aperçu non exhaustif<br />

<strong>de</strong>s modèles existants. La formation <strong>de</strong> rugosités et <strong>la</strong> caractérisation <strong>de</strong>s états <strong>de</strong> surfaces<br />

ab<strong>la</strong>tées mis <strong>en</strong> évi<strong>de</strong>nce par <strong>de</strong>s essais expérim<strong>en</strong>taux <strong>en</strong> <strong>la</strong>boratoire sont pris <strong>en</strong> compte au<br />

travers <strong>de</strong> modèles <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>, par exemple avec <strong>de</strong>s lois <strong>de</strong> paroi comme le fit Puigt [51]. Des<br />

étu<strong>de</strong>s fines modélisant les échanges <strong>en</strong>tre un écoulem<strong>en</strong>t et <strong>la</strong> réaction d’ab<strong>la</strong>tion à <strong>la</strong> plus petite<br />

échelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> exist<strong>en</strong>t, mais très souv<strong>en</strong>t, il n’y a pas <strong>de</strong> suivi explicite <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi<br />

au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> simu<strong>la</strong>tion. Les premières étu<strong>de</strong>s concernant l’évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi <strong>en</strong> fonction<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> réaction d’ab<strong>la</strong>tion provi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> Vignoles [65] qui propos<strong>en</strong>t un modèle<br />

analytique 2D <strong>de</strong> prédiction <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> surface soumis au phénomène <strong>de</strong> réaction-diffusion.<br />

Cep<strong>en</strong>dant, <strong>la</strong> prise <strong>en</strong> compte <strong>de</strong>s caractéristiques <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t sur le bouclier thermique<br />

n’est pas ret<strong>en</strong>ue. Plus récemm<strong>en</strong>t, les travaux d’Aspa [2] et Lachaud [28] propos<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s<br />

complètes sur l’ab<strong>la</strong>tion dans les cols <strong>de</strong> tuyères avec un suivi <strong>de</strong> <strong>la</strong> récession sur <strong>de</strong>s matériaux<br />

hétérogènes et une approche multi-échelle <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion. Ils ont permis <strong>de</strong> proposer <strong>de</strong>s modèles<br />

d’ab<strong>la</strong>tion analytiques à chaque échelle du matériau composite (C/C). Néanmoins, ces étu<strong>de</strong>s<br />

se conc<strong>en</strong>tr<strong>en</strong>t uniquem<strong>en</strong>t sur le transfert thermique et massique <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion et l’interaction<br />

avec un écoulem<strong>en</strong>t n’est pas <strong>en</strong>visagée.<br />

Cette thèse s’inscrit dans <strong>la</strong> continuité <strong>de</strong> celle réalisée par Velghe intitulée Modélisation<br />

<strong>de</strong> l’interaction <strong>en</strong>tre un écoulem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t et une paroi ab<strong>la</strong>table [64], dans <strong>la</strong>quelle il avait<br />

développé et validé <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>numérique</strong>s afin <strong>de</strong> suivre l’évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> surface <strong>de</strong> récession.<br />

Sa contribution <strong>la</strong> plus importante est sans conteste <strong>la</strong> mise <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce et <strong>la</strong> validation d’une<br />

transformation conforme qui permet <strong>de</strong> garantir <strong>la</strong> cohér<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre le mail<strong>la</strong>ge mathématique et<br />

le mail<strong>la</strong>ge physique qui doit suivre <strong>la</strong> récession <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi ab<strong>la</strong>table. Il a aussi porté le co<strong>de</strong><br />

<strong>numérique</strong> d’une version séqu<strong>en</strong>tielle à une version parallèle. Naturellem<strong>en</strong>t, <strong>de</strong> nombreuses<br />

référ<strong>en</strong>ces à son travail seront effectuées tout au long <strong>de</strong> ce mémoire.


Introduction générale 15<br />

Préoccupations industrielles connexes<br />

Développés dans les années 70-80, les modèles <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> appliqués dans les co<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

calcul <strong>de</strong>s équations <strong>de</strong> Navier-Stokes sont <strong>en</strong>core couramm<strong>en</strong>t utilisés. Ces standards industriels<br />

sont basés sur l’utilisation <strong>de</strong> modèles <strong>de</strong> viscosité tourbillonnaire sans représ<strong>en</strong>tation <strong>de</strong><br />

l’anisotropie <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>. De nombreux types d’écoulem<strong>en</strong>ts sont ainsi simulés par le mon<strong>de</strong><br />

industriel malgré les nombreuses approximations faites. Pourtant, compte-t<strong>en</strong>u <strong>de</strong> leurs singu<strong>la</strong>rités,<br />

<strong>de</strong>s cas importants échapp<strong>en</strong>t à ce type <strong>de</strong> modélisation, comme ceux mettant <strong>en</strong> jeu <strong>de</strong>s<br />

singu<strong>la</strong>rités géométriques. La considération <strong>de</strong> modèles au second ordre simu<strong>la</strong>nt les équations<br />

<strong>de</strong> transport pour toutes les composantes du t<strong>en</strong>seur <strong>de</strong> Reynolds permett<strong>en</strong>t alors <strong>de</strong> t<strong>en</strong>ir<br />

compte <strong>de</strong> l’anisotropie <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t. À l’heure actuelle, le gain obt<strong>en</strong>u quant à <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong><br />

prédiction <strong>de</strong> ces métho<strong>de</strong>s ne permet pas <strong>de</strong> justifier le surcoût qu’elles occasionn<strong>en</strong>t <strong>en</strong> terme<br />

<strong>de</strong> mise <strong>en</strong> œuvre. Le cas <strong>de</strong> l’interaction <strong>en</strong>tre <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> et une surface ab<strong>la</strong>table concerne<br />

<strong>de</strong> nombreux écoulem<strong>en</strong>ts dans le mon<strong>de</strong> industriel. L’organisme ayant le plus d’avance dans<br />

ce domaine est <strong>la</strong> NASA. Elle s’intéresse <strong>de</strong> plus <strong>en</strong> plus à caractériser <strong>de</strong>s états <strong>de</strong> surfaces<br />

ab<strong>la</strong>tables et leurs impacts sur l’écoulem<strong>en</strong>t [49].<br />

Objectifs <strong>de</strong> <strong>la</strong> thèse<br />

L’objectif principal <strong>de</strong> <strong>la</strong> thèse est <strong>de</strong> simuler les mécanismes physico-chimiques se dérou<strong>la</strong>nt<br />

à <strong>la</strong> surface d’un bouclier thermique lors d’une r<strong>en</strong>trée atmosphérique. L’aspect privilégié est<br />

<strong>de</strong> compr<strong>en</strong>dre l’interaction <strong>en</strong>tre l’écoulem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t, d’une part, et l’ab<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi<br />

du bouclier d’autre part. Dans cette optique, <strong>la</strong> maîtrise et l’implém<strong>en</strong>tation <strong>de</strong>s outils <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

simu<strong>la</strong>tion <strong>numérique</strong> <strong>directe</strong> seront primordiales pour simuler, le plus précisém<strong>en</strong>t possible,<br />

l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s phénomènes <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce. Cette thèse s’inscrit dans <strong>la</strong> continuité <strong>de</strong> celle réalisée<br />

par Velghe et a vocation à vali<strong>de</strong>r physiquem<strong>en</strong>t les phénomènes liés à <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>, sans quoi<br />

toute interprétation <strong>de</strong>s résultats serait vaine. Dès lors, il s’agira <strong>de</strong> définir les interactions <strong>en</strong>tre<br />

l’écoulem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t et <strong>la</strong> réaction d’ab<strong>la</strong>tion dans les meilleurs conditions. Ce travail accompli,<br />

<strong>la</strong> modélisation du matériau pourra être améliorée pour étudier plus précisém<strong>en</strong>t les mécanismes<br />

<strong>de</strong> formation <strong>de</strong>s rugosités ainsi que leurs répercussions sur l’écoulem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t.<br />

Organisation du mémoire<br />

Ce mémoire est composé <strong>de</strong> six chapitres : le premier expose le contexte sci<strong>en</strong>tifique lié<br />

à <strong>la</strong> r<strong>en</strong>trée atmosphérique et rappelle les principales notions <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>. Le <strong>de</strong>uxième<br />

chapitre est consacré à <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>tation <strong>de</strong>s équations <strong>de</strong> <strong>la</strong> mécanique <strong>de</strong>s flui<strong>de</strong>s ainsi qu’au<br />

traitem<strong>en</strong>t statistique <strong>de</strong>s résultats. On évoque les métho<strong>de</strong>s <strong>numérique</strong>s utilisées par le co<strong>de</strong><br />

EVEREST dans le troisième chapitre. Le quatrième chapitre permet <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>r les résultats<br />

re<strong>la</strong>tifs à l’évolution d’une <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> libre et introduit une nouvelle métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> forçage spectral.<br />

L’insertion <strong>de</strong> surfaces <strong>de</strong> blocage au sein d’un tel écoulem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t forcé est <strong>en</strong>suite discutée<br />

dans le cinquième chapitre. Enfin, les états <strong>de</strong> surfaces obt<strong>en</strong>us à l’issue <strong>de</strong>s simu<strong>la</strong>tions <strong>de</strong><br />

l’interaction <strong>en</strong>tre un écoulem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t et une paroi ab<strong>la</strong>table sont analysés et interprétés<br />

dans le sixième chapitre.


16 Introduction générale


Chapitre 1<br />

Contexte sci<strong>en</strong>tifique<br />

Sommaire<br />

1.1 Phénomènes liés à <strong>la</strong> r<strong>en</strong>trée atmosphérique . . . . . . . . . . . . . . 19<br />

1.1.1 Les <strong>en</strong>jeux <strong>de</strong> <strong>la</strong> r<strong>en</strong>trée atmosphérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19<br />

1.1.1.1 Contexte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19<br />

1.1.1.2 Les différ<strong>en</strong>ts régimes d’écoulem<strong>en</strong>t . . . . . . . . . . . . . . . 20<br />

1.1.1.3 Les différ<strong>en</strong>ts types <strong>de</strong> boucliers thermiques . . . . . . . . . . . 22<br />

1.1.2 Aspects physico-chimiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> r<strong>en</strong>trée mis <strong>en</strong> jeu . . . . . . . . . . . . 23<br />

1.1.2.1 Panorama <strong>de</strong>s phénomènes <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce . . . . . . . . . . . . . 23<br />

1.1.2.2 Les réactions chimiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23<br />

1.1.2.3 Récapitu<strong>la</strong>tif <strong>de</strong>s phénomènes pariétaux . . . . . . . . . . . . . 26<br />

1.1.3 Développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> rugosités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26<br />

1.1.3.1 Les essais expérim<strong>en</strong>taux disponibles . . . . . . . . . . . . . . 26<br />

1.1.3.2 Effets pratiques <strong>de</strong> l’apparition <strong>de</strong> <strong>la</strong> rugosité . . . . . . . . . . 28<br />

1.2 Introduction à <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29<br />

1.2.1 Généralités sur les écoulem<strong>en</strong>ts turbul<strong>en</strong>ts . . . . . . . . . . . . . . . . . 29<br />

1.2.1.1 Observations du phénomène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29<br />

1.2.1.2 Principales propriétés d’un écoulem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t . . . . . . . . 30<br />

1.2.1.3 Les échelles caractéristiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> . . . . . . . . . . 32<br />

1.2.1.4 Aspects <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> au voisinage d’une surface <strong>de</strong> blocage 33<br />

1.2.2 Représ<strong>en</strong>tation spectrale <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . 34<br />

1.2.2.1 Spectres énergétiques et dissipatifs <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> . . . . . . 34<br />

1.2.2.2 La casca<strong>de</strong> énergétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35<br />

1.2.2.3 Li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre l’espace physique et l’espace <strong>de</strong> Fourier . . . . . . . 36<br />

1.2.3 Métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37<br />

1.2.3.1 Métho<strong>de</strong>s prédictives <strong>en</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> . . . . . . . . . . . . . . . 37<br />

1.2.3.2 Modèles <strong>de</strong> fermeture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39<br />

1.2.3.3 Retour sur <strong>la</strong> simu<strong>la</strong>tion <strong>numérique</strong> <strong>directe</strong> . . . . . . . . . . . 40<br />

Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41<br />

17


18 Chapitre 1. Contexte sci<strong>en</strong>tifique<br />

Ce chapitre a pour vocation <strong>de</strong> prés<strong>en</strong>ter au lecteur l’aspect théorique <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tes problématiques<br />

soulevées par ce sujet <strong>de</strong> recherche. Particulièrem<strong>en</strong>t vaste, <strong>la</strong> recherche sur <strong>la</strong> r<strong>en</strong>trée<br />

atmosphérique est <strong>en</strong> plein essor grâce au développem<strong>en</strong>t constant <strong>de</strong>s moy<strong>en</strong>s <strong>de</strong> calcul. Dans<br />

ce contexte, l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong> thèse est <strong>de</strong> modéliser, le plus fidèlem<strong>en</strong>t possible, ce qui se passe<br />

au niveau du bouclier thermique lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> r<strong>en</strong>trée atmosphérique. Nous proposons donc une<br />

prés<strong>en</strong>tation théorique <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>ts phénomènes <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> manière à appréh<strong>en</strong><strong>de</strong>r <strong>la</strong> réalité<br />

physique du travail <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion. Dans un premier temps, un panorama <strong>de</strong>s phénomènes<br />

physiques propres au bouclier thermique lors d’une r<strong>en</strong>trée atmosphérique est dressé ; les différ<strong>en</strong>tes<br />

phases <strong>de</strong> <strong>la</strong> r<strong>en</strong>trée ainsi que les réactions se produisant à <strong>la</strong> paroi du bouclier y<br />

seront m<strong>en</strong>tionnées. Dans un second temps, nous abor<strong>de</strong>rons <strong>en</strong> détail <strong>la</strong> propriété fondam<strong>en</strong>tale<br />

<strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts dans lesquels les son<strong>de</strong>s spatiales pénètr<strong>en</strong>t lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> r<strong>en</strong>trée. Les principales<br />

caractéristiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> seront abordées incluant les outils existants pour <strong>la</strong> simuler<br />

<strong>numérique</strong>m<strong>en</strong>t.


Chapitre 1. Contexte sci<strong>en</strong>tifique 19<br />

1.1 Phénomènes liés à <strong>la</strong> r<strong>en</strong>trée atmosphérique<br />

Ce paragraphe prés<strong>en</strong>te les principaux phénomènes physico-chimiques que r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>t le<br />

bouclier thermique d’une son<strong>de</strong> spatiale lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> r<strong>en</strong>trée atmosphérique. Cette étape permet<br />

à <strong>la</strong> capsule <strong>de</strong> ral<strong>en</strong>tir et s’accompagne d’un fort échauffem<strong>en</strong>t thermodynamique. Afin <strong>de</strong><br />

garantir l’intégrité <strong>de</strong> <strong>la</strong> son<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s matériaux ab<strong>la</strong>tables sont utilisés pour absorber une partie<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> chaleur produite. Le dim<strong>en</strong>sionnem<strong>en</strong>t du bouclier thermique joue un rôle ess<strong>en</strong>tiel pour<br />

<strong>la</strong> réussite <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tes missions spatiales.<br />

1.1.1 Les <strong>en</strong>jeux <strong>de</strong> <strong>la</strong> r<strong>en</strong>trée atmosphérique<br />

1.1.1.1 Contexte<br />

De nos jours, <strong>la</strong> col<strong>la</strong>boration sci<strong>en</strong>tifique internationale a pour ambition d’explorer les différ<strong>en</strong>tes<br />

p<strong>la</strong>nètes composant notre système so<strong>la</strong>ire. Cette exploration p<strong>la</strong>nétaire s’effectue par<br />

l’<strong>en</strong>voi <strong>de</strong> son<strong>de</strong>s orbitales capables <strong>de</strong> déterminer les compositions atmosphériques et <strong>de</strong> cartographier<br />

<strong>la</strong> surface <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète. De plus, <strong>de</strong>s modules sont <strong>en</strong>voyés à <strong>la</strong> surface <strong>de</strong>s astres<br />

explorés <strong>de</strong> manière à analyser le sol et à rapporter <strong>de</strong>s échantillons <strong>de</strong> roches pour permettre<br />

<strong>de</strong> mieux les analyser. Ainsi, <strong>la</strong> maîtrise <strong>de</strong> <strong>la</strong> r<strong>en</strong>trée atmosphérique est <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ue un ingrédi<strong>en</strong>t<br />

ess<strong>en</strong>tiel à <strong>la</strong> conquête spatiale. La conception du bouclier thermique est une contrainte<br />

forte pour le poids du module car elle limite le matériel d’analyse embarqué et les échantillons<br />

prélevés. Le rôle du bouclier thermique est donc d’assurer <strong>la</strong> protection <strong>de</strong> <strong>la</strong> son<strong>de</strong> (Fig. 1.1),<br />

grâce à l’évacuation <strong>de</strong> l’échauffem<strong>en</strong>t aérodynamique par réactions chimiques lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> r<strong>en</strong>trée.<br />

L’épaisseur <strong>de</strong> cette protection doit être suffisante pour, à <strong>la</strong> fois garantir l’intégrité <strong>de</strong> <strong>la</strong> son<strong>de</strong><br />

(et év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t l’équipage qui <strong>en</strong> ferait partie) et permettre une charge utile satisfaisante.<br />

Figure 1.1 – Bouclier thermique <strong>de</strong> <strong>la</strong> son<strong>de</strong> Galiléo [30]<br />

Lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase <strong>de</strong> <strong>de</strong>sc<strong>en</strong>te, <strong>la</strong> son<strong>de</strong> traverse <strong>de</strong>s couches <strong>de</strong> gaz <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsités très différ<strong>en</strong>tes.<br />

Ainsi, pour une r<strong>en</strong>trée terrestre, <strong>la</strong> pression <strong>de</strong> l’air à 90 km d’altitu<strong>de</strong> est 400 000 fois plus<br />

faible que celle au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer, alors qu’elle <strong>en</strong> vaut 1/8 à 30 km d’altitu<strong>de</strong>. Lors <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

traversée <strong>de</strong> ces différ<strong>en</strong>tes couches, une on<strong>de</strong> <strong>de</strong> choc incurvée et détachée va se créer <strong>de</strong>vant le<br />

bouclier thermique (Fig. 1.2). Le gaz traversant l’on<strong>de</strong> <strong>de</strong> choc est ral<strong>en</strong>ti sur une distance <strong>de</strong><br />

l’ordre <strong>de</strong> quelques libres parcours moy<strong>en</strong>s λ m (distance moy<strong>en</strong>ne parcourue par une molécule<br />

<strong>en</strong>tre <strong>de</strong>ux chocs) et transfère ainsi une partie <strong>de</strong> son énergie cinétique sur les mo<strong>de</strong>s d’énergie<br />

interne <strong>de</strong>s composants du gaz (mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> trans<strong>la</strong>tion, mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> rotation, mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> vibration,<br />

mo<strong>de</strong> électronique). Une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> l’énergie cinétique est ainsi transformée <strong>en</strong> énergie


20 Chapitre 1. Contexte sci<strong>en</strong>tifique<br />

thermique. Des réactions chimiques <strong>de</strong> type dissociation ou ionisation peuv<strong>en</strong>t interv<strong>en</strong>ir dans<br />

ce processus physique.<br />

(a)<br />

(b)<br />

Figure 1.2 – Images artistiques <strong>de</strong> l’échauffem<strong>en</strong>t occasionné lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> r<strong>en</strong>trée (source : NASA)<br />

Pour illustrer les conditions sévères <strong>de</strong> r<strong>en</strong>trée auxquelles les son<strong>de</strong>s peuv<strong>en</strong>t être soumises,<br />

on regroupe dans le tableau 1.1, les vitesses <strong>de</strong> r<strong>en</strong>trée et les flux thermiques reçus, et ce pour<br />

différ<strong>en</strong>tes p<strong>la</strong>nètes du système so<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong> r<strong>en</strong>trée atmosphérique.<br />

P<strong>la</strong>nète Vitesse <strong>de</strong> r<strong>en</strong>trée Valeur du flux thermique reçu<br />

Vénus 10 km.s −1 2 MW.m −2<br />

Mars 6 km.s −1 4 MW.m −2<br />

Terre 10 km.s −1 6 MW.m −2<br />

Jupiter 47,4 km.s −1 150 MW.m −2<br />

Table 1.1 – Valeurs <strong>de</strong>s flux thermiques pour <strong>la</strong> r<strong>en</strong>trée atmosphérique <strong>de</strong> différ<strong>en</strong>tes p<strong>la</strong>nètes<br />

1.1.1.2 Les différ<strong>en</strong>ts régimes d’écoulem<strong>en</strong>t<br />

Les différ<strong>en</strong>ts régimes d’écoulem<strong>en</strong>ts auxquels <strong>la</strong> son<strong>de</strong> spatiale est confrontée lors <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

r<strong>en</strong>trée atmosphérique sont caractérisés <strong>en</strong> fonction d’un premier paramètre : le nombre <strong>de</strong><br />

Mach Ma, rapport <strong>de</strong> <strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong> <strong>la</strong> son<strong>de</strong> sur <strong>la</strong> vitesse du son. Lorsque Ma>1, l’écoulem<strong>en</strong>t<br />

est dit supersonique. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> Ma>5, l’écoulem<strong>en</strong>t est hypersonique. Tout au long <strong>de</strong> sa<br />

trajectoire <strong>de</strong> r<strong>en</strong>trée, <strong>la</strong> son<strong>de</strong> va ral<strong>en</strong>tir pour passer du domaine hypersonique au domaine<br />

supersonique, puis transsonique (0.8 < Ma < 1.2) et <strong>en</strong>fin subsonique (Ma 120 km, le régime d’écoulem<strong>en</strong>t est le régime molécu<strong>la</strong>ire libre : les collisions sont<br />

trop faibles pour qu’il soit possible <strong>de</strong> décrire le système par les équations <strong>de</strong> Navier-Stokes


Chapitre 1. Contexte sci<strong>en</strong>tifique 21<br />

c<strong>la</strong>ssiques. L’écoulem<strong>en</strong>t est régi par les équations <strong>de</strong> Boltzmann sans terme collisionnel.<br />

Un tel régime est généralem<strong>en</strong>t caractérisé par un nombre <strong>de</strong> Knuds<strong>en</strong> Kn>10. Le milieu<br />

est peu contraignant <strong>en</strong> termes <strong>de</strong> pression et <strong>de</strong> flux thermique.<br />

– pour 100 km< h < 120 km, l’écoulem<strong>en</strong>t est modélisé par <strong>la</strong> théorie cinétique <strong>de</strong>s gaz,<br />

considérant un nombre <strong>de</strong> Knuds<strong>en</strong> compris <strong>en</strong>tre 1 et 10. Les équations <strong>de</strong> Boltzmann<br />

complètes avec terme <strong>de</strong> collision sont utilisées et le régime est dit molécu<strong>la</strong>ire. Au fur et<br />

à mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>sc<strong>en</strong>te, <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité et le flux <strong>de</strong> particules augm<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t égalem<strong>en</strong>t.<br />

– pour 80 km< h < 100 km, peu à peu, le nombre d’atomes et <strong>de</strong> molécules atteint une<br />

valeur telle que le milieu peut être considéré comme continu sauf dans les régions à forts<br />

gradi<strong>en</strong>ts, par exemple <strong>en</strong> proche paroi. Dans ces zones, <strong>la</strong> longueur caractéristique <strong>de</strong><br />

l’écoulem<strong>en</strong>t reste faible <strong>de</strong>vant le libre parcours moy<strong>en</strong> (couche <strong>de</strong> Knuds<strong>en</strong>). Le régime<br />

est alors transitionnel et le nombre <strong>de</strong> Knuds<strong>en</strong> compris <strong>en</strong>tre 0.01 et 1.<br />

– pour h < 80 km, <strong>la</strong> fréqu<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> collisions <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t très élevée (10 11 collisions par secon<strong>de</strong>),<br />

elle est caractérisée par un nombre <strong>de</strong> Knuds<strong>en</strong> inférieur à 10 −2 . Le régime <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t continu,<br />

il est représ<strong>en</strong>té par les équations <strong>de</strong> Navier-Stokes. À partir <strong>de</strong> cette altitu<strong>de</strong>, l’ab<strong>la</strong>tion<br />

du bouclier intervi<strong>en</strong>t. De plus, pour h compris <strong>en</strong>tre 30 et 80 km, l’écoulem<strong>en</strong>t autour <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> son<strong>de</strong> spatiale est plutôt <strong>la</strong>minaire, alors qu’il <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t pour h < 30 km.<br />

La figure 1.3 résume les différ<strong>en</strong>ts régimes d’écoulem<strong>en</strong>t qu’une son<strong>de</strong> va r<strong>en</strong>contrer lors <strong>de</strong> sa<br />

r<strong>en</strong>trée atmosphérique. Pour notre étu<strong>de</strong> nous allons nous conc<strong>en</strong>trer sur <strong>de</strong>s altitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> r<strong>en</strong>trée<br />

inférieures à 30 km où l’ab<strong>la</strong>tion et <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> coexist<strong>en</strong>t. Nous nous p<strong>la</strong>çons ainsi dans le<br />

domaine d’application du régime continu pour <strong>la</strong> résolution <strong>de</strong>s équations <strong>de</strong> <strong>la</strong> mécanique <strong>de</strong>s<br />

flui<strong>de</strong>s.<br />

Figure 1.3 – Régimes d’écoulem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> r<strong>en</strong>trée atmosphérique


22 Chapitre 1. Contexte sci<strong>en</strong>tifique<br />

1.1.1.3 Les différ<strong>en</strong>ts types <strong>de</strong> boucliers thermiques<br />

Un bouclier thermique est un dispositif <strong>de</strong>stiné à garantir l’intégrité <strong>de</strong> <strong>la</strong> navette spatiale ou<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> son<strong>de</strong> contre l’échauffem<strong>en</strong>t cinétique qu’elle subit lorsqu’elle pénètre dans l’atmosphère<br />

d’une p<strong>la</strong>nète à gran<strong>de</strong> vitesse. Cette augm<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> <strong>la</strong> température est <strong>directe</strong>m<strong>en</strong>t liée à <strong>la</strong><br />

vitesse <strong>de</strong> r<strong>en</strong>trée <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>gin. Étant donné que tous les matériaux sont s<strong>en</strong>sibles à ces températures<br />

extrêmes, il est nécessaire <strong>de</strong> prévoir un bouclier indép<strong>en</strong>dant <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>gin, capable<br />

d’absorber l’énergie thermique. Ce bouclier peut être constitué par un matériau ab<strong>la</strong>tif, un<br />

matériau iso<strong>la</strong>nt ou <strong>la</strong> combinaison <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux. Ainsi, il existe <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> boucliers thermiques :<br />

• Les boucliers radiatifs<br />

Ces boucliers élimin<strong>en</strong>t <strong>la</strong> chaleur <strong>en</strong> <strong>la</strong> r<strong>en</strong>voyant <strong>en</strong> gran<strong>de</strong> partie. Ceci dit, ils souffr<strong>en</strong>t d’un<br />

inconvéni<strong>en</strong>t majeur car lorsque <strong>la</strong> température maximale pour <strong>la</strong>quelle ils ont été conçus est<br />

atteinte, le matériau utilisé ne peut plus remplir son rôle <strong>de</strong> protection. Par exemple, <strong>la</strong> navette<br />

spatiale américaine possè<strong>de</strong> un bouclier constitué <strong>de</strong> tuiles fixes <strong>en</strong> céramique recouvrant sa<br />

face inférieure et le bord d’attaque <strong>de</strong> ses ailes (Fig. 1.4(a)). Elles sont remp<strong>la</strong>cées lorsqu’elles<br />

sont trop dégradées lors d’un retour sur Terre. L’acci<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> navette Columbia fit suite<br />

à <strong>la</strong> détérioration d’une petite partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> protection thermique <strong>de</strong> l’aile lors du <strong>la</strong>ncem<strong>en</strong>t,<br />

l’aile n’a pas supporté l’échauffem<strong>en</strong>t au retour dans l’atmosphère. Suite à cette catastrophe<br />

une métho<strong>de</strong> a été mise au point afin d’effectuer <strong>de</strong>s réparations dans l’espace avec <strong>de</strong>s sorties<br />

extra-véhicu<strong>la</strong>ires. Cep<strong>en</strong>dant, le fait que ces tuiles soi<strong>en</strong>t toutes <strong>de</strong> tailles différ<strong>en</strong>tes r<strong>en</strong>d ces<br />

réparations très délicates.<br />

• Les boucliers ab<strong>la</strong>tifs<br />

Ces boucliers élimin<strong>en</strong>t <strong>la</strong> chaleur <strong>en</strong> se décomposant couche après couche lorsqu’ils sont<br />

soumis à <strong>de</strong>s contraintes d’échauffem<strong>en</strong>t. Ils ont notamm<strong>en</strong>t été utilisés sur le vaisseau spatial<br />

Apollo. Ce type <strong>de</strong> bouclier a égalem<strong>en</strong>t été ret<strong>en</strong>u pour le prochain véhicule spatial habité <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> NASA, le vaisseau Orion. Il possè<strong>de</strong> l’avantage <strong>de</strong> pouvoir s’adapter à <strong>de</strong>s températures plus<br />

élevées et <strong>de</strong>s temps d’exposition plus longs ; <strong>en</strong> effet, leur épaisseur est paramétrable <strong>de</strong> manière<br />

à absorber une plus gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> chaleur (Fig. 1.4(b)).<br />

(a) Bouclier radiatif <strong>de</strong> <strong>la</strong> navette Discovery<br />

composé <strong>de</strong> tuiles HRSI (High Temperature<br />

Reusable Surface Iso<strong>la</strong>tion)<br />

(b) Le bouclier thermique d’Orion<br />

sorti <strong>de</strong> son moule <strong>de</strong> l’usine <strong>de</strong><br />

matériau composite <strong>de</strong> Lockheed Martin<br />

(D<strong>en</strong>ver)<br />

Figure 1.4 – Les différ<strong>en</strong>ts types <strong>de</strong> boucliers employés


Chapitre 1. Contexte sci<strong>en</strong>tifique 23<br />

1.1.2 Aspects physico-chimiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> r<strong>en</strong>trée mis <strong>en</strong> jeu<br />

La phénoménologie <strong>de</strong> <strong>la</strong> r<strong>en</strong>trée atmosphérique est aussi riche que complexe. Une multitu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> phénomènes s’y côtoi<strong>en</strong>t et interagiss<strong>en</strong>t avec plus ou moins <strong>de</strong> dép<strong>en</strong>dances.<br />

1.1.2.1 Panorama <strong>de</strong>s phénomènes <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce<br />

On se p<strong>la</strong>ce dans le cadre d’un écoulem<strong>en</strong>t du flui<strong>de</strong> hypersonique autour du véhicule. Lors <strong>de</strong><br />

cette r<strong>en</strong>trée, une on<strong>de</strong> <strong>de</strong> choc détachée va se créer <strong>de</strong>vant le bouclier thermique. Dans <strong>la</strong> zone<br />

située <strong>de</strong>rrière ce choc, les températures et le flux <strong>de</strong> chaleur que reçoit <strong>la</strong> protection sont à leur<br />

maximum. Notamm<strong>en</strong>t les transferts au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> couche limite (d’une gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> quelques µm<br />

à quelques mm) sont importants car l’énergie cinétique est transformée <strong>en</strong> énergie thermique<br />

sous l’effet <strong>de</strong> <strong>la</strong> dissipation visqueuse.<br />

Pour cont<strong>en</strong>ir cet échauffem<strong>en</strong>t, les boucliers thermiques que nous étudions sont réalisés <strong>en</strong><br />

matériaux composites thermostructuraux. Ils sont ret<strong>en</strong>us <strong>en</strong> raison <strong>de</strong> leur t<strong>en</strong>ue mécanique à<br />

haute température, <strong>de</strong> leur basse <strong>de</strong>nsité et <strong>de</strong> leur résistance à l’ab<strong>la</strong>tion. Néanmoins, <strong>la</strong> résine<br />

composant le matériau va se pyrolyser sous l’impact du flux thermique. Les gaz chauds créés,<br />

ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s résidus carbonés, vont se propager jusqu’à <strong>la</strong> surface et seront injectés dans<br />

<strong>la</strong> couche limite. Une modélisation du transfert <strong>de</strong> masse et <strong>de</strong> chaleur à travers le bouclier<br />

thermique <strong>de</strong>s gaz issus <strong>de</strong> <strong>la</strong> pyrolyse est proposée par Preux [50]. La réaction <strong>de</strong> pyrolyse est<br />

un processus <strong>en</strong>dothermique qui utilise une partie <strong>de</strong> l’énergie thermique pour transformer le<br />

soli<strong>de</strong> <strong>en</strong> gaz, ce qui va réduire l’échauffem<strong>en</strong>t. Parallèlem<strong>en</strong>t, l’injection <strong>de</strong>s gaz <strong>de</strong> pyrolyse<br />

dans <strong>la</strong> couche limite a pour effet <strong>de</strong> réduire le flux convectif.<br />

D’autre part, <strong>de</strong>s réactions chimiques <strong>en</strong>tre <strong>la</strong> couche limite et <strong>la</strong> surface vont consommer<br />

le matériau ce qui va <strong>en</strong>traîner une récession <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi. Ces réactions d’ab<strong>la</strong>tion sont soit<br />

<strong>en</strong>dothermiques dans le cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> vaporisation ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> sublimation, soit exothermiques pour<br />

l’oxydation. Suivant le régime <strong>de</strong>s réactions et <strong>la</strong> diffusion <strong>de</strong>s espèces chimiques au travers <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> couche limite, l’impact sur le flux thermique que reçoit le bouclier ne sera pas i<strong>de</strong>ntique.<br />

Une <strong>de</strong>scription plus aboutie <strong>de</strong> l’aspect chimique <strong>de</strong> <strong>la</strong> r<strong>en</strong>trée est proposée dans le paragraphe<br />

1.1.2.2.<br />

Par ailleurs, le bouclier thermique peut égalem<strong>en</strong>t subir une érosion mécanique lorsqu’il<br />

va traverser <strong>de</strong>s nuages chargés <strong>de</strong> particules. Par exemple, pour une r<strong>en</strong>trée atmosphérique<br />

marti<strong>en</strong>ne [12], ces particules sont <strong>de</strong>s poussières d’oxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> fer, d’argile, ou <strong>de</strong>s composés à<br />

base <strong>de</strong> silice. Elles vont perturber l’écoulem<strong>en</strong>t et le flux thermique à <strong>la</strong> paroi.<br />

1.1.2.2 Les réactions chimiques<br />

La phase <strong>de</strong> r<strong>en</strong>trée s’accompagne d’un brusque ral<strong>en</strong>tissem<strong>en</strong>t du flui<strong>de</strong> à <strong>la</strong> paroi <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>gin<br />

sur une distance <strong>de</strong> l’ordre du libre parcours moy<strong>en</strong>. Il <strong>en</strong> résulte un transfert <strong>de</strong> l’énergie cinétique<br />

sur les différ<strong>en</strong>ts mo<strong>de</strong>s d’énergie <strong>de</strong> <strong>la</strong> particule. La hausse <strong>de</strong> température qui <strong>en</strong> résulte<br />

<strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre une activité chimique int<strong>en</strong>se. Elle se manifeste par <strong>la</strong> dissociation <strong>de</strong>s molécules, l’ionisation<br />

<strong>de</strong>s atomes et molécules, l’échange d’atomes <strong>en</strong>tre molécules, etc. Tous ces mécanismes<br />

sont décrits par <strong>la</strong> cinétique chimique qui modélise les effets <strong>de</strong> collisions réactives <strong>en</strong>tre particules,<br />

c’est-à-dire l’évolution du taux <strong>de</strong> production/<strong>de</strong>struction <strong>de</strong>s espèces chimiques dans le<br />

mé<strong>la</strong>nge. Concernant le bi<strong>la</strong>n chimique réactionnel, on distingue les réactions homogènes qui se<br />

déroul<strong>en</strong>t dans <strong>la</strong> même phase, <strong>de</strong>s réactions hétérogènes qui font interv<strong>en</strong>ir les phases soli<strong>de</strong>s<br />

et gazeuse.


24 Chapitre 1. Contexte sci<strong>en</strong>tifique<br />

• Les réactions homogènes<br />

Le modèle le plus simple pour une atmosphère terrestre, <strong>en</strong> l’abs<strong>en</strong>ce d’ab<strong>la</strong>tion apportant<br />

<strong>de</strong>s produits carbonés et pour une température inférieure à 10 000K [44], est composé <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

élém<strong>en</strong>ts (N,O) et <strong>de</strong> 5 espèces : N 2 , O 2 , NO, O et N. Entre 2500K et 4000K, le dioxygène<br />

comm<strong>en</strong>ce à se dissocier <strong>en</strong> atomes d’oxygène. Des recombinaisons <strong>de</strong> monoxy<strong>de</strong> d’azote (NO)<br />

apparaiss<strong>en</strong>t. A partir <strong>de</strong> 4000K, le diazote comm<strong>en</strong>ce à son tour à se dissocier ainsi que le<br />

monoxy<strong>de</strong> d’azote. Les principales réactions chimiques sont données dans le tableau (Tab. 1.2).<br />

L’espèce chimique nommée M i est un catalyseur <strong>de</strong> <strong>la</strong> i-ème réaction chimique. Il est formé <strong>de</strong><br />

l’une <strong>de</strong>s espèces ou d’une combinaison <strong>de</strong>s espèces prés<strong>en</strong>tes : N 2 , O 2 , NO, O ou N. Il disparaît<br />

dans le bi<strong>la</strong>n global, son rôle étant <strong>de</strong> favoriser <strong>la</strong> réaction chimique. M 1 , M 2 , M 3 sont <strong>de</strong>s<br />

catalyseurs fonctions <strong>de</strong>s 5 espèces chimiques :<br />

O 2 + M 1 ⇐⇒ 2O + M 1<br />

N 2 + M 2 ⇐⇒ 2N + M 2<br />

NO + M 3 ⇐⇒ N + O + M 3<br />

NO + O ⇐⇒ N + O 2<br />

N 2 + O ⇐⇒ NO + N<br />

Table 1.2 – Principales réactions chimiques<br />

M 1 = N 2 + O 2 + NO+ 5N+ 5O<br />

M 2 = N 2 + 7O 2 + 7NO+ 30N+ 30O<br />

M 3 = N 2 + O 2 + 22NO+ 22N+ 22O<br />

Pour <strong>de</strong>s températures supérieures à 9 000K, le gaz <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t un p<strong>la</strong>sma faiblem<strong>en</strong>t ionisé composé<br />

<strong>de</strong> N, O mais égalem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> O + , NO + , N + et d’électrons libres. Un modèle d’atmosphère<br />

plus ou moins sophistiqué existe pour chaque p<strong>la</strong>nète explorée.<br />

• Les réactions hétérogènes<br />

Les réactions chimiques hétérogènes sont nombreuses considérant <strong>la</strong> gamme <strong>de</strong> températures<br />

<strong>en</strong>visageables. Parmi elles, on peut citer les réactions occasionnées par l’injection <strong>de</strong> gaz issus <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> pyrolyse ainsi que les réactions <strong>de</strong> recombinaison <strong>de</strong>s ions et <strong>de</strong>s électrons. La pyrolyse et les<br />

réactions d’ab<strong>la</strong>tion sont <strong>de</strong>s réactions à bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong> masse non nul. Au cours du temps, le carbone<br />

constitutif <strong>de</strong> <strong>la</strong> protection thermique réagit avec les molécules du milieu flui<strong>de</strong>, ce qui dégra<strong>de</strong><br />

le matériau. Les recombinaisons catalytiques se déroul<strong>en</strong>t à bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong> masse nul. De plus, ces<br />

réactions sont exothermiques et ont un impact sur le réchauffem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> <strong>la</strong> surface du matériau.<br />

Ceci dit, ce sont bi<strong>en</strong> les réactions d’ab<strong>la</strong>tion qui vont particulièrem<strong>en</strong>t nous intéresser ici.<br />

La prise <strong>en</strong> compte <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion est un processus compliqué. Une vaste littérature existe sur<br />

<strong>la</strong> chimie du carbone et une variété <strong>de</strong> modèles existe, parmi eux on citera [17], [43] et [69].<br />

Les modèles d’ab<strong>la</strong>tion décriv<strong>en</strong>t l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s phénomènes physico-chimiques concourant à <strong>la</strong><br />

disparition <strong>de</strong> matière <strong>en</strong> surface du matériau. Ils pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong> compte les phénomènes <strong>de</strong> diffusion<br />

dans <strong>la</strong> couche limite (oxygène) et les produits chimiques formés à <strong>la</strong> paroi. La diffusion joue un<br />

rôle extrêmem<strong>en</strong>t important puisqu’elle limite les taux <strong>de</strong> réaction à <strong>la</strong> surface, notamm<strong>en</strong>t pour<br />

l’oxygène, suivant le régime <strong>de</strong> température. Pour cette étu<strong>de</strong> on dissocie le processus d’ab<strong>la</strong>tion<br />

<strong>en</strong> <strong>de</strong>ux parties : oxydation et sublimation.


Chapitre 1. Contexte sci<strong>en</strong>tifique 25<br />

Réaction d’oxydation du carbone : le premier mécanisme r<strong>en</strong>contré est <strong>la</strong> réaction<br />

d’oxydation <strong>en</strong>tre le matériau et l’air qui conduit à <strong>la</strong> formation d’un nouveau composé : le<br />

monoxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone CO (Fig. 1.5).<br />

Équation bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong> <strong>la</strong> réaction :<br />

2C (s) + O 2 −→ 2CO<br />

Figure 1.5 – Réaction d’oxydation du carbone<br />

Pour T < 1000K, l’ab<strong>la</strong>tion est contrôlée principalem<strong>en</strong>t par <strong>la</strong> cinétique <strong>de</strong>s réactions d’oxydation<br />

à <strong>la</strong> paroi. Cep<strong>en</strong>dant les réactions d’oxydation sont trop l<strong>en</strong>tes pour brûler tout l’oxygène<br />

qui diffuse <strong>de</strong> <strong>la</strong> frontière extérieure <strong>de</strong> <strong>la</strong> couche limite vers <strong>la</strong> paroi. Dans ce régime, le débit<br />

d’ab<strong>la</strong>tion ṁ oxi est une fonction croissante <strong>de</strong> <strong>la</strong> température <strong>de</strong> paroi.<br />

Pour 1000K < T < 2500K, l’ab<strong>la</strong>tion est limitée par <strong>la</strong> diffusion <strong>de</strong> l’oxygène vers <strong>la</strong> paroi.<br />

Tout l’oxygène qui diffuse vers <strong>la</strong> paroi est consommé immédiatem<strong>en</strong>t par le carbone. Le débit<br />

d’ab<strong>la</strong>tion reste constant alors que <strong>la</strong> température croît. La figure 1.6 représ<strong>en</strong>te le débit massique<br />

d’ab<strong>la</strong>tion réduit <strong>en</strong> fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> température pour <strong>de</strong>s pressions différ<strong>en</strong>tes. à <strong>de</strong>s températures<br />

plus élevées, le dioxygène va se dissocier pour donner <strong>de</strong>ux atomes d’oxygène. La réaction<br />

d’oxydation se déroulera avec l’oxydant O.<br />

Figure 1.6 – Débit d’ab<strong>la</strong>tion <strong>en</strong> fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> température [29]<br />

Réaction <strong>de</strong> sublimation du carbone : à très haute température (T > 3000 K), l’oxy<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> carbone réagit avec l’azote pour former <strong>de</strong>s espèces CN, C 2 N 2 , etc. En même temps, le<br />

carbone se sublime <strong>en</strong> créant une multitu<strong>de</strong> d’espèces C α (pour α compris <strong>en</strong>tre 1 et 5) (Fig.<br />

1.7).<br />

Ces interactions vont avoir plusieurs conséqu<strong>en</strong>ces sur <strong>la</strong> conception du bouclier. Elles vont<br />

d’abord modifier l’état <strong>de</strong> surface du bouclier thermique ce qui augm<strong>en</strong>tera les contraintes par-


26 Chapitre 1. Contexte sci<strong>en</strong>tifique<br />

Équation bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong> <strong>la</strong> réaction :<br />

nC (s) −→ C n<br />

Figure 1.7 – Réaction <strong>de</strong> sublimation du Carbone<br />

iétales. Ainsi, lors du vol <strong>de</strong> <strong>la</strong> son<strong>de</strong>, <strong>la</strong> déformation du bouclier <strong>de</strong>vra être prise <strong>en</strong> compte afin<br />

<strong>de</strong> corriger <strong>la</strong> trajectoire <strong>de</strong> r<strong>en</strong>trée. Pour toutes ces raisons et leurs conséqu<strong>en</strong>ces sur <strong>la</strong> son<strong>de</strong>,<br />

il est nécessaire <strong>de</strong> pouvoir caractériser l’évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> structure du matériau et <strong>de</strong> connaître<br />

son impact sur l’écoulem<strong>en</strong>t.<br />

1.1.2.3 Récapitu<strong>la</strong>tif <strong>de</strong>s phénomènes pariétaux<br />

Comme l’attest<strong>en</strong>t les <strong>de</strong>ux paragraphes précé<strong>de</strong>nts, <strong>la</strong> phénoménologie <strong>de</strong> <strong>la</strong> r<strong>en</strong>trée est<br />

complexe. Elle met <strong>en</strong> jeu un nombre important <strong>de</strong> concepts et r<strong>en</strong>d, par <strong>la</strong> même occasion, toute<br />

t<strong>en</strong>tative <strong>de</strong> modélisation complète ambitieuse. Nous proposons ici au lecteur un récapitu<strong>la</strong>tif<br />

<strong>de</strong>s ces phénomènes sous <strong>la</strong> forme <strong>de</strong> schémas. D’abord, <strong>la</strong> figure 1.8 prés<strong>en</strong>te les principaux<br />

transferts et échanges <strong>en</strong>tre l’écoulem<strong>en</strong>t réactif et le bouclier thermique <strong>en</strong> carbone. De son<br />

côté, le schéma 1.9 résume toutes les réactions chimiques qui ont lieu <strong>en</strong> surface et au cœur du<br />

matériau.<br />

Figure 1.8 – Résumé <strong>de</strong>s phénomènes physiques associés aux transferts pariétaux<br />

1.1.3 Développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> rugosités<br />

1.1.3.1 Les essais expérim<strong>en</strong>taux disponibles<br />

Pour connaître l’évolution structurelle du bouclier thermique au cours du temps, nous pouvons<br />

avoir recours à <strong>de</strong>s essais <strong>en</strong> <strong>la</strong>boratoire. Afin <strong>de</strong> reproduire certaines conditions <strong>de</strong> r<strong>en</strong>trée


Chapitre 1. Contexte sci<strong>en</strong>tifique 27<br />

Figure 1.9 – Résumé <strong>de</strong>s réactions chimiques mises <strong>en</strong> jeu<br />

atmosphérique et notamm<strong>en</strong>t l’ab<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong> protection <strong>en</strong> carbone, il est nécessaire <strong>de</strong> recréer<br />

l’interaction <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t avec le matériau. Pour ce<strong>la</strong>, il faut disposer d’une soufflerie chau<strong>de</strong> à<br />

jet continu. Le moy<strong>en</strong> traditionnellem<strong>en</strong>t utilisé est le « jet <strong>de</strong> p<strong>la</strong>sma »(Fig. 1.10(a)). Ce moy<strong>en</strong><br />

est une soufflerie dans <strong>la</strong>quelle l’air, ou tout autre gaz d’étu<strong>de</strong>, est chauffé par l’intermédiaire d’un<br />

arc électrique continu. Ainsi, un échantillon <strong>de</strong> tuile <strong>en</strong> carbone est positionné p<strong>en</strong>dant quelques<br />

secon<strong>de</strong>s <strong>en</strong> sortie <strong>de</strong> tuyère pour recevoir le gaz chauffé et recréer l’échauffem<strong>en</strong>t aérodynamique<br />

(Fig. 1.10(b)).<br />

(a)<br />

(b)<br />

Figure 1.10 – Expéri<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Jet <strong>de</strong> p<strong>la</strong>sma<br />

Malgré les fortes puissances installées, il n’est pas possible <strong>de</strong> reproduire parfaitem<strong>en</strong>t toutes<br />

les conditions <strong>de</strong> vol. Il est nécessaire <strong>de</strong> faire un choix parmi les paramètres à reconstituer<br />

et donc <strong>de</strong> n’accepter qu’une représ<strong>en</strong>tation partielle <strong>de</strong> l’essai. On choisit généralem<strong>en</strong>t d’être<br />

représ<strong>en</strong>tatif <strong>en</strong> pression et <strong>en</strong> flux <strong>de</strong> chaleur, ce qui permet d’avoir <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts <strong>la</strong>minaires<br />

ou turbul<strong>en</strong>ts. Dans tous les cas, les vitesses d’ab<strong>la</strong>tion obt<strong>en</strong>ues sont ainsi voisines <strong>de</strong> celles<br />

d’une r<strong>en</strong>trée. La figure 1.11 représ<strong>en</strong>te <strong>de</strong>ux essais <strong>de</strong> jet <strong>de</strong> p<strong>la</strong>sma à <strong>de</strong>ux régimes d’écoulem<strong>en</strong>t<br />

différ<strong>en</strong>ts d’un graphite polycristallin. En régime <strong>la</strong>minaire (Fig. 1.11(a)), l’état <strong>de</strong> surface


28 Chapitre 1. Contexte sci<strong>en</strong>tifique<br />

du matériau reste lisse étant donné que <strong>la</strong> hauteur <strong>de</strong> rugosité reste inférieure à 2 µm. En revanche,<br />

pour un régime turbul<strong>en</strong>t (Fig. 1.11(b)), ce même matériau prés<strong>en</strong>te un état <strong>de</strong> surface<br />

tourm<strong>en</strong>tée avec une rugosité non négligeable selon l’échelle <strong>de</strong> Nikuradse [40], <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

hauteur <strong>de</strong> rugosité à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle une surface n’est plus considérée comme hydrauliquem<strong>en</strong>t<br />

lisse étant comprise <strong>en</strong>tre 3 µm et 25 µm.<br />

(a)<br />

(b)<br />

Figure 1.11 – État <strong>de</strong> surface d’un graphite ab<strong>la</strong>té <strong>en</strong> régime <strong>la</strong>minaire (a) et turbul<strong>en</strong>t (b)<br />

À l’issue <strong>de</strong> ces essais, nous pouvons affirmer que <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> joue un rôle sur <strong>la</strong> formation<br />

et l’aspect <strong>de</strong>s rugosités. Tout l’<strong>en</strong>jeu <strong>de</strong> ces travaux est <strong>de</strong> caractériser l’interaction <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t<br />

turbul<strong>en</strong>t avec <strong>la</strong> taille et <strong>la</strong> structure <strong>de</strong>s rugosités apparaissant à <strong>la</strong> surface du bouclier<br />

thermique.<br />

1.1.3.2 Effets pratiques <strong>de</strong> l’apparition <strong>de</strong> <strong>la</strong> rugosité<br />

Dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> r<strong>en</strong>trée atmosphérique, les effets <strong>de</strong> l’apparition <strong>de</strong> rugosités à <strong>la</strong> surface<br />

du bouclier thermique sont multiples. D’abord, ces rugosités <strong>en</strong>traîn<strong>en</strong>t le décl<strong>en</strong>chem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> transition <strong>la</strong>minaire-turbul<strong>en</strong>t. En effet, les irrégu<strong>la</strong>rités géométriques <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> surface<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi vont désorganiser les trajectoires <strong>de</strong>s particules <strong>de</strong> flui<strong>de</strong>, donnant naissance à <strong>de</strong>s<br />

mouvem<strong>en</strong>ts tourbillonnants et irréguliers (Fig. 1.12), favorisant <strong>de</strong> fait, <strong>la</strong> transition <strong>la</strong>minaireturbul<strong>en</strong>t.<br />

Figure 1.12 – Conséqu<strong>en</strong>ce d’une rugosité isolée sur une couche limite <strong>la</strong>minaire [36]<br />

Les rugosités prés<strong>en</strong>tes à <strong>la</strong> surface d’un matériau ab<strong>la</strong>table vont égalem<strong>en</strong>t jouer un rôle<br />

fondam<strong>en</strong>tal sur les échanges <strong>de</strong> masse et <strong>de</strong> chaleur. Nikuradse a déjà mis <strong>en</strong> évi<strong>de</strong>nce expérim<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t<br />

dans les années 30, l’augm<strong>en</strong>tation d’échange <strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> mouvem<strong>en</strong>t et


Chapitre 1. Contexte sci<strong>en</strong>tifique 29<br />

d’énergie dans <strong>la</strong> couche limite pour <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> conduite dont les parois avai<strong>en</strong>t été<br />

frottées par <strong>de</strong> <strong>la</strong> toile émerie [40]. Des résultats expérim<strong>en</strong>taux issus du programme PANT<br />

pour PAssive Nosetip Technology [67] ont démontré une augm<strong>en</strong>tation du flux <strong>de</strong> chaleur pariétal<br />

al<strong>la</strong>nt jusqu’à 300 % pour <strong>de</strong>s rugosités <strong>de</strong> 90 µm (Fig. 1.13).<br />

Figure 1.13 – Influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> rugosité sur le flux thermique <strong>en</strong> régime turbul<strong>en</strong>t [67]<br />

1.2 Introduction à <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong><br />

La <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> désigne l’état <strong>de</strong> mouvem<strong>en</strong>t d’un flui<strong>de</strong>, liqui<strong>de</strong> ou gaz, dans lequel <strong>la</strong> vitesse<br />

prés<strong>en</strong>te, <strong>en</strong> tout point, un caractère fluctuant traduisant <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> mouvem<strong>en</strong>ts irréguliers,<br />

chaotiques conv<strong>en</strong>tionnellem<strong>en</strong>t associés à <strong>de</strong>s tourbillons dont <strong>la</strong> taille, <strong>la</strong> localisation et l’ori<strong>en</strong>tation<br />

vari<strong>en</strong>t constamm<strong>en</strong>t. Tant par <strong>la</strong> nature <strong>de</strong>s flui<strong>de</strong>s mis <strong>en</strong> jeu que par les conditions<br />

<strong>de</strong> mouvem<strong>en</strong>t, il existe une très gran<strong>de</strong> variété d’écoulem<strong>en</strong>ts turbul<strong>en</strong>ts. En dépit <strong>de</strong> cette<br />

diversité, ces écoulem<strong>en</strong>ts possè<strong>de</strong>nt tous un certain nombre <strong>de</strong> propriétés communes, ce qui<br />

justifie leur regroupem<strong>en</strong>t sous l’égi<strong>de</strong> d’un même régime. La caractéristique ess<strong>en</strong>tielle <strong>de</strong> ce<br />

régime est l’agitation turbul<strong>en</strong>te qui se manifeste par <strong>de</strong>s mouvem<strong>en</strong>ts désordonnés sur toute<br />

une p<strong>la</strong>ge d’échelles à l’ordre du milieu continu. C’est pourquoi <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> n’est pas liée à <strong>la</strong><br />

nature physique du flui<strong>de</strong> mais à son mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> mouvem<strong>en</strong>t. Ces propriétés particulières confèr<strong>en</strong>t<br />

à l’agitation turbul<strong>en</strong>te une complexité difficile à cerner. Les recherches m<strong>en</strong>ées <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> fin du<br />

XIX eme siècle et les premiers travaux d’Osborne Reynolds, aspir<strong>en</strong>t à développer une théorie<br />

<strong>de</strong>scriptive et prédictive <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts turbul<strong>en</strong>ts.<br />

Dans ce paragraphe seront prés<strong>en</strong>tés les principales propriétés d’un écoulem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t,<br />

l’approche spectrale à <strong>la</strong>quelle nous ferons référ<strong>en</strong>ce tout au long <strong>de</strong> ce travail et les métho<strong>de</strong>s<br />

actuellem<strong>en</strong>t utilisées pour <strong>la</strong> simuler.<br />

1.2.1 Généralités sur les écoulem<strong>en</strong>ts turbul<strong>en</strong>ts<br />

1.2.1.1 Observations du phénomène<br />

En régime <strong>la</strong>minaire, les caractéristiques <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t (température, pression, vitesse, ...)<br />

sont <strong>de</strong>s fonctions déterministes, c’est-à-dire qu’à partir <strong>de</strong> conditions initiales et aux limites<br />

i<strong>de</strong>ntiques, les résultats obt<strong>en</strong>us rest<strong>en</strong>t inchangés. En d’autres termes, <strong>de</strong>ux réalisations d’un<br />

même écoulem<strong>en</strong>t donn<strong>en</strong>t le même résultat. Il <strong>en</strong> est tout autrem<strong>en</strong>t dans le cas du régime<br />

turbul<strong>en</strong>t ; <strong>en</strong> effet, diverses réalisations d’un même écoulem<strong>en</strong>t (mêmes conditions initiales et


30 Chapitre 1. Contexte sci<strong>en</strong>tifique<br />

aux limites, même métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> calcul) fourniss<strong>en</strong>t non pas un résultat mais un <strong>en</strong>semble <strong>de</strong><br />

réalisations. L’agitation turbul<strong>en</strong>te possè<strong>de</strong> donc un caractère aléatoire, ce qui justifie <strong>la</strong> mise<br />

<strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce d’un post-traitem<strong>en</strong>t statistique <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> (cf. 2.2).<br />

(a) Nuage <strong>de</strong> fumée au-<strong>de</strong>ssus du volcan<br />

Grimsvoeth, Is<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, 21 mai 2011<br />

(b) Allées <strong>de</strong> Von-Kàrmàn aux<br />

niveaux <strong>de</strong>s Îles Canaries<br />

Figure 1.14 – Visualisation d’écoulem<strong>en</strong>ts turbul<strong>en</strong>ts réels<br />

1.2.1.2 Principales propriétés d’un écoulem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t<br />

Il serait précipité <strong>de</strong> désigner <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> comme un phénomène uniquem<strong>en</strong>t aléatoire,<br />

car <strong>de</strong>puis quelques années, nous savons qu’il existe <strong>de</strong>s mouvem<strong>en</strong>ts organisés i<strong>de</strong>ntifiables au<br />

sein <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t, même <strong>en</strong> régime pleinem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t. Voici une liste <strong>de</strong>s caractéristiques<br />

ess<strong>en</strong>tielles <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> :<br />

Irrégu<strong>la</strong>rité du mouvem<strong>en</strong>t : c’est <strong>la</strong> caractéristique <strong>la</strong> plus facilem<strong>en</strong>t observable. Les<br />

variables comme <strong>la</strong> vitesse, <strong>la</strong> pression, <strong>la</strong> masse volumique ou <strong>en</strong>core <strong>la</strong> température prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong>s fluctuations aléatoires.<br />

Nombre <strong>de</strong> Reynolds élevé : l’origine <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> est le résultat d’une déstabilisation<br />

<strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t <strong>la</strong>minaire qui intervi<strong>en</strong>t lorsque le nombre <strong>de</strong> Reynolds dépasse une certaine<br />

valeur critique. Pour <strong>de</strong> faibles nombres <strong>de</strong> Reynolds, l’écoulem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>meure <strong>la</strong>minaire <strong>de</strong> manière<br />

perman<strong>en</strong>te, toute év<strong>en</strong>tuelle instabilité étant immédiatem<strong>en</strong>t corrigée par <strong>la</strong> prépondérance<br />

<strong>de</strong>s effets stabilisants. Par contre, dès que ce nombre <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t grand, l’écoulem<strong>en</strong>t est le siège<br />

d’un régime turbul<strong>en</strong>t (Fig. 1.15(a)). Il représ<strong>en</strong>te le rapport <strong>en</strong>tre le temps nécessaire à une<br />

perturbation pour être amortie par <strong>la</strong> viscosité du flui<strong>de</strong> et le temps mis par une particule pour<br />

traverser une distance caractéristique <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t sous l’effet <strong>de</strong> son inertie [32].<br />

Diffusivité accrue et cinématique rotationnelle : <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> accélère le processus <strong>de</strong><br />

mé<strong>la</strong>nge par le brassage et <strong>la</strong> dispersion qu’elle <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre, <strong>de</strong> plus les écoulem<strong>en</strong>ts turbul<strong>en</strong>ts<br />

sont fortem<strong>en</strong>t rotationnels ; ces propriétés sont observables dans le cas simple d’un café que<br />

l’on mé<strong>la</strong>nge (Fig. 1.15(b)). Ces structures tourbillonnaires jou<strong>en</strong>t un rôle important dans les<br />

mécanismes <strong>de</strong> transfert d’énergie.<br />

Dissipation : les écoulem<strong>en</strong>ts turbul<strong>en</strong>ts sont toujours dissipatifs. L’énergie cinétique turbul<strong>en</strong>te<br />

est dissipée par les contraintes visqueuses, on parle <strong>de</strong> décroissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>.


Chapitre 1. Contexte sci<strong>en</strong>tifique 31<br />

(a) Représ<strong>en</strong>tation schématique <strong>de</strong>s lignes <strong>de</strong><br />

courant suivant le régime<br />

(b) Visualisation <strong>de</strong> l’accélération du<br />

processus <strong>de</strong> mé<strong>la</strong>nge<br />

Figure 1.15 – Diffusivité accrue <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts turbul<strong>en</strong>ts<br />

Une multitu<strong>de</strong> d’échelles : les écoulem<strong>en</strong>ts turbul<strong>en</strong>ts sont formés d’une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> tourbillons<br />

ayant <strong>de</strong>s tailles, <strong>de</strong>s ori<strong>en</strong>tations et <strong>de</strong>s distributions différ<strong>en</strong>tes (Fig. 1.16). Dép<strong>en</strong>dantes<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> configuration étudiée, les fluctuations à gran<strong>de</strong> échelle coexist<strong>en</strong>t avec celles agissant à petite<br />

échelle qui possè<strong>de</strong>nt une dynamique propre, plus ou moins indép<strong>en</strong>dante <strong>de</strong> <strong>la</strong> géométrie.<br />

Plusieurs échelles caractéristiques seront prés<strong>en</strong>tées pour préciser cet aspect <strong>de</strong> l’agitation (cf.<br />

1.2.1.3).<br />

Figure 1.16 – Vue 2D d’un champ <strong>de</strong> vorticité d’un écoulem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t<br />

Ainsi, <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>, ou l’agitation <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t dit turbul<strong>en</strong>t, se développe dans <strong>la</strong> plupart<br />

<strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts qui conditionn<strong>en</strong>t notre <strong>en</strong>vironnem<strong>en</strong>t immédiat (rivières, océans, atmosphère).<br />

Elle se révèle être aussi un, sinon le, paramètre dim<strong>en</strong>sionnant dans un bon nombre<br />

d’écoulem<strong>en</strong>ts industriels. Il n’est donc pas étonnant que soi<strong>en</strong>t <strong>en</strong>trepris <strong>de</strong>s efforts visant sa<br />

prédiction. Paradoxalem<strong>en</strong>t, même s’il est possible d’anticiper <strong>la</strong> nature turbul<strong>en</strong>te d’un écoulem<strong>en</strong>t<br />

et même, d’un point <strong>de</strong> vue théorique, <strong>de</strong> dégager certaines caractéristiques communes et<br />

apparemm<strong>en</strong>t universelles aux écoulem<strong>en</strong>ts turbul<strong>en</strong>ts, leur prédiction dans <strong>de</strong>s cas précis reste<br />

délicate. Les chercheurs ne sont pourtant pas démunis aujourd’hui pour abor<strong>de</strong>r ce problème. Ils<br />

considèr<strong>en</strong>t ainsi que <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> peut être appréh<strong>en</strong>dée comme un phénomène continu gouverné<br />

par les équations c<strong>la</strong>ssiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> mécanique <strong>de</strong>s flui<strong>de</strong>s : les équations <strong>de</strong> Navier-Stokes.<br />

Ces équations ainsi que les outils mathématiques nécessaires à leur compréh<strong>en</strong>sion seront abordés<br />

dans le chapitre 2.


32 Chapitre 1. Contexte sci<strong>en</strong>tifique<br />

1.2.1.3 Les échelles caractéristiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong><br />

Les échelles <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> sont <strong>de</strong> taille supra-molécu<strong>la</strong>ire, bornées inférieurem<strong>en</strong>t par une<br />

fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> viscosité ν du flui<strong>de</strong>. Cette limite inférieure correspond à l’équilibre <strong>en</strong>tre les forces<br />

d’inertie d’une part, et les forces <strong>de</strong> viscosité <strong>de</strong>s plus petits mouvem<strong>en</strong>ts d’agitation à l’échelle du<br />

continu, d’autre part. De leur coté, les gran<strong>de</strong>s échelles, fonctions <strong>de</strong> <strong>la</strong> configuration étudiée ainsi<br />

que moy<strong>en</strong>s <strong>de</strong> génération <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>, peuv<strong>en</strong>t s’ét<strong>en</strong>dre bi<strong>en</strong> au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> cette limite. La<br />

volonté d’estimer <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s structures responsables <strong>de</strong> <strong>la</strong> production d’énergie, <strong>de</strong> <strong>la</strong> dissipation<br />

du phénomène et <strong>en</strong>fin <strong>de</strong> <strong>la</strong> transition <strong>en</strong>tre ces <strong>de</strong>ux phénomènes, nous conduit à considérer<br />

trois échelles caractéristiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> : l’échelle <strong>de</strong> Kolmogorov η, <strong>la</strong> micro-échelle <strong>de</strong><br />

Taylor λ T et l’échelle <strong>de</strong>s tourbillons porteurs d’énergie turbul<strong>en</strong>te l t (ou l T suivant <strong>la</strong> définition<br />

adoptée). Ces différ<strong>en</strong>tes longueurs s’exprim<strong>en</strong>t <strong>en</strong> fonction <strong>de</strong>s paramètres <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t tels<br />

que <strong>la</strong> dissipation ε, <strong>la</strong> viscosité µ et l’agitation turbul<strong>en</strong>te u ′ .<br />

L’échelle <strong>de</strong> Kolmogorov : liée à <strong>la</strong> dissipation, elle peut être prise au s<strong>en</strong>s d’une échelle <strong>de</strong><br />

longueur η et une échelle <strong>de</strong> temps τ η <strong>de</strong> retournem<strong>en</strong>t. Le nombre <strong>de</strong> Reynolds <strong>de</strong>s tourbillons<br />

<strong>de</strong> Kolmogorov Re η est <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> l’unité, <strong>en</strong> conformité avec le rôle dominant <strong>de</strong>s effets<br />

visqueux à cette échelle. Il s’agit <strong>de</strong> <strong>la</strong> plus petite échelle associée à <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>.<br />

η =<br />

(<br />

ν<br />

3<br />

ε<br />

) 1<br />

4<br />

(1.2)<br />

v η = (νε) 1 4 (1.3)<br />

( ) 1<br />

ν 2<br />

τ η =<br />

ε<br />

(1.4)<br />

Re η = ηv η<br />

ν = 1 (1.5)<br />

L’échelle <strong>de</strong> Taylor : aussi appelée micro-échelle λ T (ou échelle <strong>de</strong> Taylor), elle correspond<br />

à <strong>la</strong> distance parcourue par un tourbillon <strong>de</strong> taille η transporté à <strong>la</strong> vitesse u ′ avant qu’il ne soit<br />

totalem<strong>en</strong>t dissipé. Plusieurs expressions exist<strong>en</strong>t pour caractériser cette échelle, nous choisissons<br />

d’adopter <strong>la</strong> définition basée sur l’énergie cinétique k suivante :<br />

λ T =<br />

√<br />

15νu ′2<br />

ε<br />

(1.6)<br />

v λ = u ′ (1.7)<br />

Re λ = λ T u ′<br />

ν<br />

(1.8)<br />

Re λ quantifie <strong>la</strong> séparation <strong>de</strong>s échelles <strong>en</strong>tre les structures porteuses d’énergies et les petites<br />

structures dissipatives.


Chapitre 1. Contexte sci<strong>en</strong>tifique 33<br />

L’échelle intégrale : liée à <strong>la</strong> production, cette macro-échelle est définie par :<br />

l t = u′3<br />

ε<br />

(1.9)<br />

v t = u ′ (1.10)<br />

τ t = u′2<br />

ε<br />

Re t = u′ l t<br />

ν = u′4<br />

εν<br />

(1.11)<br />

(1.12)<br />

avec l t <strong>la</strong> longueur turbul<strong>en</strong>te et τ t le temps <strong>de</strong> retournem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s tourbillons porteurs d’énergie.<br />

D’autres re<strong>la</strong>tions exist<strong>en</strong>t pour exprimer les échelles <strong>de</strong> longueur re<strong>la</strong>tives à l’échelle intégrale,<br />

celles que nous v<strong>en</strong>ons <strong>de</strong> voir s’appui<strong>en</strong>t sur le paramètre u ′ , celles que nous proposons maint<strong>en</strong>ant<br />

s’appui<strong>en</strong>t elles sur l’énergie cinétique k avec :<br />

l T = k 3 2<br />

ε<br />

τ T = k ε<br />

(1.13)<br />

(1.14)<br />

Re T = k2<br />

εν<br />

(1.15)<br />

Ces <strong>de</strong>ux définitions sont bi<strong>en</strong> re<strong>la</strong>tives à <strong>la</strong> même échelle <strong>de</strong> longueur compte-t<strong>en</strong>u <strong>de</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion<br />

k = 3 2 u′ 2 . En outre, il est possible <strong>de</strong> relier certains nombres <strong>de</strong> Reynolds <strong>en</strong>tre eux avec :<br />

Re T = 3<br />

20 Re2 λ (1.16)<br />

Re T = 9 4 Re t (1.17)<br />

1.2.1.4 Aspects <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> au voisinage d’une surface <strong>de</strong> blocage<br />

En régime incompressible, <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>ce d’une paroi <strong>en</strong>traîne <strong>de</strong>s modifications qui peuv<strong>en</strong>t être<br />

attribuées à trois facteurs distincts que sont le cisaillem<strong>en</strong>t par le champ moy<strong>en</strong>, <strong>la</strong> viscosité par<br />

réduction locale du nombre <strong>de</strong> Reynolds et le blocage par confinem<strong>en</strong>t inertiel. Lorsque les trois<br />

facteurs opèr<strong>en</strong>t simultaném<strong>en</strong>t (dans une couche limite réelle), l’effet global résultant s’obti<strong>en</strong>t<br />

par simple addition <strong>de</strong>s effets élém<strong>en</strong>taires.<br />

En régime turbul<strong>en</strong>t, <strong>la</strong> paroi provoque l’anisotropie <strong>de</strong> l’agitation turbul<strong>en</strong>te. En effet, <strong>la</strong><br />

condition d’adhér<strong>en</strong>ce imposée à <strong>la</strong> paroi et appliquée à une <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> quasi-homogène et<br />

isotrope provoque, <strong>en</strong> l’abs<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> tout autre effet, un amortissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>sions <strong>de</strong> Reynolds<br />

normales. Cet amortissem<strong>en</strong>t diffuse transversalem<strong>en</strong>t selon les échelles réglées sur <strong>la</strong> viscosité<br />

du flui<strong>de</strong>. En l’abs<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> blocage transversal (v ≠ 0 à <strong>la</strong> paroi), l’atténuation <strong>de</strong> ces contraintes<br />

est partiellem<strong>en</strong>t comp<strong>en</strong>sée par l’effet <strong>de</strong> redistribution <strong>en</strong>tre composantes normales et tang<strong>en</strong>tielles<br />

sous l’action <strong>de</strong>s corré<strong>la</strong>tions pression-déformation. Ces mécanismes sont très prés<strong>en</strong>ts au<br />

voisinage immédiat <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi alors qu’ils s’atténu<strong>en</strong>t à mesure que l’on s’éloigne <strong>de</strong> <strong>la</strong> surface<br />

<strong>de</strong> blocage.<br />

Un état <strong>de</strong> l’art conséqu<strong>en</strong>t existe sur <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> <strong>en</strong> proche paroi, le lecteur souhaitant <strong>en</strong><br />

avoir un aperçu pourra se référer au paragraphe 5.1.1.1 du chapitre cinq. On y trouve notamm<strong>en</strong>t<br />

<strong>la</strong> chronologie <strong>de</strong>s progrès faits par <strong>la</strong> recherche pour caractériser ces phénomènes.


