Tome I - Notes du mont Royal

Notes du mont Royal
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Royal » dans le cadre d’un exposé
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DE
LA
SES
VIE
PYTHAGORE,
SES VERS
LA
SYMBOLES,
DOREZ.
VIE
D'HIEROCLES,
, ET SES COMMENTAIRES
'* fur les Vers de Pythagore.
Rétablis fur Us Mamfcrits, & tradmtt tn
François avec des Remarques.
•
T.e.

L A V I E
DE
PYTHAGORE,
SES SYMBOLES,
SES VERS DOREZ,
& LA VIE D'HIEROCLES.
Par M. DACIER, Garât dts Livra du
Cab'mtt du Roy.
TOME
PRÏMIE.R.
\** 7 $U^ ;
^
^
A PARIS,
Chez R i G A U D , rue de la Harpe.
M.;# & c c v i.
AVEC PS.IVIX.BGB DV ROT.

Bayerteche i
Staatsbibliothek I
len I

AU ROY.
IRE,
L'ouvrage que j'ay thonneur
deprejenterà VoJlreMajefté,
eft le premier fruit dunouveau
règlement quelle a fait
â ij

E P I ST R E.
psur rendre l'Académie des
Médailles plus utile àfesfujets:
êf jeJatisfais aux vœux de la
Compagnie, en vousfuppliant
avec un très -profond refpecl
d agréer ces prémices. D'ailleurs
, SlRE, tous les fruits
de mes ejludes appartiennent à
Vojlre Majejlé: ilyaplufieurs
années que vous daigne £ répandre
fur moy vos grâces;ô~'pour'
honnorer en moy vos bienfaits,
vous m'aveç élevé à la charge
de Garde de vojlre Cabinet des
Livres. Je ne connois point de
fortune plus grande nïplusglorieufe,
Si RE, que de devoir toute
fa fortune à Vojlre Majeflê.
L'ejlat heureux où vos bontez

EPISTRE
mont misjie me laijfe rien à defirer,que
de pouvoir vous marquer
toute ma reconnoiffance.
Ma vie entière fera employée à
m'aquitter d'un fi jujle devoir,
&je ne compteray avoir vefcu
qu'autant que j'auray travaillé
à laiffer des monumens publics
de mes obligations à" de
mon çele. Dans cette veu'è, Sl-
RE, je confacre à Vojlre Majejlé
tout ce que j'ay pu rcceuillir
de la vie à" de la do-
Urine de Pytliagore, du premier
&" du plus célèbre des Philofophes.
Jay cru, Si RE, que
rien ne pouvait ejlreplus agréable
au plus fa

EPISTRE
yrage où tout enfiigne lafageffè,
àr mené à la Religion.
Comme Pythagore avoit puifê
dans les fources de la vérité
•mefine, ce fi à dire dans les livres
à* dans les traditions du
peuple de Dieu, on trouve dans
fa Théologie des principes fublimes,
dans fa morale des règles
exacles, &" dans fa Politique
des maximes feures. Pendant
fa vie plujieurs EJlats
ont dû leur falut à la fageffê
défis confeils;car,&IRE,dans
tous les temps les paroles des
Sages ont ejlé le falut des Villes
& des Royaumes.
Si vous ejîiez, Si RE, comme
ces Héros de l'antiquité ,

EPISTRE
qui dans tous leurs travaux
n'ont cherché qu'à efire loùeç
des hommes, & qui ont dit mefor
me que laplus agréable harmch
nie que t homme pufi entendre,
c'e/loit fes propres louanges,
j'aurois dequoy plaire à Voftre
Majefié, en donnant icy à/es
vertus une partie des louanges
qui leur font dues. Mais Voftre
Majefté,mieux inflruite de
la véritable gloire, place plus
haut jon ambition ; Jeure de
la renommée, elle trouve plus
agréables que tous nos éloges,
les difcours de lafagejfe, à* elle
prendra plaifir à entendre icy
quelques traits de celle des Pythagoriciens.
a iiij

EPISTRE
Par une demonjlrationplus
feure que celle des Géomètres,
ils prouvent,Si RE, que la volupté
n'ayant point a°effence
par elle-mefme, à* ejtant toujours
F effet dune aâion, elle
tient, neceffairement de fon
principe; que ceux qui font des
actions divines, ont des volupté^
divines ; êf par confequent
que ceux qtiifuivent Dieufurpajfeiit
infiniment ceux quifuiyent
le monde, non feulement
par la beauté de leurs atlions,
mais auffipar le genre des volupteç
dont ils jouifjent. Vof
tre Majejlé fent mieux queperfonne
la force de cette demonftration,
elle qui nous fait voir

EPISTRE
un Souverain qui règne fur [es
defirs, et qui préfère les plaifirs
de la pieté à tous lesplai-
Jirs du Siècle, qui ajjîegent en
foule les thrones,pour corrompre
les Rois, et pour perdre
des millions dhommes en un
feul homme.
Les mefmes Philofophes ,
SlRE, pour porter à embraffer
la vertu malgré les difficulté^
dont elleejl toujours environnée,
donnent cette règle
bien fimple et bien fenfible,
qu'il faut entreprendre ce qui
ejl grand é^ beau, quelque accompagné
qu'il f oit de travaux
à" de peines ; car les peines et
les travaux pajfent, et le grand
a v

EPISTRE
if le beau rejlent feuls. Voflre
Majejlé, Si RE, ejl une preuve
admirable de la vérité de cette
maxime ; toute vojlre vie a ejlé
occupée à de hautes entreprises,
mais pénibles & laborieuses
: nous avons toujours vu
ies peines fr les travaux pafjér,
éf la gloire leur furvivre.
G ejl par la, Si RE, que la vertu
a répandu fur tout vojlre régne
unjigrand éclat, qu'Un ejl
j>lus au pouvoir de la Fortune
de le ternir, &* que le temps,
qui efface les honneurs qu'on
n'a pas mérite^, renouvelle^
ra é augmentera toujours les
yojlres.
Je ne me fiattepas, SIRE,

E P I S T R E
que Vojlre Majefiépour lire cet
ouvrage interrompe fes grandes
àf glorieufes occupations i
Vous ejles, Si RE, le plus fort
rempart de ce Royaume ; vous
fouteite^feul tout le poids des
plus importantes affaires qui
ayent jamais occupé des Rois ;
vos fins écartent de deffusnos
te fes tous les orages, êr vos
travaux font fuis noflre repos
& noftrefeureté.Cefi beaucoup
four moy dofer efperer t Sl-
RE,queVofre Majeflé donnera
un moment d'un temps fi précieux
à voir cesfoibles marques
de ma reconnoiffance, if ces
nouvelles protefations que rien
n'égale les fentimens de vene-

E P I S T R E.
ration, derefpecl, de fidélité&
de %ele , avec lefqiiels je feray
toute ma vie.
SIRE,
De yofire MAJESTÉ
Le trés-humble» trés-obeiffant,
& trés-fidelle ferviteut
& fujet, D A c i E R .

PREFACE.
J
E n'ay pas oublié les engagemensque
j'ay pris avec le public, en luy donnant
le premier volume de Plutarquc, &
deux volumes de Platon. Il m'a fait l'honneur
de les recevoir aflez favorablement,
pour m'engsger à continuer ces ouvrages,
& à accomplir le vœu que je luy ay
fait. Si Dieu me conferve donc la vie &
la fânté, je les employeray uniquement à
cet ufage, & j'efpere de donner en peu de
temps toutes les Vies de Plutarque, & enfuite
fès Morales tour à tour, avec les Dialogues
de Platon. Ce n'eft ni par Icgcrcté
ni par inquiétude que j'ay interrompu ces_
travaux, c'eft par raifon & pr obeifiance
: leschofes de devoir font toujours préférables
à celles de choix.
Parmi tous les grands Princes qui fê
font le plus diftingutz par l'amour qu'ils
ont eu pour les Lettres, il n'y en a point
qui leur ait donné une protection h fenfiblc,
fi efficace, & fi glorieufê que Louis
le Grand. Malgré les foins fi importans
donc fa vie a efté toujours occupée, Se

PREFACE.
pendant les plus grandes guerres, Sa Majeftc
n'a jamais ceffé de jttter fur elles des
regards favorables, & de donner quelques
moments à ies faire fleurir. Auffi jamais
elles n'ont efté fi floriflântesque fous
fbn règne. Jamais Athènes mefme dans
fâ plus grande fplendeur, n'a aflèmblé
dans fon fêin, tant d'hommes diftinguez
en tout genre de fçience, & célèbres par
les différents talents de l'efprit, que le
Louvre en rafl'emble tous les jours fous
les ordres Se fous la protection du Roy-,
Pour honorer fon fiecle, tout a repris
une nouvelle vie, les Arts & les Sciences
ont recouvré leur ancien éclat, le bon
gouft, la folidité d'eiprit & la politeflè,
ont reparu après une eclipfè de plufieurs
fiecles ; Se c'eft là un des grands caractères
des règnes les plus glorieux. Car,
comme je l'ay prouvé ailleurs, les beaux
arts Se les fçiences fuivent toujours la fortune
des Princes : & ce qu'une bonne terre
Se un bon climat font pour les fèmences
& pour les fruits, la gloire des Princes,
leur grandeur, leur magnificence, &
leur libéralité le font pour les Arts &
pour les Sciences, qui ne vivent pas tant
fous eux que par eux. C'eft ce qui a donné
aux Anciens cette idée fijufte & fi magnifique,
d'un Hercule conducteur des Mu-

T R E F A C E.
Ces y Hercules Aiufarum,Hercules Mufagetes,
pour marquer l'alliance éternelle
& l'union indiflbluble qui font entre les
Mules &c les Héros.
Sa Majefté ayant fait un nouveau règlement
pour l'Académie des Médailles,
& ayant voulu qu'elle ne fê renfermait
>as uniquement dans l'eftude des Mcdailes
&des Infcriptions, & qu'elle embraf-
{
fâft toutes les belles lettres, pour rendre
cet eftabliflêment encore plus utile, elle a
Souhaité qu'outre les travaux que tous les
Académiciens feroient en commun, chacun
Ce chargeait d'un ouvrage en particulier.
C'eft ainfi que,fêlon la fable, les Muïês
travaillant toutes fous les yeux Se par
les ordres d'Apollon,ne le contentent pa9
"de faire des concerts enlèmblc, elles ont
encore chacune des employs différents.
Fiction ingenieulê, qui nous fait entendre
uedans les Afltmbîées fçavantcs & dans
2s Académies fondées par les Princes, ce
rn'eft pas allez que chacun contribue de fon
iie, & communique lès lumières pour
perfection des ouvrages entrepris en
commun, il faut encore que chacun travaille
en {on particulier ; afin que le public
profite de tous leurs talents & de toutes
leurs veilles. Il n'y a pas de moyen
plus alïèuré pour lavencement des let-

PREFACE.
très, & on a tout lieu d'efperer que le fixeces
répondra à l'attente de Sa Majefté,
Se que les bénignes influences qu'elle daigne
répandre fur cette Académie des Médailles,
luy feront produire des fruits ditnes
de (es foins. Chacun s'eft emprefle
e choifir des travaux conformes à les eftudes
& à fon génie : & moy,pour ne pas
perdre de veiie mes premiers deiTeins, &
pour me rendre encore plus capable d'y
reuflîr, j'ay choiil deux ouvrages qui font
dans le mefmegouft & du meinie caractère
, & dont j'efpere que le public pourra
tirer quelque utilité.
Le premier, c'eft la Vie de Pythagore,
avec une explication de fês fymboles &
de fes Vers dorez, & une traduction des
Commentaires d'Hierocles, où toute la
doctrine de ce Philolophe eft fblidement
expliquée.
Et le fécond c'eft la traduction du Manuel
d'Epictete, & des Commentaires
Grecs de Simplicius, & un nouveau Manuel
du mefme Epictete, que j'ay tiré des
Biflertations d'Arrien, & qui renferme
des maximes trés-nobles, trés-inftructives,
& trés-dignes d'eftre tirées de l'oubli
où elles font.
J'aurois regardé comme un affront qu'­
un autre m'euft devancé en cette occauon

P R E F A C E.
où il s'agit d'obeïr au Roy, & de faire ce
qui luy eft agréable. L'inclination, le devoir,
la reconnoifTance, l'obligation de répondre
en quelque manière aux grâces que
j'ay receuès de Sa Majefté, tout vouloir que
je me diftinguafle au moins par la diligence,
puifque c'eftoit le fèul avantage que je
pouvois efperer. Je l'ay fait j ces deux ouvrages
font achevez : & voicy le premier
qui contientla naifïance de la Philofbpie.
Car quoy que Thaïes euft déjà fondé la Secte
Ionique, avant que,Py thngorc euft eftabli
la fienne,comme cette Secte Ionique
ne dura que peu de temps, & qu'elle fut
étouffee par le Secte Italiqùe,.qui Ce repandit
bientoft dans prcfque toutes les parties
de l'Univers, Pythagore doit eftre regardé
comme le premier Philofophe, 8c comme
le p^re de la Philofophic.
Je donne donc d'abord la Vie de ce rythigorat
grand homme, en qui la fngtflc répondoit ^pui'iiu &"
a la noblefle de fon extraction. Si Dioge- nobmtat:-.
neLaërce, Jamblique, & Porphvre s'ef- %" 1^'.%*
toient bien aquitez de ce travail, je n'au- Tuf