34 Chapitre 1. Contexte sci<strong>en</strong>tifique<br />

1.2.2 Représ<strong>en</strong>tation spectrale <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong><br />

L’approche naturelle consiste à étudier l’écoulem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t dans l’espace réel et ce dans<br />

le cadre le plus général. Pourtant l’analyse <strong>de</strong>s phénomènes dans l’espace <strong>de</strong> Fourier (aussi<br />

appelé espace spectral) s’avère souv<strong>en</strong>t plus efficace pour étudier les phénomènes qui nous intéress<strong>en</strong>t.<br />

Ce<strong>la</strong> permet, par exemple, <strong>de</strong> caractériser naturellem<strong>en</strong>t les mécanismes d’interactions<br />

et d’échanges <strong>en</strong>tre nombre d’on<strong>de</strong>, ou d’exploiter les métho<strong>de</strong>s <strong>numérique</strong>s spectrales ou pseudospectrales<br />

pour simuler <strong>numérique</strong>m<strong>en</strong>t les écoulem<strong>en</strong>ts turbul<strong>en</strong>ts.<br />

1.2.2.1 Spectres énergétiques et dissipatifs <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong><br />

Un tourbillon se caractérise dans l’espace spectral par sa fréqu<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> rotation et par son<br />

énergie cinétique. Un nombre d’on<strong>de</strong> κ est associé à chaque échelle <strong>de</strong> longueur caractéristique<br />

l tel que κ = 2π l<br />

. Il s’agit là d’un « raccourci conceptuel », l’association à tout nombre d’on<strong>de</strong><br />

d’un tourbillon <strong>en</strong> tant que structure physique i<strong>de</strong>ntifiée dans l’espace physique étant, <strong>en</strong> toute<br />

rigueur, abusive. Le spectre d’énergie qui est alors une fonction <strong>de</strong> κ et du temps t est c<strong>la</strong>ssiquem<strong>en</strong>t<br />

noté E(κ, t). Ce spectre est ess<strong>en</strong>tiel dans les simu<strong>la</strong>tions <strong>numérique</strong>s <strong>directe</strong>s : il<br />

est une caractéristique <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t considéré. Le spectre <strong>de</strong> dissipation D(κ, t) <strong>de</strong> l’énergie<br />

est dans le cas d’une THI, donné par <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion D(κ, t) = 2νκ 2 E(κ, t). Ces <strong>de</strong>ux spectres sont<br />

schématisés sur <strong>la</strong> figure (Fig. 1.17).<br />

Figure 1.17 – Représ<strong>en</strong>tation <strong>de</strong>s spectres énergétiques et dissipatifs <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong><br />

Pour un nombre <strong>de</strong> Reynolds <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> suffisant (i.e. une zone inertielle significative),<br />

le spectre d’énergie E(κ, t) peut être principalem<strong>en</strong>t caractérisé par <strong>de</strong>ux nombres d’on<strong>de</strong> :<br />

– κ e lié aux échelles les plus énergétiques (l e = 2π<br />

κ e<br />

), dép<strong>en</strong>dant <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> production<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>,<br />

– κ d lié aux échelles dissipatives (l d = 2π<br />

κ d<br />

) fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> viscosité du flui<strong>de</strong> et du taux <strong>de</strong><br />

dissipation.<br />

Le rapport κ d /κ e permet <strong>de</strong> caractériser <strong>la</strong> dynamique <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t dans le s<strong>en</strong>s où il<br />

détermine <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> cette zone inertielle. Dans cette zone, <strong>la</strong> forme du spectre d’énergie est<br />

bi<strong>en</strong> connue, elle est donnée par <strong>la</strong> loi spectrale <strong>de</strong> Kolmogorov :<br />

E(κ) = Aε 2/3 κ −5/3 (1.18)


Chapitre 1. Contexte sci<strong>en</strong>tifique 35<br />

La valeur <strong>de</strong> A est fournie par les données expérim<strong>en</strong>tales : A = 1.5. Cette loi suppose implicitem<strong>en</strong>t<br />

que κ e


36 Chapitre 1. Contexte sci<strong>en</strong>tifique<br />

<strong>de</strong> l’énergie sous forme <strong>de</strong> chaleur. Cette zone conti<strong>en</strong>t le pic <strong>de</strong> dissipation correspondant<br />

au nombre d’on<strong>de</strong> κ d , maximum du spectre <strong>de</strong> dissipation.<br />

Ce scénario <strong>de</strong> casca<strong>de</strong> énergétique a été proposé à l’origine par Richardson. Ce <strong>de</strong>rnier<br />

soulignait que dans ce processus <strong>de</strong> casca<strong>de</strong> <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s échelles vers les petites échelles, les<br />

interactions non linéaires étai<strong>en</strong>t ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t locales, c’est-à-dire que <strong>la</strong> casca<strong>de</strong> se fait par <strong>de</strong>s<br />

petits sauts d’une échelle à une autre, voisine, mais plus petite. Autrem<strong>en</strong>t dit, le flux d’énergie<br />

à une échelle donnée ne fait qu’interv<strong>en</strong>ir principalem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s échelles <strong>de</strong> taille comparable.<br />

Ce scénario est illustré artistiquem<strong>en</strong>t sur <strong>la</strong> figure 1.19 ci-<strong>de</strong>ssous. Même si <strong>en</strong> théorie, cette<br />

image s’avère être une image m<strong>en</strong>tale, elle permet <strong>de</strong> s’affranchir <strong>de</strong> <strong>la</strong> complexité re<strong>la</strong>tive <strong>de</strong>s<br />

écoulem<strong>en</strong>ts turbul<strong>en</strong>ts.<br />

Figure 1.19 – Scénario <strong>de</strong> <strong>la</strong> casca<strong>de</strong> énergétique imaginé par Richardson<br />

1.2.2.3 Li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre l’espace physique et l’espace <strong>de</strong> Fourier<br />

Afin <strong>de</strong> maint<strong>en</strong>ir une cohér<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre les espaces réel et spectral, le spectre énergétique <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> est défini <strong>de</strong> telle sorte que son aire dans l’espace spectral correspon<strong>de</strong> à l’énergie<br />

cinétique turbul<strong>en</strong>te k.<br />

k =<br />

∫ ∞<br />

0<br />

E(κ)dκ (1.19)<br />

Dans un contexte <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> homogène isotrope (qui sera l’objet du chapitre 4), <strong>la</strong> dissipation<br />

turbul<strong>en</strong>te ε peut <strong>de</strong> <strong>la</strong> même manière être reliée aux expressions <strong>de</strong>s spectres E(κ) et D(κ) avec :<br />

ɛ =<br />

∫ ∞<br />

0<br />

2νκ 2 E(κ)dκ =<br />

∫ ∞<br />

0<br />

D(κ)dκ (1.20)<br />

La dissipation croissante aux petites échelles est due au terme κ 2 prov<strong>en</strong>ant <strong>de</strong> <strong>la</strong> dérivée <strong>de</strong>s<br />

fluctuations <strong>de</strong> vitesse dans l’espace spectral.<br />

Divers auteurs ont donné <strong>de</strong>s expressions pour E(κ, t), pour différ<strong>en</strong>tes p<strong>la</strong>ges spectrales<br />

et/ou modèles d’interactions. Pour <strong>la</strong> plupart, ces expressions sont obt<strong>en</strong>ues <strong>en</strong> résolvant, pour<br />

un domaine particulier <strong>de</strong> nombres d’on<strong>de</strong>, l’équation <strong>de</strong> Lin d’évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité spectrale<br />

d’énergie, qui s’écrit <strong>en</strong> THI :<br />

∂<br />

∂t E(κ, t) = T (κ, t) − 2νκ2 E(κ, t) (1.21)


Chapitre 1. Contexte sci<strong>en</strong>tifique 37<br />

où T (κ, t) représ<strong>en</strong>te le transfert d’énergie <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>tes longueurs d’on<strong>de</strong>. Dans le cas<br />

d’une <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> homogène isotrope, T vérifie <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion :<br />

∫ ∞<br />

T (κ, t)dκ = 0 (1.22)<br />

0<br />

Le lecteur pourra trouver <strong>en</strong> annexe A une prés<strong>en</strong>tation détaillée <strong>de</strong>s spectres <strong>de</strong> Passot-Pouquet<br />

et <strong>de</strong> Von-Kármán Pao.<br />

1.2.3 Métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong><br />

1.2.3.1 Métho<strong>de</strong>s prédictives <strong>en</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong><br />

Nous allons dresser maint<strong>en</strong>ant une liste <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tes métho<strong>de</strong>s utilisées pour simuler <strong>la</strong><br />

<strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>. Ici, métho<strong>de</strong> sous-<strong>en</strong>t<strong>en</strong>d tout moy<strong>en</strong> permettant d’obt<strong>en</strong>ir <strong>de</strong>s élém<strong>en</strong>ts dim<strong>en</strong>sionnant<br />

quantitatifs autre que l’expérim<strong>en</strong>tation <strong>directe</strong> sur <strong>la</strong> configuration étudiée. Chassaing<br />

[13] i<strong>de</strong>ntifie ainsi sept types <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s qu’il c<strong>la</strong>sse <strong>en</strong> cinq générations (Tab. 1.3). Celles-ci<br />

traduis<strong>en</strong>t l’évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature <strong>de</strong> l’outil mathématique et du niveau <strong>de</strong> <strong>de</strong>scription statistique.<br />

Nous proposons <strong>en</strong>suite une <strong>de</strong>scription sommaire <strong>de</strong> chacune <strong>de</strong> ces métho<strong>de</strong>s, incluant<br />

leurs avantages et défauts respectifs.<br />

Indice <strong>de</strong><br />

génération<br />

Type <strong>de</strong> métho<strong>de</strong><br />

Nature <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions<br />

mathématiques<br />

1 Lois <strong>de</strong> régression et abaques Expressions <strong>en</strong>tre gran<strong>de</strong>urs<br />

primitives<br />

Type d’approche<br />

statistique<br />

Globale avant résolution<br />

2 Métho<strong>de</strong>s intégrales Équations différ<strong>en</strong>tielles Globale avant résolution<br />

3 Métho<strong>de</strong>s RANS<br />

Métho<strong>de</strong>s spectrales<br />

Métho<strong>de</strong>s probabilistes<br />

4 <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s<br />

échelles (LES)<br />

5 <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>numérique</strong> <strong>directe</strong><br />

(DNS)<br />

Équations aux dérivées<br />

partielles<br />

Équations aux dérivées<br />

partielles<br />

Équations aux dérivées<br />

partielles<br />

Table 1.3 – Métho<strong>de</strong>s prédictives <strong>en</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong><br />

Globale avant résolution<br />

Statistique partielle<br />

Statistique après résolution<br />

• Loi <strong>de</strong> régression et abaques<br />

Cette métho<strong>de</strong> propose <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions ou “corré<strong>la</strong>tions”<strong>en</strong>tre divers coeffici<strong>en</strong>ts (<strong>de</strong> frottem<strong>en</strong>ts,<br />

<strong>de</strong> perte <strong>de</strong> charge, <strong>de</strong> transfert, ...) et <strong>de</strong>s paramètres <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t (nombre <strong>de</strong> Reynolds,<br />

<strong>de</strong> Prandtl, <strong>de</strong> Schmidt, ...). Ces re<strong>la</strong>tions peuv<strong>en</strong>t être implicites ou explicites, analytiques<br />

ou graphiques. Elles provi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t généralem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> données expérim<strong>en</strong>tales ou <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

simu<strong>la</strong>tion plus précises (DNS par exemple).<br />

– Avantages : mise <strong>en</strong> œuvre rapi<strong>de</strong> et utilisation très simple.<br />

– Défauts : restriction à <strong>de</strong>s situations simples connues, limitation aux configurations d’écoulem<strong>en</strong>t<br />

prescrites lors <strong>de</strong> l’établissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s “corré<strong>la</strong>tions ”.<br />

• Métho<strong>de</strong>s intégrales<br />

Initialem<strong>en</strong>t développées pour l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> couche limite, ces métho<strong>de</strong>s repos<strong>en</strong>t<br />

sur une écriture simplifiée <strong>de</strong>s équations <strong>de</strong> Navier-Stokes selon les approximations <strong>de</strong> Prandtl et


38 Chapitre 1. Contexte sci<strong>en</strong>tifique<br />

utilis<strong>en</strong>t une expression différ<strong>en</strong>tielle ordinaire <strong>de</strong> ces équations locales obt<strong>en</strong>ue par intégration<br />

spatiale. Cep<strong>en</strong>dant, elles nécessit<strong>en</strong>t d’introduire certaines approximations (forme particulière<br />

du profil <strong>de</strong> vitesse, corré<strong>la</strong>tions <strong>en</strong>tre paramètres intégraux) pour être <strong>directe</strong>m<strong>en</strong>t résolues <strong>en</strong><br />

régime turbul<strong>en</strong>t.<br />

– Avantages : mise <strong>en</strong> œuvre simple, plus détaillée et plus souple que les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> première<br />

génération.<br />

– Défauts : géométries <strong>de</strong> couche limite, hypothèses <strong>de</strong> résolution expérim<strong>en</strong>tales.<br />

• Métho<strong>de</strong>s RANS<br />

Ces métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> statistiques <strong>en</strong> un point, aussi appelées métho<strong>de</strong>s RANS (Reynolds Averaged<br />

Navier-Stokes), consist<strong>en</strong>t <strong>en</strong> <strong>la</strong> résolution <strong>de</strong>s équations <strong>de</strong> Navier-Stokes dont les paramètres<br />

ont été au préa<strong>la</strong>ble moy<strong>en</strong>nés. Ce traitem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre une perte d’informations qu’il convi<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong> pallier par <strong>de</strong>s schémas <strong>de</strong> fermeture judicieusem<strong>en</strong>t é<strong>la</strong>borés que nous évoquerons dans le<br />

paragraphe 1.2.3.2. Ces équations moy<strong>en</strong>nées complétées d’hypothèses <strong>de</strong> fermeture fourniss<strong>en</strong>t<br />

ainsi un système conservant les caractères fondam<strong>en</strong>taux du système <strong>de</strong> Navier-Stokes (localité<br />

<strong>en</strong> variable d’Euler, non-linéarité advective, diffusion, dissipation).<br />

– Avantages : accès aux champs locaux <strong>de</strong> paramètres statistiques dans toute configuration<br />

géométrique, <strong>la</strong>rge év<strong>en</strong>tail <strong>de</strong> modèles <strong>de</strong> fermeture.<br />

– Défauts : non adaptées pour <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts caractérisés par <strong>de</strong>s phénomènes instationnaires<br />

importants, pas <strong>de</strong> modèle <strong>de</strong> validité générale.<br />

• Métho<strong>de</strong>s spectrales<br />

Ces métho<strong>de</strong>s s’appui<strong>en</strong>t sur <strong>de</strong>s équations obt<strong>en</strong>ues par transposition <strong>de</strong>s coordonnées physiques<br />

dans le domaine fréqu<strong>en</strong>tiel. De <strong>la</strong> même manière que les métho<strong>de</strong>s RANS, elles appell<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s<br />

problèmes <strong>de</strong> fermeture qui se distingu<strong>en</strong>t par <strong>la</strong> nécessité d’un traitem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> transformées <strong>de</strong><br />

Fourier. Elles trait<strong>en</strong>t ainsi <strong>de</strong> <strong>la</strong> hiérarchie tourbillonnaire et permett<strong>en</strong>t donc d’appréh<strong>en</strong><strong>de</strong>r les<br />

phénomènes fondam<strong>en</strong>taux <strong>directe</strong>m<strong>en</strong>t liés aux mécanismes <strong>de</strong> transferts internes <strong>de</strong> l’agitation<br />

turbul<strong>en</strong>te.<br />

– Avantages : simu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s phénomènes <strong>de</strong> transferts énergétiques liés à <strong>la</strong> casca<strong>de</strong> énergétique,<br />

– Défauts : spécificité du formalisme, restriction à <strong>de</strong>s situations homogènes (géométries<br />

simples).<br />

• Métho<strong>de</strong>s probabilistes<br />

Ces métho<strong>de</strong>s s’inscriv<strong>en</strong>t dans le prolongem<strong>en</strong>t fini <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s RANS et spectrales, dans <strong>la</strong><br />

mesure où ce ne sont plus les mom<strong>en</strong>ts d’ordre ou leurs équival<strong>en</strong>ts spectraux qui font l’objet<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription statistique mais les fonctions <strong>de</strong> probabilités proprem<strong>en</strong>t dites. Les équations<br />

re<strong>la</strong>tives à ces f.d.p, issues d’un traitem<strong>en</strong>t approprié <strong>de</strong>s équations instantanées, pos<strong>en</strong>t là <strong>en</strong>core<br />

un problème spécifique <strong>de</strong> fermeture.<br />

– Avantages : adaptées aux questions <strong>de</strong> suivi <strong>la</strong>grangi<strong>en</strong> (transport <strong>de</strong> particules, mé<strong>la</strong>nge<br />

<strong>de</strong> milieux inertes ou réactifs).<br />

– Défauts : assimi<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> l’approche mathématique spécifique, résolution <strong>numérique</strong> adaptée<br />

[26], temps <strong>de</strong> calcul beaucoup plus élevé que <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> RANS.<br />

• <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s échelles (LES)<br />

L’utilisation <strong>de</strong> telles métho<strong>de</strong>s permet <strong>la</strong> résolution <strong>directe</strong> <strong>de</strong>s contributions aux gran<strong>de</strong>s<br />

échelles, alors que celles liées aux structures dont <strong>la</strong> taille est inférieure à une dim<strong>en</strong>sion car-


Chapitre 1. Contexte sci<strong>en</strong>tifique 39<br />

actéristique, appelée longueur <strong>de</strong> coupure, sont modélisées. Le modèle <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> est alors<br />

qualifié <strong>de</strong> modèle <strong>de</strong> sous-maille.<br />

– Avantages : compromis <strong>en</strong>tre <strong>la</strong> DNS et les métho<strong>de</strong>s RANS<br />

– Défauts : empirisme <strong>de</strong>s fermetures <strong>en</strong> un point <strong>de</strong>s équations moy<strong>en</strong>nées, puissance <strong>de</strong><br />

calcul requise importante.<br />

• <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>numérique</strong> <strong>directe</strong> (DNS)<br />

La DNS est une solution <strong>numérique</strong> <strong>de</strong>s équations tridim<strong>en</strong>sionnelles instationnaires <strong>de</strong> Navier-<br />

Stokes, obt<strong>en</strong>ue sans aucune modélisation préa<strong>la</strong>ble. Le terme « direct » fait référ<strong>en</strong>ce au fait que<br />

toutes les échelles <strong>de</strong> temps et d’espace <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t sont simulées. L’obt<strong>en</strong>tion <strong>de</strong>s données<br />

statistiques sur l’écoulem<strong>en</strong>t est du coup reportée après résolution. C’est cette métho<strong>de</strong> qui sera<br />

utilisée pour simuler les écoulem<strong>en</strong>ts dans ce travail. En ce s<strong>en</strong>s, nous y revi<strong>en</strong>drons dans le<br />

paragraphe 1.2.3.3.<br />

– Avantages : informations très détaillées (champ <strong>de</strong> vitesse, pression, ...) <strong>en</strong> chaque point du<br />

domaine et à chaque instant désignant <strong>la</strong> DNS telle une véritable expéri<strong>en</strong>ce <strong>numérique</strong>.<br />

– Défauts : utilisation limitée à <strong>de</strong>s géométries re<strong>la</strong>tivem<strong>en</strong>t simples et <strong>de</strong>s nombres <strong>de</strong><br />

Reynolds modérés. Temps <strong>de</strong> calcul très long.<br />

Nous pouvons conclure <strong>en</strong> m<strong>en</strong>tionnant le fait que toutes ces métho<strong>de</strong>s sont actuellem<strong>en</strong>t<br />

utilisées, ce qui montre à l’évi<strong>de</strong>nce qu’aucune d’elles n’est parfaite. De plus, prises dans leur<br />

<strong>en</strong>semble, ces métho<strong>de</strong>s sont plus complém<strong>en</strong>taires que concurr<strong>en</strong>tes. Le choix sera donc ori<strong>en</strong>té<br />

par <strong>de</strong>s considérations <strong>de</strong> mise <strong>en</strong> œuvre, <strong>de</strong> performance, <strong>de</strong> <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> représ<strong>en</strong>tativité ou <strong>en</strong>core<br />

<strong>de</strong> souplesse d’utilisation.<br />

1.2.3.2 Modèles <strong>de</strong> fermeture<br />

Parmi les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion précé<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t énumérées, certaines comme les métho<strong>de</strong>s<br />

RANS, nécessit<strong>en</strong>t l’ajout d’équations supplém<strong>en</strong>taires afin <strong>de</strong> fermer le problème, c’est l’objet<br />

<strong>de</strong>s modèles <strong>de</strong> fermeture. Il est d’usage <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sser ces modèles suivant <strong>de</strong>ux critères : on distingue<br />

les modèles par leur ordre (un ou <strong>de</strong>ux <strong>en</strong> général) et par le nombre d’équations <strong>de</strong> fermeture<br />

supplém<strong>en</strong>taires (plutôt une ou <strong>de</strong>ux selon <strong>la</strong> complexité du modèle <strong>de</strong> fermeture).<br />

• Modèles du premier ordre<br />

Ces modèles limit<strong>en</strong>t les étu<strong>de</strong>s aux valeurs moy<strong>en</strong>nes <strong>de</strong>s fonctions <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t. Dans<br />

le cas d’un écoulem<strong>en</strong>t cisaillé simple, on peut relier linéairem<strong>en</strong>t les t<strong>en</strong>sions <strong>de</strong> Reynolds et<br />

le gradi<strong>en</strong>t <strong>de</strong> vitesse, le coeffici<strong>en</strong>t <strong>de</strong> proportionnalité étant <strong>la</strong> viscosité <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>. Cette<br />

hypothèse, aussi appelée hypothèse <strong>de</strong> Boussinesq, est primordiale pour <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong>s modèles<br />

du premier ordre. On distingue les modèles à :<br />

– zéro équation qui consist<strong>en</strong>t à relier les flux turbul<strong>en</strong>ts (dont les corré<strong>la</strong>tions doubles) aux<br />

gran<strong>de</strong>urs moy<strong>en</strong>nes, sans introduire <strong>de</strong> nouvelle équation. On peut citer l’exemple <strong>de</strong>s<br />

schémas dits <strong>de</strong> longueur <strong>de</strong> mé<strong>la</strong>nge,<br />

– une équation qui ont l’avantage d’être assez simple et <strong>de</strong> pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte l’histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> mais le choix <strong>de</strong> l’échelle <strong>de</strong> longueur additionnelle est empirique et l’ext<strong>en</strong>sion<br />

au cas tridim<strong>en</strong>sionnel est difficile,<br />

– <strong>de</strong>ux équations où l’on considère que <strong>la</strong> viscosité tourbillonnaire dép<strong>en</strong>d <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux paramètres<br />

représ<strong>en</strong>tatifs <strong>de</strong> l’agitation. Le modèle k−ε est <strong>de</strong> ce type : il est souv<strong>en</strong>t utilisé et prés<strong>en</strong>te


40 Chapitre 1. Contexte sci<strong>en</strong>tifique<br />

l’avantage <strong>de</strong> pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte les variations spatiales <strong>de</strong> l’agitation turbul<strong>en</strong>te même<br />

s’il reste mal adapté aux écoulem<strong>en</strong>ts complexes. Une <strong>de</strong>scription détaillée <strong>de</strong> ce modèle<br />

est proposée dans le paragraphe 2.2.3.<br />

Il est intéressant <strong>de</strong> noter qu’il existe <strong>de</strong>s modèles spécifiques à <strong>la</strong> configuration étudiée, relevant<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse <strong>de</strong> modèles à bas Reynolds. Typiquem<strong>en</strong>t, les modèles « standards » <strong>de</strong> type<br />

k − ε sont mal adaptés aux écoulem<strong>en</strong>ts à bas Reynolds que l’on trouve près <strong>de</strong>s parois (écoulem<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong> couche limite). Dans cette situation <strong>de</strong> proche paroi, quatre phénomènes physiques<br />

intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t : le cisaillem<strong>en</strong>t, le blocage cinématique, <strong>la</strong> réflexion <strong>de</strong> pression et <strong>la</strong> viscosité.<br />

Des étu<strong>de</strong>s <strong>en</strong> <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> Numérique Directe ont permis d’évaluer l’importance re<strong>la</strong>tive <strong>de</strong><br />

chacun <strong>de</strong> ces phénomènes. Dans <strong>la</strong> pratique, on utilisera un modèle bas Reynolds lorsque le<br />

nombre <strong>de</strong> Reynolds Re <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t sera inférieur à 100. Il existe 3 familles <strong>de</strong> modèles :<br />

– algébrique : on associe à <strong>la</strong> viscosité <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> une fonction d’amortissem<strong>en</strong>t près <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> paroi. Exemple : le modèle <strong>de</strong> Van Driest [16],<br />

– double couche : l’écoulem<strong>en</strong>t est divisé <strong>en</strong> <strong>de</strong>ux couches (une externe et une interne). À<br />

chacune <strong>de</strong> ces couches, une formule <strong>de</strong> viscosité <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> est associée. Le raccor<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t<br />

est assuré à <strong>la</strong> frontière <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux couches. Exemple : le modèle <strong>de</strong> Baldwin-Lomax<br />

[3], il permet d’obt<strong>en</strong>ir un coeffici<strong>en</strong>t <strong>de</strong> frottem<strong>en</strong>t correct <strong>en</strong> situation compressible mais<br />

<strong>en</strong> l’abs<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> décollem<strong>en</strong>t. Il est très utilisé <strong>en</strong> aéronautique, <strong>de</strong>s abaques sont mêmes<br />

disponibles,<br />

– multi-équations : adaptations <strong>de</strong> modèles k−ɛ aux écoulem<strong>en</strong>ts bas Reynolds, les fonctions<br />

d’amortissem<strong>en</strong>t agiss<strong>en</strong>t sur les coeffici<strong>en</strong>ts du modèle et le terme <strong>de</strong> diffusion visqueuse.<br />

Tous ces modèles souffr<strong>en</strong>t d’un même défaut : une surestimation du frottem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t<br />

et un retard <strong>de</strong> décollem<strong>en</strong>t. Exemple : modèle <strong>de</strong> Lam Bremhorst [57].<br />

• Modèles du second ordre<br />

Ces modèles se distingu<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s précé<strong>de</strong>nts par le fait que l’équation <strong>de</strong> transport <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>sions<br />

<strong>de</strong> Reynolds est résolue <strong>en</strong> même temps que les équations du champ moy<strong>en</strong>. Ils abandonn<strong>en</strong>t<br />

l’hypothèse <strong>de</strong> viscosité <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> <strong>de</strong>s modèle du premier ordre. Ils sont plus adaptés que les<br />

modèles du premier ordre pour simuler les écoulem<strong>en</strong>ts tourbillonnaires et à forts cisaillem<strong>en</strong>ts<br />

(écoulem<strong>en</strong>ts avec séparation <strong>de</strong> région). Malgré un plus grand nombre d’équations aux dérivées<br />

partielles à résoudre, ils rest<strong>en</strong>t moins coûteux d’utilisation que les métho<strong>de</strong>s LES (Large Eddy<br />

<strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong>). Parmi ces modèles, nous aurons l’occasion <strong>de</strong> rev<strong>en</strong>ir plus <strong>en</strong> détail sur les modèles<br />

dits RSTE (Reynolds Stress Transport Equation) dans le paragraphe 2.2.3.3.<br />

1.2.3.3 Retour sur <strong>la</strong> simu<strong>la</strong>tion <strong>numérique</strong> <strong>directe</strong><br />

La simu<strong>la</strong>tion <strong>numérique</strong> par le calcul haute performance (HPC) est <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ue un outil ess<strong>en</strong>tiel<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche sci<strong>en</strong>tifique, technologique et industrielle. Elle permet <strong>de</strong> remp<strong>la</strong>cer les<br />

expéri<strong>en</strong>ces qui ne peuv<strong>en</strong>t être m<strong>en</strong>ées <strong>en</strong> <strong>la</strong>boratoire quand elles sont dangereuses (acci<strong>de</strong>nts),<br />

<strong>de</strong> longue durée (climatologie), inaccessibles (astrophysique) ou interdites (essais nucléaires). En<br />

effet, <strong>de</strong>puis l’avènem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s résolutions <strong>numérique</strong>s <strong>directe</strong>s, l’accès à l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s paramètres<br />

<strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t fait <strong>de</strong> ces simu<strong>la</strong>tions une première t<strong>en</strong>tative véritable <strong>de</strong> prédétermination <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>. Ainsi <strong>la</strong> DNS permet une approche <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> où toutes les structures<br />

tourbillonnaires pot<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>tes, sont explicitem<strong>en</strong>t calculées. Toute l’énergie <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> est donc elle aussi calculée et on ne se sert d’aucun modèle pour représ<strong>en</strong>ter tout ou<br />

partie du spectre <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>.


Chapitre 1. Contexte sci<strong>en</strong>tifique 41<br />

Pour autant, <strong>la</strong> DNS est toujours limitée à <strong>de</strong>s domaines d’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> taille mo<strong>de</strong>ste, d’autant<br />

plus mo<strong>de</strong>ste que le nombre <strong>de</strong> Reynolds <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t est élevé. D’ailleurs, le nombre <strong>de</strong><br />

points requis pour une simu<strong>la</strong>tion est proportionnel à Re 9 4<br />

T<br />

. Elle est donc <strong>de</strong> fait cantonnée aux<br />

<strong>la</strong>boratoires <strong>de</strong> recherche, car trop gourman<strong>de</strong> <strong>en</strong> ressources <strong>de</strong> calcul pour pouvoir traiter <strong>de</strong>s<br />

cas d’intérêt industriel. On l’utilise néanmoins <strong>de</strong> plus <strong>en</strong> plus dans le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche<br />

afin d’éluci<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s mécanismes physiques au sein <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts étudiés. Nous verrons dans<br />

le chapitre 3 que le CEA dispose, pour ce g<strong>en</strong>re <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tions, d’un super-calcu<strong>la</strong>teur capable<br />

d’effectuer 1,05 million <strong>de</strong> milliards d’opérations par secon<strong>de</strong> (1,05 pétaflops). L’importance d’un<br />

tel moy<strong>en</strong> <strong>de</strong> calcul est <strong>en</strong> parfaite adéquation avec l’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> DNS.<br />

Dans le cas d’écoulem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> milieux réactifs, <strong>la</strong> prise <strong>en</strong> compte <strong>de</strong>s réactions chimiques est<br />

un élém<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core plus contraignant et ce pour trois raisons :<br />

– le nombre <strong>de</strong> variables augm<strong>en</strong>te avec le nombre d’espèces chimiques que l’on considère,<br />

– l’échelle <strong>de</strong> temps et d’espace du problème est souv<strong>en</strong>t plus <strong>la</strong>rge, l’échelle <strong>de</strong> temps <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> réaction chimique étant souv<strong>en</strong>t plus petite que <strong>la</strong> plus petite échelle <strong>de</strong> temps <strong>de</strong><br />

l’écoulem<strong>en</strong>t,<br />

– <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> influ<strong>en</strong>ce le taux <strong>de</strong> production <strong>de</strong>s réactions chimiques, p<strong>en</strong>dant que <strong>la</strong><br />

chaleur libérée par réactions chimiques altère <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> et <strong>la</strong> propriété <strong>de</strong> transport <strong>de</strong><br />

chaque espèce.<br />

Pour toutes ces raisons, les problèmes d’écoulem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t réactif sont <strong>en</strong> général trop compliqués<br />

à résoudre par <strong>la</strong> DNS, mais celle-ci, avec un nombre limité d’espèces chimiques pour un<br />

problème simplifié, peut déjà procurer une nouvelle vision d’<strong>en</strong>semble intéressante.<br />

Synthèse du chapitre<br />

Ce chapitre prés<strong>en</strong>te au lecteur le contexte sci<strong>en</strong>tifique <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong>. Une <strong>la</strong>rge revue <strong>de</strong>s<br />

phénomènes physiques se produisant lors d’une r<strong>en</strong>trée atmosphérique est abordée. Elle permet<br />

<strong>de</strong> se faire une idée quant à <strong>la</strong> complexité et à l’interaction <strong>de</strong> ces évènem<strong>en</strong>ts. Bi<strong>en</strong> sûr, une<br />

att<strong>en</strong>tion toute particulière est portée aux phénomènes se produisant au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi<br />

du bouclier thermique. Les réactions chimiques homogènes et hétérogènes y sont égalem<strong>en</strong>t<br />

évoquées, parmi lesquelles les réactions d’oxydation et <strong>de</strong> sublimation. Puis les conséqu<strong>en</strong>ces <strong>de</strong><br />

l’apparition <strong>de</strong> rugosités à <strong>la</strong> surface du bouclier sur l’écoulem<strong>en</strong>t inci<strong>de</strong>nt sont discutées.<br />

Parallèlem<strong>en</strong>t, nous avons défini le cadre théorique <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>. Ceci pour<br />

mettre <strong>en</strong> exergue les principales propriétés turbul<strong>en</strong>tes que le co<strong>de</strong> développé <strong>de</strong>vra être <strong>en</strong><br />

mesure <strong>de</strong> simuler fidèlem<strong>en</strong>t. En effet, <strong>de</strong>s essais <strong>de</strong> « jet <strong>de</strong> p<strong>la</strong>sma » ont permis <strong>de</strong> caractériser<br />

l’apparition <strong>de</strong> motifs particuliers <strong>de</strong> rugosités lors <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion sous régime turbul<strong>en</strong>t, les mêmes<br />

profils <strong>de</strong>meurant lisses <strong>en</strong> régime <strong>la</strong>minaire.<br />

L’objectif <strong>de</strong> ce travail étant <strong>de</strong> compr<strong>en</strong>dre l’impact <strong>de</strong>s structures tourbillonnaires sur <strong>la</strong><br />

formation <strong>de</strong>s rugosités (qui sont <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 50 µm), l’accès à une telle précision <strong>de</strong> résultats<br />

nécessite l’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> simu<strong>la</strong>tion <strong>numérique</strong> <strong>directe</strong> (DNS). Les équations <strong>de</strong> <strong>la</strong> mécanique<br />

<strong>de</strong>s flui<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> <strong>la</strong> cinétique chimique que nous résolvons grâce à cette métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion<br />

sont prés<strong>en</strong>tées dans le chapitre suivant.


42 Chapitre 1. Contexte sci<strong>en</strong>tifique


Chapitre 2<br />

Les équations du problème physique<br />

Sommaire<br />

2.1 Les équations du co<strong>de</strong> EVEREST . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45<br />

2.1.1 Les équations <strong>de</strong> conservation <strong>de</strong> Navier-Stokes . . . . . . . . . . . . . . 45<br />

2.1.1.1 Équation <strong>de</strong> conservation <strong>de</strong> <strong>la</strong> masse . . . . . . . . . . . . . . 45<br />

2.1.1.2 Équation <strong>de</strong> conservation <strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> mouvem<strong>en</strong>t . . . . . . 45<br />

2.1.1.3 Équation <strong>de</strong> conservation <strong>de</strong> l’énergie totale . . . . . . . . . . . 46<br />

2.1.2 Cinétique chimique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46<br />

2.1.2.1 Équation <strong>de</strong> conservation <strong>de</strong> <strong>la</strong> fraction massique . . . . . . . . 46<br />

2.1.2.2 Équation d’état . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47<br />

2.1.2.3 Taux <strong>de</strong> production chimique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47<br />

2.1.2.4 Caractérisation du flux thermique . . . . . . . . . . . . . . . . 48<br />

2.1.3 Adim<strong>en</strong>sionnem<strong>en</strong>t . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48<br />

2.1.3.1 État <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49<br />

2.1.3.2 Équations adim<strong>en</strong>sionnalisées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50<br />

2.1.4 Coeffici<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> transport . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50<br />

2.1.4.1 Coeffici<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> diffusion multicomposants . . . . . . . . . . . . 50<br />

2.1.4.2 Viscosité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51<br />

2.1.4.3 Conductivité thermique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52<br />

2.2 L’approche statistique <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . 53<br />

2.2.1 Motivations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53<br />

2.2.1.1 Statistique avant résolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53<br />

2.2.1.2 Statistique après résolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54<br />

2.2.2 Les moy<strong>en</strong>nes <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription statistique . . . . . . . . . . . . . . . . 54<br />

2.2.2.1 Moy<strong>en</strong>ne d’<strong>en</strong>semble et moy<strong>en</strong>ne temporelle . . . . . . . . . . . 54<br />

2.2.2.2 Moy<strong>en</strong>nes spatiales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55<br />

2.2.2.3 Règles <strong>de</strong> Reynolds . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55<br />

2.2.3 Modèles utilisés pour <strong>la</strong> validation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> simulée . . . . . . . 56<br />

2.2.3.1 Mise <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s équations <strong>de</strong> statistique <strong>en</strong> un point . . . . 56<br />

2.2.3.2 Modèle issu <strong>de</strong> <strong>la</strong> statistique d’ordre 1 : le modèle k − ε . . . 57<br />

2.2.3.3 Modèle issu <strong>de</strong> <strong>la</strong> statistique d’ordre 2 : les modèles RSTE . . 58<br />

2.2.4 Analyse corré<strong>la</strong>toire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59<br />

43


44 Chapitre 2. Les équations du problème physique<br />

2.2.4.1 Définition <strong>de</strong>s outils mathématiques . . . . . . . . . . . . . . . 59<br />

2.2.4.2 Corré<strong>la</strong>tions doubles <strong>en</strong> THI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60<br />

2.2.4.3 Corré<strong>la</strong>tions et incompressibilité . . . . . . . . . . . . . . . . . 61<br />

2.2.4.4 Définition <strong>de</strong>s échelles corré<strong>la</strong>toires <strong>de</strong> Taylor . . . . . . . . . 62<br />

Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63<br />

Dédié à <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>tation <strong>de</strong>s aspects mathématiques <strong>de</strong> ce travail, ce chapitre évoque les<br />

différ<strong>en</strong>tes équations résolues par le co<strong>de</strong> <strong>numérique</strong> EVEREST. Il s’agit ici <strong>de</strong> dresser à <strong>la</strong><br />

fois un <strong>de</strong>scriptif <strong>de</strong>s équations initialem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>tes dans le co<strong>de</strong>, mais aussi <strong>de</strong> prés<strong>en</strong>ter les<br />

nouvelles procédures <strong>de</strong> calcul et traitem<strong>en</strong>ts implém<strong>en</strong>tés durant ce travail <strong>de</strong> thèse. La première<br />

catégorie compr<strong>en</strong>d les équations <strong>de</strong> <strong>la</strong> mécanique <strong>de</strong>s flui<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Navier-Stokes ainsi que les<br />

équations <strong>de</strong> <strong>la</strong> cinétique chimique. En ce qui concerne <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> catégorie, nous analyserons<br />

d’abord les outils statistiques <strong>de</strong> post-traitem<strong>en</strong>t nécessaires pour exploiter l’importante quantité<br />

<strong>de</strong> résultats. Dans une autre partie, nous abor<strong>de</strong>rons <strong>la</strong> mise <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>ts modèles et les<br />

équations que nous utiliserons pour vali<strong>de</strong>r les résultats issus <strong>de</strong> ce co<strong>de</strong> <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion <strong>numérique</strong><br />

<strong>directe</strong>.


Chapitre 2. Les équations du problème physique 45<br />

2.1 Les équations du co<strong>de</strong> EVEREST<br />

Le point <strong>de</strong> départ <strong>de</strong> l’analyse d’un écoulem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t réactif procè<strong>de</strong> <strong>de</strong>s équations<br />

du mouvem<strong>en</strong>t d’un flui<strong>de</strong> ainsi que <strong>de</strong> celles re<strong>la</strong>tives à <strong>la</strong> cinétique chimique <strong>de</strong>s espèces <strong>en</strong><br />

prés<strong>en</strong>ce. L’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong> ces équations faisait partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> version précé<strong>de</strong>nte du co<strong>de</strong> EVEREST,<br />

néanmoins il est nécessaire <strong>de</strong> les rappeler ici afin <strong>de</strong> bi<strong>en</strong> définir le type d’écoulem<strong>en</strong>t que nous<br />

allons simuler.<br />

2.1.1 Les équations <strong>de</strong> conservation <strong>de</strong> Navier-Stokes<br />

Nous comm<strong>en</strong>cerons d’abord par rappeler les équations re<strong>la</strong>tives à <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription du régime<br />

turbul<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t : les équations <strong>de</strong> Navier-Stokes. Vieilles <strong>de</strong> plus d’un siècle et <strong>de</strong>mi,<br />

ces équations sont toujours utilisées <strong>de</strong> nos jours pour décrire l’évolution spatio-temporelle <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> à l’échelle du milieu continu. Ainsi, <strong>la</strong> fraction massique, <strong>la</strong> vitesse et l’énergie<br />

vérifi<strong>en</strong>t les équations <strong>de</strong> conservation décrites dans cette section.<br />

2.1.1.1 Équation <strong>de</strong> conservation <strong>de</strong> <strong>la</strong> masse<br />

La conservation <strong>de</strong> <strong>la</strong> masse est une loi fondam<strong>en</strong>tale <strong>de</strong> <strong>la</strong> chimie et <strong>de</strong> <strong>la</strong> physique. Elle<br />

indique non seulem<strong>en</strong>t qu’au cours <strong>de</strong> toute expéri<strong>en</strong>ce, y compris lorsqu’elle implique une transformation<br />

chimique, <strong>la</strong> masse se conserve, mais aussi que le nombre d’élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> chaque espèce<br />

chimique se conserve. L’équation d’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong> <strong>la</strong> conservation <strong>de</strong> <strong>la</strong> masse s’écrit :<br />

∂ρ<br />

+ ∇. (ρu) = 0 (2.1)<br />

∂t<br />

où ρ désigne <strong>la</strong> masse volumique du flui<strong>de</strong>. Dès lors, <strong>de</strong>ux cas particuliers sont à considérer :<br />

– pour un flui<strong>de</strong> à masse volumique constante on a ∇.u = 0, l’écoulem<strong>en</strong>t est alors qualifié<br />

d’isovolume,<br />

– pour un écoulem<strong>en</strong>t stationnaire, on ∂ t ρ = 0 et ∇. (ρu) = 0 ce qui implique que ρ∇.u +<br />

u.∇ρ = 0.<br />

2.1.1.2 Équation <strong>de</strong> conservation <strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> mouvem<strong>en</strong>t<br />

La conservation <strong>de</strong> <strong>la</strong> quantité <strong>de</strong> mouvem<strong>en</strong>t s’exprime par l’équation :<br />

∂ (ρu)<br />

+ ∇. (ρu ⊗ u) = −∇P + ∇.τ + F (2.2)<br />

∂t<br />

où τ désigne le t<strong>en</strong>seur <strong>de</strong>s contraintes visqueuses qui est, sous l’hypothèse <strong>de</strong> Newton-Stokes,<br />

proportionnel au t<strong>en</strong>seur <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> déformation S qui s’écrit selon <strong>la</strong> conv<strong>en</strong>tion d’Einstein<br />

pour <strong>la</strong> sommation :<br />

(<br />

∂ui<br />

τ ij = µ + ∂u j<br />

− 2 )<br />

∂u l<br />

δ ij = 2µS ij − 2 ∂x j ∂x i 3 ∂x l 3 µSδ ij (2.3)<br />

En utilisant les indices discrets, l’équation (2.3) <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t :<br />

∂(ρu i )<br />

+ ∂(ρu ju i )<br />

= ρF i − ∂P +<br />

∂<br />

( (<br />

∂ui<br />

µ + ∂u j<br />

− 2 ))<br />

∂u l<br />

δ ij<br />

∂t ∂x j<br />

∂x i ∂x j ∂x j ∂x i 3 ∂x l<br />

où F i=1,2,3 représ<strong>en</strong>te les forces extérieures <strong>de</strong> volume et µ <strong>la</strong> viscosité du flui<strong>de</strong>. Par exemple,<br />

<strong>la</strong> force volumique F interv<strong>en</strong>ant dans l’équation (2.4) peut être <strong>la</strong> pesanteur avec : F = ρg.<br />

(2.4)


46 Chapitre 2. Les équations du problème physique<br />

2.1.1.3 Équation <strong>de</strong> conservation <strong>de</strong> l’énergie totale<br />

La conservation <strong>de</strong> l’énergie totale E pr<strong>en</strong>d, <strong>en</strong> l’abs<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> rayonnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s gaz, <strong>la</strong> forme<br />

générale suivante :<br />

∂ρE<br />

+ ∇. (uρE) = ∇p + ∇. (uτ + q) + u.F (2.5)<br />

∂t<br />

où q représ<strong>en</strong>te <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> flux d’énergie transporté par <strong>la</strong> conduction thermique et l’<strong>en</strong>thalpie<br />

<strong>de</strong> chaque espèce (cf. 2.1.2.4). Pour un gaz parfait, l’<strong>en</strong>thalpie h et l’énergie interne e sont <strong>de</strong>s<br />

fonctions linéaires <strong>de</strong> <strong>la</strong> température et sont explicitem<strong>en</strong>t données par :<br />

h = C p T (2.6)<br />

e = C v T (2.7)<br />

où C p et C v sont les capacités calorifiques à pression et à volume constant. L’énergie totale E<br />

pour un gaz parfait s’écrit :<br />

E = e + 1 2 ‖u‖2 (2.8)<br />

Comme pour l’équation <strong>de</strong> conservation <strong>de</strong> <strong>la</strong> quantité <strong>de</strong> mouvem<strong>en</strong>t, nous écrivons cette re<strong>la</strong>tion<br />

à l’ai<strong>de</strong> d’indices discrets :<br />

∂ρE<br />

∂t<br />

+ ∂ (ρu jE)<br />

= − ∂ (P u i)<br />

+ ∂ (τ iju i )<br />

− ∂q i<br />

+ F j u j (2.9)<br />

∂x j ∂x i ∂x j ∂x i<br />

2.1.2 Cinétique chimique<br />

Jusqu’à prés<strong>en</strong>t nous n’avons pas considéré l’aspect réactif <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t qui, dans le cas <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> r<strong>en</strong>trée atmosphérique, est composé <strong>de</strong> nombreuses espèces réagissant <strong>en</strong>tre elles (cf. 1.1.2). Le<br />

paragraphe suivant est consacré au rappel <strong>de</strong>s équations régissant ces espèces. L’aspect réactif<br />

<strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t m<strong>en</strong>tionné ci-<strong>de</strong>ssous est pris <strong>en</strong> compte dans le co<strong>de</strong> <strong>numérique</strong> à condition que<br />

le nombre d’espèces considérées soit supérieur à 1. Ce<strong>la</strong> sera effectivem<strong>en</strong>t le cas dans le chapitre<br />

six qui traite <strong>de</strong> l’interaction <strong>en</strong>tre le régime turbul<strong>en</strong>t et l’ab<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi.<br />

2.1.2.1 Équation <strong>de</strong> conservation <strong>de</strong> <strong>la</strong> fraction massique<br />

Pour un écoulem<strong>en</strong>t réactif turbul<strong>en</strong>t, <strong>la</strong> conservation <strong>de</strong> l’espèce chimique est souv<strong>en</strong>t exprimée<br />

<strong>en</strong> terme <strong>de</strong> fraction massique <strong>de</strong> l’espèce α, définie comme le rapport <strong>en</strong>tre <strong>la</strong> masse<br />

volumique <strong>de</strong> l’espèce chimique et celle du mé<strong>la</strong>nge :<br />

C α = ρ α<br />

ρ<br />

(2.10)<br />

Pour chaque espèce chimique α parmi les n e espèces considérées, <strong>la</strong> fraction massique C α=1,2,...,ne<br />

vérifie l’équation <strong>de</strong> conservation <strong>de</strong> <strong>la</strong> masse (2.1) :<br />

∂ρC α<br />

∂t<br />

+ ∂ρC αu α j<br />

∂x j<br />

= ˙ω α (2.11)<br />

avec u α j , composante du vecteur vitesse <strong>de</strong> l’espèce α dans <strong>la</strong> direction j et ˙ω α, taux <strong>de</strong> production<br />

ou <strong>de</strong> <strong>de</strong>struction chimique <strong>de</strong> l’espèce α.


Chapitre 2. Les équations du problème physique 47<br />

La vitesse moy<strong>en</strong>ne du mé<strong>la</strong>nge est définie comme étant <strong>la</strong> somme pondérée par <strong>la</strong> masse<br />

volumique.<br />

u j = 1 ρ<br />

n e ∑<br />

α=1<br />

ρ α u α j (2.12)<br />

On retrouve l’équation générale <strong>de</strong> conservation <strong>de</strong> <strong>la</strong> masse (2.1) prés<strong>en</strong>tée plus haut par sommation<br />

<strong>de</strong>s équations (2.12) sur l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s espèces. On définit alors <strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong> diffusion<br />

−→<br />

V α <strong>de</strong> l’espèce α telle que :<br />

−→ V α = ⃗u − −→ u α (2.13)<br />

Cette vitesse <strong>de</strong> diffusion peut être modélisée par <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> Fick :<br />

−→ V<br />

α<br />

j = − D α<br />

C α<br />

∂C α<br />

∂x j<br />

(2.14)<br />

(2.11) s’écrit alors :<br />

∂ρC α<br />

∂t<br />

+ ∂ρC αu j<br />

= ∂<br />

( )<br />

∂C α<br />

ρD α + ˙ω α (2.15)<br />

∂x j ∂x j ∂x j<br />

Dans le bi<strong>la</strong>n final <strong>de</strong>s équations <strong>de</strong> conservation, l’équation (2.15) qui r<strong>en</strong>d compte <strong>de</strong> l’aspect<br />

multi-espèces et <strong>de</strong> l’aspect réactif <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t sera donc préférée à l’équation (2.1) qui n’est<br />

pas adaptée dans l’optique <strong>de</strong> ce travail.<br />

2.1.2.2 Équation d’état<br />

Dans toute cette étu<strong>de</strong> nous utiliserons <strong>la</strong> loi <strong>de</strong>s gaz parfaits pour chaque espèce chimique<br />

prés<strong>en</strong>te dans l’écoulem<strong>en</strong>t (2.16). Selon <strong>la</strong> théorie cinétique <strong>de</strong>s gaz ce<strong>la</strong> signifie qu’à l’échelle<br />

microscopique, un gaz parfait est un gaz dont les molécules n’interagiss<strong>en</strong>t pas <strong>en</strong>tre elles <strong>en</strong><br />

<strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s chocs. Aussi <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s molécules est prise négligeable par rapport à <strong>la</strong> distance<br />

intermolécu<strong>la</strong>ire moy<strong>en</strong>ne. Sous ces conditions, l’énergie du gaz parfait correspond à <strong>la</strong> somme<br />

<strong>de</strong>s énergies cinétiques <strong>de</strong>s c<strong>en</strong>tre <strong>de</strong> masse <strong>de</strong>s molécules et <strong>de</strong> l’énergie interne <strong>de</strong> chacune<br />

d’<strong>en</strong>tre elles (rotation, oscil<strong>la</strong>tion).<br />

avec<br />

P =<br />

n e ∑<br />

α=1<br />

P α =<br />

∑n e<br />

ρ α<br />

α=1<br />

n<br />

1 e<br />

M = ∑<br />

R<br />

T = ρ R M α M T (2.16)<br />

C α<br />

M<br />

α=1 α<br />

où R est <strong>la</strong> constante <strong>de</strong>s gaz parfaits avec R = 8.3145107 J.mol −1 .K −1 et M α est <strong>la</strong> masse<br />

mo<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> l’espèce α.<br />

2.1.2.3 Taux <strong>de</strong> production chimique<br />

Toutes les réactions chimiques mises <strong>en</strong> jeu peuv<strong>en</strong>t s’écrire sous <strong>la</strong> forme générale suivante :<br />

n e ∑<br />

α=1<br />

ν ′ (k)<br />

α A α ⇋<br />

n e ∑<br />

α=1<br />

ν ′′ (k)<br />

α A α (2.17)


48 Chapitre 2. Les équations du problème physique<br />

où ν ′(k) et ν ′′(k) sont respectivem<strong>en</strong>t les coeffici<strong>en</strong>ts stœchiométriques dans le s<strong>en</strong>s direct et<br />

inverse. A α est une espèce chimique du gaz considéré. Si l’espèce α intervi<strong>en</strong>t dans plusieurs<br />

réactions chimiques, son taux <strong>de</strong> production global ˙ω α s’écrit :<br />

kreact ∑<br />

˙ω α = M α<br />

k=1<br />

(<br />

ν ′′ (k)<br />

α<br />

− ν ′ (k)<br />

α<br />

⎡<br />

)<br />

⎢<br />

⎣k (k) ∏n e<br />

f<br />

j=1<br />

′<br />

( ) (k) ν j ρj<br />

− k (k)<br />

b<br />

M j<br />

n e ∏<br />

j=1<br />

′′<br />

) (k)<br />

⎤<br />

ν j<br />

⎥<br />

⎦ (2.18)<br />

M j<br />

avec k (k)<br />

f<br />

et k (k)<br />

b<br />

respectivem<strong>en</strong>t les vitesses <strong>de</strong> réaction dans le s<strong>en</strong>s direct (forward) et inverse<br />

(backward) <strong>de</strong> <strong>la</strong> réaction k. Il a été montré expérim<strong>en</strong>talem<strong>en</strong>t que les vitesses <strong>de</strong> réaction<br />

dép<strong>en</strong><strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> température et suiv<strong>en</strong>t généralem<strong>en</strong>t une loi <strong>de</strong> type Arrh<strong>en</strong>ius :<br />

(<br />

ρj<br />

k f = A f T B f<br />

exp(− θ f<br />

T ) (2.19)<br />

k b = A b T B b<br />

exp(− θ b<br />

T ) (2.20)<br />

où A f , B f , θ f , A b , B b , θ b sont dép<strong>en</strong>dants <strong>de</strong> <strong>la</strong> réaction considérée. L’indice b et f faisant<br />

respectivem<strong>en</strong>t référ<strong>en</strong>ce à back et forward.<br />

2.1.2.4 Caractérisation du flux thermique<br />

Dans le cadre <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong>, <strong>la</strong> représ<strong>en</strong>tation du flux thermique par <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion q = −λ∇T<br />

n’est pas suffisante, compte-t<strong>en</strong>u <strong>de</strong> <strong>la</strong> réactivité <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t. Ainsi pour caractériser le flux<br />

thermique q i <strong>de</strong> l’équation (2.9), nous <strong>de</strong>vons considérer l’effet <strong>en</strong>thalpique <strong>de</strong> chaque espèce.<br />

Nous définissons d’abord l’<strong>en</strong>thalpie total H T :<br />

où<br />

H T =<br />

n e ∑<br />

α=1<br />

C α h α + u i u i /2 (2.21)<br />

∫ T<br />

h α = h 0 f,α + C p (T )dT<br />

T 0<br />

h 0 f,α est l’<strong>en</strong>thalpie <strong>de</strong> formation <strong>de</strong> l’espèce α. Le flux <strong>de</strong> diffusion <strong>de</strong> <strong>la</strong> quantité <strong>de</strong> chaleur<br />

pour un gaz multi-espèces suivant <strong>la</strong> direction x i est alors décrit par <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion :<br />

q i = −λ ∂T +<br />

∂x i<br />

n e ∑<br />

α=1<br />

En remp<strong>la</strong>çant <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion (2.14) dans (2.22), on obti<strong>en</strong>t :<br />

q i = −λ ∂T −<br />

∂x i<br />

ne ∑<br />

α=1<br />

ρ α V α<br />

i h α (2.22)<br />

ρD α h α<br />

∂C α<br />

∂x i<br />

(2.23)<br />

La définition <strong>de</strong> ce flux thermique réactif va nous permettre <strong>de</strong> r<strong>en</strong>dre compte, dans l’équation<br />

<strong>de</strong> conservation <strong>de</strong> l’énergie, <strong>de</strong> <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>ce d’espèces réactives. À ce propos, les propriétés <strong>de</strong><br />

transport (µ, λ, D) sont étudiées dans le paragraphe 2.1.4.<br />

2.1.3 Adim<strong>en</strong>sionnem<strong>en</strong>t<br />

Afin <strong>de</strong> réduire au mieux les erreurs d’arrondi et <strong>de</strong> troncature, nous adim<strong>en</strong>sionnons le<br />

système composé <strong>de</strong>s équations (2.15), (2.4) et (2.9) afin <strong>de</strong> l’intégrer dans le co<strong>de</strong> <strong>numérique</strong>.


Chapitre 2. Les équations du problème physique 49<br />

2.1.3.1 État <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce<br />

Plusieurs choix s’offr<strong>en</strong>t à nous pour adim<strong>en</strong>sionner le système d’équations. Nous avons<br />

adopté ici l’état <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce suivant :<br />

T ref = (γ − 1)T f0 , u ref = a ref =<br />

√<br />

γRT ref , L ref = Re acν ref<br />

t ref = L ref<br />

, ρ ref = P atmM<br />

a ref T ref R ρ ∞, P ref = γP atm , µ ref = µ 0 , C pref = γ<br />

γ − 1<br />

a ref<br />

R<br />

M<br />

(2.24)<br />

où T f0 est <strong>la</strong> température initiale du flui<strong>de</strong>, P atm <strong>la</strong> pression atmosphérique et M = 32 g.mol −1<br />

<strong>la</strong> masse mo<strong>la</strong>ire du dioxygène. Les variables indép<strong>en</strong>dantes adim<strong>en</strong>sionnées utilisées sont :<br />

u + = u/u ref , x + = x/L ref , t + = t/t ref , ρ + = ρ/ρ ref , T + = T/T ref ,<br />

p + = p/p ref , ¯k + = ¯k/a 2 ∞, µ + = µ/µ ref , C + p = C p /C pref (2.25)<br />

et les nombres sans dim<strong>en</strong>sion sont :<br />

(<br />

1. Le nombre <strong>de</strong> Mach, Ma = u<br />

a ∞<br />

, qui exprime le rapport <strong>de</strong> <strong>la</strong> vitesse locale du flui<strong>de</strong><br />

)ref<br />

sur <strong>la</strong> vitesse du son à l’infini. Il mesure le rapport <strong>en</strong>tre les forces liées au mouvem<strong>en</strong>t et<br />

le compressibilité du flui<strong>de</strong>. Typiquem<strong>en</strong>t, <strong>de</strong>s valeurs <strong>de</strong> nombre <strong>de</strong> Mach supérieures à 5<br />

(écoulem<strong>en</strong>t hypersonique) seront à considérer dans <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>te étu<strong>de</strong>.<br />

2. Le nombre <strong>de</strong> Reynolds, Re =<br />

d’inertie.<br />

( ) ρuL<br />

µ<br />

, qui compare les forces <strong>de</strong> viscosités aux forces<br />

ref<br />

3. Le nombre <strong>de</strong> Péclet <strong>de</strong> masse, P e = uL D<br />

, qui compare <strong>la</strong> vitesse du transport convectif à<br />

celle du transport diffusif. Lorsque P e ≫ 1, <strong>la</strong> convection est très rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>vant <strong>la</strong> diffusion,<br />

on parlera alors <strong>de</strong> transport convectif, à l’inverse pour P e ≪ 1, on parlera <strong>de</strong> transport<br />

diffusif.<br />

( ) µCp<br />

4. Le nombre <strong>de</strong> Prandtl, P r =<br />

λ<br />

, qui représ<strong>en</strong>te le rapport <strong>en</strong>tre <strong>la</strong> viscosité<br />

ref<br />

cinématique ν et <strong>la</strong> diffusivité thermique, compare <strong>la</strong> rapidité <strong>de</strong>s phénomènes thermiques<br />

et <strong>de</strong>s phénomènes hydrodynamiques dans un flui<strong>de</strong>. Un Prandtl élevé indique que le profil<br />

<strong>de</strong> température dans le flui<strong>de</strong> sera fortem<strong>en</strong>t influ<strong>en</strong>cé par le profil <strong>de</strong> vitesse. Un Prandtl<br />

faible indique que <strong>la</strong> conduction thermique est tellem<strong>en</strong>t rapi<strong>de</strong> que le profil <strong>de</strong> vitesse a<br />

peu d’effet sur le profil <strong>de</strong> température.<br />

5. le nombre <strong>de</strong> Schmidt, Sc =<br />

( ) µ<br />

ρD<br />

ref<br />

, dérivé du Reynolds et du Péclet avec Sc =<br />

P e<br />

Re , qui<br />

représ<strong>en</strong>te le rapport <strong>en</strong>tre <strong>la</strong> viscosité cinématique ν et <strong>la</strong> diffusivité massique. Il est utilisé<br />

pour caractériser les écoulem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> flui<strong>de</strong>s dans lesquels intervi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t simultaném<strong>en</strong>t<br />

viscosité et transfert <strong>de</strong> matière.


50 Chapitre 2. Les équations du problème physique<br />

2.1.3.2 Équations adim<strong>en</strong>sionnalisées<br />

L’introduction <strong>de</strong> ces variables (2.25) dans les équations (2.15), (2.4) et (2.9) mène aux<br />

équations adim<strong>en</strong>sionnées suivantes :<br />

∂ρ + C + α<br />

∂t +<br />

∂ρ + u + i<br />

∂t +<br />

+ ∂ρ+ u + j C+ α<br />

∂x + j<br />

+<br />

∂ρ+ u + j u+ i<br />

∂x + j<br />

∂ρ + E +<br />

∂t + + ∂ρ+ u + j E+<br />

∂x + j<br />

=<br />

1<br />

ReSc<br />

∂<br />

∂x + j<br />

(<br />

ρ + D + α<br />

= − 1 ∂p +<br />

Ma 2 + 1 ∂x i Re<br />

= − ∂p+ u + i<br />

∂x + i<br />

+<br />

1<br />

ReSc<br />

∂<br />

∂x + i<br />

+ Ma2<br />

Re<br />

∂C α<br />

+ )<br />

∂x + j<br />

(<br />

∂<br />

∂x + j<br />

∂<br />

∂x + j<br />

+ ˙ω + α<br />

µ + (<br />

∂u<br />

+<br />

i<br />

∂x + j<br />

( ∑ne<br />

ρ + D α + h + ∂C α<br />

+<br />

α<br />

α=1<br />

∂x + i<br />

+ ∂u+ j<br />

∂x + i<br />

( )<br />

τ ij + u+ i + 1<br />

ReP r<br />

)<br />

+ F + j u+ j<br />

− 2 ∂u + ))<br />

l<br />

3 ∂x + δ ij + ¯F i<br />

+<br />

l<br />

(<br />

∂<br />

∂x + λ + ∂T + )<br />

i ∂x + i<br />

Pour alléger l’écriture <strong>de</strong>s équations, nous omettrons désormais les +, pour obt<strong>en</strong>ir le système<br />

d’équations final résolu :<br />

∂ρC α<br />

∂t<br />

∂ρu i<br />

∂t<br />

∂ρE<br />

∂t<br />

+ ∂ρu jC α<br />

∂x j<br />

=<br />

(<br />

1 ∂<br />

ReSc ∂x j<br />

+ ∂ρu ju i<br />

∂x j<br />

= − 1<br />

Ma 2 ∂p<br />

)<br />

∂C α<br />

ρD α + ˙ω α (2.26)<br />

∂x j<br />

( (<br />

∂ ∂ui<br />

µ + ∂u j<br />

− 2 ))<br />

∂u l<br />

δ ij +<br />

∂x j ∂x j ∂x i 3 ∂x ¯F i (2.27)<br />

l<br />

∂x i<br />

+ 1 Re<br />

+ ∂ρu jE<br />

= − ∂pu i<br />

+ Ma2<br />

∂x j ∂x i Re<br />

+<br />

1<br />

ReSc<br />

∂<br />

(τ ij u i ) + 1 (<br />

∂<br />

λ ∂T )<br />

∂x j ReP r ∂x i ∂x i<br />

(<br />

∂ ne<br />

)<br />

∑ ∂C α<br />

ρD α h α + F j u j (2.28)<br />

∂x i ∂x<br />

α=1 i<br />

2.1.4 Coeffici<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> transport<br />

Nous complétons ici <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>tation <strong>de</strong>s équations par les choix <strong>de</strong> modélisation <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>ts<br />

coeffici<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> transport. De manière générale, le coeffici<strong>en</strong>t <strong>de</strong> diffusion binaire, <strong>la</strong> conductivité<br />

thermique et <strong>la</strong> viscosité sont solutions <strong>de</strong> systèmes linéaires issus du calcul faisant interv<strong>en</strong>ir les<br />

intégrales <strong>de</strong> collision <strong>en</strong>tre molécules. Pour chacun <strong>de</strong> ces coeffici<strong>en</strong>ts nous m<strong>en</strong>tionnerons leurs<br />

valeurs théoriques exactes ainsi que les schémas approximatifs ret<strong>en</strong>us pour les implém<strong>en</strong>ter.<br />

À noter aussi que <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s coeffici<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> transport peut aussi être complétée <strong>en</strong><br />

considérant l’impact du flux <strong>de</strong> chaleur sur les gradi<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> conc<strong>en</strong>tration (effet Soret) ou bi<strong>en</strong><br />

<strong>en</strong>core l’effet (inverse) <strong>de</strong>s gradi<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> conc<strong>en</strong>tration sur les gradi<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> température (effet<br />

Dufour). Dans ce travail, nous négligerons l’occurr<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> ces effets. Le lecteur intéressé pourra<br />

se référer aux travaux m<strong>en</strong>és par Mortimer et Eyring [39] pour plus <strong>de</strong> détails.<br />

2.1.4.1 Coeffici<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> diffusion multicomposants<br />

• Calcul exact du coeffici<strong>en</strong>t <strong>de</strong> diffusion D ij<br />

Parmi les solutions <strong>de</strong>s intégrales <strong>de</strong> collision <strong>en</strong>tre molécules dont il est question, on peut citer<br />

le pot<strong>en</strong>tiel d’interaction <strong>de</strong> L<strong>en</strong>nard-Jones très utilisé pour <strong>de</strong>s interactions peu énergétiques et


Chapitre 2. Les équations du problème physique 51<br />

qui conduit à l’expression suivante pour le coeffici<strong>en</strong>t <strong>de</strong> diffusion binaire :<br />

avec notamm<strong>en</strong>t :<br />

D ij = 3 16<br />

– <strong>la</strong> pression P qui s’exprime <strong>en</strong> atm,<br />

– <strong>la</strong> masse mo<strong>la</strong>ire réduite M ij = M i M j / (M i + M j ) :<br />

√<br />

2πk 3 B T 3 /M ij<br />

P πσ 2 ij Ω(1,1) (2.29)<br />

M ij =<br />

M iM j<br />

M i + M j<br />

(2.30)<br />

où M ii = 1 2 M i<br />

– l’intégrale <strong>de</strong> collision <strong>de</strong> diffusion Ω (1,1) qui est, selon L<strong>en</strong>nard-Jones, fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> température<br />

réduite T ⋆ définie par :<br />

T ⋆ = k BT<br />

ε ij<br />

(2.31)<br />

– <strong>la</strong> diamètre <strong>de</strong> collision <strong>de</strong> L<strong>en</strong>nard-Jones σ ij , <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> quelques nm,<br />

– l’int<strong>en</strong>sité du pot<strong>en</strong>tiel <strong>de</strong> L<strong>en</strong>nard-Jones ε ij /k B<br />

Le coeffici<strong>en</strong>t d’auto-diffusion D α <strong>de</strong> l’espèce α est facilem<strong>en</strong>t obt<strong>en</strong>u <strong>en</strong> faisant i = j :<br />

√<br />

T<br />

D α = 5.8755 10 −6 3 /M α<br />

P σαΩ 2 (1,1) (T ⋆ )<br />

(2.32)<br />

• Approximation du coeffici<strong>en</strong>t <strong>de</strong> diffusion D α<br />

Même si le terme D α peut être calculé <strong>numérique</strong>m<strong>en</strong>t, le temps <strong>de</strong> calcul nécessaire est<br />

généralem<strong>en</strong>t trop grand (à chaque pas <strong>de</strong> temps, dans chaque maille). C’est pourquoi, nous<br />

utiliserons pour ce travail une approximation sommaire qui impose un nombre <strong>de</strong> Schmidt constant<br />

et qui néglige, on le rappelle, les effets <strong>de</strong> Soret et Dufour, tel que :<br />

D α = µ α<br />

ρSc<br />

(2.33)<br />

2.1.4.2 Viscosité<br />

• Calcul exact <strong>de</strong> <strong>la</strong> viscosité µ<br />

Sous l’effet <strong>de</strong> forces intermolécu<strong>la</strong>ires [59], <strong>la</strong> viscosité d’un gaz pur peut être exprimée par :<br />

µ α = 5 √ RMα T<br />

√<br />

16N πσ 2 α Ω (2,2) (T ⋆ )<br />

(2.34)<br />

où Ω (2,2) est une intégrale <strong>de</strong> collision <strong>de</strong> L<strong>en</strong>nard-Jones qui est, comme pour le coeffici<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

diffusion, fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> température réduite T ⋆ (2.31).


52 Chapitre 2. Les équations du problème physique<br />

• Approximation <strong>de</strong> <strong>la</strong> viscosité µ<br />

Nous utiliserons plusieurs modèles d’estimation <strong>de</strong> <strong>la</strong> viscosité suivant les conditions initiales<br />

adoptées : <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> Suther<strong>la</strong>nd, <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> PANT ainsi que <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> mé<strong>la</strong>nge <strong>de</strong> Wilke-Bird.<br />

– La loi <strong>de</strong> Suther<strong>la</strong>nd affirme que <strong>la</strong> viscosité du mé<strong>la</strong>nge d’air, assimilé à un mé<strong>la</strong>nge <strong>de</strong><br />

gaz parfaits, pr<strong>en</strong>d <strong>la</strong> forme suivante :<br />

µ = 1.711 10 −5 ( T<br />

T S<br />

) 3<br />

2 T S + 110.4<br />

T + 110.4<br />

(2.35)<br />

avec T S = 273.15 K. Cep<strong>en</strong>dant le domaine <strong>de</strong> validité <strong>de</strong> ce modèle est restreint à<br />

<strong>de</strong>s conditions d’écoulem<strong>en</strong>t froid, c’est-à-dire à <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts non dissociés dont <strong>la</strong><br />

température <strong>de</strong> trans<strong>la</strong>tion est comprise <strong>en</strong>tre 200 K et 1500 K.<br />

– La loi <strong>de</strong> PANT (PAssive Nosetip Technology Program) est utilisée surtout pour un gaz<br />

réel :<br />

⎧<br />

⎪⎨<br />

( )<br />

4.4646 10 −5 3<br />

T 2 1221.4<br />

T<br />

µ =<br />

S T +110.33<br />

si T < 1111.11 K<br />

⎪⎩<br />

( (2.36)<br />

2.7882 10 −5 T<br />

555.56) 0.7<br />

sinon<br />

– La loi <strong>de</strong> Wilke modifiée par Bird est une loi <strong>de</strong> mé<strong>la</strong>nge qui pr<strong>en</strong>d <strong>la</strong> forme :<br />

µ =<br />

n e ∑<br />

α=1<br />

X α µ α<br />

∑ ne<br />

β=1 X (2.37)<br />

βψ µ,αβ<br />

où µ α est <strong>la</strong> viscosité du gaz α et ψ µ,αβ correspond à l’interaction <strong>de</strong> viscosité <strong>en</strong>tre les<br />

espèces α et β par :<br />

( ( ) 1 ( ) 1<br />

) 2<br />

1 +<br />

µα 2 M β 4<br />

µ β M α<br />

ψ µ,αβ = [ ( )] 1<br />

(2.38)<br />

8 1 + Mα 2<br />

M β<br />

et où<br />

X α = ρ α<br />

ρ<br />

X α étant <strong>la</strong> fraction mo<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> l’espèce α.<br />

M<br />

M α<br />

= MC α<br />

M α<br />

(2.39)<br />

2.1.4.3 Conductivité thermique<br />

• Calcul exact <strong>de</strong> <strong>la</strong> conductivité thermique λ<br />

De même que <strong>la</strong> viscosité, <strong>la</strong> conductivité thermique d’un gaz pur peut être exprimée sous <strong>la</strong><br />

forme :<br />

√<br />

λ α = 75<br />

64N<br />

T<br />

πM α<br />

R 3 2<br />

σ 2 αΩ (2,2) (T ⋆ )<br />

(2.40)<br />

Il existe ainsi une re<strong>la</strong>tion <strong>en</strong>tre <strong>la</strong> viscosité et <strong>la</strong> conductivité thermique pour un gaz pur<br />

monoatomique :<br />

λ α = 15 R<br />

µ α (2.41)<br />

4 M α


Chapitre 2. Les équations du problème physique 53<br />

• Approximation <strong>de</strong> <strong>la</strong> conductivité thermique λ<br />

Afin d’estimer <strong>la</strong> conductivité thermique d’un gaz supposé parfait, <strong>la</strong> première approximation<br />

utilisée est l’hypothèse du nombre <strong>de</strong> Prandtl constant avec :<br />

P r = µC p<br />

λ<br />

En ce qui concerne les gaz multi-espèces, nous appliquerons, là <strong>en</strong>core, <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> Wilke avec :<br />

λ =<br />

n e ∑<br />

α=1<br />

(2.42)<br />

X α λ α<br />

∑ ne<br />

β=1 X (2.43)<br />

βψ λ,αβ<br />

où λ α est <strong>la</strong> conductivité thermique du gaz α et ψ λ,αβ correspond à l’interaction <strong>de</strong> conductivité<br />

thermique <strong>en</strong>tre les espèces α et β par :<br />

ψ λ,αβ =<br />

( ( ) 1 ( ) 1<br />

) 2<br />

1 + λα 2 M β 4<br />

λβ M α<br />

[ ( )] 1<br />

8 1 + Mα 2<br />

M β<br />

(2.44)<br />

Maint<strong>en</strong>ant que nous avons rappelé l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s équations utilisées pour simuler les écoulem<strong>en</strong>ts<br />

turbul<strong>en</strong>ts composés d’espèces réactives, nous allons prés<strong>en</strong>ter les outils, mis <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce<br />

durant cette thèse, nécessaires à <strong>la</strong> validation <strong>de</strong> <strong>la</strong> simu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>.<br />

2.2 L’approche statistique <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong><br />

La mise <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce d’une théorie statistique <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> s’explique par le caractère aléatoire<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> (cf. 1.2.1.1). Le fait <strong>de</strong> considérer un <strong>en</strong>semble <strong>de</strong> réalisations, plutôt que chaque<br />

réalisation prise individuellem<strong>en</strong>t, va nous permettre d’i<strong>de</strong>ntifier les propriétés et les phénomènes<br />

reproductibles <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>. Nous définissons ici les outils statistiques adéquats <strong>de</strong>stinés à<br />

vali<strong>de</strong>r le phénomène <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> modélisé par les équations du paragraphe 2.1.<br />

2.2.1 Motivations<br />

Que ce soit à l’époque <strong>de</strong>s premières observations <strong>de</strong> Léonard <strong>de</strong> Vinci ou <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>tatives <strong>de</strong><br />

caractérisation d’Osborne Reynolds, il n’était pas possible d’accé<strong>de</strong>r, par le calcul, à tous les<br />

détails <strong>de</strong>s fluctuations <strong>de</strong> l’agitation turbul<strong>en</strong>te. La situation a changé au début <strong>de</strong>s années<br />

1970 avec les premiers travaux d’Orszag [41] qui a introduit <strong>la</strong> résolution <strong>numérique</strong> <strong>directe</strong><br />

<strong>de</strong>s équations <strong>de</strong> Navier-Stokes. Ces calculs, ambitieux, nécessit<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> calcul<br />

très longs et pour <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s problèmes intéressant l’ingénieur, <strong>la</strong> résolution d’équations<br />

moy<strong>en</strong>nées suffit. Dans les <strong>de</strong>ux cas, l’approche statistique est considérée car <strong>la</strong> détermination <strong>de</strong><br />

données statistiques <strong>en</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> peut s’<strong>en</strong>visager selon <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> démarches : <strong>la</strong> statistique<br />

avant et après résolution.<br />

2.2.1.1 Statistique avant résolution<br />

Il s’agit <strong>de</strong> l’approche probabiliste standard où <strong>la</strong> vitesse, <strong>la</strong> pression, <strong>la</strong> température, <strong>en</strong>tre<br />

autres, sont considérées comme <strong>de</strong>s fonctions aléatoires, décomposables <strong>en</strong> une somme d’une<br />

partie moy<strong>en</strong>ne et d’une partie fluctuante (cf. 2.2.2.3). Sur le p<strong>la</strong>n théorique, l’évolution d’une<br />

mesure <strong>de</strong> probabilité <strong>de</strong>s équations du mouvem<strong>en</strong>t n’a pas été résolue dans le cas général.


54 Chapitre 2. Les équations du problème physique<br />

Cep<strong>en</strong>dant, <strong>en</strong> s’accordant à restreindre cette <strong>de</strong>scription statistique, <strong>la</strong> modélisation mathématique<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> est possible à partir <strong>de</strong>s équations <strong>de</strong> Navier-Stokes moy<strong>en</strong>nées (2.61).<br />

Dès lors, <strong>de</strong>ux ori<strong>en</strong>tations principales ont été prises :<br />

– <strong>la</strong> modélisation à statistique globale, où les mouvem<strong>en</strong>ts d’agitation sont considérés, dans<br />

leur intégralité, comme ayant un comportem<strong>en</strong>t aléatoire (exemple : métho<strong>de</strong>s RANS),<br />

– <strong>la</strong> modélisation à statistique partielle où seules certaines c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> tourbillons sont traitées<br />

statistiquem<strong>en</strong>t, l’évolution <strong>de</strong>s autres relevant d’une résolution <strong>directe</strong> (exemple : métho<strong>de</strong>s<br />

LES).<br />

2.2.1.2 Statistique après résolution<br />

La répétitivité <strong>de</strong>s conditions initiales et aux limites n’est physiquem<strong>en</strong>t possible qu’avec un<br />

certain <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> tolérance. Au contraire du régime <strong>la</strong>minaire, cette tolérance n’est pas va<strong>la</strong>ble<br />

dans le cas du régime turbul<strong>en</strong>t où <strong>de</strong>ux réalisations d’un même écoulem<strong>en</strong>t vont se traduire<br />

par <strong>de</strong>ux résultats différ<strong>en</strong>ts. Cette approche consiste à déduire les caractéristiques statistiques<br />

d’un champ turbul<strong>en</strong>t par moy<strong>en</strong>nage sur plusieurs <strong>de</strong> ses réalisations. Il s’agit typiquem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

l’approche que nous adopterons dans le contexte <strong>de</strong> notre étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion <strong>numérique</strong> <strong>directe</strong>.<br />

Les questions fondam<strong>en</strong>tales sous-jac<strong>en</strong>tes sont <strong>de</strong> savoir à partir <strong>de</strong> combi<strong>en</strong> <strong>de</strong> réalisations,<br />

les résultats moy<strong>en</strong>nés seront considérés comme consistants. Les réponses à ces questions révèl<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong>core d’un certain empirisme et aucun critère <strong>de</strong> représ<strong>en</strong>tativité n’a <strong>en</strong>core été établi.<br />

C’est pourquoi, nous fixons le nombre d’échantillons représ<strong>en</strong>tatif à 20. Ce nombre est inférieur<br />

à celui qu’utilisai<strong>en</strong>t Perot et Moin [47] pour leurs simu<strong>la</strong>tions (<strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 60 réalisations<br />

représ<strong>en</strong>tatives). Néanmoins, nous verrons qu’il s’avère suffisant pour lisser conv<strong>en</strong>ablem<strong>en</strong>t les<br />

courbes <strong>de</strong> résultats, dans le cas où l’instationnarité <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts prévaut.<br />

2.2.2 Les moy<strong>en</strong>nes <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription statistique<br />

2.2.2.1 Moy<strong>en</strong>ne d’<strong>en</strong>semble et moy<strong>en</strong>ne temporelle<br />

Lorsque <strong>la</strong> source d’énergie générant l’écoulem<strong>en</strong>t est stationnaire et <strong>en</strong> ignorant d’év<strong>en</strong>tuels<br />

effets transitoires, alors l’écoulem<strong>en</strong>t possè<strong>de</strong> aussi un caractère aléatoire stationnaire. En d’autres<br />

termes, bi<strong>en</strong> qu’il soit instable dans le détail et que ses propriétés détaillées ne soi<strong>en</strong>t pas<br />

prédictibles, l’écoulem<strong>en</strong>t est statistiquem<strong>en</strong>t stable et ses propriétés statistiques sont reproductibles.<br />

Nous introduisons donc <strong>la</strong> moy<strong>en</strong>ne temporelle du signal étudié. Pour une fonction<br />

aléatoire f(x, t), cette moy<strong>en</strong>ne s’écrit :<br />

∫<br />

1 T/2<br />

〈f(x, t)〉 = lim f(x, t)dt (2.45)<br />

T →∞ T −T/2<br />

D’un point <strong>de</strong> vue théorique, il est préférable <strong>de</strong> définir <strong>la</strong> moy<strong>en</strong>ne 〈.〉 comme une moy<strong>en</strong>ne<br />

sur un très grand nombre N d’expéri<strong>en</strong>ces « i<strong>de</strong>ntiques ». Les quantités mesurées vont varier<br />

d’une expéri<strong>en</strong>ce à l’autre, c’est-à-dire d’une réalisation à l’autre. La moy<strong>en</strong>ne sur toutes les<br />

réalisations est appelée moy<strong>en</strong>ne d’<strong>en</strong>semble qui est définie comme <strong>la</strong> moy<strong>en</strong>ne arithmétique,<br />

quand N t<strong>en</strong>d vers l’infini, d’une collection <strong>de</strong> N échantillons f n (x, t), n = 1, ..., N <strong>de</strong> <strong>la</strong> variable<br />

aléatoire f(x, t) correspondant chacun à une réalisation possible <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t, soit :<br />

1<br />

˜f(x, t) = lim<br />

N→∞ N<br />

N∑<br />

f (i) (x, t) (2.46)<br />

i=1


Chapitre 2. Les équations du problème physique 55<br />

Il est intéressant <strong>de</strong> noter que les valeurs moy<strong>en</strong>nes au s<strong>en</strong>s statistique du terme peuv<strong>en</strong>t<br />

s’obt<strong>en</strong>ir à partir d’une seule réalisation, il faut pour ce<strong>la</strong> que le processus soit ergodique.<br />

Ces <strong>de</strong>ux estimations <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t alors équival<strong>en</strong>tes lorsque certaines propriétés statistiques <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> fonction aléatoire considérée sont invariantes par trans<strong>la</strong>tion spatiale ou temporelle. Ceci<br />

implique que sous certaines conditions, <strong>la</strong> moy<strong>en</strong>ne d’<strong>en</strong>semble pourra se confondre avec <strong>la</strong><br />

moy<strong>en</strong>ne temporelle (stationnarité temporelle) ou bi<strong>en</strong> avec <strong>la</strong> moy<strong>en</strong>ne spatiale (stationnarité<br />

spatiale). Ces <strong>de</strong>ux propriétés seront conjuguées lors <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> homogène<br />

isotrope (cf. 4).<br />

2.2.2.2 Moy<strong>en</strong>nes spatiales<br />

La moy<strong>en</strong>ne spatiale volumique dans le domaine d’étu<strong>de</strong> correspond à l’expression suivante :<br />

∫ ∫ ∫<br />

1<br />

f(x, t) = lim<br />

f(x, t)dV (2.47)<br />

V→∞ V V<br />

Cette moy<strong>en</strong>ne sera <strong>la</strong>rgem<strong>en</strong>t utilisée dans ce travail ; elle sera calculée sur l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s<br />

l f × m f × n f points du mail<strong>la</strong>ge. Nous l’emploierons notamm<strong>en</strong>t pour caractériser les montants<br />

d’énergie cinétique turbul<strong>en</strong>te et celui du taux <strong>de</strong> dissipation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>, notés respectivem<strong>en</strong>t<br />

k et ε, mais qui correspon<strong>de</strong>nt implicitem<strong>en</strong>t à k et ε.<br />

Si une gran<strong>de</strong>ur est homogène dans un p<strong>la</strong>n horizontal y = cte, on pourra être am<strong>en</strong>é à<br />

considérer une moy<strong>en</strong>ne par p<strong>la</strong>n :<br />

f(y, t) =<br />

∫ ∫<br />

1<br />

lim<br />

Π xz→∞ Π xz<br />

Π xz<br />

f(x, t)dσ (2.48)<br />

Calculée sur l f × n f , cette moy<strong>en</strong>ne permet d’étudier l’évolution verticale <strong>de</strong>s statistiques à un<br />

instant donné. Ce<strong>la</strong> étant, pour les plus grosses structures <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t, <strong>la</strong> converg<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s<br />

moy<strong>en</strong>nes horizontales ne sera pas forcém<strong>en</strong>t assurée et pourra <strong>en</strong>traîner <strong>de</strong>s variations <strong>de</strong> ces<br />

moy<strong>en</strong>nes dont il faudra t<strong>en</strong>ir rigueur.<br />

Dans certaines configurations d’écoulem<strong>en</strong>ts, nous pourrons être am<strong>en</strong>és à coupler plusieurs<br />

<strong>de</strong> ces moy<strong>en</strong>nes. Ainsi, lors <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> zones <strong>de</strong> blocages pariétaux<br />

(cf. 5), nous améliorerons <strong>la</strong> converg<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s moy<strong>en</strong>nes horizontales <strong>en</strong> considérant <strong>la</strong> nature<br />

stationnaire <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t. Il s’agira donc d’effectuer une moy<strong>en</strong>ne par p<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s moy<strong>en</strong>nes<br />

d’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s moy<strong>en</strong>nes temporelles qui peut se noter :<br />

1<br />

̂f(x, t) = lim<br />

N→∞ N<br />

[<br />

N∑<br />

i=1<br />

lim<br />

Π xz→∞<br />

∫ ∫<br />

1<br />

Π xz<br />

Π xz<br />

(<br />

lim<br />

T →∞<br />

1<br />

T<br />

∫ T/2<br />

−T/2<br />

f(x, t)dt<br />

)<br />

dσ<br />

]<br />

(2.49)<br />

ou schématiquem<strong>en</strong>t :<br />

̂f = ˜〈f〉<br />

2.2.2.3 Règles <strong>de</strong> Reynolds<br />

La décomposition <strong>de</strong> toute fonction aléatoire A <strong>en</strong> somme <strong>de</strong> sa moy<strong>en</strong>ne d’<strong>en</strong>semble A et<br />

<strong>de</strong> sa fluctuation c<strong>en</strong>trée a se traduit formellem<strong>en</strong>t par :<br />

A = A + a avec a = 0 (2.50)


56 Chapitre 2. Les équations du problème physique<br />

Soi<strong>en</strong>t α et β <strong>de</strong>ux constantes et B une autre fonction aléatoire quelconque, l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s<br />

moy<strong>en</strong>nes m<strong>en</strong>tionnées plus haut (on pr<strong>en</strong>d l’exemple <strong>de</strong> <strong>la</strong> moy<strong>en</strong>ne spatiale) vérifi<strong>en</strong>t les propriétés<br />

suivantes :<br />

αA + βB = αA + βB (2.51)<br />

A.B = A.B + a.b (2.52)<br />

∂A<br />

= ∂A<br />

∂t ∂t<br />

(2.53)<br />

∂A<br />

= ∂A<br />

∂x j ∂x j<br />

(2.54)<br />

Ces moy<strong>en</strong>nes s’avèr<strong>en</strong>t être <strong>de</strong>s opérateurs linéaires qui sont <strong>en</strong> outre supposés commuter avec<br />

l’opérateur différ<strong>en</strong>tiel.<br />

2.2.3 Modèles utilisés pour <strong>la</strong> validation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> simulée<br />

Pour vali<strong>de</strong>r <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> simulée par le co<strong>de</strong> EVEREST, nous utiliserons <strong>de</strong>s équations<br />

issues <strong>de</strong>s modèles <strong>de</strong> fermeture c<strong>la</strong>ssiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>. Nous prés<strong>en</strong>tons, ici, les équations<br />

<strong>de</strong> Reynolds moy<strong>en</strong>nées ainsi que les <strong>de</strong>ux modèles pour <strong>la</strong> validation : le modèle k − ε et les<br />

modèles RSTE.<br />

2.2.3.1 Mise <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s équations <strong>de</strong> statistique <strong>en</strong> un point<br />

On introduit maint<strong>en</strong>ant <strong>la</strong> décomposition <strong>de</strong> Reynolds (cf. 2.2.2.3) <strong>en</strong> gran<strong>de</strong>ur moy<strong>en</strong>ne et<br />

gran<strong>de</strong>ur fluctuante pour <strong>la</strong> vitesse, <strong>la</strong> pression et le t<strong>en</strong>seur visqueux avec :<br />

u i = U i +u ′ i (2.55)<br />

p = P +p ′ (2.56)<br />

τ ij = τ ij +τ ′ ij (2.57)<br />

Les lettres capitales désigneront conv<strong>en</strong>tionnellem<strong>en</strong>t les gran<strong>de</strong>urs moy<strong>en</strong>nées <strong>en</strong> plus du trait<br />

<strong>de</strong> l’opérateur moy<strong>en</strong>ne. En considérant l’écoulem<strong>en</strong>t comme incompressible (<strong>en</strong> fait, masse<br />

volumique constante), il vi<strong>en</strong>t par <strong>la</strong> condition <strong>de</strong> continuité :<br />

∂ ( )<br />

U i + u ′ i = 0 (2.58)<br />

∂x i<br />

et par application <strong>de</strong> l’opérateur moy<strong>en</strong>ne à l’équation (2.58), on a :<br />

∂U i<br />

∂x i<br />

= 0 et<br />

∂u′ i<br />

∂x i<br />

= 0 (2.59)<br />

Ainsi le champ <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> <strong>de</strong> vitesse est isovolume. La moy<strong>en</strong>ne <strong>de</strong>s équations <strong>de</strong> conservation<br />

c<strong>la</strong>ssiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> masse et <strong>de</strong> Navier-Stokes (mono-espèce) <strong>de</strong>s paramètres décomposés selon<br />

Reynolds donne :<br />

)<br />

∂<br />

(ρU i<br />

∂t<br />

∂ ( )<br />

ρU j<br />

∂x j<br />

+ ∂ (<br />

ρU i U j<br />

)<br />

= 0 (2.60)<br />

∂x j<br />

= − ∂P<br />

∂x i<br />

+ ∂ (<br />

)<br />

τ ij − ρu ′ i u′ j<br />

(2.61)<br />

∂x j


Chapitre 2. Les équations du problème physique 57<br />

Ce sont les équations <strong>de</strong> Reynolds où le terme −ρu ′ i u′ j est le t<strong>en</strong>seur <strong>de</strong>s contraintes <strong>de</strong> Reynolds.<br />

On constate qu’<strong>en</strong> écrivant une équation sur le mom<strong>en</strong>t d’ordre n (ici n = 1), pour le champ<br />

moy<strong>en</strong> et à cause <strong>de</strong> <strong>la</strong> non linéarité convective, on obti<strong>en</strong>t le mom<strong>en</strong>t d’ordre n + 1, ici le<br />

t<strong>en</strong>seur <strong>de</strong> Reynolds. En supposant que l’on ne connaisse alors que le champ moy<strong>en</strong>, une fermeture<br />

<strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t nécessaire pour résoudre ces équations. Parmi ces métho<strong>de</strong>s et conformém<strong>en</strong>t à<br />

<strong>la</strong> c<strong>la</strong>ssification établie dans le paragraphe 1.2.3.2, nous distinguerons les métho<strong>de</strong>s statistiques<br />

d’ordre un (modèle k − ε) <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s statistiques d’ordre <strong>de</strong>ux (modèle RSTE).<br />

2.2.3.2 Modèle issu <strong>de</strong> <strong>la</strong> statistique d’ordre 1 : le modèle k − ε<br />

• Approche phénoménologique du concept <strong>de</strong> viscosité <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong><br />

Supposons que l’écoulem<strong>en</strong>t moy<strong>en</strong> se décompose <strong>en</strong> filets horizontaux, et que <strong>la</strong> vitesse<br />

moy<strong>en</strong>ne u i soit croissante suivant <strong>la</strong> direction x j . Les particules <strong>de</strong> flui<strong>de</strong> qui pénètr<strong>en</strong>t dans<br />

un filet par le bas (u ′ j > 0) ont <strong>en</strong> moy<strong>en</strong>ne une vitesse horizontale plus petite que <strong>la</strong> vitesse<br />

moy<strong>en</strong>ne du filet : u ′ i < 0. Parallèlem<strong>en</strong>t, les particules qui pénètr<strong>en</strong>t par le haut (u′ j < 0) ont<br />

quant à elles une vitesse horizontale plus gran<strong>de</strong> que <strong>la</strong> vitesse moy<strong>en</strong>ne du filet : u ′ i > 0. Ainsi,<br />

dans les <strong>de</strong>ux situations <strong>la</strong> contrainte <strong>de</strong> Reynolds σ ij ′ vérifie σ′ ij ≡ −ρu′ i u′ j > 0. Le même raisonnem<strong>en</strong>t<br />

s’applique lorsque <strong>la</strong> vitesse moy<strong>en</strong>ne U i est décroissante suivant x j et conduit cette fois<br />

à σ ij ′ ≡ −ρu′ i u′ j < 0.<br />

Cette <strong>de</strong>scription phénoménologique suggère l’exist<strong>en</strong>ce d’un frottem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t responsable<br />

d’échanges <strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> mouvem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre les filets du mouvem<strong>en</strong>t moy<strong>en</strong> : <strong>de</strong>s régions<br />

rapi<strong>de</strong>s vers les régions l<strong>en</strong>tes. Ainsi, <strong>en</strong> 1877, Boussinesq [10] fut le premier à introduire le<br />

concept <strong>de</strong> viscosité tourbillonnaire ou viscosité <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>, il proposa d’écrire :<br />