P R E F A C E.
lez de beaucoup de chofes frivoles, -&
puériles, indignes de ce Philofophe, &
fouvent contraires à fes véritables fentiments.
Ce n'eft pas encore là tout : ceux
oui fontvenus enfuite ont encore plus défiguré
la vie & la doctrine de cet nomme
fàge,en luy atribuant des miracles,ou pluftoft
des preftiges, plus capables de le faire
pafler pour magicien Se pour charlatan,
que pour Philofophe. Tels font les contes
que l'on a débitez de fon miroir magique,
de fonarithmétique (ùperftitieufè, S£
de fa roiie de l'onomantie.J ay donc rejetté
toutes ces rêveries que l'envie de faire
!>aflèr des imaginations & des chimères,
bus l'authorite d'un grand nom, avoit
d'abord débitées, que la fuperftition Se h
crédulité avoient enfuite receuës, & que
la fàine antiquité ne connoi doit point.
Si on failoit avec la mc-fine m.thode la
vie de tous les Philofophes qui ont fiiccedé
à Pythagore, on verrait clairement
le progrés que ces grands génies ont fait
dans la connoiflance de la vérité -, & rien
ne ferait ni plus utile ni plus agreable.Car
quelplus grand profit, &c quel plus grand
plaiur,quc de voir les démarches del'cfprit
humain dans la recherche de ce qui fait le
fouverain bien des hommes, & que de remarquer
quels font les guides qui l'ont

P R E F A C E.
bien conduit, & ceux qui Font égaré &
qui l'ont empefché de trouver cette vérité
qu'il cherchoit, ou de s'y arreftcr & de
s'y maintenir après l'avoir trouvée.
Je fçay bien que ce n'eft pas dans les efcrirs
desPayens que nous devons cherche*
à nous inftruire. Ils font fi différents & fi
oppofez entre eux fur les points les plus
importants, que comme Platon a dit des
hommes, qu'ils ont partagé entre eux la
folie, on peut dire de ces Philofophes,
qu'ils ont partagé l'ignorance : au lieu que
tous les Docteurs de la Religion chrétien»
ne depuis Moyfe jufqu'au dentier des A-
poftres font fi bien a accord, & concourent
fi bien à enfèigner les rnefmes principes
& la mefme doctrine, que comme Pythagore
diibit que Dieu eftoit harmonir,
on peut dire avec plus de raifon, de cette
harmonie, que c'eft véritablement Dieu:
car ce ne peut eftre que Dieu qui l'a infpirée.
Je ne compare donc point le plus
éclairé des Philofophes payens à aucun
de ces Docteurs -, je les mets mefme tous
au deflous du chrétien le plus fimple, Se
je renvoyé fur cela le Lecteur au difeours
que j'ay fait fur Platon ; mais cela n'empefche
pas que les découvertes que les
Payens ont faites ne foienttres-eftimables
& très-utiles. Car comme ils ont puife

PREFACE.
dans les premières fources,dans la révélation
Judaïque, &t que- cette révélation a-
voit efté donnée pour reftablir la Religion
naturelle, que le Paganifme avoit prelque
éteinte, & pour promettre la Religion
chrétienne, qui devoit eftre plus parfaite
que la révélation Judaïque & en reparer
les défauts, on trouve dans leurs efcrits
de grands principes, & ces principes font
une continuation de la véritable lumière,
qui par la bonté infinie de Dieu, n'a jamais
celle abfolument d'éclairer les hommes,
& ils deviennent des preuves invincibles
de la vérité de noftf e Religion.
D'ailleurs, comme ces premiers Philofophes
eftoient des hommes d'un efprit
excellentes ont ad joufté à ces veritez connues
des demonftrations très fortes & très
cap ibles d'éclairer l'e(prir,d'éclaircir beaucoup
de doutes, &c de réfuter un: infinité
d'erreurs ; Se ce font de grands avantages.
Cir comme il faut neceffairement que la
connoiflance précède l'amour, il faut a-
vant toutes chofes, que la lumière diffipe
les ténèbres : &c c'eft àquoy Pythagore,
Socrate, & Platon peuvent extrêmement
contribuer ; parce qu'ils ont plus approché
du vray , & qu'ils ont reveftu leurs
Jrincipes d'une force de raisonnement &
'une évidence à laquelle la plus fiere in-

PREFACE.
'
crédulité & le plus obftiné libertinage ne /
fçauroient jamais rtfifler.
Je vais raflembler icy en peu de mots ;
fous un feul point de vûë, les plus grands '••
principes que Pythagore à reconnus & a- '
vouez. On fera étonné de voir que les j
commencemens de la Philofophie ayent |
efté fi lumineux dans un ficelé de tene- j
bres, & qu'au jourd'huy tant de fiecles !
après que la vérité s'eft fi clairement'ma- ,
nifeitée, qu'on n'a plus rien à defirer, aujourd'huy
que les ombres font diflipées,
& que tout eft accompli, il y ait de pre- j
tendus Philosophes , qui ne travaillent i
qu'à faire clouter de ces vcritez que touteil'Antiquité
a connues 8c révérées, & qu'à j
replonger les hommes dans des ténèbres
fiepailles, que s'ils eftoient fuivis,on ver- !
roit le contraire de ce qui arriva en Egypte
du temps de Moyfe, *on verroit les
ténèbres du codé du peuple de Dieu, & la !
lumière du cofté des Paycns. J
Pythagore à reconnu que Dieu eftoit
unique, & il s'eft expliqué fur cela d'une
manière tres-forte, tres-agreable, & qui ;
tourne fort bien en ridiculela pluralité des |
* Et fa&se funt ténèbre hortibiles in uni- j
vetfa terra jEgypti tribus diebus. Ubicumque
autem habitabam filii Ifraël lux état. Ex>d. x. '••
*2. z$.

PREFACE.
fin de Dieux. Voicy fès. Vers que S. Juftin nous
'• a confêrvez :
Hjnçipéï 3*i( ti/u ya.pi% iro(, tùitç ifeiki
Xoe^xor ïm •nv7ù> çmnxf eim7y,î(H9{ oi/wj*
JC'etçtf /«s w «wat^ ««7»

PREFACE. |
ter à Dieu, & coniifte à luy eftre ridelle, j
Il a connu encore la corruption de la na-j
ture & la neceflîté de la reparer, pour de- '
livrer l'ame de l'efclavage du péché.
Enfin il a enfêigné que l'homme ef-|
fant libre il s'attire volontairement tous
fes maux par le malheureux ufàge qu'il'
fait de fâ liberté, & par le refus opiniaftre
de voir les biens qui font prés de luy,
& que Dieu a mis en fonpouvoir : & il a
fçu accorder cette liberté de l'homme avec
la providence do Dieu ; accord fans lequel
S. Auguftin affaire que l'on ne peut
nî bien croire ni bien vivre. Et de tous
ces principes il a tiré des règles admirables '
pour les mœurs, en demonftrant 1 obliga- '
tion indifperuable d'eftre pieux, reconnoiûant,
charitable, definterefle, fidelle,j
tempérant & jufte, & de foumettre les
pallions de la cupidité aux lumières de la
raifbn, qui doit toujours tenir les renies.
Voila les premiers rayons qui ont é-
clairé les ténèbres de l'idolâtrie. Comme;
ils font fortis du fèin de la Religion Judaïque,
ils reviennent joindre leur himie-j
re à celle de la Religion Chrétienne j &C\
après avoir fèrvitrés-utilement aux Pères,
de 1'Eghfê, à combattre le refte des fuperf-,
tirions du paganifme, ils fervent au jour- ;
4'huy à duuper les fbpbifînes Se les vaines

PREFACE.
défaites des athées & des libertins.
La forte perfuafion où les Philosophes
Î ayens cftoient } que l'ame devoit tftre deivrée
de fa corruption,pour devenir capable
de s'unir à Dieu, leur à fait faire des
efforts infinis,poiu trouver la voye de cette
délivrance. De la font fortistoutes les purifications,toutes
les initiations, & tous les
autres rites fuperftitieux, qu'Us ont pratiquer
: car autant que les voyes de la vérité
font fimples autant font diverfès, les
démarches de l'erreur. Par exemple dans
la plus myftericufê de leurs cérémonies,
qui eftoit celle de finfpcttion, i-n-iïi'w, les
preftres faifoient enterrer les initiez jufqucs
au cou,de manière qu'il n'y avoit que
là tefte qui jouïft de la lumière. Ils vouloient
leur apprendre par là que dans cette
vie ils dévoient dépouiller ce corps corruptible,
enterrer avec luy toutes fes paffions,&
élever leur efprit à la lumière intelligible
, dont la lumière fênfible eftoit
le fymbole.Car, comme jcl'ay déjà dit for
Platon, toutes les cérémonies des Payens
n'eftoient que des figures, le menfonge,
ayant toujours imité la vérité. Mais tous
les efforts qu'ils ont faits n'ont fervi qu'à
les égarer davantage ; ils ont toujours i-
gnoré la voye de cette délivrance. Comment
ne l'auroient-ils pas ignorée > Il n'y
avoit

P R E F A C E.
aToit qu'un Dieu-homme qui puft la manifefter
& la faire connoiftre. Dieu avoit
prédit luy-mefme par la bouche de (es
Prophètes, que le Meule ferait C alliance Ecce pofui ie
tlfraël,la lumière des Nations & le falut in teiiamen-
. : , . . , -.
J
, tum gencru,
jufqu aux bouts de la terre. Comment les \ D Ju«m gen.
Payens auroient-ils demeflé ce falut, au "'"P » "' ,u
travers des ombres qui le cachoient, lort uf S ue adcxquela
plufpart des Juifs, à qui les pro- < r!:ni

PREFACE.
diffipée, comme il avoit eftê prédit. Par
conséquent bien loin de méprifer cette
ignorance des Payens , nous devons l'admirer
& la refpecter comme un des caractères
les plus fenfibles de l'accompliflèment
des prophéties, 6c comme une preuve
auffi forte de la vérité de la Religion
Chreftienne, que tout ce qu'ils ont fceu &
connu. Pour moy j'avoue que cette ignorance
impofèe jufqu'à un certain temps à
la Nation la plus pénétrante de l'Univers,
impofée au milieu de la prédiction mefine,
qui fembloit leur devoir ouvrir les
yeux, & diffipée enfuite dans le temps
marqué,me paroift une auffi grande merveille
que le foleil arrefté par Jofué , &
que les eaux de la mer entaflèes 3c amoncelées,
pour ouvrir un paflage aux Hébreux,
De ce principe fi clair on pourrait tirer
l'explication & la preuve de beaucoup
de veritez très-importantes, mais ce n'eft
pas icy le lieu. Il me fùffit d'avoir montré
par là quel ufàge nous devons faire des efcrits
desPhilofbphesPayens,& quel profit
nous pouvons trouver dans cette lecture,
puifque de leur ignorance mefme on tire
de fï fâlutaires instructions. En mefine
temps j'ay juftifié ledefTeinque j'ay fait de
les expliquer & de les traduire. D'abord
j'ay entrepris cette eftude pour ma propre

PREFACE.
utilité, & je la continue pour l'utilité des
autres.
A la Vie de'Pythagore j'ay adjouftc un
recueil de fês fymboles plus ample que
ceux qu'on a donnez avant moy. Lilius
Giraldus, homme très fçavant & grand
critique, en a donné un avec des Interprétations
Latines fort eftendues. Dans
mes explications je l'ay fuivi,loifqu'il m'a
femblé avoir pris Fefprit de Pythagore,
& je l'ay abandonné quand il m'a paru
s'en efloigner. On dit communément que
tout le bon fens eft dans les Proverbes,
& on a raifort. Mais le fymbole a im a-
vantagê fur le proverbe, c'eft qu'il eft plus
figure & plus travaillé, & qu'il renferme
une morale plus fine & plus approfondie ;
comme on pourra le remarquer dans ceux
de Pythagore, qui ne font pas indignes de
la curiputé du Le&eur,
Après ce Recueil de fymboles, j'ay
(ait la Vie d'Hieroclés, ou pluftoft une
diflêrtationuirrAutçurqui a fi bien ex-;
pliqué les Vers de Pythagore. Comme ces
Commentaires font* d'une beauté fuperieure
à tous les ouvrages de cette nature ,
que la beauté d'efprit, la force du raifonnement,
la noblefle des fèntimens, & la
vérité & la folidité des préceptes fe trouvent
avec la gravité, l'énergie,& les grâces
«Je la diction, ayaot que d'y travailler j ay
•5 ij