σ ′ ij = µ t<br />

∂u i<br />

∂x j<br />

(2.62)<br />

où µ t > 0 s’interprète comme une viscosité <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>. Il s’agit là <strong>de</strong> traiter <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong><br />

comme un état d’agitation <strong>de</strong> <strong>la</strong> matière <strong>en</strong> considérant les mouvem<strong>en</strong>ts turbul<strong>en</strong>ts comme <strong>de</strong>s<br />

mouvem<strong>en</strong>ts molécu<strong>la</strong>ires, mais avec <strong>de</strong>s molécules dont le libre parcours moy<strong>en</strong> serait macroscopique<br />

et non plus microscopique. Dans le cadre <strong>de</strong> cette approximation, le t<strong>en</strong>seur (complet)<br />

<strong>de</strong>s contraintes <strong>de</strong> Reynolds, symétrique <strong>de</strong> trace nulle, s’exprime sous <strong>la</strong> forme :<br />

(<br />

∂ui<br />

−ρu i u j = µ t + ∂u j<br />

− 2 )<br />

∂u l<br />

δ ij<br />

∂x j ∂x i 3 ∂x l<br />

} {{ }<br />

− 2 3 ρkδ ij (2.63)<br />

2S ij<br />

Le modèle <strong>de</strong> viscosité <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> est prés<strong>en</strong>té ici car il est à <strong>la</strong> base du modèle k − ε que<br />

nous aller maint<strong>en</strong>ant expliciter plus <strong>en</strong> détail.<br />

• Équations du modèle k − ε<br />

La question est alors <strong>de</strong> savoir comm<strong>en</strong>t évaluer cette nouvelle inconnue qu’est <strong>la</strong> viscosité<br />

<strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>. Dans le modèle k − ε développé initialem<strong>en</strong>t par Laun<strong>de</strong>r & Jones [31], l’analyse<br />

dim<strong>en</strong>sionnelle <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong> <strong>la</strong> viscosité <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> permet d’écrire :<br />

µ t = c µ ρ k2<br />

ε<br />

(2.64)


58 Chapitre 2. Les équations du problème physique<br />

où c µ désigne une constante <strong>de</strong> modélisation, k l’énergie cinétique et ε le taux <strong>de</strong> dissipation du<br />

mouvem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t. Au moins <strong>de</strong>ux équations <strong>de</strong> transport supplém<strong>en</strong>taires (suivant l’ordre du<br />

modèle) sont donc nécessaires afin <strong>de</strong> calculer ces <strong>de</strong>rnières quantités, dans le cas d’un écoulem<strong>en</strong>t<br />

incompressible à grand nombre <strong>de</strong> Reynolds <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>, elles s’écriv<strong>en</strong>t :<br />

∂ρk<br />

∂t + u ∂ρk<br />

j =<br />

∂x j<br />

∂ρε<br />

∂t + u ∂ρε<br />

j =<br />

∂x j<br />

∂ [(<br />

µ + µ ) ]<br />

t ∂k ∂u i<br />

− ρu i u j − ρε (2.65)<br />

∂x l σ k ∂x l ∂x j<br />

∂ [(<br />

µ + µ ) ]<br />

t ∂ε ε<br />

− C ε,1<br />

∂x l σ ε ∂x l k u ∂u i<br />

iu j − C ε,2 ρ ε2<br />

∂x j k<br />

(2.66)<br />

A noter que le terme <strong>de</strong> pression dans l’équation (2.65) est inclus artificiellem<strong>en</strong>t dans le terme<br />

<strong>de</strong> diffusion. En effet, <strong>la</strong> corré<strong>la</strong>tion pression-vitesse est difficile à modéliser.<br />

Dans les équations (2.65) et (2.66) apparaiss<strong>en</strong>t les constantes <strong>de</strong> modélisation C µ , C ε,1 , C ε,2 ,<br />

σ k et σ ε . Ces constantes ont été voulues les plus universelles possibles, elles ont été déterminées<br />

dans les configurations <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce suivantes :<br />

– C µ est calculée <strong>de</strong> manière à ce que <strong>la</strong> production turbul<strong>en</strong>te soit équival<strong>en</strong>te à <strong>la</strong> dissipation<br />

turbul<strong>en</strong>te dans <strong>la</strong> couche limite, on parle <strong>de</strong> loi logarithmique <strong>de</strong> paroi ;<br />

– C ε,1 est une constante <strong>de</strong> fermeture dans le terme source <strong>de</strong> l’équation <strong>de</strong> dissipation.<br />

Elle fait référ<strong>en</strong>ce à l’évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone pleinem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>te d’une couche limite et<br />

notamm<strong>en</strong>t <strong>de</strong> <strong>la</strong> déformation ou du cisaillem<strong>en</strong>t uniforme ;<br />

– C ε,2 est une constante <strong>de</strong> fermeture dans le terme puit <strong>de</strong> l’équation <strong>de</strong> dissipation. Elle<br />

représ<strong>en</strong>te <strong>la</strong> <strong>de</strong>struction du taux <strong>de</strong> dissipation (voir aussi Tab. 4.7) ;<br />

– σ k est le nombre <strong>de</strong> Prandtl d’énergie cinétique <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>, supposé <strong>en</strong> général constant,<br />

sa valeur a été fixée d’après <strong>de</strong>s comparaisons avec l’expéri<strong>en</strong>ce du jet-sil<strong>la</strong>ge ;<br />

– σ ε est le nombre <strong>de</strong> Prandtl <strong>de</strong> dissipation turbul<strong>en</strong>te. Comme pour σ k , elle fait référ<strong>en</strong>ce<br />

à l’expéri<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> jet-sil<strong>la</strong>ge.<br />

On regroupe dans le tableau 2.1 les valeurs standards <strong>de</strong> chacune <strong>de</strong>s constantes du modèle k−ε.<br />

Les chapitres 4 et 5, concernant l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> THI, seront l’occasion <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>r l’implém<strong>en</strong>tation<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> <strong>en</strong> retrouvant <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> certaines <strong>de</strong> ces constantes <strong>de</strong> modélisation.<br />

C µ C ε,1 C ε,2 σ k σ ε<br />

0.09 1.44 1.92 1.00 1.30<br />

Table 2.1 – Valeurs <strong>de</strong>s constantes <strong>de</strong> modélisation du modèle k ε<br />

2.2.3.3 Modèle issu <strong>de</strong> <strong>la</strong> statistique d’ordre 2 : les modèles RSTE<br />

Les modèles RSTE (pour Reynolds Stress Transport Equations) abandonn<strong>en</strong>t l’hypothèse <strong>de</strong><br />

viscosité <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>. L’écriture <strong>de</strong>s équations <strong>de</strong> Navier-Stokes moy<strong>en</strong>nées (2.61) fait apparaître<br />

une non-linéarité correspondant au t<strong>en</strong>seur <strong>de</strong> Reynolds u i u j . On dérive alors les équations<br />

<strong>de</strong> transport <strong>de</strong> ce t<strong>en</strong>seur <strong>de</strong> manière à obt<strong>en</strong>ir les équations <strong>de</strong> transport <strong>de</strong>s corré<strong>la</strong>tions du<br />

second ordre :<br />

où :<br />

∂u i u j<br />

∂t<br />

+ U k<br />

∂u i u j<br />

∂x k<br />

= P ij + D u ij + D p ij + Dν ij + Π ij − ε ij (2.67)


Chapitre 2. Les équations du problème physique 59<br />

P ij = −<br />

(<br />

)<br />

∂U j ∂U i<br />

u i u k + u j u k<br />

∂x k ∂x k<br />

est le terme <strong>de</strong> production par le mouvem<strong>en</strong>t moy<strong>en</strong> ;<br />

Dij u = − ∂u iu j u k<br />

est <strong>la</strong> corré<strong>la</strong>tion triple <strong>de</strong>s vitesse (diffusion) ;<br />

∂x k<br />

D p ij = − 1 (<br />

∂pui<br />

+ ∂pu )<br />

j<br />

est <strong>la</strong> diffusion par fluctuation <strong>de</strong> pression ;<br />

ρ ∂x j ∂x i<br />

Dij ν = ν ∂2 u i u j<br />

∂x k ∂x k<br />

est <strong>la</strong> diffusion molécu<strong>la</strong>ire ;<br />

Π ij = p (<br />

∂ui<br />

+ ∂u )<br />

j<br />

ρ ∂x j ∂x i<br />

est le terme <strong>de</strong> corré<strong>la</strong>tion pression-déformation ;<br />

ε ij =<br />

( )<br />

∂ui ∂u j<br />

2ν<br />

∂x j ∂x i<br />

est <strong>la</strong> pseudo-dissipation.<br />

Ces équations mett<strong>en</strong>t <strong>en</strong> jeu <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> transport (advection et diffusion) qui disparaiss<strong>en</strong>t<br />

dans le cadre d’une THI. En revanche, dans le cadre d’écoulem<strong>en</strong>ts confinés, ces termes<br />

<strong>de</strong>vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t un <strong>en</strong>semble <strong>de</strong> sources et <strong>de</strong> puits locaux qui provoqu<strong>en</strong>t, soit une variation <strong>de</strong><br />

l’énergie cinétique turbul<strong>en</strong>te, soi<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s transferts intercomposantes. Lors <strong>de</strong>s simu<strong>la</strong>tions d’écoulem<strong>en</strong>ts<br />

<strong>de</strong> proche paroi, il s’agira alors <strong>de</strong> modéliser les termes <strong>de</strong> production, <strong>de</strong> corré<strong>la</strong>tion<br />

pression-déformation et <strong>de</strong> dissipation afin <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>r <strong>la</strong> simu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>.<br />

En abandonnant l’hypothèse <strong>de</strong> viscosité <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>, les modèles RSTE permett<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

s’affranchir d’une re<strong>la</strong>tion locale <strong>en</strong>tre les t<strong>en</strong>sions <strong>de</strong> Reynolds et l’écoulem<strong>en</strong>t moy<strong>en</strong>. Ils permett<strong>en</strong>t<br />

donc <strong>de</strong> mieux pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte les effets d’histoire ou <strong>en</strong>core d’anisotropie <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>. Des modèles d’ordre supérieur, basés sur <strong>la</strong> fermeture d’équations <strong>de</strong> transport d’ordre<br />

égal ou supérieur à trois, sont difficilem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>visageables, d’une part par le manque <strong>de</strong><br />

données expérim<strong>en</strong>tales sur ce type <strong>de</strong> corré<strong>la</strong>tions d’ordre élevé, et d’autre part par <strong>la</strong> lour<strong>de</strong>ur<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> démarche <strong>en</strong>gagée. Les modèles RSTE constitu<strong>en</strong>t donc un bon intermédiaire <strong>en</strong>tre les<br />

modèles à viscosité <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> et les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion <strong>numérique</strong> <strong>directe</strong>.<br />

2.2.4 Analyse corré<strong>la</strong>toire<br />

C’est Taylor [60] qui étudia le premier les corré<strong>la</strong>tions statistiques <strong>de</strong>s fluctuations <strong>de</strong> vitesse<br />

<strong>en</strong> <strong>de</strong>ux points distincts d’un champ turbul<strong>en</strong>t. Leur emploi est un prolongem<strong>en</strong>t naturel <strong>de</strong><br />

l’analyse corré<strong>la</strong>toire <strong>en</strong> un point, dont on a vu l’importance, notamm<strong>en</strong>t avec le t<strong>en</strong>seur <strong>de</strong>s<br />

contraintes <strong>de</strong> Reynolds −ρu i u j .<br />

Bi<strong>en</strong> que l’utilisation <strong>de</strong> ces corré<strong>la</strong>tions doubles ne soit pas aisée dans le cas général, leur<br />

étu<strong>de</strong> <strong>en</strong> situation <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> homogène et isotrope pr<strong>en</strong>d tout son s<strong>en</strong>s. En effet, <strong>de</strong>s propriétés<br />

remarquables sont alors i<strong>de</strong>ntifiables et nous permett<strong>en</strong>t <strong>de</strong> nous doter d’élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong><br />

validation supplém<strong>en</strong>taires.<br />

2.2.4.1 Définition <strong>de</strong>s outils mathématiques<br />

Soi<strong>en</strong>t <strong>de</strong>ux points P 1 ( ⃗x 1 , t) et P 2 ( ⃗x 2 , t) du domaine spatial muni d’un repère orthonormé<br />

(⃗i,⃗j, ⃗ k). La corré<strong>la</strong>tion double spatio-temporelle <strong>de</strong> vitesse, s’exprime par :<br />

Q i,j (P 1 , P 2 , t 1 , t 2 ) = u i (P 1 , t 1 )u j (P 2 , t 2 ) (2.68)


60 Chapitre 2. Les équations du problème physique<br />

et représ<strong>en</strong>te <strong>en</strong> fait <strong>la</strong> moy<strong>en</strong>ne spatiale du produit <strong>en</strong>tre u i (P 1 , t 1 ), composante sur −→ i du vecteur<br />

d’agitation au point P 1 à l’instant t 1 , et u j (P 2 , t 2 ), composante sur −→ j du vecteur d’agitation au<br />

point P 2 à l’instant t 2 .<br />

La moy<strong>en</strong>ne d’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong> <strong>la</strong> variable x, notée x étant définie dans le paragraphe 2.2.2. Pour<br />

obt<strong>en</strong>ir <strong>de</strong>s quantités variant <strong>en</strong>tre −1 et +1, on norme les corré<strong>la</strong>tions par le produit <strong>de</strong>s valeurs<br />

efficaces :<br />

u i (P 1 , t 1 )u j (P 2 , t 2 )<br />

R i,j (P 1 , P 2 , t 1 , t 2 ) =<br />

(2.69)<br />

√u i (P 1 , t 1 )<br />

√u 2 j (P 2 , t 2 ) 2<br />

Cette définition <strong>de</strong>s corré<strong>la</strong>tions doubles <strong>de</strong> vitesse <strong>en</strong> <strong>de</strong>ux points fait apparaître une dép<strong>en</strong>dance<br />

à huit coordonnées spatio-temporelles. Nous verrons dans le paragraphe 2.2.4.2 que sous certaines<br />

conditions sur l’écoulem<strong>en</strong>t, ce nombre peut être ram<strong>en</strong>é à <strong>de</strong>ux. Dans un premier temps, nous<br />

considérerons les composantes <strong>de</strong> vecteur vitesse d’agitation au même instant t afin <strong>de</strong> simplifier<br />

les écritures.<br />

Les étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Batchelor [4] et Hinze [22] nous incit<strong>en</strong>t à distinguer les corré<strong>la</strong>tions particulières<br />

suivantes :<br />

– Corré<strong>la</strong>tion longitudinale :<br />

Q 1,1 (P 1 , P 2 , t) = u(P 1 , t) × u(P 2 , t) (2.70)<br />

– Corré<strong>la</strong>tion transversale :<br />

Q 2,2 (P 1 , P 2 , t) = v(P 1 , t) × v(P 2 , t) (2.71)<br />

Parallèlem<strong>en</strong>t à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s corré<strong>la</strong>tions doubles <strong>de</strong> vitesse, il est intéressant <strong>de</strong> définir les<br />

corré<strong>la</strong>tions mixtes pression vitesse <strong>en</strong> <strong>de</strong>ux points. En raison du caractère sca<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

pression, l’ordre du t<strong>en</strong>seur <strong>de</strong>s ces corré<strong>la</strong>tions est inférieur d’une unité au rang <strong>de</strong> <strong>la</strong> corré<strong>la</strong>tion.<br />

Elles sont caractérisées par le vecteur suivant :<br />

P u ,i(P 1 , P 2 , t) = p(P 1 , t)u i (P 2 , t) (2.72)<br />

La notation utilisée ici mérite certaines précisions quant au positionnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> <strong>la</strong> virgule <strong>de</strong>vant<br />

ou <strong>de</strong>rrière l’indice <strong>de</strong> composante spatiale i. Ainsi, <strong>la</strong> virgule servira toujours à séparer, dans<br />

<strong>la</strong> liste <strong>de</strong>s indices, ceux re<strong>la</strong>tifs à <strong>de</strong>s propriétés affectées au point P 1 (avant <strong>la</strong> virgule) et au<br />

point P 2 (après <strong>la</strong> virgule), <strong>de</strong> sorte que :<br />

2.2.4.2 Corré<strong>la</strong>tions doubles <strong>en</strong> THI<br />

P u i,(P 1 , P 2 , t) = p(P 2 , t)u i (P 1 , t) (2.73)<br />

Compte-t<strong>en</strong>u <strong>de</strong>s propriétés d’invariance géométrique par trans<strong>la</strong>tion, rotation et symétrie<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> homogène isotrope, Robertson [53] montre que les t<strong>en</strong>seurs <strong>de</strong> corré<strong>la</strong>tions<br />

se mett<strong>en</strong>t sous <strong>la</strong> forme <strong>de</strong>s équations (2.75). En notant r le module du vecteur −−−→<br />

√<br />

P 1 , P 2 avec<br />

r = x 2 −−−→<br />

i les composantes du vecteur P 1 , P 2 x i (i = 1, 2, 3), ces corré<strong>la</strong>tions sont <strong>de</strong> <strong>la</strong> forme :<br />

P u ,i(P 1 , P 2 , t) ≡ p(P 1 , t)u i (P 2 , t) = l(r, t) × x i (2.74)<br />

Q i,j (P 1 , P 2 , t) ≡ u i (P 1 , t)u j (P 2 , t) = q (1) (r, t) × x i x j + q (2) (r, t) × δ ij (2.75)


Chapitre 2. Les équations du problème physique 61<br />

où l, q (1) et q (1) sont <strong>de</strong>s fonctions sca<strong>la</strong>ires inconnues dép<strong>en</strong>dantes <strong>de</strong> r et t.<br />

Les expressions c<strong>la</strong>ssiques <strong>de</strong>s coeffici<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> corré<strong>la</strong>tions longitudinales f(r) et transversales<br />

g(r) sont :<br />

u(x)u(x + r)<br />

f(r, t) = R 11 (r, t) ≃<br />

u ′2 (2.76)<br />

g(r, t) = R 22 (r, t) ≃<br />

v(x)v(x + r)<br />

u ′2 (2.77)<br />

où u ′ représ<strong>en</strong>te l’int<strong>en</strong>sité <strong>de</strong>s fluctuations <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t et vérifie <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion k = 3 2 u′2 avec k<br />

<strong>la</strong> moy<strong>en</strong>ne d’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong> l’énergie cinétique turbul<strong>en</strong>te. Les représ<strong>en</strong>tations schématiques <strong>de</strong>s<br />

fonctions f et g sont données <strong>en</strong> figure 2.1.<br />

f(r)<br />

v(x)<br />

g(r)<br />

v(x+r)<br />

A<br />

u(x)<br />

r<br />

B<br />

u(x+r)<br />

A<br />

r<br />

B<br />

Figure 2.1 – Corré<strong>la</strong>tions longitudinales et transversales<br />

Il est possible d’établir les équival<strong>en</strong>ces <strong>en</strong>tres les composantes <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>seurs <strong>de</strong> corré<strong>la</strong>tions<br />

et les expressions <strong>de</strong>s coeffici<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> corré<strong>la</strong>tions f et g. On utilise pour ce<strong>la</strong> les équations (2.75)<br />

et (2.77), <strong>de</strong> manière à obt<strong>en</strong>ir :<br />

2.2.4.3 Corré<strong>la</strong>tions et incompressibilité<br />

q (1) (r, t) = u<br />

′2<br />

f(r, t) − g(r, t)<br />

r 2 (2.78)<br />

q (2) (r, t) = u ′2 g(r, t) (2.79)<br />

Si on considère désormais que les conditions d’homogénéité et d’isotropie sont couplées à<br />

une évolution isovolume, les conditions (2.59) impliqu<strong>en</strong>t que les diverg<strong>en</strong>ces <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>seurs P u ,i et<br />

Q i,j sont nulles. Ces nouvelles propriétés font qu’<strong>en</strong> situation <strong>de</strong> THI isovolume, les corré<strong>la</strong>tions<br />

pression vitesse <strong>en</strong> <strong>de</strong>ux points sont nulles avec :<br />

P u i = 0 ∀i = 1, 2, 3 (2.80)<br />

En ce qui concerne les corré<strong>la</strong>tions doubles <strong>de</strong> vitesse, on prouve une re<strong>la</strong>tion <strong>en</strong>tre les fonctions<br />

sca<strong>la</strong>ires q (1) et q (2) , <strong>en</strong> appliquant <strong>la</strong> condition d’incompressibilité (2.59) à l’expression <strong>de</strong> Q i,j<br />

(2.75) :<br />

4q (1) + r ∂q(1)<br />

= 1 = 0 (2.81)<br />

∂r r ∂r<br />

Ces re<strong>la</strong>tions, dans les cas <strong>de</strong>s échelles f(r) et g(r), permett<strong>en</strong>t d’exprimer les re<strong>la</strong>tions <strong>de</strong><br />

Von-Kármán et Howarth <strong>en</strong> substituant dans l’équation (2.81) les équations (2.79) :<br />

∂q (2)<br />

g(r, t) = f(r, t) + r ∂f(r, t)<br />

2 ∂r<br />

(2.82)


62 Chapitre 2. Les équations du problème physique<br />

2.2.4.4 Définition <strong>de</strong>s échelles corré<strong>la</strong>toires <strong>de</strong> Taylor<br />

La mise <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s échelles caractéristiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>, abordée au paragraphe 1.2.1.3,<br />

est complétée par une approche basée sur l’analyse corré<strong>la</strong>toire <strong>en</strong> <strong>de</strong>ux points, dans le but<br />

d’établir <strong>de</strong>s échelles supplém<strong>en</strong>taires, à <strong>la</strong> fois représ<strong>en</strong>tatives <strong>de</strong>s petites et <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s structures.<br />

Ainsi, on prés<strong>en</strong>te ainsi les <strong>de</strong>ux échelles <strong>de</strong> Taylor issues du traitem<strong>en</strong>t statistique.<br />

• Micro-échelle <strong>de</strong> Taylor<br />

En multipliant le développem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> série <strong>de</strong> Taylor <strong>de</strong> <strong>la</strong> fluctuation longitudinale <strong>de</strong> vitesse<br />

u(x+r, t) membre à membre avec u(x), et sous les conditions d’homogénéité et d’isotropie, Chassaing<br />

[13] rappelle que les fonctions <strong>de</strong> corré<strong>la</strong>tions f(r, t) et g(r, t) possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s comportem<strong>en</strong>ts<br />

à l’origine <strong>de</strong> <strong>la</strong> forme :<br />

f(r, t) ≃ 1 + r2 2<br />

avec : (<br />

∂ 2 )<br />

f(r, t)<br />

∂r 2<br />

r=0<br />

(<br />

∂ 2 )<br />

f(r, t)<br />

∂r 2<br />

r=0<br />

= − 1 ( ∂u(r, t)<br />

u 2 (t) ∂r<br />

(<br />

+ O r 4) (2.83)<br />

) 2<br />

r=0<br />

g(r, t) possédant une expression s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t analogue à celle <strong>de</strong> f(r, t).<br />

(2.84)<br />

On définit alors <strong>la</strong> micro-échelle longitudinale, plus communém<strong>en</strong>t appelée micro-échelle <strong>de</strong><br />

Taylor) λ T (t) à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion (2.84) <strong>en</strong> posant :<br />

(<br />

1 ∂ 2 )<br />

λ 2 T (t) = − f(r, t)<br />

∂r 2<br />

r=0<br />

≡ 1 ( ∂u(r)<br />

u ′ 2 (t) ∂r<br />

) 2<br />

r=0<br />

(2.85)<br />

Les expressions (2.83) et (2.84) montr<strong>en</strong>t que lorsque r t<strong>en</strong>d vers 0, f(r, t) admet une courbe<br />

oscu<strong>la</strong>trice 1 qui s’avère être une parabole d’équation :<br />

y = 1 − r2<br />

λ 2 T<br />

(2.86)<br />

La micro-échelle <strong>de</strong> Taylor λ T représ<strong>en</strong>te donc <strong>la</strong> distance du point d’intersection <strong>de</strong> cette<br />

parabole avec l’axe <strong>de</strong>s abscisses (Fig. 2.2). Le fait que <strong>la</strong> courbure à l’origine <strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction<br />

f(r, t) soit sous <strong>la</strong> dép<strong>en</strong>dance <strong>de</strong>s petits tourbillons, explique le qualificatif <strong>de</strong> “micro”<strong>de</strong> cette<br />

échelle.<br />

De <strong>la</strong> même manière, <strong>la</strong> fonction g(r, t) est utilisée pour définir <strong>la</strong> micro-échelle transversale<br />

<strong>de</strong> Taylor λ g (t) :<br />

(<br />

1 ∂ 2 )<br />

λ 2 g(t) = − g(r, t)<br />

∂r 2 (2.87)<br />

On déduit <strong>de</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> Von-Kármán et Howarth (2.82) que ces <strong>de</strong>ux échelles vérifi<strong>en</strong>t <strong>la</strong><br />

re<strong>la</strong>tion :<br />

λ T (t) = √ 2λ g (t) (2.88)<br />

1. En géométrie différ<strong>en</strong>tielle, <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> contact approfondit l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> tang<strong>en</strong>ce, <strong>en</strong> déterminant <strong>de</strong>s cas<br />

particuliers pour lesquels <strong>de</strong>ux courbes s’épous<strong>en</strong>t plus fortem<strong>en</strong>t au voisinage du point <strong>de</strong> contact. La tang<strong>en</strong>ce<br />

est un contact d’ordre au moins 1 ; quand le contact est d’ordre au moins 2, on parle <strong>de</strong> courbes oscu<strong>la</strong>trices, puis<br />

sur-oscu<strong>la</strong>trices pour un contact d’ordre supérieur à 2.<br />

r=0


Chapitre 2. Les équations du problème physique 63<br />

Figure 2.2 – Allure <strong>de</strong>s corré<strong>la</strong>tions longitudinale et transversale <strong>en</strong> THI<br />

• Macro-échelle <strong>de</strong> Taylor<br />

Contrairem<strong>en</strong>t à <strong>la</strong> micro-échelle <strong>de</strong> Taylor qui r<strong>en</strong>d compte du comportem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s corré<strong>la</strong>tions<br />

doubles <strong>de</strong> vitesse à l’origine (r → 0), <strong>la</strong> macro-échelle représ<strong>en</strong>te le comportem<strong>en</strong>t à l’infini <strong>de</strong>s<br />

fonctions f et g. On définit ainsi les échelles intégrales (ou macro-échelles <strong>de</strong> Taylor), longitudinale<br />

et transversale respectivem<strong>en</strong>t Λ T et Λ g grâce aux re<strong>la</strong>tions suivantes et sous réserve <strong>de</strong><br />

converg<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s intégrales :<br />

Λ T (t) =<br />

Λ g (t) =<br />

∫ ∞<br />

O<br />

∫ ∞<br />

O<br />

f(r, t)dr (2.89)<br />

g(r, t)dr (2.90)<br />

Géométriquem<strong>en</strong>t, elles représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t l’aire sous les courbes <strong>de</strong>s fonctions <strong>de</strong> corré<strong>la</strong>tions doubles<br />

<strong>de</strong> vitesse f et g (Fig. 2.2). Comme pour les micro-échelles, les échelles intégrales bâties sur ces<br />

fonctions vérifi<strong>en</strong>t une re<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> proportionnalité :<br />

Synthèse du chapitre<br />

Λ T (t) = 2Λ g (t) (2.91)<br />

L’aspect mathématique <strong>de</strong> ce travail repose sur l’é<strong>la</strong>boration <strong>de</strong>s équations <strong>de</strong> <strong>la</strong> mécanique<br />

<strong>de</strong>s flui<strong>de</strong>s qui vont être résolues <strong>de</strong> manière <strong>directe</strong> par le co<strong>de</strong> <strong>numérique</strong>. L’objectif étant<br />

<strong>de</strong> simuler <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts compressibles et réactionnels <strong>en</strong> 3 dim<strong>en</strong>sions, nous avons utilisé les<br />

équations <strong>de</strong> conservation <strong>de</strong> Navier-Stokes, auxquelles nous avons adjoint les équations re<strong>la</strong>tives<br />

à <strong>la</strong> cinétique chimique et aux propriétés <strong>de</strong>s coeffici<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> transports. Le système d’équations<br />

finalem<strong>en</strong>t résolu est :<br />

∂ρC α<br />

+ ∂ρu ( )<br />

jC α 1 ∂ ∂C α<br />

=<br />

ρD α + ˙ω α<br />

∂t ∂x j ReSc ∂x j ∂x j<br />

∂ρu i<br />

∂t<br />

∂ρE<br />

∂t<br />

+ ∂ρu ju i<br />

= − 1 ∂p<br />

∂x j Ma 2 + 1 ∂x i Re<br />

+ ∂ρu jE<br />

= − ∂pu i<br />

+ Ma2<br />

∂x j ∂x i Re<br />

+<br />

1<br />

ReSc<br />

(<br />

∂<br />

µ<br />

∂x j<br />

(<br />

∂ui<br />

∂x j<br />

+ ∂u j<br />

∂<br />

(τ ij u i ) + 1<br />

∂x j ReP r<br />

∂<br />

∂x i<br />

( ne ∑<br />

α=1<br />

ρD α h α<br />

∂C α<br />

∂x i<br />

)<br />

+ F j u j<br />

− 2 ))<br />

∂u l<br />

δ ij +<br />

∂x i 3 ∂x ¯F i<br />

l<br />

(<br />

∂<br />

λ ∂T )<br />

∂x i ∂x i


64 Chapitre 2. Les équations du problème physique<br />

Malgré l’utilisation d’une résolution <strong>numérique</strong> <strong>directe</strong>, le rappel <strong>de</strong> notions sur l’approche<br />

statistique <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> a été nécessaire <strong>en</strong> raison <strong>de</strong> l’usage complém<strong>en</strong>taire <strong>de</strong> modèles<br />

c<strong>la</strong>ssiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> (modèle k − ε et modèle RSTE) et <strong>de</strong> l’analyse corré<strong>la</strong>toire qui sera<br />

faite par <strong>la</strong> suite. L’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong> outils <strong>de</strong> statistique prés<strong>en</strong>té ici sera aussi très pratique pour<br />

traiter et interpréter l’importante quantité <strong>de</strong> résultats générés par le co<strong>de</strong>.


Chapitre 3<br />

Prés<strong>en</strong>tation du co<strong>de</strong> EVEREST<br />

Sommaire<br />

3.1 Prés<strong>en</strong>tation générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67<br />

3.1.1 Contexte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67<br />

3.1.1.1 Environnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> développem<strong>en</strong>t . . . . . . . . . . . . . . . . 67<br />

3.1.1.2 État du co<strong>de</strong> au démarrage <strong>de</strong> <strong>la</strong> thèse . . . . . . . . . . . . . 67<br />

3.1.1.3 Rappel <strong>de</strong>s objectifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68<br />

3.1.2 Principe <strong>de</strong> fonctionnem<strong>en</strong>t . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68<br />

3.1.2.1 Initialisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68<br />

3.1.2.2 Boucle d’intégration <strong>en</strong> temps . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69<br />

3.1.2.3 La sortie <strong>de</strong>s fichiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70<br />

3.1.2.4 Le traitem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71<br />

3.1.3 Informations générales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71<br />

3.1.3.1 Dim<strong>en</strong>sionnem<strong>en</strong>t . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71<br />

3.1.3.2 Mail<strong>la</strong>ge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73<br />

3.2 Discrétisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74<br />

3.2.1 Discrétisation temporelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74<br />

3.2.1.1 Schéma <strong>de</strong> Runge-Kutta . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74<br />

3.2.1.2 Définition du pas <strong>de</strong> temps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75<br />

3.2.1.3 Critère <strong>de</strong> stabilité temporelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75<br />

3.2.2 Discrétisation spatiale <strong>de</strong>s schémas compacts . . . . . . . . . . . . . . . 75<br />

3.2.2.1 Les schémas compacts dans <strong>la</strong> littérature . . . . . . . . . . . . 75<br />

3.2.2.2 Définition <strong>de</strong>s dérivées premières et secon<strong>de</strong>s . . . . . . . . . . 76<br />

3.2.2.3 Caractérisation <strong>de</strong>s conditions aux limites . . . . . . . . . . . 78<br />

3.2.2.4 Transformation conforme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80<br />

3.2.2.5 Critères <strong>de</strong> résolution spatiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81<br />

3.3 Génération d’un champ turbul<strong>en</strong>t <strong>de</strong> vitesse . . . . . . . . . . . . . . 81<br />

3.3.1 Considérations spectrales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82<br />

3.3.1.1 Spectre énergétique <strong>de</strong>s fluctuations spatiales . . . . . . . . . . 82<br />

3.3.1.2 Mainti<strong>en</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> cohér<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre espace continu et espace discrétisé 82<br />

3.3.1.3 Définition <strong>de</strong>s champs <strong>de</strong> vitesse spectrale . . . . . . . . . . . . 83<br />

3.3.2 Passage <strong>de</strong>s fluctuations spectrales dans le domaine physique . . . . . . 84<br />

65


66 Chapitre 3. Prés<strong>en</strong>tation du co<strong>de</strong> EVEREST<br />

3.3.2.1 Prés<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> <strong>la</strong> librairie FFTW . . . . . . . . . . . . . . . . 84<br />

3.3.2.2 Transformée <strong>de</strong> Fourier <strong>de</strong>s champs <strong>de</strong> vitesse . . . . . . . . . 85<br />

3.3.2.3 Efficacité <strong>de</strong> <strong>la</strong> librairie FFTW . . . . . . . . . . . . . . . . . 86<br />

3.3.2.4 Visualisation <strong>de</strong>s champs <strong>de</strong> vitesse initiaux . . . . . . . . . . . 86<br />

3.3.3 Critère <strong>de</strong> résolution spectrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86<br />

3.3.3.1 Expression <strong>de</strong> <strong>la</strong> pulsation modifiée . . . . . . . . . . . . . . . 86<br />

3.3.3.2 Efficacité <strong>de</strong> <strong>la</strong> résolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88<br />

3.4 Parallélisation du co<strong>de</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88<br />

3.4.1 Principe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88<br />

3.4.1.1 Découpage du domaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89<br />

3.4.1.2 Parallélisation du schéma compact . . . . . . . . . . . . . . . . 89<br />

3.4.2 Efficacité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91<br />

3.4.2.1 Prés<strong>en</strong>tation du calcu<strong>la</strong>teur utilisé . . . . . . . . . . . . . . . . 91<br />

3.4.2.2 Temps <strong>de</strong> résolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91<br />

3.4.2.3 Influ<strong>en</strong>ce du nombre <strong>de</strong> processeurs utilisés . . . . . . . . . . . 92<br />

Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92<br />

Dans ce chapitre, nous dressons une liste <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>numérique</strong>s explicitées par le co<strong>de</strong><br />

EVEREST 1 . Après une prés<strong>en</strong>tation générale du co<strong>de</strong>, nous traiterons <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> discrétisation<br />

implém<strong>en</strong>tées. Nous abor<strong>de</strong>rons <strong>en</strong>suite <strong>la</strong> démarche pour générer un champ turbul<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong> vitesse, avant d’évoquer le travail effectué pour paralléliser et améliorer les performances <strong>de</strong><br />

l’outil <strong>numérique</strong>.<br />

1. Évaluation <strong>de</strong>s Effets <strong>de</strong> <strong>la</strong> Rugosité sur les Écoulem<strong>en</strong>ts et <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce


Chapitre 3. Prés<strong>en</strong>tation du co<strong>de</strong> EVEREST 67<br />

3.1 Prés<strong>en</strong>tation générale<br />

3.1.1 Contexte<br />

3.1.1.1 Environnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> développem<strong>en</strong>t<br />

Dans sa volonté <strong>de</strong> parfaire sa connaissance dans le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> r<strong>en</strong>trée atmosphérique, le<br />

CEA a <strong>en</strong>gagé <strong>de</strong>s recherches sur plusieurs thématiques s’y rapportant, et parmi elles, <strong>la</strong> modélisation<br />

<strong>de</strong>s phénomènes <strong>de</strong> paroi <strong>de</strong>s boucliers thermiques. Entamé <strong>de</strong>puis plusieurs dizaines<br />

d’années, ce sujet a fait l’objet d’une première thèse <strong>en</strong> 2007 [64]. Réalisée par M. Velghe, cette<br />

thèse fut à l’origine <strong>de</strong> <strong>la</strong> mise <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> nouvelles fonctionnalités que nous seront am<strong>en</strong>és à<br />

décrire dans ce chapitre.<br />

Bénéficiant à <strong>la</strong> fois <strong>de</strong> <strong>la</strong> col<strong>la</strong>boration privilégiée avec le départem<strong>en</strong>t aérodynamique, énergétique<br />

et propulsion <strong>de</strong> l’<strong>ISAE</strong> et <strong>de</strong>s équipes d’ingénieurs et informatici<strong>en</strong>s du CEA, ce<br />

travail jouit d’une assise théorique certaine et dispose <strong>de</strong> moy<strong>en</strong>s et <strong>de</strong> compét<strong>en</strong>ces reconnus<br />

dans le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> recherche appliquée. Récemm<strong>en</strong>t, le CEA s’est doté d’un moy<strong>en</strong> <strong>de</strong> calcul<br />

<strong>de</strong> très haute performance (TERA-100) qui justifie d’autant plus l’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> simu<strong>la</strong>tion<br />

<strong>numérique</strong> <strong>directe</strong> pour m<strong>en</strong>er à bi<strong>en</strong> cette étu<strong>de</strong> (cf. 3.4.2.1).<br />

3.1.1.2 État du co<strong>de</strong> au démarrage <strong>de</strong> <strong>la</strong> thèse<br />

Au début <strong>de</strong> sa thèse, Velghe disposait d’un co<strong>de</strong> séqu<strong>en</strong>tiel basé sur l’utilisation <strong>de</strong> schémas<br />

compacts pour le calcul <strong>de</strong>s dérivées spatiales et un schéma d’intégration <strong>en</strong> temps <strong>de</strong> type<br />

Runge-Kutta. L’ess<strong>en</strong>tiel <strong>de</strong> son travail a été d’adapter <strong>numérique</strong>m<strong>en</strong>t le co<strong>de</strong> à <strong>la</strong> résolution <strong>de</strong>s<br />

phénomènes <strong>de</strong> paroi. Pour ce<strong>la</strong>, il a d’abord implém<strong>en</strong>té et validé une transformation conforme<br />

(cf. 3.2.2.4), afin <strong>de</strong> simuler correctem<strong>en</strong>t <strong>la</strong> récession <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi du bouclier thermique. Dans un<br />

second temps, il a amélioré les performances du co<strong>de</strong> <strong>en</strong> le faisant migrer d’une version séqu<strong>en</strong>tielle<br />

à une version parallèle (cf. 3.4). Une fois ces outils <strong>numérique</strong>s mis <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce, il a effectué <strong>la</strong><br />

validation du co<strong>de</strong> sur <strong>de</strong>s cas tests ayant permis <strong>de</strong> garantir ces nouvelles fonctionnalités. Voici<br />

une liste <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tes expéri<strong>en</strong>ces <strong>numérique</strong>s réalisées :<br />

• Le tourbillon <strong>de</strong> Gre<strong>en</strong>-Taylor est une solution exacte <strong>de</strong>s équations <strong>de</strong> Navier-Stokes,<br />

pour un écoulem<strong>en</strong>t isovolume, dans un espace bidim<strong>en</strong>sionnel périodique. La validation consiste<br />

à recaler les profils <strong>de</strong> vitesse simulés afin qu’ils correspon<strong>de</strong>nt aux expressions analytiques :<br />

u = sin(x) cos(y) exp(−2νt)<br />

v = − cos(x) sin(y) exp(−2νt)<br />

(3.1)<br />

Les résultats obt<strong>en</strong>us confirm<strong>en</strong>t <strong>la</strong> bonne résolution du modèle et permett<strong>en</strong>t d’apprécier <strong>la</strong><br />

précision du schéma compact et son caractère très peu dissipatif au cours du temps. Nous<br />

revi<strong>en</strong>drons sur ces schémas <strong>numérique</strong>s dans le paragraphe 3.2.2.4.<br />

• Les premier et second problèmes <strong>de</strong> Stokes ont permis <strong>de</strong> vérifier <strong>la</strong> bonne implém<strong>en</strong>tation<br />

<strong>de</strong>s conditions aux limites <strong>de</strong> paroi. Là <strong>en</strong>core, il s’agit <strong>de</strong> retrouver les évolutions<br />

analytiques <strong>de</strong>s champs <strong>de</strong> vitesse.<br />

• La convection <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux espèces chimiques est un cas-test utile pour garantir les<br />

conditions aux limites développées par Poinsot et Lele [48], dans le cadre d’une condition <strong>de</strong><br />

sortie subsonique non réfléchissante. Malgré les bons résultats, Velghe détecta tout <strong>de</strong> même<br />

l’exist<strong>en</strong>ce d’une on<strong>de</strong> r<strong>en</strong>trante (dans ce cas re<strong>la</strong>tive à <strong>la</strong> fraction massique) alors que l’espèce


68 Chapitre 3. Prés<strong>en</strong>tation du co<strong>de</strong> EVEREST<br />

chimique comm<strong>en</strong>çait à sortir du domaine <strong>de</strong> calcul. La simu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts turbul<strong>en</strong>ts<br />

visqueux compressibles sera cep<strong>en</strong>dant <strong>en</strong> mesure <strong>de</strong> dissiper cette perturbation, <strong>la</strong> r<strong>en</strong>dant <strong>de</strong><br />

fait moins pénalisante.<br />

• La simu<strong>la</strong>tion d’espèces chimiques réactives dans un flui<strong>de</strong> au repos r<strong>en</strong>d compte <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> capacité du co<strong>de</strong> à simuler les réactions chimiques. En l’occurr<strong>en</strong>ce, pour <strong>de</strong>s réactions telles<br />

que <strong>la</strong> décomposition du dioxygène et <strong>la</strong> réaction <strong>de</strong> combustion, les simu<strong>la</strong>tions confirm<strong>en</strong>t <strong>la</strong><br />

bonne représ<strong>en</strong>tation du terme <strong>de</strong> production/<strong>de</strong>struction chimique ˙ω α dans les équations <strong>de</strong><br />

Navier-Stokes (2.15).<br />

• La caractérisation <strong>de</strong>s instabilités <strong>de</strong> Kelvin-Helmholtz fut l’occasion <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>r l’aspect<br />

multi-espèces <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un écoulem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Poiseuille perturbé. Cette vérification fut l’une<br />

<strong>de</strong>s plus contraignantes à réaliser compte-t<strong>en</strong>u du temps <strong>de</strong> calcul nécessaire, plus <strong>de</strong> 400 heures,<br />

pour un temps <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> 1 secon<strong>de</strong>.<br />

À l’issue <strong>de</strong> ces vérifications, <strong>de</strong>s simu<strong>la</strong>tions d’écoulem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> paroi ab<strong>la</strong>table ont<br />

été <strong>en</strong>treprises, révé<strong>la</strong>nt l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s caractéristiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> sur <strong>la</strong> hauteur <strong>de</strong> rugosité<br />

et l’état <strong>de</strong> surface <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi. Néanmoins, à défaut d’une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> forçage consistante, les<br />

hauteurs <strong>de</strong> rugosité atteintes n’excédai<strong>en</strong>t pas 1.4 10 −10 m et ce pour <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> calcul<br />

d’<strong>en</strong>viron 420h. À défaut <strong>de</strong> réalisme physique, l’interprétation <strong>de</strong>s résultats fut limitée ce qui<br />

justifia <strong>la</strong> réalisation <strong>de</strong> cette nouvelle thèse.<br />

3.1.1.3 Rappel <strong>de</strong>s objectifs<br />

Compte t<strong>en</strong>u <strong>de</strong>s travaux antérieurs qui vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t d’être rappelés, l’accès à <strong>de</strong>s échelles d’ordre<br />

microscopique s’avère être d’une importance cruciale considérant <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s rugosités apparues<br />

lors d’essais <strong>en</strong> ab<strong>la</strong>tion ; <strong>en</strong> effet, concernant <strong>la</strong> r<strong>en</strong>trée atmosphérique <strong>de</strong>s véhicules spatiaux<br />

hypersoniques, cette taille est du même ordre <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur que l’échelle <strong>de</strong> Kolmogorov. À <strong>la</strong><br />

vue <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> Velghe, ces rugosités sont loin d’être faciles à caractériser tant que <strong>la</strong><br />

représ<strong>en</strong>tativité physique du co<strong>de</strong> n’est pas assurée. C’est pourquoi, il est primordial <strong>de</strong> garantir<br />

le réalisme physique <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts simulés afin que l’interprétation <strong>de</strong>s données issues du<br />

calcul pr<strong>en</strong>ne tout son s<strong>en</strong>s.<br />

Dans cette optique, le co<strong>de</strong> EVEREST doit être capable <strong>de</strong> retranscrire le plus fidèlem<strong>en</strong>t<br />

possible ce qui se passe aux plus petites échelles. Nous verrons que <strong>la</strong> condition sur le raffinem<strong>en</strong>t<br />

du mail<strong>la</strong>ge nécessaire à une telle modélisation requiert <strong>de</strong> très gran<strong>de</strong>s ressources informatiques<br />

(mémoire, temps CPU et tailles <strong>de</strong>s données). La réalisation <strong>de</strong>s objectifs précé<strong>de</strong>nts s’accompagnera<br />

donc <strong>de</strong> <strong>la</strong> réalisation d’objectifs secondaires qui porteront sur l’optimisation <strong>de</strong>s conditions<br />

<strong>de</strong> calcul.<br />

3.1.2 Principe <strong>de</strong> fonctionnem<strong>en</strong>t<br />

L’exploitation du co<strong>de</strong> EVEREST se décompose <strong>en</strong> 4 parties : l’initialisation, <strong>la</strong> boucle<br />

d’intégration <strong>en</strong> temps, <strong>la</strong> sortie <strong>de</strong>s fichiers et le traitem<strong>en</strong>t statistique <strong>de</strong>s résultats.<br />

3.1.2.1 Initialisation<br />

La diversité <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts abordés <strong>en</strong> situation <strong>de</strong> milieux réactifs multi-espèces, requiert<br />

une base <strong>de</strong> données conséqu<strong>en</strong>te. Dès lors, <strong>la</strong> phase d’initialisation consiste <strong>en</strong> <strong>la</strong> lecture <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>ux fichiers <strong>de</strong> données suivants :


Chapitre 3. Prés<strong>en</strong>tation du co<strong>de</strong> EVEREST 69<br />

• La base <strong>de</strong> données principale<br />

Ce fichier d’<strong>en</strong>trée permet <strong>la</strong> définition <strong>de</strong>s paramètres généraux du co<strong>de</strong>. Il définit notamm<strong>en</strong>t :<br />

– le type d’écoulem<strong>en</strong>ts simulés (régime <strong>la</strong>minaire ou turbul<strong>en</strong>t, forme initiale du champ <strong>de</strong><br />

vitesse),<br />

– les paramètres <strong>de</strong> calcul (pas <strong>de</strong> temps conductif et diffusif, durée <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion),<br />

– le dim<strong>en</strong>sionnem<strong>en</strong>t du domaine <strong>de</strong> calcul (taille et définition du mail<strong>la</strong>ge),<br />

– les types <strong>de</strong> coeffici<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> transport utilisés, pour un gaz mono-espèce, λ et µ, et <strong>la</strong> valeur<br />

initiale <strong>de</strong>s nombres adim<strong>en</strong>sionnels (Re ac , P e , L e et Sc),<br />

– les paramètres <strong>de</strong> <strong>la</strong> cinétique chimique (A f , B f , Θ f , A b , B b , Θ b ),<br />

– les données sur l’écoulem<strong>en</strong>t moy<strong>en</strong> initial (U 0 , P 0 et T 0 ) et celles re<strong>la</strong>tives à l’initialisation<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> (u ′ , κ e , κ d ),<br />

– les caractéristiques du forçage év<strong>en</strong>tuellem<strong>en</strong>t utilisé (nature, int<strong>en</strong>sité, fréqu<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> forçage<br />

et nombre d’on<strong>de</strong> <strong>de</strong> forçage κ f ),<br />

– <strong>la</strong> nature et <strong>la</strong> fréqu<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> sortie <strong>de</strong>s résultats,<br />

– les conditions aux limites.<br />

• La base <strong>de</strong> données chimiques<br />

Elle conti<strong>en</strong>t les informations re<strong>la</strong>tives à 64 espèces, parmi lesquelles figur<strong>en</strong>t par exemple N 2 ,<br />

O 2 , NO, N, C, CO, CO 2 , F , Na + , OH, H 2 O, C 3 , Air, etc. Plus précisém<strong>en</strong>t, les caractéristiques<br />

réactionnelles <strong>de</strong>s espèces sont répertoriées avec notamm<strong>en</strong>t :<br />

– les constantes chimiques,<br />

– les masses mo<strong>la</strong>ires, les <strong>de</strong>nsités, les <strong>en</strong>thalpies <strong>de</strong> formation,<br />

– les coeffici<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> transport D α , λ α et µ α ,<br />

– les indicateurs atomiques et d’ionisation,<br />

– les propriétés quantiques re<strong>la</strong>tives aux niveaux d’énergie d’excitation.<br />

Ce bref aperçu <strong>de</strong>s élém<strong>en</strong>ts paramétrables dans nos simu<strong>la</strong>tions prouve l’aptitu<strong>de</strong> du co<strong>de</strong><br />

EVEREST à simuler un grand nombre <strong>de</strong> configurations d’écoulem<strong>en</strong>ts réactionnels.<br />

3.1.2.2 Boucle d’intégration <strong>en</strong> temps<br />

La boucle d’intégration est le cœur du co<strong>de</strong>, à chaque pas <strong>de</strong> temps, elle s’effectue grâce à<br />

un schéma <strong>de</strong> Runge-Kutta d’ordre 4 et se décompose <strong>en</strong> cinq étapes :<br />

1. les coeffici<strong>en</strong>ts métriques sont calculés pour <strong>la</strong> transformation conforme,<br />

2. les conditions aux limites sont évaluées afin d’estimer les dérivées spatiales,<br />

3. les équations <strong>de</strong> <strong>la</strong> mécanique <strong>de</strong>s flui<strong>de</strong>s sont résolues <strong>de</strong> manière <strong>directe</strong> grâce aux schémas<br />

compacts,<br />

4. le forçage <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> est appliqué le cas échéant,


70 Chapitre 3. Prés<strong>en</strong>tation du co<strong>de</strong> EVEREST<br />

5. l’extraction <strong>de</strong>s paramètres spectraux <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> est m<strong>en</strong>ée.<br />

Il est important <strong>de</strong> noter que les étapes 4 et 5 <strong>de</strong> <strong>la</strong> boucle <strong>en</strong> temps utilis<strong>en</strong>t <strong>la</strong> librairie<br />

FFTW et nécessit<strong>en</strong>t, à ce titre, un retour à une simu<strong>la</strong>tion séqu<strong>en</strong>tielle et non plus parallèle.<br />

Compte-t<strong>en</strong>u <strong>de</strong> <strong>la</strong> rapidité <strong>de</strong> cette librairie (cf. 3.3.2.3), ce<strong>la</strong> aura très peu d’inci<strong>de</strong>nce sur<br />

l’efficacité <strong>numérique</strong> <strong>de</strong> ces étapes.<br />

3.1.2.3 La sortie <strong>de</strong>s fichiers<br />

Une fois <strong>la</strong> boucle d’intégration <strong>en</strong> temps achevée, i.e. le critère d’arrêt <strong>de</strong> résolution atteint,<br />

différ<strong>en</strong>tes façons d’extraire les résultats sont utilisées suivant <strong>la</strong> nature même <strong>de</strong> ceux-ci. Nous<br />

distinguons alors <strong>de</strong>ux catégories <strong>de</strong> fichiers : les fichiers <strong>de</strong> suivi temporel <strong>de</strong>s paramètres globaux<br />

et ceux répertoriant les valeurs <strong>de</strong>s paramètres <strong>en</strong> chaque point du mail<strong>la</strong>ge.<br />

• Les fichiers <strong>de</strong> suivi temporel<br />

Ces fichiers r<strong>en</strong>dant compte <strong>de</strong> l’évolution temporelle <strong>de</strong>s données globales <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t.<br />

Ainsi à chaque pas <strong>de</strong> temps, l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s paramètres prés<strong>en</strong>ts dans le tableau 3.1 est extrait du<br />

calcul et écrit dans les fichiers <strong>de</strong> sortie. Ces <strong>de</strong>rniers ne nécessit<strong>en</strong>t pas <strong>de</strong> traitem<strong>en</strong>t statistique<br />

supplém<strong>en</strong>taire car <strong>la</strong> moy<strong>en</strong>ne spatiale est calculée au fur et à mesure <strong>de</strong>s itérations.<br />

Catégorie<br />

Paramètres <strong>de</strong> <strong>la</strong> THI<br />

T<strong>en</strong>sions <strong>de</strong> Reynolds et paramètres d’(an)isotropie<br />

Échelles <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong><br />

Forçage <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong><br />

Dérivées spatiales<br />

Corré<strong>la</strong>tions<br />

Paramètres extraits<br />

∀(i, j) ∈ 1, 2, 3<br />

k, ε, ∇.u, S k , T k , Re T<br />

u 2 , v 2 , w 2 , uv, uw, vw<br />

η, λ T , L ii , l T<br />

k inj , κ f<br />

∂u i<br />

∂x j<br />

ε ii , Π ii , T u i , P u i<br />

Table 3.1 – Cont<strong>en</strong>ance <strong>de</strong>s fichiers <strong>de</strong> sortie <strong>de</strong> suivi temporel<br />

• Les fichiers stockant l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s données<br />

Ces fichiers sont les plus volumineux car ils répertori<strong>en</strong>t toutes les valeurs <strong>de</strong> tous les paramètres<br />

<strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t, et ce, <strong>en</strong> chaque point du mail<strong>la</strong>ge. Ils sont d’autant plus volumineux que le<br />

mail<strong>la</strong>ge sera raffiné. Trois types <strong>de</strong> fichiers sont ainsi extraits <strong>de</strong> manière non formatée (<strong>la</strong>ngage<br />

binaire) afin <strong>de</strong> diminuer l’espace disque nécessaire. Le premier type stockera les valeurs instantanées<br />

(valeurs brutes) <strong>de</strong>s paramètres <strong>en</strong> chaque point, le second sera réservé aux moy<strong>en</strong>nes<br />

temporelles <strong>de</strong>s ces paramètres, tandis que le <strong>de</strong>rnier type correspondra aux fichiers <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong>,<br />

nécessaires à d’év<strong>en</strong>tuelles reprises ultérieures du calcul. Les données disponibles dans<br />

chacun <strong>de</strong> ces fichiers sont regroupées dans le tableau 3.2.<br />

Dans l’optique d’améliorer les performances du co<strong>de</strong>, nous avons parallélisé l’écriture <strong>de</strong><br />

ces fichiers. Du coup, ce n’est pas trois fichiers que nous <strong>de</strong>vons traités mais bi<strong>en</strong> 3 × n procs ,<br />

où n procs est le nombre <strong>de</strong> processeurs <strong>en</strong>gagés. La somme considérable <strong>de</strong> fichiers <strong>de</strong> sortie,<br />

nous a naturellem<strong>en</strong>t poussé à développer un module <strong>de</strong> traitem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s résultats non formatés<br />

m<strong>en</strong>tionnés dans le tableau 3.1.


Chapitre 3. Prés<strong>en</strong>tation du co<strong>de</strong> EVEREST 71<br />

Nature du fichier <strong>de</strong> sortie<br />

Valeurs instantanées<br />

Moy<strong>en</strong>nes temporelles<br />

Données pour <strong>la</strong> reprise<br />

Paramètres disponibles<br />

u, v, w, P , T ,<br />

ρ, µ, (C i ) i=1,ne ,<br />

ε 11 , ε 22 , ε 33 ,<br />

Π 11 , Π 22 , Π 33<br />

∂u i<br />

∀(i, j) ∈ 1, 2, 3<br />

∂x j<br />

〈u〉, 〈v〉, 〈w〉, 〈P 〉, 〈T 〉,<br />

〈ρ〉, 〈µ〉, (〈C i 〉) i=1,ne<br />

〈u i u j 〉, ∀(i, j) ∈ 1, 2, 3, i ≠ j<br />

〈P 2 〉, 〈P u〉, 〈P v〉, 〈P w〉<br />

〈T 2 〉, 〈T u〉, 〈T v〉, 〈T w〉<br />

〈ε 11 〉, 〈ε 22 〉, 〈ε 33 〉,<br />

〈<br />

〈Π<br />

〉 11 〉, 〈Π 22 〉, 〈Π 33 〉<br />

∂ui<br />

, ∀(i, j) ∈ 1, 2, 3<br />

∂x j<br />

x, y, z, Uc i , i = 1, n eqt<br />

Table 3.2 – Cont<strong>en</strong>ance <strong>de</strong>s fichiers <strong>de</strong>s données non formatées<br />

3.1.2.4 Le traitem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s résultats<br />

Ce module <strong>de</strong> traitem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s fichiers <strong>de</strong> sortie ne fait pas partie du co<strong>de</strong> <strong>en</strong> lui-même. Abs<strong>en</strong>t<br />

du co<strong>de</strong> à l’origine, ce module est primordial afin <strong>de</strong> traiter statistiquem<strong>en</strong>t les résultats obt<strong>en</strong>us.<br />

En d’autres termes, nous utilisons cet outil afin <strong>de</strong> réaliser :<br />

– les moy<strong>en</strong>nes d’<strong>en</strong>sembles <strong>de</strong>s fichiers temporels,<br />

– <strong>la</strong> représ<strong>en</strong>tation graphique 3D <strong>de</strong>s champs <strong>de</strong>s paramètres (vitesse, vorticité, pression,<br />

température,...),<br />

– les moy<strong>en</strong>nes par p<strong>la</strong>n à <strong>la</strong> paroi <strong>de</strong>s moy<strong>en</strong>nes d’<strong>en</strong>semble,<br />

– le suivi et l’analyse <strong>de</strong>s surfaces récessives.<br />

Ainsi, une fois plusieurs réalisations d’un même écoulem<strong>en</strong>t accomplies, le module <strong>de</strong> posttraitem<strong>en</strong>t<br />

nous permet, suivant l’étu<strong>de</strong> <strong>en</strong>visagée, d’extraire l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s résultats re<strong>la</strong>tifs<br />

à <strong>la</strong> dite configuration. Par exemple, lors <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> d’écoulem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> surfaces <strong>de</strong><br />

blocage, il nous permettra <strong>de</strong> tracer les moy<strong>en</strong>nes par p<strong>la</strong>ns <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>sions <strong>de</strong> Reynolds.<br />

La figure 3.1 représ<strong>en</strong>te un schéma récapitu<strong>la</strong>tif du mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> fonctionnem<strong>en</strong>t du co<strong>de</strong> EVER-<br />

EST tel qu’il résulte <strong>de</strong>s modifications apportées au cours <strong>de</strong> cette thèse.<br />

3.1.3 Informations générales<br />

3.1.3.1 Dim<strong>en</strong>sionnem<strong>en</strong>t<br />

L’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> DNS exige que <strong>la</strong> configuration géométrique étudiée soit simple. C’est<br />

pourquoi, le domaine <strong>de</strong> calcul est un parallélépipè<strong>de</strong> dont les dim<strong>en</strong>sions sont paramétrables<br />

par l’utilisateur (Fig. 3.2).<br />

Pour capturer l’év<strong>en</strong>tail <strong>de</strong>s phénomènes physiques mis <strong>en</strong> jeu, il est nécessaire <strong>de</strong> représ<strong>en</strong>-


72 Chapitre 3. Prés<strong>en</strong>tation du co<strong>de</strong> EVEREST<br />

Reprise<br />

Initialisation<br />

Lecture du fichier <strong>de</strong> donnée<br />

Chargem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> <strong>la</strong> base <strong>de</strong> données chimiques<br />

Lecture <strong>de</strong>s réactions chimiques<br />

Communication <strong>de</strong>s données d'<strong>en</strong>trée<br />

Définition du mail<strong>la</strong>ge<br />

Initialisation <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>urs physiques et du<br />

spectre <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong><br />

Boucle d'intégration <strong>en</strong> temps<br />

Métho<strong>de</strong> Runge-Kutta d'ordre 4<br />

Communication <strong>de</strong>s données d'<strong>en</strong>trée<br />

Évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> transformation conforme<br />

Calcul <strong>de</strong>s coeffici<strong>en</strong>ts métriques<br />

Évaluation <strong>de</strong>s conditions aux limites<br />

Conditions <strong>de</strong> périodicité<br />

Zones <strong>de</strong> blocage pariétal<br />

Paroi ab<strong>la</strong>table<br />

Résolution <strong>de</strong>s équations <strong>de</strong> Navier-Stokes<br />

Évaluation <strong>de</strong>s dérivées et <strong>de</strong>s coeffici<strong>en</strong>ts <strong>de</strong><br />

transport<br />

Parties diffusive et convective<br />

Terme source (production chimique)<br />

Évaluation <strong>de</strong>s moy<strong>en</strong>nes spatiales <strong>de</strong>s<br />

paramètres <strong>de</strong> l'écoulem<strong>en</strong>t<br />

Forçage spectral <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong><br />

Extraction <strong>de</strong>s<br />

propriétés spectrales<br />

Écriture <strong>de</strong>s fichiers <strong>de</strong> sortie<br />

(fichiers non formatés <strong>de</strong>s résultats et fichiers <strong>de</strong> sauvegar<strong>de</strong>)<br />

Traitem<strong>en</strong>t statistique <strong>de</strong>s résultats<br />

Partie parallèle Partie<br />

Partie parallèle<br />

Partie<br />

séqu<strong>en</strong>tielle<br />

séqu<strong>en</strong>tielle<br />

Parties du co<strong>de</strong> créées ou modifiées durant cette thèse<br />

Figure 3.1 – Schéma <strong>directe</strong>ur du co<strong>de</strong> Everest


Chapitre 3. Prés<strong>en</strong>tation du co<strong>de</strong> EVEREST 73<br />

Figure 3.2 – Domaine <strong>de</strong> calcul du co<strong>de</strong> Everest<br />

ter toutes les échelles caractéristiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>, <strong>de</strong> l’échelle intégrale à l’échelle <strong>de</strong> Kolmogorov.<br />

Les plus gran<strong>de</strong>s structures <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t, les tourbillons porteurs d’énergie, sont<br />

<strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> l’échelle <strong>de</strong> longueur intégrale définie par <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion (1.9), elle-même <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong><br />

l e . Selon Eswaran et Pope [18], il faut que l’échelle intégrale reste suffisamm<strong>en</strong>t petite <strong>de</strong>vant<br />

les dim<strong>en</strong>sions du domaine <strong>de</strong> calcul afin <strong>de</strong> justifier l’utilisation <strong>de</strong> conditions aux limites périodiques.<br />

En notant L dom <strong>la</strong> taille du domaine <strong>de</strong> calcul, les auteurs affirm<strong>en</strong>t que <strong>la</strong> condition<br />

(3.2) suivante doit être vérifiée tout au long du calcul.<br />

l e ≤ L dom<br />

4<br />

(3.2)<br />

Dans le cadre d’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> décroissance énergétique d’une <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>, il faudra rester vigi<strong>la</strong>nt<br />

quant à l’évolution <strong>de</strong> cette condition, étant donné que l’échelle intégrale l e augm<strong>en</strong>te au cours<br />

du temps. Il s’agira donc <strong>de</strong> stopper les simu<strong>la</strong>tions dans l’év<strong>en</strong>tualité où le critère <strong>de</strong> Eswaran et<br />

Pope ne serait plus vérifié. D’autres critères <strong>de</strong> résolution seront adoptés au cours <strong>de</strong> ce travail,<br />

nous y revi<strong>en</strong>drons au fur et à mesure <strong>de</strong> ce chapitre <strong>en</strong> abordant plus <strong>en</strong> détail les critères <strong>de</strong><br />

résolution spatiale, temporelle et spectrale (cf. 3.2).<br />

3.1.3.2 Mail<strong>la</strong>ge<br />

Le nombre <strong>de</strong> nœuds dans les directions x, y et z sont respectivem<strong>en</strong>t l f , m f et n f (Fig. 3.3).<br />

Deux mailles supplém<strong>en</strong>taires sont ajoutées dans chaque direction <strong>de</strong> discrétisation <strong>de</strong> manière<br />

à fixer les conditions aux limites sur ces mailles fictives. Ainsi, tous les tableaux implém<strong>en</strong>tés<br />

dans le co<strong>de</strong> sont <strong>de</strong> dim<strong>en</strong>sion : [0 : l f + 1; 0 : m f + 1; 0 : n f + 1]. Le nombre <strong>de</strong> nœuds est donc<br />

égal à (l f + 2) × (m f + 2) × (n f + 2). À chaque face du parallélépipè<strong>de</strong> peut correspondre une<br />

condition à <strong>la</strong> limite différ<strong>en</strong>te, le paragraphe 3.2.2.3 dresse un inv<strong>en</strong>taire <strong>de</strong>s conditions aux<br />

limites intégrées dans le co<strong>de</strong>.<br />

Suivant les configurations d’écoulem<strong>en</strong>ts étudiées, il sera intéressant <strong>de</strong> pouvoir augm<strong>en</strong>ter le<br />

raffinem<strong>en</strong>t dans certaines zones du domaine <strong>de</strong> calcul, que ce soit aux abords <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi ou au<br />

c<strong>en</strong>tre du domaine. Ainsi le co<strong>de</strong> dispose <strong>de</strong> plusieurs fonctions <strong>de</strong> distribution du mail<strong>la</strong>ge aptes<br />

à préciser les résultats dans les zones du domaine qui nous intéress<strong>en</strong>t. La figure 3.4 regroupe les<br />

fonctions utilisées pour <strong>la</strong> raffinem<strong>en</strong>t suivant l’axe y ainsi que leur représ<strong>en</strong>tation graphique.


74 Chapitre 3. Prés<strong>en</strong>tation du co<strong>de</strong> EVEREST<br />

Figure 3.3 – Mail<strong>la</strong>ge du domaine <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion<br />

Expression <strong>de</strong> <strong>la</strong> coordonnée y<br />

Visualisation <strong>de</strong>s fonctions<br />

y M1 = m m f ( ( ))<br />

y M2 = tan α 2m<br />

m f<br />

− tan (−α)<br />

tan(α) ( ( − tan(−α) ))<br />

y M3 = tanh m−(mf +1)<br />

α<br />

2<br />

(<br />

(<br />

tan<br />

y M4 = exp (αm)<br />

( (<br />

α m − m ))<br />

f +1 3 (<br />

2 −<br />

y M5 =<br />

( ) 3<br />

2<br />

α m f +1<br />

2<br />

α m f +1<br />

2<br />

)<br />

− tan<br />

(<br />

− tanh<br />

α m f +1<br />

2<br />

−α m f +1<br />

2<br />

) 3<br />

−α m )<br />

f +1<br />

2<br />

)<br />

Figure 3.4 – Fonctions <strong>de</strong> distribution du raffinem<strong>en</strong>t<br />

3.2 Discrétisation<br />

Ce paragraphe dresse une <strong>de</strong>scription détaillée <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tes métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> discrétisation<br />

utilisées dans le co<strong>de</strong>.<br />

3.2.1 Discrétisation temporelle<br />

3.2.1.1 Schéma <strong>de</strong> Runge-Kutta<br />

Les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> type Runge-Kutta possè<strong>de</strong>nt <strong>en</strong> général une précision suffisante et offr<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s<br />

limites <strong>de</strong> stabilité supérieures à d’autres métho<strong>de</strong>s. Elles sont extrêmem<strong>en</strong>t peu dissipatives,<br />

faciles à mettre <strong>en</strong> œuvre mais <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt un temps <strong>de</strong> calcul important. Le schéma RK4<br />

est ret<strong>en</strong>u pour intégrer l’équation différ<strong>en</strong>tielle ∂x<br />

∂t = F (x, t). Ici, x est <strong>de</strong> dim<strong>en</strong>sion n e + 4<br />

(x = ((ρC α ) α=1..ne , ρu, ρv, ρw, ρE)). Cette métho<strong>de</strong> nécessite 4 étapes pour intégrer x :<br />

⎧<br />

k 1 = F (x i , t i )<br />

⎪⎨ k 2 = F (x i + ∆t<br />

2 k 1, t i + ∆t<br />

2 )<br />

k 3 = F (x i + ∆t<br />

2 k 2, t i + ∆t<br />

2 )<br />

k 4 = F (x i + ∆tk 3 , t i + ∆t)<br />

⎪⎩<br />

x i+1 = x i + ∆t<br />

6 (k 1 + 2k 2 + 2k 3 + k 4 )


Chapitre 3. Prés<strong>en</strong>tation du co<strong>de</strong> EVEREST 75<br />

3.2.1.2 Définition du pas <strong>de</strong> temps<br />

La structure totalem<strong>en</strong>t explicite <strong>de</strong> l’algorithme, sa gran<strong>de</strong> précision (6 ème ordre <strong>en</strong> espace,<br />

4 ème ordre <strong>en</strong> temps) et <strong>la</strong> dissipation <strong>numérique</strong> très faible qui <strong>en</strong> résulte, conduis<strong>en</strong>t à limiter<br />

le pas <strong>de</strong> temps pour garantir <strong>la</strong> stabilité. Ce <strong>de</strong>rnier est déterminé comme étant le minimum<br />

<strong>de</strong>s pas <strong>de</strong> temps convectif et diffusif :<br />

- Le pas <strong>de</strong> temps convectif est re<strong>la</strong>tif au temps nécessaire à l’on<strong>de</strong> pour parcourir <strong>la</strong> distance<br />

d’une maille à <strong>la</strong> vitesse u+c. C’est <strong>la</strong> (célèbre) condition <strong>de</strong> Courant-Friedrichs-Lewy [52]<br />

ou CFL :<br />

( ) ∆x<br />

∆t < CF L × min<br />

| −→ (3.3)<br />

u | + c<br />

où ∆x est <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> maille.<br />

- Le pas <strong>de</strong> temps diffusif est imposé par un critère <strong>de</strong> type Fourier. Il correspond au temps<br />

nécessaire à <strong>la</strong> diffusion pour s’effectuer sur <strong>la</strong> distance <strong>en</strong>tre <strong>de</strong>ux nœuds :<br />

( )<br />

∆x<br />

2<br />

∆t < F o × min<br />

(3.4)<br />

1 µ<br />

Re ρ<br />

Avec ∆x <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> maille, ∆t le pas <strong>de</strong> temps et c <strong>la</strong> vitesse du son.<br />

3.2.1.3 Critère <strong>de</strong> stabilité temporelle<br />

De grands nombres <strong>de</strong> Courant conduis<strong>en</strong>t à <strong>de</strong>s pas <strong>de</strong> temps élevés et permett<strong>en</strong>t une durée<br />

<strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion plus courte pour un pas <strong>de</strong> temps <strong>de</strong> restitution égal. Néanmoins, <strong>la</strong> stabilité<br />

<strong>numérique</strong> du co<strong>de</strong> <strong>de</strong>vant être garantie, le pas <strong>de</strong> temps du calcul doit être limité. Il s’agit<br />

donc d’optimiser le compromis <strong>en</strong>tre, d’une part, <strong>la</strong> stabilité et <strong>la</strong> précision <strong>de</strong> <strong>la</strong> simu<strong>la</strong>tion et,<br />

d’autre part, le temps <strong>de</strong> calcul que l’on cherche à minimiser. Avec les schémas explicites, <strong>de</strong>s<br />

instabilités peuv<strong>en</strong>t apparaître lorsque <strong>la</strong> condition CFL dépasse une valeur critique qui est <strong>de</strong><br />

l’ordre <strong>de</strong> l’unité. En <strong>de</strong>çà, les erreurs dues à <strong>la</strong> discrétisation temporelle sont proportionnelles<br />

à CFL 2 . Pour nos simu<strong>la</strong>tions, nous ret<strong>en</strong>ons donc les critères suivants :<br />

3.2.2 Discrétisation spatiale <strong>de</strong>s schémas compacts<br />

3.2.2.1 Les schémas compacts dans <strong>la</strong> littérature<br />

F o = 0.1 (3.5)<br />

CF L ∈ [0.1, 0.6] (3.6)<br />

Le co<strong>de</strong> <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion <strong>numérique</strong> <strong>directe</strong> utilise un schéma implicite aux différ<strong>en</strong>ces finies. Ce<br />

schéma apparti<strong>en</strong>t à l’une <strong>de</strong>s familles <strong>de</strong> schémas compacts d’ordre élevé proposé par Lele [15].<br />

Les premiers travaux sur cette discrétisation ont été complétés par Hirsch [23] et Adam [1]. Leur<br />

précision est comparable à celle atteinte par <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s spectraux (qui sont d’ordre infini), avec<br />

une dissipation <strong>numérique</strong> très faible, voire nulle, sur une certaine ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> longueurs d’on<strong>de</strong>.<br />

Ainsi, ils captur<strong>en</strong>t une <strong>la</strong>rge p<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> nombres d’on<strong>de</strong> <strong>en</strong> offrant une plus gran<strong>de</strong> liberté sur les<br />

conditions aux limites et <strong>la</strong> géométrie. Depuis cet article, les schémas <strong>de</strong> Padé ont fait l’objet <strong>de</strong><br />

nombreuses publications.<br />

Parmi les schémas compacts, on distingue les schémas c<strong>en</strong>trés et les schémas déc<strong>en</strong>trés.<br />

Les premiers sont intéressants, car nonobstant les erreurs <strong>de</strong> dispersion qu’ils induis<strong>en</strong>t, ils ne


76 Chapitre 3. Prés<strong>en</strong>tation du co<strong>de</strong> EVEREST<br />

génèr<strong>en</strong>t aucune erreur <strong>de</strong> dissipation <strong>numérique</strong>. Ils sont cep<strong>en</strong>dant moins robustes et souv<strong>en</strong>t<br />

couplés à une procédure <strong>de</strong> filtrage pour stabiliser les simu<strong>la</strong>tions et réduire les erreurs <strong>de</strong><br />

repliem<strong>en</strong>t. Les seconds, quant à eux, <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dr<strong>en</strong>t une dissipation <strong>numérique</strong> apte à contrôler<br />

ces erreurs d’aliasing. À ce propos, Park [45] montre par une analyse dynamique <strong>de</strong> l’erreur <strong>de</strong><br />

discrétisation, que l’erreur d’aliasing diminue avec <strong>la</strong> dissipation <strong>numérique</strong>. Il montre égalem<strong>en</strong>t<br />

l’exist<strong>en</strong>ce d’un taux <strong>de</strong> dissipation optimal qui minimise l’erreur <strong>de</strong> discrétisation lors <strong>de</strong> l’utilisation<br />

d’un schéma déc<strong>en</strong>tré. La forme du schéma aux bords est souv<strong>en</strong>t dictée par le type <strong>de</strong><br />

condition à <strong>la</strong> limite. Pour résumer, un schéma c<strong>en</strong>tré sera utilisé dans le cas périodique et un<br />

schéma déc<strong>en</strong>tré aux bords <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’une paroi.<br />

3.2.2.2 Définition <strong>de</strong>s dérivées premières et secon<strong>de</strong>s<br />

• Dérivée première<br />

Les schémas compacts sont basés sur une approximation <strong>de</strong> <strong>la</strong> dérivée d’une fonction f par une<br />

combinaison linéaire <strong>de</strong> ses valeurs f i et celles <strong>de</strong> ses dérivées f i ′ sur les nœuds i <strong>de</strong> <strong>la</strong> grille.<br />

βf ′ i−2 + αf ′ i−1 + f ′ i + αf ′ i+1 + βf ′ i+2 = c f i+3 − f i−3<br />

6h<br />

+ b f i+2 − f i−2<br />

4h<br />

+ a f i+1 − f i−1<br />

2h<br />

Des re<strong>la</strong>tions <strong>en</strong>tres les coeffici<strong>en</strong>ts a, b, c, α et β peuv<strong>en</strong>t être établies par comparaison avec les<br />

coeffici<strong>en</strong>ts d’un développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> <strong>la</strong> dérivée <strong>en</strong> série <strong>de</strong> Taylor. En fonction <strong>de</strong> l’ordre formel <strong>de</strong><br />

l’erreur <strong>de</strong> troncature, on obti<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions à vérifier pour les paramètres a, b, c, α et β. Dans<br />

son article, Lele propose une discussion approfondie <strong>de</strong>s familles formées par ces paramètres. La<br />

re<strong>la</strong>tion (3.7) conduit à un système d’équations linéaires à résoudre selon l’ordre <strong>de</strong> précision :<br />

(3.7)<br />

a + b + c = 1 + 2α + 2β ordre 2 (3.8)<br />

a + 2 2 b + 3 2 c = 2 3! ( )<br />

α + 2 2 β<br />

2!<br />

ordre 4 (3.9)<br />

a + 2 4 b + 3 4 c = 2 5!<br />

4!<br />

( )<br />

α + 2 4 β<br />

ordre 6 (3.10)<br />

Le nombre <strong>de</strong> paramètres libres dép<strong>en</strong>d <strong>de</strong> l’ordre du schéma utilisé : on aura ainsi quatre<br />

paramètres libres à l’ordre 2, trois à l’ordre 4, et <strong>de</strong>ux à l’ordre 6. Le choix <strong>de</strong> ces paramètres<br />

libres est arbitraire. À l’ordre 6, on exprime les coeffici<strong>en</strong>ts a, b et c <strong>en</strong> fonction <strong>de</strong>s valeurs<br />

choisies pour α et β grâce aux équations suivantes :<br />

a = 1 (9 + α − 20β)<br />

6<br />

b = 1 (−9 + 32α + 62β)<br />

15<br />

c = 1 (1 − 3α + 12β)<br />

10<br />

Pour un nombre fini <strong>de</strong> nœuds, seules les conditions aux limites périodiques permett<strong>en</strong>t d’établir<br />

un système complet avec <strong>de</strong>s schémas c<strong>en</strong>trés <strong>de</strong> <strong>la</strong> forme ci-<strong>de</strong>ssus. Dans le cas général, i.e. avec<br />

<strong>de</strong>s conditions aux limites arbitraires, <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions supplém<strong>en</strong>taires sont nécessaires pour <strong>la</strong><br />

discrétisation <strong>de</strong>s dérivées au voisinage du bord. Ce sont les schémas déc<strong>en</strong>trés décrits par Lele :<br />

f ′ 1 + αf ′ 2 = 1 h (af 1 + bf 2 + cf 3 + df 4 ) (3.11)<br />

Dans ce cas non homogène, le système est résolu grâce à un algorithme <strong>de</strong> Thomas pour un coût<br />

<strong>en</strong> O(N). En configuration périodique, le système <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t cyclique.


Chapitre 3. Prés<strong>en</strong>tation du co<strong>de</strong> EVEREST 77<br />

• Dérivée secon<strong>de</strong><br />

Par analogie avec <strong>la</strong> dérivée première, on introduit une discrétisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> dérivée secon<strong>de</strong>, qui<br />

suivant le même principe, pr<strong>en</strong>d <strong>la</strong> forme suivante :<br />

βf ′′<br />

i−2+αf ′′<br />

i−1+f ′′<br />

i +αf ′′<br />

i+1+βf ′′<br />

i+2 = c f i+3 − 2f i + f i−3<br />

9h 2<br />

les re<strong>la</strong>tions <strong>en</strong>tres les coeffici<strong>en</strong>ts a, b, c, α et β étant :<br />

+b f i+2 − 2f i + f i−2<br />

4h 2 +a f i+1 − 2f i + f i−1<br />

h 2 (3.12)<br />

a + b + c = 1 + 2α + 2β ordre 2 (3.13)<br />

a + 2 2 b + 3 2 c = 2 4! ( )<br />

α + 2 2 β<br />

2!<br />

ordre 4 (3.14)<br />

a + 2 4 b + 3 4 c = 2 6!<br />

4!<br />

( )<br />

α + 2 4 β<br />

a + b + c = 1 + 2α + 2β ordre 2<br />

a + 2 2 b + 3 2 c = 2 4! ( α + 2 2 β ) ordre 4<br />

2!<br />

a + 2 4 b + 3 4 c = 2 6! ( α + 2 4 β ) ordre 6<br />

4!<br />

ordre 6 (3.15)<br />

Comme précé<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t, l’ordre du schéma <strong>de</strong> dérivation nous donne le nombre <strong>de</strong> paramètres<br />

libres. La dérivée secon<strong>de</strong> étant précise à l’ordre 6, on choisit arbitrairem<strong>en</strong>t α et β. Les valeurs<br />

<strong>de</strong> a, b et c se déduis<strong>en</strong>t alors <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions :<br />

a = 1 (6 − 9α − 12β)<br />

4<br />

b = 1 (−3 + 24α − 6β)<br />

5<br />

c = 1 (2 − 11α + 124β)<br />

20<br />

Il est égalem<strong>en</strong>t nécessaire <strong>de</strong> disposer <strong>de</strong> schémas déc<strong>en</strong>trés pour les nœuds sur les bords :<br />

f ′′<br />

1 + αf ′′<br />

2 = 1 h 2 (af 1 + bf 2 + cf 3 + df 4 + ef 5 ) (3.16)<br />

Pour les schémas (3.7)/(3.11) et (3.12)/(3.16), Lele a démontré que l’ordre formel <strong>de</strong> l’erreur<br />

ne diminue pas si l’ordre du schéma aux bords n’est pas inférieur <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ordres à<br />

celui du schéma c<strong>en</strong>tré intérieur. Cep<strong>en</strong>dant, il est difficile d’atteindre <strong>de</strong>s ordres plus élevés que<br />

le troisième ou quatrième ordre pour les schémas aux bords. Avec les schémas (3.7) et (3.12),<br />

seul un schéma du quatrième ordre peut être utilisé pour les nœuds voisins du bord. Ainsi, <strong>la</strong><br />

configuration ret<strong>en</strong>ue est un schéma tridiagonal (l’utilisation d’un schéma p<strong>en</strong>tadiagonal alourdit<br />

considérablem<strong>en</strong>t le calcul) du 6 ème ordre à l’intérieur, un schéma du 4 ème ordre sur les nœuds<br />

voisins du bord et un schéma du 3 ème ordre sur les bords. Les valeurs <strong>de</strong>s paramètres a, b, c, α<br />

et β choisies dans le cas <strong>de</strong>s schémas c<strong>en</strong>trés (nœuds intérieurs) sont :<br />

Les discrétisations ret<strong>en</strong>ues sont donc :<br />

À chaque discrétisation <strong>de</strong>s dérivés spatiales, une matrice tridiagonale cont<strong>en</strong>ant les coeffici<strong>en</strong>ts<br />

du schéma compact est construite. La métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> décomposition LU est employée afin<br />

d’inverser cette matrice. Les étu<strong>de</strong>s poussées <strong>de</strong> <strong>la</strong> stabilité et <strong>de</strong> <strong>la</strong> propagation d’on<strong>de</strong> <strong>de</strong> ce<br />

schéma ont été réalisées par Baum [5].