P R E[F A C E.
voulu m'éclaircir à qui nous devions un Ci
excellent ouvrage,où l'on n'a que deux ou.
trois erreurs à corriger,pour en faire un
livre admirable, Se véritablement Chreftien.
Car le fbupçon, que l'on a eu jufqu'icy
que cet Hierocles eftoit le mefme
qui avoit eferit contre les -Chreftiens, &
qui les avoit perfècutez avec un acharnement
horrible, jufqu'à mériter les faveurs
de (on Prince par (es cruautez, m'avoit
extrêmement refroidi. Il me fèmbloit que
des Payens qui difbient fi bien, & qui
failbientfi mal, n'eftoient pas dignes de
nous inftruire.
Je me reflôuvenois à ce fujet du {âge
l itnOïJfài' ^rupule des Lacedemoniens, qui fe tto\x~
(«..trtTimar. vant un jour dans une extrémité fort
'"'* preflante, aflemblerent le Confèil. Il arriva
par hazard, qu'un homme trés-vicieux
propofa l'avis le plus utile. Les Lacedemoniens,
toujours attachez à l'honhêfteté
& à la décence, ne voulurent pas
devoir le falut de leur patrie à un homme
fi décrié : ils firent propofèr ce mefme
avis par un homme fage, afin de pouvoir
le fuivre (ans fê deshonorer. J'aurois
voulu qu'on euft pu faire la mefine chofê
1 cet Hierocles, s'il euft efté celuy qu'on
a cru. Heureufement cet expédient n'eft
pas ncceflàire. J'ay eftabli fur des preuves
allez Iblides.que 1'Auteuc.de ces corn-

PREFACE.
mentaires eft très différent de l'ennemi &
duperfêcuteur des Chreftiens .J'avoue que
j'ay efté ravi de cette découverte, & que
je me fuis mis à travailler fur fès ouvrages
avec plus de confiance & plus d'ardeuncar
fi l'éloquence demande que celuy
qui la profeflè fbit homme de Sien, la
morale l'exige encore plus fortement, de
celuy qui l'enfêigne.
Ces Commentaires, comme je l'ay déjà
dit, font très précieux ; & j'ofêadèurer
qu'on peut les regarder comme nouveaux,
car ils paroifïènt aujourd'huy dans ma traduction
non feulement plus correcis,mais
plus entiers. Jufqu icy le texte éroit très
corrompu i &il nefautpass'eftonnerque
la traduction Latine qu'en donna Jean
Courtier fur le fin du x vi. fiecle, fbit fi
defbâueufè : le vice du texte luy a fait faite
beaucoup de fautes, mais il en a ad jouxté
beaucoup d'autres, parce qu'il n'enten •
doit.pas finement,Je Grec, & qu'il ignojroit
abfblumcnt cette ancienne Philofbphie.
Il y en avpit déjà une autre traduction
Latine* finte long-temps auparavant par
Jean Aurifpa de Sicile, Secrétaire Apoftolique
fous le Pape Nicolas V. & homme
d'une grande érudition, grand Orateur
& grand Poète. On cite de luy un
volume de Lettres, beaucoup d'Epigramé
iij

P R Ë F A C E.
mes & d'autres Vers très élegans -, & oft
luy donne la louange d'avoir efté fort verfe
dans la lecture des Auteurs Grecs. Il
en avoit expliqué quelques uns à Laurent
Valle, qui en tefmoiene fa reconnoiflànce,
en publiant, qu'il le regardoit à cet
égard comme (on précepteur & comme
ton père. Mais la grande connoiflance
qu'avoit Aurifpa de la langue Greque ,
. paroift encore par fà traduction d'Archimede
& par celle d'Hieroclés. Il fit la
dernière à l'âge de quatre-vingts ans. La
Bibliothèque du Roy, la plus riche de
rEurope,m'a fourni deux éditions de cette
Traduction Latine, faites fous le Pontificat
de Sixte IV. plufieurs années après
la mort de ton Auteur, la première à Padoiie
en M. cccc. LXXIV. & l'autre
à Rome un an après. Il n'y a point de
témoignage plus honorable a Pythagore
de à Hierocles,que cekiy que leur rend de
"vénérable Vieillard dans la Dédicace de
ton Ouvrage qu'il adreflè à Nicolas V. le
père des Lettres, & ton bienfaiteur : il
dit,* Qtfeftant allé far fin ordre aVt~
nife, il y acheta quelques livres Grecs, par'
* Cum Venetiis cfl'em tuo juflti, l'hros aliquot Grati
tos emi, intet quos reppeii Hierodemftipcr verfibuf
Pythagorx aureis. appellaiis» in quibus omnis Pyihagoreorum
Philofophia continciur. Tantaque in cil
efl doârina, canta legencj utilitas, ut oâogenariiu
jam nihil ego aut Grace aut Latine legetim, quoi}
magit mihi profuifli intelligam : patum cniin aut

P R E F ACE.
mi hfquels eftoit le Commentaire JtHitroclesfur
les Vers dorés de Pythagorc, ou il
trouva un fi grand fonds de doifrine &
tant d'utilité, quafon âge il nefefouvinoitpas
d'avoir rien lu ou il eufifait un plus
grand profit; car ce petit Ouvrage, aux miracles
prés, s'éloigne très peu, ou point du
tout de la Religion Chrcftienne: cefl pourfuoy,
ajoute-t-il ,j'enay entrepris la traduction,
que Je vous dédie, & je vousfupplie
de la lire une fois ; vous affcurant, que
quoy cjuonne puijfe rien adjoufler a vojht
ffavoir, & à vos vertus, vous ferel^ ravi
de trouver dans cette leflunt, dtquoy
vous confirmer dans vos fentimens. Et il
appelle cet Ouvrage très excellent, & confirme
à la Religion Ch/eflienne. Opufculum
praftantijfimum, & Religions Chriftiana.
confentaneum,
Jen'ay eu conndiflance de cette Traduction
d'Aurifpa qu'après l'impreffion
de mon Ouvrage, & lorfqu'on imprimoit
cette Préface. Ainfi Je n'ay pas eu
le temps de ^'examiner à fond, par conséquent
je ne fuis pas en état d'en rendre
un ndelle compte. Et il ne faut pas
nihil, ubi miracula non. fuerunt, à fide Chnltiani
diffère hoc Opufculum. L.-.tinum feci , & nomini
Sanûitatis tua: dedicavi, orotjuc ut femel legas ; n.m
quamvisita dodus, it.» omnium vutuium génère pra:-
dltusûs.ut neque doftrinx, ncque viituti tua;

PREFACE.
rononcer légèrement fur les efèrits d'un
Eomme aufïi recommandable par fon
grand fçavoir, que vénérable par fon âge.
Dailleurs, comme il a efté le premier qui
a défriché ces Commentaires dans un
temps où les Lettres ne œmmençoient
qu'à renaiftre par la protection que leuf
donnoit le Pape Nicolas V. on doit avoir
de l'indulgence, & n'en pas juger à la rigueur.
J'ay parcouru fon Ouvrage,& j'ay
vu que ce n'eft ni le fçavoir , ni l'efprit,
ni le ftile mefme qui luy ont manqué
, mais des manufcrits plus correds.
Malhcnytfèment ceux qu'il avoit achetez
à Venifè, eftoient aufli corrompus, &
moins entiers,que ceux qu'on a eus dans la
fuite, & fur lefquels on a imprimé le texte
..Grec : car je remarque dans fâ traduction
prefque les mefmes fautes qu'on a contix
nuées après luy, 8e d'autres encorequi ne
viennent fans doute que du deffaut du terre.
Dans le refte il y a des endroits hetfreu-.
fêment exprimez & plus correâs,que dans
la traduction de Jean Courtier : cette dernière
quelque défectiieufè qu'elle foit, me
femble pourtant un peu plus exa&e. Il ne
paroift pas que l'Auteur ait connu la première,
car il n'en parle point. Mais tout
bien compenfé, cette première a fon mérite,
elle peut mefme eftre confultée comme
un manuferit, fi jamais on imprime le

P R E F A C 1.
texte Grec:& Aurifpa eft digne d'une rresgrande
Joiiange,d'avoir eu le courage & la
Force à quatre-vingts ans, & dénué de tous
lafecoursque nous avons aujourd'huy ,
d'entreprendre la traduction d'un ouvrage
philofophique auffi profond, & aufli difficile
que ce Commentaire d'Hierocles,&
d'avoir furmonté tant d'obftacles pour
procurer à fon fiecleune lecture fi avantageufe
& fi utile. Je me fuis fait un fingu-
Eer plaifir de luy rendre la juilice qui luy
eft deuë, Se d'avoir tiré fk mémoire des ténèbres
de l'oubli.
Meric Cafaubon, fils du grand Cafàubon,adjouta
quelques remarques à une édition
qu'on fit à Londres delà traduction
de Jean Counier, Se dans ces remarques il
areftitué heureufement plusieurs partages,
mais ceU ne fuffifbit pas- pour rétablir en-
uetement le texte.
M. l'Abbé Renaudot, qui a omé beau»
coup de vertu,& un grand fonds d'efprit,
d'un fçavoir très-profond, m'a commu-»
nique un exemplaire de l'édition de Jean
Courtier, enrichie à la marge de quantité
de belles corrections écrites pai una
main inconnue', mais fçavante. D'abord
je ne fçavois fi c'eftoient de fimples conjectures
-, mais enfin j'ay vu que c'eftoient
des diverfes leçons tirées des meilleurs
«unuferits. Ce fçavant. Abbé ne s'eft pas
c v

P R E F A C i.
contenté de me fournir ce trefcr, il a plu
fait encore : il m'a procuré le feccurs- de
M. Antonio Maria Salvini, Profeflèur en
Grec à Florence, Académicien délia Crufca,
Se de l'Académie de Rome de gli
Arcadi, homme de beaucoup defprit,
tres-fçavant dans la langue Greque,&
dans les belles Lettres; &, ce qui fe trouve
rarement avec tant de fçavoir, d'une
modeftie très finguhere, & toujours preft
à quitter fês occupations pour aider les autres
dans leurs travaux, en leur communiquant
libéralement tout ce qu'il y a à Florence
de plus précieux, & qui peut Servira
l'avancement des Lettres. M. Salvini
a pris la peine d'extraire luy-mefme, &
de m'envoyer toutes les différentes leçons
d'un excellent manuferit d'Hierocfés r
qui Ce trouve dans la Bibliothèque de S.
Laurent, tres-richeen toute forte de manuferits
les plus rares j. & fur tout de manuferits
Grecs, que le grand Cofme, père
de la Patrie, Laurent fon fils, le Pape Clément
VII. & le grand Duc Cofme I. ont
amaffez avec des dépenfès infinies, &que
fes deux derniers ont fuperbement placer
dans un vaiflèau d'une architecture admirable,
exécutée fur ledeiTeinde Michel-
Ange. Ce manuferit en confirmant la
plufpart des corrections de la marge de
l'exemplaire de Paris m'en a fourni quaor

f R E F A Ç E.
tiré d'autres très - neceflaires, & très-importantes,
& a fuppléé rnelmefouvent des
mots Se des lignes entières qui man~
quoient vifiblemenr, de forte que je puis
aflèurer que le texte d'Hierocles eft prefêntement
aufll entier qu'il le puiilè eftre, &
tel qu'il eft forti des mains de l'Auteur.
J'en ay rapporté les principales correclions
dans les Remarques, c'eft à dire,
celles qui font un fêns différent de celuy
du texte imprimé: toutes les autres, qui ne
font proprement que des élégances de ftyle
, ou qui ne changent pas le fèns, je n'ay
pu les marquer, parce que cela auroit cfté
ennuyeux,& peu fenfible dans des remarques
FrançoUcs ; mais elles ferviront très
Utilement fî jamais on imprime le texte
Grec, qui n|erite certainement de voir le
jour en l'eftat où ce manuferit nous l'a
tendu. Je n'ay jamais fait cas de toutes les
minuties que beaucoup de fçavans recueillent
d'ordinaire dans les manuferits, mais
j'eftime infiniment tout ce qui éclaircit des
paflàges obfcurs & inexplicables fans ce
fècours, ce qui fait un beau fens où il n'y
en a point, & ce qui donne lieu à d'heureufos
découvertes. Voilà ce qu'on doit;
chercher dans les manuferits : & c'eft ce
que l'on trouve dans celuy de Florence j
il n'y a pas de page où il ne prefente
quelque chofe de précieux.
g vj

PRE F A C E.
Avec un fi grand fecours je puis efperer
que ma traduction Françpife aura tous
les avantages qui manquent aux deux traductions
Latines dont j'ay parlé. Je n'ay
rien oublié pour la rendre claire, & pour
la mettre en èftat de porter nettement dans
Pefprit l'idée jufte du précepte & de la raiibn
du précepte. Dans cette veuë j'ay mefme
quelquefois employé des expreflîons
que je n aurois pas hazardées dans des
traitez d'une autre nature. Les matières
de Philofophie donnent des libertez que
l'on n'oferoit prendre ailleurs : elles forcent
mefine à s'en fervir, comme Cicefon
l'a reconnu & pratiqué dans (es traitez
philofbphiques.
Hierocles eft un efprit du premier ordre
: il a des idées nobles & fublimes, &
fbuvent très-difficiles à entendrejune traduction
feule feroit inutile, car il y a beau*
coup de pafïâges qui ne feraient point entendus
mr tout par ceux qui n'ont pas fait
une eftude particulière des anciens Philosophes.
Il a donc fallu accompagner la
traduction de remarques. Théodore Marfile
en a donné quelques - unes fur les vers
de Pythagore : & Meric Cafàubon, comme
je l'ay déjà dit, en a fait un petit nombre
fur quelques endroits d'Hierocles ,
plus pour corriger le texte, que pour l'expliquer.
Maisperfbonejufqu'icy n'a en-