78 Chapitre 3. Prés<strong>en</strong>tation du co<strong>de</strong> EVEREST<br />

α β a b c<br />

1 14 1<br />

Dérivée première<br />

3<br />

0<br />

9 9<br />

0<br />

2 12 3<br />

Dérivée secon<strong>de</strong><br />

11<br />

0<br />

11 11<br />

0<br />

Table 3.3 – Valeurs <strong>de</strong>s coeffici<strong>en</strong>ts du schéma compact choisi<br />

Dérivée première<br />

(<br />

Noeuds intérieurs 3f i−1 ′ + 9f i ′ + 3f i+1 ′ = 1 1<br />

h 4 f i+2 + 7f i+1 − 7f i−1 − 1 4 i−2)<br />

f<br />

Noeuds proches bords f i−1 ′ + 4f i ′ + f i+1 ′ = 3 h (f i+1 − f i−1 )<br />

Noeuds sur les bords 2f 1 ′ + 4f 2 ′ = 1 h (5f 1 + 4f 2 + cf 3 + f 4 )<br />

Dérivée secon<strong>de</strong><br />

( )<br />

Noeuds intérieurs 2f i−1 ′′ + 11f<br />

′′<br />

i + 2f i+1 ′′ = 1 3<br />

h 2 4 f i+2 + 12f i+1 − 51 2 f i + 12f i−1 + 3 4 f i−2<br />

Noeuds proches bords f i−1 ′′ + 10f<br />

′′<br />

i + f i+1 ′′ = 12 (f<br />

h 2 i+1 − 2f i + f i−1 )<br />

Noeuds sur les bords f 1 ′′ + 11f<br />

′′<br />

2 = 1 (13f<br />

h 2 1 − 27f 2 + 15f 3 − f 4 )<br />

Table 3.4 – Schémas compacts ret<strong>en</strong>us pour <strong>la</strong> dérivée première et <strong>la</strong> dérivée secon<strong>de</strong><br />

3.2.2.3 Caractérisation <strong>de</strong>s conditions aux limites<br />

Même si les schémas <strong>numérique</strong>s fourniss<strong>en</strong>t une précision élevée et une faible dissipation<br />

<strong>numérique</strong>, <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong>s résultats dép<strong>en</strong>d fortem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature <strong>de</strong>s conditions aux limites.<br />

Lorsque <strong>de</strong>s conditions périodiques sont utilisées, aucune condition supplém<strong>en</strong>taire n’est nécessaire.<br />

Cep<strong>en</strong>dant, <strong>la</strong> considération <strong>de</strong> conditions d’<strong>en</strong>trée, <strong>de</strong> sortie ou bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>core <strong>de</strong> parois<br />

ab<strong>la</strong>tables dans notre cas sous-<strong>en</strong>t<strong>en</strong><strong>de</strong>nt le besoin d’une alternative. Cette alternative est proposée<br />

par Poinsot et Lele qui ont développé <strong>de</strong>s conditions appelées Navier-Stokes Characteristic<br />

Boundary Conditions (NSCBC). Elles consist<strong>en</strong>t à traiter explicitem<strong>en</strong>t les on<strong>de</strong>s acoustiques<br />

dans les équations <strong>de</strong> Navier-Stokes. En utilisant l’analyse <strong>de</strong> caractéristiques [62], les termes<br />

hyperboliques <strong>de</strong>s équations <strong>de</strong> Navier-Stokes correspondant à <strong>de</strong>s on<strong>de</strong>s dans <strong>la</strong> direction x sont<br />

modifiés. Les équations <strong>de</strong> transport <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tes variables conservatives s’écriv<strong>en</strong>t alors :<br />

∂ρC α<br />

∂t<br />

+ C α d 1 + d α + ∂ρC αv<br />

+ ∂ρC αw<br />

∂y ∂z<br />

∂ρu<br />

∂t + ud 1 + ρd 3 + ∂ρuv<br />

∂y<br />

∂ρv<br />

∂t + vd 1 + ρd 4 + ∂ρvv<br />

∂y<br />

∂ρw<br />

+ wd 1 + ρd 5 + ∂ρwv<br />

∂t<br />

∂y<br />

∂ρE<br />

∂t<br />

= ∂<br />

( )<br />

µ ∂C α<br />

+ ˙ω α<br />

∂x j ReSc ∂x j<br />

+ ∂ρuw<br />

∂z<br />

+ ∂ρvw<br />

∂z<br />

+ ∂ρww<br />

∂z<br />

= ∂τ 1j<br />

∂x j<br />

+ ∂p<br />

∂y = ∂τ 2j<br />

∂x j<br />

+ ∂p<br />

∂z = ∂τ 3j<br />

∂x j<br />

+ 1 2 (u ku k )d 1 + d 2<br />

γ − 1 + ρud 3 + ρvd 4 + ρwd 5 + . . .<br />

. . . ∂ ∂y [(ρE + p)v] + ∂ ∂z [(ρE + p)w] = ∂u jτ ij<br />

∂x i<br />

(3.17)<br />

− ∂q i<br />

∂x i


Chapitre 3. Prés<strong>en</strong>tation du co<strong>de</strong> EVEREST 79<br />

Le vecteur d conti<strong>en</strong>t les dérivées normales à <strong>la</strong> frontière x et ses composantes peuv<strong>en</strong>t être<br />

estimées par :<br />

⎛<br />

⎞<br />

⎛ ⎞ [<br />

L α<br />

d α<br />

1<br />

d 1<br />

c 2 L 2 + 1 ]<br />

2 (L 5 + L 1 )<br />

d d = 2<br />

1<br />

=<br />

d<br />

⎜ 3<br />

2 (L 5 + L 1 )<br />

(3.18)<br />

⎟<br />

1<br />

⎝ d 4 ⎠<br />

⎜ 2ρc (L 5 − L 1 )<br />

⎟<br />

d 5 ⎝ L 3<br />

⎠<br />

L 4<br />

où L i sont les amplitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s on<strong>de</strong>s caractéristiques associées à chaque vitesse (u + c, u, u − c),<br />

et où c désigne <strong>la</strong> vitesse du son.<br />

Les amplitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s on<strong>de</strong>s caractéristiques L i sont définies par :<br />

L α = u ∂C α<br />

∂x [ ]<br />

∂p<br />

L 1 = (u − c)<br />

∂x − ρc∂u ∂x<br />

L 2 = u(c 2 ∂ρ<br />

∂x − ∂p<br />

∂x )<br />

L 3 = u ∂u 2<br />

∂x<br />

L 4 = u ∂u 3<br />

∂x [ ]<br />

∂p<br />

L 5 = (u + c)<br />

∂x + ρc∂u ∂x<br />

(3.19)<br />

Si toutes les valeurs <strong>de</strong> L i peuv<strong>en</strong>t être calculées, alors le système (3.17) est utilisé pour<br />

donner les valeurs <strong>de</strong>s variables principales sur <strong>la</strong> frontière, et ce <strong>en</strong> fonction du pas <strong>de</strong> temps.<br />

Pour les on<strong>de</strong>s se propageant <strong>de</strong> l’intérieur vers l’extérieur du domaine <strong>de</strong> calcul, les valeurs L i<br />

peuv<strong>en</strong>t être calculées <strong>en</strong> utilisant les schémas différ<strong>en</strong>tiels aux bords. Pour les on<strong>de</strong>s <strong>en</strong>trantes,<br />

sur chaque point <strong>de</strong> <strong>la</strong> frontière, on suppose que l’on a un problème localem<strong>en</strong>t 1D et non visqueux<br />

(Local-One-Dim<strong>en</strong>sional-Inviscid). Le système LODI est utilisé pour évaluer les variations <strong>de</strong>s<br />

amplitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s on<strong>de</strong>s <strong>en</strong>trantes, il s’écrit sous forme conservative <strong>de</strong> <strong>la</strong> façon suivante :<br />

∂ρC α<br />

∂t<br />

+ 1 [L<br />

c 2 2 + 1 ]<br />

2 (L 5 + L 1 ) C α + L α = ˙ω α (3.20)<br />

]<br />

∂ρu<br />

∂t + 1 [<br />

c 2 L 2 + 1 2 (L 5 + L 1 )<br />

∂ρv<br />

∂t + 1 [<br />

c 2<br />

u + 1 2c (L 5 − L 1 ) = 0 (3.21)<br />

L 2 + 1 ]<br />

2 (L 5 + L 1 ) v + ρL 3 = 0 (3.22)<br />

∂ρw<br />

+ 1 [L<br />

∂t c 2 2 + 1 ]<br />

2 (L 5 + L 1 ) w + ρL 4 = 0 (3.23)<br />

∂ρE<br />

+ 1 [<br />

∂t 2c 2 (u ku k ) L 2 + 1 ]<br />

2 (L 5 + L 1 ) + ...<br />

(L 5 + L 1 )<br />

2(γ − 1) + u 2c (L 5 − L 1 ) + ρvL 3 + ρwL 4 = 0 (3.24)


80 Chapitre 3. Prés<strong>en</strong>tation du co<strong>de</strong> EVEREST<br />

Chaque face du domaine <strong>de</strong> calcul <strong>de</strong> <strong>la</strong> figure 3.2 peut se voir affecté <strong>de</strong> plusieurs conditions<br />

aux limites parmi <strong>la</strong> liste suivante :<br />

– condition périodique,<br />

– condition d’<strong>en</strong>trée subsonique,<br />

– condition <strong>de</strong> sortie subsonique,<br />

– condition <strong>de</strong> flux sortant pour le cas hypersonique,<br />

– condition <strong>de</strong> paroi isotherme non-glissante,<br />

– condition <strong>de</strong> paroi adiabatique non-glissante,<br />

– condition <strong>de</strong> paroi isotherme avec ab<strong>la</strong>tion.<br />

3.2.2.4 Transformation conforme<br />

Afin <strong>de</strong> pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte le recul <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi ab<strong>la</strong>table, une transformation conforme exacte<br />

a été é<strong>la</strong>borée et introduite dans le co<strong>de</strong>. Elle conduit à <strong>la</strong> construction d’un mail<strong>la</strong>ge déformable<br />

dont l’objectif est <strong>de</strong> conserver l’ordre élevé <strong>de</strong>s schémas <strong>numérique</strong>s employés et d’assurer <strong>en</strong><br />

même temps, <strong>la</strong> correspondance <strong>en</strong>tre les espaces mathématique et physique (Fig. 3.5).<br />

Figure 3.5 – Correspondance <strong>en</strong>tre les espaces mathématique et physique<br />

Pour réaliser ce coup<strong>la</strong>ge fort, tous les phénomènes se dérou<strong>la</strong>nt à proximité <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi<br />

doiv<strong>en</strong>t être capturés. La transformation conforme exacte <strong>en</strong> coordonnées généralisées <strong>de</strong>s équations<br />

<strong>de</strong> Navier-Stokes va nous permettre d’assurer <strong>la</strong> déformation du mail<strong>la</strong>ge au cours <strong>de</strong>s<br />

itérations. Ce<strong>la</strong> permettra notamm<strong>en</strong>t <strong>de</strong> pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte le recul (non uniforme) <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi<br />

et <strong>de</strong> ne pas pénaliser le temps CPU <strong>en</strong> comparaison avec l’emploi d’un mail<strong>la</strong>ge uniforme équival<strong>en</strong>t.<br />

Comme l’illustre <strong>la</strong> figure (3.6), l’idée est <strong>de</strong> réaliser les calculs sur un mail<strong>la</strong>ge uniforme<br />

qui n’évolue pas au cours du temps, et ce<strong>la</strong>, malgré les déformations physiques du domaine réel<br />

d’étu<strong>de</strong>. C’est pourquoi, l’application T : (x, y, z) → (ξ, η, ζ) <strong>de</strong> <strong>la</strong> transformation conforme<br />

assure le passage <strong>en</strong>tre le domaine physique, sur lequel toutes les gran<strong>de</strong>urs physiques sont initialisées,<br />

et le domaine mathématique servant à <strong>la</strong> discrétisation <strong>de</strong>s équations <strong>de</strong> <strong>la</strong> mécanique<br />

<strong>de</strong>s flui<strong>de</strong>s.<br />

Les lecteurs intéressés par une étu<strong>de</strong> approfondie <strong>de</strong> cette transformation peuv<strong>en</strong>t se rapporter<br />

aux travaux <strong>de</strong> Velghe [64]. Ils y trouveront notamm<strong>en</strong>t :<br />

– les expressions <strong>de</strong>s matrices J (matrice jacobi<strong>en</strong>ne <strong>de</strong> <strong>la</strong> transformation) et J −1 ,<br />

– une évaluation <strong>de</strong>s coeffici<strong>en</strong>ts métriques,<br />

– une phase <strong>de</strong> validation s’appuyant sur <strong>de</strong>s cas tests <strong>de</strong> <strong>la</strong> littérature.


Chapitre 3. Prés<strong>en</strong>tation du co<strong>de</strong> EVEREST 81<br />

(a) Mail<strong>la</strong>ge physique<br />

(b) Mail<strong>la</strong>ge mathématique<br />

Figure 3.6 – Mail<strong>la</strong>ges <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce<br />

3.2.2.5 Critères <strong>de</strong> résolution spatiale<br />

Considérant un domaine <strong>de</strong> calcul cubique, <strong>de</strong> longueur L dom , avec un mail<strong>la</strong>ge régulier<br />

constitué <strong>de</strong> N 3 points. La taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> maille ∆x est donc égale à L dom /N. Suivant Boughanem<br />

& Trouvé [9], les critères liés à une bonne résolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> sont <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux types :<br />

– les critères <strong>de</strong> type échantillonnage : le domaine <strong>de</strong> calcul doit cont<strong>en</strong>ir au minimum 4<br />

échelles intégrales l T <strong>de</strong> manière à s’assurer <strong>de</strong> <strong>la</strong> décorré<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s champs sur <strong>la</strong> longueur<br />

du domaine <strong>de</strong> calcul L dom . La condition 3.2 garantit donc un échantillon statistique<br />

représ<strong>en</strong>tatif.<br />

– les critères <strong>de</strong> type résolution : <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> maille ∆x doit être inférieure à <strong>de</strong>ux<br />

échelles <strong>de</strong> Kolmogorov η pour résoudre correctem<strong>en</strong>t les petites échelles, ceci afin d’éviter<br />

une accumu<strong>la</strong>tion d’énergie dans les plus petites structures résolues, sources d’instabilités<br />

<strong>numérique</strong>s. Soit :<br />

∆x ≤ η 2<br />

(3.25)<br />

Pratiquem<strong>en</strong>t, ce<strong>la</strong> revi<strong>en</strong>t à adapter <strong>la</strong> taille du mail<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> manière à ce que l’échelle <strong>de</strong><br />

Kolmogorov soit suffisamm<strong>en</strong>t discrétisée. Il convi<strong>en</strong>t donc <strong>de</strong> respecter <strong>la</strong> situation <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

figure 3.7(b) contrairem<strong>en</strong>t à celle <strong>de</strong> 3.7(a).<br />

3.3 Génération d’un champ turbul<strong>en</strong>t <strong>de</strong> vitesse<br />

Dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> simu<strong>la</strong>tion d’un écoulem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t, il est intéressant <strong>de</strong> pouvoir utiliser,<br />

comme condition initiale, <strong>de</strong>s champs fluctuants les plus réalistes et dont les paramètres principaux<br />

soi<strong>en</strong>t modu<strong>la</strong>bles. Des auteurs comme Preux [50], et Réveillon [56] ont déjà utilisé une<br />

initialisation <strong>de</strong>s champs <strong>de</strong> vitesse d’après les paramètres spectraux <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>, tant dans<br />

le cadre <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> d’une <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> décroissante, que dans celui d’une <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ue.<br />

Nous prés<strong>en</strong>tons ici une <strong>de</strong>scription détaillée <strong>de</strong> <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> d’initialisation <strong>numérique</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>.


82 Chapitre 3. Prés<strong>en</strong>tation du co<strong>de</strong> EVEREST<br />

η/2<br />

η/2<br />

Δx<br />

Δx<br />

(a) Mauvaise résolution<br />

(b) Bonne résolution<br />

3.3.1 Considérations spectrales<br />

Figure 3.7 – Critère <strong>de</strong> résolution spatiale<br />

3.3.1.1 Spectre énergétique <strong>de</strong>s fluctuations spatiales<br />

L’espace spectral S a le même nombre <strong>de</strong> dim<strong>en</strong>sions que l’espace physique P (i.e. 3). Le<br />

passage d’un espace à l’autre s’effectue grâce à une transformée <strong>de</strong> Fourier, les données <strong>de</strong> P<br />

étant réelles, celles <strong>de</strong> S complexes. L dom est <strong>la</strong> taille du domaine physique dans les 3 directions,<br />

il est découpé, dans <strong>la</strong> direction i, suivant N i mailles séparées par une distance constante notée<br />

∆x i telle que ∆x i = L dom /N i . Dans S, <strong>la</strong> distance élém<strong>en</strong>taire ∆κ i=1,2,3 est définie pour toutes<br />

les directions par ∆κ i = 2π/L dom = 1.<br />

En <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> homogène isotrope il est possible d’introduire simplem<strong>en</strong>t le t<strong>en</strong>seur spectral<br />

φ ij = ũ i ũ j , où ũ i est <strong>la</strong> transformée <strong>de</strong> Fourier <strong>de</strong> u i . Il correspond dans l’espace <strong>de</strong>s fréqu<strong>en</strong>ces<br />

au t<strong>en</strong>seur <strong>de</strong>s corré<strong>la</strong>tions spatiales <strong>de</strong>s fluctuations <strong>de</strong> vitesse (u i ) :.<br />

Si le problème est considéré <strong>de</strong> manière continue, E(κ) représ<strong>en</strong>te l’énergie <strong>de</strong>s fluctuations<br />

cont<strong>en</strong>ue dans <strong>la</strong> couronne sphérique Θ κ <strong>de</strong> rayon κ, d’épaisseur élém<strong>en</strong>taire dκ située dans S<br />

(3.8). Ainsi, <strong>en</strong> notant dΘ κ = 4πκ 2 dκ le volume élém<strong>en</strong>taire d’intégration, on a :<br />

E(κ) = 1 ∫<br />

φ ij dΘ κ (3.26)<br />

2 Θ κ<br />

Comme le schématise <strong>la</strong> figure 3.8, l’énergie cont<strong>en</strong>ue dans <strong>la</strong> couronne Θ κ , Θ κ +dΘ κ correspond<br />

au niveau d’énergie κ <strong>de</strong> <strong>la</strong> courbe spectrale E(κ) sur une p<strong>la</strong>ge élém<strong>en</strong>taire dκ.<br />

3.3.1.2 Mainti<strong>en</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> cohér<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre espace continu et espace discrétisé<br />

La génération précise du champ turbul<strong>en</strong>t à partir du spectre énergétique continu implique<br />

aussi <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> répartition et <strong>de</strong> l’int<strong>en</strong>sité <strong>de</strong>s fluctuations <strong>de</strong> vitesse sur toutes les<br />

sphères considérées. Or seule l’intégrale <strong>de</strong> l’énergie sur <strong>la</strong> sphère peut être déduite du spectre<br />

énergétique. Le problème est alors simplifié <strong>en</strong> considérant les hypothèses suivantes :<br />

– le module <strong>de</strong>s vitesses spectrales est constant sur une même sphère,<br />

– <strong>la</strong> génération d’une <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> homogène isotrope signifie une équi-répartition <strong>de</strong>s corré<strong>la</strong>tions<br />

<strong>de</strong> vitesse sur les sphères énergétiques qui est obt<strong>en</strong>ue par un tirage aléatoire <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

phase.


Chapitre 3. Prés<strong>en</strong>tation du co<strong>de</strong> EVEREST 83<br />

E(K)<br />

Correspondance<br />

k 3<br />

dκ<br />

k 1<br />

dκ<br />

k<br />

k 2<br />

Figure 3.8 – Liaison <strong>en</strong>tre le spectre 1D et l’espace spectral 3D<br />

S est divisé <strong>en</strong> mailles <strong>de</strong> longueur ∆κ i ce qui r<strong>en</strong>d le problème considéré discret. Ce ne sont<br />

donc pas <strong>de</strong>s sphères <strong>de</strong> rayon κ qui sont considérées mais <strong>de</strong>s couronnes sphériques <strong>de</strong> rayon<br />

interne κ et d’épaisseur moy<strong>en</strong>ne ∆κ = √ ∆κ i ∆κ i . Les hypothèses décrites précé<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t seront<br />

donc appliquées à ces couronnes. L’énergie cont<strong>en</strong>ue dans <strong>la</strong> couronne [Θ κ , Θ κ+∆κ ] s’écrit :<br />

∫ Θκ+∆κ<br />

E κ,κ+∆κ = 1 2<br />

Θ κ<br />

φ ii dΘ κ<br />

Elle est reliée au spectre énergétique par <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion :<br />

E κ,κ+∆κ = E(κ)∆κ<br />

Par hypothèse, φ ii est constant dans <strong>la</strong> couronne [Θ κ , Θ κ+∆κ ] ce qui implique :<br />

E κ,κ+∆κ = 2πκ 2 φ ii (κ)∆κ (3.27)<br />

Une <strong>de</strong>s difficultés du problème rési<strong>de</strong> dans le fait qu’il faille passer d’une vision sphérique<br />

continue à une <strong>de</strong>scription discrétisée cartési<strong>en</strong>ne. De ce fait, l’énergie appliquée <strong>en</strong> tout point<br />

du mail<strong>la</strong>ge spectral cartési<strong>en</strong> <strong>de</strong>vra représ<strong>en</strong>ter l’énergie cont<strong>en</strong>ue dans le volume :<br />

.<br />

∆V κ =<br />

3∏<br />

∆κ i<br />

1<br />

3.3.1.3 Définition <strong>de</strong>s champs <strong>de</strong> vitesse spectrale<br />

Soit un point <strong>de</strong> S dont les coordonnées (κ 1 , κ 2 , κ 3 ) inclus dans <strong>la</strong> couronne [Θ κ , Θ κ+∆κ ]. Le<br />

t<strong>en</strong>seur continu et constant peut être considéré comme une <strong>de</strong>nsité d’énergie volumique (3.27).<br />

La re<strong>la</strong>tion liant d’une part le module <strong>de</strong> vitesse spectrale <strong>en</strong> ce point et le t<strong>en</strong>seur continu qui<br />

est constant sur toute <strong>la</strong> couronne s’écrit donc :<br />

‖ũ(κ 1 , κ 2 , κ 3 )‖ 2 = φ ii (κ)∆V κ


84 Chapitre 3. Prés<strong>en</strong>tation du co<strong>de</strong> EVEREST<br />

k 3<br />

dκ<br />

k 2<br />

k 1<br />

Équival<strong>en</strong>ce <strong>numérique</strong><br />

k 2<br />

k 3<br />

k 1<br />

Figure 3.9 – Mainti<strong>en</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> cohér<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre l’espace continu et l’espace discrétisé<br />

On <strong>en</strong> déduit, pour tout point (κ 1 , κ 2 , κ 3 ) <strong>de</strong> l’espace spectral S, une re<strong>la</strong>tion <strong>en</strong>tre le module<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> vitesse et le spectre <strong>de</strong> l’énergie turbul<strong>en</strong>te :<br />

‖ũ(κ 1 , κ 2 , κ 3 )‖ 2 = E(κ)<br />

2πκ 2 ∆V κ (3.28)<br />

√<br />

où κ = κ 2 1 + κ2 2 + κ2 3 . À ce niveau, le module du champ <strong>de</strong> vitesse est connu. En tout point <strong>de</strong><br />

l’espace spectral, les phases liées aux vecteurs <strong>de</strong> vitesse spectrale sont tirées au sort, ce qui offre<br />

<strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> générer <strong>de</strong>s champs <strong>de</strong> vitesse turbul<strong>en</strong>ts différ<strong>en</strong>ts pour un même spectre. Il<br />

existe néanmoins une contrainte sur <strong>la</strong> phase qui <strong>de</strong>vra être telle que <strong>la</strong> transformée <strong>de</strong> Fourier<br />

inverse du champ <strong>de</strong> vitesse spectrale soit réelle. Les expressions <strong>de</strong>s composantes du vecteur<br />

vitesse spectrale (ũ 1 , ũ 2 , ũ 3 ) que l’on peut retrouver dans [55] s’écriv<strong>en</strong>t :<br />

⎛<br />

⎞ ⎛<br />

⎞ ⎛ √<br />

ũ 1 = ⎝ Γκκ 2 + Λκ 1 κ 3<br />

√ ⎠ , ũ 2 = ⎝ −Γκκ 1 + Λκ 2 κ 3<br />

√ ⎠ , ũ 3 = ⎝− Λ κ 2 1 + ⎞<br />

κ2 2<br />

⎠ (3.29)<br />

κ κ 2 1 + κ2 2<br />

κ κ 2 1 + κ2 κ<br />

2<br />

avec<br />

Γ = Γ(κ 1 , κ 2 , κ 3 , α 1 , α 3 ) = ‖ũ(κ 1 , κ 2 , κ 3 )‖ exp(iα 1 ) cos(α 3 ) (3.30)<br />

Λ = Λ(κ 1 , κ 2 , κ 3 , α 2 , α 3 ) = ‖ũ(κ 1 , κ 2 , κ 3 )‖ exp(iα 2 ) sin(α 3 ) (3.31)<br />

Les phases α 1 , α 2 et α 3 sont choisies aléatoirem<strong>en</strong>t.<br />

3.3.2 Passage <strong>de</strong>s fluctuations spectrales dans le domaine physique<br />

3.3.2.1 Prés<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> <strong>la</strong> librairie FFTW<br />

La librairie FFTW (Fastest Fourier Transform in the West) écrite <strong>en</strong> C permet <strong>de</strong> calculer<br />

<strong>la</strong> Transformée <strong>de</strong> Fourrier Discrète (TFD) d’un signal complexe ou réel, quel que soit le nombre<br />

<strong>de</strong> dim<strong>en</strong>sions. Ainsi, <strong>la</strong> compi<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong> transformation se déroule <strong>en</strong> <strong>de</strong>ux phases :<br />

– La première phase est appelée ”p<strong>la</strong>nner” : elle génère un p<strong>la</strong>n qui indique à <strong>la</strong> machine<br />

utilisée le moy<strong>en</strong> le plus rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> calculer.


Chapitre 3. Prés<strong>en</strong>tation du co<strong>de</strong> EVEREST 85<br />

– La <strong>de</strong>uxième phase est appelée ”executor” : elle calcule <strong>la</strong> TFD suivant <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> décrite<br />

dans le p<strong>la</strong>n.<br />

Ce modèle <strong>de</strong> p<strong>la</strong>nification / exécution s’applique pour les différ<strong>en</strong>ts modèles <strong>de</strong> calcul que<br />

sont <strong>la</strong> transformation complexe 1D (FFTW), <strong>la</strong> transformation complexe multi-dim<strong>en</strong>sions<br />

(FFTWND), <strong>la</strong> transformation réelle 1D (RFFTW) et <strong>la</strong> transformation réelle multi-dim<strong>en</strong>sions<br />

(RFFTWND).<br />

Pour cette étu<strong>de</strong>, le co<strong>de</strong> doit effectuer une transformée <strong>de</strong> Fourier afin <strong>de</strong> passer <strong>de</strong> l’espace<br />

spectral (complexe) à l’espace physique (réel). La transformation RFFTWND est donc choisie<br />

pour obt<strong>en</strong>ir ce champs <strong>de</strong> vitesses réel <strong>en</strong> 3 dim<strong>en</strong>sions.<br />

3.3.2.2 Transformée <strong>de</strong> Fourier <strong>de</strong>s champs <strong>de</strong> vitesse<br />

Considérons un domaine unidim<strong>en</strong>sionnel <strong>de</strong> longueur 2π discrétisé <strong>de</strong> manière uniforme sur<br />

N +1 points (x i = i∆x ; i = 0, .., N, avec ∆x = 2π N<br />

). Toute fonction périodique f est représ<strong>en</strong>tée<br />

par un <strong>en</strong>semble <strong>de</strong> valeurs discrètes f = {f i ; i = 0, ..., N}. La transformée <strong>de</strong> Fourier discrète<br />

est donnée par le polynôme d’interpo<strong>la</strong>tion trigonométrique <strong>de</strong> <strong>de</strong>gré N/2 :<br />

f i =<br />

N/2−1<br />

∑<br />

κ=−N/2<br />

ˆf κ exp(jx i κ) avec ˆfκ = 1 N<br />

N−1 ∑<br />

i=0<br />

f i exp(−jx i κ) (3.32)<br />

Dans le cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> TFD, on développe <strong>la</strong> formu<strong>la</strong>tion mathématique exacte <strong>de</strong> <strong>la</strong> RFFTWND.<br />

Soit X un vecteur réel <strong>de</strong> d dim<strong>en</strong>sions tel que X s’écrit X[j 1 , j 2 , ..., j d ] où 0 ≤ j s ≤ n s , ∀s ∈<br />

{1, 2, ..., d}. On note ω s = e 2πi<br />

ns , s ∈ {1, 2, .., d}. La transformation <strong>de</strong> Fourier <strong>directe</strong> va générer<br />

un vecteur complexe Y tel que :<br />

Y [k 1 , k 2 , ..., k d ] =<br />

n 1 −1 ∑<br />

n 2 −1 ∑<br />

j 1 =0 j 2 =0<br />

n∑<br />

d −1<br />

...<br />

j d =0<br />

Or Y vérifie une symétrie hermiti<strong>en</strong>ne tel que :<br />

X[j 1 , j 2 , ..., j d ]ω −k 1j 1<br />

1 ω −k 2j 2<br />

2 ...ω −k dj d<br />

d<br />

Y [k 1 , k 2 , ..., k d ] = Y [n 1 − k 1 , n 2 − k 2 , ..., n d − k d ] ⋆ , ∀0 ≤ k s ≤ n s<br />

Ainsi, on se cont<strong>en</strong>te <strong>de</strong> stocker seulem<strong>en</strong>t <strong>la</strong> moitié <strong>de</strong>s valeurs <strong>de</strong> Y , <strong>en</strong> passant d’un vecteur<br />

<strong>de</strong> dim<strong>en</strong>sions ( ∏ n s ) s=1,d<br />

à un vecteur à (∏ n s<br />

( nd<br />

2<br />

+ 1 )) s=1,d−1 dim<strong>en</strong>sions.<br />

De <strong>la</strong> même manière, on écrit <strong>la</strong> formu<strong>la</strong>tion exacte pour <strong>la</strong> transformation <strong>de</strong> Fourier inverse.<br />

Soit X un vecteur complexe <strong>de</strong> d dim<strong>en</strong>sions tel que X s’écrit X[j 1 , j 2 , ..., j d ] où 0 ≤ j s ≤ n s ,<br />

∀s ∈ {1, 2, ..., d}. Le vecteur X est hermiti<strong>en</strong>, il vérifie <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion :<br />

X[j 1 , j 2 , ..., j d ] = X[n 1 − j 1 , n 2 − j 2 , ..., n d − j d ] ⋆ , ∀0 ≤ j s ≤ n s<br />

On note ω s = e 2πi<br />

ns , s ∈ {1, 2, .., d}. La transformation <strong>de</strong> Fourier inverse va générer un vecteur<br />

réel Y tel que :<br />

Y [k 1 , k 2 , ..., k d ] =<br />

n 1 −1 ∑<br />

n 2 −1 ∑<br />

j 1 =0 j 2 =0<br />

n∑<br />

d −1<br />

...<br />

j d =0<br />

X[j 1 , j 2 , ..., j d ]ω k 1j 1<br />

1 ω k 2j 2<br />

2 ...ω k dj d<br />

d


86 Chapitre 3. Prés<strong>en</strong>tation du co<strong>de</strong> EVEREST<br />

3.3.2.3 Efficacité <strong>de</strong> <strong>la</strong> librairie FFTW<br />

L’avantage supplém<strong>en</strong>taire <strong>de</strong> cette librairie est <strong>la</strong> possibilité d’effectuer <strong>de</strong>s allers-retours<br />

<strong>en</strong>tre le domaine fréqu<strong>en</strong>tiel et le domaine physique très rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t. Ainsi, <strong>en</strong> effectuant une<br />

transformation <strong>de</strong> Fourier <strong>directe</strong> au cours du calcul (les équations <strong>de</strong> Navier-Stokes sont résolues<br />

dans le domaine réel), nous serons <strong>en</strong> mesure d’extraire les propriétés spectrales <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t.<br />

En effet, <strong>la</strong> donnée du champs <strong>de</strong> vitesse (u, v, w) nous fournira alors <strong>la</strong> valeur du champ fluctuant.<br />

On <strong>en</strong> déduit alors l’allure du spectre E(κ). Nous vérifions grâce à <strong>la</strong> figure 3.10 <strong>la</strong> bonne<br />

implém<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> <strong>la</strong> librairie <strong>en</strong> comparant le spectre initial avec celui extrait après un allerretour<br />

dans l’espace physique, et ceux, pour les <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> spectres implém<strong>en</strong>tés. L’efficacité<br />

<strong>de</strong> l’extraction <strong>de</strong>s données spectrales sera étudiée dans le paragraphe 4.5.<br />

(a) Spectre PP<br />

(b) Spectre VKP<br />

Figure 3.10 – Vérification <strong>de</strong> l’implém<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> <strong>la</strong> librairie FFTW<br />

3.3.2.4 Visualisation <strong>de</strong>s champs <strong>de</strong> vitesse initiaux<br />

La figure 3.11 représ<strong>en</strong>te les champs <strong>de</strong> vorticités obt<strong>en</strong>us pour les spectres Passot-Pouquet<br />

(PP) et Von-Kármán Pao (VKP). Le profil <strong>de</strong>s champs obt<strong>en</strong>us démontre <strong>la</strong> capacité du spectre<br />

VKP à représ<strong>en</strong>ter les plus petites échelles <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t, car pour un même nombre d’on<strong>de</strong><br />

κ e caractéristique <strong>de</strong>s tourbillons porteurs d’énergie, le spectre VKP représ<strong>en</strong>te une gamme<br />

d’échelles <strong>de</strong> longueur plus significative que le spectre PP.<br />

3.3.3 Critère <strong>de</strong> résolution spectrale<br />

3.3.3.1 Expression <strong>de</strong> <strong>la</strong> pulsation modifiée<br />

Pour évaluer le pouvoir <strong>de</strong> résolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> dérivation <strong>de</strong> Lele, on travaille dans<br />

l’espace spectral. En effet, le pouvoir <strong>de</strong> résolution correspond à l’erreur commise <strong>en</strong>tre <strong>la</strong> dérivée<br />

exacte et <strong>la</strong> dérivée approchée. En repr<strong>en</strong>ant les notations du paragraphe 3.3.2, les opérateurs


Chapitre 3. Prés<strong>en</strong>tation du co<strong>de</strong> EVEREST 87<br />

(a) Spectre PP<br />

(b) Spectre VKP<br />

Figure 3.11 – Champs initiaux <strong>de</strong>s vorticités pour les spectres PP et VKP<br />

<strong>de</strong> dérivation continue s’écriv<strong>en</strong>t :<br />

df<br />

dx (x i) =<br />

d 2 f<br />

dx 2 (x i) =<br />

N/2−1<br />

∑<br />

κ=−N/2<br />

N/2−1<br />

∑<br />

κ=−N/2<br />

jk ˆf κ exp(jx i κ) (3.33)<br />

−κ 2 ˆfκ exp(jx i κ) (3.34)<br />

Le schéma <strong>de</strong> dérivation donne une valeur approchée <strong>de</strong>s dérivées <strong>de</strong> f. Ainsi, les dérivées<br />

premières et secon<strong>de</strong>s s’écriv<strong>en</strong>t :<br />

df<br />

dx (x i) ≈ f ′ i =<br />

d 2 f<br />

dx 2 (x i) ≈ f ′′<br />

i =<br />

N/2−1<br />

∑<br />

κ=−N/2<br />

N/2−1<br />

∑<br />

κ=−N/2<br />

jκ ′ (ω κ ) ˆf κ exp(jx i κ) (3.35)<br />

−κ ′′ (ω κ ) ˆf κ exp(jx i κ) (3.36)<br />

où ω κ = κ∆x est <strong>la</strong> pulsation associée au nombre d’on<strong>de</strong> κ. Ces expressions font apparaître<br />

les nombres d’on<strong>de</strong> modifiés κ ′ et κ ′′ . Le pouvoir <strong>de</strong> résolution est défini grâce aux pulsations<br />

modifiées :<br />

ω ′ (ω κ ) = ∆xk ′ (ω κ ) ; ω ′′ (ω κ ) = (∆x) 2 k ′′ (ω κ )<br />

D’après Lele [15], pour le schéma compact <strong>de</strong> dérivation première, <strong>la</strong> pulsation modifiée s’écrit :<br />

ω ′ (ω κ ) = a sin(ω κ) + (b/2) sin(2ω κ ) + (c/3) sin(3ω κ )<br />

1 + 2α cos(ω κ ) + 2β cos(2ω κ )<br />

(3.37)<br />

Le nombre d’on<strong>de</strong> maximal résolu correspond à l’extrémité <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone dans <strong>la</strong>quelle κ ′ = κ + ɛ<br />

(ou ω ′ (ω κ ) = ω κ + ɛ) avec ɛ le niveau d’écart toléré vérifiant <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion :<br />

ω ′ − ω<br />

∣ ω ∣ ≤ ɛ (3.38)


88 Chapitre 3. Prés<strong>en</strong>tation du co<strong>de</strong> EVEREST<br />

3.3.3.2 Efficacité <strong>de</strong> <strong>la</strong> résolution<br />

Pour le schéma d’ordre 6 choisi et pour un écart maximal ɛ <strong>de</strong> 0.001, on estime l’efficacité<br />

<strong>de</strong> résolution à 35% (Fig. 3.12(a)), par comparaison, une métho<strong>de</strong> aux différ<strong>en</strong>ces finies c<strong>en</strong>trées<br />

d’ordre 2 possè<strong>de</strong> une efficacité <strong>de</strong> 5.8%. De même, pour le schéma compact c<strong>en</strong>tré <strong>de</strong> dérivation<br />

secon<strong>de</strong> <strong>de</strong> Lele, <strong>la</strong> pulsation modifiée ω ′′ s’exprime par :<br />

ω ′′ (ω κ ) = 2a(1 − cos(ω κ)) + (b/2)(1 − cos(2ω κ )) + (2c/9)(1 − cos(3ω κ ))<br />

1 + 2α cos(ω κ ) + 2β cos(2ω κ )<br />

(3.39)<br />

L’efficacité <strong>de</strong> <strong>la</strong> résolution est dans ce cas là <strong>de</strong> 38% (Fig. 3.12(b)) pour un niveau d’écart ɛ <strong>de</strong><br />

0.001.<br />

Les nombres d’on<strong>de</strong> modifiés du schéma compact <strong>de</strong> Lele <strong>de</strong> dérivation première et secon<strong>de</strong><br />

ainsi que ceux du schéma aux différ<strong>en</strong>ces finies d’ordre 2 sont tracés sur <strong>la</strong> figure 3.12. Lorsque l’on<br />

peut raisonnablem<strong>en</strong>t supposer l’isotropie aux petites échelles, on adopte conv<strong>en</strong>tionnellem<strong>en</strong>t<br />

le critère <strong>de</strong> résolution spectral :<br />

κ max η = 1.5; (3.40)<br />

(a) Dérivée première<br />

(b) Dérivée secon<strong>de</strong><br />

Figure 3.12 – Nombres d’on<strong>de</strong> modifiés<br />

Pour le schéma compact d’ordre 6 utilisé ici, 35% <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s ne sont pas contaminés par <strong>la</strong><br />

dispersion et sont effectivem<strong>en</strong>t résolus. Le critère (3.40) doit dont être modifié <strong>en</strong> conséqu<strong>en</strong>ce<br />

pour finalem<strong>en</strong>t avoir :<br />

κ max η = 1.5. 100 = 4.3 (3.41)<br />

35<br />

3.4 Parallélisation du co<strong>de</strong><br />

3.4.1 Principe<br />

La nécessité <strong>de</strong> simuler toutes les échelles caractéristiques <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t et <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong><br />

respecter les critères <strong>de</strong> résolution impliqu<strong>en</strong>t l’utilisation d’un domaine <strong>de</strong> calcul finem<strong>en</strong>t maillé.<br />

Afin d’améliorer le temps <strong>de</strong> calcul, Velghe a fait évoluer le co<strong>de</strong> vers une version parallèle que<br />

nous continuons <strong>en</strong>core à optimiser <strong>de</strong> manière à atteindre <strong>de</strong>s mail<strong>la</strong>ges toujours plus <strong>de</strong>nses.<br />

La librairie Message Passing Interface (MPI) est utilisée pour <strong>la</strong> parallélisation du co<strong>de</strong>.


Chapitre 3. Prés<strong>en</strong>tation du co<strong>de</strong> EVEREST 89<br />

3.4.1.1 Découpage du domaine<br />

Le schéma <strong>directe</strong>ur du co<strong>de</strong> (Fig. 3.1) nous montre que l’initialisation est réalisée <strong>en</strong> séqu<strong>en</strong>tiel,<br />

c’est-à-dire que seul le processeur <strong>de</strong> rang 0 effectue <strong>la</strong> lecture <strong>de</strong>s fichiers <strong>de</strong> données. Ces<br />

informations sont alors transmises aux autres processeurs. Dès lors, chacun <strong>de</strong>s processeurs mis<br />

<strong>en</strong> jeu effectue l’initialisation <strong>de</strong>s variables physiques dont il a <strong>la</strong> charge.<br />

Toutes les gran<strong>de</strong>urs physiques (vitesse, pression, conc<strong>en</strong>tration, <strong>de</strong>nsité, etc.) utilisées dans le<br />

co<strong>de</strong> sont <strong>de</strong>s valeurs locales c<strong>en</strong>trées sur les nœuds du domaine. Lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> boucle d’intégration <strong>en</strong><br />

temps, les schémas compacts utilisés font appel aux valeurs <strong>de</strong>s plus proches voisins pour pouvoir<br />

évaluer les dérivées premières et secon<strong>de</strong>s. Lors du découpage du domaine <strong>de</strong> calcul, l’évaluation<br />

<strong>de</strong>s dérivées spatiales sur les nœuds aux bords <strong>de</strong>s sous-domaines nécessite <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong>s<br />

nœuds du domaine voisin qui sont connus par le processeur ayant <strong>la</strong> charge <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier.<br />

Comme l’indique <strong>la</strong> figure 3.13, le découpage est effectué suivant <strong>la</strong> direction z. Le domaine<br />

initial est ainsi scindé <strong>en</strong> autant <strong>de</strong> sous-domaines que <strong>de</strong> processeurs <strong>en</strong>gagés. La difficulté va<br />

maint<strong>en</strong>ant rési<strong>de</strong>r dans le respect <strong>de</strong> <strong>la</strong> conservation <strong>de</strong> l’ordre formel <strong>de</strong>s schémas compacts<br />

lors <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong> ces sous-domaines <strong>de</strong> calcul.<br />

Figure 3.13 – Découpage du domaine <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion<br />

3.4.1.2 Parallélisation du schéma compact<br />

L’objectif est <strong>la</strong> conservation <strong>de</strong> l’ordre formel du sixième ordre pour <strong>la</strong> résolution <strong>de</strong>s dérivées<br />

spatiales. Ceci s’effectue <strong>en</strong> imposant le schéma du troisième ordre sur le bord et du quatrième<br />

ordre sur les nœuds voisins du bord et le schéma du sixième ordre au c<strong>en</strong>tre du domaine. Le<br />

découpage du domaine initial <strong>en</strong> sous-domaines augm<strong>en</strong>te donc le nombre <strong>de</strong> frontières et par<br />

conséqu<strong>en</strong>t le traitem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’ordre du schéma pour les dérivées aux bords. Pour assurer l’ordre<br />

du schéma à l’intérieur du domaine, six nœuds fictifs sont ajoutés à chaque sous-domaine. Le<br />

sous-domaine aura alors trois nœuds fictifs au début du domaine et trois nœuds fictifs à <strong>la</strong><br />

fin. Ces nœuds vont nous permettre <strong>de</strong> recopier les valeurs existantes dans les tableaux <strong>de</strong>s<br />

processeurs voisins afin <strong>de</strong> calculer les dérivées.<br />

On distingue alors <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> communications <strong>en</strong>tre les processeurs. D’abord, il y a celles<br />

qui consist<strong>en</strong>t <strong>en</strong> l’<strong>en</strong>voi <strong>de</strong>s trois <strong>de</strong>rnières mailles du tableau <strong>de</strong> rang n sur les premières mailles<br />

fictives du tableau <strong>de</strong> rang n + 1, d’autre part, celles <strong>en</strong>voyant les premières mailles du tableau


90 Chapitre 3. Prés<strong>en</strong>tation du co<strong>de</strong> EVEREST<br />

<strong>de</strong> rang n sur les <strong>de</strong>rnières mailles fictives du tableau <strong>de</strong> rang n − 1. Bi<strong>en</strong> sûr, un cas particulier<br />

subsiste à propos du premier et du <strong>de</strong>rnier processeur sur lesquels nous imposons une condition<br />

<strong>de</strong> périodicité du domaine initial. Le <strong>de</strong>rnier processeur <strong>en</strong>voie <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> sa <strong>de</strong>rnière maille sur<br />

<strong>la</strong> première maille fictive du premier processeur p<strong>en</strong>dant que le premier <strong>en</strong>voie son premier nœud<br />

sur le <strong>de</strong>rnier nœud fictif du <strong>de</strong>rnier processeur. La figure 3.14 résume ces différ<strong>en</strong>ts schémas <strong>de</strong><br />

communication sur un exemple mettant <strong>en</strong> jeu 4 processeurs.<br />

Figure 3.14 – Schéma <strong>de</strong> communications<br />

Pour ce qui est <strong>de</strong> <strong>la</strong> précision du schéma compact dans un cadre multi-processeurs, le schéma<br />

du 3 ème ordre est appliqué sur le premier nœud fictif, le schéma du 4 ème ordre est appliqué à<br />

son voisin et le schéma du 4 ème ordre est appliqué sur le troisième nœud fictif. Ce découpage<br />

permet d’évaluer <strong>la</strong> première dérivée sur les nœuds intérieurs du domaine <strong>de</strong> calcul <strong>en</strong> utilisant<br />

le schéma c<strong>en</strong>tré du 6 ème ordre faisant appel à l’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> dérivée du nœud fictif voisin qui<br />

est lui aussi évalué avec ce même schéma. Cette configuration limite <strong>la</strong> diffusion <strong>numérique</strong> liée<br />

aux calculs <strong>de</strong> dérivées sur le bord. La figure 3.15 repr<strong>en</strong>d l’ordre <strong>de</strong>s schémas qui est imposé<br />

sur les mailles fictives.<br />

Figure 3.15 – Ordre du schéma <strong>numérique</strong> et parallélisme


Chapitre 3. Prés<strong>en</strong>tation du co<strong>de</strong> EVEREST 91<br />

3.4.2 Efficacité<br />

3.4.2.1 Prés<strong>en</strong>tation du calcu<strong>la</strong>teur utilisé<br />

Durant ce travail nous avons eu <strong>la</strong> chance <strong>de</strong> bénéficier <strong>de</strong> ressources <strong>de</strong> calcul très performantes,<br />

grâce à <strong>la</strong> mise à disposition par le CEA du calcu<strong>la</strong>teur TERA-100 (Fig. 3.16) <strong>de</strong>stiné<br />

au Programme <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> du CEA. D’une puissance théorique <strong>de</strong> 1,25 Pétaflops, TERA-100<br />

se c<strong>la</strong>sse <strong>en</strong> 2009 parmi les 3 premiers super-calcu<strong>la</strong>teurs mondiaux. Il est issu d’un vaste programme<br />

initié <strong>en</strong> 2008 associant étroitem<strong>en</strong>t Bull et le CEA. Il est le premier super-calcu<strong>la</strong>teur<br />

pétaflopique 1 conçu et développé <strong>en</strong> Europe.<br />

TERA-100 est constitué <strong>de</strong> 4300 serveurs. Il intègre 140 000 cœurs Intel Xeon 7500, 300 To<br />

<strong>de</strong> mémoire c<strong>en</strong>trale et dispose d’une capacité totale <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 20 Po <strong>de</strong> stockage. En outre son<br />

débit <strong>de</strong> 500Go/sec constitue un record du mon<strong>de</strong> pour ce type <strong>de</strong> système. Ainsi, ce calcu<strong>la</strong>teur<br />

offre une capacité <strong>de</strong> calcul exceptionnelle. Pour comparaison, <strong>la</strong> machine peut réaliser plus<br />

d’opérations <strong>en</strong> une secon<strong>de</strong> que ce que <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion mondiale ferait <strong>en</strong> 48 heures, à raison<br />

d’une opération par secon<strong>de</strong> par personne. C’est aussi une capacité <strong>de</strong> transfert d’information<br />

équival<strong>en</strong>te à 1 million <strong>de</strong> personnes regardant <strong>en</strong> même temps <strong>de</strong>s films HD ; et <strong>en</strong>fin une<br />

capacité <strong>de</strong> stockage équival<strong>en</strong>te à plus <strong>de</strong> 25 milliards <strong>de</strong> livres.<br />

Figure 3.16 – Super-calcu<strong>la</strong>teur TERA-100<br />

3.4.2.2 Temps <strong>de</strong> résolution<br />

Dans le cadre <strong>de</strong> l’utilisation d’un co<strong>de</strong> <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion <strong>numérique</strong> <strong>directe</strong>, <strong>la</strong> gestion du temps<br />

est un point ess<strong>en</strong>tiel. En effet, le temps <strong>de</strong> calcul <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tes configurations simulées sont<br />

généralem<strong>en</strong>t très importants. Il est d’autant plus grand pour les <strong>de</strong>ux raisons suivantes :<br />

– l’utilisation <strong>de</strong> mail<strong>la</strong>ges raffinés pour capturer l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s phénomènes liés autant aux<br />

échelles énergétiques qu’à l’échelle <strong>de</strong> Kolmogorov,<br />

– <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> m<strong>en</strong>er plusieurs réalisations d’une même configuration d’étu<strong>de</strong>. En pratique,<br />

ce<strong>la</strong> revi<strong>en</strong>t à conserver les données initiales inhér<strong>en</strong>tes à l’écoulem<strong>en</strong>t (propriétés<br />

spectrales, configuration, paramètres flui<strong>de</strong>s) et à modifier uniquem<strong>en</strong>t <strong>la</strong> valeur du triplet<br />

(α 1 , α 2 , α 3 ) dans les équations (3.30) et (3.31).<br />

1. pétaflopique : qui est capable <strong>de</strong> réaliser un million <strong>de</strong> milliards d’opérations par secon<strong>de</strong>


92 Chapitre 3. Prés<strong>en</strong>tation du co<strong>de</strong> EVEREST<br />

3.4.2.3 Influ<strong>en</strong>ce du nombre <strong>de</strong> processeurs utilisés<br />

Théoriquem<strong>en</strong>t, l’utilisation <strong>de</strong> davantage <strong>de</strong> processeurs est une solution pour diminuer le<br />

temps CPU, mais dans notre cas elle risquerait <strong>de</strong> perturber <strong>la</strong> précision <strong>de</strong>s schémas compacts<br />

lors du découpage du domaine. Pour s’<strong>en</strong> assurer, nous avons m<strong>en</strong>é une étu<strong>de</strong> paramétrique<br />

sur <strong>la</strong> précision générale du co<strong>de</strong> <strong>en</strong> fonction du nombre <strong>de</strong> processeurs <strong>en</strong>gagés. Ainsi <strong>la</strong> figure<br />

3.17 assure qu’il n’y a pas ou très peu d’influ<strong>en</strong>ces du nombre <strong>de</strong> processeurs utilisés sur <strong>la</strong><br />

précision <strong>de</strong>s résultats obt<strong>en</strong>us. En effet, un zoom important est nécessaire pour déceler un écart<br />

<strong>en</strong>tre les courbes, écart d’autant plus important que les processeurs <strong>en</strong>gagés sont nombreux. La<br />

précision <strong>de</strong>s schémas compacts n’est donc pas (ou infinim<strong>en</strong>t peu) altérée jusqu’à un nombre<br />

<strong>de</strong> processeurs équival<strong>en</strong>t à 64.<br />

(a) Vue globale<br />

(b) Dérivée secon<strong>de</strong><br />

Figure 3.17 – Évolution <strong>de</strong> k <strong>en</strong> fonction du nombre <strong>de</strong> processeurs <strong>en</strong>gagés<br />

Néanmoins, comme nous l’avons évoqué dans le paragraphe 3.1.2.3, le nombre <strong>de</strong> fichiers <strong>de</strong><br />

sortie est <strong>directe</strong>m<strong>en</strong>t lié au nombre <strong>de</strong> processeurs <strong>en</strong>gagés. Cette particu<strong>la</strong>rité sera un élém<strong>en</strong>t<br />

limitant quant à l’utilisation d’un trop grand nombre <strong>de</strong> processus.<br />

Synthèse du chapitre<br />

L’<strong>en</strong>jeu <strong>de</strong> cette thèse est développer le co<strong>de</strong> <strong>numérique</strong> EVEREST afin, d’une part, <strong>de</strong><br />

simuler le coup<strong>la</strong>ge fort <strong>en</strong>tre <strong>la</strong> paroi ab<strong>la</strong>table et l’écoulem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t et, d’autre part,<br />

d’établir une base <strong>de</strong> données nécessaire à <strong>la</strong> création <strong>de</strong> modèles <strong>de</strong> paroi plus complets. Les<br />

premières recherches s’y rapportant ont été m<strong>en</strong>ées par Velghe ; même s’il a développé <strong>de</strong>s<br />

outils <strong>numérique</strong>s précieux, il ne fut pas <strong>en</strong> mesure <strong>de</strong> garantir <strong>la</strong> représ<strong>en</strong>tativité physique<br />

<strong>de</strong>s simu<strong>la</strong>tions. Ce<strong>la</strong> explique <strong>la</strong> volonté du CEA d’optimiser les performances <strong>numérique</strong>s et<br />

physiques du co<strong>de</strong>, au cours <strong>de</strong> cette thèse.<br />

EVEREST est un co<strong>de</strong> écrit <strong>en</strong> Fortran <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion <strong>numérique</strong> <strong>directe</strong> (DNS). Il se décompose<br />

<strong>en</strong> 4 étapes : l’initialisation, <strong>la</strong> boucle d’intégration <strong>en</strong> temps, <strong>la</strong> sortie <strong>de</strong>s fichiers et le<br />

traitem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s résultats. L’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> librairie FFTW a ouvert <strong>de</strong> nombreuses perspectives


Chapitre 3. Prés<strong>en</strong>tation du co<strong>de</strong> EVEREST 93<br />

quant à l’initialisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>, le forçage et l’extraction spectrale <strong>de</strong>s paramètres <strong>de</strong><br />

l’écoulem<strong>en</strong>t.<br />

Avec l’objectif <strong>de</strong> calculer <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts turbul<strong>en</strong>ts dans <strong>de</strong>s configurations académiques,<br />

le choix <strong>de</strong> <strong>la</strong> discrétisation spatiale s’est porté vers une résolution par une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> différ<strong>en</strong>ces<br />

finies, s’appuyant sur <strong>de</strong>s schémas compacts d’ordre 6 <strong>de</strong> Lele, dans le but <strong>de</strong> disposer<br />

d’un haut <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> précision et d’une meilleure représ<strong>en</strong>tation <strong>de</strong>s petites échelles. En ce qui<br />

concerne <strong>la</strong> discrétisation temporelle, nous avons opté pour un schéma basé sur une intégration<br />

<strong>en</strong> temps satisfaisant <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> Runge-Kutta d’ordre 4. Chacune <strong>de</strong> ces discrétisations a<br />

exigé l’établissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> critères <strong>de</strong> résolution aptes à garantir <strong>la</strong> stabilité <strong>numérique</strong> du co<strong>de</strong>.<br />

Enfin, les questions d’optimisation <strong>de</strong>s performances <strong>numérique</strong>s ont été abordées. D’abord<br />

nous avons décrit <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> parallélisation utilisée, puis nous avons introduit le calcu<strong>la</strong>teur<br />

<strong>de</strong> très haute performance, TERA-100, sur lequel nos calculs sont moins lourds <strong>en</strong> termes <strong>de</strong><br />

ressources informatiques.


94 Chapitre 3. Prés<strong>en</strong>tation du co<strong>de</strong> EVEREST


Chapitre 4<br />

<strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce<br />

Homogène Isotrope (THI)<br />

Sommaire<br />

4.1 Initialisation du champ turbul<strong>en</strong>t . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97<br />

4.1.1 Configuration d’écoulem<strong>en</strong>t étudiée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97<br />

4.1.1.1 État <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97<br />

4.1.1.2 Simplifications <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts simulés . . . . . . . . . . . . . 97<br />

4.1.1.3 Paramètres <strong>de</strong> <strong>la</strong> simu<strong>la</strong>tion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98<br />

4.1.2 Initialisation par un spectre <strong>de</strong> Passot-Pouquet (PP) . . . . . . . . . . . 99<br />

4.1.2.1 Expressions <strong>de</strong>s spectres PP utilisés . . . . . . . . . . . . . . . 99<br />

4.1.2.2 Valeurs initiales <strong>de</strong>s paramètres <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t . . . . . . . . 100<br />

4.1.2.3 Visualisation <strong>de</strong>s champs initiaux <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t . . . . . . . 100<br />

4.1.3 Initialisation par un spectre <strong>de</strong> Von-Kármán corrigé par Pao (VKP) . . 100<br />

4.1.3.1 Expression du spectre VKP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101<br />

4.1.3.2 Valeurs initiales <strong>de</strong>s paramètres <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t . . . . . . . . 102<br />

4.1.3.3 Limites quant à l’utilisation du spectre VKP . . . . . . . . . . 103<br />

4.2 Caractérisation <strong>de</strong>s principales propriétés <strong>de</strong> <strong>la</strong> THI . . . . . . . . . 104<br />

4.2.1 Vérification du caractère homogène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104<br />

4.2.1.1 Caractéristiques d’un champ <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> homogène . . . . . 104<br />

4.2.1.2 Parité <strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction <strong>de</strong> corré<strong>la</strong>tion R ij . . . . . . . . . . . . . 105<br />

4.2.1.3 Facteurs <strong>de</strong> dissymétrie et d’ap<strong>la</strong>tissem<strong>en</strong>t . . . . . . . . . . . 106<br />

4.2.1.4 Incompressibilité du l’écoulem<strong>en</strong>t . . . . . . . . . . . . . . . . 106<br />

4.2.2 Analyse <strong>de</strong> l’isotropie <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107<br />

4.2.2.1 Corré<strong>la</strong>tions doubles <strong>de</strong>s vitesses <strong>en</strong> un point . . . . . . . . . . 107<br />

4.2.2.2 Étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s échelles corré<strong>la</strong>toires doubles <strong>de</strong> vitesse . . . . . . 109<br />

4.2.2.3 Corré<strong>la</strong>tions et pression incompressible . . . . . . . . . . . . . 110<br />

4.3 Décroissance énergétique <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> . . . . . . . . . . . . . . . 111<br />

4.3.1 Validation <strong>de</strong>s comportem<strong>en</strong>ts analytiques <strong>de</strong>s simu<strong>la</strong>tions . . . . . . . . 111<br />

4.3.1.1 Expressions analytiques <strong>de</strong>s paramètres . . . . . . . . . . . . . 111<br />

4.3.1.2 Caractérisation du temps <strong>de</strong> mise <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> THI . . . . . 112<br />

95


96 Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI)<br />

4.3.1.3 Validation analytique <strong>de</strong> <strong>la</strong> THI simulée . . . . . . . . . . . . 112<br />

4.3.1.4 Vérification <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong> résolution . . . . . . 114<br />

4.3.2 Reca<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> <strong>la</strong> constante C ε,2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116<br />

4.3.2.1 Métho<strong>de</strong> d’estimation <strong>de</strong> <strong>la</strong> constante . . . . . . . . . . . . . . 116<br />

4.3.2.2 Valeurs <strong>de</strong> C ε,2 extraites pour un spectre <strong>de</strong> Passot-Pouquet . 117<br />

4.3.2.3 Cas du spectre Von-Kármán Pao . . . . . . . . . . . . . . . . . 117<br />

4.3.3 Interprétation <strong>de</strong>s résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118<br />

4.3.3.1 Analyse <strong>de</strong>s mécanismes <strong>de</strong> retour à l’isotropie . . . . . . . . . 118<br />

4.3.3.2 Choix du spectre d’initialisation . . . . . . . . . . . . . . . . . 118<br />

4.3.3.3 Capacité du co<strong>de</strong> à simuler <strong>la</strong> THI . . . . . . . . . . . . . . . . 118<br />

4.3.3.4 Reca<strong>la</strong>ge constante C ε,2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119<br />

4.4 Étu<strong>de</strong> d’une <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> forcée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119<br />

4.4.1 Motivations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119<br />

4.4.1.1 Décroissance rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> . . . . . . . . . . . . . . 119<br />

4.4.1.2 Forçage linéaire initialem<strong>en</strong>t utilisé . . . . . . . . . . . . . . . . 120<br />

4.4.1.3 Une taille <strong>de</strong> rugosités à atteindre . . . . . . . . . . . . . . . . 121<br />

4.4.2 Caractérisation du forçage spectral utilisé . . . . . . . . . . . . . . . . . 122<br />

4.4.2.1 Principe du forçage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122<br />

4.4.2.2 Description <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts forcés simulés . . . . . . . . . . . 123<br />

4.4.2.3 Mainti<strong>en</strong> d’un niveau d’énergie cinétique constant . . . . . . . 123<br />

4.4.2.4 Conservation <strong>de</strong> l’homogénéité et l’isotropie du champ forcé . 124<br />

4.4.3 Interprétation <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> forçage implém<strong>en</strong>tées . . . . . . . . . . . 125<br />

4.4.3.1 Comparaison <strong>de</strong>s forçages spectral et linéaire . . . . . . . . . . 125<br />

4.4.3.2 Efficacité du forçage spectral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125<br />

4.5 Extraction <strong>de</strong>s paramètres spectraux <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t . . . . . . . . 127<br />

4.5.1 Principe <strong>de</strong> l’extraction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128<br />

4.5.2 Résultats du suivi spectral <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . 128<br />

4.5.2.1 Extraction lors d’une THI <strong>en</strong> décroissance . . . . . . . . . . . 128<br />

4.5.2.2 Extraction au cours d’un écoulem<strong>en</strong>t forcé . . . . . . . . . . . 128<br />

4.5.2.3 <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>ce d’une paroi ab<strong>la</strong>tée . . . . . . . . . . 130<br />

4.5.3 Interprétation <strong>de</strong>s résultats liés à l’extraction spectrale . . . . . . . . . . 132<br />

Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132<br />

La première étape <strong>de</strong> ce travail consiste <strong>en</strong> <strong>la</strong> validation <strong>de</strong>s caractéristiques physiques <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> implém<strong>en</strong>tée. L’objectif principal est <strong>de</strong> retrouver <strong>numérique</strong>m<strong>en</strong>t les propriétés<br />

énoncées dans le chapitre 1. Pour ce faire, nous mettrons <strong>en</strong> œuvre les outils statistiques définis<br />

au chapitre 2. Dans le cadre du développem<strong>en</strong>t du co<strong>de</strong> EVEREST prés<strong>en</strong>té dans le chapitre<br />

3, <strong>la</strong> validation <strong>numérique</strong> est primordiale pour garantir <strong>la</strong> réalité « physique » et ainsi justifier<br />

l’interprétation <strong>de</strong>s résultats issus <strong>de</strong> nos simu<strong>la</strong>tions. Aussi, par souci <strong>de</strong> reproductibilité <strong>de</strong>s<br />

résultats, une <strong>de</strong>scription détaillée <strong>de</strong>s expéri<strong>en</strong>ces <strong>numérique</strong>s conduites sera m<strong>en</strong>ée avant <strong>de</strong><br />

prés<strong>en</strong>ter et <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>r les résultats obt<strong>en</strong>us. Nous verrons que dans <strong>la</strong> perspective <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

l’ab<strong>la</strong>tion, nous avons été am<strong>en</strong>és à développer une nouvelle métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> forçage <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>.<br />

Enfin, nous avons mis <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce un suivi spectral <strong>de</strong>s paramètres <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> <strong>de</strong> manière à<br />

compléter l’analyse <strong>de</strong>s phénomènes liés à <strong>la</strong> casca<strong>de</strong> énergétique.


Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI) 97<br />

4.1 Initialisation du champ turbul<strong>en</strong>t<br />

Pour initialiser <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>, nous utiliserons <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> spectres : le spectre <strong>de</strong> Passot-<br />

Pouquet (PP) et le spectre <strong>de</strong> Von-Kármán modifié par Pao (VKP). Avant <strong>de</strong> définir les propriétés<br />

<strong>de</strong> chacun d’eux, nous prés<strong>en</strong>tons les caractéristiques générales <strong>de</strong>s simu<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

THI.<br />

4.1.1 Configuration d’écoulem<strong>en</strong>t étudiée<br />

4.1.1.1 État <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce<br />

L’adim<strong>en</strong>sionnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s équations simulées nécessite <strong>la</strong> définition <strong>de</strong>s états <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ces<br />

(2.24). Considérant un flui<strong>de</strong> à une température T ∞ <strong>de</strong> 400 K et une pression atmosphérique<br />

P atm égale à 1.01325 × 10 5 P a, nous obt<strong>en</strong>ons, selon <strong>la</strong> nature du spectre utilisée, les états <strong>de</strong><br />

référ<strong>en</strong>ce suivants lors <strong>de</strong> l’initialisation :<br />

Variables Spectre PP Spectre VKP Unité<br />

Re ac 500 1000 -<br />

T ref 160 160 K<br />

a ref 43.16 43.16 m.s −1<br />

t ref 1.91×10 −6 3.82×10 −6 s<br />

C p,ref 903.3 903.3 J.kg −1 .K −1<br />

P ref 1.412×10 5 1.412×10 5 P a<br />

ρ ref 2.405 2.405 kg.m −3<br />

µ ref 1.711×10 −5 1.711×10 −5 P a.s (ou P l)<br />

ν ref 7.113×10 −6 7.113×10 −6 m 2 .s −1<br />

L ref 8.241×10 −5 1.648×10 −5 m<br />

Table 4.1 – Paramètres <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce associés aux spectres initiaux<br />

Dans <strong>la</strong> suite, pour redonner une « réalité dim<strong>en</strong>sionnelle » aux résultats prés<strong>en</strong>tés, il suffira<br />

<strong>de</strong> multiplier les valeurs calculées par les paramètres <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce du tableau 4.1 afin d’obt<strong>en</strong>ir<br />

les valeurs physiques réelles associées.<br />

4.1.1.2 Simplifications <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts simulés<br />

Le flui<strong>de</strong> considéré pour cette étu<strong>de</strong> est un flui<strong>de</strong> satisfaisant <strong>la</strong> loi <strong>de</strong>s gaz parfaits. Nous<br />

admettons que ce flui<strong>de</strong> est assimi<strong>la</strong>ble au dioxygène dont <strong>la</strong> viscosité et <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité volumique<br />

sont supposées constantes. On se p<strong>la</strong>ce donc dans le cas d’un écoulem<strong>en</strong>t incompressible, monoespèce<br />

afin <strong>de</strong> s’affranchir <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> <strong>la</strong> cinétique chimique. Les nombres <strong>de</strong> Lewis, Prandtl et<br />

Schmidt sont égaux à :<br />

Le = 1 (4.1)<br />

P r = 0.7 (4.2)<br />

Sc = 1 (4.3)


98 Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI)<br />

D’après les propriétés définies sur les coeffici<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> transport dans le paragraphe 2.1.4, les<br />

expressions <strong>de</strong> <strong>la</strong> conductivité thermique λ et du coeffici<strong>en</strong>t <strong>de</strong> diffusion D sont simplifiées avec :<br />

D = µ ρ<br />

λ = µC p<br />

0.7<br />

(4.4)<br />

(4.5)<br />

Nous verrons dans le paragraphe 4.2 que l’étu<strong>de</strong> détaillée <strong>de</strong> <strong>la</strong> THI appelle à <strong>la</strong> nullité du<br />

champ moy<strong>en</strong> <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t permettant une meilleure représ<strong>en</strong>tation <strong>de</strong>s phénomènes liés à<br />

l’agitation turbul<strong>en</strong>te. En repr<strong>en</strong>ant <strong>la</strong> décomposition c<strong>la</strong>ssique <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Reynolds,<br />

ce<strong>la</strong> équivaut à dire que U = 0. D’un point <strong>de</strong> vue <strong>numérique</strong>, ce<strong>la</strong> amène à définir un flui<strong>de</strong>,<br />

initialem<strong>en</strong>t au repos, dans lequel est injecté une énergie turbul<strong>en</strong>te k grâce à <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

génération d’un champ turbul<strong>en</strong>t <strong>de</strong> vitesse explicitée dans le paragraphe 3.3.<br />

4.1.1.3 Paramètres <strong>de</strong> <strong>la</strong> simu<strong>la</strong>tion<br />

L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> THI requiert l’utilisation d’un domaine infini. À cet effet, nous adjoindrons au<br />

domaine <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> taille 2π (représ<strong>en</strong>té <strong>en</strong> bleu sur <strong>la</strong> figure 4.1), un <strong>en</strong>semble <strong>de</strong> nœuds<br />

dits « fantômes » (<strong>en</strong> l = 0, l = l f + 1, m = 0, m = m f + 1, n = 0 et n = n f + 1) qui r<strong>en</strong>dront<br />

possible l’implém<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> conditions <strong>de</strong> périodicité dans les trois directions d’espace.<br />

L dom<br />

=2π<br />

m f+1<br />

m f<br />

L dom<br />

=2π<br />

1<br />

0<br />

0 1 Domaine <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion l f<br />

l f+1<br />

Figure 4.1 – Schématisation du domaine <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion <strong>en</strong> THI (coupe 2D)<br />

Les différ<strong>en</strong>tes caractéristiques <strong>numérique</strong>s <strong>de</strong>s simu<strong>la</strong>tions sont regroupées dans le tableau<br />

4.2 ci-<strong>de</strong>ssous :


Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI) 99<br />

Caractéristiques Spectres PP Spectre VKP<br />

Longueur du domaine 2π 2π<br />

Échantillonnage 160 3 240 3<br />

Pas du mail<strong>la</strong>ge h 0.039 0.026<br />

Durée <strong>de</strong> <strong>la</strong> simu<strong>la</strong>tion 60 t ref 60 t ref<br />

Durée du calcul 28 h 50 h<br />

Nombres <strong>de</strong> processeurs 16 64<br />

Table 4.2 – Caractéristiques <strong>numérique</strong>s <strong>de</strong>s simu<strong>la</strong>tions<br />

4.1.2 Initialisation par un spectre <strong>de</strong> Passot-Pouquet (PP)<br />

4.1.2.1 Expressions <strong>de</strong>s spectres PP utilisés<br />

Parmi l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s spectres disponibles pour définir un écoulem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t, nous choisissons<br />

d’abord d’utiliser le spectre PP dont l’expression est rappelée ici :<br />

( ) (<br />

κ<br />

4 ( ) )<br />

κ<br />

2<br />

E(κ) = A exp −2<br />

(4.6)<br />

κ e κ e<br />

où <strong>la</strong> constante A représ<strong>en</strong>te l’amplitu<strong>de</strong> du spectre et κ e le nombre d’on<strong>de</strong> associé aux structures<br />

porteuses d’énergie. La vérification <strong>de</strong>s équations (1.19) et (1.20) re<strong>la</strong>tives au mainti<strong>en</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

cohér<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre l’espace physique et l’espace spectral, permet d’exprimer <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> constante<br />

A uniquem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> fonction <strong>de</strong> u ′ et κ e avec<br />

A = 16u′2<br />

κ e<br />

√ 2<br />

π<br />

(4.7)<br />

Ainsi, <strong>la</strong> définition du spectre PP dép<strong>en</strong>d uniquem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur du couple (u ′ , κ e ). Nous<br />

pourrons donc fixer le montant énergétique injecté au sein <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t et définir l’ordre<br />

<strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> l’échelle intégrale qui fait référ<strong>en</strong>ce aux structures tourbillonnaires porteuses<br />

d’énergie.<br />

Dans <strong>la</strong> perspective d’évaluer l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s valeurs initiales <strong>de</strong> Re T et κ e , nous <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>ons<br />

d’étudier <strong>de</strong>ux <strong>en</strong>sembles, notés respectivem<strong>en</strong>t S A et S B , composés <strong>de</strong> trois spectres PP chacun.<br />

L’<strong>en</strong>semble S A sera <strong>de</strong>stiné à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> l’agitation turbul<strong>en</strong>te u ′ à travers le nombre<br />

<strong>de</strong> Reynolds Re T , alors que l’<strong>en</strong>semble S B analysera celle du nombre d’on<strong>de</strong> caractéristique <strong>de</strong>s<br />

tourbillons porteurs d’énergie κ e (à nombre <strong>de</strong> Reynolds constant). Une situation sera commune<br />

aux <strong>de</strong>ux <strong>en</strong>sembles et sera notre spectre <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce (S1<br />

A = SB 2 ). Le tableau 4.3 récapitule les<br />

configurations étudiées lors <strong>de</strong> ce travail.<br />

Ensemble S A<br />

κ e = 6, Re T variables<br />

Spectre κ e u ′ Re T<br />

S1 A (réf.) 6 0.163 100<br />

S2 A 6 0.229 200<br />

S3 A 6 0.325 400<br />

Ensemble S B<br />

κ e variables, Re T = 100<br />

Spectre κ e u ′ Re T<br />

S1 B 4 0.109 100<br />

S2 B (réf.) 6 0.163 100<br />

S3 B 8 0.215 100<br />

Table 4.3 – Prés<strong>en</strong>tation <strong>de</strong>s <strong>en</strong>sembles <strong>de</strong> spectres PP étudiés


100 Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI)<br />

4.1.2.2 Valeurs initiales <strong>de</strong>s paramètres <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t<br />

Les champs spectraux caractérisés par le spectre PP sont <strong>en</strong>suite transportés dans l’espace<br />

physique (cf. 3.3.2). À l’issue <strong>de</strong> <strong>la</strong> 1 ère itération durant <strong>la</strong>quelle les équations <strong>de</strong> Navier-Stokes<br />

sont résolues, on extrait <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong>s paramètres initiaux (Tab. 4.4).<br />

Paramètres Référ<strong>en</strong>ce Ensemble A Ensemble B<br />

initiaux S1 A = SB 2 S2 A S3 A S1 B S3<br />

B<br />

Couleur rouge vert bleu cyan orange<br />

u ′ 0 0.163 0.229 0.325 0.109 0.215<br />

k 0 3.99 10 −2 7.87 10 −2 0.159 1.79 10 −2 6.95 10 −2<br />

ε 0 7.76 10 −3 1.53 10 −3 3.09 10 −2 1.59 10 −3 2.37 10 −2<br />

ν 0 2.03 10 −3 2.03 10 −3 2.03 10 −3 2.03 10 −3 2.03 10 −3<br />

Re T 0 100 200 400 100 100<br />

Re λ0 25.8 36.5 51.6 25.8 25.8<br />

∆t 6.66 10 −3 5.85 10 −3 4.67 10 −3 7.97 10 −3 5.85 10 −3<br />

L T 0 1.03 1.44 2.05 1.51 0.77<br />

L ii0 0.40 0.40 0.40 0.60 0.31<br />

λ T 0 0.14 0.14 0.14 0.21 0.11<br />

η 0 3.21 10 −2 2.71 10 −2 2.28 10 −2 4.78 10 −2 2.43 10 −2<br />

κ max 140 140 140 140 140<br />

κ e 6 6 6 4 8<br />

κ d 7.35 7.35 7.35 4.90 9.80<br />

Table 4.4 – Valeurs initiales <strong>de</strong>s paramètres <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> initialisée par un spectre PP<br />

4.1.2.3 Visualisation <strong>de</strong>s champs initiaux <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t<br />

La <strong>de</strong>scription précé<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> l’état initial <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts (Tab. 4.4) est complétée par une<br />

visualisation <strong>de</strong>s champs <strong>de</strong> vorticité correspondants (Fig. 4.2). Ces représ<strong>en</strong>tations permett<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong> constater l’effet du nombres <strong>de</strong> Reynolds Re T et du nombre d’on<strong>de</strong> κ e sur l’écoulem<strong>en</strong>t généré.<br />

Ainsi, les spectres S A montre qu’une augm<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> Re T provoque une hausse <strong>de</strong> l’amplitu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> l’agitation turbul<strong>en</strong>te alors que les spectres S B illustr<strong>en</strong>t l’influ<strong>en</strong>ce du choix <strong>de</strong> κ e sur <strong>la</strong><br />

taille <strong>de</strong>s structures porteuses d’énergie.<br />

4.1.3 Initialisation par un spectre <strong>de</strong> Von-Kármán corrigé par Pao (VKP)<br />

Les efforts cons<strong>en</strong>tis pour implém<strong>en</strong>ter un spectre VKP afin d’initialiser <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> sont<br />

motivés par <strong>la</strong> capacité <strong>de</strong> ce spectre à modéliser <strong>de</strong>s zones inertielles plus gran<strong>de</strong>s que dans le<br />

cas d’un spectre PP. Ainsi, il jouit d’une meilleure représ<strong>en</strong>tativité <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts turbul<strong>en</strong>ts.


Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI) 101<br />

(a) S A 1 : Re T = 100, κ e = 6 (b) S A 2 : Re T = 200, κ e = 6 (c) S A 3 : Re T = 400, κ e = 6<br />

(d) S B 1 : Re T = 100, κ e = 4 (e) S B 2 : Re T = 100, κ e = 6 (f) S B 3 : Re T = 100, κ e = 8<br />

Figure 4.2 – Visualisation <strong>de</strong>s champs <strong>de</strong> vorticité <strong>de</strong> <strong>la</strong> 1 ère itération (spectre PP)<br />

4.1.3.1 Expression du spectre VKP<br />

L’expression du spectre énergétique proposée par Von-Kármán et modifiée par Pao est :<br />

( ) 4<br />

E(κ) = 3 u ′5 κ<br />

K e<br />

2 ɛ<br />

[ ( ) ] 17<br />

exp<br />

(− 3 ( ) 4<br />

)<br />

κ<br />

2 6 2 α 3<br />

(4.8)<br />

K<br />

1 + κ d<br />

K e<br />

Le spectre énergétique VKP est défini par le quadruplet {u ′ , ε, K e , K d }. Il faut être pru<strong>de</strong>nt<br />

quant aux notations utilisées car les nombres K e et K d prés<strong>en</strong>ts dans l’expression <strong>de</strong> E(κ) (4.8)<br />

ne sont pas égaux à κ e et κ d maximums respectifs <strong>de</strong>s spectres énergétique E(κ) et dissipatif<br />

D(κ) (c’est le cas pour le spectre <strong>de</strong> Passot-Pouquet). En effet, les couples (K e , K d ) et (κ e , κ d )<br />

sont reliés par les expressions suivantes :<br />

17<br />

3<br />

17<br />

3<br />

[<br />

κe<br />

[<br />

1 +<br />

[<br />

1 +<br />

K e<br />

] 2<br />

[<br />

κe<br />

K e<br />

] 2<br />

] + 3<br />

1<br />

[ ] ]<br />

κd<br />

2<br />

− 3<br />

K e<br />

[ ] 4<br />

κe 3<br />

− 4 =0 (4.9)<br />

K d<br />

[ ] 4<br />

κd 3 1 + =0 (4.10)<br />

K d 3<br />

La métho<strong>de</strong> d’initialisation du spectre VKP se décompose <strong>en</strong> trois étapes :


102 Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI)<br />

1. choix <strong>de</strong>s valeurs <strong>de</strong>s nombres d’on<strong>de</strong> κ e et κ d ,<br />

2. résolution <strong>de</strong>s équations (4.9) et (4.10), ce qui procure alors les valeurs <strong>de</strong>s nombres K e et<br />

K d ,<br />

3. <strong>en</strong>fin <strong>la</strong> détermination <strong>de</strong> u ′ et ε <strong>en</strong> assurant <strong>la</strong> cohér<strong>en</strong>ce <strong>en</strong>tre les domaines physique<br />

et spectral (1.19) et (1.20), <strong>de</strong> sorte que l’énergie injectée dans l’expression du spectre<br />

correspon<strong>de</strong> à l’énergie cinétique réelle k.<br />

L’équation (1.20) faisant interv<strong>en</strong>ir le terme <strong>de</strong> viscosité ν, <strong>la</strong> donnée <strong>de</strong> κ e , κ d et ν permet donc<br />

<strong>de</strong> définir intégralem<strong>en</strong>t le quadruplet {u ′ , ε, K e , K d }. Le fait <strong>de</strong> fixer nous-mêmes <strong>la</strong> taille <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> zone inertielle (choix <strong>de</strong> κ e et κ d ) offre une meilleure modélisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> casca<strong>de</strong> énergétique,<br />

permettant l’étu<strong>de</strong> d’écoulem<strong>en</strong>ts plus réalistes. Cep<strong>en</strong>dant, les informations re<strong>la</strong>tives au spectre<br />

VKP dans le tableau 4.2 suggèr<strong>en</strong>t que les ressources informatiques requises sont plus importantes.<br />

Elles ont motivé notre choix <strong>de</strong> se cont<strong>en</strong>ter d’un unique cas d’un tel spectre dans notre<br />

étu<strong>de</strong>. Les paramètres ret<strong>en</strong>us pour l’initialisation du spectre VKP sont regroupés au tableau<br />

4.5.<br />

κ e κ d ν<br />

4 10.5 2 10 −3 ⇒<br />

K e K d u ′ ε Re T<br />

2.80 31.0 0.245 0.018 430<br />

Table 4.5 – Paramètres d’initialisation du spectre VKP<br />

4.1.3.2 Valeurs initiales <strong>de</strong>s paramètres <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t<br />

Comme nous l’avons fait pour les spectres PP, nous prés<strong>en</strong>tons les valeurs <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>ts<br />

paramètres <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t initialisé grâce à un spectre VKP. Contrairem<strong>en</strong>t aux premiers cités,<br />

les valeurs imposées pour u ′ et ε lors <strong>de</strong> l’initialisation du spectre VKP ne sont pas i<strong>de</strong>ntiques<br />

aux valeurs calculées par le co<strong>de</strong> dès <strong>la</strong> première itération. Cet aspect est révélé par les données<br />

du tableau 4.6. Ainsi, le nombre <strong>de</strong> Reynolds initialem<strong>en</strong>t égal à 430, voit sa valeur chuter à 335<br />

Paramètres<br />

Valeurs<br />

t = 0 1 ère itération<br />

u ′ 0 0.245 0.221<br />

k 0 9.04 10 −2 7.40 10 −2<br />

ε 0 1.88 10 −2 1.04 10 −2<br />

ν 0 1.00 10 −3 1.02 10 −3<br />

Re T 0 430 335<br />

Re λ0 54 47<br />

Échelles <strong>de</strong> Valeurs<br />

longueurs t = 0 1 ère itération<br />

l T 0 1.52 1.23<br />

L ii0 0.27 0.27<br />

λ T 0 0.21 0.21<br />

η 0 1.51 10 −2 1.58 10 −2<br />

κ e 4 4<br />

κ d 10.5 10.5<br />

Table 4.6 – Valeurs initiales <strong>de</strong>s paramètres <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> initialisée par un spectre VKP<br />

dès <strong>la</strong> première itération. Il semble ainsi que le passage <strong>de</strong>s valeurs <strong>de</strong> u ′ et ε dans le domaine<br />

physique ne soit pas aussi efficace qu’avec un spectre PP. Dans <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> ce travail, les valeurs<br />

initiales re<strong>la</strong>tives au spectre VKP correspondront aux valeurs observées à l’issue <strong>de</strong> <strong>la</strong> première<br />

itération.<br />

Nous proposons au lecteur <strong>la</strong> visualisation du champ <strong>de</strong> vorticité obt<strong>en</strong>u à partir <strong>de</strong> ce<br />

spectre VKP à l’issue <strong>de</strong> <strong>la</strong> 1 ère itération (Fig. 4.3). Cette figure permet <strong>de</strong> constater <strong>la</strong> capacité<br />

du spectre à simuler plus efficacem<strong>en</strong>t les petites structures dissipatives <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t.


Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI) 103<br />

Figure 4.3 – Visualisation du champ initial <strong>de</strong> vorticité (spectre VKP)<br />

4.1.3.3 Limites quant à l’utilisation du spectre VKP<br />

La définition d’un spectre VKP est plus contraignante que celle d’un spectre PP du fait <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> paramétrer <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone inertielle. En effet pour un spectre PP, <strong>la</strong> taille<br />

<strong>de</strong> cette zone est fixée à :<br />

(√ )<br />

3<br />

2 − 1<br />

κ d − κ e =<br />

κ e (4.11)<br />

La situation est différ<strong>en</strong>te pour un spectre VKP pour lequel les propriétés turbul<strong>en</strong>tes sont<br />

définies à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> cette zone. Cette procédure d’initialisation ne permet pas <strong>de</strong><br />

choisir, indép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s autres paramètres, le montant énergétique <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t. En<br />

effet comme le montre <strong>la</strong> figure 4.4, le nombre <strong>de</strong> Reynolds turbul<strong>en</strong>t Re T admet, avant <strong>la</strong><br />

première itération, un minimum d’<strong>en</strong>viron 400 atteint pour K d /K e ≃ 11.6. Dans le paragraphe<br />

précé<strong>de</strong>nt, nous avons révélé l’exist<strong>en</strong>ce d’un écart, propre à l’usage du spectre VKP, <strong>en</strong>tre les<br />

valeurs initiales et celles calculées après une itération. Vu que nous conservons <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième<br />

catégorie <strong>de</strong> valeurs pour définir l’état initial <strong>de</strong> notre calcul, le minimum pour Re T ret<strong>en</strong>u est<br />

donc ram<strong>en</strong>é à 315. Cette valeur reste s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t élevée et le spectre VKP ne pourra donc pas<br />

être utilisé pour définir <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts à faible nombre <strong>de</strong> Reynolds turbul<strong>en</strong>t.<br />

Figure 4.4 – Nombre <strong>de</strong> Reynolds turbul<strong>en</strong>t <strong>en</strong> fonction <strong>de</strong> K d /K e<br />

Il est difficile <strong>de</strong> donner une signification physique au rapport K d /K e qui ne peut être interprété<br />

comme un indicateur <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone inertielle. C’est pourquoi nous représ<strong>en</strong>tons


104 Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI)<br />

sur <strong>la</strong> figure 4.5, <strong>la</strong> valeur du nombre Re T obt<strong>en</strong>ue d’après le choix initial <strong>de</strong>s nombres d’on<strong>de</strong><br />

κ e et κ d (<strong>la</strong> viscosité est fixée, égale à sa valeur définie dans le tableau 4.6). Cette figure permet<br />

<strong>de</strong> constater l’exist<strong>en</strong>ce d’une région pour <strong>la</strong>quelle Re T atteint <strong>de</strong>s valeurs très élevées alors que<br />

κ d −κ e < 1 (zone c<strong>en</strong>trale rouge). Cette incohér<strong>en</strong>ce suggère qu’il faille définir une zone inertielle<br />

suffisamm<strong>en</strong>t gran<strong>de</strong> <strong>de</strong> façon à éviter cette région dont l’exist<strong>en</strong>ce se justifie difficilem<strong>en</strong>t. Ainsi,<br />

pour toute utilisation du spectre VKP, nous imposons <strong>la</strong> condition :<br />

κ d /κ e > 2 (4.12)<br />

Figure 4.5 – Nombre <strong>de</strong> Reynolds <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> <strong>en</strong> fonction <strong>de</strong> κ e et κ d<br />

4.2 Caractérisation <strong>de</strong>s principales propriétés <strong>de</strong> <strong>la</strong> THI<br />

L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> THI se révèle très intéressante car il est possible d’avancer l’analyse assez<br />

loin, mais aussi parce que les structures turbul<strong>en</strong>tes les plus fines ont un comportem<strong>en</strong>t quasiisotrope.<br />

On espère <strong>en</strong> particulier pouvoir modéliser correctem<strong>en</strong>t ces petites structures souv<strong>en</strong>t<br />

non représ<strong>en</strong>tées dans les simu<strong>la</strong>tions <strong>numérique</strong>s. Cette section est <strong>de</strong>stinée à exposer les résultats<br />

garantissant <strong>la</strong> conservation <strong>de</strong> l’homogénéité et <strong>de</strong> l’isotropie au cours <strong>de</strong>s simu<strong>la</strong>tions<br />

d’écoulem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> THI.<br />

4.2.1 Vérification du caractère homogène<br />

4.2.1.1 Caractéristiques d’un champ <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> homogène<br />

Un champ <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> homogène est un domaine infini <strong>de</strong> l’espace dans lequel les propriétés<br />

statistiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> sont invariantes par trans<strong>la</strong>tion spatiale. Autrem<strong>en</strong>t dit, les<br />

moy<strong>en</strong>nes statistiques ne dép<strong>en</strong><strong>de</strong>nt pas du point x d’observation. Même si <strong>de</strong> telles propriétés<br />

n’exist<strong>en</strong>t pas dans les écoulem<strong>en</strong>ts réels, l’étu<strong>de</strong> d’une <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> homogène est attractive,<br />

considérant <strong>la</strong> simplification du formalisme mathématique qui <strong>en</strong> découle, mais aussi, car elle<br />

prés<strong>en</strong>te les propriétés physiques remarquables suivantes :<br />

– découp<strong>la</strong>ge dynamique <strong>en</strong>tre mouvem<strong>en</strong>t moy<strong>en</strong> et mouvem<strong>en</strong>t d’agitation,


Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI) 105<br />

– abs<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> toute diffusion,<br />

– réduction <strong>de</strong>s coup<strong>la</strong>ges implicites liés aux termes <strong>de</strong> pression,<br />

– nullité <strong>de</strong> <strong>la</strong> production du mouvem<strong>en</strong>t moy<strong>en</strong> sur celui d’agitation.<br />

Nous allons maint<strong>en</strong>ant vérifier l’implém<strong>en</strong>tation du caractère homogène <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>,<br />

d’abord grâce à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> parité <strong>de</strong>s fonctions <strong>de</strong> corré<strong>la</strong>tions, puis <strong>en</strong> considérant les facteurs<br />

<strong>de</strong> dissymétrie et d’ap<strong>la</strong>tissem<strong>en</strong>t. Nous terminerons par étudier l’évolution temporelle <strong>de</strong>s<br />

moy<strong>en</strong>nes spatiales <strong>de</strong>s dérivées du champ <strong>de</strong> vitesse.<br />

4.2.1.2 Parité <strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction <strong>de</strong> corré<strong>la</strong>tion R ij<br />

Pour une <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> homogène, l’expression <strong>de</strong>s fonctions <strong>de</strong> corré<strong>la</strong>tions <strong>en</strong> <strong>de</strong>ux points<br />

(2.69) ne va dép<strong>en</strong>dre que <strong>de</strong> <strong>la</strong> distance r séparant ces points avec :<br />

R i,j (P 1 , P 2 , t 1 , t 2 ) = R ij (r, t) (4.13)<br />

Dans un tel cadre, <strong>la</strong> fonction R ij va vérifier <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion suivante :<br />

R ij (r) = R ij (−r) (4.14)<br />

La fonction <strong>de</strong> corré<strong>la</strong>tion R ij est donc une fonction paire <strong>de</strong> <strong>la</strong> variable r séparant les points<br />

P 1 et P 2 . Cette re<strong>la</strong>tion est a fortiori va<strong>la</strong>ble pour une même composante <strong>de</strong> <strong>la</strong> vitesse <strong>en</strong> <strong>de</strong>ux<br />

points (i = j). On vérifie cette propriété <strong>en</strong> se p<strong>la</strong>çant dans le p<strong>la</strong>n d’équation x = π, puis <strong>en</strong><br />

évaluant ces corré<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> part et d’autre <strong>de</strong> ce p<strong>la</strong>n. Le même raisonnem<strong>en</strong>t est conduit dans<br />

<strong>la</strong> direction y <strong>de</strong> manière à obt<strong>en</strong>ir les profils illustrés sur <strong>la</strong> figure 4.6. Les résultats ainsi obt<strong>en</strong>us<br />

confirm<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> <strong>la</strong> parité <strong>de</strong>s fonctions <strong>de</strong> corré<strong>la</strong>tion R ii .<br />

(a) Direction x<br />

(b) Direction y<br />

Figure 4.6 – Parité <strong>de</strong>s corré<strong>la</strong>tions doubles <strong>de</strong> vitesse R ii (r) (normées par R ii (0))


106 Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI)<br />

4.2.1.3 Facteurs <strong>de</strong> dissymétrie et d’ap<strong>la</strong>tissem<strong>en</strong>t<br />

Les facteurs <strong>de</strong> dissymétrie S k et d’ap<strong>la</strong>tissem<strong>en</strong>t T k permett<strong>en</strong>t <strong>de</strong> quantifier l’écart à <strong>la</strong><br />

situation gaussi<strong>en</strong>ne <strong>de</strong>s gradi<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> fluctuations <strong>de</strong> vitesse. Ils sont définis par :<br />

S k = 1 3<br />

3∑<br />

i=1<br />

( ) 3 ∂ui<br />

∂x i<br />

( ) 2<br />

3/2 et T k = 1<br />

∂ui<br />

3<br />

∂x i<br />

3∑<br />

i=1<br />

( ∂ui<br />

∂x i<br />

) 4<br />

( ∂ui<br />

∂x i<br />

) 2<br />

2<br />

(4.15)<br />

Diverses étu<strong>de</strong>s, comme celle m<strong>en</strong>ée par Mills et al [37], affirm<strong>en</strong>t que pour caractériser une<br />

<strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> développée et homogène, les conditions suivantes doiv<strong>en</strong>t être satisfaites :<br />

−0.5 ≤ S k ≤ −0.4 (4.16)<br />

3.3 ≤ T k ≤ 4.0 (4.17)<br />

La figure 4.7 représ<strong>en</strong>te l’évolution temporelle <strong>de</strong>s facteurs S k et T k obt<strong>en</strong>ue pour l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s<br />

spectres prés<strong>en</strong>tés dans <strong>la</strong> section 4.1 (<strong>la</strong> m<strong>en</strong>tion [-] dans <strong>la</strong> lég<strong>en</strong><strong>de</strong> signifie que <strong>la</strong> variable est<br />

exprimée sans dim<strong>en</strong>sion). Considérant les critères définis par Mills et al., les valeurs obt<strong>en</strong>ues<br />

(a) Ensemble S A (b) Ensemble S B (c) Spectre VKP<br />

Figure 4.7 – Évolution <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> dissymétrie S k et d’ap<strong>la</strong>tissem<strong>en</strong>t T k<br />

par le co<strong>de</strong> sont satisfaisantes. Néanmoins, pour le spectre PP, il semble que <strong>la</strong> précision soit<br />

d’autant plus faible que <strong>la</strong> dynamique prés<strong>en</strong>te dans l’écoulem<strong>en</strong>t est gran<strong>de</strong> (i.e. Re T est grand).<br />

En effet, S k et T k sont respectivem<strong>en</strong>t égaux <strong>en</strong> fin <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion à −0.3 et 3.2 pour le cas S A 3<br />

(Re T = 400). Dans les autres cas, les critères sont parfaitem<strong>en</strong>t respectés, tout comme le cas du<br />

spectre VKP, ce qui démontre sa capacité à simuler plus efficacem<strong>en</strong>t les écoulem<strong>en</strong>ts à nombre<br />

<strong>de</strong> Reynolds élevés.<br />

4.2.1.4 Incompressibilité du l’écoulem<strong>en</strong>t<br />

On <strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>d maint<strong>en</strong>ant <strong>de</strong> vérifier que l’agitation turbul<strong>en</strong>te simulée est isovolume. Mathématiquem<strong>en</strong>t,<br />

ce<strong>la</strong> se traduit par :<br />

∂u i<br />

= 0 pour ∀i ∈ 1, 2, 3, ∀t<br />

∂x i<br />

(4.18)<br />

div⃗u = 0 (4.19)


Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI) 107<br />

Les évolutions temporelles <strong>de</strong>s diverg<strong>en</strong>ces <strong>de</strong>s champs <strong>de</strong> vitesse calculées pour chaque spectre<br />

<strong>de</strong>s <strong>en</strong>sembles S A et S B ainsi que pour celui utilisant le spectre VKP sont représ<strong>en</strong>tées sur <strong>la</strong><br />

figure 4.8. La nullité <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> diverg<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> u est vérifiée pour tous les spectres même<br />

(a) div u (cas S A ) (b) div u (cas S B ) (c) div u (cas S V KP )<br />

Figure 4.8 – Diverg<strong>en</strong>ce du champ <strong>de</strong> vitesse instantanée<br />

si <strong>la</strong> diverg<strong>en</strong>ce du champ <strong>de</strong> vitesse du cas S3<br />

A prés<strong>en</strong>te une amplitu<strong>de</strong> plus importante. Ce<strong>la</strong><br />

démontre l’influ<strong>en</strong>ce du nombre <strong>de</strong> Reynolds qui, pour les spectres PP, est responsable <strong>de</strong> l’augm<strong>en</strong>tation<br />

<strong>de</strong> l’amplitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s dérivées du champ <strong>de</strong> vitesse, à <strong>la</strong> différ<strong>en</strong>ce du nombre d’on<strong>de</strong><br />

κ e qui n’a pas d’influ<strong>en</strong>ce sur ces termes. La vérification <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions (4.19) confère donc à<br />

l’agitation turbul<strong>en</strong>te un caractère isovolume, i.e. incompressible.<br />

4.2.2 Analyse <strong>de</strong> l’isotropie <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t<br />

Une <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> isotrope est une <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> homogène dont les propriétés statistiques sont<br />

invariantes par toute rotation. Nous ajoutons égalem<strong>en</strong>t ici l’invariance par symétrie p<strong>la</strong>ne. En<br />

fait, tout champ isotrope est nécessairem<strong>en</strong>t homogène, car toute trans<strong>la</strong>tion peut se réduire<br />

à <strong>la</strong> composée <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux rotations. En toute rigueur, il suffirait <strong>de</strong> n’employer que le qualificatif<br />

isotrope pour une THI comme l’a fait Hinze [22]. La dénomination THI sera néanmoins conservée<br />

conformém<strong>en</strong>t à l’usage. En pratique, pour une <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> isotrope, il est donc impossible <strong>de</strong><br />

détecter une direction privilégiée d’observation <strong>en</strong> configuration d’écoulem<strong>en</strong>ts périodiques. Pour<br />

vérifier l’isotropie <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t, nous ferons référ<strong>en</strong>ce aux outils définis dans le paragraphe<br />

re<strong>la</strong>tif à l’analyse corré<strong>la</strong>toire et plus particulièrem<strong>en</strong>t à ceux qui trait<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s corré<strong>la</strong>tions doubles<br />

<strong>en</strong> THI (cf. 2.2.4.2).<br />

4.2.2.1 Corré<strong>la</strong>tions doubles <strong>de</strong>s vitesses <strong>en</strong> un point<br />

Une première conséqu<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> l’hypothèse d’isotropie confère une forme particulière au t<strong>en</strong>seur<br />

<strong>de</strong> Reynolds. Ainsi :<br />

u 2 = v 2 = w 2 = u ′2 (4.20)<br />

Pour ce qui concerne les corré<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> composantes croisées <strong>en</strong> un même point, on choisit<br />

dans un premier temps les vecteurs u et v respectivem<strong>en</strong>t parallèles aux axes x et y, on effectue<br />

<strong>en</strong>suite une rotation d’angle π/2 à ce système, comme le montre <strong>la</strong> figure 4.9. On <strong>en</strong> déduit par<br />

isotropie que uv = −uv et par conséqu<strong>en</strong>t, <strong>la</strong> corré<strong>la</strong>tion croisée uv ne peut être que nulle. Par


108 Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI)<br />

y<br />

v<br />

y<br />

u<br />

A<br />

u<br />

v<br />

A<br />

x<br />

x<br />

Figure 4.9 – Corré<strong>la</strong>tions croisées <strong>en</strong> un point<br />

<strong>de</strong>s raisonnem<strong>en</strong>ts i<strong>de</strong>ntiques, on montre que :<br />

uv = uw = vw = 0 (4.21)<br />

L’évolution temporelle <strong>de</strong> ces corré<strong>la</strong>tions (Fig. 4.10) permet <strong>de</strong> vérifier que les conditions<br />

(4.20) et (4.21) sont bi<strong>en</strong> retranscrites par le co<strong>de</strong> EVEREST. L’évolution <strong>de</strong>s corré<strong>la</strong>tions<br />

(a) S A 1 − S B 2 : Re T = 100, κ e = 6 (b) S A 2 : Re T = 200, κ e = 6 (c) S A 3 : Re T = 400, κ e = 6<br />

(d) S B 1 : Re T = 100, κ e = 4 (e) S B 3 : Re T = 100, κ e = 8 (f) S V KP<br />

Figure 4.10 – Vérification du caractère isotrope <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong><br />

doubles u i u i montre une légère anisotropie <strong>en</strong> début <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion, celle-ci s’estompe <strong>en</strong>suite


Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI) 109<br />

rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t par l’action <strong>de</strong> mécanismes liés à <strong>la</strong> pression. Ces corré<strong>la</strong>tions rest<strong>en</strong>t, dans l’<strong>en</strong>semble,<br />

proches <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur u ′2 caractérisant ainsi l’isotropie au sein <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t. La situation<br />

est différ<strong>en</strong>te pour les corré<strong>la</strong>tions croisées u i u j . En effet, dans le cas <strong>de</strong>s spectres PP à forts<br />

Reynolds, comme c’est le cas pour S3<br />

A (Re T = 400), les corré<strong>la</strong>tions croisées <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t non négligeables.<br />

À Reynolds équival<strong>en</strong>t, S V KP montre <strong>de</strong> bi<strong>en</strong> meilleurs résultats, révé<strong>la</strong>nt les limites<br />

du spectre PP à modéliser <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts à nombre <strong>de</strong> Reynolds élevé.<br />

4.2.2.2 Étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s échelles corré<strong>la</strong>toires doubles <strong>de</strong> vitesse<br />

Nous définissons maint<strong>en</strong>ant les échelles intégrales d’auto-corré<strong>la</strong>tion L l ij . L’objectif est <strong>de</strong><br />

vérifier que le co<strong>de</strong> modélise correctem<strong>en</strong>t le comportem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ces échelles qui représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t une<br />

longueur moy<strong>en</strong>ne <strong>de</strong> corré<strong>la</strong>tion spatiale du champ <strong>de</strong> vitesse flui<strong>de</strong> dans <strong>la</strong> direction l par :<br />

L l ij =<br />

∫ ∞<br />

0<br />

R i,j (r −→ e l , t)dr (4.22)<br />

avec r = ‖ −→ r ‖ et −→ e l le vecteur unitaire dans <strong>la</strong> direction l. Puisque l’isotropie impose u i u j = 0<br />

pour i ≠ j, il vi<strong>en</strong>t L ij,l = 0 pour i ≠ j. Ainsi, seules les échelles intégrales d’auto-corré<strong>la</strong>tion<br />

L k ii sont non nulles. L’hypothèse d’isotropie amène donc naturellem<strong>en</strong>t à :<br />

L 1 11 = L 2 22 = L 3 33 (4.23)<br />

On constate d’ailleurs que L 1 11 et L1 22 correspon<strong>de</strong>nt aux échelles Λ f (2.89) et Λ g (2.90) qui sont<br />

les macro-échelles <strong>de</strong> Taylor. Elles représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t <strong>la</strong> distance maximum d’ext<strong>en</strong>sion d’un processus<br />

équival<strong>en</strong>t <strong>de</strong> corré<strong>la</strong>tion unité et vérifi<strong>en</strong>t <strong>la</strong> dép<strong>en</strong>dance déjà évoquée par <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion (2.91) :<br />

L j ii = Li ii<br />

2<br />

pour i ≠ j (4.24)<br />

La figure 4.11 représ<strong>en</strong>te l’évolution <strong>de</strong>s échelles L j ii au cours du temps dans le cas <strong>de</strong> l’utilisation<br />

du spectre <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce S1<br />

A = SB 2 . Les re<strong>la</strong>tions (4.23) et (4.24) sont bi<strong>en</strong> vérifiées dès<br />

l’établissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> <strong>la</strong> THI à t = 5.<br />

Figure 4.11 – Évolution au cours du temps <strong>de</strong>s échelles intégrales d’auto-corré<strong>la</strong>tion (cas S A 1 )


110 Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI)<br />

4.2.2.3 Corré<strong>la</strong>tions et pression incompressible<br />

L’étu<strong>de</strong> corré<strong>la</strong>toire <strong>en</strong> THI nous a permis <strong>de</strong> caractériser <strong>la</strong> nullité <strong>de</strong>s corré<strong>la</strong>tions pressionvitesse<br />

P u <strong>en</strong> un point (2.80). Dans le cadre d’un écoulem<strong>en</strong>t isotrope, le même raisonnem<strong>en</strong>t<br />

peut être appliqué aux corré<strong>la</strong>tions pression-déformation Π ii définies dans le paragraphe 2.2.3.3.<br />

Le nombre d’on<strong>de</strong> κ e n’ayant pas d’inci<strong>de</strong>nce sur ces corré<strong>la</strong>tions, nous représ<strong>en</strong>tons sur les<br />

figures 4.12 et 4.13 les évolutions temporelles <strong>de</strong>s corré<strong>la</strong>tions pression-vitesse P u i et pressiondéformation<br />

Π ii uniquem<strong>en</strong>t pour les spectres S A 1 , SA 3 et SV KP . Actifs durant <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> d’initial-<br />

(a) S A 1 : Re T = 100, κ e = 6 (b) S A 3 : Re T = 400, κ e = 6 (c) S V KP<br />

Figure 4.12 – Corré<strong>la</strong>tions pression-vitesse <strong>en</strong> un point<br />

(a) S A 1 : Re T = 100, κ e = 6 (b) S A 3 : Re T = 400, κ e = 6 (c) S V KP<br />

Figure 4.13 – Corré<strong>la</strong>tions pression-déformation <strong>en</strong> un point<br />

isation, les mécanismes liés aux corré<strong>la</strong>tions pression-vitesse et pression-déformation particip<strong>en</strong>t<br />

à corriger l’anisotropie initiale <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts. Pour les spectres PP, cette action est d’autant<br />

plus importante que l’agitation turbul<strong>en</strong>te est gran<strong>de</strong>. Dans le cas du spectre VKP, le profil<br />

obt<strong>en</strong>u témoigne là <strong>en</strong>core ses qualités pour définir une THI effici<strong>en</strong>te. Progressivem<strong>en</strong>t les corré<strong>la</strong>tions<br />

liées à <strong>la</strong> pression <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t nulles traduisant <strong>la</strong> mise à l’équilibre <strong>de</strong>s phénomènes<br />

turbul<strong>en</strong>ts.


Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI) 111<br />

4.3 Décroissance énergétique <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong><br />

Dans cette section, l’évolution d’un écoulem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> THI <strong>en</strong> décroissance libre est calculée par<br />

le co<strong>de</strong> EVEREST puis comparée avec son évolution prédite par les équations du modèle k − ε<br />

(cf. 2.2.3.2).<br />

4.3.1 Validation <strong>de</strong>s comportem<strong>en</strong>ts analytiques <strong>de</strong>s simu<strong>la</strong>tions<br />

4.3.1.1 Expressions analytiques <strong>de</strong>s paramètres<br />

Dans le cas d’une THI, il est possible <strong>de</strong> déterminer analytiquem<strong>en</strong>t les lois d’évolution <strong>de</strong><br />

k, ε et <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tes échelles <strong>de</strong> longueurs. En effet, le traitem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s équations (2.65) et (2.66)<br />

du modèle k − ε, <strong>en</strong> régime <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> incompressible, conduit à <strong>de</strong>s équations <strong>de</strong> transport<br />

modélisées par l’équation exacte (4.25) et <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion du modèle k − ε (4.26).<br />

∂k<br />

= −ε<br />

∂t<br />

(4.25)<br />

∂ε<br />

∂t = −C ε 2<br />

ε,2<br />

k<br />

(4.26)<br />

Le système différ<strong>en</strong>tiel ci-<strong>de</strong>ssus possè<strong>de</strong> une solution analytique. On introduit alors l’échelle <strong>de</strong><br />

temps τ T (1.14) liée à l’échelle intégrale dont <strong>la</strong> valeur correspond au temps <strong>de</strong> retournem<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong>s tourbillons porteurs d’énergie. L’introduction du changem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> variable τ T = k/ε dans le<br />

système (4.25) et (4.26) amène à :<br />

En notant f τ (t) = 1 + (C ε,2 − 1)<br />

dε<br />

ε = −C dt<br />

ε2<br />

(4.27)<br />

τ T<br />

dτ T<br />

= C ε2 − 1 (4.28)<br />

dt<br />

t<br />

τ T 0<br />

, les solutions analytiques <strong>de</strong> ce système sont <strong>de</strong> <strong>la</strong> forme :<br />

τ T (t) = τ T 0 [f τ (t)] (4.29)<br />

1<br />

k(t) = k 0 [f τ (t)]<br />

1−C ε2 (4.30)<br />

ε(t) = ε 0 [f τ (t)] C ε2<br />

1−C ε2 (4.31)<br />

où τ T 0 , ε 0 et k 0 sont respectivem<strong>en</strong>t les valeurs à l’instant initial <strong>de</strong> τ T , k et ε. On a <strong>de</strong> <strong>la</strong> même<br />

manière les re<strong>la</strong>tions exprimant le comportem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s échelles <strong>de</strong> longueurs :<br />

l T (t) = l T 0 [f τ (t)] 2C ε2 −3<br />

2(C ε2 −1)<br />

(4.32)<br />

λ T (t) = λ T 0 [f τ (t)] 1 2 (4.33)<br />

η(t) = η 0 [f τ (t)]<br />

C ε2<br />

4(C ε2 −1)<br />

(4.34)<br />

Re T = Re T 0 [f τ (t)] C ε2 −2<br />

C ε2 −1<br />

(4.35)<br />

L’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>tions (4.29) à (4.35) constitue <strong>la</strong> base <strong>de</strong>s expressions analytiques dont<br />

nous allons nous servir pour vali<strong>de</strong>r les résultats <strong>de</strong> THI simulés par le co<strong>de</strong> EVEREST.


112 Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI)<br />

4.3.1.2 Caractérisation du temps <strong>de</strong> mise <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> THI<br />

L’analyse <strong>de</strong>s corré<strong>la</strong>tions doubles <strong>de</strong> vitesse (Fig. 4.10) a montré une légère anisotropie <strong>en</strong><br />

début <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion. Ceci suggère que les simu<strong>la</strong>tions nécessit<strong>en</strong>t un temps d’adaptation pour<br />

que les mécanismes <strong>de</strong> <strong>la</strong> THI soi<strong>en</strong>t établies. Durant cette phase d’initialisation, <strong>la</strong> solution est<br />

légèrem<strong>en</strong>t influ<strong>en</strong>cée par les conditions initiales imparfaites et évolue progressivem<strong>en</strong>t vers une<br />

dynamique <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t plus réaliste. Ce temps est <strong>en</strong> fait nécessaire pour que le phénomène<br />

<strong>de</strong> casca<strong>de</strong> énergétique par transfert l’énergie <strong>de</strong>s grosses aux plus petites structures, se mette<br />

<strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce selon le principe décrit dans le paragraphe 1.2.2.2. Pour nos simu<strong>la</strong>tions ce temps sera<br />

égal au temps τ T 0 du cas <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce S1 A = SB 2 , à savoir t = 5.<br />

Les expéri<strong>en</strong>ces <strong>numérique</strong>s m<strong>en</strong>ées confirm<strong>en</strong>t l’exist<strong>en</strong>ce d’une pério<strong>de</strong> transitoire <strong>en</strong> constatant<br />

que, pour tous les écoulem<strong>en</strong>ts simulés, τ T est initialem<strong>en</strong>t décroissant avant d’adopter<br />

son comportem<strong>en</strong>t linéaire théorique (Fig. 4.14). Cette figure révèle aussi qu’une augm<strong>en</strong>tation<br />

(a) S A : Influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Re T<br />

(b) S B : Influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> κ e<br />

Figure 4.14 – Évolution temporelle <strong>de</strong> τ T<br />

du nombre <strong>de</strong> Reynolds Re T <strong>en</strong>traîne <strong>de</strong>s coeffici<strong>en</strong>ts <strong>directe</strong>urs plus importants pour τ T (Fig.<br />

4.14(a)), alors qu’une valeur élevée du nombre d’on<strong>de</strong> κ e influe seulem<strong>en</strong>t sur <strong>la</strong> valeur initiale<br />

<strong>de</strong> τ T , sans modifier son coeffici<strong>en</strong>t <strong>directe</strong>ur final (Fig. 4.14(b)). D’ailleurs, <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> κ e pour<br />

le cas S1<br />

B est voisine <strong>de</strong> 11. Pour étudier ce spectre, il aurait fallu théoriquem<strong>en</strong>t att<strong>en</strong>dre ce<br />

temps pour caractériser <strong>la</strong> THI. Cep<strong>en</strong>dant, par souci <strong>de</strong> commodité et considérant les résultats<br />

obt<strong>en</strong>us quant à l’homogénéité et l’isotropie, nous conserverons ce temps t = 5 pour comm<strong>en</strong>cer<br />

l’étu<strong>de</strong>. La durée effective <strong>de</strong>s simu<strong>la</strong>tions passe ainsi <strong>de</strong> 60 à 55 unités <strong>de</strong> temps pour les spectres<br />

PP et VKP étudiés.<br />

4.3.1.3 Validation analytique <strong>de</strong> <strong>la</strong> THI simulée<br />

La première chose à vali<strong>de</strong>r est <strong>la</strong> vérification <strong>de</strong> l’équation exacte (4.25) traduisant le comportem<strong>en</strong>t<br />

théorique <strong>de</strong> k et ε <strong>en</strong> THI. Pour nos simu<strong>la</strong>tions, leurs expressions sont :<br />

k = 1 )<br />

(u<br />

2<br />

2 + v 2 + w 2 (4.36)<br />

⎛ ( ) ⎞<br />

3∑ 2<br />

∂ui<br />

ε = ν ⎝<br />

⎠ (4.37)<br />

∂x j<br />

i,j=1


Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI) 113<br />

Les vérifications <strong>de</strong> l’équation d’évolution (4.25) par les paramètres k et ε estimés par les<br />

re<strong>la</strong>tions (4.36) et (4.37) sont représ<strong>en</strong>tées sur <strong>la</strong> figure 4.15. Les résultats simulés correspon<strong>de</strong>nt<br />

bi<strong>en</strong> à <strong>la</strong> théorie même si <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> d’Euler utilisée pour évaluer dk/dt trouve ses limites<br />

dans le cas d’écoulem<strong>en</strong>ts à dynamique élevée. En effet, cette métho<strong>de</strong> d’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> dérivée<br />

<strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre <strong>de</strong>s oscil<strong>la</strong>tions pour le spectre S3<br />

A (et dans une moindre mesure pour le cas SA 2 ) autour<br />

d’une valeur moy<strong>en</strong>ne qui coïnci<strong>de</strong> malgré tout avec l’évolution <strong>de</strong> ε.<br />

(a) S A (b) S B (c) S V KP<br />

traits pleins : valeurs calculées, symboles : valeurs théroriques<br />

Figure 4.15 – Vérification <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi d’évolution ε = −dk/dt (4.25)<br />

Dans un second temps, on vali<strong>de</strong> sur les figures 4.16 et 4.17 les évolutions temporelles <strong>de</strong><br />

l’énergie cinétique k et du taux <strong>de</strong> dissipations ε par comparaison aux expressions analytiques du<br />

modèle k −ε Les mêmes vérifications sont m<strong>en</strong>ées pour les échelles <strong>de</strong> longueurs caractéristiques<br />

(a) S A (b) S B (c) S V KP<br />

traits pleins : valeurs calculées, symboles : valeurs théroriques<br />

Figure 4.16 – Validation <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong> l’énergie cinétique turbul<strong>en</strong>te k<br />

η, λ T et L ii (Fig. 4.18) et permett<strong>en</strong>t <strong>de</strong> conclure quant à <strong>la</strong> très bonne simu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s paramètres<br />

<strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> THI. La valeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> constante C ε,2 utilisée pour <strong>la</strong> validation <strong>de</strong> ces profils<br />

varie selon le cas considéré. Elle fait l’objet d’une étu<strong>de</strong> plus approfondie que nous abor<strong>de</strong>rons<br />

plus loin (cf. 4.3.2.1).


114 Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI)<br />

(a) S A (b) S B (c) S V KP<br />

traits pleins : valeurs calculées, symboles : valeurs théroriques<br />

Figure 4.17 – Validation <strong>de</strong> l’évolution du taux <strong>de</strong> dissipation <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> ε<br />

(a) S A 1 : Re T = 100, κ e = 6 (b) S A 1 : Re T = 200, κ e = 6 (c) S A 1 : Re T = 400, κ e = 6<br />

(d) S A 1 : Re T = 100, κ e = 4 (e) S A 1 : Re T = 100, κ e = 8 (f) S V KP<br />

traits pleins : valeurs calculées, symboles : valeurs théoriques<br />

Figure 4.18 – Validation <strong>de</strong>s évolutions <strong>de</strong>s échelles <strong>de</strong> longueurs η, λ T et Lii<br />

4.3.1.4 Vérification <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong> résolution<br />

Nous avons vu au chapitre 3 que les simu<strong>la</strong>tions doiv<strong>en</strong>t vérifier certains critères <strong>de</strong> résolution.<br />

La t<strong>en</strong>ue <strong>de</strong> ces critères est <strong>de</strong>stinée à garantir <strong>numérique</strong>m<strong>en</strong>t <strong>la</strong> représ<strong>en</strong>tativité physique <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> THI. Ils sont <strong>de</strong> trois natures :


Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI) 115<br />

– le critère <strong>de</strong> résolution temporelle (3.6) est vérifié <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant une valeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> CFL inférieure<br />

à 0.6, le pas <strong>de</strong> temps diffusif F o est maint<strong>en</strong>u constant et égal à 0.1 ;<br />

– les critères <strong>de</strong> résolution spatiale avec <strong>la</strong> condition re<strong>la</strong>tive aux gran<strong>de</strong>s échelles (3.2) qui<br />

stipule que l’échelle intégrale ne doit pas être supérieure au rapport L dom /4. Le critère<br />

re<strong>la</strong>tif aux petites échelles (3.25) établit <strong>de</strong> son côté une condition sur le pas du mail<strong>la</strong>ge<br />

pour que l’échelle <strong>de</strong> Kolmogorov soit suffisamm<strong>en</strong>t échantillonnée ;<br />

– le critère <strong>de</strong> résolution spectrale (3.41) est quant à lui vérifié lorsque le produit <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur<br />

<strong>de</strong> l’échelle <strong>de</strong> Kolmogorov par le nombre d’on<strong>de</strong> maximal résolu κ max est supérieur à 4.3.<br />

• Critères <strong>de</strong> résolution pour les spectres PP :<br />

L’évolution <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong> résolution pour les spectres PP étudiés est illustrée sur <strong>la</strong> figure<br />

4.19. À l’issue du temps <strong>de</strong> mise <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> THI, le critère <strong>de</strong> résolution spectrale est bi<strong>en</strong><br />

(a) Critère spectral : κ maxη (b) Gran<strong>de</strong>s échelles : L T (c) Petites échelles : η 2 − h<br />

Figure 4.19 – Évolution <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong> résolutions (cas du spectre PP)<br />

supérieur à 4.3 pour toutes les configurations <strong>de</strong> spectres PP étudiées (Fig. 4.19(a)). Le critère<br />

<strong>de</strong> résolution <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s échelles est lui aussi bi<strong>en</strong> vérifié car toutes les échelles intégrales rest<strong>en</strong>t<br />

bi<strong>en</strong> inférieures à L dom /4 (Fig. 4.19(b)).<br />

En ce qui concerne le critère re<strong>la</strong>tif aux petites échelles, on s’aperçoit qu’il n’est pas vérifié<br />

intégralem<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>dant nos simu<strong>la</strong>tions. En effet, pour les écoulem<strong>en</strong>ts à gran<strong>de</strong> dynamique (S A 2<br />

et S A 3 ), il faut att<strong>en</strong>dre un temps t voisin <strong>de</strong> 3τ T 0 pour que ∆x < η/2 (Fig. 4.19(c)). L’explication<br />

<strong>de</strong> ce défaut rési<strong>de</strong> dans le raffinem<strong>en</strong>t adopté qui n’est pas suffisant pour simuler précisém<strong>en</strong>t<br />

les plus petites échelles. La t<strong>en</strong>ue <strong>de</strong> ce critère, dès l’instant t = 5, aurait nécessité un mail<strong>la</strong>ge<br />

<strong>de</strong> 400 × 400 × 400 qui aurait <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dré un temps <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion 10 fois supérieur. Considérant<br />

que ce défaut n’a pas d’inci<strong>de</strong>nce sur <strong>la</strong> validation <strong>de</strong> l’homogénéité et <strong>de</strong> l’isotropie, nous avons<br />

choisi <strong>de</strong> conserver le mail<strong>la</strong>ge actuel pour ne pas trop allonger le temps <strong>de</strong> calcul. Nous gardons<br />

bi<strong>en</strong> sûr <strong>en</strong> mémoire que <strong>la</strong> représ<strong>en</strong>tation <strong>de</strong>s tourbillons à l’échelle <strong>de</strong> Kolmogorov n’est pas<br />

optimale <strong>en</strong>tre le début <strong>de</strong> l’analyse statistique t = 5 et l’instant t = 15. Dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> THI<br />

<strong>en</strong> décroissance, cet aspect n’est pas pénalisant étant donné que nous étudions les paramètres<br />

globaux <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t. En revanche, il s’agira <strong>de</strong> trouver une solution pour remédier à cette<br />

limite lorsque nous voudrons étudier l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> l’échelle <strong>de</strong> Kolmogorov lors <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

l’ab<strong>la</strong>tion.


116 Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI)<br />

• Critères <strong>de</strong> résolution pour le spectre VKP : La figure 4.20 indique que le critère<br />

<strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s échelles ainsi que le critère spectral sont bi<strong>en</strong> vérifiés. Il <strong>en</strong> est autrem<strong>en</strong>t du critère<br />

re<strong>la</strong>tif aux petites échelles qui n’est atteint qu’<strong>en</strong> fin <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion pour le spectre VKP. Malgré le<br />

raffinem<strong>en</strong>t important du mail<strong>la</strong>ge utilisé, l’utilisation d’un spectre VKP implique <strong>de</strong>s structures<br />

turbul<strong>en</strong>tes dissipatives si petites que ces <strong>de</strong>rnières ne peuv<strong>en</strong>t être résolues conformém<strong>en</strong>t au<br />

critère (3.25).<br />

(a) Critère spectral : κ maxη (b) Gran<strong>de</strong>s échelles : L T (c) Petites échelles : η 2 − h<br />

Figure 4.20 – Évolution <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong> résolutions (cas du spectre VKP)<br />

4.3.2 Reca<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> <strong>la</strong> constante C ε,2<br />

4.3.2.1 Métho<strong>de</strong> d’estimation <strong>de</strong> <strong>la</strong> constante<br />

L’introduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> variable τ T dans le système d’équations (4.25) et (4.26), permet l’écriture<br />

<strong>de</strong>s expressions exactes <strong>de</strong>s paramètres <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t. Ces expressions dép<strong>en</strong><strong>de</strong>nt uniquem<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong>s conditions initiales et <strong>de</strong> <strong>la</strong> constante C ε,2 . La métho<strong>de</strong> utilisée pour évaluer cette constante<br />

est d’exploiter <strong>la</strong> linéarité <strong>de</strong> τ T <strong>en</strong> fonction du temps (Fig. 4.14) car C ε,2 − 1 n’est autre que le<br />

coeffici<strong>en</strong>t <strong>directe</strong>ur <strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction linéaire avec :<br />

τ T (t) = (C ε,2 − 1) t + τ T 0 (4.38)<br />

Ainsi, une fois <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> établie, nous calculons <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> C ε,2 permettant d’approcher au<br />

mieux l’évolution globale <strong>de</strong> τ T . Les valeurs <strong>de</strong> C ε,2 ainsi caractérisées sont <strong>en</strong>suite injectées dans<br />

les expressions analytiques définies précé<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t. Parallèlem<strong>en</strong>t, nous comparons les valeurs<br />

trouvées à celle issues <strong>de</strong> <strong>la</strong> littérature que nous rappelons dans le tableau 4.7.<br />

Source<br />

Valeur <strong>de</strong> C ε2<br />

Modèle k − ε 1.92<br />

Comte-Bellot et al [15] 1.80<br />

Boughanem [8] 1.75<br />

Yakhot et al [68] 1.68<br />

Table 4.7 – Valeurs standards pour le paramètre C ε,2


Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI) 117<br />

4.3.2.2 Valeurs <strong>de</strong> C ε,2 extraites pour un spectre <strong>de</strong> Passot-Pouquet<br />

Le reca<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> <strong>la</strong> constante C ε,2 prés<strong>en</strong>té dans le paragraphe précé<strong>de</strong>nt est appliqué à l’<strong>en</strong>semble<br />

<strong>de</strong>s spectres étudiés. Nous savons d’ores et déjà que <strong>la</strong> résolution <strong>numérique</strong> <strong>directe</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

THI conduit généralem<strong>en</strong>t à <strong>de</strong>s valeurs inférieures à 1.92 (Tab. 4.7). Grâce aux propriétés <strong>de</strong>s<br />

spectres utilisés pour les <strong>en</strong>sembles S A et S B , nous évaluons l’influ<strong>en</strong>ce du nombre <strong>de</strong> Reynolds<br />

Re T et du nombre d’on<strong>de</strong> κ e sur les valeurs <strong>de</strong> C ε,2 obt<strong>en</strong>ues. Cette initiative a été motivée<br />

par l’évolution temporelle <strong>de</strong> τ T (Fig. 4.14) qui suggère que C ε,2 dép<strong>en</strong>d <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> Re T .<br />

Le tableau 4.8 confirme cette dép<strong>en</strong>dance et rec<strong>en</strong>se les valeurs <strong>de</strong> C ε,2 caractérisées pour les<br />

spectres étudiés.<br />

Ensemble S A<br />

Spectre κ e u ′ Re T C ε,2<br />

S1 A (réf.) 6 0.163 100 1.59<br />

S2 A 6 0.229 200 1.61<br />

S3 A 6 0.325 400 1.63<br />

Ensemble S B<br />

Spectre κ e u ′ Re T C ε,2<br />

S1 B 4 0.109 100 1.59<br />

S2 B (réf.) 6 0.163 100 1.59<br />

S3 B 8 0.215 100 1.58<br />

Table 4.8 – Valeurs extraites pour <strong>la</strong> constante C ε,2 (cas <strong>de</strong>s spectres PP)<br />

Pour compléter les données du tableau 4.8, nous avons m<strong>en</strong>é plusieurs réalisations <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts<br />

<strong>de</strong> l’<strong>en</strong>semble S A pour lesquelles nous avons modifié uniquem<strong>en</strong>t <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> l’agitation<br />

turbul<strong>en</strong>te u ′ . Ces étu<strong>de</strong>s complém<strong>en</strong>taires nous ont permis <strong>de</strong> caractériser <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts possédant<br />

différ<strong>en</strong>ts nombres <strong>de</strong> Reynolds pour disposer <strong>de</strong> suffisamm<strong>en</strong>t <strong>de</strong> résultats pour tracer<br />

l’évolution <strong>de</strong> C ε,2 <strong>en</strong> fonction <strong>de</strong> Re T (Fig. 4.21).<br />

Figure 4.21 – Valeurs <strong>de</strong> C ε,2 caractérisées pour <strong>de</strong>s spectres PP<br />

4.3.2.3 Cas du spectre Von-Kármán Pao<br />

De même que pour le spectre PP, nous estimons <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> C ε,2 pour <strong>la</strong> THI initialisée avec<br />

un spectre VKP. L’utilisation <strong>de</strong> ce spectre doit permettre <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s valeurs plus proches<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur théorique <strong>de</strong> 1.92 [8]. Pour le spectre VKP étudié, <strong>la</strong> constante C ε,2 ainsi calculée<br />

est <strong>de</strong> 1.70. Cette valeur confirme <strong>la</strong> capacité du spectre VKP à modéliser plus fidèlem<strong>en</strong>t les<br />

mécanismes <strong>de</strong> transferts énergétiques <strong>en</strong>tre les grosses et les petites structures turbul<strong>en</strong>tes.


118 Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI)<br />

4.3.3 Interprétation <strong>de</strong>s résultats<br />

4.3.3.1 Analyse <strong>de</strong>s mécanismes <strong>de</strong> retour à l’isotropie<br />

La validation <strong>de</strong>s caractères d’homogénéité et d’isotropie <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> a permis <strong>de</strong> révéler<br />

l’exist<strong>en</strong>ce d’un temps d’initialisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> que nous avons caractérisé comme étant<br />

voisin du temps initial <strong>de</strong> retournem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s tourbillons τ T 0 . Ainsi pour les cas utilisant un spectre<br />

PP, l’écoulem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>te <strong>en</strong> début <strong>de</strong> calcul, à <strong>la</strong> fois une anisotropie et une inhomogénéité.<br />

Une fois le temps t = 5 dépassé, ces défauts sont corrigés et les mécanismes <strong>de</strong> <strong>la</strong> THI sont<br />

considérés comme établis. Les termes <strong>de</strong> pression sont communém<strong>en</strong>t associés à <strong>la</strong> redistribution<br />

<strong>de</strong> l’énergie <strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>tes composantes <strong>de</strong> <strong>la</strong> vitesse. Durant <strong>la</strong> phase d’initialisation,<br />

le « retour à l’isotropie » peut ainsi être relié à l’augm<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> l’amplitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong><br />

corré<strong>la</strong>tions pression-vitesse (Fig. 4.12) et pression-déformation (Fig. 4.13). Nous verrons dans<br />

le chapitre suivant que le rôle <strong>de</strong> ces corré<strong>la</strong>tions peut être bi<strong>en</strong> différ<strong>en</strong>t suivant <strong>la</strong> configuration,<br />

œuvrant alors pour structurer l’anisotropie <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t <strong>en</strong> proche paroi.<br />

Même s’il est possible <strong>de</strong> suivre l’évolution <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>ts paramètres durant <strong>la</strong> phase d’initialisation,<br />

leur interprétation physique dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> THI est délicate. En effet, ce temps<br />

est nécessaire pour que les mécanismes <strong>de</strong> <strong>la</strong> casca<strong>de</strong> énergétique soi<strong>en</strong>t pleinem<strong>en</strong>t développés,<br />

<strong>la</strong>issant aux gran<strong>de</strong>s structures porteuses d’énergie, le temps <strong>de</strong> transférer l’énergie aux<br />

structures dissipatives. La mise à l’équilibre <strong>en</strong>tre les phénomènes <strong>de</strong> production et <strong>de</strong> dissipation<br />

<strong>de</strong> l’énergie cinétique turbul<strong>en</strong>te r<strong>en</strong>d alors <strong>numérique</strong>m<strong>en</strong>t fiable l’étu<strong>de</strong> d’une THI. C’est<br />

pourquoi, nous n’avons pas m<strong>en</strong>é d’analyses physiques <strong>de</strong>s résultats plus poussées durant cette<br />

phase <strong>de</strong> d’établissem<strong>en</strong>t.<br />

4.3.3.2 Choix du spectre d’initialisation<br />

L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s rapports d’isotropie et <strong>de</strong>s moy<strong>en</strong>nes spatiales <strong>de</strong>s dérivées du champ <strong>de</strong> vitesse<br />

a montré les limites du spectre PP pour modéliser <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts à nombre <strong>de</strong> Reynolds élevé.<br />

Cette caractéristique s’explique par <strong>la</strong> faible épaisseur <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone inertielle sur <strong>la</strong>quelle sont<br />

injectés <strong>de</strong>s montants d’agitation turbul<strong>en</strong>te toujours plus élevés. Ainsi, à Re T équival<strong>en</strong>t, le<br />

spectre VKP permet <strong>de</strong> caractériser un meilleur comportem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s propriétés <strong>de</strong> <strong>la</strong> THI car il<br />

distribue mieux l’énergie <strong>en</strong>tre les échelles <strong>de</strong> longueurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>. Ceci dit, les conditions<br />

sur le mail<strong>la</strong>ge nécessaires à son utilisation sont, compte-t<strong>en</strong>u <strong>de</strong>s capacités <strong>de</strong> calcul actuelles,<br />

assez lour<strong>de</strong>s. C’est <strong>la</strong> raison pour <strong>la</strong>quelle, nous utiliserons préfér<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s spectres PP<br />

<strong>en</strong> raison <strong>de</strong> leur plus gran<strong>de</strong> souplesse d’implém<strong>en</strong>tation.<br />

Néanmoins, <strong>la</strong> mise <strong>en</strong> œuvre <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux spectres permet <strong>de</strong> mettre <strong>en</strong> exergue le rôle joué<br />

par le paramètre κ e . En effet, comme le montr<strong>en</strong>t les figures 4.2 et 4.3, ce nombre d’on<strong>de</strong> permet<br />

<strong>de</strong> définir <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s tourbillons caractéristiques <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t. Cette caractéristique<br />

s’applique particulièrem<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> avec le spectre <strong>de</strong> Passot-Pouquet. De son côté, le spectre VKP<br />

modélise préfér<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t les structures les plus fines. Ces propriétés confèr<strong>en</strong>t aux spectres PP<br />

et VKP <strong>la</strong> possibilité d’étudier l’influ<strong>en</strong>ce d’un <strong>la</strong>rge intervalle <strong>de</strong> tailles <strong>de</strong> structures porteuses<br />

d’énergie sur le phénomène d’ab<strong>la</strong>tion.<br />

4.3.3.3 Capacité du co<strong>de</strong> à simuler <strong>la</strong> THI<br />

Les simu<strong>la</strong>tions ont montré que le co<strong>de</strong> était <strong>en</strong> mesure <strong>de</strong> garantir l’homogénéité et l’isotropie<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> générée. Ce<strong>la</strong> dit, <strong>la</strong> durée <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase exploitable <strong>de</strong>s simu<strong>la</strong>tions est limitée.<br />

On s’aperçoit que plus le nombre <strong>de</strong> Reynolds turbul<strong>en</strong>t initial est élevé, moins le caractère


Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI) 119<br />

isotrope <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> est vérifié pour les temps longs (Fig. 4.10). Dans notre cas, <strong>la</strong> t<strong>en</strong>ue<br />

du critère (3.2) assure <strong>la</strong> décorré<strong>la</strong>tion spatiale malgré <strong>la</strong> constante augm<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> l’échelle<br />

intégrale. Pour expliquer <strong>la</strong> dégradation <strong>de</strong>s résultats <strong>en</strong> fin <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion, nous estimons que<br />

l’agitation turbul<strong>en</strong>te n’est plus suffisante pour garantir <strong>la</strong> cohér<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s mécanismes <strong>de</strong> <strong>la</strong> THI.<br />

En fait, nous assistons à une re<strong>la</strong>minarisation <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t aux temps longs qui conduit à<br />

un écoulem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t « résiduel » ayant <strong>de</strong>s statistiques moins représ<strong>en</strong>tatives. Il s’agit donc<br />

<strong>de</strong> définir un temps re<strong>la</strong>tif à l’extinction <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> t dissip à partir duquel le montant<br />

énergétique n’est plus suffisant pour qualifier conv<strong>en</strong>ablem<strong>en</strong>t <strong>la</strong> THI <strong>en</strong> décroissance. À <strong>la</strong> vue<br />

<strong>de</strong>s résultats obt<strong>en</strong>us, nous fixons cette valeur à :<br />

t dissip = 10τ T 0 (4.39)<br />

D’un point <strong>de</strong> vue dynamique, <strong>la</strong> décroissance énergétique <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> est très rapi<strong>de</strong>.<br />

Le nombre <strong>de</strong> Reynolds initial Re T 0 , égal à à 100 (cas <strong>de</strong> notre simu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce pour le<br />

spectre <strong>de</strong> Passot-Pouquet), diminue jusqu’à une valeur <strong>de</strong> 25 à l’issue du temps d’adaptation<br />

τ T 0 . Malgré <strong>la</strong> différ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s profils observés <strong>en</strong>tre ces <strong>de</strong>ux instants, <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong>s résultats<br />

obt<strong>en</strong>us lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> validation prouve <strong>la</strong> capacité du co<strong>de</strong> à simuler correctem<strong>en</strong>t <strong>la</strong> THI. En<br />

effet, les figures 4.16, 4.17 et 4.18 confirm<strong>en</strong>t que les expressions analytiques sont parfaitem<strong>en</strong>t<br />

simulées et <strong>la</strong> figure 4.15 assure le respect <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi d’évolution ε = −dk/dt.<br />

4.3.3.4 Reca<strong>la</strong>ge constante C ε,2<br />

Le reca<strong>la</strong>ge <strong>de</strong> <strong>la</strong> constante <strong>de</strong> modélisation C ε,2 est un élém<strong>en</strong>t incontournable pour qualifier<br />

<strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>. Sa valeur généralem<strong>en</strong>t admise et issue <strong>de</strong> l’expéri<strong>en</strong>ce est <strong>de</strong> 1.92. Pourtant les<br />

réc<strong>en</strong>ts travaux <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion <strong>numérique</strong> <strong>directe</strong> t<strong>en</strong><strong>de</strong>nt à utiliser <strong>de</strong>s valeurs plus faibles pour<br />

caractériser les écoulem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> THI (Tab. 4.7). Le co<strong>de</strong> EVEREST confirme cette t<strong>en</strong>dance <strong>en</strong><br />

avançant <strong>de</strong>s valeurs <strong>de</strong> C ε,2 al<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> 1.58 à 1.68 pour le spectre PP (Fig. 4.21) et une valeur <strong>de</strong><br />

1.70 pour le spectre VKP. Il est intéressant <strong>de</strong> noter que C ε,2 est une fonction <strong>de</strong> Re T qui t<strong>en</strong>d <strong>en</strong><br />

principe vers 1.92 lorsque Re T est suffisamm<strong>en</strong>t grand et que <strong>la</strong> zone inertielle est suffisamm<strong>en</strong>t<br />

<strong>la</strong>rge. Cet aspect justifie les meilleurs résultats fournis avec le spectre VKP pour l’obt<strong>en</strong>tion <strong>de</strong>s<br />

valeurs <strong>de</strong> C ε,2 plus « réalistes ».<br />

4.4 Étu<strong>de</strong> d’une <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> forcée<br />

4.4.1 Motivations<br />

4.4.1.1 Décroissance rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong><br />

Sans apport d’énergie extérieure dans l’écoulem<strong>en</strong>t, <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> décroît rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t. Comme<br />

l’indique <strong>la</strong> figure 4.22, le maximum du spectre E(κ, t) <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> se dép<strong>la</strong>ce progressivem<strong>en</strong>t<br />

vers les faibles nombres d’on<strong>de</strong>. Ainsi, les petites structures décroiss<strong>en</strong>t plus rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t<br />

que les structures porteuses d’énergie. Cette propriété est vérifiée <strong>en</strong> représ<strong>en</strong>tant sur <strong>la</strong> figure<br />

4.23 l’évolution du champ <strong>de</strong> vorticité <strong>en</strong> décroissance. En plus <strong>de</strong> <strong>la</strong> diminution rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’énergie<br />

(caractérisée par le diminution <strong>de</strong> l’aire sous <strong>la</strong> courbe du spectre E(κ)), on constate que<br />

<strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s tourbillons porteurs d’énergie augm<strong>en</strong>te au cours du temps. Ceci est <strong>en</strong> adéquation<br />

avec le comportem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’échelle intégrale qui est croissante dans le cas d’une THI (Fig. 4.18).<br />

Ces propriétés s’expliqu<strong>en</strong>t <strong>en</strong> étudiant <strong>de</strong> plus près l’équation <strong>de</strong> Lin d’évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité<br />

spectrale d’énergie (1.21). En considérant que les tourbillons <strong>de</strong> tailles différ<strong>en</strong>tes n’interagiss<strong>en</strong>t


120 Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI)<br />

(a) Vue c<strong>la</strong>ssique<br />

(b) Vue logarithmique<br />

t 1 < t 2 < t 3 < t 4 < t 5 < t 6<br />

Figure 4.22 – Évolution du spectre <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> au cours du temps<br />

(a) t 1 = 5 (b) t 2 = 20 (c) t 3 = 50<br />

Figure 4.23 – Évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> vorticité <strong>en</strong> l’abs<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> forçage (échelles <strong>de</strong> couleur non constante)<br />

pas <strong>en</strong>tre eux (on suppose que <strong>la</strong> fonction <strong>de</strong> transfert du spectre T (κ, t) est négligeable), cette<br />

équation s’écrit :<br />

∂<br />

∂t E(κ, t) = −2νκ2 E(κ, t) (4.40)<br />

Le dép<strong>la</strong>cem<strong>en</strong>t du nombre d’on<strong>de</strong> κ e vers <strong>de</strong>s faibles valeurs et <strong>la</strong> décroissance <strong>de</strong> l’énergie cinétique<br />

turbul<strong>en</strong>te sont formalisés respectivem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> intégrant et <strong>en</strong> passant à <strong>la</strong> limite l’équation<br />

<strong>de</strong> Lin modifiée (4.40) :<br />

(<br />

)<br />

E(κ, t) = E(κ, t 0 ) exp −2νκ 2 (t − t 0 )<br />

(4.41)<br />

lim<br />

k→0<br />

∂<br />

E(κ, t) = 0 (4.42)<br />

∂t<br />

4.4.1.2 Forçage linéaire initialem<strong>en</strong>t utilisé<br />

La première métho<strong>de</strong> utilisée pour forcer <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> a été d’ajouter dans le domaine<br />

réel, une force externe aux équations <strong>de</strong> Navier-Stokes, pour tous les mo<strong>de</strong>s inférieurs à κ f<br />

(|κ| < κ f ). Ainsi, Lundgr<strong>en</strong> [33] proposa un schéma <strong>de</strong> forçage « linéaire ». Son idée est d’évaluer


Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI) 121<br />

<strong>la</strong> dissipation par effets visqueux et <strong>de</strong> réinjecter cette dissipation sous <strong>la</strong> forme d’une force<br />

proportionnelle à <strong>la</strong> fluctuation <strong>de</strong> vitesse. Il a montré que ce forçage permet <strong>de</strong> recouvrir une<br />

gamme <strong>de</strong> nombre d’on<strong>de</strong> al<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> l’échelle intégrale à <strong>la</strong> zone inertielle. Autrem<strong>en</strong>t dit, le<br />

forçage agit principalem<strong>en</strong>t sur les tourbillons porteurs d’énergie. Son principal avantage est qu’il<br />

s’applique <strong>directe</strong>m<strong>en</strong>t dans le domaine physique avec <strong>de</strong>s conditions aux limites non périodiques.<br />

Le terme <strong>de</strong> forçage s’ajoute aux équations <strong>de</strong> conservation <strong>de</strong> <strong>la</strong> quantité <strong>de</strong> mouvem<strong>en</strong>t<br />

(2.4) avec :<br />

( )<br />

∂ui<br />

ρ<br />

∂t + u ∂u i<br />

j = ρF i − ∂P + µ ∂2 u i<br />

+ ρBu i (4.43)<br />

∂x j ∂x i ∂x j ∂x j<br />

où le paramètre B est donnée par <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion :<br />

B = ɛ + u i.∇p<br />

ρu i .u i<br />

= ɛ + u i.∇p<br />

3ρu ′2 (4.44)<br />

La figure 4.24 représ<strong>en</strong>te <strong>la</strong> variation <strong>de</strong> l’énergie cinétique turbul<strong>en</strong>te moy<strong>en</strong>ne k et du taux<br />

moy<strong>en</strong> <strong>de</strong> dissipation turbul<strong>en</strong>te ε dans le cas sans et avec forçage. Ce forçage linéaire est<br />

décl<strong>en</strong>ché une fois <strong>la</strong> THI établie, dans le cas prés<strong>en</strong>t à t = 5. Il apparaît que <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> k reste<br />

constante pour t > 5 tandis que celle <strong>de</strong> ε ne cesse <strong>de</strong> décroître.<br />

(a) Évolution <strong>de</strong> k<br />

(b) Évolution <strong>de</strong> ε<br />

Figure 4.24 – Conséqu<strong>en</strong>ces du forçage sur les évolution <strong>de</strong> k (a) et ε (b)<br />

Ceci a pour conséqu<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> modifier les profils <strong>de</strong> vorticité au cours du forçage comme<br />

l’indique <strong>la</strong> figure 4.25. Nous remarquons sur cette figure que les petites structures tourbillonnaires<br />

sont bi<strong>en</strong> simulées à l’instant initial, mais celles-ci sont dissipées par effets visqueux et<br />

ne sont pas alim<strong>en</strong>tées par les grosses structures. Cette évolution est due au terme <strong>de</strong> forçage<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> qui ne <strong>la</strong>isse pas <strong>de</strong> temps aux grosses structures tourbillonnaires <strong>de</strong> recréer <strong>la</strong><br />

casca<strong>de</strong> énergétique du fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> ré-injection <strong>de</strong> <strong>la</strong> dissipation turbul<strong>en</strong>te sur <strong>de</strong>s nombres d’on<strong>de</strong><br />

trop petits.<br />

4.4.1.3 Une taille <strong>de</strong> rugosités à atteindre<br />

La principale motivation <strong>de</strong> l’utilisation d’un forçage est l’obt<strong>en</strong>tion <strong>de</strong> profils ab<strong>la</strong>tés possédant<br />

<strong>de</strong>s rugosités <strong>de</strong> taille significative (<strong>de</strong> l’ordre du µm). En l’occurr<strong>en</strong>ce, nous v<strong>en</strong>ons <strong>de</strong><br />

montrer les difficultés r<strong>en</strong>contrées avec l’utilisation d’un forçage dans le domaine physique. En


122 Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI)<br />

(a) t 1 = 5 (b) t 2 = 40 (c) t 3 = 50<br />

Figure 4.25 – Évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> vorticité avec forçage linéaire<br />

effet, malgré <strong>de</strong>s temps <strong>de</strong> calcul très longs (≃ 420h), <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> rugosité caractérisée avec ce<br />

forçage n’excédait pas 1.3 10 −10 m [64].<br />

L’utilisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> librairie FFTW pour l’initialisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> nous a naturellem<strong>en</strong>t<br />

incité à caractériser un forçage dans le domaine fréqu<strong>en</strong>tiel, dans l’objectif d’atteindre <strong>de</strong>s tailles<br />

<strong>de</strong> rugosités plus significatives. Ce travail fut donc l’occasion d’implém<strong>en</strong>ter et <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>r une<br />

nouvelle métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> forçage : le forçage spectral <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>.<br />

4.4.2 Caractérisation du forçage spectral utilisé<br />

4.4.2.1 Principe du forçage<br />

Contrairem<strong>en</strong>t au forçage linéaire qui intervi<strong>en</strong>t <strong>directe</strong>m<strong>en</strong>t sur les équations <strong>de</strong> Navier-<br />

Stokes et donc sur le champ <strong>de</strong>s fluctuations <strong>de</strong>s vitesses, le forçage spectral va consister <strong>en</strong><br />

<strong>la</strong> création d’un nouveau champ <strong>de</strong>s fluctuations spectrales qui, ajouté au champ spectral <strong>de</strong><br />

l’écoulem<strong>en</strong>t existant, va maint<strong>en</strong>ir l’énergie résultante constante. La génération <strong>de</strong> ce nouveau<br />

champ suit exactem<strong>en</strong>t <strong>la</strong> procédure prés<strong>en</strong>tée dans le paragraphe 3.3, à l’exception du paramétrage<br />

du spectre PP. En effet, nous modifierons ici <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> l’agitation turbul<strong>en</strong>te u ′ f afin <strong>de</strong><br />

maint<strong>en</strong>ir un niveau énergétique constant, ainsi que le nombre d’on<strong>de</strong> κ e <strong>de</strong> manière à choisir<br />

<strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s tourbillons sur lequel le forçage s’effectuera. Ce forçage spectral suit <strong>la</strong> démarche<br />

suivante :<br />

1. on fixe <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> l’énergie cinétique que l’on souhaite <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir au sein <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t,<br />

on <strong>la</strong> note k ⋆ , elle correspond à <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> k au début du forçage soit k ⋆ = k(τ T 0 ) ;<br />

2. on <strong>la</strong>isse décroître <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> jusqu’à ce que <strong>la</strong> condition <strong>de</strong> l’équation (4.45) soit satisfaite<br />

:<br />

k(t) < (1 − s k )k ⋆ (4.45)<br />

où k(t) est l’énergie cinétique moy<strong>en</strong>ne turbul<strong>en</strong>te à l’instant t et s k le seuil prédéfini par<br />

l’utilisateur. Pour nos simu<strong>la</strong>tions d’écoulem<strong>en</strong>ts forcés nous pr<strong>en</strong>drons s k = 1% ;<br />

3. une fois ce seuil atteint, on effectue une transformée <strong>de</strong> Fourier <strong>directe</strong> (TFD) <strong>de</strong> manière<br />

à transposer le champ <strong>de</strong>s fluctuations <strong>de</strong> vitesse dans l’espace spectral, ce champ spectral<br />

Ψ 1 possè<strong>de</strong> une énergie égale à k(t) = k ⋆ (1 − s k ) ;


Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI) 123<br />

4. on génère alors un champ <strong>de</strong> fluctuations spectrales Ψ 2 dont l’énergie est égale à k ⋆ − k(t)<br />

et le nombre d’on<strong>de</strong> <strong>de</strong> forçage κ f correspond soit à une valeur fixée κ ⋆ f (on parlera <strong>de</strong><br />

forçage spectral fixe), soit à sa valeur théorique <strong>en</strong> THI décroissante (on parlera <strong>de</strong> forçage<br />

spectral variable). Dans ce <strong>de</strong>rnier cas, l’équation définissant le nombre d’on<strong>de</strong> <strong>de</strong> forçage<br />

κ f (t) s’écrit à l’instant t pour un spectre <strong>de</strong> Passot-Pouquet :<br />

√<br />

2ε(t)<br />

κ f (t) =<br />

5ν(t)k(t)<br />

(4.46)<br />

5. on ajoute alors les champs fluctuants Ψ 1 et Ψ 2 afin d’obt<strong>en</strong>ir le champ Ψ dont l’énergie<br />

est égale à k ⋆ . On applique finalem<strong>en</strong>t une transformée <strong>de</strong> Fourier inverse (TFI) au champ<br />

spectral Ψ afin <strong>de</strong> transporter le champ forcé dans le domaine physique.<br />

Il est important <strong>de</strong> noter que ce forçage est à diverg<strong>en</strong>ce nulle afin d’éviter toute influ<strong>en</strong>ce<br />

du forçage sur le champ <strong>de</strong> pression. De plus, ce forçage doit satisfaire les conditions suivantes :<br />

– l’énergie k ⋆ − k(t) du champ spectral Ψ 2 doit être non négligeable <strong>de</strong>vant k(t), critère<br />

satisfait <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>ant s k = 0.01,<br />

– le forçage <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> ne doit s’opérer qu’une fois <strong>la</strong> THI mise <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce, autrem<strong>en</strong>t<br />

dit, le forçage ne sera décl<strong>en</strong>ché que pour t > τ T .<br />

4.4.2.2 Description <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts forcés simulés<br />

Le montant énergétique que l’on peut injecter à chaque forçage doit être faible <strong>de</strong>vant l’énergie<br />

existante. Cette condition empêche donc tout forçage utilisant un spectre VKP car, comme<br />

nous l’avons évoqué dans le paragraphe 4.1.3.3, seuls <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts à Re T importants sont<br />

modélisés avec ce spectre. Nous utiliserons donc <strong>de</strong>s spectres PP pour forcer <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>. Les<br />

écoulem<strong>en</strong>ts forcés étudiés ainsi que les forçages spectraux associés sont définis dans le tableau<br />

4.9. L’énergie étant fixée à k ⋆ , nous paramétrons notre étu<strong>de</strong> <strong>en</strong> fonction du nombre d’on<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

forçage κ f , fixe ou variable.<br />

Écoulem<strong>en</strong>ts forcés étudiés<br />

Dénomination S f 1 S f 2 S f 3 S f 4<br />

Écoulem<strong>en</strong>t initial S1 B S2 B S3 B S2<br />

B<br />

Nature du forçage spectral Fixe Fixe Fixe Variable<br />

Nombre d’on<strong>de</strong> <strong>de</strong> forçage κ f 4 6 8 -<br />

Début forçage t = 5 t = 5 t = 5 t = 5<br />

Table 4.9 – Prés<strong>en</strong>tation <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts forcés<br />

4.4.2.3 Mainti<strong>en</strong> d’un niveau d’énergie cinétique constant<br />

L’objectif <strong>de</strong> cette procédure <strong>de</strong> forçage est <strong>de</strong> garantir un état stationnaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong><br />

au sein <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t. Comme pour le forçage linéaire, <strong>la</strong> condition nécessaire, le niveau d’énergie<br />

cinétique turbul<strong>en</strong>te doit être maint<strong>en</strong>u constant autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur k ⋆ , avec une amplitu<strong>de</strong><br />

inférieure à s k . À l’issue <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase <strong>de</strong> décroissance correspondant au temps <strong>de</strong> mise <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> THI, nous vérifions cette propriété sur <strong>la</strong> figure 4.26.


124 Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI)<br />

En regardant les choses <strong>de</strong> plus près, on constate que le profil <strong>de</strong> l’énergie cinétique k(t) n’est<br />

pas vraim<strong>en</strong>t constant, il prés<strong>en</strong>te une série <strong>de</strong> décroissances énergétiques et <strong>de</strong> forçages comme<br />

l’indique le zoom <strong>de</strong> <strong>la</strong> figure 4.26. L’évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> vorticité pour le cas S f 2 , représ<strong>en</strong>tée sur <strong>la</strong><br />

(a) k<br />

(b) ε<br />

Figure 4.26 – Évolution <strong>de</strong> k et ε pour les écoulem<strong>en</strong>ts forcés étudiés<br />

figure 4.27, permet <strong>de</strong> s’assurer <strong>de</strong> <strong>la</strong> conservation <strong>de</strong> ces structures au cours du forçage.<br />

(a) t = 5 (b) t = 20 (c) t = 40<br />

Figure 4.27 – Évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> vorticité forcée<br />

4.4.2.4 Conservation <strong>de</strong> l’homogénéité et l’isotropie du champ forcé<br />

Le mainti<strong>en</strong> d’une énergie constante r<strong>en</strong>due possible grâce à l’utilisation du forçage spectral<br />

se doit <strong>de</strong> conserver les caractères d’homogénéité et d’isotropie <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> THI. L’objectif<br />

est d’obt<strong>en</strong>ir un état stationnaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> casca<strong>de</strong> énergétique décrite par Richardson <strong>en</strong> alim<strong>en</strong>tant<br />

fréquemm<strong>en</strong>t <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> par forçage. Comme dans le cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> décroissance énergétique, nous<br />

vérifions d’abord que durant le forçage, les facteurs <strong>de</strong> dissymétrie et d’ap<strong>la</strong>tissem<strong>en</strong>t respect<strong>en</strong>t<br />

les critères (4.16) et (4.17) <strong>de</strong> Mills sur <strong>la</strong> figure 4.28(a). Ensuite, ce sont les évolutions <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> diverg<strong>en</strong>ce du champ <strong>de</strong> vitesse instantannée divu (Fig. 4.28(b)) ainsi que les corré<strong>la</strong>tions<br />

doubles <strong>de</strong> vitesse <strong>en</strong> point (Fig. 4.28(c)) qui sont analysées. Les résultats étant simi<strong>la</strong>ires pour<br />

les écoulem<strong>en</strong>ts considérés, nous exposons seulem<strong>en</strong>t les résultats obt<strong>en</strong>us pour le cas <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce<br />

S f 2 . Cette figure permet <strong>de</strong> confirmer que le forçage s’effectue bi<strong>en</strong> à diverg<strong>en</strong>ce nulle. Elle révèle


Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI) 125<br />

(a) S k et T k (b) divu (c) u 2 i /u′2 (lég<strong>en</strong><strong>de</strong> cf. 4.10)<br />

Figure 4.28 – Vérification <strong>de</strong>s caractères homogène et isotrope <strong>de</strong> <strong>la</strong> THI forcée (cas S f 2 )<br />

surtout que le forçage spectral ne perturbe ni l’homogénéité, ni l’isotropie <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

THI.<br />

4.4.3 Interprétation <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> forçage implém<strong>en</strong>tées<br />

4.4.3.1 Comparaison <strong>de</strong>s forçages spectral et linéaire<br />

La comparaison <strong>de</strong>s évolutions du champ <strong>de</strong>s vorticités obt<strong>en</strong>ues par forçage linéaire (Fig.<br />

4.25) et par forçage spectral (Fig. 4.27) démontre les limites du forçage linéaire proposé par<br />

Lundgr<strong>en</strong> pour maint<strong>en</strong>ir un état turbul<strong>en</strong>t stationnaire. En effet, même s’ils permett<strong>en</strong>t tous<br />

<strong>de</strong>ux <strong>de</strong> fixer correctem<strong>en</strong>t le montant d’énergie cinétique <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>, les structures d’agitation<br />

se dissip<strong>en</strong>t malgré tout dans le cas du forçage linéaire, r<strong>en</strong>dant impossible l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s échelles <strong>de</strong> longueurs caractéristiques. D’ailleurs, l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s évolutions <strong>de</strong> k et ε<br />

représ<strong>en</strong>tées sur les figures 4.24 et 4.26, indique que le forçage linéaire ressemble au cas S f 4 du<br />

forçage spectral. En effet, contrairem<strong>en</strong>t aux cas re<strong>la</strong>tifs au forçage spectral fixe, ces <strong>de</strong>ux configurations<br />

montr<strong>en</strong>t une baisse constante du taux <strong>de</strong> dissipation turbul<strong>en</strong>te ε. Ce comportem<strong>en</strong>t<br />

explique l’augm<strong>en</strong>tation constante <strong>de</strong>s échelles <strong>de</strong> longueurs ainsi que du nombre <strong>de</strong> Reynolds<br />

turbul<strong>en</strong>t (Fig. 4.29). Dans le cas du forçage spectral fixe, le mainti<strong>en</strong> <strong>de</strong>s échelles <strong>de</strong> longueurs<br />

caractéristiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> est très bi<strong>en</strong> assuré.<br />

4.4.3.2 Efficacité du forçage spectral<br />

Dans le paragraphe 4.4.2, <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> forçage ont été m<strong>en</strong>tionnés suivant <strong>la</strong> valeur κ f du<br />

nombre d’on<strong>de</strong> utilisé par le spectre <strong>de</strong> forçage E f (κ) du champ Ψ 2 généré :<br />

– le premier consiste à forcer <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> <strong>en</strong> utilisant toujours le même nombre d’on<strong>de</strong> κ f .<br />

Nous qualifions ce type <strong>de</strong> forçage <strong>de</strong> forçage spectral fixe. Il concerne les configurations<br />

S f 1 , Sf 2 et Sf 3 ;<br />

– le second consiste à forcer à l’instant t sur le nombre d’on<strong>de</strong> théorique κ f = κ e (t) pour<br />

une THI (4.46), on parlera alors <strong>de</strong> forçage spectral variable. La configuration S f 4 est ainsi<br />

<strong>de</strong>stinée à étudier ce forcage particulier.<br />

On représ<strong>en</strong>te sur <strong>la</strong> figure 4.30 les nombres d’on<strong>de</strong>s <strong>de</strong> forçage utilisés dans chacun <strong>de</strong>s cas<br />

du tableau 4.9, ainsi que le rapport k(t)/k ⋆ représ<strong>en</strong>tant l’écart <strong>en</strong>tre l’énergie effectivem<strong>en</strong>t


126 Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI)<br />

(a) Échelles <strong>de</strong> longueurs<br />

(b) Nombres <strong>de</strong> Reynolds turbul<strong>en</strong>ts<br />

Figure 4.29 – Comparaison <strong>de</strong>s forçages linéaire et spectral variable S f 4<br />

atteinte à l’instant t et celle visée k ⋆ . Cette courbe révèle d’abord que le nombre d’on<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

(a) Évolution <strong>de</strong> κ f<br />

(b) Évolution du rapport k/k ⋆<br />

Figure 4.30 – Évolution <strong>de</strong> κ f et du rapport k/k ⋆ pour <strong>de</strong>s forçages fixe et variable<br />

forçage théorique <strong>en</strong> THI est bi<strong>en</strong> décroissant au cours du calcul, ceci est <strong>en</strong> adéquation avec les<br />

remarques du paragraphe 4.4.1. Les autres nombres d’on<strong>de</strong> possè<strong>de</strong>nt bi<strong>en</strong> une valeur fixée tout<br />

au long <strong>de</strong>s simu<strong>la</strong>tions. La figure 4.30 permet aussi <strong>de</strong> constater que le montant énergétique<br />

k ⋆ est efficacem<strong>en</strong>t maint<strong>en</strong>u. En d’autres termes, il n’y a pas <strong>de</strong> phase transitoire du forçage<br />

spectral quelles que soi<strong>en</strong>t les configurations <strong>en</strong>visagées. Cet avantage est dû à <strong>la</strong> distribution<br />

aléatoire <strong>de</strong>s structures turbul<strong>en</strong>tes à chaque génération du champ <strong>de</strong> forçage Ψ 2 .<br />

L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> figure 4.26 illustrant l’évolution <strong>de</strong> k et ε pour les cas <strong>de</strong> forçages spectraux<br />

étudiés permet <strong>de</strong> juger l’efficacité <strong>de</strong> chacune <strong>de</strong>s configurations quant à <strong>la</strong> manière d’<strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir<br />

<strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>. Ainsi, comme dans le cas du forçage linéaire, on constate que le taux <strong>de</strong> dissipation<br />

turbul<strong>en</strong>te ε est décroissant pour le cas S f 4 suggérant que les échelles <strong>de</strong> longueurs ne sont pas<br />

constantes. Cette propriété est vérifiée sur <strong>la</strong> figure 4.31 qui illustre l’augm<strong>en</strong>tation <strong>de</strong>s échelles<br />

η, λ T et L ii . Ce comportem<strong>en</strong>t est bi<strong>en</strong> <strong>en</strong> adéquation avec l’évolution théorique <strong>de</strong>s ces échelles<br />

dans le cas d’une THI <strong>en</strong> décroissance. Quant aux cas S f 1 , Sf 2 et Sf 3 , ils permett<strong>en</strong>t <strong>de</strong> fixer<br />

correctem<strong>en</strong>t <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong>s échelles. La comparaison <strong>de</strong>s champs <strong>de</strong> vorticité obt<strong>en</strong>us pour un


Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI) 127<br />

(a) Échelles <strong>de</strong> longueurs<br />

(b) Nombres <strong>de</strong> Reynolds turbl<strong>en</strong>ts<br />

Traits pleins : forçage spectral fixe S f 2 , tirets : forçage spectral variable Sf 4 , pointillés : sans<br />

forçage S1<br />

A<br />

Figure 4.31 – Échelles <strong>de</strong> longueurs et <strong>de</strong>s nombres <strong>de</strong> Reynolds au cours du forçage<br />

temps long (t = 40) pour les configurations S f 2 et Sf 4 témoigne <strong>de</strong> <strong>la</strong> différ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s structures<br />

turbul<strong>en</strong>tes accessibles par ces <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> forçages spectraux (Fig. 4.32).<br />

(a) Forçage spectral fixe (cas S f 2 ) (b) Forçage spectral variable (cas Sf 4 )<br />

Figure 4.32 – Comparaison <strong>de</strong>s champs <strong>de</strong> vorticité obt<strong>en</strong>us à t = 40 pour S f 2 et Sf 4<br />

Le choix <strong>en</strong>tre le forçage spectral fixe et le forçage spectral variable se fera selon <strong>la</strong> nature<br />

<strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>en</strong>gagée. Le forçage spectral fixe sera utilisé pour caractériser l’influ<strong>en</strong>ce d’un jeu<br />

d’échelles <strong>de</strong> longueurs spécifique alors que le forçage spectral variable sera appliqué pour simuler,<br />

à énergie constante, le comportem<strong>en</strong>t théorique <strong>de</strong> ces échelles lors d’une THI <strong>en</strong> décroissance.<br />

4.5 Extraction <strong>de</strong>s paramètres spectraux <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t<br />

La volonté <strong>de</strong> suivre l’évolution spectrale <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> a été l’une <strong>de</strong>s pistes <strong>de</strong> recherche<br />

<strong>de</strong> ce travail. En permettant un passage rapi<strong>de</strong> <strong>en</strong>tre espaces physique et spectral, <strong>la</strong> librairie<br />

FFTW a offert <strong>la</strong> possibilité d’extraire facilem<strong>en</strong>t les propriétés spectrales <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> au<br />

cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> simu<strong>la</strong>tion. Dans cette section, nous évoquerons <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> utilisée pour effectuer


128 Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI)<br />

l’extraction, puis nous prés<strong>en</strong>terons les résultats obt<strong>en</strong>us avant <strong>de</strong> les interpréter.<br />

4.5.1 Principe <strong>de</strong> l’extraction<br />

De <strong>la</strong> même manière que le forçage spectral, l’extraction nécessite <strong>de</strong> transporter le champ<br />

<strong>de</strong>s vitesses dans l’espace fréqu<strong>en</strong>tiel S. Ce passage se fait grâce à une transformée <strong>de</strong> Fourier<br />

(<strong>directe</strong> <strong>en</strong> l’occurr<strong>en</strong>ce), afin d’obt<strong>en</strong>ir le champ spectral <strong>de</strong>s vitesses ũ, comme le schématise<br />

<strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion suivante :<br />

⎛ ⎞ ⎛<br />

U =<br />

⎜<br />

⎝<br />

u<br />

v<br />

w<br />

⎟<br />

⎠ ⇒ ũ =<br />

⎜<br />

⎝<br />

⎞<br />

ũ 1<br />

⎟<br />

ũ 2<br />

ũ 3<br />

⎠ (4.47)<br />

Dès lors, il s’agit <strong>de</strong> déterminer <strong>la</strong> valeur du spectre E(κ) <strong>en</strong> utilisant l’équation (3.28) qui relie<br />

le module du champ <strong>de</strong> vitesse spectral au spectre énergétique E(κ) avec :<br />

‖ŭ(κ 1 , κ 2 , κ 3 )‖ 2 = ũ 1 2 + ũ 2 2 + ũ 3 2 = E(κ)<br />

2πκ 2 ∆V κ (4.48)<br />

où ∆V κ , produit <strong>de</strong>s pas spectraux ∆V κi , est égal à 1.<br />

Au cours <strong>de</strong>s simu<strong>la</strong>tions, une telle extraction sera réalisée une vingtaine <strong>de</strong> fois. Ce nombre<br />

nous semble suffisant pour avoir suffisamm<strong>en</strong>t <strong>de</strong> données afin <strong>de</strong> caractériser les évolutions<br />

spectrales <strong>de</strong>s paramètres.<br />

4.5.2 Résultats du suivi spectral <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong><br />

Nous exposons ici les différ<strong>en</strong>ts spectres énergétiques THI extraits pour les configurations<br />

étudiées. Nous distinguons les cas avec et sans forçage spectral, avant d’analyser une situation<br />

originale dans <strong>la</strong>quelle le forçage s’effectue sur <strong>de</strong>s nombres d’on<strong>de</strong> élevés <strong>de</strong> manière à simuler<br />

<strong>la</strong> prés<strong>en</strong>ce d’une surface rugueuse.<br />

4.5.2.1 Extraction lors d’une THI <strong>en</strong> décroissance<br />

Nous repr<strong>en</strong>ons ici les écoulem<strong>en</strong>ts définis dans <strong>la</strong> section 4.1 pour lesquels nous avons assuré<br />

un suivi spectral <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t. La figure 4.33 représ<strong>en</strong>te les spectres énergétiques extraits<br />

pour les <strong>en</strong>sembles <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion S A et S B <strong>de</strong>s spectres PP au cours du temps.<br />

Le suivi spectral dans le cadre d’une THI <strong>en</strong> décroissance permet <strong>de</strong> retrouver l’allure <strong>de</strong>s<br />

spectres théoriques évoquée dans l’approche spectrale (cf. 4.4.1.1). On constate <strong>la</strong> diminution<br />

<strong>de</strong> l’amplitu<strong>de</strong> du spectre E(κ), synonyme <strong>de</strong> décroissance énergétique, ainsi que <strong>la</strong> diminution<br />

<strong>de</strong> κ e (Fig. 4.34) signifiant une augm<strong>en</strong>tation <strong>de</strong>s échelles <strong>de</strong> longueurs caractéristiques <strong>en</strong> THI.<br />

De plus, on s’aperçoit que <strong>la</strong> p<strong>en</strong>te <strong>de</strong> Kolmogorov <strong>de</strong> − 5 3<br />

est majoritairem<strong>en</strong>t respectée.<br />

4.5.2.2 Extraction au cours d’un écoulem<strong>en</strong>t forcé<br />

En complém<strong>en</strong>t du travail <strong>de</strong> validation déjà effectué pour ce forçage, nous vérifions, maint<strong>en</strong>ant<br />

grâce au suivi spectral, les spectres énergétiques extraits au cours d’écoulem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>us<br />

par un forçage spectral. Les configurations <strong>en</strong>visagées ici correspon<strong>de</strong>nt aux situations<br />

<strong>de</strong>s spectres définis dans le tableau 4.9. Sur <strong>la</strong> figure 4.35, nous représ<strong>en</strong>tons donc les spectres<br />

extraits au cours <strong>de</strong>s quatre cas étudiés. Leurs allures confirm<strong>en</strong>t l’état stationnaire <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> dans le cas d’un forçage fixe. Les résultats acquis pour le cas du forçage spectral<br />

variable attest<strong>en</strong>t du dép<strong>la</strong>cem<strong>en</strong>t vers <strong>de</strong>s faibles nombres d’on<strong>de</strong> <strong>de</strong> κ e (cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> THI) tout <strong>en</strong><br />

maint<strong>en</strong>ant un niveau d’énergie constant matérialisé par une amplitu<strong>de</strong> constante <strong>de</strong> E(κ).


Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI) 129<br />

(a) S A 1 : Re T = 100, κ e = 6 (b) S A 2 : Re T = 200, κ e = 6 (c) S A 3 : Re T = 400, κ e = 6<br />

(d) S B 1 : Re T = 100, κ e = 4 (e) S B 2 : Re T = 100, κ e = 6 (f) S B 3 : Re T = 100, κ e = 8<br />

Figure 4.33 – Spectres énergétiques E(κ) extraits durant une THI <strong>en</strong> décroissance<br />

Figure 4.34 – Évolutions <strong>de</strong>s nombres d’on<strong>de</strong> κ e extraits


130 Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI)<br />

(a) κ f = 4 (b) κ e = 6<br />

(c) κ e = 8<br />

(d) κ e(t)<br />

Figure 4.35 – Spectres énergétiques E(κ) extraits durant une THI <strong>en</strong> forçage spectral (même<br />

lég<strong>en</strong><strong>de</strong> que 4.33)<br />

4.5.2.3 <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>ce d’une paroi ab<strong>la</strong>tée<br />

Dans l’optique d’évaluer <strong>la</strong> redistribution <strong>de</strong> l’énergie lorsque l’écoulem<strong>en</strong>t est « parasité »<br />

par <strong>de</strong>s structures turbul<strong>en</strong>tes très petites (typiquem<strong>en</strong>t représ<strong>en</strong>tatif <strong>de</strong> ce qui se passe avec<br />

<strong>la</strong> création d’une rugosité <strong>de</strong> surface), nous avons mis <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce un forçage s’effectuant sur <strong>de</strong>s<br />

nombres d’on<strong>de</strong> beaucoup plus petits que les nombres d’on<strong>de</strong> caractéristiques <strong>de</strong>s structures<br />

porteuses d’énergie. Nous avons ainsi eu recours à <strong>de</strong>ux configurations différ<strong>en</strong>tes :<br />

– <strong>la</strong> première simu<strong>la</strong>tion débute avec un κ e égal à 6, puis à l’issue <strong>de</strong> <strong>la</strong> phase d’initialisation,<br />

l’écoulem<strong>en</strong>t est forcé sur un nombre κ f égale à 12 ;<br />

– <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion est i<strong>de</strong>ntique à <strong>la</strong> première, à <strong>la</strong> différ<strong>en</strong>ce du nombre d’on<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

forçage qui sera égal ici à 20.<br />

Afin que le lecteur puisse visualiser les situations étudiées nous représ<strong>en</strong>tons sur les figures<br />

4.36 et 4.37, l’évolution <strong>de</strong>s champs <strong>de</strong> vorticités au temps t = 5, t = 10 et t = 20 pour ces <strong>de</strong>ux<br />

forçages.<br />

Les spectres énergétiques obt<strong>en</strong>us au cours <strong>de</strong> ces expéri<strong>en</strong>ces sont regroupés sur <strong>la</strong> figure<br />

4.38 ci-<strong>de</strong>ssous. Cette figure permet d’évaluer <strong>la</strong> redistribution énergétique <strong>en</strong>tre les structures<br />

turbul<strong>en</strong>tes existantes et les structures parasites sur lesquelles l’écoulem<strong>en</strong>t est forcé. On observe


Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI) 131<br />

(a) t = 5 (b) t = 10 (c) t = 20<br />

Figure 4.36 – Évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> vorticité pour le cas (κ e = 6, κ f = 12)<br />

(a) t = 5 (b) t = 10 (c) t = 20<br />

Figure 4.37 – Évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> vorticité pour le cas (κ e = 6, κ f = 20)<br />

(a) κ e = 6; κ f = 12 (b) κ e = 6; κ f = 20<br />

(même lég<strong>en</strong><strong>de</strong> que 4.33)<br />

Figure 4.38 – Spectres énergétiques extraits lors <strong>de</strong> forçages sur <strong>de</strong>s nombres d’on<strong>de</strong> élevés<br />

<strong>en</strong> effet une augm<strong>en</strong>tation du nombre d’on<strong>de</strong> κ e extrait au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> simu<strong>la</strong>tion traduisant <strong>la</strong><br />

rééquilibrage énergétique s’effectuant <strong>en</strong>tre les nombres d’on<strong>de</strong> κ = 6 initial et le nombre d’on<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> forçage κ f .


132 Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI)<br />

4.5.3 Interprétation <strong>de</strong>s résultats liés à l’extraction spectrale<br />

La mise <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce d’un module <strong>de</strong> suivi spectral <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> a permis <strong>de</strong> retrouver les<br />

propriétés déjà mises <strong>en</strong> avant dans l’espace réel aussi bi<strong>en</strong> pour le cas d’une configuration <strong>de</strong> THI<br />

<strong>en</strong> décroissance que pour une THI forcée. Ce<strong>la</strong> dit les profils obt<strong>en</strong>us montr<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s oscil<strong>la</strong>tions<br />

synonymes du manque d’échantillons représ<strong>en</strong>tatifs utilisés pour ces étu<strong>de</strong>s. En effet, un nombre<br />

<strong>de</strong> réalisations plus important aurait permis <strong>de</strong> lisser l’allure <strong>de</strong>s spectres énergétiques extraits.<br />

La situation est plus intéressante dans le cas du forçage simu<strong>la</strong>nt <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>ce d’une paroi<br />

ab<strong>la</strong>table étant donné que cette étu<strong>de</strong> nous permet <strong>de</strong> disposer <strong>de</strong>s premiers élém<strong>en</strong>ts concernant<br />

l’interaction <strong>en</strong>tre un écoulem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t et une paroi ab<strong>la</strong>table. Ainsi, nous avons été <strong>en</strong><br />

mesure <strong>de</strong> caractériser le rééquilibrage énergétique qui se dérou<strong>la</strong>it lors du forçage spectral<br />

localisé sur <strong>de</strong>s nombres d’on<strong>de</strong> importants.<br />

Synthèse du chapitre<br />

La validation <strong>de</strong>s phénomènes liés à <strong>la</strong> THI est un <strong>en</strong>jeu crucial pour garantir <strong>la</strong> modélisation<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> faite par le co<strong>de</strong> EVEREST. Dans cette optique, nous avons réalisé plusieurs<br />

simu<strong>la</strong>tions <strong>en</strong> utilisant différ<strong>en</strong>ts types d’initialisations spectrales (PP et VKP) <strong>de</strong> manière à<br />

i<strong>de</strong>ntifier l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s caractéristiques ess<strong>en</strong>tielles <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts turbul<strong>en</strong>ts : le nombre <strong>de</strong><br />

Reynolds <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> Re T ainsi que le nombre d’on<strong>de</strong> re<strong>la</strong>tif aux structures porteuses d’énergie<br />

κ e .<br />

Les premiers élém<strong>en</strong>ts que nous avons vérifiés sont les propriétés intrinsèques <strong>de</strong> <strong>la</strong> THI, à<br />

savoir l’homogénéité et l’isotropie. Pour ce<strong>la</strong>, nous avons analysé les évolutions temporelles <strong>de</strong>s<br />

corré<strong>la</strong>tions doubles <strong>de</strong> vitesse, les moy<strong>en</strong>nes spatiales <strong>de</strong>s dérivées du champ <strong>de</strong> vitesse ainsi<br />

que les facteurs <strong>de</strong> dissymétrie et d’ap<strong>la</strong>tissem<strong>en</strong>t S k et T k . Les résultats obt<strong>en</strong>us ont permis<br />

<strong>de</strong> vérifier que le mouvem<strong>en</strong>t d’agitation reste bi<strong>en</strong> homogène et isotrope durant le temps <strong>de</strong><br />

simu<strong>la</strong>tion, conférant à l’écoulem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s propriétés statistiques particulièrem<strong>en</strong>t intéressantes.<br />

Dans un second temps, nous avons comparé l’évolution temporelle <strong>de</strong> paramètres tels que<br />

l’énergie cinétique turbul<strong>en</strong>te k, le taux <strong>de</strong> dissipation turbul<strong>en</strong>te ε et les échelles <strong>de</strong> longueurs<br />

caractéristiques avec leurs expressions analytiques prédites par le modèle k − ε appliqué à une<br />

THI. Là <strong>en</strong>core, le co<strong>de</strong> <strong>numérique</strong> prouve ses capacités <strong>de</strong> prédiction <strong>en</strong> constatant que les<br />

résultats calculés coïnci<strong>de</strong>nt parfaitem<strong>en</strong>t avec les évolutions c<strong>la</strong>ssiques.<br />

La décroissance énergétique étant très rapi<strong>de</strong>, nous avons du considérer l’implém<strong>en</strong>tation<br />

d’un forçage pour disposer d’un état stationnaire turbul<strong>en</strong>t. La métho<strong>de</strong> utilisée initialem<strong>en</strong>t<br />

consistait à forcer l’écoulem<strong>en</strong>t dans le domaine réel <strong>en</strong> ajoutant aux équations <strong>de</strong> Navier-<br />

Stokes une force proportionnelle aux fluctuations <strong>de</strong> vitesse. Cep<strong>en</strong>dant, ce forçage s’est avéré<br />

inefficace pour caractériser <strong>de</strong>s rugosités suffisantes lors <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion. L’intégration <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> librairie FFTW dans le co<strong>de</strong> a ainsi permis <strong>de</strong> développer une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> forçage spectral <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> qui s’avère très efficace pour maint<strong>en</strong>ir un niveau d’énergie constant. L’originalité<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> repose sur <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> forcer <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> soit sur un nombre d’on<strong>de</strong> fixe<br />

(ce qui permet <strong>de</strong> maint<strong>en</strong>ir constantes les échelles intégrales) soit sur <strong>la</strong> valeur du nombre<br />

d’on<strong>de</strong> théorique κ e (t) d’une THI <strong>en</strong> décroissance. Le premier mo<strong>de</strong> permet, <strong>en</strong> outre, <strong>en</strong> forçant<br />

l’écoulem<strong>en</strong>t sur <strong>de</strong>s nombres d’on<strong>de</strong> très grands, <strong>de</strong> simuler <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>ce d’une surface rugueuse<br />

interagissant avec <strong>de</strong>s structures turbul<strong>en</strong>tes très petites. Cet aspect est un outil supplém<strong>en</strong>taire<br />

pour caractériser l’interaction <strong>en</strong>tre un écoulem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t et une paroi ab<strong>la</strong>table.


Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI) 133<br />

Enfin, nous avons opéré un suivi spectral <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> afin <strong>de</strong> détailler<br />

le comportem<strong>en</strong>t du spectre énergétique <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> E(κ) durant nos simu<strong>la</strong>tions. Ceci<br />

a permis <strong>de</strong> fournir une nouvelle preuve <strong>de</strong> <strong>la</strong> bonne modélisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>, forcée ou<br />

non, par le co<strong>de</strong> EVEREST. Cette première étape <strong>de</strong> validation faite, nous nous intéressons<br />

maint<strong>en</strong>ant aux conséqu<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> l’introduction d’une paroi dans l’écoulem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t.


134 Chapitre 4. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope (THI)


Chapitre 5<br />

Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage<br />

pariétal<br />

Sommaire<br />

5.1 Justification <strong>de</strong>s adaptations <strong>numérique</strong>s . . . . . . . . . . . . . . . . 137<br />

5.1.1 Définition du cadre théorique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137<br />

5.1.1.1 État <strong>de</strong> l’art . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137<br />

5.1.1.2 Revue <strong>de</strong> <strong>la</strong> physique <strong>en</strong> proche paroi . . . . . . . . . . . . . . 138<br />

5.1.1.3 Positionnem<strong>en</strong>t du co<strong>de</strong> EVEREST . . . . . . . . . . . . . . . 138<br />

5.1.2 Configuration étudiée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139<br />

5.1.2.1 Métho<strong>de</strong> d’insertion <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi . . . . . . . . . . . . . . . . . 139<br />

5.1.2.2 Mail<strong>la</strong>ge et dim<strong>en</strong>sionnem<strong>en</strong>t . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140<br />

5.1.2.3 État <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141<br />

5.1.2.4 Modélisation <strong>de</strong>s conditions aux limites . . . . . . . . . . . . . 142<br />

5.1.3 Formalisme mathématique <strong>de</strong> l’approche . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142<br />

5.1.3.1 Simplifications <strong>de</strong>s équations du modèle RSTE . . . . . . . . 142<br />

5.1.3.2 Analyse asymptotique du champ au voisinage <strong>de</strong> <strong>la</strong> surface . . 143<br />

5.1.3.3 Traitem<strong>en</strong>t statistique <strong>de</strong>s résultats à <strong>la</strong> paroi . . . . . . . . . 144<br />

5.1.4 Adaptation du forçage <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144<br />

5.1.4.1 Particu<strong>la</strong>rité du confinem<strong>en</strong>t du domaine <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion . . . . 144<br />

5.1.4.2 Principe du confinem<strong>en</strong>t du forçage adopté . . . . . . . . . . . 144<br />

5.2 Pré-requis à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> cisaillem<strong>en</strong>t libre . . . . . . 146<br />

5.2.1 Définition <strong>de</strong>s champs turbul<strong>en</strong>ts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146<br />

5.2.1.1 Champs re<strong>la</strong>tifs à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Re T . . . . . . . . . 146<br />

5.2.1.2 Champs re<strong>la</strong>tifs à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> κ e . . . . . . . . . . 147<br />

5.2.2 Vérification <strong>de</strong> <strong>la</strong> t<strong>en</strong>ue <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong> résolution . . . . . . . . . . . . . 147<br />

5.2.2.1 Hypothèses initiales sur les critères . . . . . . . . . . . . . . . 147<br />

5.2.2.2 Critère <strong>de</strong> résolution spectrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148<br />

5.2.2.3 Critère <strong>de</strong> décorré<strong>la</strong>tion spatiale . . . . . . . . . . . . . . . . . 148<br />

5.2.2.4 Critère <strong>de</strong> résolution <strong>de</strong>s petites échelles . . . . . . . . . . . . . 149<br />

5.2.3 Évaluation du forçage confiné <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> . . . . . . . . . . . . . . 149<br />

135


136 Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal<br />

5.2.3.1 Efficacité du forçage confiné . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149<br />

5.2.3.2 Visualisation du champs <strong>de</strong> vorticité générés . . . . . . . . . . 150<br />

5.3 Résultats généraux <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> parois . . . . . 151<br />

5.3.1 Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s paramètres <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151<br />

5.3.1.1 Comportem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> k, ε et Re T . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151<br />

5.3.1.2 Analyse <strong>de</strong>s échelles <strong>de</strong> longueur . . . . . . . . . . . . . . . . . 152<br />

5.3.2 Aspects thermiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154<br />

5.3.2.1 Profils <strong>de</strong>s températures <strong>de</strong>s <strong>en</strong>sembles Si A et Si B . . . . . . . . 154<br />

5.3.2.2 Paramétrisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> température du flui<strong>de</strong> . . . . . . . . . . 155<br />

5.3.2.3 Influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> parois chau<strong>de</strong>s sur l’écoulem<strong>en</strong>t . . . . . . . . . . 155<br />

5.3.3 Interprétation <strong>de</strong>s résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157<br />

5.3.3.1 État <strong>de</strong> <strong>la</strong> casca<strong>de</strong> énergétique selon le spectre PP étudié . . . 157<br />

5.3.3.2 Couches caractéristiques <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t . . . . . . . . . . . . 158<br />

5.3.3.3 Analyse <strong>de</strong>s transferts thermiques au sein du flui<strong>de</strong> . . . . . . 158<br />

5.4 Bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>sions <strong>de</strong> Reynolds . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159<br />

5.4.1 Cas d’une paroi adiabatique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159<br />

5.4.1.1 Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s <strong>en</strong>sembles corré<strong>la</strong>tions doubles <strong>de</strong> vitesse R ii . . . . 159<br />

5.4.1.2 Bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s équations <strong>de</strong> transport <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>sions <strong>de</strong> Reynolds . . 160<br />

5.4.1.3 Influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> température du flui<strong>de</strong> . . . . . . . . . . . . . . 161<br />

5.4.2 Cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi isotherme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163<br />

5.4.2.1 Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s <strong>en</strong>sembles Si A et Si B . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163<br />

5.4.2.2 Influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> parois chau<strong>de</strong>s sur l’écoulem<strong>en</strong>t . . . . . . . . . . 164<br />

5.4.2.3 Corré<strong>la</strong>tions température-vitesse et pression-vitesse <strong>en</strong> parois<br />

chau<strong>de</strong>s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 166<br />

5.4.3 Interprétations <strong>de</strong>s résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167<br />

5.4.3.1 Positionnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167<br />

5.4.3.2 Effets d’amortissem<strong>en</strong>t re<strong>la</strong>tif à <strong>la</strong> condition d’adhér<strong>en</strong>ce . . . 167<br />

5.4.4 Transfert énergétique intercomposantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168<br />

Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168<br />

La prés<strong>en</strong>ce d’une surface <strong>de</strong> blocage pariétal modifie les caractéristiques c<strong>la</strong>ssiques <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

THI définie dans le chapitre précé<strong>de</strong>nt. En effet, <strong>de</strong>s conditions particulières sur les composantes<br />

du champ <strong>de</strong> vitesse y sont imposées. Paradoxalem<strong>en</strong>t, ce<strong>la</strong> s’avère être une source <strong>de</strong> complexité<br />

supplém<strong>en</strong>taire pour appréh<strong>en</strong><strong>de</strong>r les phénomènes turbul<strong>en</strong>ts. Pourtant, <strong>la</strong> validation <strong>de</strong><br />

ces <strong>de</strong>rniers <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’une paroi est un pré-requis obligatoire afin d’<strong>en</strong>visager l’interaction<br />

<strong>en</strong>tre <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> et l’ab<strong>la</strong>tion. C’est aussi un élém<strong>en</strong>t ess<strong>en</strong>tiel pour améliorer les capacités<br />

prédictives <strong>de</strong>s modèles <strong>de</strong> paroi couramm<strong>en</strong>t appliqués dans le mon<strong>de</strong> industriel.<br />

Ce chapitre traite d’abord <strong>de</strong>s adaptations <strong>numérique</strong>s réalisées pour simuler le mieux possible<br />

ces phénomènes incluant une <strong>de</strong>scription précise <strong>de</strong> <strong>la</strong> configuration étudiée. Afin <strong>de</strong> caractériser<br />

l’effet <strong>de</strong> blocage, une étu<strong>de</strong> paramétrique a été conduite <strong>en</strong> faisant varier le nombre <strong>de</strong><br />

Reynolds turbul<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t, le nombre d’on<strong>de</strong> caractéristique <strong>de</strong>s structures porteuses<br />

d’énergie κ e ainsi que <strong>la</strong> nature <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi considérée.


Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal 137<br />

5.1 Justification <strong>de</strong>s adaptations <strong>numérique</strong>s<br />

L’insertion <strong>de</strong> surfaces <strong>de</strong> blocage dans <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> THI a nécessité <strong>la</strong> réalisation<br />

<strong>de</strong> modifications <strong>numérique</strong>s afin <strong>de</strong> modéliser plus précisém<strong>en</strong>t les phénomènes se dérou<strong>la</strong>nt <strong>en</strong><br />

proche paroi. Dans cette section, nous prés<strong>en</strong>tons le contexte théorique <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> incluant notamm<strong>en</strong>t<br />

le formalisme mathématique applicable dans cette situation. Nous détaillerons <strong>en</strong>suite<br />

<strong>la</strong> configuration étudiée ainsi que <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> confinem<strong>en</strong>t du forçage recommandée par <strong>la</strong><br />

prés<strong>en</strong>ce d’une surface <strong>de</strong> blocage.<br />

5.1.1 Définition du cadre théorique<br />

L’interaction <strong>en</strong>tre <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> et une zone <strong>de</strong> blocage pariétal est caractérisée par <strong>la</strong><br />

réduction locale du nombre <strong>de</strong> Reynolds et le mécanisme bi<strong>en</strong> connu <strong>de</strong> cisaillem<strong>en</strong>t. Cep<strong>en</strong>dant,<br />

d’autres mécanismes, plus subtils, exist<strong>en</strong>t et peuv<strong>en</strong>t être i<strong>de</strong>ntifiés dans <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong><br />

cisaillem<strong>en</strong>t libre.<br />

5.1.1.1 État <strong>de</strong> l’art<br />

Les premières expéri<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> couche limite <strong>en</strong> cisaillem<strong>en</strong>t libre ont été m<strong>en</strong>ées<br />

par Uzkhan et Reynolds [63] <strong>en</strong> 1967. Au cours <strong>de</strong> ces expéri<strong>en</strong>ces, <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> créée par une<br />

grille interagit avec une paroi se dép<strong>la</strong>çant à <strong>la</strong> vitesse moy<strong>en</strong>ne <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t. Loin <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

paroi, le flui<strong>de</strong> se comporte selon les mécanismes c<strong>la</strong>ssiques <strong>de</strong> décroissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>.<br />

Uzkhan et Reynolds ont ainsi pu caractériser l’amortissem<strong>en</strong>t important <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> <strong>en</strong><br />

proche paroi sur une zone dim<strong>en</strong>sionnée par l’échelle <strong>de</strong> Kolmogorov. Dix ans plus tard, Thomas<br />

et Hancock [61] disposèr<strong>en</strong>t d’outils <strong>numérique</strong>s plus précis pour réaliser cette simu<strong>la</strong>tion avec<br />

un nombre <strong>de</strong> Reynolds <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> plus élevé (R T = 2000 au lieu <strong>de</strong> 90 pour Uzkhan et<br />

Reynolds). À <strong>la</strong> différ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> leurs prédécesseurs, ils mir<strong>en</strong>t <strong>en</strong> avant que certaines composantes<br />

du champ <strong>de</strong> vitesse prés<strong>en</strong>tai<strong>en</strong>t une augm<strong>en</strong>tation significative <strong>en</strong> proche paroi. En 1978, Hunt<br />

et Graham [24] réconcilièr<strong>en</strong>t ces <strong>de</strong>ux théories <strong>en</strong> affirmant que l’agitation turbul<strong>en</strong>te était<br />

soumise <strong>en</strong> proche paroi à l’interaction <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux mécanismes dont les effets s’oppos<strong>en</strong>t : d’une<br />

part <strong>la</strong> viscosité responsable <strong>de</strong> l’amortissem<strong>en</strong>t, d’autre part, l’effet <strong>de</strong> blocage cinématique qui<br />

<strong>en</strong>traîne une augm<strong>en</strong>tation <strong>de</strong>s composantes tang<strong>en</strong>tielles <strong>de</strong> <strong>la</strong> vitesse.<br />

Dès lors, plusieurs auteurs ont t<strong>en</strong>té <strong>de</strong> simuler <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts sans cisaillem<strong>en</strong>t moy<strong>en</strong><br />

<strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’une surface <strong>de</strong> blocage. C’est ainsi que Biring<strong>en</strong> et Reynolds [6] utilisèr<strong>en</strong>t <strong>la</strong><br />

simu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s échelles (LES) pour confirmer les observations <strong>de</strong> Hunt et Graham.<br />

Malheureusem<strong>en</strong>t, leurs analyses se heurtèr<strong>en</strong>t aux limites mêmes <strong>de</strong> <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> LES utilisée<br />

(cf. 1.2.3.1). En 1993, Ma<strong>la</strong>n et Johnston [35] s’intéressèr<strong>en</strong>t au transfert radiatif dans une couche<br />

limite non cisaillée pour différ<strong>en</strong>ts nombres <strong>de</strong> Reynolds turbul<strong>en</strong>ts.<br />

Il fallut att<strong>en</strong>dre les premiers travaux <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion <strong>numérique</strong> <strong>directe</strong> pour être témoin<br />

d’avancées significatives dans <strong>la</strong> compréh<strong>en</strong>sion <strong>de</strong>s phénomènes turbul<strong>en</strong>ts près <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi. Les<br />

premiers à utiliser <strong>la</strong> DNS pour faire interagir <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> non cisaillée avec une surface<br />

perméable, libre ou adhér<strong>en</strong>te, fur<strong>en</strong>t Perot et Moin [47] <strong>en</strong> 1995, suivis, un an plus tard, par<br />

Walker et al. [66]. Leurs travaux consistai<strong>en</strong>t alors à introduire une surface <strong>de</strong> blocage dans un<br />

écoulem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t initialem<strong>en</strong>t homogène et isotrope. Ces expéri<strong>en</strong>ces ont permis d’améliorer<br />

les prédictions <strong>de</strong> Hunt et Graham. Les valeurs instantanées ainsi que les valeurs moy<strong>en</strong>nes <strong>de</strong><br />

l’écoulem<strong>en</strong>t y sont calculées, parmi lesquelles, les termes <strong>de</strong> l’équation <strong>de</strong> transport <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>sions<br />

<strong>de</strong> Reynolds (2.67).


138 Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal<br />

Plus récemm<strong>en</strong>t, Campagne [11] et Bodart [7] ont proposé d’étudier <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong><br />

paroi <strong>en</strong> état statistiquem<strong>en</strong>t stationnaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>. S’inspirant <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Walker,<br />

Campagne m<strong>en</strong>a <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s dans le cadre d’une surface libre alors que Bodart se préoccupait<br />

davantage du cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi adhér<strong>en</strong>te. Dans leur configuration, <strong>la</strong> surface <strong>de</strong> blocage est alim<strong>en</strong>tée<br />

<strong>en</strong> continu par une <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> synthétisée grâce à un forçage aléatoire à distance, sans<br />

influ<strong>en</strong>ce du cisaillem<strong>en</strong>t moy<strong>en</strong>. Ces <strong>de</strong>ux étu<strong>de</strong>s ont permis <strong>de</strong> retrouver, voire <strong>de</strong> nuancer, les<br />

conjectures avancées par leurs précurseurs. Le paragraphe suivant dresse un état <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong>s<br />

phénomènes turbul<strong>en</strong>ts se dérou<strong>la</strong>nt <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’une surface <strong>de</strong> blocage.<br />

5.1.1.2 Revue <strong>de</strong> <strong>la</strong> physique <strong>en</strong> proche paroi<br />

Selon l’état <strong>de</strong> l’art actuel, il faut ret<strong>en</strong>ir qu’<strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’une paroi, <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> est caractérisée<br />

par l’occurr<strong>en</strong>ce simultanée <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux phénomènes : l’amortissem<strong>en</strong>t par effets visqueux et<br />

les effets <strong>de</strong> blocage cinématique qui sont responsables <strong>de</strong> l’amplification <strong>de</strong>s composantes tang<strong>en</strong>tielles<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> vitesse. Le phénomène, appelé « floc » <strong>en</strong> français et « sp<strong>la</strong>t » <strong>en</strong> ang<strong>la</strong>is, permet<br />

d’expliquer pourquoi les composantes tang<strong>en</strong>tielles <strong>de</strong> l’int<strong>en</strong>sité turbul<strong>en</strong>te peuv<strong>en</strong>t augm<strong>en</strong>ter.<br />

Le flui<strong>de</strong> ne pouvant pénétrer <strong>la</strong> paroi, tout paquet <strong>de</strong> flui<strong>de</strong> v<strong>en</strong>ant l’impacter s’y écrase tout <strong>en</strong><br />

s’éta<strong>la</strong>nt dans les directions tang<strong>en</strong>tielles. En ce s<strong>en</strong>s, un « floc » transfère l’énergie <strong>de</strong> <strong>la</strong> composante<br />

normale aux <strong>de</strong>ux composantes tang<strong>en</strong>tielles <strong>de</strong> <strong>la</strong> vitesse. Perot et Moin révélèr<strong>en</strong>t que<br />

ces évènem<strong>en</strong>ts d’impacts étai<strong>en</strong>t nécessairem<strong>en</strong>t associés à <strong>de</strong>s éjections (« antisp<strong>la</strong>t ») ayant<br />

un effet inverse. Pour eux, le faible déséquilibre <strong>en</strong>tre les <strong>de</strong>ux types d’évènem<strong>en</strong>ts s’explique<br />

par les phénomènes visqueux. Mais les travaux <strong>de</strong> Walker, puis ceux <strong>de</strong> Magnau<strong>de</strong>t, modérèr<strong>en</strong>t<br />

cette affirmation <strong>la</strong>issant le champ <strong>de</strong> recherche ouvert quant aux mécanismes responsables du<br />

caractère inhabituel du transfert intercomposantes dans <strong>la</strong> couche <strong>de</strong> blocage.<br />

Lors <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> THI du chapitre 4, nous avons déjà évoqué ce type <strong>de</strong> transfert <strong>en</strong>tre les<br />

composantes u, v et w du champ <strong>de</strong> vitesse afin <strong>de</strong> permettre un retour à l’isotropie. Il est associé<br />

au terme <strong>de</strong> corré<strong>la</strong>tion pression-déformation Π ii <strong>de</strong>s équations <strong>de</strong> transport <strong>de</strong>s contraintes <strong>de</strong><br />

Reynolds. Dans le cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>ce d’une paroi, ces termes œuvr<strong>en</strong>t pour favoriser l’anisotropie<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> <strong>de</strong> manière à ce qu’elle passe <strong>de</strong> trois à <strong>de</strong>ux composantes. D’autres termes<br />

comme <strong>la</strong> dissipation peuv<strong>en</strong>t aussi contribuer à cette redistribution <strong>de</strong> l’énergie, mais le terme<br />

<strong>de</strong> pression-déformation reste le principal responsable, <strong>en</strong> situation <strong>de</strong> cisaillem<strong>en</strong>t libre, du<br />

transfert intercomposantes. Ceci s’explique par l’association <strong>de</strong> forts gradi<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> pression et<br />

d’une décroissance importante <strong>de</strong> <strong>la</strong> vitesse <strong>en</strong> zone <strong>de</strong> proche paroi. Le processus <strong>de</strong> transfert<br />

intercomposantes est donc complètem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>t <strong>de</strong> celui se produisant lors d’une THI <strong>en</strong><br />

domaine infini.<br />

5.1.1.3 Positionnem<strong>en</strong>t du co<strong>de</strong> EVEREST<br />

La volonté <strong>de</strong> compr<strong>en</strong>dre les mécanismes se dérou<strong>la</strong>nt aux plus petites échelles <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong><br />

(typiquem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> l’échelle <strong>de</strong> Kolmogorov) nous a poussé à considérer un écoulem<strong>en</strong>t<br />

moy<strong>en</strong> nul pour ne pas masquer les effets dus à l’agitation turbul<strong>en</strong>te sur les phénomènes<br />

i<strong>de</strong>ntifiés à <strong>la</strong> paroi. Pour ce travail, nous <strong>la</strong>isserons donc <strong>de</strong> côté l’étu<strong>de</strong> du cisaillem<strong>en</strong>t par le<br />

champ moy<strong>en</strong>, néanmoins, nous analyserons <strong>en</strong> détail l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> viscosité et du blocage<br />

cinématique caractérisé par Huth et Graham. Pour m<strong>en</strong>er à bi<strong>en</strong>, cette validation <strong>numérique</strong>,<br />

nous chercherons à retrouver les résultats mis <strong>en</strong> avant par Perot et Moin [47] et Bodart [7] dans<br />

le cas d’une paroi soli<strong>de</strong>. Une <strong>de</strong>scription détaillée <strong>de</strong> <strong>la</strong> configuration étudiée est <strong>en</strong>treprise dans<br />

le paragraphe 5.1.2.


Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal 139<br />

Les modèles <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> du premier ordre trouv<strong>en</strong>t leurs limites dans <strong>la</strong><br />

modélisation <strong>de</strong>s situations anisotropes. En effet, l’hypothèse <strong>de</strong> viscosité tourbillonnaire n’est<br />

va<strong>la</strong>ble que dans le cas d’un écoulem<strong>en</strong>t isotrope. Ces modèles sont donc inadaptés pour simuler<br />

correctem<strong>en</strong>t les phénomènes <strong>de</strong> paroi qui par nature sont anisotropes, d’autant plus <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce<br />

<strong>de</strong> complexités géométriques. Nous utiliserons donc pour vali<strong>de</strong>r <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> <strong>de</strong> paroi les modèles<br />

du second ordre, dits RSTE (cf. 2.2.3.3), qui consist<strong>en</strong>t <strong>en</strong> <strong>la</strong> résolution <strong>de</strong>s équations <strong>de</strong><br />

transport <strong>de</strong>s composantes du t<strong>en</strong>seur <strong>de</strong> Reynolds. Ils prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t l’avantage certain <strong>de</strong> caractériser<br />

l’évolution spatio-temporelle <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> dissipation et <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> corré<strong>la</strong>tion<br />

pression-déformation évoqués plus haut.<br />

5.1.2 Configuration étudiée<br />

On abor<strong>de</strong> dans cette section <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> d’insertion <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi au sein <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong> THI, les caractéristiques du mail<strong>la</strong>ge adopté et les propriétés <strong>numérique</strong>s <strong>de</strong>s simu<strong>la</strong>tions.<br />

Cette <strong>de</strong>scription <strong>de</strong> <strong>la</strong> configuration est finalem<strong>en</strong>t complétée par l’inv<strong>en</strong>taire <strong>de</strong>s conditions<br />

aux limites appliquées au cours <strong>de</strong>s simu<strong>la</strong>tions.<br />

5.1.2.1 Métho<strong>de</strong> d’insertion <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi<br />

La métho<strong>de</strong> utilisée pour étudier <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’une surface <strong>de</strong> blocage s’inspire<br />

<strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> Perot et Moin [47]. Toutes les simu<strong>la</strong>tions début<strong>en</strong>t par une phase <strong>de</strong> mise <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> THI à l’issue <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle <strong>de</strong>s parois adhér<strong>en</strong>tes infinies sont introduites instantaném<strong>en</strong>t dans<br />

l’écoulem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> THI <strong>en</strong> décroissance spatio-temporelle. Au même mom<strong>en</strong>t, le forçage spectral<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> est décl<strong>en</strong>ché. Ce procédé requiert une att<strong>en</strong>tion particulière compte-t<strong>en</strong>u <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> soudaine prépondérance <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> pression et <strong>de</strong> viscosité dans les régions <strong>de</strong> proche<br />

paroi. Numériquem<strong>en</strong>t, ce<strong>la</strong> est r<strong>en</strong>du possible par une diminution drastique du pas <strong>de</strong> temps<br />

dès l’insertion <strong>de</strong>s parois. On rappelle <strong>en</strong>fin que l’abs<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> cisaillem<strong>en</strong>t permet <strong>de</strong> s’affranchir<br />

<strong>de</strong> toute influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t moy<strong>en</strong> sur les propriétés turbul<strong>en</strong>tes observées à <strong>la</strong> paroi. La<br />

métho<strong>de</strong> utilisée est schématisée sur <strong>la</strong> figure 5.1 où les surfaces <strong>de</strong> blocage étudiées sont p<strong>la</strong>cées<br />

à <strong>la</strong> base et au sommet du domaine <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion.<br />

Figure 5.1 – Visualisation du domaine d’étu<strong>de</strong><br />

La configuration que nous proposons est un peu différ<strong>en</strong>te <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> Perot et Moin dans


140 Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal<br />

le s<strong>en</strong>s où, une fois <strong>la</strong> paroi insérée, <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> est <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ue par forçage spectral. L’écoulem<strong>en</strong>t<br />

généré est ainsi temporellem<strong>en</strong>t et spatialem<strong>en</strong>t stationnaire. Le double échantillonnage<br />

dû à <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux parois va permettre <strong>de</strong> multiplier par <strong>de</strong>ux le nombre <strong>de</strong>s réalisations<br />

disponibles, améliorant <strong>de</strong> fait, l’analyse statistique <strong>de</strong>s résultats <strong>en</strong> proche paroi.<br />

5.1.2.2 Mail<strong>la</strong>ge et dim<strong>en</strong>sionnem<strong>en</strong>t<br />

La compréh<strong>en</strong>sion <strong>de</strong>s phénomènes se dérou<strong>la</strong>nt à <strong>la</strong> paroi nécessite un mail<strong>la</strong>ge adapté<br />

<strong>de</strong>stiné à discrétiser le mieux possible cette région du domaine. Lors <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> THI <strong>en</strong><br />

décroissance libre, nous avons vu que le critère re<strong>la</strong>tif à <strong>la</strong> résolution <strong>de</strong> l’échelle <strong>de</strong> Kolmogorov<br />

était mal respecté avec un mail<strong>la</strong>ge uniforme. C’est pourquoi nous utilisons le mail<strong>la</strong>ge M 3 (Tab.<br />

3.4) caractérisé par une augm<strong>en</strong>tation du raffinem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> région <strong>de</strong> proche paroi dans <strong>la</strong> direction<br />

normale y au détrim<strong>en</strong>t <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone c<strong>en</strong>trale. L’<strong>en</strong>jeu est <strong>de</strong> vérifier que le critère <strong>de</strong> résolution<br />

<strong>de</strong>s plus petites échelles est bi<strong>en</strong> respecté au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> surface <strong>de</strong> blocage sur une distance<br />

comprise <strong>en</strong>tre 0 et L dom /6. D’un point <strong>de</strong> vue <strong>numérique</strong>, les parois correspon<strong>de</strong>nt aux p<strong>la</strong>ns<br />

d’équations y = 0 et y = m f + 1. Les autres faces du domaine <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion, normales aux<br />

directions x et z, conserv<strong>en</strong>t quant à elles <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> périodicité. La figure 5.2 permet <strong>de</strong><br />

visualiser <strong>la</strong> configuration (<strong>en</strong> coupe 2D) <strong>de</strong> <strong>la</strong> discrétisation adoptée.<br />

Figure 5.2 – Visualisation du mail<strong>la</strong>ge utilisé (vue 2D)<br />

Pour définir les élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> <strong>la</strong> discrétisation spatiale du domaine <strong>de</strong> calcul, nous distinguons<br />

les directions normale et tang<strong>en</strong>tielles à <strong>la</strong> paroi dans le tableau 5.1 où h min représ<strong>en</strong>te <strong>la</strong> taille<br />

<strong>de</strong>s mailles les plus petites situées au voisinage immédiat <strong>de</strong>s parois, compte-t<strong>en</strong>u du mail<strong>la</strong>ge<br />

M 3 adopté (Tab. 5.1). Les autres caractéristiques <strong>numérique</strong>s <strong>de</strong>s simu<strong>la</strong>tions sont regroupées<br />

dans le tableau 5.2 suivant.<br />

Afin d’analyser les effets visqueux <strong>en</strong> proche paroi, les coeffici<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> transport sont eux<br />

aussi modifiés. La viscosité cinématique n’est plus prise constante comme <strong>en</strong> situation <strong>de</strong> THI, on


Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal 141<br />

Caractéristiques<br />

Directions<br />

2 tang<strong>en</strong>tielles 1 normale<br />

⃗x et ⃗z<br />

⃗y<br />

Longueur du domaine L x = L z = 2π L y = 2π + 2h min<br />

Échantillonnage 150 180<br />

Pas du mail<strong>la</strong>ge h 0.039 variable<br />

Table 5.1 – Élém<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> <strong>la</strong> discrétisation spatiale<br />

Caractéristiques<br />

Valeurs<br />

κ max 140<br />

0.1 pour 5 < t < 5.5<br />

Condition CFL<br />

0.3 pour 5.5 < t < 10<br />

0.4 pour t > 10<br />

Durée <strong>de</strong> <strong>la</strong> simu<strong>la</strong>tion 30<br />

Durée réelle du calcul<br />

47h<br />

Nombres <strong>de</strong> processeurs 32<br />

Table 5.2 – Caractéristiques <strong>numérique</strong>s <strong>de</strong>s simu<strong>la</strong>tions<br />

adopte ici le critère <strong>de</strong> PANT pour définir ν selon l’ équation (2.36). Ce critère permet d’exprimer<br />

le terme <strong>de</strong> viscosité <strong>en</strong> fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> température du flui<strong>de</strong> assimilé ici à un gaz parfait.<br />

Les coeffici<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> diffusion ainsi que <strong>la</strong> conductivité thermique s’appui<strong>en</strong>t sur <strong>de</strong>s nombres <strong>de</strong><br />

Schmidt et <strong>de</strong> Prandtl constants (voir 2.1.4).<br />

5.1.2.3 État <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce<br />

L’adim<strong>en</strong>sionnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s équations simulées nécessite ici aussi <strong>la</strong> définition <strong>de</strong>s états <strong>de</strong><br />

référ<strong>en</strong>ce (2.24). La pression initiale du flui<strong>de</strong> est égale à 10 −5 Pa, mais à <strong>la</strong> différ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s<br />

cas <strong>de</strong> THI <strong>en</strong> domaine périodique, le flui<strong>de</strong> sera susceptible d’avoir <strong>de</strong>s températures initiales<br />

T f différ<strong>en</strong>tes. Certaines variables <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce étant dép<strong>en</strong>dantes <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> T f , on obti<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong>s états <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce propres à chaque configuration thermique <strong>en</strong>visagée (Tab. 5.3).<br />

Variables<br />

Valeurs <strong>de</strong> T f<br />

1000 K 2000 K 4000 K<br />

Unité<br />

Re ac 750 750 750 -<br />

T ref 400 800 1600 K<br />

a ref 68.23 96.50 136.5 m.s −1<br />

t ref 7.01 ×10 −6 1.13 ×10 −5 1.83 ×10 −5 s<br />

P ref 1.42 ×10 5 1.42 ×10 5 1.42 ×10 5 Pa<br />

ρ ref 0.962 0.481 0.241 kg.m −3<br />

µ ref 4.19 ×10 −5 6.73 ×10 −5 1.09 ×10 −4 Pa.s (ou P l)<br />

ν ref 4.35 ×10 −6 1.40 ×10 −4 4.52 ×10 −4 m 2 .s −1<br />

L ref 4.79 ×10 −4 1.09 ×10 −3 2.50 ×10 −3 m<br />

Table 5.3 – Variables <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce associées<br />

Lorsque les variables seront exprimées sans unité, il suffira <strong>de</strong> multiplier les valeurs calculées


142 Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal<br />

par les paramètres <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce précé<strong>de</strong>nts afin d’obt<strong>en</strong>ir les valeurs physiques réelles associées.<br />

5.1.2.4 Modélisation <strong>de</strong>s conditions aux limites<br />

La prés<strong>en</strong>ce d’une surface <strong>de</strong> blocage impose <strong>de</strong>s conditions aux limites particulières pour<br />

les champs <strong>de</strong> vitesse et <strong>de</strong> température. Notre volonté est <strong>de</strong> caractériser, indép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t <strong>de</strong><br />

toute réaction d’ab<strong>la</strong>tion, les effets <strong>de</strong> <strong>la</strong> viscosité, du blocage cinématique et <strong>de</strong> <strong>la</strong> température<br />

sur <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> <strong>en</strong> proche paroi.<br />

En ce qui concerne les conditions aux limites sur le champ <strong>de</strong> vitesse, <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> parois<br />

adhér<strong>en</strong>tes, notées Σ adh , seront utilisées. Ces <strong>de</strong>rnières r<strong>en</strong><strong>de</strong>nt compte <strong>de</strong>s effets simultanés<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> viscosité et du blocage cinématique <strong>en</strong> imposant <strong>la</strong> nullité <strong>de</strong>s composantes du champ<br />

<strong>de</strong> vitesse nulle à <strong>la</strong> paroi. Cette condition révèle l’occurr<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s phénomènes i<strong>de</strong>ntifiés pour<br />

les parois parfaitem<strong>en</strong>t perméables et <strong>de</strong> ceux observés pour les surfaces libres [47]. Même si<br />

cette configuration est plus délicate à interpréter, l’observation <strong>de</strong>s phénomènes turbul<strong>en</strong>ts se<br />

dérou<strong>la</strong>nt au voisinage d’une telle paroi permettra <strong>de</strong> mesurer l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> réaction d’ab<strong>la</strong>tion<br />

sur les dits phénomènes.<br />

Nous complétons <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s conditions aux limites re<strong>la</strong>tives aux champs <strong>de</strong> vitesse<br />

par <strong>de</strong>s conditions portant sur le champ <strong>de</strong>s températures. Au cours <strong>de</strong> ce travail, nous ferons<br />

<strong>la</strong> distinction <strong>en</strong>tre les parois suivantes :<br />

– Les parois adiabatiques, notées Σ q , qui considèr<strong>en</strong>t un flux thermique nul à <strong>la</strong> surface,<br />

– Les parois isothermes, notées Σ T , qui impos<strong>en</strong>t <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> température à <strong>la</strong> paroi T w .<br />

On regroupe dans le tableau 5.4 ci-<strong>de</strong>ssous les expressions <strong>numérique</strong>s <strong>de</strong>s conditions aux<br />

limites étudiés au cours <strong>de</strong> ce travail. Dans le but <strong>de</strong> caractériser l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> parois chau<strong>de</strong>s<br />

sur l’écoulem<strong>en</strong>t, <strong>la</strong> température <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi isotherme T w pourra pr<strong>en</strong>dre comme valeurs 1000,<br />

2000 ou 4000 K.<br />

Types <strong>de</strong> C.L.<br />

Conditions <strong>de</strong> paroi<br />

Condition sur le champ <strong>de</strong>s vitesses :<br />

Σ adh paroi adhér<strong>en</strong>te u = v = w = 0<br />

Conditions sur le champ <strong>de</strong> température :<br />

Σ q paroi adiabatique ∇.T = 0<br />

Σ T<br />

T<br />

paroi isotherme<br />

w imposée<br />

(1000, 2000 ou 4000 K)<br />

Table 5.4 – Récapitu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s conditions aux limites<br />

5.1.3 Formalisme mathématique <strong>de</strong> l’approche<br />

5.1.3.1 Simplifications <strong>de</strong>s équations du modèle RSTE<br />

Dans <strong>la</strong> configuration ret<strong>en</strong>ue, les propriétés <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t et <strong>la</strong> symétrie <strong>de</strong> <strong>la</strong> configuration,<br />

exposées dans le paragraphe 5.1.2, permett<strong>en</strong>t <strong>de</strong> réduire à <strong>de</strong>ux les équations sca<strong>la</strong>ires<br />

issues <strong>de</strong> l’équation t<strong>en</strong>sorielle <strong>de</strong> transport <strong>de</strong>s contraintes <strong>de</strong> Reynolds (2.67). La première<br />

équation représ<strong>en</strong>te le comportem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s contraintes <strong>de</strong> Reynolds tang<strong>en</strong>tielles u 2 et w 2 , tandis


Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal 143<br />

que <strong>la</strong> <strong>de</strong>uxième est re<strong>la</strong>tive à <strong>la</strong> contrainte <strong>de</strong> Reynolds normale v 2 . L’abs<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> cisaillem<strong>en</strong>t<br />

moy<strong>en</strong> permet alors d’écrire :<br />

− ∂u2 v<br />

∂y<br />

− ∂v3<br />

∂y<br />

+ν ∂2 u 2<br />

∂y 2<br />

+2 p ∂u<br />

ρ ∂x<br />

+2 p ∂v<br />

ρ ∂y<br />

−2 ∂ ( ) p<br />

∂y ρ v +ν ∂2 v 2<br />

∂y 2<br />

D u D p D ν Π −ε<br />

−2ν ∂u ∂u<br />

∂x k ∂x k<br />

= 0<br />

−2ν ∂v ∂v<br />

∂x k ∂x k<br />

= 0<br />

L’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> l’amortissem<strong>en</strong>t dû à <strong>la</strong> viscosité et aux transferts intercomposantes agissant<br />

à <strong>la</strong> paroi nous amène à estimer uniquem<strong>en</strong>t les termes <strong>de</strong> dissipation ε ii et les termes <strong>de</strong><br />

corré<strong>la</strong>tion pression-déformation Π ii . Les expressions calculées pour ces termes sont :<br />

Π 11 = 2 P ρ<br />

Π 22 = 2 P ρ<br />

Π 33 = 2 P ρ<br />

∂u<br />

∂x<br />

∂v<br />

∂y<br />

∂w<br />

∂z<br />

⎛<br />

3∑<br />

ε 11 = 2ν ⎝<br />

k=1<br />

⎛<br />

3∑<br />

ε 22 = 2ν ⎝<br />

ε 33 = 2ν<br />

k=1<br />

⎛<br />

3∑<br />

⎝<br />

k=1<br />

⎞<br />

∂u ∂u<br />

⎠<br />

∂x k ∂x k<br />

⎞<br />

∂v ∂v<br />

⎠ (5.1)<br />

∂x k ∂x k<br />

⎞<br />

∂w ∂w<br />

⎠<br />

∂x k ∂x k<br />

Nous analyserons <strong>en</strong> détail les résultats re<strong>la</strong>tifs à l’évolution <strong>de</strong>s termes du bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s contraintes<br />

<strong>de</strong> Reynolds dans le paragraphe 5.4.<br />

5.1.3.2 Analyse asymptotique du champ au voisinage <strong>de</strong> <strong>la</strong> surface<br />

Pour estimer les résultats aux niveaux <strong>de</strong>s surfaces <strong>de</strong> blocage, l’analyse asymptotique c<strong>la</strong>ssique<br />

utilise les développem<strong>en</strong>ts limités <strong>de</strong>s fluctuations <strong>de</strong> vitesse et <strong>de</strong> pression dans <strong>la</strong> direction<br />

normale à <strong>la</strong> paroi. Considérant les conditions aux limites <strong>de</strong> paroi adhér<strong>en</strong>te et <strong>la</strong> dégénéresc<strong>en</strong>ce<br />

<strong>de</strong> l’équation <strong>de</strong> continuité selon <strong>la</strong>quelle ∂v/∂y = 0, on arrive à :<br />

u = a 1 y+ a 2 y 2 + O(y 3 )<br />

v = b 2 y 2 + O(y 3 )<br />

w = a 1 y+ a 2 y 2 + O(y 3 )<br />

P<br />

ρ = P 0+ P 1 y+ P 2 y 2 + O(y 3 )<br />

L’équation <strong>de</strong> <strong>la</strong> dynamique dans le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi permet alors d’écrire :<br />

(5.2)<br />

∂P<br />

∂y = ∂2 v<br />

∂y 2 , d’où P 1 = νb 2 . (5.3)<br />

Le même raisonnem<strong>en</strong>t est applicable pour exprimer le comportem<strong>en</strong>t asymptotique <strong>de</strong>s<br />

termes du bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>sions <strong>de</strong> Reynolds avec :<br />

Π 11 =<br />

∂a 1<br />

2P 0<br />

∂y y + O(y2 ) ε 11 = 2νa 2 1 + O(y2 )<br />

Π 11 = 2P 0 b 2 y + O(y 2 ) ε 22 = O(y 2 )<br />

Π 33 = 2P 0<br />

∂a 1<br />

∂y y + O(y2 ) ε 33 = 2νa 2 1 + O(y2 )<br />

(5.4)


144 Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal<br />

Pour le bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong> <strong>la</strong> composante normale, seul le terme <strong>de</strong> corré<strong>la</strong>tion pression-déformation est<br />

non nul au premier ordre au contact <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi adhér<strong>en</strong>te. Les développem<strong>en</strong>ts limités établis<br />

dans ce paragraphe permettront <strong>de</strong> justifier les résultats obt<strong>en</strong>us lors <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>sions <strong>de</strong><br />

Reynolds.<br />

5.1.3.3 Traitem<strong>en</strong>t statistique <strong>de</strong>s résultats à <strong>la</strong> paroi<br />

Les statistiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> sont évaluées <strong>en</strong> composant plusieurs moy<strong>en</strong>nes statistiques.<br />

Ceci est r<strong>en</strong>du possible du fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> stationnarité spatiale et temporelle <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t généré.<br />

Nous utiliserons donc <strong>la</strong> moy<strong>en</strong>ne ̂f définie dans le paragraphe 2.2.2.2 qui consiste <strong>en</strong> <strong>la</strong> composition<br />

<strong>de</strong>s moy<strong>en</strong>nes temporelle, d’<strong>en</strong>semble et par p<strong>la</strong>ns. On rappelle qu’une symétrie axiale <strong>de</strong><br />

p<strong>la</strong>n y = π sera utilisée pour doubler le nombre d’échantillons représ<strong>en</strong>tatifs. Aussi, les différ<strong>en</strong>tes<br />

réalisations d’un même écoulem<strong>en</strong>t sont obt<strong>en</strong>ues avec les mêmes conditions initiales à <strong>la</strong> différ<strong>en</strong>ce<br />

seule du triplet (α 1 , α 2 , α 3 ) <strong>de</strong>s équations (3.30) et (3.31) utilisées lors <strong>de</strong> l’initialisation<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> et <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>ts forçages.<br />

Malgré tous ces efforts pour améliorer <strong>la</strong> converg<strong>en</strong>ce statistique <strong>de</strong>s résultats, il arrivera que<br />

<strong>de</strong>s oscil<strong>la</strong>tions soi<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>tes, synonyme d’un manque <strong>de</strong> converg<strong>en</strong>ce statistique. En tout état<br />

<strong>de</strong> cause, il suffirait d’augm<strong>en</strong>ter le nombre <strong>de</strong> réalisations <strong>de</strong> manière à améliorer <strong>la</strong> précision<br />

<strong>de</strong>s résultats mais pour ne pas contraindre davantage le temps d’exécution du co<strong>de</strong> EVEREST,<br />

nous nous cont<strong>en</strong>terons <strong>de</strong> l’échantillonnage statistique actuel.<br />

5.1.4 Adaptation du forçage <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong><br />

5.1.4.1 Particu<strong>la</strong>rité du confinem<strong>en</strong>t du domaine <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion<br />

Le forçage <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> a pour objectif <strong>de</strong> maint<strong>en</strong>ir le niveau d’énergie cinétique turbul<strong>en</strong>te<br />

constant au sein <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t. La métho<strong>de</strong> utilisée ici pour conserver un montant<br />

énergétique fixe s’inspire <strong>de</strong> celle définie dans le paragraphe 4.4.2. L’utilisation d’un spectre PP<br />

pour initialiser le champ spectral <strong>de</strong> vitesse forcé offre <strong>la</strong> possibilité d’injecter cette énergie sur<br />

un intervalle <strong>de</strong> nombres d’on<strong>de</strong> paramétrable (on rappelle que le montant <strong>de</strong> l’énergie injectée<br />

à chaque forçage est égal à s k = k ⋆ /100). Dans l’espace réel, nous vérifierons que ce<strong>la</strong> se traduit<br />

par le mainti<strong>en</strong> <strong>de</strong>s moy<strong>en</strong>nes d’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s échelles <strong>de</strong> longueur turbul<strong>en</strong>tes (cf. 5.3.1.2).<br />

Après l’insertion <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi à t = 5, <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> surfaces <strong>de</strong> blocage pariétal <strong>en</strong> y = 0<br />

et y = 2π empêche <strong>la</strong> définition <strong>de</strong> structures turbul<strong>en</strong>tes « cohér<strong>en</strong>tes » <strong>en</strong> proche paroi lors<br />

<strong>de</strong>s nombreux forçages effectués. Le confinem<strong>en</strong>t du domaine <strong>de</strong> forçage, dans l’espace physique,<br />

<strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t alors une nécessité étant donné que <strong>la</strong> direction normale aux parois n’est plus homogène<br />

et périodique. La symétrie autour du p<strong>la</strong>n médian y = π permet alors, <strong>en</strong> doub<strong>la</strong>nt virtuellem<strong>en</strong>t<br />

<strong>la</strong> taille du domaine <strong>de</strong> forçage selon l’axe y, <strong>de</strong> « périodiser » <strong>la</strong> configuration dans cette direction.<br />

Cette caractéristique est importante car <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> utilisée génère par nature une force à<br />

ext<strong>en</strong>sion spatiale infinie. On rappelle finalem<strong>en</strong>t que ce forçage s’opère à diverg<strong>en</strong>ce nulle afin<br />

<strong>de</strong> supprimer toute influ<strong>en</strong>ce sur le champ <strong>de</strong> pression.<br />

5.1.4.2 Principe du confinem<strong>en</strong>t du forçage adopté<br />

L’objectif est <strong>de</strong> confiner <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> forçage <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> <strong>en</strong>tre <strong>de</strong>ux couches parallèles à <strong>la</strong><br />

surface y = π (Fig. 5.3). L’agitation turbul<strong>en</strong>te alors générée dans le domaine <strong>de</strong> forçage diffuse<br />

<strong>en</strong>suite vers les parois. Contrairem<strong>en</strong>t à <strong>la</strong> THI <strong>en</strong> domaine infini 4.4.2, l’addition du champ forcé<br />

à l’écoulem<strong>en</strong>t existant se fait, non plus dans le domaine fréqu<strong>en</strong>tiel, mais <strong>directe</strong>m<strong>en</strong>t dans le


Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal 145<br />

Figure 5.3 – Propriétés du forçage confiné<br />

domaine réel. En pratique, le champ <strong>de</strong> vitesse issu du forçage est au préa<strong>la</strong>ble multiplié par <strong>la</strong><br />

fonction <strong>de</strong> confinem<strong>en</strong>t F (y) représ<strong>en</strong>tée sur <strong>la</strong> figure 5.4 et définie par <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion (5.5).<br />

⎧<br />

⎨0 si y <<br />

F (y) = ( )<br />

2π 3 ou y > 4π 3<br />

⎩sin<br />

3<br />

2 y sinon<br />

Afin <strong>de</strong> maint<strong>en</strong>ir un niveau d’énergie global constant autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur k ⋆ nous comp<strong>en</strong>sons<br />

(5.5)<br />

Figure 5.4 – Fonction <strong>de</strong> confinem<strong>en</strong>t<br />

<strong>la</strong> réduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille du domaine <strong>de</strong> forçage <strong>en</strong> multipliant <strong>la</strong> vitesse d’agitation turbul<strong>en</strong>te<br />

<strong>de</strong> forçage u ′ f <strong>de</strong> l’expression du spectre <strong>de</strong> Passot-Pouquet par le rapport R A défini par :<br />

R A =<br />

∫ Ldom<br />

0<br />

F (y)dy<br />

∫ 2π<br />

0<br />

dy<br />

≃ 4.3 (5.6)<br />

L’efficacité <strong>de</strong> cette métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> forçage quant au mainti<strong>en</strong> d’un état stationnaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong><br />

sera vérifiée dans le paragraphe 5.2.3.1.


146 Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal<br />

5.2 Pré-requis à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> cisaillem<strong>en</strong>t libre<br />

Cette section prés<strong>en</strong>te l’initialisation et les propriétés <strong>de</strong> tous les spectres étudiés au cours<br />

<strong>de</strong>s simu<strong>la</strong>tions. Les critères <strong>de</strong> résolution sont <strong>en</strong>suite vérifiés aux abords <strong>de</strong> <strong>la</strong> surface avant<br />

d’évaluer <strong>la</strong> bonne implém<strong>en</strong>tation du forçage spectral confiné.<br />

5.2.1 Définition <strong>de</strong>s champs turbul<strong>en</strong>ts<br />

On repr<strong>en</strong>d ici <strong>la</strong> démarche du chapitre 4 au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle nous distinguions <strong>de</strong>ux <strong>en</strong>sembles<br />

<strong>de</strong> spectres <strong>de</strong> Passot-Pouquet :<br />

– les spectres S A i sont obt<strong>en</strong>us <strong>en</strong> modifiant l’agitation turbul<strong>en</strong>te u ′ lors <strong>de</strong> l’initialisation<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> permettant d’obt<strong>en</strong>ir, à nombre d’on<strong>de</strong> κ e constant, <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts à<br />

nombres <strong>de</strong> Reynolds variables,<br />

– les spectres S B i sont définis chacun par un nombre d’on<strong>de</strong> κ e différ<strong>en</strong>t, <strong>en</strong>suite nous adaptons<br />

<strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> u ′ <strong>de</strong> manière à obt<strong>en</strong>ir <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts à nombres <strong>de</strong> Reynolds égaux<br />

(Re T 0 = 100).<br />

Les tableaux 5.5 et 5.6 rec<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t les propriétés respectives <strong>de</strong>s <strong>en</strong>sembles Si<br />

A et Si B. Sauf<br />

indication contraire, <strong>la</strong> température initiale du flui<strong>de</strong> et <strong>la</strong> température imposée à <strong>la</strong> paroi<br />

isotherme sont égales à 1000 K.<br />

5.2.1.1 Champs re<strong>la</strong>tifs à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Re T<br />

Dans un premier temps, nous considérons <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>t initialisés par <strong>de</strong>s spectres <strong>de</strong><br />

Passot-Pouquet dont les nombres <strong>de</strong> Reynolds turbul<strong>en</strong>t Re T sont différ<strong>en</strong>ts (Tab. 5.5).<br />

Spectres S1 A S2 A S3<br />

A<br />

Co<strong>de</strong> couleur rouge vert bleu<br />

u ′ 0 0.125 0.179 0.215<br />

k 0 2.35 10 −2 7.87 10 −2 0.159<br />

ε 0 3.68 10 −3 3.09 10 −2 1.59 10 −3<br />

ν 0 1.48 10 −3 1.48 10 −3 1.48 10 −3<br />

Valeurs initiales Re T 0 100 200 300<br />

Re λ0 25.8 51.6 25.8<br />

κ e 6 6 6<br />

κ d 7.35 7.35 7.35<br />

∆t 4.90 10 −3 4.20 10 −3 3.80 10 −3<br />

Forçage<br />

u ′ f 7.83 10 −3 1.02 10 −2 1.15 10 −2<br />

κ f 6 6 6<br />

k(t) ≃ k ⋆ 9.20 10 −3 1.56 10 −2 1.98 10 −2<br />

Régime perman<strong>en</strong>t<br />

ε(t) 1.52 10 −3 3.01 10 −3 4.05 10 −3<br />

Re T (t) 38 54 64<br />

Re f 220 330 380<br />

Table 5.5 – Valeurs <strong>de</strong>s paramètres pour les cas S A i<br />

étudiant l’influ<strong>en</strong>ce du nombre <strong>de</strong> Reynolds


Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal 147<br />

5.2.1.2 Champs re<strong>la</strong>tifs à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> κ e<br />

La secon<strong>de</strong> catégorie d’écoulem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>visagés se distingue par le choix du nombre d’on<strong>de</strong><br />

κ e <strong>de</strong>s spectres PP utilisés lors <strong>de</strong> l’initialisation et <strong>de</strong>s forçages <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>. Ce nombre<br />

caractérise, dans le domaine réel, <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s structures porteuses d’énergie <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t. Les<br />

cas étudiés sont répertoriés dans le tableau 5.6.<br />

Spectres S1 B S2 B S3<br />

B<br />

Co<strong>de</strong> couleur cyan rouge orange<br />

u ′ 0 0.085 0.125 0.162<br />

k 0 1.07 10 −2 2.35 10 −2 4.13 10 −2<br />

ε 0 7.61 10 −4 3.68 10 −3 1.13 10 −2<br />

ν 0 1.48 10 −3 1.48 10 −3 1.48 10 −3<br />

Valeurs initiales Re T 0 100 100 100<br />

Re λ0 25.8 25.8 25.8<br />

κ e 4 6 8<br />

κ d 4.89 7.35 9.80<br />

∆t 5.63 10 −3 4.90 10 −3 4.31 10 −3<br />

Forçage<br />

u ′ f 6.93 10 −3 7.83 10 −3 7.53 10 −3<br />

κ f 4 6 8<br />

k ≃ k ⋆ 7.21 10 −3 9.20 10 −3 8.51 10 −3<br />

Régime perman<strong>en</strong>t ε 6.31 10 −4 1.52 10 −3 2.06 10 −3<br />

Re T 54 38 23<br />

Re f 380 220 150<br />

Table 5.6 – Valeurs <strong>de</strong>s paramètres pour les cas S B i<br />

étudiant l’influ<strong>en</strong>ce du nombre d’on<strong>de</strong> κ e<br />

5.2.2 Vérification <strong>de</strong> <strong>la</strong> t<strong>en</strong>ue <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong> résolution<br />

Pour ce travail, on évoque dans un premier temps les hypothèses <strong>de</strong> départ. Ensuite, on<br />

analyse le critère <strong>de</strong> résolution spectral ainsi que les critères associés à <strong>la</strong> résolution <strong>de</strong>s petites et<br />

<strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s échelles. Les résultats prés<strong>en</strong>tés sont indép<strong>en</strong>dants <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi considérée,<br />

adiabatique ou isotherme. C’est <strong>la</strong> raison pour <strong>la</strong>quelle on expose uniquem<strong>en</strong>t ceux obt<strong>en</strong>us pour<br />

le cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi adiabatique Σ q .<br />

5.2.2.1 Hypothèses initiales sur les critères<br />

La configuration actuelle requiert d’adapter les critères <strong>de</strong> résolution adoptés dans le chapitre<br />

précé<strong>de</strong>nt. La démarche appliquée s’accompagne <strong>de</strong>s remarques suivantes :<br />

– on tolère une certaine sous-résolution dans <strong>la</strong> zone forcée afin <strong>de</strong> garantir une agitation<br />

turbul<strong>en</strong>te suffisante,<br />

– on utilise les critères établis <strong>en</strong> champ périodique dans <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> diffusion,<br />

– on exige que les critères <strong>de</strong> résolution soi<strong>en</strong>t respectés dans <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> proche paroi. Il s’agit<br />

<strong>de</strong> vali<strong>de</strong>r <strong>la</strong> cohér<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s structures turbul<strong>en</strong>tes au voisinage d’une surface <strong>de</strong> blocage<br />

<strong>en</strong> vue <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s profils d’ab<strong>la</strong>tion.


148 Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal<br />

5.2.2.2 Critère <strong>de</strong> résolution spectrale<br />

On constate sur <strong>la</strong> figure 5.5 que le critère <strong>de</strong> résolution spectrale n’est pas respecté à<br />

l’intérieur du domaine <strong>de</strong> forçage. Les valeurs du critère, dans les régions <strong>de</strong> proche paroi qui<br />

nous intéress<strong>en</strong>t, rest<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant très satisfaisantes (<strong>en</strong>tre 6 et 8). Cette figure révèle aussi<br />

qu’une augm<strong>en</strong>tation du nombre <strong>de</strong> Reynolds <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> provoque une diminution globale<br />

du critère κ max η qui reste vérifié aux abords <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi pour tous les cas étudiés.<br />

(a) Spectres S A i : influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Re T (b) Spectres S B i : influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> κ e<br />

Figure 5.5 – Critère <strong>de</strong> résolution spectrale<br />

5.2.2.3 Critère <strong>de</strong> décorré<strong>la</strong>tion spatiale<br />

Afin <strong>de</strong> garantir <strong>la</strong> périodisation <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t dans les directions x et z, on vérifie que <strong>la</strong><br />

décorré<strong>la</strong>tion spatiale <strong>de</strong>s structures turbul<strong>en</strong>tes est préservée. Cette condition exige que l’échelle<br />

intégrale L T reste inférieure au rapport L dom /4. La figure 5.6 montre que ce critère est toujours<br />

respecté. La décorré<strong>la</strong>tion spatiale <strong>de</strong>s structures porteuses d’énergie sera confirmée aussi par<br />

l’analyse <strong>de</strong>s échelles intégrales euléri<strong>en</strong>nes L ii (Fig. 5.14) ;<br />

(a) S A i : influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Re T (b) S B i : influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> κ e<br />

Figure 5.6 – Critère <strong>de</strong> résolution <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s échelles (lég<strong>en</strong><strong>de</strong> : Fig. 5.5)


Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal 149<br />

5.2.2.4 Critère <strong>de</strong> résolution <strong>de</strong>s petites échelles<br />

Le critère <strong>de</strong> résolution <strong>de</strong>s petites échelles <strong>de</strong>man<strong>de</strong> une att<strong>en</strong>tion toute particulière étant<br />

donné qu’il n’était pas respecté <strong>en</strong> situation <strong>de</strong> THI libre. L’objectif est <strong>de</strong> s’assurer que le<br />

mail<strong>la</strong>ge adopté (très raffiné <strong>en</strong> proche paroi) permet <strong>de</strong> garantir cette condition. À <strong>la</strong> vue<br />

<strong>de</strong>s profils verticaux du terme η/2 − dx <strong>de</strong> <strong>la</strong> figure 5.7, on constate que le critère traduisant<br />

<strong>la</strong> résolution <strong>de</strong> l’échelle <strong>de</strong> Kolmogorov est vérifié seulem<strong>en</strong>t au proche voisinage <strong>de</strong> <strong>la</strong> surface<br />

(y < 0.5) pour les cas Si B . Une hausse du nombre <strong>de</strong> Reynolds <strong>en</strong>traîne quant à elle <strong>la</strong> diminution<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> cette couche (y < 0.3 pour S3 A ). La valeur <strong>de</strong> l’échelle <strong>de</strong> Kolmogorov étant voisine<br />

<strong>de</strong> 0.05 à <strong>la</strong> paroi (0.04 pour le cas S3 A ), l’épaisseur <strong>de</strong> cette couche semble être suffisante pour<br />

simuler conv<strong>en</strong>ablem<strong>en</strong>t <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s tourbillons <strong>de</strong> Kolmogorov.<br />

(a) S A i : influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Re T (b) S B i : influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> κ e<br />

Figure 5.7 – Critère <strong>de</strong> résolution <strong>de</strong> l’échelle <strong>de</strong> Kolmogorov (lég<strong>en</strong><strong>de</strong> : Fig. 5.5)<br />

5.2.3 Évaluation du forçage confiné <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong><br />

On propose maint<strong>en</strong>ant <strong>de</strong> vérifier que le forçage confiné permet d’obt<strong>en</strong>ir <strong>de</strong>s états turbul<strong>en</strong>ts<br />

cohér<strong>en</strong>ts malgré les différ<strong>en</strong>ts spectres <strong>de</strong> Passot-Pouquet étudiés ici. L’efficacité du spectre pour<br />

maint<strong>en</strong>ir une énergie cinétique constante sans influ<strong>en</strong>ce sur le champ <strong>de</strong> pression est étudiée<br />

avant <strong>de</strong> représ<strong>en</strong>ter les champs <strong>de</strong> vorticité obt<strong>en</strong>us <strong>en</strong> régime perman<strong>en</strong>t.<br />

5.2.3.1 Efficacité du forçage confiné<br />

Même si l’ess<strong>en</strong>tiel <strong>de</strong> <strong>la</strong> validation physique du forçage spectral, notamm<strong>en</strong>t <strong>en</strong> ce qui concerne<br />

les propriétés d’homogénéité et d’isotropie, a été réalisé dans le paragraphe 4.4.2 <strong>en</strong> configuration<br />

<strong>de</strong> THI libre, il faut nous assurer ici que le confinem<strong>en</strong>t du forçage ne perturbe par<br />

le champ <strong>de</strong> pression <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t. La figure 5.8(a) indique que le forçage confiné conserve<br />

le caractère isovolume (diverg<strong>en</strong>ce nulle) pour toutes les simu<strong>la</strong>tions <strong>en</strong>visagées. Parallèlem<strong>en</strong>t,<br />

on observe que les montants énergétiques globaux rest<strong>en</strong>t constants durant le temps <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion<br />

(Fig. 5.8(b)) où les évolutions <strong>de</strong> k(t) sont normées par l’énergie visée k ⋆ . Ces propriétés<br />

garantiss<strong>en</strong>t l’efficacité du co<strong>de</strong> pour <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir une énergie cinétique turbul<strong>en</strong>te constante dans<br />

le domaine <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion.


150 Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal<br />

(a) div u<br />

(b) k(t)/k ⋆<br />

Figure 5.8 – Évaluation <strong>de</strong> l’efficacité du forçage confiné (lég<strong>en</strong><strong>de</strong> : Fig. 5.5)<br />

5.2.3.2 Visualisation du champs <strong>de</strong> vorticité générés<br />

Les champs <strong>de</strong> vorticité <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts S A i et S B i <strong>de</strong> THI <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>u par forçage spectral<br />

confiné sont représ<strong>en</strong>tés sur <strong>la</strong> figure 5.9. Pour toutes les configurations, on observe <strong>de</strong> forts<br />

niveaux d’agitation turbul<strong>en</strong>te dans <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> forçage. Sinon, on visualise bi<strong>en</strong> les différ<strong>en</strong>ces<br />

<strong>de</strong> montants énergétiques (cas S a i ) et <strong>de</strong> tailles <strong>de</strong>s structures énergétiques (cas SB i ).<br />

(a) S A 1 (b) S A 2 (c) S A 3<br />

(d) S B 1 (e) S B 2 (f) S B 3<br />

Figure 5.9 – Visualisation <strong>de</strong>s champs <strong>de</strong> vorticité obt<strong>en</strong>us <strong>en</strong> régime perman<strong>en</strong>t (t = 20)


Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal 151<br />

5.3 Résultats généraux <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> parois<br />

Cette section prés<strong>en</strong>te les différ<strong>en</strong>tes étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>stinés à caractériser l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> l’agitation<br />

turbul<strong>en</strong>te u ′ et du nombre d’on<strong>de</strong> κ e sur les écoulem<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’une surface <strong>de</strong> blocage.<br />

5.3.1 Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s paramètres <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong><br />

D’abord, les résultats nécessaires à <strong>la</strong> compréh<strong>en</strong>sion globale <strong>de</strong>s phénomènes turbul<strong>en</strong>ts sont<br />

analysés afin d’évaluer les conditions dim<strong>en</strong>sionnantes du problème. Dans <strong>la</strong> suite, on appliquera<br />

le traitem<strong>en</strong>t statistique défini dans le paragraphe 5.1.3.3 pour caractériser l’évolution verticale<br />

<strong>de</strong>s paramètres.<br />

5.3.1.1 Comportem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> k, ε et Re T<br />

On comm<strong>en</strong>ce l’analyse <strong>de</strong>s phénomènes turbul<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> s’intéressant à l’évolution temporelle<br />

<strong>de</strong>s moy<strong>en</strong>nes d’<strong>en</strong>semble k(t), ε(t) et Re T (t). Comme le montre <strong>la</strong> figure 5.10, malgré une légère<br />

phase d’adaptation (notamm<strong>en</strong>t pour <strong>la</strong> dissipation turbul<strong>en</strong>te), ces gran<strong>de</strong>urs sont maint<strong>en</strong>ues<br />

constantes dès l’insertion <strong>de</strong>s parois et le début du forçage spectral. Du fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> mise<br />

<strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> THI, les valeurs caractérisées <strong>en</strong> régime stationnaire sont inférieures aux valeurs<br />

initiales (Tab. 5.5 et 5.6).<br />

(a) k(t) (b) ε(t) (c) Re T (t)<br />

Figure 5.10 – Évolution <strong>de</strong>s moy<strong>en</strong>nes d’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong> k, ε et Re T (lég<strong>en</strong><strong>de</strong> : Fig. 5.5)<br />

Concernant les évolutions temporelles <strong>de</strong> <strong>la</strong> figure 5.10, on constate que :<br />

– à nombre <strong>de</strong> Reynolds initial Re T 0 fixé, les montants énergétiques établis avec <strong>de</strong>s spectres<br />

possédant <strong>de</strong>s nombres d’on<strong>de</strong> κ e différ<strong>en</strong>ts sont quasim<strong>en</strong>t i<strong>de</strong>ntiques dès <strong>la</strong> mise <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> THI (cas S B i ). À l’inverse, à taille <strong>de</strong>s structures turbul<strong>en</strong>tes équival<strong>en</strong>te (cas SA i ),<br />

les valeurs <strong>de</strong> l’énergie cinétique moy<strong>en</strong>ne <strong>en</strong> régime perman<strong>en</strong>t sont d’autant plus gran<strong>de</strong>s<br />

que le nombre <strong>de</strong> Reynolds <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> est élevé (Fig. 5.10(a)),<br />

– à l’issue <strong>de</strong> <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> mise <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> THI, les taux <strong>de</strong> dissipation <strong>de</strong> l’agitation<br />

turbul<strong>en</strong>te sont d’autant plus importants que Re T 0 est grand et que les structures porteuses<br />

d’énergie sont petites, i.e. κ e grand (Fig. 5.10(b)),<br />

– <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion d’ordre existant <strong>en</strong>tre les nombres <strong>de</strong> Reynolds initiaux <strong>de</strong>s spectres S A i est<br />

conservée au mom<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’insertion <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi. En revanche, <strong>la</strong> modification <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille<br />

<strong>de</strong>s tourbillons <strong>de</strong> l’échelle intégrale <strong>en</strong>traîne <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> dissipation différ<strong>en</strong>ts. Ces taux


152 Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal<br />

expliqu<strong>en</strong>t les écarts <strong>en</strong>tre les valeurs <strong>de</strong> Re T obt<strong>en</strong>ues <strong>en</strong> régime perman<strong>en</strong>t pour les<br />

spectres Si<br />

B qui étai<strong>en</strong>t pourtant tous égaux à t = 0 (Fig. 5.10(c)).<br />

En <strong>la</strong> figure 5.11 sont représ<strong>en</strong>tées les évolutions spatiales <strong>de</strong> ces trois paramètres <strong>en</strong>tre les<br />

p<strong>la</strong>ns y = 0 <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi adiabatique considérée et y = π du p<strong>la</strong>n médian (les résultats obt<strong>en</strong>us<br />

pour <strong>la</strong> paroi isotherme sont s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t i<strong>de</strong>ntiques). Pour les cinq spectres étudiés, chaque<br />

paramètre pr<strong>en</strong>d <strong>la</strong> forme <strong>de</strong> <strong>la</strong> fonction <strong>de</strong> confinem<strong>en</strong>t dans <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> forçage. Ensuite, les<br />

valeurs se stabilis<strong>en</strong>t sur une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> diffusion (0.2 < y < 1.5) avant <strong>de</strong><br />

décroître rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> surface <strong>de</strong> blocage (y < 0.2). En effet, les mécanismes <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

dissipation qui agiss<strong>en</strong>t <strong>en</strong> tout point du domaine réduis<strong>en</strong>t le niveau d’énergie à mesure que l’on<br />

s’éloigne <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone forcée, <strong>en</strong> s’int<strong>en</strong>sifiant notablem<strong>en</strong>t au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi où l’on constate<br />

une augm<strong>en</strong>tation significative du taux <strong>de</strong> dissipation.<br />

(a) ̂k (b) ̂ε (c) ̂ReT<br />

Figure 5.11 – Profils verticaux <strong>de</strong> k, ε et Re T <strong>en</strong> régime perman<strong>en</strong>t (lég<strong>en</strong><strong>de</strong> : Fig. 5.5)<br />

5.3.1.2 Analyse <strong>de</strong>s échelles <strong>de</strong> longueur<br />

Les échelles <strong>de</strong> longueur caractéristiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> définies dans le paragraphe 1.2.1.3<br />

s’exprim<strong>en</strong>t <strong>en</strong> fonction <strong>de</strong> l’agitation turbul<strong>en</strong>te et du taux <strong>de</strong> dissipation. C’est <strong>la</strong> raison pour<br />

<strong>la</strong>quelle, les échelles η, λ T et L T possè<strong>de</strong>nt aussi <strong>de</strong>s moy<strong>en</strong>nes d’<strong>en</strong>semble constantes durant les<br />

simu<strong>la</strong>tions (Fig. 5.12). Les résultats montr<strong>en</strong>t que plus le nombre <strong>de</strong> Reynolds <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> est<br />

(a) η(t) (b) λ T (t) (c) L T (t)<br />

Figure 5.12 – Évolution <strong>de</strong>s moy<strong>en</strong>nes d’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong> η, λ T et L T (lég<strong>en</strong><strong>de</strong> : Fig. 5.5)


Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal 153<br />

élevé, plus les échelles intégrales L T sont gran<strong>de</strong>s et les échelles dissipatives η petites (l’influ<strong>en</strong>ce<br />

sur <strong>la</strong> micro-échelle <strong>de</strong> Taylor est mineure). Les spectres Si<br />

B permett<strong>en</strong>t quant à eux <strong>de</strong> constater<br />

qu’une augm<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> κ e <strong>en</strong>traîne une diminution globale <strong>de</strong>s échelles <strong>de</strong> longueur caractéristiques.<br />

Il est intéressant <strong>de</strong> noter que pour chacun <strong>de</strong>s cas étudiés, on retrouve <strong>en</strong> régime établi<br />

<strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion :<br />

L T<br />

η = (Re T ) n où n = 3 (5.7)<br />

4<br />

En effet, <strong>en</strong> considérant les valeurs <strong>de</strong> η, L T et Re T établies <strong>en</strong> régime perman<strong>en</strong>t, on calcule<br />

pour chaque cas <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> n expérim<strong>en</strong>tale issue <strong>de</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion (5.8). Les résultats, regroupés<br />

dans le tableau 5.7, assur<strong>en</strong>t que, même <strong>en</strong> régime forcé, le rapport <strong>en</strong>tre les échelles porteuses<br />

d’énergie et les échelles dissipatives vérifi<strong>en</strong>t <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> THI (5.7).<br />

n = ln (L T /η)<br />

ln Re T<br />

(5.8)<br />

Spectre S1 A S2 A S3 A S1 B S2 B S3<br />

B<br />

n 0.749 0.758 0.760 0.747 0.749 0.748<br />

Table 5.7 – Valeurs extraites pour <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> n (5.8)<br />

On étudie maint<strong>en</strong>ant l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> condition d’adhér<strong>en</strong>ce sur ces échelles (Fig. 5.13).<br />

La nature <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi, adiabatique ou isotherme n’a ici aussi aucune influ<strong>en</strong>ce sur les évolutions<br />

caractérisées, les profils prés<strong>en</strong>tés correspon<strong>de</strong>nt indifféremm<strong>en</strong>t à l’une ou l’autre <strong>de</strong>s conditions<br />

aux limites. On observe qu’à l’intérieur <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> forçage, l’échelle turbul<strong>en</strong>te L T est maximale<br />

tandis que l’échelle dissipative η est minimale. Ensuite, <strong>la</strong> diffusion <strong>de</strong> l’agitation turbul<strong>en</strong>te vers<br />

les parois <strong>en</strong>traîne <strong>la</strong> réduction progressive <strong>de</strong> <strong>la</strong> dynamique se traduisant par <strong>la</strong> diminution <strong>de</strong><br />

L T et l’augm<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> η.<br />

(a) ̂η (b) ̂λT (c) ̂LT<br />

Figure 5.13 – Moy<strong>en</strong>nes par p<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s échelles <strong>de</strong> longueur caractéristiques (lég<strong>en</strong><strong>de</strong> : Fig. 5.5)<br />

Enfin, l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s échelles caractéristiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> est complétée <strong>en</strong> évoquant le cas<br />

<strong>de</strong>s échelles intégrales euléri<strong>en</strong>nes L ii (aussi appelées échelles d’autocorré<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> vitesse) déjà<br />

étudiées dans le paragraphe 4.2.2.2. Les résultats obt<strong>en</strong>us dans <strong>la</strong> direction tang<strong>en</strong>tielle montr<strong>en</strong>t<br />

que le domaine est suffisamm<strong>en</strong>t grand pour que <strong>la</strong> fonction d’autocorré<strong>la</strong>tion longitudinale<br />

s’annule lorsque r est grand, assurant <strong>de</strong> fait, <strong>la</strong> décorré<strong>la</strong>tion spatiale <strong>de</strong>s structures turbul<strong>en</strong>tes<br />

dans les directions périodiques (Fig. 5.14).