PREFACE.
«repris d'expliquée Hierocles tour entier ;
Se c'eft ce que je me fuis propofé de faire.
Je n'ay épargné, ni temps, ni travail pouii
éclaircir toutes les difficultez. Il n'y en a
pas une que je n'aye expliquée, ou eflàyé
d'expliquer, pour parvenir a rendre ce fyftéme
auffi clair & auffi fenfible, qu'il l'eftoit
du temps de Py thagore mefme.
Comme Hierocles n'a fleuri que dans
le quatrième ou cinquième fiecle, il n'y a
pas de doute que la Religion Chreftienne
ne l'ait aidé à développer beaucoup de dogmes
de Py thagore qui n'avoientpas efté
fi bien éclaircis avant luy. Il n appartient
qu'à elle de difliper les ténèbres, d éclaircir
les ombres, &d'ofterle voile qui cache
les plus grandes veritez ; mais il ne
faut pas pouffer plus loin ce principe, ni
s'imaginer qu'Hierocles ait changé le fyCtéme
de Pytnagore, pour le rapprocherde
JaReligion Chreftienne, 8c pour le rendre
plus beau : il n'a fait que tirer de cette
îâinte Religion le véritable eiprit du dogme,
que ce Philosophe avoit puilé dans
les livres & dans les traditions des Juifs ;
& c'eft ainfi qu'on doit expliquer lesefcrits
des Payens j car, comme je l'ay dit
dans le Difcours-uu Platon, il ne faut pas
prétendre éclaircir les veritez de la Religion
par les veuës des Philofophes, mais
au contraire, il faut; éclaircir les veuës des

PREFACE.
Philofbphes par les* veritez de la Religion.
Etc'eft ce que fait Hierocles ; car il eft
certain que les fëmencesde toutes les veritez
qu'il enfeigne,fe trouvent dans Timée
& dans Platon Difciples de Pythagore ,
comme on le verra dans les Remarques.
Par exemple, dans ce qu'Hierocles dit
des fils de Dieu, qu'ils font les images du
Père, & les images incorruptibles, il a
fans doute emprunté de noftre Religion
les traits dont elle defigne noftre Seigneur,
qui eft la véritable image du Père ,
& qui n'a point connu le péché : mais le
fond du dogme eftoit certainement dans
Pythagore, puiique Timée & Platon l'avoient
pris de luy. Ilya mefme lieu de
s'étonner que dans une n grande lumière
il n'ait pas vu le ridicule de cette pluralité
de filsde Dieu, & qu'il n'ait pas embraf-
& la vérité d'un fils unique ; vérité reconnue
& anoncée par le Poëte mefine, à
qui on a donné le nom d'Orphée, & dont
les efcrits eftoient d'une grade autorité
parmi les payens ; car il a dit en propres
termes :
Et portant les yeux de ton entendement
jufqu'au Verbe divin, repofe toy fur luy,
Le mefme Poëte aflure ailleurs que Jupiter,
Pluton, le Soleil, Bacchus ne font
.. que differens noms d'un feul & mefme

PREFACE.
Dieu. Platon parle auifi du Verbe trtt- '"»"•• *-t-n*
divin, qu'il appelle la caufedcs eftres,& * ,M "'*N"
il reconnoift que de la connoiûance de ce
Verbe dépend le bonheur de cette vie, &
Ja félicite de l'autre, & qu'elle feule mené
à toutesles connoiflances les plus'fublimes.
Hierocles a donc efté en cela du nombre
de ces malheureux dont parle Pythagore ,
qui s'attirent volontairement leurs malheurs,
& qui ne voyent, ni n'entendent
que le"! biens font prés d'eux, & que Dieu
les a mis en leur puiûancev & ce qui eft encore
plus eftonnant, il a dormi a midy, ^ymb. ». f
pour me fervirde l'expreffion du mefme C3WVI *
Pythagore. Sommeil runefte,qui a efté
la jufte punition de ce qu'il s'eft toû jours
tenu attaché aux élemens greffiers de la
Philolôphie après la manireftation claire
& entière de la vérité , & qu'eftant né
dans le temps où la Religion Chreftienne
triomphoit avec tant d'éclat de l'ignorance
& de l'erreur il a formé les yeux à cette
lumière divine.
Sur l'explication qu'il donne aux trois
premiers Vers de Pythagore, en partageant
les fùbftances raifbnnables en Dieux
immortels, tn Héros, & en Dtmonsttrreftres,
& en donnant à la nature Angélique
le nom de Héros, on pourrait l'accufer
de s'eftre efloigné du dogme des anciens
Philofophes, qui appellent Héros, non les

PREFACE.
Anges, mais les hommes confierez après
leur mort, témoin ces mots des médailles,
Htros Antinous : Héros Eurypylus : témoin
encore les Temples appeliez Heroa,
qui eftoient des Temples baftis à des hommes
qu'on avoit élevez après leur mort au
rang des Dieux ; car voila les trois degrez
les Dieux, les Démons, les Héros. Mais ce
reproche ne ferait pas trop bien fondé, car
comme les Anciens ont partagé en plulïeurs
efpeces les fubftances raifonnables
qui fontentre Dieu & les hommes qui vivent
encore fur la terre, & qu'ils ont donné
à ces fubftances les noms d'Anges, de
Démons, & de Heros,Y Auteur de ces Vers
a fort bien pu appeller Héros la première
elpece,les Anges, comme Hierocles allure
qu'on l'a pratiqué.D'rf/tfra,, dit-il,»* donnent
a ce genre moyen qu'un de ces trois
noms, en les appellant Anges > Démons, ou
Héros,par les raifons que nous avons dites.
Pour peu que l'on reflechiflè fur la neeeffité
de la Religion, & fur la corruption
de l'homme, on voit clairement de quelle
manière les hommes ont efté portez à abulèr
de tous les fècours que Dieu leur a donnez
pour le connoiftre, Se comment l'idolatrie
a elle comme l'ombre de laReligion.
Dieu avoit manifelté là gloire dans les
Cieux, & communiqué à tous lés ouvrages
des perfections qui marquoient aux