154 Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal<br />

Figure 5.14 – Échelles d’auto-corré<strong>la</strong>tion longitudinale L ii dans <strong>la</strong> direction x (lég<strong>en</strong><strong>de</strong> : Fig.<br />

5.5)<br />

5.3.2 Aspects thermiques<br />

Jusqu’à prés<strong>en</strong>t les résultats observés étai<strong>en</strong>t indép<strong>en</strong>dants <strong>de</strong> <strong>la</strong> condition à <strong>la</strong> paroi, étant<br />

donné que <strong>la</strong> température imposée à <strong>la</strong> surface <strong>de</strong> blocage isotherme était voisine <strong>de</strong> celle du<br />

flui<strong>de</strong> (T w = 1000 K). Dorénavant, <strong>la</strong> distinction sera faite <strong>en</strong>tre les parois adiabatiques Σ q et<br />

isothermes Σ T . Dans un premier temps, les profils <strong>de</strong> température observés pour les <strong>en</strong>sembles<br />

S A i et S B i sont prés<strong>en</strong>tés. Puis, on étudie l’influ<strong>en</strong>ce d’une augm<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> <strong>la</strong> température du<br />

flui<strong>de</strong> T f ainsi que <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi isotherme T w sur l’écoulem<strong>en</strong>t.<br />

5.3.2.1 Profils <strong>de</strong>s températures <strong>de</strong>s <strong>en</strong>sembles S A i et S B i<br />

L’augm<strong>en</strong>tation constante <strong>de</strong>s moy<strong>en</strong>nes d’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong> <strong>la</strong> température pour tous les cas<br />

étudiés (Fig. 5.15(a)) s’explique par le forçage <strong>de</strong> l’agitation turbul<strong>en</strong>te qui <strong>en</strong>treti<strong>en</strong>t l’interaction<br />

<strong>en</strong>tre les différ<strong>en</strong>tes structures turbul<strong>en</strong>tes et les transferts énergétiques associés. À <strong>la</strong> fin <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> simu<strong>la</strong>tion (t = 30), les températures obt<strong>en</strong>ues pour les surfaces Σ T sont inférieures à celles<br />

associées à <strong>la</strong> paroi adiabatique Σ q .<br />

(a) T<br />

traits pleins : paroi adiabatique Σ q , pointillés : paroi isotherme Σ T , couleurs : cf. Fig. 5.5<br />

Figure 5.15 – Moy<strong>en</strong>ne d’<strong>en</strong>semble et profils verticaux <strong>de</strong> température (exprimée <strong>en</strong> Kelvin)<br />

Pour compr<strong>en</strong>dre cette différ<strong>en</strong>ce, on étudie le comportem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> <strong>la</strong> température au voisinage<br />

<strong>de</strong>s parois Σ q et Σ T durant le régime établi. De manière générale, on observe une légère hausse <strong>de</strong><br />

(b) ̂T


Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal 155<br />

celle-ci au voisinage <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi Σ q alors que dans le cas isotherme, elle décroît jusqu’à <strong>la</strong> valeur<br />

T wall = 1000 K imposée à <strong>la</strong> paroi (Fig. 5.15(b)). Les faibles écarts <strong>de</strong> températures observés<br />

<strong>en</strong>tre les parois Σ q et Σ T (au maximum <strong>de</strong> 80 K pour le cas S3 A ) justifie que les résultats du<br />

paragraphe précé<strong>de</strong>nt ne dép<strong>en</strong><strong>de</strong>nt pas <strong>de</strong> <strong>la</strong> condition <strong>de</strong> paroi.<br />

5.3.2.2 Paramétrisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> température du flui<strong>de</strong><br />

On caractérise maint<strong>en</strong>ant l’effet <strong>de</strong> <strong>la</strong> température initiale du flui<strong>de</strong> T f sur les propriétés<br />

turbul<strong>en</strong>tes <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t. On considère donc trois configurations utilisant le cas S1 A = SB 2<br />

<strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce pour lesquelles T f pr<strong>en</strong>d différ<strong>en</strong>tes valeurs (1000, 2000 ou 4000 K). L’analyse du<br />

comportem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s échelles <strong>de</strong> longueur aux abords <strong>de</strong> <strong>la</strong> surface <strong>de</strong> blocage (Fig.5.16) révèle<br />

les variations occasionnées par l’augm<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> T f sur l’échelle <strong>de</strong> Kolmogorov η, l’échelle<br />

turbul<strong>en</strong>te L T et le nombre <strong>de</strong> Reynolds <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> Re T .<br />

(a) ̂η (b) ̂LT (c) ̂ReT<br />

Figure 5.16 – Influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> T f sur les profils <strong>de</strong>s échelles <strong>de</strong> longueur<br />

La variation <strong>de</strong> <strong>la</strong> température T f a peu d’impact sur le comportem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s paramètres <strong>en</strong><br />

proche paroi. Cep<strong>en</strong>dant, <strong>la</strong> faible diminution <strong>de</strong> <strong>la</strong> viscosité du flui<strong>de</strong> occasionnée provoque une<br />

hausse du nombre <strong>de</strong> Reynolds Re T , <strong>la</strong> croissance <strong>de</strong>s structures turbul<strong>en</strong>tes porteuses d’énergie<br />

et <strong>la</strong> finesse accrue <strong>de</strong>s échelles <strong>de</strong> Kolmogorov.<br />

5.3.2.3 Influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> parois chau<strong>de</strong>s sur l’écoulem<strong>en</strong>t<br />

On étudie maint<strong>en</strong>ant les conséqu<strong>en</strong>ces d’une hausse <strong>de</strong> <strong>la</strong> température <strong>de</strong>s parois isothermes<br />

T w . Les simu<strong>la</strong>tions effectuées utilis<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core le spectre S A 1 = S B 2 défini au tableau 5.5 et<br />

consist<strong>en</strong>t <strong>en</strong> l’insertion <strong>de</strong> parois isothermes <strong>de</strong> différ<strong>en</strong>tes températures (1000, 2000 ou 4000 K)<br />

au sein <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t (T f = 1000 K) conformém<strong>en</strong>t à <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> décrite dans le paragraphe<br />

5.1.2. À <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> <strong>la</strong> simu<strong>la</strong>tion, <strong>la</strong> température moy<strong>en</strong>ne du flui<strong>de</strong> dans le cas T w = 4000 K est<br />

<strong>de</strong> 1450 K alors qu’elle est d’<strong>en</strong>viron <strong>de</strong> 1050 K pour T w = 1000. Dans les mêmes conditions,<br />

<strong>la</strong> pression passe <strong>de</strong> 1.30 bar pour T w = 4000 à 1.04 bar pour T w = 1000. Ceci prouve que<br />

les gradi<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> température prés<strong>en</strong>ts à <strong>la</strong> paroi diffus<strong>en</strong>t à travers le domaine y <strong>en</strong>traînant<br />

une hausse <strong>de</strong> <strong>la</strong> température du flui<strong>de</strong> T f , <strong>de</strong> <strong>la</strong> pression P et <strong>de</strong> <strong>la</strong> viscosité µ ainsi qu’une<br />

diminution <strong>de</strong> <strong>la</strong> masse volumique ρ à <strong>la</strong> paroi. Pour s’<strong>en</strong> r<strong>en</strong>dre compte, on illustre sur les figures<br />

5.17 et 5.18 les profils verticaux obt<strong>en</strong>us à t = 30 <strong>de</strong> ces variables. La figure 5.18(a) montre<br />

que <strong>la</strong> masse volumique n’est plus constante aux abords <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi isotherme. En effet, plus le


156 Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal<br />

(a) ̂T<br />

(b) ̂P<br />

Figure 5.17 – Profils aux parois chau<strong>de</strong>s <strong>de</strong> T et P<br />

(a) ̂ρ (b) ̂µ<br />

Figure 5.18 – Profils aux parois chau<strong>de</strong>s <strong>de</strong> ρ et µ<br />

gradi<strong>en</strong>t <strong>de</strong> température imposé est élevé et plus <strong>la</strong> masse volumique diminue. Il apparaît <strong>en</strong>fin<br />

que <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion P = ρT soit vérifiée proche <strong>de</strong> <strong>la</strong> surface.<br />

L’apparition soudaine <strong>de</strong> telles parois au sein <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t provoque une augm<strong>en</strong>tation<br />

importante du taux <strong>de</strong> dissipation à <strong>la</strong> paroi, d’autant plus grand que T w est élevé (Fig. 5.19).<br />

En effet, <strong>la</strong> prépondérance <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> viscosité cause une baisse importante du nombre <strong>de</strong><br />

Reynolds <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> à <strong>la</strong> paroi alors qu’il est globalem<strong>en</strong>t plus grand dans le reste du domaine.<br />

Les profils <strong>de</strong> l’énergie cinétique turbul<strong>en</strong>te k sont quant à eux très peu affectés par <strong>la</strong> variation<br />

<strong>de</strong> T w .<br />

Enfin, les conséqu<strong>en</strong>ces sur le comportem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s échelles <strong>de</strong> longueur sont illustrées sur <strong>la</strong><br />

figure 5.20. On remarque que l’augm<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> <strong>la</strong> viscosité à <strong>la</strong> paroi <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre un amortissem<strong>en</strong>t<br />

important responsable du r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s échelles dissipatives et <strong>de</strong> <strong>la</strong> décroissance <strong>de</strong> <strong>la</strong> microéchelle<br />

<strong>de</strong> Taylor λ T au voisinage <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi. L’échelle <strong>de</strong> longueur turbul<strong>en</strong>te L T montre, comme<br />

le nombre <strong>de</strong> Reynolds <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> Re T , un comportem<strong>en</strong>t spécifique par rapport aux <strong>de</strong>ux<br />

autres échelles η et λ T qui peut s’expliquer par l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s gradi<strong>en</strong>ts thermiques imposés à<br />

<strong>la</strong> paroi sur les structures porteuses d’énergie.


Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal 157<br />

(a) ̂k (b) ̂ε (c) ̂ReT<br />

Figure 5.19 – Influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> T w sur k, ε et Re T<br />

(a) ̂η (b) ̂λT (c) ̂LT<br />

Figure 5.20 – Influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> T w sur les échelles <strong>de</strong> longueurs<br />

5.3.3 Interprétation <strong>de</strong>s résultats<br />

5.3.3.1 État <strong>de</strong> <strong>la</strong> casca<strong>de</strong> énergétique selon le spectre PP étudié<br />

L’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s spectres <strong>de</strong> Passot-Pouquet utilisés pour cette étu<strong>de</strong> permet d’étudier l’influ<strong>en</strong>ce<br />

<strong>de</strong> l’agitation turbul<strong>en</strong>te (spectres Si A) et du nombre d’on<strong>de</strong> κ e caractérisant <strong>la</strong> taille<br />

<strong>de</strong>s structures turbul<strong>en</strong>tes porteuses d’énergie (spectres Si B ). Durant <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> forçage, les<br />

nombres <strong>de</strong> Reynolds <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> <strong>de</strong>s spectres Si A , initialem<strong>en</strong>t égaux à 100, 200 et 300, sont<br />

respectivem<strong>en</strong>t égaux à 220, 330 et 380 au c<strong>en</strong>tre du domaine <strong>de</strong> forçage <strong>en</strong> régime établi (on<br />

note cette valeur <strong>de</strong> Reynolds Re f ). La re<strong>la</strong>tion d’ordre initiale étant conservée, l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s spectres<br />

Si<br />

A reste cohér<strong>en</strong>te <strong>en</strong> vue <strong>de</strong> caractériser l’influ<strong>en</strong>ce du Re T sur les phénomènes observés<br />

à <strong>la</strong> paroi. À ce titre, on constate qu’une augm<strong>en</strong>tation du nombre <strong>de</strong> Reynolds <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong><br />

<strong>en</strong>traîne <strong>de</strong>s structures dissipatives plus fines et <strong>de</strong>s échelles intégrales plus gran<strong>de</strong>s. Ce<strong>la</strong> traduit<br />

le fait que <strong>de</strong>s montants énergétiques élevés int<strong>en</strong>sifi<strong>en</strong>t les mécanismes liés à <strong>la</strong> casca<strong>de</strong> énergétique<br />

<strong>de</strong> Kolmogorov <strong>en</strong> repoussant vers <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s valeurs <strong>de</strong> nombre d’on<strong>de</strong> les phénomènes<br />

dissipatifs. Pour preuve, <strong>la</strong> micro-échelle <strong>de</strong> Taylor, qui caractérise <strong>la</strong> distance à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle<br />

un tourbillon <strong>de</strong> taille η transporté à <strong>la</strong> vitesse u ′ est dissipé, augm<strong>en</strong>te lorsque Re T grandit.<br />

Le paramétrage du nombre d’on<strong>de</strong> κ e utilisé lors <strong>de</strong> l’initialisation et <strong>de</strong>s forçages successifs<br />

pour les spectres Si<br />

B propose <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts possédants <strong>de</strong>s jeux d’échelles <strong>de</strong> longueur car-


158 Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal<br />

actéristiques différ<strong>en</strong>ts pour chacun <strong>de</strong>s spectres. À <strong>la</strong> vue <strong>de</strong>s résultats, il semble que plus les<br />

structures porteuses d’énergie sont gran<strong>de</strong>s, plus <strong>la</strong> dissipation turbul<strong>en</strong>te est faible et les nombres<br />

<strong>de</strong> Reynolds <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> sont importants (malgré leurs valeurs initialem<strong>en</strong>t i<strong>de</strong>ntiques).<br />

En ce qui concerne les échelles caractéristiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>, plus le nombre d’on<strong>de</strong> κ e est<br />

faible, plus les valeurs η, λ T et L T sont gran<strong>de</strong>s. Ce<strong>la</strong> traduit le déca<strong>la</strong>ge dans l’espace spectral<br />

du phénomène <strong>de</strong> casca<strong>de</strong> énergétique sur <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ges <strong>de</strong> nombres d’on<strong>de</strong> bornées inférieurem<strong>en</strong>t<br />

par <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> κ e définie.<br />

5.3.3.2 Couches caractéristiques <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t<br />

Les profils verticaux <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>ts paramètres turbul<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’une paroi adhér<strong>en</strong>te,<br />

adiabatique ou isotherme, révèl<strong>en</strong>t l’exist<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> trois couches caractéristiques <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t<br />

(Fig. 5.21) :<br />

– <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> forçage qui se caractérise par une activité turbul<strong>en</strong>te int<strong>en</strong>se, les énergies cinétiques<br />

turbul<strong>en</strong>tes ainsi que les nombres <strong>de</strong> Reynolds associés y sont très élevés ;<br />

– <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> diffusion qui transporte l’agitation turbul<strong>en</strong>te créée dans <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> forçage<br />

jusqu’à <strong>la</strong> paroi. Les valeurs <strong>de</strong>s paramètres turbul<strong>en</strong>ts y sont globalem<strong>en</strong>t constantes ;<br />

– <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> blocage due à <strong>la</strong> condition d’imperméabilité (v = 0) siège <strong>de</strong> <strong>la</strong> réduction <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

composante normale <strong>de</strong> <strong>la</strong> vitesse. À l’intérieur <strong>de</strong> cette région, on note l’exist<strong>en</strong>ce d’une<br />

sous-couche visqueuse qui traduit les effets du frottem<strong>en</strong>t visqueux par l’augm<strong>en</strong>tation<br />

rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> dissipation à <strong>la</strong> paroi.<br />

Figure 5.21 – Couches caractéristiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> diffusant vers <strong>la</strong> paroi<br />

La compréh<strong>en</strong>sion <strong>de</strong>s phénomènes turbul<strong>en</strong>ts dans <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> blocage est primordiale pour<br />

i<strong>de</strong>ntifier les mécanismes susceptibles <strong>de</strong> modifier les rugosités créées lors <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion. C’est<br />

pourquoi, l’analyse <strong>de</strong>s termes du bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>sions <strong>de</strong> Reynolds est conduite dans <strong>la</strong> suite <strong>de</strong><br />

ce chapitre.<br />

5.3.3.3 Analyse <strong>de</strong>s transferts thermiques au sein du flui<strong>de</strong><br />

Vu que les phénomènes liés à <strong>la</strong> r<strong>en</strong>trée atmosphérique se déroul<strong>en</strong>t à températures élevées et<br />

sont le siège d’importants gradi<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> températures, nous avons cherché à caractériser l’influ<strong>en</strong>ce<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> température du flui<strong>de</strong> et <strong>de</strong> <strong>la</strong> température <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi isotherme sur les résultats observés.<br />

L’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> température du flui<strong>de</strong> se résume principalem<strong>en</strong>t à <strong>la</strong> définition <strong>de</strong> <strong>la</strong> viscosité<br />

du flui<strong>de</strong> µ (cf. 2.1.4.2). En effet, l’augm<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> T f <strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre une baisse <strong>de</strong> <strong>la</strong> viscosité


Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal 159<br />

qui explique le développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s nombres <strong>de</strong> Reynolds <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> et <strong>la</strong> finesse globale <strong>de</strong>s<br />

structures dissipatives.<br />

D’autre part, <strong>la</strong> variation <strong>de</strong>s gradi<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> température à <strong>la</strong> surface <strong>de</strong> blocage modifie<br />

profondém<strong>en</strong>t les phénomènes turbul<strong>en</strong>ts à <strong>la</strong> paroi. L’insertion soudaine <strong>de</strong> parois chau<strong>de</strong>s dans<br />

l’écoulem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>traîne une augm<strong>en</strong>tation significative <strong>de</strong> <strong>la</strong> viscosité µ qui amplifie les mécanismes<br />

<strong>de</strong> dissipation à <strong>la</strong> paroi, perturbant le comportem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> toutes les échelles <strong>de</strong> longueurs. Alors<br />

qu’une hausse <strong>de</strong> T f augm<strong>en</strong>te <strong>la</strong> dynamique générale <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t, une paroi chau<strong>de</strong> provoque<br />

un amortissem<strong>en</strong>t important qui <strong>en</strong>traîne le r<strong>en</strong>forcem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s échelles dissipatives, <strong>la</strong> décroissance<br />

<strong>de</strong>s structures porteuses d’énergie et une forte baisse du nombre <strong>de</strong> Reynolds à <strong>la</strong> paroi.<br />

Il faut cep<strong>en</strong>dant rester vigi<strong>la</strong>nt car <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> gradi<strong>en</strong>t thermique à <strong>la</strong> paroi (cas <strong>de</strong>s<br />

parois chau<strong>de</strong>s) modifie aussi <strong>la</strong> masse volumique du flui<strong>de</strong> ρ, altérant <strong>de</strong> fait <strong>la</strong> condition<br />

d’incompressibilité à <strong>la</strong> surface. Cette remarque est importante car elle implique que les équations<br />

du modèle RSTE décrites dans le paragraphe 5.1.3.1 ne soi<strong>en</strong>t pas utilisables <strong>en</strong> l’état. Nous<br />

discutons <strong>de</strong>s résultats du bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>sions <strong>de</strong> Reynolds <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> parois chau<strong>de</strong>s dans le<br />

paragraphe 5.4.2.2.<br />

5.4 Bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>sions <strong>de</strong> Reynolds<br />

Dans <strong>la</strong> suite, on distingue les cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi adiabatique et celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi isotherme<br />

pour prés<strong>en</strong>ter les comportem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong>s contraintes <strong>de</strong> Reynolds, <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> dissipation et <strong>de</strong><br />

corré<strong>la</strong>tions pression-déformation.<br />

5.4.1 Cas d’une paroi adiabatique<br />

On comm<strong>en</strong>ce l’analyse <strong>de</strong>s termes du bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>sions <strong>de</strong> Reynolds <strong>en</strong> évoquant le cas<br />

d’une paroi adhér<strong>en</strong>te qui considère un flux <strong>de</strong> température nul à <strong>la</strong> paroi. Les résultats issus<br />

<strong>de</strong>s simu<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> Perot & Moin [47] et Bodart [7] sont <strong>de</strong>stinés à vali<strong>de</strong>r les simu<strong>la</strong>tions dans<br />

cette configuration. Nous les intégrerons dans <strong>la</strong> suite afin <strong>de</strong> faciliter leurs comparaisons avec<br />

les résultats obt<strong>en</strong>us avec le co<strong>de</strong> EVEREST. Dans cette configuration, le caractère isovolume<br />

est bi<strong>en</strong> vérifié compte-t<strong>en</strong>u <strong>de</strong> l’abs<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> gradi<strong>en</strong>ts thermiques dans l’écoulem<strong>en</strong>t.<br />

5.4.1.1 Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s <strong>en</strong>sembles corré<strong>la</strong>tions doubles <strong>de</strong> vitesse R ii<br />

Les évolutions <strong>de</strong>s contraintes <strong>de</strong> Reynolds tang<strong>en</strong>tielle R 11 = u 2 et normale R 22 = v 2<br />

après l’insertion <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi à t = τ T 0 sont illustrées respectivem<strong>en</strong>t sur <strong>la</strong> figure 5.22 pour les<br />

différ<strong>en</strong>ts cas étudiés. On y observe une converg<strong>en</strong>ce rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong>s contraintes <strong>de</strong> Reynolds vers<br />

un profil unique lorsqu’elles sont normées par leur valeur à une distance éloignée <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi<br />

(ici y = 1), notées R 11∞ et R 22∞ . Cette converg<strong>en</strong>ce se fait rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t vu qu’elle s’établit dès<br />

t = 2τ T 0 .<br />

Comme pour les travaux <strong>de</strong> Perot et Moin [47], <strong>la</strong> contrainte tang<strong>en</strong>tielle R 11 prés<strong>en</strong>te un<br />

pic <strong>en</strong> proche paroi, dès l’insertion <strong>de</strong> celle-ci (à t/τ T 0 = 1), qui s’explique par l’inhomogénéité<br />

<strong>en</strong>g<strong>en</strong>drée par l’application soudaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> condition d’adhér<strong>en</strong>ce aux champs <strong>de</strong>s vitesses. Ce pic,<br />

dont l’amplitu<strong>de</strong> est d’autant plus gran<strong>de</strong> que le nombre <strong>de</strong> Reynolds est élevé (Fig. 5.22(a))<br />

et que le nombre κ e est faible (Fig. 5.22(b)), est rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t dissipé par effets visqueux. On<br />

s’aperçoit égalem<strong>en</strong>t que <strong>la</strong> p<strong>en</strong>te à l’origine <strong>de</strong> R 11 est fonction du montant énergétique <strong>de</strong><br />

l’écoulem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t et <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s structures porteuses d’énergie.


160 Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal<br />

(a) R 11 (S A i ) (b) R 11 (S B i ) (c) R 11 Perot & Moin [47]<br />

(d) R 22 (Si A ) (e) R 22 (Si B ) (f) R 22 Perot & Moin [47]<br />

EVEREST : traits pleins : t = 5.5, tirets : t = 15, pointillés : t = 30, couleurs : Fig. 5.5<br />

Perot & Moin :<br />

Figure 5.22 – Composantes tang<strong>en</strong>tielles et normales <strong>de</strong>s contraintes <strong>de</strong> Reynolds (paroi Σ q ))<br />

Les profils <strong>de</strong> <strong>la</strong> composante normale R 22 <strong>de</strong>s contraintes <strong>de</strong> Reynolds sont bi<strong>en</strong> différ<strong>en</strong>ts<br />

compte-t<strong>en</strong>u <strong>de</strong> l’équation <strong>de</strong> continuité qui impose ∂v/∂y = 0 à <strong>la</strong> paroi. Les profils <strong>de</strong> R 22<br />

normées par R 22∞ pour les spectres S A i et S B i sont <strong>en</strong> adéquation avec ceux exposés par Perot<br />

& Moin. En effet, pour chaque cas étudié, <strong>la</strong> couche sur <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> contrainte R 22 s’annule augm<strong>en</strong>te<br />

au cours du temps jusqu’à atteindre un équilibre pour les temps longs. Deux phénomènes<br />

sembl<strong>en</strong>t être responsables <strong>de</strong> <strong>la</strong> diminution <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong> cette couche d’« inhomogénéité » :<br />

l’augm<strong>en</strong>tation du nombre <strong>de</strong> Reynolds (Fig. 5.22(d)) et <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> structures énergétiques<br />

plus fines (Fig. 5.22(e)).<br />

5.4.1.2 Bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s équations <strong>de</strong> transport <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>sions <strong>de</strong> Reynolds<br />

Le comportem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s termes ε ii et Π ii décrits par les équations (5.1) est évalué pour les<br />

<strong>de</strong>ux c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> spectres <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong>. Les profils verticaux <strong>de</strong>s moy<strong>en</strong>nes spatio-temporelles <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

figure 5.23 sont adim<strong>en</strong>sionnés par <strong>la</strong> valeur à <strong>la</strong> paroi du taux <strong>de</strong> dissipation turbul<strong>en</strong>te ε 0 qui<br />

s’exprim<strong>en</strong>t <strong>en</strong> fonction <strong>de</strong>s termes ε ii par :<br />

ε 0 = 1 2 (ε 11 + ε 22 + ε 33 ) y=0<br />

(5.9)


Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal 161<br />

Les résultats obt<strong>en</strong>us pour les termes <strong>de</strong> dissipation sont conformes à ceux <strong>de</strong> <strong>la</strong> figure (Fig.<br />

5.24). En effet, les figures 5.23(a) et 5.23(b) indiqu<strong>en</strong>t que <strong>la</strong> composante tang<strong>en</strong>tielle ε 11 <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

dissipation est maximale au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi alors que <strong>la</strong> composante normale y est nulle. Loin<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> blocage (y > 0.2), les composantes normales et tang<strong>en</strong>tielles converg<strong>en</strong>t vers un<br />

profil unique synonyme <strong>de</strong> retour à l’isotropie.<br />

(a) ε ii (S A i ) (b) ε ii (S B i )<br />

traits pleins : ε 11 , tirets : ε 22 , couleurs : cf. Fig. 5.5<br />

(c) Π ii (S A i ) (d) Π ii (S B i )<br />

traits pleins : Π 11 , tirets : Π 22 , couleurs : cf. Fig. 5.5<br />

Figure 5.23 – Termes du bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>sions <strong>de</strong> Reynolds normés par ε 0 (paroi Σ q )<br />

Les évolutions <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> corré<strong>la</strong>tions pression-déformation dans les directions normales<br />

et tang<strong>en</strong>tielles sont représ<strong>en</strong>tées sur les figures 5.23(c) pour les spectres Si<br />

A et 5.23(d) pour les<br />

spectres Si B . Les résultats obt<strong>en</strong>us sont là <strong>en</strong>core simi<strong>la</strong>ires à ceux avancés par Perot & Moin<br />

ainsi que Bodart (Fig. 5.24) dans <strong>la</strong> mesure où ces termes assur<strong>en</strong>t le transfert énergétique intercomposantes.<br />

En effet, <strong>la</strong> composante tang<strong>en</strong>tielle <strong>de</strong> <strong>la</strong> corré<strong>la</strong>tion pression-déformation Π 11<br />

est un terme source du bi<strong>la</strong>n (signe positif) alors que <strong>la</strong> composante normale est un terme puits<br />

(signe négatif). Les bi<strong>la</strong>ns adim<strong>en</strong>sionnés sont très simi<strong>la</strong>ires sur toute <strong>la</strong> gamme <strong>de</strong> nombre <strong>de</strong><br />

Reynolds étudiée (cas Si A ) tandis que <strong>de</strong>s structures turbul<strong>en</strong>tes plus fines augm<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t l’amplitu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> pression-déformation (cas Si B ). Loin <strong>de</strong> <strong>la</strong> surface <strong>de</strong> blocage, on remarque<br />

que les termes Π ii s’annul<strong>en</strong>t quand ils sont rapportés au taux <strong>de</strong> dissipation à <strong>la</strong> paroi ε 0 .<br />

5.4.1.3 Influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> température du flui<strong>de</strong><br />

Dans ce paragraphe, on s’intéresse à <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts initialisés par le spectre turbul<strong>en</strong>t Si<br />

A et<br />

possédant <strong>de</strong>s températures différ<strong>en</strong>tes (cf. 5.3.2.2) <strong>en</strong> configuration <strong>de</strong> parois adiabatiques. En


162 Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal<br />

(a) Perot & Moin : bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong> u 2<br />

(b) Perot & Moin : bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong> w 2<br />

(c) Bodart : bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong> u 2 (d) Bodart : bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong> w 2<br />

traits pleins : Re f = 125, pointillés : Re f = 300, discontinus : Re f = 675<br />

Figure 5.24 – Termes du bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>sions <strong>de</strong> Reynolds normés par ε 0 obt<strong>en</strong>us par [47] et [7]<br />

l’abs<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> gradi<strong>en</strong>ts thermiques à <strong>la</strong> paroi, l’écoulem<strong>en</strong>t conserve son caractère isovolume et les<br />

équations du modèle RSTE sont applicables. Sur les figures 5.25(a) et 5.25(b), les profils obt<strong>en</strong>us<br />

montr<strong>en</strong>t que les corré<strong>la</strong>tions doubles <strong>de</strong>s vitesses R ii = û i u i sont affectées par <strong>la</strong> température T f<br />

du flui<strong>de</strong>. En effet, plus sa valeur est élevée, plus l’amplitu<strong>de</strong> du pic observé pour <strong>la</strong> composante<br />

tang<strong>en</strong>tielle R 11 , dès l’insertion <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi, est gran<strong>de</strong> et plus <strong>la</strong> région sur <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> contrainte<br />

R 22 s’annule diminue.<br />

La température du flui<strong>de</strong> influe plus faiblem<strong>en</strong>t sur les termes du bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>sions <strong>de</strong><br />

Reynolds <strong>en</strong> diminuant les composantes dissipatives ε ii (Fig. 5.25(c)) et <strong>en</strong> augm<strong>en</strong>tant légère-


Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal 163<br />

(a) R 11/R 11 ∞<br />

(b) R 22/R 22 ∞<br />

traits pleins : t = 5.5, tirets : t = 15, pointillés : t = 30, couleurs : cf. Fig. 5.5<br />

(c) ε ii/ε 0 (d) Π ii/ε 0<br />

traits pleins : composante tang<strong>en</strong>tielle, tirets : composante normale, couleurs : cf. Fig. 5.5<br />

Figure 5.25 – Influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> T f sur les termes R ii , ε ii et Π ii (paroi Σ q )<br />

m<strong>en</strong>t l’amplitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s corré<strong>la</strong>tions pression-déformation Π ii (Fig. 5.25(d)) à <strong>la</strong> paroi.<br />

5.4.2 Cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi isotherme<br />

L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’interaction d’un écoulem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t avec une paroi isotherme est plus rare<br />

dans <strong>la</strong> littérature. Ayant validé <strong>la</strong> bonne résolution <strong>de</strong>s termes du bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>sions <strong>de</strong> Reynolds<br />

dans le cas d’une paroi adiabatique grâce aux travaux <strong>de</strong> Perot, Moin et Bodart, nous modifions<br />

uniquem<strong>en</strong>t <strong>la</strong> condition limite à <strong>la</strong> paroi <strong>en</strong> y imposant désormais une température fixe. Dans<br />

un premier temps, on étudie les <strong>en</strong>sembles Si A et Si B pour lesquels <strong>la</strong> paroi et le flui<strong>de</strong> sont<br />

à <strong>la</strong> même température à l’état initial, i.e. T f = T w = 1000 K. Cette température <strong>de</strong> paroi<br />

T w sera <strong>en</strong>suite modifiée pour étudier l’influ<strong>en</strong>ce d’une paroi chau<strong>de</strong> sur les termes du bi<strong>la</strong>n<br />

<strong>de</strong>s t<strong>en</strong>sions <strong>de</strong> Reynolds. Dans ce cas, il s’agira <strong>de</strong> rester pru<strong>de</strong>nt quant à l’interprétation <strong>de</strong>s<br />

résultats considérant le comportem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> <strong>la</strong> masse volumique à <strong>la</strong> paroi.<br />

5.4.2.1 Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s <strong>en</strong>sembles S A i et S B i<br />

On procè<strong>de</strong> ici à l’analyse <strong>de</strong> l’évolution <strong>de</strong>s contraintes <strong>de</strong> Reynolds tang<strong>en</strong>tielles R 11 et<br />

normales R 22 (Fig. 5.26). Les résultats obt<strong>en</strong>us sont simi<strong>la</strong>ires à ceux caractérisés pour <strong>la</strong> paroi<br />

adiabatique révé<strong>la</strong>nt <strong>en</strong>core l’exist<strong>en</strong>ce d’une couche d’« inhomogénéité », dont <strong>la</strong> taille dép<strong>en</strong>d


164 Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal<br />

du nombre <strong>de</strong> Reynolds, ainsi que <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un pic pour les composantes tang<strong>en</strong>tielles lors<br />

<strong>de</strong> l’insertion <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi. La différ<strong>en</strong>ce par rapport à <strong>la</strong> paroi adiabatique est que l’amplitu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> ce pic semble dép<strong>en</strong>dre davantage <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> Re T .<br />

(a) R 11 (S A i ) (b) R 11 (S B i )<br />

(c) R 22 (S A i ) (d) R 22 (S B i )<br />

traits pleins : t = 5.5, tirets : t = 15, pointillés : t = 30, couleurs : cf. Fig. 5.5<br />

Figure 5.26 – Composantes tang<strong>en</strong>tielles et normales <strong>de</strong>s contraintes <strong>de</strong> Reynolds (paroi Σ T )<br />

Pour ce qui est du comportem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s termes ε ii et Π ii décrits par les équations (5.1) pour les<br />

<strong>de</strong>ux c<strong>la</strong>sses <strong>de</strong> spectres étudiées. Les profils verticaux ̂ε ii et ̂Π ii représ<strong>en</strong>tées sur <strong>la</strong> figure 5.27<br />

correspon<strong>de</strong>nt au temps t = 6τ T 0 = 30, ils sont adim<strong>en</strong>sionnés par <strong>la</strong> valeur à <strong>la</strong> paroi du taux<br />

<strong>de</strong> dissipation turbul<strong>en</strong>te ε 0 décrit par <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion 5.9. Pour les premiers, les résultats obt<strong>en</strong>us<br />

sont s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t simi<strong>la</strong>ires à ceux obt<strong>en</strong>us dans le cas <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi adiabatique.<br />

La situation est différ<strong>en</strong>te pour les termes <strong>de</strong> corré<strong>la</strong>tions pression-déformation dans <strong>la</strong> mesure<br />

où les mécanismes <strong>de</strong> transfert énergétique intercomposantes se déroul<strong>en</strong>t à une distance plus<br />

éloignée <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi (Fig. 5.27(c) et 5.27(d)). L’amplitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ces termes <strong>en</strong> situation <strong>de</strong> paroi<br />

isotherme dép<strong>en</strong>d davantage <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur du nombre <strong>de</strong> Reynolds Re T comme l’observèr<strong>en</strong>t<br />

Hallback et Johansson [19].<br />

5.4.2.2 Influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> parois chau<strong>de</strong>s sur l’écoulem<strong>en</strong>t<br />

Après avoir observé l’influ<strong>en</strong>ce du nombre <strong>de</strong> Reynolds <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> et du nombre d’on<strong>de</strong><br />

κ e sur les contraintes <strong>de</strong> Reynolds, les simu<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> parois chau<strong>de</strong>s permett<strong>en</strong>t d’i<strong>de</strong>ntifier<br />

les conséqu<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> gradi<strong>en</strong>ts thermiques aux bords du domaine (cf. 5.3.2.3).<br />

On s’aperçoit sur <strong>la</strong> figure 5.28(a) que le pic observé au temps courts pour <strong>la</strong> composante


Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal 165<br />

(a) ε ii (S A i ) (b) ε ii (S B i )<br />

traits pleins : ε 11 , tirets : ε 22 , couleurs : cf. Fig. 5.5<br />

(c) Spectres Si<br />

A (d) Spectres Si<br />

B<br />

traits pleins : Π 11 , tirets : Π 22 , couleurs : cf. Fig. 5.5<br />

Figure 5.27 – Termes du bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>sions <strong>de</strong> Reynolds normés par ε 0 (paroi Σ T )<br />

tang<strong>en</strong>tielle (t = 5.5) possè<strong>de</strong> une amplitu<strong>de</strong> légèrem<strong>en</strong>t plus gran<strong>de</strong> et se déroule à une distance<br />

plus importante lorsque T w augm<strong>en</strong>te. Pourtant, cet effet est re<strong>la</strong>tivem<strong>en</strong>t négligeable comparé<br />

à <strong>la</strong> modification <strong>de</strong>s profils <strong>de</strong> <strong>la</strong> composante normale ̂v 2 <strong>de</strong>s contraintes <strong>de</strong> Reynolds. Au temps<br />

courts, <strong>la</strong> figure 5.28(b) révèle une augm<strong>en</strong>tation significative <strong>de</strong> ces termes jusqu’à une distance<br />

y = 0.6 pour le cas T w = 4000 K. Pour les temps longs, on note que les parois chau<strong>de</strong>s réduis<strong>en</strong>t<br />

le déséquilibre existant <strong>en</strong>tre les composantes normales et tang<strong>en</strong>tielles <strong>de</strong>s termes R ii <strong>en</strong> proche<br />

paroi. Loin <strong>de</strong> <strong>la</strong> surface <strong>de</strong> blocage, les profils converg<strong>en</strong>t tous vers un profil unique indép<strong>en</strong>dant<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> température T w imposée, synonyme <strong>de</strong> retour à l’isotropie.<br />

Les résultats traitant du bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>sions <strong>de</strong> Reynolds représ<strong>en</strong>tés sur <strong>la</strong> figure 5.29 suggèr<strong>en</strong>t<br />

que <strong>la</strong> température <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi affecte les mécanismes <strong>de</strong> dissipation et <strong>de</strong> corré<strong>la</strong>tion<br />

pression-déformation. En effet, une hausse <strong>de</strong> T w <strong>en</strong>traîne une forte augm<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> <strong>la</strong> composante<br />

normale <strong>de</strong> <strong>la</strong> dissipation <strong>en</strong> proche paroi au détrim<strong>en</strong>t <strong>de</strong> <strong>la</strong> composante tang<strong>en</strong>tielle.<br />

En ce qui concerne les termes Π ii , on s’aperçoit que les parois chau<strong>de</strong>s provoque une inversion<br />

<strong>de</strong>s transferts qui se déroul<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre les composantes tang<strong>en</strong>tielles <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ues <strong>de</strong>s termes puits et<br />

normales <strong>de</strong>v<strong>en</strong>ues <strong>de</strong>s termes sources. L’amplitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s corré<strong>la</strong>tions pression-déformation est<br />

d’autant plus élevée que <strong>la</strong> différ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> températures <strong>en</strong>tre le flui<strong>de</strong> et <strong>la</strong> paroi est gran<strong>de</strong>.<br />

Pourtant, ces résultats sont difficilem<strong>en</strong>t interprétables <strong>en</strong> l’état. En effet, nous avons vu<br />

dans le paragraphe 5.3.2.3 que le caractère isovolume <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>, qui justifie l’application


166 Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal<br />

(a) R 11/R 11 ∞<br />

(b) R 22/R 22 ∞<br />

Figure 5.28 – Influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> T w sur les contraintes <strong>de</strong> Reynolds u i u i<br />

(a) Termes ε ii<br />

(b) Termes Π ii<br />

traits pleins : composante tang<strong>en</strong>tielle, tirets : composante normale<br />

Figure 5.29 – Influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> T w sur les profils ε ii et Π ii normés par ε 0 (paroi Σ T )<br />

du modèle RSTE, n’est a priori pas vérifié <strong>en</strong> proche paroi. Pour confirmer ces suppositions, il<br />

s’agira, dans les étu<strong>de</strong>s futures, d’améliorer les équations (5.1) du modèle RSTE, afin qu’elles<br />

pr<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t <strong>en</strong> compte les fluctuations <strong>de</strong> température ainsi que <strong>la</strong> dissipation thermique associées<br />

à <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> gradi<strong>en</strong>ts thermiques à <strong>la</strong> paroi.<br />

5.4.2.3 Corré<strong>la</strong>tions température-vitesse et pression-vitesse <strong>en</strong> parois chau<strong>de</strong>s<br />

Confrontés aux limites du modèle RSTE vis-à-vis <strong>de</strong> <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> parois chau<strong>de</strong>s, nous<br />

étudions les composantes tang<strong>en</strong>tielles et normales <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> corré<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> fluctuations<br />

température-vitesse et pression-vitesse (Fig. 5.30) afin <strong>de</strong> mieux caractériser les phénomènes se<br />

dérou<strong>la</strong>nt à <strong>la</strong> paroi.<br />

Les profils observés sur <strong>la</strong> figure 5.30 montr<strong>en</strong>t globalem<strong>en</strong>t que les amplitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> ces corré<strong>la</strong>tions<br />

sont d’autant plus gran<strong>de</strong>s que les gradi<strong>en</strong>ts thermiques imposés à <strong>la</strong> paroi sont élevés.<br />

Ils suggèr<strong>en</strong>t aussi que :<br />

̂T ′ u ∝ ̂P ′ u (5.10)<br />

̂T ′ v ∝ ̂P ′ v (5.11)


Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal 167<br />

(a) ˜T u<br />

(b) ˜T v<br />

(c) ˜P u<br />

(d) ˜P v<br />

rouge : T w = 1000 K, vert : T w = 2000 K et bleu : T w = 4000 K<br />

Figure 5.30 – Corré<strong>la</strong>tions <strong>de</strong>s fluctuations température-vitesse et pression-vitesse pour différ<strong>en</strong>tes<br />

parois chau<strong>de</strong>s à t = 30<br />

5.4.3 Interprétations <strong>de</strong>s résultats<br />

5.4.3.1 Positionnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s résultats<br />

L’analyse <strong>de</strong>s corré<strong>la</strong>tions doubles <strong>de</strong> vitesse et <strong>de</strong>s termes ε ii et Π ii du bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>sions<br />

<strong>de</strong> Reynolds a permis <strong>de</strong> confirmer les capacités du co<strong>de</strong> à simuler efficacem<strong>en</strong>t les phénomènes<br />

turbul<strong>en</strong>ts au voisinage d’une surface <strong>de</strong> blocage cinématique. En effet, les résultats obt<strong>en</strong>us<br />

rejoign<strong>en</strong>t ceux établis par Perot & Moin [47] et Bodart [7] dans le cadre d’une paroi adhér<strong>en</strong>te et<br />

adiabatique. L’introduction d’une condition <strong>de</strong> paroi isotherme permet alors d’étudier l’influ<strong>en</strong>ce<br />

<strong>de</strong> gradi<strong>en</strong>ts thermiques sur l’écoulem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t.<br />

5.4.3.2 Effets d’amortissem<strong>en</strong>t re<strong>la</strong>tif à <strong>la</strong> condition d’adhér<strong>en</strong>ce<br />

La condition d’adhér<strong>en</strong>ce imposée par <strong>la</strong> nullité du champ <strong>de</strong>s vitesses à <strong>la</strong> paroi se traduit<br />

par l’occurr<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s mécanismes liés à l’amortissem<strong>en</strong>t et au blocage cinématique avancée par<br />

Hunt et Graham [24]. Lors <strong>de</strong> ces simu<strong>la</strong>tions, nous avons confirmé l’exist<strong>en</strong>ce d’une sous-couche<br />

visqueuse dont <strong>la</strong> taille dép<strong>en</strong>d à <strong>la</strong> fois du nombre <strong>de</strong> Reynolds <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> et du nombre<br />

d’on<strong>de</strong> κ e . L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tes configurations d’écoulem<strong>en</strong>ts obt<strong>en</strong>ues <strong>en</strong> modifiant les caractéristiques<br />

du spectre Passot-Pouquet utilisé a permis d’i<strong>de</strong>ntifier les phénomènes à l’origine du<br />

rétrécissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> cette sous-couche :


168 Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal<br />

– une température initiale du flui<strong>de</strong> plus élevée,<br />

– une dynamique <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t plus gran<strong>de</strong> (i.e. Re T élevé),<br />

– <strong>de</strong>s structures porteuses d’énergie plus petites (i.e. κ e élevé).<br />

Il s’avère que ces phénomènes se traduis<strong>en</strong>t tous par une viscosité plus faible et expliqu<strong>en</strong>t<br />

pourquoi ils <strong>en</strong>traîn<strong>en</strong>t une diminution <strong>de</strong> <strong>la</strong> sous-couche visqueuse.<br />

5.4.4 Transfert énergétique intercomposantes<br />

L’analyse <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> corré<strong>la</strong>tions pression-déformation dans le cadre d’une paroi adiabatique<br />

permet <strong>de</strong> caractériser le transfert énergétique s’opérant <strong>de</strong> <strong>la</strong> composante normale vers<br />

les composantes tang<strong>en</strong>tielles <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t au voisinage <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi. Lorsque ces termes sont<br />

normés par le taux <strong>de</strong> dissipation à <strong>la</strong> surface ε 0 , leur amplitu<strong>de</strong> dép<strong>en</strong>d d’ailleurs très peu du<br />

nombre <strong>de</strong> Reynolds <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t comme l’évoquait déjà Bodart dans son travail.<br />

L’implém<strong>en</strong>tation d’une condition <strong>de</strong> paroi isotherme a permis <strong>de</strong> révéler que les mécanismes<br />

<strong>de</strong> transfert énergétique intercomposantes se déroul<strong>en</strong>t à une distance plus élevée <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

paroi comparés à ceux observés pour <strong>la</strong> paroi adiabatique. L’amplitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s termes est d’ailleurs<br />

davantage dép<strong>en</strong>dant du nombre <strong>de</strong> Reynolds et du nombre d’on<strong>de</strong> κ e .<br />

La prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> gradi<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> températures à <strong>la</strong> paroi bouleverse cette phénoménologie. En<br />

effet, pour les parois chau<strong>de</strong>s, le s<strong>en</strong>s <strong>de</strong>s transferts énergétiques intercomposantes est inversé : le<br />

terme Π 11 <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t un terme puits pour <strong>la</strong> contrainte <strong>de</strong> Reynolds u 2 et Π 33 un terme source pour<br />

v 2 . Aussi, plus les gradi<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> température imposés à <strong>la</strong> paroi sont élevées et plus l’amplitu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s corré<strong>la</strong>tions pression-déformation à <strong>la</strong> paroi est gran<strong>de</strong>. Enfin, <strong>la</strong> s<strong>en</strong>sibilité <strong>de</strong>s termes Π ii<br />

à <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> Re T pour une surface isotherme à T w = 1000 K peut s’expliquer par <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>ce<br />

d’un gradi<strong>en</strong>t <strong>de</strong> température <strong>de</strong> s<strong>en</strong>s opposé à celui r<strong>en</strong>contré pour les parois chau<strong>de</strong>s, l’écoulem<strong>en</strong>t<br />

étant plus chaud que <strong>la</strong> température <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi. Il faut pourtant rester vigi<strong>la</strong>nt quant à<br />

l’interprétation <strong>de</strong> ces résultats car le comportem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> <strong>la</strong> masse volumique dans cette configuration<br />

<strong>la</strong>isse p<strong>en</strong>ser que <strong>la</strong> condition d’incompressibilité, nécessaire pour appliquer les équations<br />

du modèle RSTE, n’est plus vérifiée.<br />

Synthèse du chapitre<br />

L’introduction <strong>de</strong> surfaces <strong>de</strong> blocage au sein d’un écoulem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> THI a nécessité <strong>la</strong> réalisation<br />

d’adaptations <strong>numérique</strong>s du co<strong>de</strong> EVEREST. L’utilisation d’un mail<strong>la</strong>ge très raffiné aux<br />

abords <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi permet <strong>de</strong> garantir les critères <strong>de</strong> résolution <strong>numérique</strong> alors que le confinem<strong>en</strong>t<br />

spatial du forçage spectral, défini dans le chapitre 4, s’avère très efficace pour maint<strong>en</strong>ir<br />

un niveau énergétique constant sans influ<strong>en</strong>ce sur le champ <strong>de</strong> pression. Dès lors, <strong>la</strong> mise <strong>en</strong><br />

p<strong>la</strong>ce d’une batterie <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tions révèle l’influ<strong>en</strong>ce du nombre <strong>de</strong> Reynolds (spectres Si A ), du<br />

nombre d’on<strong>de</strong> κ e (spectres Si B) et <strong>de</strong> <strong>la</strong> condition limite imposée à <strong>la</strong> paroi (adiabatique Σq ou<br />

isotherme Σ T ) sur les phénomènes turbul<strong>en</strong>ts observés <strong>en</strong> proche paroi.<br />

Les résultats obt<strong>en</strong>us suggèr<strong>en</strong>t l’exist<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> plusieurs couches <strong>de</strong> flui<strong>de</strong> dans le domaine <strong>de</strong><br />

simu<strong>la</strong>tion. La première correspond à <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> forçage caractérisée par une activité turbul<strong>en</strong>te<br />

int<strong>en</strong>se, <strong>la</strong> secon<strong>de</strong> est <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> diffusion qui transporte l’agitation turbul<strong>en</strong>te créée jusqu’à <strong>la</strong><br />

paroi et <strong>en</strong>fin <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> blocage marquée par l’occurr<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s phénomènes <strong>de</strong> blocage cinématique<br />

et d’amortissem<strong>en</strong>t (Fig. 5.21). La taille <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière couche n’est pas fixe et dép<strong>en</strong>d<br />

<strong>de</strong> l’agitation turbul<strong>en</strong>te, <strong>de</strong>s échelles caractéristiques <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t ainsi que d’év<strong>en</strong>tuels gradi<strong>en</strong>ts<br />

<strong>de</strong> températures à <strong>la</strong> paroi.


Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal 169<br />

Enfin, l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s contraintes et <strong>de</strong>s termes du bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>sions <strong>de</strong> Reynolds a permis<br />

l’analyse approfondie <strong>de</strong>s mécanismes <strong>de</strong> dissipation et <strong>de</strong> transferts énergétiques aux abords <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> surface <strong>de</strong> blocage. Ainsi, <strong>en</strong> plus <strong>de</strong> retrouver les résultats <strong>de</strong> nos prédécesseurs pour une<br />

paroi adhér<strong>en</strong>te et adiabatique, nous avons établi que le transfert énergétique intercomposantes,<br />

traduit par le comportem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s corré<strong>la</strong>tions pression-déformation, dép<strong>en</strong>d davantage <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

valeur du nombre <strong>de</strong> Reynolds <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> ainsi que du nombre d’on<strong>de</strong> κ e pour <strong>la</strong> paroi<br />

isotherme. Enfin, les simu<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> parois chau<strong>de</strong>s qui caractéris<strong>en</strong>t l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> gradi<strong>en</strong>ts <strong>de</strong><br />

températures à <strong>la</strong> paroi <strong>de</strong>vront faire l’étu<strong>de</strong> d’analyses plus approfondies pour caractériser les<br />

phénomènes liés aux fluctuations <strong>de</strong> température et à <strong>la</strong> dissipation thermique associée.


170 Chapitre 5. Turbul<strong>en</strong>ce <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un blocage pariétal


Chapitre 6<br />

<strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion <strong>en</strong><br />

<strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> confinée<br />

Sommaire<br />

6.1 Prise <strong>en</strong> compte du phénomène d’ab<strong>la</strong>tion . . . . . . . . . . . . . . . 173<br />

6.1.1 Contexte théorique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173<br />

6.1.1.1 État <strong>de</strong> l’art . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173<br />

6.1.1.2 Profils <strong>de</strong> surfaces expérim<strong>en</strong>tales . . . . . . . . . . . . . . . . 173<br />

6.1.1.3 Rappel <strong>de</strong>s résultats acquis par Velghe . . . . . . . . . . . . . 174<br />

6.1.2 Modélisation ret<strong>en</strong>ue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174<br />

6.1.2.1 Réaction <strong>de</strong> sublimation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 174<br />

6.1.2.2 Modèle ret<strong>en</strong>u à <strong>la</strong> paroi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176<br />

6.1.3 Définition <strong>de</strong>s simu<strong>la</strong>tions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177<br />

6.1.3.1 Rappel <strong>de</strong> <strong>la</strong> configuration étudiée . . . . . . . . . . . . . . . . 177<br />

6.1.3.2 États <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177<br />

6.1.3.3 Dim<strong>en</strong>sionnem<strong>en</strong>t et initialisation . . . . . . . . . . . . . . . . 177<br />

6.2 Analyse <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t dans <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> blocage . . . . . . . . . . . 178<br />

6.2.1 Comportem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s paramètres généraux <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t . . . . . . . . . 178<br />

6.2.1.1 Profils <strong>de</strong> k, ε et Re T . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178<br />

6.2.1.2 Échelles caractéristiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> . . . . . . . . . . . . 179<br />

6.2.1.3 Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s champs <strong>de</strong> températures . . . . . . . . . . . . . . . 180<br />

6.2.2 Bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>sions <strong>de</strong> Reynolds . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181<br />

6.2.2.1 Cas <strong>de</strong>s spectres Si A . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181<br />

6.2.2.2 Cas <strong>de</strong>s spectres Si B . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181<br />

6.2.3 Interprétations <strong>de</strong>s résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182<br />

6.2.3.1 État <strong>de</strong> <strong>la</strong> casca<strong>de</strong> énergétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182<br />

6.2.3.2 Effets d’amortissem<strong>en</strong>t et transferts énergétiques . . . . . . . . 182<br />

6.3 Interaction <strong>en</strong>tre l’écoulem<strong>en</strong>t et <strong>la</strong> réaction d’ab<strong>la</strong>tion . . . . . . . 183<br />

6.3.1 Conséqu<strong>en</strong>ces du régime turbul<strong>en</strong>t sur <strong>la</strong> récession . . . . . . . . . . . . 183<br />

6.3.1.1 États <strong>de</strong> surfaces <strong>en</strong> régime <strong>la</strong>minaire et turbul<strong>en</strong>t . . . . . . . 183<br />

6.3.1.2 Vitesse <strong>de</strong> récession . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184<br />

6.3.1.3 Taille <strong>de</strong> rugosité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184<br />

171


172 Chapitre 6. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion <strong>en</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> confinée<br />

6.3.1.4 Diffusion <strong>de</strong> l’espèce C 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185<br />

6.3.2 Caractérisation <strong>de</strong>s états <strong>de</strong> surfaces ab<strong>la</strong>tées . . . . . . . . . . . . . . . 186<br />

6.3.2.1 Influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> l’agitation turbul<strong>en</strong>te . . . . . . . . . . . . . . . . 187<br />

6.3.2.2 Influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s structures énergétiques . . . . . . . . 187<br />

6.3.2.3 Métho<strong>de</strong> d’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> rugosités . . . . . . . . 188<br />

6.3.3 <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un matériau composite idéalisé . . . . . . . 189<br />

6.3.3.1 Conditions <strong>de</strong> paroi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189<br />

6.3.3.2 Visualisation <strong>de</strong>s profils obt<strong>en</strong>us . . . . . . . . . . . . . . . . . 190<br />

6.3.4 Interprétation <strong>de</strong>s résultats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190<br />

6.3.4.1 Influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> sur <strong>la</strong> récession . . . . . . . . . . . . 190<br />

6.3.4.2 Caractérisation <strong>de</strong>s motifs ab<strong>la</strong>tés . . . . . . . . . . . . . . . . 191<br />

Synthèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191<br />

La validation <strong>de</strong>s phénomènes turbul<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> configuration périodique et <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong><br />

paroi <strong>la</strong>isse le champ libre à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion <strong>en</strong> interaction avec un écoulem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t.<br />

Ce chapitre prés<strong>en</strong>te les constatations que nous avons été <strong>en</strong> mesure d’avancer considérant le<br />

temps imparti pour nos recherches. Naturellem<strong>en</strong>t, ce travail est loin d’épuiser le sujet et <strong>de</strong>vra<br />

faire l’objet d’étu<strong>de</strong>s plus poussées. Quoi qu’il <strong>en</strong> soit, les résultats exposés ici permett<strong>en</strong>t malgré<br />

tout d’améliorer <strong>la</strong> compréh<strong>en</strong>sion <strong>de</strong> ces phénomènes.<br />

Dans un premier temps, nous rappelons brièvem<strong>en</strong>t le contexte <strong>de</strong> ce travail <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion<br />

<strong>numérique</strong> <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion. Puis, les paramètres <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> sont analysés pour définir dans<br />

quelle mesure ils sont affectés par <strong>la</strong> réaction <strong>de</strong> sublimation. Nous finirons par exposer et<br />

comm<strong>en</strong>ter les états <strong>de</strong> surface caractérisés grâce aux configurations d’écoulem<strong>en</strong>ts mises <strong>en</strong><br />

p<strong>la</strong>ce.


Chapitre 6. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion <strong>en</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> confinée 173<br />

6.1 Prise <strong>en</strong> compte du phénomène d’ab<strong>la</strong>tion<br />

6.1.1 Contexte théorique<br />

Avant <strong>de</strong> prés<strong>en</strong>ter l’aboutissem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> ces travaux, on rappelle l’état <strong>de</strong> l’art existant à propos<br />

<strong>de</strong> ce sujet ainsi que les résultats établis par Velghe [64]. Ce paragraphe sera aussi l’occasion<br />

d’exposer <strong>de</strong>s profils ab<strong>la</strong>tés expérim<strong>en</strong>taux récemm<strong>en</strong>t dévoilés.<br />

6.1.1.1 État <strong>de</strong> l’art<br />

Pour décrire le processus d’ab<strong>la</strong>tion, <strong>de</strong>ux points <strong>de</strong> vue sont généralem<strong>en</strong>t adoptés : l’un<br />

cib<strong>la</strong>nt le flui<strong>de</strong>, l’autre le matériau. Pour le premier, Kuo & Keswani [27], Chelliah [14] et Milos<br />

& Ch<strong>en</strong> [38] ont m<strong>en</strong>é <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s sur les échanges dans <strong>la</strong> partie flui<strong>de</strong> pour lesquels <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription<br />

du matériau et <strong>de</strong> sa réactivité sont assez sommaires. Pour les seconds, qui se p<strong>la</strong>c<strong>en</strong>t d’un point<br />

<strong>de</strong> vue matériau, <strong>de</strong>s auteurs comme Rodriguez-Mirasol [54], Luo [34] et Han [20] n’offr<strong>en</strong>t pas ou<br />

très peu <strong>de</strong> <strong>de</strong>scription du coup<strong>la</strong>ge dynamique flui<strong>de</strong>/soli<strong>de</strong>. Enfin, <strong>la</strong> monographie <strong>de</strong> Duffa sur<br />

l’ab<strong>la</strong>tion [17] traite <strong>de</strong>s modèles existants pour simuler le phénomène d’ab<strong>la</strong>tion. La formation<br />

<strong>de</strong> rugosités, mise <strong>en</strong> évi<strong>de</strong>nce par <strong>de</strong>s essais expérim<strong>en</strong>taux <strong>en</strong> <strong>la</strong>boratoire (cf. 6.1.1.2), est<br />

couramm<strong>en</strong>t modélisée par <strong>de</strong>s lois <strong>de</strong> paroi, comme pour les travaux <strong>de</strong> Puigt [51].<br />

6.1.1.2 Profils <strong>de</strong> surfaces expérim<strong>en</strong>tales<br />

Récemm<strong>en</strong>t, <strong>de</strong> nouvelles étu<strong>de</strong>s expérim<strong>en</strong>tales ont permis d’i<strong>de</strong>ntifier les conséqu<strong>en</strong>ces d’un<br />

écoulem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t sur le phénomène d’ab<strong>la</strong>tion. Les profils <strong>de</strong> surfaces obt<strong>en</strong>us par Hochreim<br />

& Wright et Powars [49] <strong>de</strong> <strong>la</strong> figure 6.1 sont simi<strong>la</strong>ires à ceux <strong>de</strong> <strong>la</strong> figure 1.11. Ces photographies<br />

sont <strong>de</strong>stinées à vali<strong>de</strong>r les états <strong>de</strong> surface que nous simulerons grâce au co<strong>de</strong> EVEREST.<br />

(a) ATJ-S Graphite recovered from Sandia TATER<br />

flight<br />

(b) ATJ-S Graphite tested in AFFDL 50 MW<br />

arc [49]<br />

Figure 6.1 – Profils <strong>de</strong>ntés observés <strong>en</strong> régime turbul<strong>en</strong>t<br />

Malheureusem<strong>en</strong>t, nonobstant les profils révélés, Powars ne fut pas <strong>en</strong> mesure d’avancer<br />

d’hypothèses tangibles quant aux raisons <strong>de</strong> l’apparition <strong>de</strong> motifs ab<strong>la</strong>tés.


174 Chapitre 6. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion <strong>en</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> confinée<br />

6.1.1.3 Rappel <strong>de</strong>s résultats acquis par Velghe<br />

Les travaux <strong>de</strong> Velghe ont permis <strong>de</strong> mettre <strong>en</strong> évi<strong>de</strong>nce le coup<strong>la</strong>ge fort qui existe <strong>en</strong>tre<br />

l’agitation turbul<strong>en</strong>te et l’état <strong>de</strong> surface d’un matériau ab<strong>la</strong>table. D’abord, il a prouvé <strong>la</strong> capacité<br />

du co<strong>de</strong> à reproduire <strong>numérique</strong>m<strong>en</strong>t <strong>la</strong> récession du matériau <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un écoulem<strong>en</strong>t<br />

<strong>la</strong>minaire. Dans ce cas, <strong>la</strong> surface reste p<strong>la</strong>ne tout au long <strong>de</strong> <strong>la</strong> simu<strong>la</strong>tion. À l’inverse, l’ajout<br />

d’agitation turbul<strong>en</strong>te au sein <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t lui a permis d’i<strong>de</strong>ntifier les conséqu<strong>en</strong>ces <strong>de</strong>s<br />

mouvem<strong>en</strong>ts fluctuants sur les rugosités créées (Fig. 6.2).<br />

(a) Hauteur <strong>de</strong> rugosité<br />

(b) Influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> l’agitation turbul<strong>en</strong>te sur h rugo<br />

Figure 6.2 – Résultats obt<strong>en</strong>us par Velghe [64]<br />

Cep<strong>en</strong>dant, malgré le forçage linéaire mis <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce, <strong>la</strong> dégénéresc<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s structures turbul<strong>en</strong>tes<br />

a empêché d’i<strong>de</strong>ntifier l’influ<strong>en</strong>ce du nombre d’on<strong>de</strong> κ e et par <strong>la</strong> même occasion, d’obt<strong>en</strong>ir<br />

<strong>de</strong>s états rugueux suffisants. En effet, <strong>la</strong> hauteur <strong>de</strong> rugosité h rugo maximale caractérisée est<br />

<strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 1.2 10 −10 m. Cette valeur est trop faible pour m<strong>en</strong>er une interprétation physique<br />

réaliste <strong>de</strong>s résultats. Nous verrons dans ce chapitre que le forçage spectral mis <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce a permis<br />

d’améliorer considérablem<strong>en</strong>t ces résultats.<br />

6.1.2 Modélisation ret<strong>en</strong>ue<br />

Cette section a pour but d’établir un modèle permettant <strong>la</strong> prédiction <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> surface<br />

d’un matériau ab<strong>la</strong>té afin <strong>de</strong> reproduire l’état <strong>de</strong>s surfaces observé lors d’expéri<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> jet<br />

<strong>de</strong> p<strong>la</strong>sma (Fig. 1.11) et <strong>de</strong> Powars (Fig. 6.1). Dans cette optique, le matériau étant composé<br />

uniquem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> carbone soli<strong>de</strong> (noté C (s) ), nous limiterons notre travail à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> réaction<br />

<strong>de</strong> sublimation.<br />

6.1.2.1 Réaction <strong>de</strong> sublimation<br />

Les changem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> phases (soli<strong>de</strong>-gaz et/ou liqui<strong>de</strong>-gaz) sont modélisés par les équations<br />

<strong>de</strong> Knuds<strong>en</strong>-Langmuir. Cette approche cinétique repose sur <strong>la</strong> représ<strong>en</strong>tation du soli<strong>de</strong> par une<br />

espèce gazeuse à sa pression <strong>de</strong> vapeur saturante [58]. Le flux <strong>de</strong> masse pour <strong>la</strong> sublimation est<br />

estimé par <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion suivante :<br />

√<br />

( ) M Cn<br />

ṁ = α n pCn − p Cn (6.1)<br />

2πRT<br />

avec :


Chapitre 6. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion <strong>en</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> confinée 175<br />

p Cn<br />

: <strong>la</strong> pression saturante <strong>en</strong> vapeur <strong>de</strong> C n<br />

α n : le coeffici<strong>en</strong>t d’accommodation <strong>de</strong> l’espèce C n<br />

M Cn : <strong>la</strong> masse mo<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> l’espèce C n<br />

R : <strong>la</strong> constante <strong>de</strong>s gaz parfaits<br />

Le débit <strong>de</strong> masse ṁ sub croît expon<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t avec <strong>la</strong> température <strong>de</strong> paroi. L’espèce majoritaire<br />

est alors C 3 aux pressions élevées (P > 1 bar) et C 1 aux basses pressions. Les espèces<br />

C 4 et C 5 sont formées dans le milieu gazeux par réactions homogènes. Généralem<strong>en</strong>t, les espèces<br />

produites à <strong>la</strong> surface par <strong>la</strong> sublimation sont C 1 , C 2 et C 3 . La figure 6.3 qui représ<strong>en</strong>te les<br />

pressions <strong>de</strong> vapeur saturante <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tes espèces carbonées <strong>en</strong> fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> température,<br />

permet <strong>de</strong> quantifier l’importance <strong>de</strong> <strong>la</strong> production <strong>de</strong> ces espèces.<br />

Figure 6.3 – Pression <strong>de</strong> vapeur saturante pour les espèces C 1 , C 2 et C 3<br />

Dans <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> ce travail, nous simplifierons les réactions <strong>de</strong> sublimation <strong>en</strong> ne considérant<br />

que celle <strong>de</strong> l’espèce C 3 . La pression <strong>de</strong> vapeur saturante est alors estimée par <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion :<br />

p C3<br />

= 2.821 × 10 5 A 3 T n 3<br />

exp (−E 3 /T ) (6.2)<br />

avec A 3 = 4.3 10 15 , n 3 = −1.5 et E 3 = 97597 K.<br />

Les valeurs du coeffici<strong>en</strong>t d’accommodation α n vari<strong>en</strong>t considérablem<strong>en</strong>t et sont généralem<strong>en</strong>t<br />

déterminées <strong>de</strong> façon empirique. Cette détermination étant toujours d’actualité, on évoque <strong>de</strong>ux<br />

métho<strong>de</strong>s communém<strong>en</strong>t utilisées dans ce cas :<br />

1. les valeurs <strong>de</strong> α n sont exprimées <strong>en</strong> fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> température, indép<strong>en</strong>damm<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’espèce<br />

chimique, par <strong>la</strong> loi empirique [17] :<br />

ln(α n ) =<br />

{<br />

−<br />

15860<br />

T<br />

+ 3.112 si T < 4045 K<br />

− 21660<br />

T<br />

+ 4.546 sinon<br />

(6.3)<br />

2. les valeurs <strong>de</strong> α n sont données <strong>de</strong> façon tabulée <strong>en</strong> fonction <strong>de</strong> <strong>la</strong> température et <strong>de</strong> l’espèce<br />

considérée :


176 Chapitre 6. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion <strong>en</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> confinée<br />

Espèce α i (2700 K) α i (2450 K) α i (2500 K)<br />

C 0.24 0.37 0.14-0.23<br />

C 2 0.50 0.34 0.26-0.38<br />

C 3 0.023 0.08 0.03-0.04<br />

Table 6.1 – Coeffici<strong>en</strong>t d’accommodation α n [69]<br />

6.1.2.2 Modèle ret<strong>en</strong>u à <strong>la</strong> paroi<br />

La fraction massique <strong>de</strong> l’espèce α à <strong>la</strong> paroi est déterminée <strong>en</strong> résolvant un bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong> flux <strong>de</strong><br />

masse qui s’écrit sous <strong>la</strong> forme générale :<br />

∂C α<br />

−ρD α<br />

∂y + ρC αv jω = Jα<br />

sub + Jα<br />

oxi + Jα<br />

pyro + Jα<br />

cat + Jα ion<br />

(6.4)<br />

Les termes du premier membre <strong>de</strong> cette équation représ<strong>en</strong>te le flux normal dû à <strong>la</strong> diffusion <strong>de</strong><br />

l’espèce α et à <strong>la</strong> vitesse d’injection v ω . Considérant les remarques faites dans le paragraphe<br />

précé<strong>de</strong>nt, seule <strong>la</strong> réaction surfacique <strong>de</strong> sublimation du carbone C 3 est ret<strong>en</strong>ue. À l’instant<br />

initial, le domaine est composé uniquem<strong>en</strong>t d’un flui<strong>de</strong> composé <strong>de</strong> dioxygène assimilé à <strong>de</strong> l’air<br />

(C AIR = 1). Lorsque <strong>la</strong> paroi est insérée à t = τ T 0 , le démarrage <strong>de</strong> <strong>la</strong> réaction <strong>de</strong> sublimation<br />

décl<strong>en</strong>che le processus d’ab<strong>la</strong>tion et <strong>en</strong>traîne l’injection <strong>de</strong> l’espèce C 3 sous forme gazeuse (notée<br />

C 3(g) ) dans l’écoulem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t.<br />

Le système d’équations résolu à <strong>la</strong> paroi est :<br />

⎧<br />

⎪⎨<br />

⎪⎩<br />

ρD C3<br />

∂C C3<br />

∂y<br />

+ ρC C 3<br />

v ω = J sub<br />

C 3<br />

∂C CAIR<br />

ρD AIR + ρC CAIR v ω = 0<br />

(6.5)<br />

∂y<br />

ρ ω v ω = JC sub<br />

3<br />

Le bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong> flux <strong>de</strong> masse à <strong>la</strong> paroi permet <strong>de</strong> déterminer <strong>la</strong> fraction massique <strong>de</strong>s espèces<br />

chimiques prés<strong>en</strong>tes, ainsi que <strong>la</strong> vitesse d’ab<strong>la</strong>tion à chaque pas <strong>de</strong> temps. En connaissant cette<br />

vitesse <strong>de</strong> recul, <strong>la</strong> récession <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi est évaluée afin <strong>de</strong> pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte <strong>la</strong> déformation du<br />

mail<strong>la</strong>ge pour le calcul <strong>de</strong>s coeffici<strong>en</strong>ts métriques <strong>de</strong> <strong>la</strong> transformation conforme (cf. 3.2.2.4). Le<br />

flux <strong>de</strong> sublimation J sub<br />

C 3<br />

s’exprime alors par :<br />

√<br />

JC sub<br />

( ) M C3<br />

3<br />

= ṁ C3 = α 3 pC3 − p C3<br />

2πRT<br />

La valeur du coeffici<strong>en</strong>t d’accommodation α 3 est fixée à 0.077 pour les simu<strong>la</strong>tions. La vitesse<br />

d’injection <strong>de</strong>s gaz à <strong>la</strong> paroi v ω est elle déterminée par le débit massique <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion ṁ. En<br />

supposant que le flux d’ab<strong>la</strong>tion est uniquem<strong>en</strong>t un flux normal à <strong>la</strong> paroi, on a :<br />

(6.6)<br />

ṁ = J sub<br />

C 3<br />

= ρ ω v ω (6.7)<br />

où ρ ω est <strong>la</strong> masse volumique du matériau constituant le bouclier thermique, ρ s = 2267 kg.m −3 .<br />

À partir du système (6.5), on déduit que <strong>la</strong> vitesse d’ab<strong>la</strong>tion v a est égale à :<br />

v a = ρ ωv ω<br />

ρ s<br />

(6.8)


Chapitre 6. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion <strong>en</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> confinée 177<br />

6.1.3 Définition <strong>de</strong>s simu<strong>la</strong>tions<br />

6.1.3.1 Rappel <strong>de</strong> <strong>la</strong> configuration étudiée<br />

On repr<strong>en</strong>d ici <strong>la</strong> configuration étudiée dans le chapitre précé<strong>de</strong>nt à <strong>la</strong> différ<strong>en</strong>ce que les<br />

parois insérées au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> THI sont le siège <strong>de</strong> réactions chimiques <strong>de</strong> sublimation décrites<br />

par l’équation-bi<strong>la</strong>n 1.7 (Fig. 6.4). Ce<strong>la</strong> signifie que <strong>la</strong> viscosité vérifie <strong>la</strong> loi <strong>de</strong> PANT alors que<br />

les coeffici<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> diffusion ainsi que <strong>la</strong> conduction repos<strong>en</strong>t sur <strong>de</strong>s approximations basées sur<br />

<strong>de</strong>s nombres <strong>de</strong> Lewis et Prandtl constants. La validité <strong>de</strong> ces approximations dans un contexte<br />

ab<strong>la</strong>tif n’est pas abordée dans ce rapport. Finalem<strong>en</strong>t, les mécanismes réactionnels interagiss<strong>en</strong>t<br />

avec l’écoulem<strong>en</strong>t dont <strong>la</strong> température T f est susceptible <strong>de</strong> pr<strong>en</strong>dre différ<strong>en</strong>tes valeurs (3000,<br />

4000 ou 5000 K). Cette paramétrisation est motivée par <strong>la</strong> volonté d’estimer l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

température du flui<strong>de</strong> sur le phénomène d’ab<strong>la</strong>tion.<br />

Figure 6.4 – Configuration adoptée pour l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion<br />

6.1.3.2 États <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce<br />

L’adim<strong>en</strong>sionnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s équations simulées exige <strong>en</strong>core <strong>la</strong> définition <strong>de</strong>s états <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce<br />

(2.24) et dép<strong>en</strong>d fortem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur initiale du flui<strong>de</strong>. On obti<strong>en</strong>t donc un état <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce<br />

propre à chaque température T f <strong>en</strong>visagée (Tab. 6.2).<br />

Lorsque les variables seront exprimées sans unité, il suffira là <strong>en</strong>core <strong>de</strong> multiplier les valeurs<br />

calculées par les paramètres <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce précé<strong>de</strong>nts afin d’obt<strong>en</strong>ir les valeurs physiques réelles.<br />

6.1.3.3 Dim<strong>en</strong>sionnem<strong>en</strong>t et initialisation<br />

Le dim<strong>en</strong>sionnem<strong>en</strong>t du domaine <strong>de</strong> calcul ainsi que <strong>de</strong>s propriétés du mail<strong>la</strong>ge sont scrupuleusem<strong>en</strong>t<br />

i<strong>de</strong>ntiques à ceux donnés dans le paragraphe 5.1.2.2. Les parois adhér<strong>en</strong>tes et isothermes<br />

insérées possè<strong>de</strong>nt une température fixe T w égale à 4000 K.<br />

Pour analyser l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> l’agitation turbul<strong>en</strong>te et du nombre d’on<strong>de</strong> κ e sur les motifs<br />

ab<strong>la</strong>tés, on considère <strong>de</strong> nouveau les spectres turbul<strong>en</strong>ts <strong>de</strong>s <strong>en</strong>sembles Si A et Si B définis dans<br />

les tableaux 5.5 et 5.6. Les analyses portant sur <strong>la</strong> température du flui<strong>de</strong> utilis<strong>en</strong>t quant à elles<br />

le spectre <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce S1<br />

A = S2 B . On résume les différ<strong>en</strong>tes étu<strong>de</strong>s m<strong>en</strong>ées pour caractériser<br />

l’ab<strong>la</strong>tion dans le tableau 6.3.


178 Chapitre 6. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion <strong>en</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> confinée<br />

Variables<br />

Valeurs <strong>de</strong> T f<br />

3000 K 4000 K 5000 K<br />

Unité<br />

Re ac 750 750 750 -<br />

T ref 1200 1600 2000 K<br />

a ref 118.2 136.5 152.6 m.s −1<br />

t ref 9.22 ×10 −6 1.12 ×10 −5 1.33 ×10 −5 s<br />

P ref 1.42 ×10 5 1.42 ×10 5 1.42 ×10 5 P a<br />

ρ ref 0.321 0.241 0.192 kg.m −3<br />

µ ref 5.05 ×10 −5 6.74 ×10 −5 7.88 ×10 −5 P a.s (ou P l)<br />

ν ref 1.57 ×10 −4 2.80 ×10 −4 4.08 ×10 −4 m 2 .s −1<br />

L ref 1.09 ×10 −3 1.53 ×10 −3 2.03 ×10 −3 m<br />

Table 6.2 – Variables <strong>de</strong> référ<strong>en</strong>ce associées<br />

Type <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> Spectres Re T0 κ e T f (<strong>en</strong> K) couleur<br />

S A i : influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> u ′ S A 1 100 6 4000 rouge<br />

S A 2 200 6 4000 vert<br />

S A 3 400 6 4000 bleu<br />

S B i : influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> κ e<br />

S B 1 100 4 4000 cyan<br />

S B 2 100 6 4000 rouge<br />

S B 3 100 8 4000 orange<br />

i : influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> T f S T f<br />

3 100 6 4000 vert<br />

T f<br />

S1 100 6 3000 bleu<br />

S T f<br />

3 100 6 5000 rouge<br />

S T f<br />

Table 6.3 – Définition <strong>de</strong>s <strong>en</strong>sembles <strong>de</strong> spectres étudiés<br />

6.2 Analyse <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t dans <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> blocage<br />

Dans le but d’i<strong>de</strong>ntifier les phénomènes se dérou<strong>la</strong>nt dans <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> blocage, on précise le<br />

comportem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s paramètres turbul<strong>en</strong>ts aux abords immédiats <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi (ici y < 0.5). Dans<br />

cette région du domaine, les trois critères <strong>de</strong> résolution <strong>numérique</strong> imposés ne sont pas modifiés<br />

par <strong>la</strong> récession <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi et sont i<strong>de</strong>ntiques à ceux établis dans le paragraphe 5.2.2. Dès lors,<br />

on étudie les paramètres généraux <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t (k, ε, Re T et T ) et les échelles <strong>de</strong> longueur<br />

(η, λ T et L T ). Puis les termes du bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>sions <strong>de</strong> Reynolds sont évalués. Dans les <strong>de</strong>ux<br />

cas, on s’intéresse aux conséqu<strong>en</strong>ces <strong>de</strong>s choix faits pour définir le spectre <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> et <strong>la</strong><br />

température initiale du flui<strong>de</strong>.<br />

6.2.1 Comportem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s paramètres généraux <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t<br />

6.2.1.1 Profils <strong>de</strong> k, ε et Re T<br />

Les évolutions spatiales <strong>de</strong> l’énergie cinétique turbul<strong>en</strong>te k, du taux <strong>de</strong> dissipation turbul<strong>en</strong>te<br />

ε et du nombre <strong>de</strong> Reynolds Re T , <strong>en</strong>tre les p<strong>la</strong>ns y = 0 et y = 0.5 sont représ<strong>en</strong>tées sur <strong>la</strong> figure<br />

6.5 pour les cas Si A et Si B . On constate bi<strong>en</strong> l’impact <strong>de</strong>s niveaux d’agitation turbul<strong>en</strong>te forcée<br />

(cas <strong>de</strong>s spectres Si A) ainsi que l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s structures porteuses d’énergie (cas SB i )<br />

sur les nombres <strong>de</strong> Reynolds à <strong>la</strong> paroi.


Chapitre 6. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion <strong>en</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> confinée 179<br />

(a) ̂k (b) ̂ε (c) ̂ReT<br />

Figure 6.5 – Profils verticaux <strong>de</strong> k, ε et Re T <strong>en</strong> régime perman<strong>en</strong>t (lég<strong>en</strong><strong>de</strong> : cf. 6.2)<br />

D’un autre côté, l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s spectres S T f<br />

i <strong>de</strong> <strong>la</strong> figure 6.6 révèle qu’une hausse <strong>de</strong> <strong>la</strong> température<br />

du flui<strong>de</strong> augm<strong>en</strong>te à <strong>la</strong> fois les valeurs <strong>de</strong> l’énergie cinétique turbul<strong>en</strong>te, du taux <strong>de</strong><br />

dissipation turbul<strong>en</strong>te et du nombre <strong>de</strong> Reynolds au voisinage <strong>de</strong> <strong>la</strong> surface <strong>de</strong> blocage isotherme.<br />

(a) ̂k (b) ̂ε (c) ̂ReT<br />

Figure 6.6 – Influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> température du flui<strong>de</strong> sur k, ε et Re T <strong>en</strong> régime perman<strong>en</strong>t<br />

6.2.1.2 Échelles caractéristiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong><br />

On étudie maint<strong>en</strong>ant l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s paramètres d’<strong>en</strong>semble sur les échelles caractéristiques<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>. On observe sur <strong>la</strong> figure 6.7 qu’une augm<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> l’agitation turbul<strong>en</strong>te<br />

dans le flui<strong>de</strong> <strong>en</strong>traîne une hausse <strong>de</strong>s structures énergétiques et une réduction <strong>de</strong>s structures<br />

dissipatives <strong>en</strong> proche paroi. Les spectres Si<br />

B permett<strong>en</strong>t quant à eux <strong>de</strong> constater qu’une augm<strong>en</strong>tation<br />

<strong>de</strong> κ e provoque une diminution globale <strong>de</strong>s échelles caractéristiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong><br />

à <strong>la</strong> surface.<br />

Enfin, l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> température du flui<strong>de</strong> sur les comportem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong>s échelles <strong>de</strong> longueurs<br />

aux abords <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi ab<strong>la</strong>table est abordée (Fig. 6.8). Contrairem<strong>en</strong>t aux écoulem<strong>en</strong>ts froids<br />

(T f = 3000 K) qui provoqu<strong>en</strong>t <strong>la</strong> diminution <strong>de</strong>s structures porteuses d’énergies (≃ L T ) et<br />

une augm<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> l’échelle <strong>de</strong> Kolmogorov η (amplifiée par <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>ce d’une paroi chau<strong>de</strong><br />

T w = 4000 K), les écoulem<strong>en</strong>ts chauds (T f = 5000 K) témoign<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s phénomènes inverses et<br />

amplifi<strong>en</strong>t <strong>la</strong> dynamique turbul<strong>en</strong>te à <strong>la</strong> paroi.


180 Chapitre 6. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion <strong>en</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> confinée<br />

(a) ̂η (b) ̂λT (c) ̂LT<br />

Figure 6.7 – Échelles <strong>de</strong> longueur <strong>de</strong>s cas S A i et S B i dans <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> blocage (lég<strong>en</strong><strong>de</strong> : cf. 6.2)<br />

(a) ̂η (b) ̂λT (c) ̂LT<br />

Figure 6.8 – Influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> T f sur les échelles <strong>de</strong> longueur dans <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> blocage<br />

6.2.1.3 Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s champs <strong>de</strong> températures<br />

Pour achever l’analyse <strong>de</strong>s paramètres généraux <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t, les profils <strong>de</strong> températures<br />

sont illustrés pour les <strong>en</strong>sembles Si A, SB i et S T f<br />

i <strong>en</strong> <strong>la</strong> figure 6.9. À température <strong>de</strong> paroi fixée<br />

(a) ̂T (cas S<br />

A<br />

i et S B i ) : lég<strong>en</strong><strong>de</strong> cf. 6.2 (b) ̂T (cas S<br />

T f<br />

i<br />

)<br />

Figure 6.9 – Profils <strong>de</strong> température à <strong>la</strong> paroi <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>ts <strong>en</strong>sembles d’écoulem<strong>en</strong>ts étudiés<br />

(T w = 4000 K), les résultats confirm<strong>en</strong>t l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> l’agitation turbul<strong>en</strong>te sur le réchauffem<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t étant donné que les profils observés sont supérieurs à <strong>la</strong> valeur initiale <strong>de</strong> <strong>la</strong>


Chapitre 6. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion <strong>en</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> confinée 181<br />

température. À cet égard, le spectre S T f<br />

3 , correspondant à un écoulem<strong>en</strong>t pour lequel T f =<br />

5000 K, ne semble pas satisfaisant vu que l’agitation turbul<strong>en</strong>te ne cause pas d’augm<strong>en</strong>tation<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> chaleur moy<strong>en</strong>ne dans le flui<strong>de</strong>.<br />

6.2.2 Bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>sions <strong>de</strong> Reynolds<br />

On approfondit l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t à <strong>la</strong> paroi <strong>en</strong> analysant le comportem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s termes<br />

du bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>sions <strong>de</strong> Reynolds : les termes dissipatifs ε ii traduisant les effets d’amortissem<strong>en</strong>t<br />

et les corré<strong>la</strong>tions pression-déformation Π ii qui caractéris<strong>en</strong>t les mécanismes <strong>de</strong> transferts<br />

énergétiques inter-composantes.<br />

6.2.2.1 Cas <strong>de</strong>s spectres S A i<br />

D’abord, les conséqu<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> <strong>la</strong> condition <strong>de</strong> surface et <strong>de</strong> <strong>la</strong> hausse <strong>de</strong> <strong>la</strong> température du<br />

flui<strong>de</strong> sur l’évolution <strong>de</strong>s termes ε ii et Π ii sont évaluées à l’intérieur <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> blocage pour<br />

les cas S A i (Fig. 6.10).<br />

(a) ε ii (cas S A i ) (b) Π ii (cas S A i )<br />

Figure 6.10 – Termes du bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>sions <strong>de</strong> Reynolds normés par ε 0 <strong>de</strong>s cas Si<br />

A<br />

6.2)<br />

(lég<strong>en</strong><strong>de</strong> cf.<br />

Pour les premiers, l’élévation du montant énergétique <strong>en</strong>traîne une augm<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> <strong>la</strong> dissipation<br />

à <strong>la</strong> paroi et une diminution <strong>de</strong> <strong>la</strong> sous-couche visqueuse. Ces conclusions étant simi<strong>la</strong>ires à<br />

celles du chapitre précé<strong>de</strong>nt, il semble que <strong>la</strong> réaction d’ab<strong>la</strong>tion et <strong>la</strong> hausse <strong>de</strong> T f ne perturb<strong>en</strong>t<br />

pas outre mesure les termes <strong>de</strong> dissipation. Le comportem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s seconds est lui différ<strong>en</strong>t si l’on<br />

s’appuie sur les résultats obt<strong>en</strong>us <strong>en</strong> <strong>la</strong> figure 5.27. En effet dans <strong>la</strong> configuration actuelle, l’amplitu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s termes Π ii normée par ε 0 est maximale pour le cas S1<br />

A et diminue lorsque l’agitation<br />

turbul<strong>en</strong>te augm<strong>en</strong>te.<br />

6.2.2.2 Cas <strong>de</strong>s spectres S B i<br />

En ce qui concerne les spectres Si B , les termes <strong>de</strong> dissipation sont à peu près équival<strong>en</strong>ts<br />

même si l’on note que l’augm<strong>en</strong>tation rapi<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> dissipation à <strong>la</strong> surface <strong>de</strong> blocage se déroule<br />

sur une distance plus courte lorsque κ e est grand.<br />

Ce phénomène se retrouve dans le comportem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s corré<strong>la</strong>tions pression-déformation étant<br />

donné que l’action <strong>de</strong>s mécanismes <strong>de</strong> transferts énergétiques intercomposantes s’effectue à une


182 Chapitre 6. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion <strong>en</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> confinée<br />

(a) ε ii<br />

(b) Π ii<br />

Figure 6.11 – Termes du bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>sions <strong>de</strong> Reynolds normés par ε 0 <strong>de</strong>s cas Si<br />

B<br />

6.2)<br />

(lég<strong>en</strong><strong>de</strong> cf.<br />

distance d’autant plus proche <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi que le nombre κ e est grand (i.e. les structures porteuses<br />

d’énergie sont petites). En revanche, l’amplitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s termes Π ii ne dép<strong>en</strong>d pas <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong><br />

κ e . Ces conclusions sont différ<strong>en</strong>tes <strong>de</strong> celles avancées dans le cadre d’une paroi inerte.<br />

6.2.3 Interprétations <strong>de</strong>s résultats<br />

6.2.3.1 État <strong>de</strong> <strong>la</strong> casca<strong>de</strong> énergétique<br />

L’analyse <strong>de</strong>s profils <strong>de</strong> k, ε et Re T ainsi que <strong>de</strong>s échelles <strong>de</strong> longueur dans <strong>la</strong> couche <strong>de</strong><br />

blocage, est nécessaire afin d’estimer l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s réactions d’ab<strong>la</strong>tion simulées. En ce qui concerne<br />

les <strong>en</strong>sembles <strong>de</strong> spectres Si<br />

A et Si B , les comportem<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> ces paramètres sont i<strong>de</strong>ntiques à<br />

ceux prés<strong>en</strong>tés dans le chapitre précé<strong>de</strong>nt. Ainsi, les remarques faites dans le paragraphe 5.3.3.1<br />

sur l’état <strong>de</strong> <strong>la</strong> casca<strong>de</strong> énergétique s’appliqu<strong>en</strong>t aussi au cas <strong>de</strong> parois ab<strong>la</strong>tables.<br />

Par ailleurs, on constate les effets <strong>de</strong> variation <strong>de</strong> <strong>la</strong> température du flui<strong>de</strong> sur le comportem<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong>s paramètres turbul<strong>en</strong>ts à <strong>la</strong> paroi. Celle-ci étant à température fixe <strong>de</strong> 4000 K, <strong>de</strong>s<br />

gradi<strong>en</strong>ts thermiques exist<strong>en</strong>t aux niveaux <strong>de</strong>s surfaces <strong>de</strong> blocage. De manière générale, les<br />

écoulem<strong>en</strong>ts chauds amplifi<strong>en</strong>t <strong>la</strong> dynamique <strong>de</strong> <strong>la</strong> casca<strong>de</strong> énergétique <strong>en</strong> augm<strong>en</strong>tant d’une<br />

part les structures porteuses d’énergie, et <strong>en</strong> diminuant d’autre part les échelles dissipatives.<br />

Ce<strong>la</strong> s’explique par <strong>la</strong> diminution <strong>de</strong> <strong>la</strong> viscosité du flui<strong>de</strong> qui est peu affectée par <strong>la</strong> diffusion<br />

<strong>de</strong> l’espèce C 3 lors <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion.<br />

6.2.3.2 Effets d’amortissem<strong>en</strong>t et transferts énergétiques<br />

Dans ce chapitre, les résultats concernant le bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>sions <strong>de</strong> Reynolds pour les écoulem<strong>en</strong>ts<br />

chauds <strong>en</strong> interaction avec une paroi ab<strong>la</strong>table, montr<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>ces notables avec le<br />

cas d’une paroi inerte (sans ab<strong>la</strong>tion) vu précé<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t (on rappelle que T f était égale à 1000 K).<br />

L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s spectres caractérisant l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> l’agitation turbul<strong>en</strong>te montre que l’amplitu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>s termes Π ii diminue lorsque Re T grandit. Cette t<strong>en</strong>dance est différ<strong>en</strong>te <strong>de</strong> celle déterminée<br />

dans le chapitre précé<strong>de</strong>nt. Elle semble prov<strong>en</strong>ir <strong>de</strong> l’élévation <strong>de</strong> <strong>la</strong> température <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t<br />

qui amplifie les écarts existants <strong>en</strong>tre les taux <strong>de</strong> dissipation turbul<strong>en</strong>te à <strong>la</strong> paroi <strong>de</strong>s<br />

spectres S A i . Les amplitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s profils normés <strong>de</strong> Π ii sont alors plus faibles lorsque l’agitation


Chapitre 6. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion <strong>en</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> confinée 183<br />

turbul<strong>en</strong>te augm<strong>en</strong>te. Finalem<strong>en</strong>t, on peut avancer l’idée que <strong>de</strong>s températures élevées du flui<strong>de</strong><br />

favoris<strong>en</strong>t les effets d’amortissem<strong>en</strong>t au détrim<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s mécanismes <strong>de</strong> transferts énergétiques<br />

inter-composantes.<br />

On observe les mêmes phénomènes pour les spectres Si<br />

B mis à part que les amplitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s<br />

profils normés sont dans ce cas équival<strong>en</strong>tes. Là <strong>en</strong>core, il semble que les effets d’amortissem<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong>vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t prépondérants par rapport aux mécanismes <strong>de</strong> transferts énergétiques intercomposantes.<br />

6.3 Interaction <strong>en</strong>tre l’écoulem<strong>en</strong>t et <strong>la</strong> réaction d’ab<strong>la</strong>tion<br />

6.3.1 Conséqu<strong>en</strong>ces du régime turbul<strong>en</strong>t sur <strong>la</strong> récession<br />

Dans ce paragraphe, on établit l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> variations <strong>de</strong> paramètres turbul<strong>en</strong>ts sur <strong>la</strong><br />

manière dont <strong>la</strong> paroi s’ab<strong>la</strong>te.<br />

6.3.1.1 États <strong>de</strong> surfaces <strong>en</strong> régime <strong>la</strong>minaire et turbul<strong>en</strong>t<br />

Dans un premier temps, on vérifie que l’écoulem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t provoque bi<strong>en</strong> l’apparition <strong>de</strong><br />

rugosités à <strong>la</strong> différ<strong>en</strong>ce du régime <strong>la</strong>minaire pour lequel <strong>la</strong> paroi recule <strong>de</strong> manière uniforme.<br />

La figure 6.12, sur <strong>la</strong>quelle on compare les états <strong>de</strong> surfaces obt<strong>en</strong>us <strong>en</strong> fin <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion pour<br />

les <strong>de</strong>ux régimes d’écoulem<strong>en</strong>ts, prouve que cette propriété est correctem<strong>en</strong>t simulée par le co<strong>de</strong><br />

EVEREST.<br />

(a) Régime <strong>la</strong>minaire<br />

(b) Régime turbul<strong>en</strong>t<br />

Figure 6.12 – Comparaison <strong>de</strong>s états <strong>de</strong> surface initaux (rouge) et finaux (bleu) <strong>en</strong> régime<br />

<strong>la</strong>minaire et turbul<strong>en</strong>t


184 Chapitre 6. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion <strong>en</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> confinée<br />

6.3.1.2 Vitesse <strong>de</strong> récession<br />

Tout au long <strong>de</strong> <strong>la</strong> simu<strong>la</strong>tion, on assiste à un recul progressif <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi <strong>en</strong> raison <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

réaction d’ab<strong>la</strong>tion qui y consume le carbone. En notant y min l’altitu<strong>de</strong> moy<strong>en</strong>ne <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi, <strong>la</strong><br />

vitesse <strong>de</strong> récession s’exprime alors par <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion :<br />

v w = | y min<br />

| (6.9)<br />

t<br />

Les valeurs <strong>de</strong> v w pour les cas S A i , SB i<br />

et S T f<br />

i<br />

sont représ<strong>en</strong>tées sur <strong>la</strong> figure 6.13. Cette figure<br />

(a) v w (cas S A i ) (b) v w (cas S B i ) (c) v w (cas S T f<br />

i<br />

)<br />

Figure 6.13 – Vitesse <strong>de</strong> récession<br />

montre qu’une augm<strong>en</strong>tation du montant énergétique <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t <strong>en</strong>traîne <strong>de</strong>s vitesses <strong>de</strong><br />

récession plus importantes. D’un autre côté, on s’aperçoit que <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s structures turbul<strong>en</strong>tes<br />

porteuses d’énergie n’a aucune influ<strong>en</strong>ce sur l’évolution <strong>de</strong> v w . En revanche, <strong>la</strong> température<br />

du flui<strong>de</strong> T f joue un rôle ess<strong>en</strong>tiel quant à <strong>la</strong> dynamique réactionnelle <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t : plus<br />

l’écoulem<strong>en</strong>t est chaud et plus <strong>la</strong> paroi est ab<strong>la</strong>tée rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t.<br />

6.3.1.3 Taille <strong>de</strong> rugosité<br />

La taille <strong>de</strong> <strong>la</strong> rugosité est égalem<strong>en</strong>t un élém<strong>en</strong>t dim<strong>en</strong>sionnant les modifications apportées<br />

à <strong>la</strong> surface lors <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion. Le manque <strong>de</strong> réalisme physique <strong>de</strong>s simu<strong>la</strong>tions physiques <strong>de</strong><br />

Velghe n’a pas permis d’obt<strong>en</strong>ir <strong>de</strong>s tailles <strong>de</strong> rugosités suffisantes (≃ 10 −10 m). En pratique,<br />

cette hauteur <strong>de</strong> rugosité correspond à <strong>la</strong> distance maximale observée <strong>en</strong>tre un pic et une vallée<br />

(Fig. 6.14).<br />

Les résultats obt<strong>en</strong>us concernant l’évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> hauteur <strong>de</strong> rugosité pour les spectres <strong>de</strong>s<br />

<strong>en</strong>sembles Si A, SB i et S T f<br />

i sont visibles sur <strong>la</strong> figure 6.15. Ces <strong>en</strong>sembles permett<strong>en</strong>t d’analyser<br />

l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> u ′ , <strong>de</strong> κ e et <strong>de</strong> T f sur l’évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> hauteur <strong>de</strong> rugosité. Les valeurs atteintes par<br />

h rugo <strong>en</strong> fin <strong>de</strong> calcul, <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 10 −8 m, r<strong>en</strong><strong>de</strong>nt compte <strong>de</strong>s progrès faits dans le mainti<strong>en</strong><br />

d’un état turbul<strong>en</strong>t au sein du domaine <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion. Sinon, les différ<strong>en</strong>tes évolutions révèl<strong>en</strong>t<br />

que :<br />

– <strong>de</strong>s montants énergétiques importants <strong>en</strong>traîn<strong>en</strong>t l’augm<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s rugosités<br />

<strong>de</strong>s parois ab<strong>la</strong>tables (cas <strong>de</strong>s spectres S A i ),<br />

– malgré le faible impact du choix <strong>de</strong> κ e sur <strong>la</strong> hauteur <strong>de</strong> rugosité, on remarque que plus <strong>la</strong><br />

taille <strong>de</strong>s structures porteuses d’énergie est gran<strong>de</strong> et plus les rugosités sont développées<br />

(cas <strong>de</strong>s spectres S B i ),


Chapitre 6. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion <strong>en</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> confinée 185<br />

Figure 6.14 – Définition <strong>de</strong> h rugo<br />

(a) h rugo (cas S A i ) (b) h rugo (cas S B i ) (c) h rugo (cas S T f<br />

i<br />

)<br />

Figure 6.15 – Hauteur <strong>de</strong> rugosité h rugo (lég<strong>en</strong><strong>de</strong> : cf. 6.2)<br />

– les hauteurs <strong>de</strong> rugosités caractérisées sont d’autant plus élevées que <strong>la</strong> température T f <strong>de</strong><br />

l’écoulem<strong>en</strong>t est gran<strong>de</strong> (cas <strong>de</strong>s spectres S T f<br />

i ).<br />

Même si les résultats concernant les hauteurs <strong>de</strong> rugosité sont meilleurs que ceux obt<strong>en</strong>us par<br />

Velghe, les valeurs <strong>de</strong> h rugo <strong>de</strong>meur<strong>en</strong>t <strong>en</strong>core faibles par rapport à celles caractérisées lors <strong>de</strong>s<br />

expéri<strong>en</strong>ces (Fig. 6.1) qui sont <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 10 −6 m. Cep<strong>en</strong>dant, l’allure <strong>de</strong>s évolutions illustrées<br />

<strong>en</strong> <strong>la</strong> figure 6.15 suggère qu’il suffirait d’augm<strong>en</strong>ter le temps <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion pour obt<strong>en</strong>ir <strong>de</strong>s<br />

valeurs <strong>de</strong> h rugo plus significatives.<br />

6.3.1.4 Diffusion <strong>de</strong> l’espèce C 3<br />

La réaction <strong>de</strong> sublimation considérée à <strong>la</strong> paroi <strong>en</strong>traîne <strong>la</strong> création et <strong>la</strong> diffusion <strong>de</strong> l’espèce<br />

C 3 au sein du domaine <strong>de</strong> calcul. Alors que cette diffusion se fait uniformém<strong>en</strong>t dans le cas<br />

d’un écoulem<strong>en</strong>t <strong>la</strong>minaire, les visualisations <strong>de</strong> <strong>la</strong> figure 6.16 montr<strong>en</strong>t que le régime turbul<strong>en</strong>t<br />

perturbe <strong>la</strong> répartition <strong>de</strong> <strong>la</strong> fraction massique <strong>de</strong> C 3 aux abords <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi.<br />

Ce<strong>la</strong> dit, ces représ<strong>en</strong>tations ne sont pas suffisantes pour évaluer l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s propriétés<br />

turbul<strong>en</strong>tes re<strong>la</strong>tives à chaque cas étudiés. C’est <strong>la</strong> raison pour <strong>la</strong>quelle on trace sur <strong>la</strong> figure<br />

6.17, l’évolution à <strong>la</strong> paroi <strong>de</strong>s moy<strong>en</strong>nes <strong>de</strong> C C3 et C CAIR . On constate que <strong>la</strong> diffusion <strong>de</strong><br />

l’espèce C 3 s’effectue sur une distance d’autant plus courte que le montant énergétique est élevé.<br />

Ce phénomène est aussi observé lorsque <strong>la</strong> température <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t augm<strong>en</strong>te comme <strong>en</strong><br />

attest<strong>en</strong>t les résultats <strong>de</strong>s cas S T f<br />

i . Enfin, il faut noter que le choix du nombre d’on<strong>de</strong> κ e n’a<br />

aucune influ<strong>en</strong>ce sur l’injection <strong>de</strong> C 3 dans le domaine <strong>de</strong> calcul.


186 Chapitre 6. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion <strong>en</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> confinée<br />

(a) S A 1 (b) S B 1<br />

(c) S A 2 (d) S B 2<br />

(e) S A 3 (f) S B 3<br />

Figure 6.16 – Visualisation <strong>en</strong> coup<strong>de</strong> 2D <strong>de</strong> <strong>la</strong> diffusion <strong>de</strong> C C3 <strong>en</strong> proche paroi<br />

(a) Ĉ C3 (cas S A i ) (b) Ĉ C3 (cas S B i ) (c) Ĉ C3 (cas S T f<br />

i<br />

)<br />

Figure 6.17 – Moy<strong>en</strong>nes par p<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s fractions massiques <strong>de</strong> l’air et <strong>de</strong> C 3 au sein du flui<strong>de</strong><br />

6.3.2 Caractérisation <strong>de</strong>s états <strong>de</strong> surfaces ab<strong>la</strong>tées<br />

On expose maint<strong>en</strong>ant les différ<strong>en</strong>ts états <strong>de</strong> surface obt<strong>en</strong>us à l’issue <strong>de</strong> nos simu<strong>la</strong>tions <strong>en</strong><br />

distinguant les cas <strong>de</strong>s spectres S A i et S B i .


Chapitre 6. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion <strong>en</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> confinée 187<br />

6.3.2.1 Influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> l’agitation turbul<strong>en</strong>te<br />

Afin d’évaluer les conséqu<strong>en</strong>ces d’une augm<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> l’énergie cinétique turbul<strong>en</strong>te sur les<br />

motifs ab<strong>la</strong>tés observés, on représ<strong>en</strong>te sur <strong>la</strong> figure 6.18 les états <strong>de</strong> surfaces correspondant aux<br />

spectres Si<br />

A à t = 30. Alors que h rugo est augm<strong>en</strong>tée <strong>en</strong> même temps que u ′ , <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong><br />

rugosités semble être indép<strong>en</strong>dante <strong>de</strong> l’agitation turbul<strong>en</strong>te forcée.<br />

(a) S A 1 = S B 2 : Re f = 220<br />

(b) S A 2 : Re f = 330<br />

(c) S A 3 : Re f = 380<br />

Figure 6.18 – États <strong>de</strong> surface obt<strong>en</strong>us <strong>en</strong> fin <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion pour les spectres S A i<br />

6.3.2.2 Influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s structures énergétiques<br />

La mise <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s cas étudiant l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s structures porteuses d’énergie<br />

est justifiée compte-t<strong>en</strong>u <strong>de</strong>s états <strong>de</strong> surfaces illustrés sur <strong>la</strong> figure 6.19 selon le choix fait pour


188 Chapitre 6. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion <strong>en</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> confinée<br />

κ e . Il est c<strong>la</strong>ir que les parois sont d’autant plus rugueuses que les structures turbul<strong>en</strong>tes sont<br />

petites.<br />

(a) S B 1 : κ e = 4<br />

(b) S B 2 : κ e = 6<br />

(c) S B 3 : κ e = 8<br />

Figure 6.19 – États <strong>de</strong> surface obt<strong>en</strong>us <strong>en</strong> fin <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion pour les spectres S B i<br />

6.3.2.3 Métho<strong>de</strong> d’évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> rugosités<br />

L’influ<strong>en</strong>ce du choix du nombre d’on<strong>de</strong> κ e sur les motifs ab<strong>la</strong>tés constatée sur <strong>la</strong> figure 6.19<br />

nous a incitée à caractériser <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> rugosité. Pour l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s échantillons simulés <strong>de</strong>s<br />

cas S B i , l’idée est d’estimer le nombre <strong>de</strong> pics caractéristiques re<strong>la</strong>tifs à chaque choix <strong>de</strong> κ e. Pour


Chapitre 6. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion <strong>en</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> confinée 189<br />

ce<strong>la</strong>, on fixe l’altitu<strong>de</strong> à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle un pic sera comptabilisé. Notée y ⋆ , cette distance<br />

correspond à :<br />

y ⋆ = y max − 1 10 |y max − y min | (6.10)<br />

Pour se faire une meilleure idée, on précise sur <strong>la</strong> figure 6.20 comm<strong>en</strong>t nous sélectionnons les<br />

pics caractéristiques <strong>en</strong> fonction <strong>de</strong> l’altitu<strong>de</strong> y ⋆ .<br />

Figure 6.20 – Critère <strong>de</strong> sélection <strong>de</strong>s pics caractéristiques<br />

L’i<strong>de</strong>ntification du nombre <strong>de</strong> pics caractéristiques est toutefois délicate considérant l’aspect<br />

aléatoire <strong>de</strong> l’agitation turbul<strong>en</strong>te et le faible nombre d’échantillons disponibles (20 par <strong>en</strong>semble).<br />

Les résultats obt<strong>en</strong>us pour les cas Si<br />

B traduis<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> l’augm<strong>en</strong>tation du nombre <strong>de</strong> pics<br />

caractéristiques lorsque κ e grandit (Fig. 6.21). On i<strong>de</strong>ntifie ainsi 8 pics pour le cas S1<br />

B et 14 pics<br />

pour le cas S B 2 . (a) S B 1 : κ e = 4 (b) S B 2 : κ e = 6<br />

Figure 6.21 – Répartition <strong>de</strong>s pics caractéristiques<br />

6.3.3 <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un matériau composite idéalisé<br />

6.3.3.1 Conditions <strong>de</strong> paroi<br />

Les boucliers thermiques <strong>de</strong>s son<strong>de</strong>s spatiales étant composés <strong>de</strong> matériaux composites, nous<br />

avons imaginé une condition <strong>de</strong> paroi particulière pour <strong>la</strong>quelle on distingue <strong>de</strong>s zones à masses


190 Chapitre 6. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion <strong>en</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> confinée<br />

volumiques élevées (fibres) au sein d’une zone à faible <strong>de</strong>nsité (matrice). La répartition <strong>de</strong>s fibres<br />

à l’intérieur <strong>de</strong> <strong>la</strong> matrice est illustrée sur <strong>la</strong> figure 6.22. Les masses volumiques considérées sont<br />

<strong>de</strong> 1350 kg.m −3 pour <strong>la</strong> matrice et <strong>de</strong> 1780 kg.m −3 pour les fibres.<br />

Figure 6.22 – Schématisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> condition <strong>de</strong> surface simu<strong>la</strong>nt <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un matériau<br />

composite<br />

6.3.3.2 Visualisation <strong>de</strong>s profils obt<strong>en</strong>us<br />

Les états <strong>de</strong> surfaces caractérisés <strong>en</strong> régime <strong>la</strong>minaire et turbul<strong>en</strong>t sont représ<strong>en</strong>tés <strong>en</strong> <strong>la</strong><br />

figure 6.23. Pour le cas du régime <strong>la</strong>minaire, on constate que le recul normalem<strong>en</strong>t uniforme<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi est modifié aux niveaux <strong>de</strong>s fibres qui s’ab<strong>la</strong>t<strong>en</strong>t moins rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t. Dans le cas du<br />

régime turbul<strong>en</strong>t, les rugosités <strong>en</strong>g<strong>en</strong>drées par l’agitation turbul<strong>en</strong>te sont telles qu’il est difficile<br />

<strong>de</strong> distinguer les fibres <strong>de</strong> <strong>la</strong> matrice comme c’est le cas <strong>en</strong> régime <strong>la</strong>minaire.<br />

(a) Régime <strong>la</strong>minaire (b) Régime turbul<strong>en</strong>t (cas S A 1 )<br />

Figure 6.23 – États <strong>de</strong> surface simulés d’un échantillon <strong>de</strong> matériau composite<br />

6.3.4 Interprétation <strong>de</strong>s résultats<br />

6.3.4.1 Influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> sur <strong>la</strong> récession<br />

L’aspect ess<strong>en</strong>tiel confirmé par nos simu<strong>la</strong>tions est que le régime turbul<strong>en</strong>t provoque l’apparition<br />

d’une rugosité spécifique qui est inexistante dans le cas <strong>la</strong>minaire. Ce phénomène traduit<br />

le rôle majeur <strong>de</strong> l’agitation turbul<strong>en</strong>te sur <strong>la</strong> récession <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi. Ainsi, l’analyse <strong>de</strong>s spectres


Chapitre 6. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion <strong>en</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> confinée 191<br />

étudiant l’influ<strong>en</strong>ce du montant énergétique (cas Si A ) permet d’affirmer que le recul <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi,<br />

<strong>la</strong> hauteur <strong>de</strong>s rugosités et <strong>la</strong> vitesse d’injection <strong>de</strong> l’espèce C 3 sont d’autant plus importants<br />

que l’agitation turbul<strong>en</strong>te initiale u ′ est élevée. Cette dép<strong>en</strong>dance est liée aux propriétés <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> qui favorise les échanges <strong>de</strong> masse et <strong>de</strong> chaleur. Nos résultats sont différ<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> ceux<br />

obt<strong>en</strong>us par Velghe dans <strong>la</strong> mesure où ce <strong>de</strong>rnier affirmait que <strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong> récession du matériau<br />

ne dép<strong>en</strong>dait pas <strong>de</strong> l’int<strong>en</strong>sité <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>. Cette diverg<strong>en</strong>ce d’analyse trouve sûrem<strong>en</strong>t son<br />

origine dans les améliorations faites au cours <strong>de</strong> ce travail pour <strong>en</strong>tret<strong>en</strong>ir un état stationnaire<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>.<br />

La situation est simi<strong>la</strong>ire pour ce qui est <strong>de</strong> l’influ<strong>en</strong>ce du nombre d’on<strong>de</strong> κ e car au-<strong>de</strong>là<br />

d’un certain temps, les profils obt<strong>en</strong>us par Velghe étai<strong>en</strong>t simi<strong>la</strong>ires malgré <strong>de</strong>s valeurs <strong>de</strong> κ e<br />

différ<strong>en</strong>tes. En l’occurr<strong>en</strong>ce, même si le choix du nombre d’on<strong>de</strong> κ e ne modifie ni <strong>la</strong> vitesse<br />

récession <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi, ni <strong>la</strong> diffusion <strong>de</strong> C 3 , il semble néanmoins dim<strong>en</strong>sionner <strong>la</strong> forme <strong>de</strong>s<br />

rugosités créées.<br />

La comparaison d’écoulem<strong>en</strong>ts initialisés avec le même spectre, mais à <strong>de</strong>s températures <strong>de</strong><br />

flui<strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tes, atteste du rôle prépondérant <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> T f sur l’évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> surface.<br />

En effet, plus T f est élevée, plus <strong>la</strong> récession <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi, <strong>la</strong> hauteur <strong>de</strong> rugosité et l’injection <strong>de</strong><br />

l’espèce C3 dans le domaine sont importantes.<br />

6.3.4.2 Caractérisation <strong>de</strong>s motifs ab<strong>la</strong>tés<br />

Les états <strong>de</strong> surface prés<strong>en</strong>tés permett<strong>en</strong>t d’affirmer que plus les structures tourbillonnaires<br />

sont fines et plus <strong>la</strong> paroi ab<strong>la</strong>table est rugueuse. Cette dép<strong>en</strong>dance <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong>s motifs<br />

rugueux au choix du nombre d’on<strong>de</strong> κ e , qui fixe <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s structures porteuses d’énergie, a<br />

incité <strong>la</strong> mise <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> nouveaux outils <strong>de</strong> caractérisation. Nos simu<strong>la</strong>tions suggèr<strong>en</strong>t effectivem<strong>en</strong>t<br />

que κ e dim<strong>en</strong>sionne <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> rugosités mais le traitem<strong>en</strong>t statistique <strong>de</strong> l’<strong>en</strong>semble<br />

<strong>de</strong>s surfaces reste <strong>en</strong>core à faire. Il permettra vraisemb<strong>la</strong>blem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> formaliser cette dép<strong>en</strong>dance<br />

<strong>en</strong> bénéficiant d’un échantillonnage plus important.<br />

Le co<strong>de</strong> EVEREST possè<strong>de</strong> <strong>en</strong>core <strong>de</strong> nombreuses voies d’amélioration afin <strong>de</strong> se rapprocher<br />

au mieux <strong>de</strong>s conditions réelles <strong>de</strong> <strong>la</strong> r<strong>en</strong>trée atmosphérique. Dans cette optique, nous avons<br />

montré <strong>la</strong> capacité du co<strong>de</strong> à simuler <strong>la</strong> prés<strong>en</strong>ce d’un matériau composite idéalisé <strong>en</strong> modélisant<br />

<strong>la</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> fibres et d’une matrice. Les résultats montr<strong>en</strong>t que <strong>la</strong> fibre est consumée moins<br />

rapi<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t que <strong>la</strong> matrice même si les profils obt<strong>en</strong>us <strong>en</strong> régime turbul<strong>en</strong>t témoign<strong>en</strong>t davantage<br />

<strong>de</strong> l’apparition <strong>de</strong> rugosités <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>.<br />

Synthèse du chapitre<br />

Cette étu<strong>de</strong> a permis <strong>de</strong> mettre <strong>en</strong> évi<strong>de</strong>nce le coup<strong>la</strong>ge fort qui existe <strong>en</strong>tre l’agitation turbul<strong>en</strong>te<br />

et l’état <strong>de</strong> surface d’un matériau ab<strong>la</strong>table. Les résultats <strong>de</strong> ces simu<strong>la</strong>tions bénéfici<strong>en</strong>t<br />

d’une assise physique plus réelle étant donnée les progrès effectués pour simuler un état turbul<strong>en</strong>t<br />

stationnaire tout au long <strong>de</strong>s calculs.<br />

Sans agitation turbul<strong>en</strong>te, <strong>la</strong> paroi recule uniformém<strong>en</strong>t sous l’action <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion. À l’inverse,<br />

<strong>la</strong> prés<strong>en</strong>ce d’agitation turbul<strong>en</strong>te <strong>en</strong>traîne l’apparition <strong>de</strong> rugosités à <strong>la</strong> paroi. Nous avons ainsi<br />

montré que <strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong> récession ainsi que <strong>la</strong> hauteur <strong>de</strong>s rugosités sont d’autant plus gran<strong>de</strong>s<br />

que le montant énergétique est élevé et l’écoulem<strong>en</strong>t chaud. À l’issue <strong>de</strong> nos simu<strong>la</strong>tions, les<br />

hauteurs <strong>de</strong> rugosité atteintes sont <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 10 −8 m. Ces résultats sont meilleurs que ceux<br />

<strong>de</strong> Velghe mais ils peuv<strong>en</strong>t être <strong>en</strong>core améliorés <strong>en</strong> allongeant <strong>la</strong> durée <strong>de</strong>s simu<strong>la</strong>tions.


192 Chapitre 6. <strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion <strong>en</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> confinée<br />

Parallèlem<strong>en</strong>t, nous avons vu que le choix <strong>de</strong> κ e qui détermine <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s structures porteuses<br />

d’énergie influ<strong>en</strong>ce <strong>la</strong> manière dont les rugosités se form<strong>en</strong>t à <strong>la</strong> surface. Afin <strong>de</strong> caractériser<br />

le li<strong>en</strong> <strong>en</strong>tre le nombre d’on<strong>de</strong> κ e et <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité rugueuse observée, <strong>de</strong>s pistes <strong>de</strong> réflexion<br />

ont été avancées. Cep<strong>en</strong>dant, elles nécessit<strong>en</strong>t <strong>la</strong> mise <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce d’un traitem<strong>en</strong>t statistique <strong>de</strong>s<br />

pics caractéristiques <strong>de</strong>s parois rugueuses qui pourra faire l’objet d’étu<strong>de</strong>s futures.


Conclusion générale<br />

Cette thèse s’inscrit dans le cadre <strong>de</strong>s travaux m<strong>en</strong>és par le CEA sur le phénomène d’ab<strong>la</strong>tion.<br />

Elle tire son origine <strong>de</strong> <strong>la</strong> comparaison <strong>de</strong>s états <strong>de</strong> surfaces expérim<strong>en</strong>taux obt<strong>en</strong>us, avec<br />

un jet <strong>de</strong> p<strong>la</strong>sma ou un arc électrique, <strong>en</strong> régime <strong>la</strong>minaire et turbul<strong>en</strong>t. L’ab<strong>la</strong>tion du matériau<br />

composite, initialem<strong>en</strong>t lisse, développe une rugosité <strong>en</strong> régime turbul<strong>en</strong>t tandis qu’<strong>en</strong> régime<br />

<strong>la</strong>minaire <strong>la</strong> surface reste p<strong>la</strong>ne. La modélisation <strong>de</strong> l’interaction <strong>en</strong>tre un écoulem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t<br />

et une paroi ab<strong>la</strong>table est réalisée grâce à <strong>la</strong> simu<strong>la</strong>tion <strong>numérique</strong> <strong>directe</strong>. L’objectif final <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

thèse est double : optimiser le dim<strong>en</strong>sionnem<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s boucliers thermiques <strong>de</strong>s son<strong>de</strong>s spatiales<br />

et proposer <strong>de</strong>s modèles <strong>de</strong> fermeture pr<strong>en</strong>ant mieux <strong>en</strong> compte le phénomène d’ab<strong>la</strong>tion.<br />

D’abord, nous avons procédé à une <strong>la</strong>rge revue <strong>de</strong>s phénomènes physiques se produisant lors<br />

d’une r<strong>en</strong>trée atmosphérique. La phénoménologie re<strong>la</strong>tive à l’activité énergétique et chimique <strong>de</strong>s<br />

parois du bouclier thermique a été prés<strong>en</strong>té afin d’introduire les principaux concepts analysés<br />

tout au long <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong>, parmi lesquels, l’agitation turbul<strong>en</strong>te, <strong>la</strong> casca<strong>de</strong> énergétique <strong>de</strong><br />

Kolmogorov, l’approche spectrale ou bi<strong>en</strong> <strong>en</strong>core les échelles <strong>de</strong> longueurs caractéristiques. Les<br />

équations <strong>de</strong> <strong>la</strong> mécanique <strong>de</strong>s flui<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Navier-Stokes sont résolues <strong>de</strong> manière <strong>directe</strong>, sans<br />

modélisation, afin <strong>de</strong> considérer <strong>la</strong> totalité <strong>de</strong> <strong>la</strong> gamme <strong>de</strong>s échelles <strong>de</strong> longueurs turbul<strong>en</strong>tes. La<br />

nature fortem<strong>en</strong>t aléatoire <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts turbul<strong>en</strong>ts a aussi exigé l’é<strong>la</strong>boration d’un traitem<strong>en</strong>t<br />

statistique <strong>de</strong>s résultats.<br />

Le choix <strong>de</strong> <strong>la</strong> discrétisation spatiale s’est porté vers une résolution par une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

différ<strong>en</strong>ces finies, s’appuyant sur <strong>de</strong>s schémas compacts d’ordre 6 <strong>de</strong> Lele, afin <strong>de</strong> disposer d’un<br />

haut <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> précision et d’une meilleure représ<strong>en</strong>tation <strong>de</strong>s petites échelles (notamm<strong>en</strong>t celle<br />

<strong>de</strong> Kolmogorov). En ce qui concerne <strong>la</strong> discrétisation temporelle, un schéma basé sur <strong>la</strong> métho<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> Runge-Kutta d’ordre 4 est employé. Chacune <strong>de</strong> ces discrétisations a exigé l’établissem<strong>en</strong>t<br />

<strong>de</strong> critères <strong>de</strong> résolution capables <strong>de</strong> garantir <strong>la</strong> stabilité <strong>numérique</strong> du co<strong>de</strong>. Les simu<strong>la</strong>tions<br />

<strong>numérique</strong>s m<strong>en</strong>ées au cours <strong>de</strong> cette thèse ont été effectuées sur un calcu<strong>la</strong>teur <strong>de</strong> très haute<br />

performance mis à disposition par les équipes du CEA et <strong>de</strong> Bull. Dans ce cadre, l’intégration<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> librairie FFTW a considérablem<strong>en</strong>t accéléré le passage <strong>en</strong>tre espace spectral et physique,<br />

améliorant <strong>de</strong> fait les étapes d’initialisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>, <strong>de</strong> forçage et d’extraction <strong>de</strong>s<br />

paramètres spectraux.<br />

Plusieurs configurations d’écoulem<strong>en</strong>ts ont été étudiées à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> spectres <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong><br />

<strong>de</strong> type Passot-Pouquet ou Von-Kármán-Pao dans le but d’i<strong>de</strong>ntifier l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> l’agitation<br />

turbul<strong>en</strong>te et du nombre d’on<strong>de</strong> re<strong>la</strong>tif aux structures porteuses d’énergie. D’abord les propriétés<br />

intrinsèques <strong>de</strong> <strong>la</strong> THI, à savoir l’homogénéité et l’isotropie, ont été vérifiées. Ensuite, nous avons<br />

validé l’évolution temporelle <strong>de</strong> paramètres tels que l’énergie cinétique turbul<strong>en</strong>te k, le taux <strong>de</strong><br />

dissipation turbul<strong>en</strong>te ε et les échelles <strong>de</strong> longueurs caractéristiques grâce à leurs expressions<br />

193


194 Conclusion générale<br />

analytiques prédites par le modèle k − ε et aux résultats issus <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> Comte-Bellot et<br />

Corrsin [15]. La métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> forçage linéaire utilisée par Velghe ayant été un facteur limitant pour<br />

l’interprétation physique <strong>de</strong>s résultats, nous avons imaginé une nouvelle métho<strong>de</strong> mettant <strong>en</strong><br />

œuvre un forçage spectral permettant l’obt<strong>en</strong>tion d’un état turbul<strong>en</strong>t stationnaire. Celle métho<strong>de</strong><br />

se montre particulièrem<strong>en</strong>t efficace pour conserver les structures turbul<strong>en</strong>tes <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t tout<br />

au long <strong>de</strong>s simu<strong>la</strong>tions.<br />

Dans le cadre <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> surfaces <strong>de</strong> blocage, l’influ<strong>en</strong>ce du<br />

nombre <strong>de</strong> Reynolds (spectres Si A), du nombre d’on<strong>de</strong> κ e (spectres Si B ) et <strong>de</strong>s conditions aux<br />

limites imposées à <strong>la</strong> paroi (adiabatique Σ q ou isotherme Σ T ) sur les phénomènes turbul<strong>en</strong>ts<br />

observés aux abords <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi a été caractérisée. Les simu<strong>la</strong>tions effectuées suggèr<strong>en</strong>t l’exist<strong>en</strong>ce<br />

<strong>de</strong> plusieurs couches <strong>de</strong> flui<strong>de</strong> dans le domaine <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tion : <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> forçage marquée par<br />

une activité turbul<strong>en</strong>te int<strong>en</strong>se, <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> diffusion qui transporte l’agitation turbul<strong>en</strong>te créée<br />

jusqu’à <strong>la</strong> paroi et <strong>la</strong> zone <strong>de</strong> blocage dans <strong>la</strong>quelle les phénomènes <strong>de</strong> blocage cinématique<br />

et d’amortissem<strong>en</strong>t interagiss<strong>en</strong>t. La validation physique <strong>de</strong>s phénomènes <strong>de</strong> paroi est conduite<br />

<strong>en</strong> comparant les contraintes et les termes du bi<strong>la</strong>n <strong>de</strong>s t<strong>en</strong>sions <strong>de</strong> Reynolds calculées et celles<br />

prés<strong>en</strong>tes dans les travaux <strong>de</strong> Perot & Moin [47] et Bodart [7]. En plus <strong>de</strong> retrouver les résultats <strong>de</strong><br />

nos prédécesseurs nous avons été <strong>en</strong> mesure <strong>de</strong> caractériser l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s paramètres turbul<strong>en</strong>ts<br />

et thermiques <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t sur les phénomènes d’amortissem<strong>en</strong>t et <strong>de</strong> transferts énergétiques<br />

intercomposantes.<br />

L’évolution <strong>de</strong>s états <strong>de</strong> surfaces, obt<strong>en</strong>us <strong>en</strong> considérant <strong>la</strong> réaction <strong>de</strong> sublimation du carbone<br />

à <strong>la</strong> paroi, a montré qu’elle dép<strong>en</strong>dait à <strong>la</strong> fois <strong>de</strong> l’agitation turbul<strong>en</strong>te, du nombre d’on<strong>de</strong><br />

κ e et <strong>de</strong> <strong>la</strong> température du flui<strong>de</strong> T f . Les hauteurs <strong>de</strong> rugosité atteintes sont <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 10 −8 m.<br />

Ces résultats sont meilleurs que ceux <strong>de</strong> Velghe, mais il peuv<strong>en</strong>t être améliorer <strong>en</strong> allongeant<br />

<strong>la</strong> durée <strong>de</strong>s simu<strong>la</strong>tions. Ceci dit, nos résultats révèl<strong>en</strong>t que <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s structures porteuses<br />

d’énergie influ<strong>en</strong>ce <strong>la</strong> manière dont les rugosités se form<strong>en</strong>t à <strong>la</strong> surface. En effet, plus le nombre<br />

d’on<strong>de</strong> κ e est grand plus <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> rugosités observée est importante. Pour étudier cette<br />

<strong>de</strong>nsité, <strong>de</strong>s pistes <strong>de</strong> réflexion ont été avancées, elles nécessit<strong>en</strong>t cep<strong>en</strong>dant <strong>la</strong> mise <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce<br />

d’un traitem<strong>en</strong>t graphique et statistique <strong>de</strong>s pics caractéristiques <strong>de</strong>s parois rugueuses.<br />

Les principaux points à ret<strong>en</strong>ir <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> sont les suivants :<br />

• le développem<strong>en</strong>t d’une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> forçage spectral <strong>de</strong>stinée à maint<strong>en</strong>ir un niveau d’énergie<br />

cinétique constant sans altérer les structures turbul<strong>en</strong>tes,<br />

• <strong>la</strong> mise <strong>en</strong> p<strong>la</strong>ce d’une procédure d’extraction <strong>de</strong>s propriétés spectrales <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t,<br />

• <strong>la</strong> validation <strong>de</strong>s simu<strong>la</strong>tions <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> <strong>en</strong> configuration périodique et <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce<br />

<strong>de</strong> surfaces <strong>de</strong> blocage grâce à l’utilisation respective <strong>de</strong>s modèles k − ε et RSTE. Les<br />

résultats obt<strong>en</strong>us sont <strong>en</strong>suite comparés à ceux issus <strong>de</strong> travaux bi<strong>en</strong> connus disponibles<br />

dans <strong>la</strong> littérature,<br />

• une surface p<strong>la</strong>ne soumise à l’ab<strong>la</strong>tion reste p<strong>la</strong>ne au cours du temps lorsque le matériau<br />

n’est pas surmonté d’une fluctuation turbul<strong>en</strong>te alors qu’<strong>en</strong> régime turbul<strong>en</strong>t, l’ab<strong>la</strong>tion<br />

<strong>en</strong>g<strong>en</strong>dre <strong>la</strong> création d’une rugosité surfacique qui dép<strong>en</strong>d à <strong>la</strong> fois <strong>de</strong> l’agitation turbul<strong>en</strong>te,<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s structures porteuses d’énergie et <strong>de</strong> <strong>la</strong> température du flui<strong>de</strong>.


Conclusion générale 195<br />

Les perspectives qui s’ouvr<strong>en</strong>t à l’issue <strong>de</strong> ce travail concern<strong>en</strong>t plusieurs aspects. D’abord<br />

il s’agira <strong>de</strong> compléter <strong>la</strong> physique <strong>de</strong> l’ab<strong>la</strong>tion modélisée par le co<strong>de</strong> EVEREST. Pour ce<strong>la</strong>,<br />

un év<strong>en</strong>tail <strong>de</strong>s compositions et <strong>de</strong>s réactions chimiques <strong>de</strong>s différ<strong>en</strong>tes atmosphères r<strong>en</strong>contrées<br />

durant <strong>la</strong> phase <strong>de</strong> r<strong>en</strong>trée permettra d’augm<strong>en</strong>ter le réalisme <strong>de</strong>s simu<strong>la</strong>tions. Il serait aussi<br />

opportun <strong>de</strong> considérer l’ajout d’un bloc soli<strong>de</strong> (<strong>en</strong> complém<strong>en</strong>t du bloc flui<strong>de</strong> déjà intégré) pour<br />

simuler les transferts <strong>de</strong> masse et <strong>de</strong> chaleur dans le matériau, comme le phénomène <strong>de</strong> pyrolyse<br />

par exemple.<br />

Les simu<strong>la</strong>tions m<strong>en</strong>ées ici doiv<strong>en</strong>t être poursuivies, <strong>en</strong> effet, plusieurs axes d’étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>vront<br />

être approfondis, comme par exemple, le développem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’outil <strong>de</strong> traitem<strong>en</strong>t statistique afin<br />

d’avancer <strong>de</strong>s modèles <strong>de</strong> paroi caractéristiques ainsi que l’optimisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> procédure d’extraction<br />

spectrale dans le cas d’un spectre VKP. Il s’agira <strong>en</strong>fin d’allonger le temps <strong>de</strong>s simu<strong>la</strong>tions<br />

pour que les hauteurs <strong>de</strong> rugosité caractérisées par le co<strong>de</strong> soi<strong>en</strong>t <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 10 −6 m conformém<strong>en</strong>t<br />

aux expéri<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> jet <strong>de</strong> p<strong>la</strong>sma. La simu<strong>la</strong>tion <strong>numérique</strong> <strong>directe</strong> <strong>de</strong>s phénomènes<br />

turbul<strong>en</strong>ts <strong>en</strong> interaction avec le phénomène d’ab<strong>la</strong>tion est <strong>en</strong>core loin d’avoir livré tous ses<br />

secrets, il est évi<strong>de</strong>nt que d’autres travaux seront nécessaires pour améliorer <strong>la</strong> représ<strong>en</strong>tativité<br />

physique <strong>de</strong>s modèles <strong>numérique</strong>s existants.


196 Conclusion générale


Annexe A<br />

Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s spectres <strong>de</strong><br />

Passot-Pouquet et <strong>de</strong> Von-Kármán<br />

Pao<br />

Dans cette annexe, une étu<strong>de</strong> approfondie <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts initialisés par <strong>de</strong>s spectres <strong>de</strong><br />

Passot-Pouquet et <strong>de</strong> Von-Kármán Pao dans le cadre d’une THI (Turbul<strong>en</strong>ce Homogène Isotrope)<br />

est <strong>en</strong>treprise. Nous comm<strong>en</strong>çons par une étu<strong>de</strong> analytique <strong>de</strong>s spectres avant <strong>de</strong> caractériser<br />

l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s paramètres qui les définiss<strong>en</strong>t. Finalem<strong>en</strong>t, nous comparons ces <strong>de</strong>ux spectres<br />

pour définir leur efficacité pour modéliser <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>.<br />

A.1 le spectre <strong>de</strong> Passot-Pouquet<br />

A.1.1 Étu<strong>de</strong> analytique<br />

Ce spectre a été proposé par Passot et Pouquet [46], son expression est <strong>la</strong> suivante :<br />

( ) (<br />

κ<br />

4 ( ) )<br />

κ<br />

2<br />

E(κ) = A exp −2<br />

κ e κ e<br />

(A.1)<br />

A représ<strong>en</strong>te l’amplitu<strong>de</strong> du spectre et κ e le nombre d’on<strong>de</strong> associé aux structures porteuses<br />

d’énergie. Ce spectre ne pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> compte que les gran<strong>de</strong>s échelles <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> (i.e. les<br />

faibles nombres d’on<strong>de</strong>). Pour une THI [22], <strong>la</strong> donnée du spectre E(κ) est suffisante pour<br />

calculer k et ε. Ces <strong>de</strong>ux paramètres ainsi que l’échelle intégrale Euléri<strong>en</strong>ne L ii permett<strong>en</strong>t alors<br />

<strong>de</strong> définir l’<strong>en</strong>semble <strong>de</strong>s paramètres <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t à partir <strong>de</strong>s équations (1.19) et (1.20) dont<br />

nous rappelons les expressions ici :<br />

ε =<br />

∫ ∞<br />

0<br />

k =<br />

∫ ∞<br />

0<br />

E(κ)dκ<br />

2νκ 2 E(κ)dκ =<br />

La détermination <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> (A, ε) amène à :<br />

∫ ∞<br />

0<br />

D(κ)dκ<br />

A = 16u′2<br />

κ e<br />

√ 2<br />

π<br />

(A.2)<br />

197


198 Annexe A. Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s spectres <strong>de</strong> Passot-Pouquet et <strong>de</strong> Von-Kármán Pao<br />

On regroupe les expressions <strong>de</strong>s paramètres <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t dans le tableau A.1.<br />

Paramètres turbul<strong>en</strong>ts :<br />

k = 3u′2<br />

ε = 15u′2 κ 2 e ν<br />

2<br />

4<br />

Échelles <strong>de</strong> longueur caractéristique :<br />

( 4 4<br />

η =<br />

15)1 ( u ′ )<br />

κ −<br />

1<br />

e<br />

2<br />

λ = 2u′2<br />

l t = 4u′<br />

ν<br />

κ e 15νκ 2 e<br />

Échelles <strong>de</strong> temps<br />

√<br />

:<br />

4 1<br />

τ η =<br />

15 u ′ τ l = 2<br />

κ e 5νκ 2 e<br />

Nombres <strong>de</strong> Reynolds :<br />

Re λ = 2u′<br />

νκ e<br />

Re Lii = 2u′<br />

νκ e<br />

√ π<br />

2<br />

Re t = 4u′2<br />

15ν 2 κ 2 e<br />

Table A.1 – Expressions <strong>de</strong>s paramètres initialisées par un spectre PP<br />

A.1.2<br />

Étu<strong>de</strong> paramétrique<br />

Le spectre énergétique E(κ) a une forme symétrique par rapport à κ e , l’ess<strong>en</strong>tiel <strong>de</strong> l’énergie<br />

est conc<strong>en</strong>tré sur les nombres d’on<strong>de</strong> voisins <strong>de</strong> κ e . Cep<strong>en</strong>dant, le spectre représ<strong>en</strong>te très mal les<br />

petites échelles. En effet, <strong>la</strong> zone énergétique et <strong>la</strong> zone dissipative sont s<strong>en</strong>siblem<strong>en</strong>t les mêmes.<br />

D’ailleurs, on vérifie, outre <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion κ d =<br />

√ 3<br />

2 κ e, que les spectres E(κ) et D(κ) prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t une<br />

symétrique axiale d’axe κ = κ e sur <strong>la</strong> figure A.1. On constate l’abs<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> zone inertielle pour ce<br />

(a)<br />

(b)<br />

Figure A.1 – Caractérisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone inertielle du spectre PP<br />

spectre. Une augm<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> κ e à énergie constante ne fait qu’é<strong>la</strong>rgir <strong>la</strong> forme quasi-gaussi<strong>en</strong>ne<br />

<strong>de</strong> E(κ) et <strong>de</strong> D(κ), ce qui permet <strong>de</strong> mieux distribuer l’énergie cinétique k sur un nombre <strong>de</strong><br />

mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Fourier plus grand (Fig. A.2).


Annexe A. Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s spectres <strong>de</strong> Passot-Pouquet et <strong>de</strong> Von-Kármán Pao 199<br />

(a)<br />

(b)<br />

Figure A.2 – Influ<strong>en</strong>ce du paramètre κ e sur le spectre PP<br />

A.2 Spectre <strong>de</strong> Von-Kármán Pao<br />

A.2.1<br />

Étu<strong>de</strong> analytique<br />

Le spectre VKP, proposé par Hel<strong>la</strong>nd [21], est issu <strong>de</strong> <strong>la</strong> combinaison du spectre <strong>de</strong> Von-<br />

Kármán [25] avec celui <strong>de</strong> Pao [42]. Il se distingue par <strong>la</strong> fait qu’il couvre une région très <strong>la</strong>rge<br />

<strong>de</strong> nombres d’on<strong>de</strong>. En d’autres termes, il permet <strong>de</strong> simuler <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts avec <strong>de</strong>s zones<br />

inertielles plus ét<strong>en</strong>dues que le spectre <strong>de</strong> Passot-Pouquet. L’expression du spectre énergétique<br />

VKP ret<strong>en</strong>ue ainsi que celle re<strong>la</strong>tive au spectre dissipatif D(κ) = 2νκ 2 E(κ) sont les suivantes :<br />

E(κ) = 3 u ′5<br />

2 ε<br />

( κ<br />

K e<br />

) 4<br />

[ ( ) ] 17 2 6<br />

1 + κ<br />

K e<br />

exp<br />

(<br />

− 9 4<br />

( ) 4<br />

)<br />

κ 3<br />

K d<br />

(A.3)<br />

D(κ) = 3νκ 2 u′5<br />

ε<br />

( κ<br />

K e<br />

) 4<br />

[ ( ) ] 17 2 6<br />

1 + κ<br />

K e<br />

exp<br />

(<br />

− 9 4<br />

( ) 4 )<br />

K 3<br />

K d<br />

(A.4)<br />

Particu<strong>la</strong>rité du spectre VKP<br />

Le spectre énergétique <strong>de</strong> Von-Kármán avec correction <strong>de</strong> Pao est défini par le quadruplet<br />

E(κ, u ′ , ε, K e , K d ). Il est important <strong>de</strong> noter que les nombres d’on<strong>de</strong> K e et K d ne sont pas égaux<br />

à κ e et κ d et ne correspon<strong>de</strong>nt donc pas aux maximums <strong>de</strong>s spectres E(κ) et D(κ) (c’est le cas<br />

pour le spectre <strong>de</strong> Passot-Pouquet). En effet, les valeurs <strong>de</strong>s nombres d’on<strong>de</strong> κ e et κ d s’exprim<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> fonction <strong>de</strong> K e et et K d grâce au système :<br />

17<br />

3<br />

17<br />

3<br />

[<br />

κe<br />

[<br />

1 +<br />

[<br />

1 +<br />

K e<br />

] 2<br />

[<br />

κe<br />

K e<br />

] 2<br />

] + 3<br />

1<br />

[ ] ]<br />

κd<br />

2<br />

− 3<br />

K e<br />

[ ] 4<br />

κe 3<br />

− 4 = 0 (A.5)<br />

K d<br />

[ κd<br />

K d<br />

] 4<br />

3<br />

+<br />

1<br />

3 = 0 (A.6)


200 Annexe A. Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s spectres <strong>de</strong> Passot-Pouquet et <strong>de</strong> Von-Kármán Pao<br />

Expressions <strong>de</strong>s paramètres <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> fonction <strong>de</strong> K d /K e<br />

On définit l’intégrale I p qui ne dép<strong>en</strong>d que du rapport K d /K e :<br />

∫ +∞<br />

X p [<br />

I p =<br />

exp − 9 ( ) 4 ]<br />

Ke 3<br />

X dX<br />

0 [1 + X 2 ] 17 6 4 K d<br />

(A.7)<br />

Les intégrales I n n’admett<strong>en</strong>t pas <strong>de</strong> solution analytique, l’intégration <strong>numérique</strong> sur <strong>la</strong> gamme<br />

K d /K e ∈ [1, 30] donne les trois courbes suivantes : L’application <strong>de</strong>s formules (1.19) et (1.20)<br />

(a) p = 3 (b) p = 4 (c) p = 6<br />

Figure A.3 – Représ<strong>en</strong>tation <strong>de</strong>s fonctions I p pour p = 3, 4, 6<br />

reliant le spectre d’énergie aux quantités u et ε permet d’écrire <strong>en</strong> les re<strong>la</strong>tions (A.8) et (A.9)<br />

<strong>en</strong> trois dim<strong>en</strong>sions.<br />

u ′ = 3K eνI 6<br />

I 2 4<br />

ε = 27ν3 K 4 e I 3 6<br />

I 5 4<br />

On regroupe les expressions <strong>de</strong>s paramètres turbul<strong>en</strong>ts dans le tableau A.2.<br />

(A.8)<br />

(A.9)<br />

Paramètres turbul<strong>en</strong>ts :<br />

k = 27K2 e ν 2 I 2 6<br />

2I 4 4<br />

Échelles <strong>de</strong> longueur caractéristique :<br />

[<br />

I 5 4<br />

] 1<br />

4<br />

η =<br />

27Ke 4 I6<br />

3<br />

Nombres <strong>de</strong> Reynolds<br />

√<br />

:<br />

45I6<br />

Re λ =<br />

I 3 4<br />

λ =<br />

ε = 27ν3 K 4 e I 3 6<br />

I 5 4<br />

√<br />

5I4<br />

K 2 e I 6<br />

l t = 1<br />

K e I 4<br />

Re Lii = 9πI 3I 6<br />

4I 3 4<br />

Re T = 27I 6<br />

4I 3 4<br />

Table A.2 – Expressions <strong>de</strong>s paramètres initialisées avec un spectre VKP<br />

A.2.2<br />

Étu<strong>de</strong> paramétrique<br />

Une étu<strong>de</strong> paramétrique <strong>de</strong> ce spectre est effectuée pour différ<strong>en</strong>ts rapports K d /K e . Les<br />

figures A.4 et A.5 représ<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t ainsi les spectres d’énergie et <strong>de</strong> dissipation pour <strong>de</strong>s rapports


Annexe A. Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s spectres <strong>de</strong> Passot-Pouquet et <strong>de</strong> Von-Kármán Pao 201<br />

(a) Spectre E(κ)<br />

(b) Spectre D(κ)<br />

Figure A.4 – Spectres E(κ) et D(κ) <strong>en</strong> fonction du rapport K d /K e<br />

(a) Spectre E(κ)<br />

(b) Spectre D(κ)<br />

Figure A.5 – Représ<strong>en</strong>tation logarithmique <strong>de</strong>s spectres d’énergie et <strong>de</strong> dissipation<br />

K d /K e variant <strong>de</strong> 1 à 30. Afin <strong>de</strong> m<strong>en</strong>er une interprétation cohér<strong>en</strong>te, les spectres E(κ) et<br />

D(κ) sont respectivem<strong>en</strong>t adim<strong>en</strong>sionnés par à E(K e ) et D(K d ). Ainsi, une forme symétrique<br />

est observée pour <strong>de</strong>s rapports K d /K e inférieurs à 2 (Fig A.4). En effet, comme pour le spectre<br />

<strong>de</strong> Passot-Pouquet, <strong>la</strong> zone inertielle est abs<strong>en</strong>te (Fig A.5). Lorsque ce rapport augm<strong>en</strong>te, les<br />

spectres E(κ) et D(κ) <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t asymétriques et l’énergie distribuée aux grands nombres d’on<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t alors non négligeable.<br />

Pour les faibles dynamiques, les gammes <strong>de</strong>s nombres d’on<strong>de</strong> où sont conc<strong>en</strong>trées l’énergie<br />

se confon<strong>de</strong>nt avec les régions <strong>de</strong> nombres d’on<strong>de</strong> liés à <strong>la</strong> dissipation. Pour <strong>de</strong>s dynamiques<br />

plus fortes, E(κ) et D(κ) sont mieux découplés. La plus petite échelle <strong>de</strong> longueur à pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong><br />

compte dans les simu<strong>la</strong>tions est imposée par D(κ) alors que <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> est fixée par E(κ). La<br />

zone inertielle est prés<strong>en</strong>te dans le spectre VKP mais elle <strong>de</strong>vi<strong>en</strong>t significative seulem<strong>en</strong>t pour<br />

K d /K e ≥ 50.<br />

A.2.3<br />

Initialisation d’une <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> VKP<br />

L’initialisation du domaine <strong>de</strong> calcul à partir d’un spectre VKP impose un domaine cubique<br />

afin d’effectuer <strong>la</strong> transformée <strong>de</strong> Fourier inverse. On considère alors un domaine <strong>de</strong> longueur


202 Annexe A. Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s spectres <strong>de</strong> Passot-Pouquet et <strong>de</strong> Von-Kármán Pao<br />

L dom = 2π. La détermination <strong>de</strong>s valeurs <strong>de</strong> u ′ , ε, K e et K d impose <strong>de</strong> fixer les valeurs <strong>de</strong> l e , taille<br />

<strong>de</strong>s tourbillons porteurs d’énergies, <strong>de</strong> η, échelle <strong>de</strong> Kolmogorov et <strong>de</strong> l d , taille <strong>de</strong>s tourbillons<br />

dissipatifs. Ainsi, nous considérons que :<br />

– le domaine d’étu<strong>de</strong> peut cont<strong>en</strong>ir au moins quatre tourbillons porteurs d’énergie soit :<br />

L dom /l e = 4 ;<br />

– le domaine d’étu<strong>de</strong> correspond à 80 fois l’échelle <strong>de</strong> Kolmogorov soit : L dom /η = 80 ;<br />

– l’échelle <strong>de</strong>s tourbillons dissipatifs est <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> cinq fois l’échelle <strong>de</strong> Kolmogorov soit :<br />

l d /η = 6.<br />

Dès lors, les valeurs <strong>de</strong> κ e et κ d , maximums <strong>de</strong>s spectres E(κ) et D(κ) sont connues avec :<br />

κ e = 2π<br />

l e<br />

et κ d = 2π<br />

l d<br />

(A.10)<br />

On rappelle que <strong>la</strong> différ<strong>en</strong>ce est faite <strong>en</strong>tre le couple (κ e , κ d ), maximums <strong>de</strong>s spectres E(κ) et<br />

D(κ) et le couple (K e , K d ) les nombres d’on<strong>de</strong> du spectre VKP (A.5) et (A.6).<br />

Grâce à <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> Newton-Raphson, on détermine, à partir <strong>de</strong> <strong>la</strong> connaissance <strong>de</strong> κ e et<br />

κ d , les valeurs <strong>de</strong> K e et K d à introduire dans l’expression du spectre VKP. Dès lors, on utilise<br />

les équations (1.19) et (1.20) pour déterminer les valeurs <strong>de</strong> u ′ et <strong>de</strong> ε. Le spectre VKP est ainsi<br />

défini.<br />

A.3 Comparaison <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux spectres<br />

Les profils d’énergie et <strong>de</strong> dissipation <strong>de</strong>s spectres PP et VKP sont comparés <strong>en</strong> fixant les<br />

valeurs <strong>de</strong> l’énergie k, <strong>de</strong> <strong>la</strong> viscosité ν et du nombre d’on<strong>de</strong> κ e . Afin d’estimer l’influ<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>la</strong>rgeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> zone inertielle, nous comparons les configurations définies dans le tableau A.3 :<br />

Configuration 1<br />

Spectre u ′ ε ν κ e κ d K e K d<br />

PP 0.049 7.500 10 −5 5.00 10 −4 4.00 4.89 4.00 4.89<br />

VKP 0.049 1.970 10 −3 5.00 10 −4 4.00 10.0 2.83 28.2<br />

Configuration 2<br />

Spectre u ′ ε ν κ e κ d K e K d<br />

PP 0.182 7.500 10 −5 5.00 10 −4 4.00 4.89 4.00 4.89<br />

VKP 0.182 1.621 10 −4 5.00 10 −4 4.00 6.00 4.12 7.69<br />

Table A.3 – Paramètres <strong>de</strong>s spectres PP et VKP étudiés<br />

Pour <strong>de</strong>s spectres VKP dont le rapport K d /K e est proche <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur<br />

√ 3<br />

2<br />

, les spectres PP et<br />

VKP possè<strong>de</strong>nt a peu près le même profil (Fig. A.6). Cep<strong>en</strong>dant, dès que <strong>la</strong> dynamique s’accroît,<br />

le niveau maximum d’énergie dans le spectre PP est plus élevé que celui du spectre VKP. Ce<strong>la</strong><br />

prouve que le spectre VKP distribue l’énergie <strong>de</strong> manière plus efficace. Aussi, l’utilisation <strong>de</strong><br />

ce spectre nécessitera un mail<strong>la</strong>ge plus <strong>de</strong>nse que dans le cas d’un spectre PP dans <strong>la</strong> mesure<br />

où les petites structures se verront attribuer plus d’énergie, et seront donc plus fines. La figure<br />

A.7 indique qu’à <strong>la</strong> différ<strong>en</strong>ce du spectre VKP, il n’y pas <strong>de</strong> limite inférieure pour le nombre <strong>de</strong><br />

Reynolds Re t pour le spectre PP. Cette limite étant fixée à 192 pour le spectre VKP, seul le


Annexe A. Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s spectres <strong>de</strong> Passot-Pouquet et <strong>de</strong> Von-Kármán Pao 203<br />

(a) Configuration 1 : E(κ)<br />

(b) Configuration 1 : D(κ)<br />

(c) Configuration 2 : E(κ)<br />

(d) Configuration 2 : D(κ)<br />

Figure A.6 – Comparaison <strong>de</strong>s spectres PP et VKP - Configuration 1<br />

(a) Spectre PP<br />

(b) Spectre VKP<br />

Figure A.7 – Évolution du nombre <strong>de</strong> Reynolds<br />

spectre PP peut être utilisé pour simuler <strong>de</strong>s cas où Re t < 192. Re t étant monotone dans le cas<br />

du spectre PP, le couple seul {ν, u ′ , κ e } permet d’obt<strong>en</strong>ir le Re t choisi, alors que <strong>de</strong>ux triplets<br />

{ν, κ e , κ d } sont possibles dans le cas VKP.<br />

Finalem<strong>en</strong>t, le spectre VKP donne une représ<strong>en</strong>tation plus satisfaisante <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t


204 Annexe A. Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s spectres <strong>de</strong> Passot-Pouquet et <strong>de</strong> Von-Kármán Pao<br />

turbul<strong>en</strong>t que le spectre PP car :<br />

– il représ<strong>en</strong>te mieux les petites échelles qui ont un rôle dissipatif,<br />

– <strong>la</strong> forme du spectre est une fonction <strong>de</strong> Re t et fait apparaître une zone inertielle.<br />

Cep<strong>en</strong>dant, le spectre VKP ne permet pas <strong>de</strong> simuler <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts à faible nombre <strong>de</strong><br />

Reynolds. Son utilisation est limitée à <strong>de</strong>s écoulem<strong>en</strong>ts suffisamm<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>ts tandis que l’utilisation<br />

du spectre PP est plus souple et n’impose aucune contrainte sur le choix <strong>de</strong> Re t .<br />

Dans le cadre <strong>de</strong> simu<strong>la</strong>tions <strong>numérique</strong>s <strong>directe</strong>s tridim<strong>en</strong>sionnelles, les contraintes liées au<br />

coût informatique (temps, CPU, espace mémoire) ne permett<strong>en</strong>t pas <strong>de</strong> résoudre <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s<br />

dynamiques et les bénéfices <strong>de</strong> l’utilisation du spectre VKP se retrouv<strong>en</strong>t fortem<strong>en</strong>t amoindries.


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<strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>numérique</strong> <strong>directe</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce<br />

d’une paroi ab<strong>la</strong>table<br />

Résumé<br />

Lorsqu’une son<strong>de</strong> r<strong>en</strong>tre dans l’atmosphère à une vitesse hypersonique, le bouclier thermique<br />

reçoit plusieurs c<strong>en</strong>taines <strong>de</strong> MW.m −2 . Ce flux est absorbé par <strong>la</strong> paroi (composite C/C) grâce à<br />

<strong>de</strong>s réactions physico-chimiques (oxydation, sublimation, etc.). Les expéri<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> jet <strong>de</strong> p<strong>la</strong>sma<br />

révèl<strong>en</strong>t que cette perte <strong>de</strong> matière s’accompagne <strong>de</strong> l’apparition <strong>de</strong> rugosités spécifiques lorsque<br />

le régime <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t est turbul<strong>en</strong>t. Dans ce contexte, cette thèse a pour objectif <strong>de</strong> caractériser,<br />

à <strong>la</strong> plus petite échelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> (échelle <strong>de</strong> Kolmogorov), l’interaction <strong>en</strong>tre l’écoulem<strong>en</strong>t<br />

turbul<strong>en</strong>t et une paroi ab<strong>la</strong>table afin <strong>de</strong> mieux évaluer <strong>la</strong> formation <strong>de</strong> ces rugosités.<br />

La première phase <strong>de</strong> ce travail a ainsi consisté <strong>en</strong> <strong>la</strong> validation physique <strong>de</strong>s phénomènes turbul<strong>en</strong>ts<br />

simulés, d’abord <strong>en</strong> configuration périodique puis <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> surfaces <strong>de</strong> blocage<br />

pariétal. Pour ce<strong>la</strong>, nous avons développé et adapté à une configuration <strong>de</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> paroi,<br />

une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> forçage spectral <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> dont nous validons l’implém<strong>en</strong>tation. Pour<br />

ce<strong>la</strong>, un traitem<strong>en</strong>t statistique <strong>de</strong>s résultats a été é<strong>la</strong>boré pour pr<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> compte le caractère<br />

aléatoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>. L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’évolution structurelle du matériau ab<strong>la</strong>té, couplé à un<br />

champ <strong>de</strong> vitesse turbul<strong>en</strong>t, démontre alors l’influ<strong>en</strong>ce du nombre <strong>de</strong> Reynolds <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> et<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s structures porteuses d’énergie, sur <strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong> récession <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi et les motifs<br />

rugueux observés.<br />

Mots clés : Ab<strong>la</strong>tion, DNS, Forçage, Turbul<strong>en</strong>ce<br />

Abstract<br />

Direct numerical simu<strong>la</strong>tion of <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> near<br />

an ab<strong>la</strong>table wall<br />

During the atmospheric re-<strong>en</strong>try the heatshield of the probe suffers a significant overheating.<br />

The composite material un<strong>de</strong>rgoes an ab<strong>la</strong>tive process that consumes the heat flux by physicochemical<br />

reactions (sublimation, oxidation, etc.) and induces the wall disappearance. In the case<br />

of polycrystalline graphite, p<strong>la</strong>sma jet experim<strong>en</strong>ts reveal a structural surface roughness like a<br />

scalloped pattern wh<strong>en</strong> the flow is turbul<strong>en</strong>t. The main i<strong>de</strong>a of this study is to characterize the<br />

interaction betwe<strong>en</strong> a turbul<strong>en</strong>t flow and an ab<strong>la</strong>table material at the Kolmogorov scale (the<br />

smallest turbul<strong>en</strong>t scale) in or<strong>de</strong>r to analyze roughness appearance. First, we have validated the<br />

<strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> simu<strong>la</strong>tion for an infinite domain (periodic boundaries) and for the case of a solid<br />

wall. To this ext<strong>en</strong>t, we have <strong>de</strong>veloped a new way to force <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> in the spectral space which<br />

is adapted to the solid wall configuration. To this ext<strong>en</strong>t, we have e<strong>la</strong>borated a statistic treatm<strong>en</strong>t<br />

of results as <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> is an unpredictable ph<strong>en</strong>om<strong>en</strong>a. Th<strong>en</strong>, the evolution of the ab<strong>la</strong>table<br />

surface in interaction with a turbul<strong>en</strong>t flow proves that Reynolds number, wav<strong>en</strong>umber κ e and<br />

flow temperature have a strong influ<strong>en</strong>ce on wall recession velocity and roughness appearance.<br />

Keywords : Ab<strong>la</strong>tion, DNS, Forcing, Turbul<strong>en</strong>ce


<strong>Simu<strong>la</strong>tion</strong> <strong>numérique</strong> <strong>directe</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong><br />

<strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d’une paroi ab<strong>la</strong>table<br />

Lorsqu’une son<strong>de</strong> r<strong>en</strong>tre dans l’atmosphère à une vitesse hypersonique, le bouclier thermique<br />

reçoit plusieurs c<strong>en</strong>taines <strong>de</strong> MW.m−2. Ce flux est absorbé par <strong>la</strong> paroi (composite C/C) grâce<br />

à <strong>de</strong>s réactions physico-chimiques (oxydation, sublimation, etc.). Les expéri<strong>en</strong>ces <strong>de</strong> jet <strong>de</strong><br />

p<strong>la</strong>sma révèl<strong>en</strong>t que cette perte <strong>de</strong> matière s’accompagne <strong>de</strong> l’apparition <strong>de</strong> rugosités<br />

spécifiques lorsque le régime <strong>de</strong> l’écoulem<strong>en</strong>t est turbul<strong>en</strong>t. Dans ce contexte, cette thèse a<br />

pour objectif <strong>de</strong> caractériser, à <strong>la</strong> plus petite échelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> (échelle <strong>de</strong> Kolmogorov),<br />

l’interaction <strong>en</strong>tre l’écoulem<strong>en</strong>t turbul<strong>en</strong>t et une paroi ab<strong>la</strong>table afin <strong>de</strong> mieux évaluer <strong>la</strong><br />

formation <strong>de</strong> ces rugosités.<br />

La première phase <strong>de</strong> ce travail a ainsi consisté <strong>en</strong> <strong>la</strong> validation physique <strong>de</strong>s phénomènes<br />

turbul<strong>en</strong>ts simulés, d’abord <strong>en</strong> configuration périodique puis <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> surfaces <strong>de</strong><br />

blocage pariétal. Pour ce<strong>la</strong>, nous avons développé et adapté à une configuration <strong>de</strong> prés<strong>en</strong>ce<br />

<strong>de</strong> paroi, une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> forçage spectral <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> dont nous validons<br />

l’implém<strong>en</strong>tation. Pour ce<strong>la</strong>, un traitem<strong>en</strong>t statistique <strong>de</strong>s résultats a été é<strong>la</strong>boré pour pr<strong>en</strong>dre<br />

<strong>en</strong> compte <strong>la</strong> caractère aléatoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong>. L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’évolution structurelle du<br />

matériau ab<strong>la</strong>té, couplé à un champ <strong>de</strong> vitesse turbul<strong>en</strong>t, démontre alors l’influ<strong>en</strong>ce du nombre<br />

<strong>de</strong> Reynolds <strong>de</strong> <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> et <strong>de</strong> <strong>la</strong> taille <strong>de</strong>s structures porteuses d’énergie, sur <strong>la</strong> vitesse <strong>de</strong><br />

récession <strong>de</strong> <strong>la</strong> paroi et les motifs rugueux observés.<br />

Mots clés : Ab<strong>la</strong>tion, DNS, Forçage, Turbul<strong>en</strong>ce<br />

Direct numerical simu<strong>la</strong>tion<br />

of <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> near an ab<strong>la</strong>table wall<br />

During the atmospheric re-<strong>en</strong>try the heatshield of the probe suffers a significant overheating.<br />

The composite material un<strong>de</strong>rgoes an ab<strong>la</strong>tive process that consumes the heat flux by<br />

physicochemical reactions (sublimation, oxidation, etc.) and induces the wall disappearance. In<br />

the case of polycrystalline graphite, p<strong>la</strong>sma jet experim<strong>en</strong>ts reveal a structural surface<br />

roughness like a scalloped pattern wh<strong>en</strong> the flow is turbul<strong>en</strong>t. The main i<strong>de</strong>a of this study is to<br />

characterize the interaction betwe<strong>en</strong> a turbul<strong>en</strong>t flow and an ab<strong>la</strong>table material at the<br />

Kolmogorov scale (the smallest turbul<strong>en</strong>t scale) in or<strong>de</strong>r to analyze roughness appearance.<br />

First, we have validated the <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> simu<strong>la</strong>tion for an infinite domain (periodic boundaries)<br />

and for the case of a solid wall. To this ext<strong>en</strong>t, we have <strong>de</strong>veloped a new way to force<br />

<strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> in the spectral space which is adapted to the solid wall configuration. To this ext<strong>en</strong>t,<br />

we have e<strong>la</strong>borated a statistic treatm<strong>en</strong>t of results as <strong>turbul<strong>en</strong>ce</strong> is an unpredictable<br />

ph<strong>en</strong>om<strong>en</strong>a. Th<strong>en</strong>, the evolution of the ab<strong>la</strong>table surface in interaction with a turbul<strong>en</strong>t flow<br />

proves that Reynolds number, wav<strong>en</strong>umber and flow temperature have a strong influ<strong>en</strong>ce on<br />

wall recession velocity and roughness appearance.<br />

Keywords : Ab<strong>la</strong>tion, DNS, Forcing, Turbul<strong>en</strong>ce

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