PREFACE
hommes, qu'ily avoit audeiïus d'eux un
eftre tout putfïant & tout bon, qui les a-
voit créez, & qui meritoit leur culte. Mais
leur corruption les porta à rendre aux
créatures l'honneur qu'elles demandoient
pour leur Créateur : voila la naiflànce du
paganifme &de ridolâtrie,qui n'eft que la
corruption de la Religion naturelle,&une
fauilè Religion inventée fur la Religion
légitime Se véritable ; car, comme je l'ay
déjà dit, le faux imite toujours le vray.
Dieu veut corriger ce defordre par la
Religion révélée. Cette Révélation apprend
aux hommes que Dieu eft unique »
elle leur fait entrevoir un Libérateur en
quiDieu a mis An efprit,& qui n'eft autre
que le Meffie, le Chrift, Fils de Dieu. Elle
leur montre des fùbftances raifonnables,
plus parfaites que les hommes, que Dieu %
créées,8c dont il fait fesminiftres,& enfin
elle leur parle de certains hommes, qui
ayant efté les amis de Dieu pendant leur
vie,luyfont encore plus eftroitement unis
après leur mort. La corruption abufa encore
de ces connoiuances. Elle méfia à cette
unité de Dieu des imaginations monftrueufês.
Au lieu d'un filsunique,elle donna
à Dieu un nombre infini a enfans : au
lieu d'Anges, miniftres de ce Dieu fiipreme,
elle imagina plufieurs fortes d'Efprits
bons & mauvais, aufquels elle fàcrifia -, 8c

PREFACE,
au lieu d'hommes fages,morts dans la pratique
de la vertu, & devenus par là amis de
Dieu,& citoyens du Ciel, & au(quels par
conlêquent il eftoit deû une forte de culte
mbordonné, elle divinifa les hommes les
plus vicieux, & qui n'eftoient devenus fameux
que par l'énormité de leurs crimes :
elle leur confacrades Temples, & leur fit
bien - toft les mefines facrifices qu'à Ces
Dieux.
Pythagore, qui avoir efté inftruit do
la Théologie des Hébreux , & qui n'ignoroit
pas que les chaftimens dont Dieu
les avoit fi fouvent punis, venoient ordinairement
de leur idolâtrie, fut frappé
de ces excès trop groifiets, & voulut les
corriger en ramenant fès difciples à la rai-
(bn, & en leur enfeignant à rendre à ces
fùbftances un culte proportionné à leur dignité,
ce qu'il appelle tnyut fictif, rendre
un culte hgittme & conforme à la Loy.
Mais au lieu de détruire I'idolatrie,il ne fit
que la confirmer en la limitant; auffi n'eftoit-ce
pas là l'ouvrage de l'homme > car
l'homme ne corrige pas les penchants du
cœur. Il y eût peut-eftre des particuliers
qui fe reformèrent en quelque façon fur
fes préceptes, mais le gênerai continua de
fe plonger dans lamefme fuperftion,& l'idolâtrie
régna avec la mefme violence. La
Religion Chreftienne menue n'en arrefta

PRETA CE.
pas entièrement le cours-, mais comme elle"
répandit un plus grand jour fur les veriféz
j que les anciens Philofbphes avoient
entreveuës, leurs Difciples s'en fèrvirent
très utilement pour approfondir leurs dogmes
, & pour les développer beaucoup
mieux qu'on n'avoit fait auparavant. C'eft
ce qu'a fait Hierocles dans l'explication
qu'il donne aux Vers de Pythagore, &
c'eft ce qui rend (es Commentaires fi lumineux,
&,fi j'ofè le dire, fi chreftiens.
Je ne parleray icy que de ce qu'il dit fur
les trois premiers Vers, qui font les plus
importants. Il eft certain que l'explication
uil leur donne, eft conforme à l'idée de
'ythagore j car long-temps avant Hierocles
Platon avoit fait le méfme partage
avec la mefme fùbordination, & ordonné
qu'on rendift le premier culte aux Dieux,
le fécond aux Démons, & le troifieme aux
Héros. * Après les Dieux celé fies, dit-il,
f homme fage facrifiera aux Démons, &
après les Démons auxHeros.Cc& le dogme
de Pythagore ; avec cette différence, que
Pythagore appelle Héros ceux que Plaron
nomme Démons, & qu'il donne le nom de
Démons terrefires à ceux qu'il appelle Héros.
Ce qui ne change rien au fond. Mais il
*Mtr* fau h -nit fl,f$ Tels A»/fWff» ° V V*"
^r«r içftctgur Ht. H(vn J'i ftirk nirttA • dans k
lir. des Lotx, tom. ». p. 717-

P R E P A C E.
faut avouer qu'Hierocles a tiré de la Religion
Chreftienne la connoiflànce des bornes,
fi juftes & fi precifes qu'il donne à ces
différents cultes, & les principaux traits
dont il defigne les Anges & les hommes
receus dansks chœurs celeftes, c'eft à dire,
les Saints.Les Payens avant luy ont connu
l'eflènce Angélique : Platon a dit dans le
x. liv. desloix, que dans Us combats qut
nous avons àfoutenir dans ce monde, nous
ne pouvons vaincre, que lorfque Dieu ou
fes Anges viennent* nofirefecours. Mais
aucun Payen n'en a parlé comme Hierodes.
Au moins je n ay point vu ailleurs
ce qu'il dit, que les Anges font non feulement
au dejfms de Dieu, & audeffus dt
P homme, mais encore qu'ils netonnoiffent
que félon qu'il plaift a Dieu de les éclairer,
qu'ils/ont tout éclatans dt la lumière qui
rejaillit de Dieu fur eux -, qu'ils fervent
de canal à cette lumière divine pour mus
éclairer, que pleins d*amour pour Dieu Us
ne cherchent qu'à nous aider à pajfer de
cette vie terreflre a une vie divine, & enfin,
qu'ils font deftine"^ à nous annoncer
les règles pour la bonne vie & pour le
bonheur éternel.
Mais lefêcours qu'Hierocles a tiré des
livres de la Religion Chreftienne paroift
fur tout dans ce qu'il dit des gens de bien ,
qui après avoir pafle leur vie dans la pu-

PREFACE,
tique de la vertu, ont efté receus dans les . .
chœurs celeftes, c'eft à dire, ont efté béatifiés.
Pythagore les avoir appeliez dmplanent
Démons terreftres -,* terreftres, '
parce qu'ils font hommes par leur nature ; \-
& Demons,parcequ eftant dans le ciel Se ; ,*j^
unis à Dieu, ils font pleins de fcience &
de lumière ; & Platon s'eftoit contenté de i. tk:> ;*
dire que les âmes, après qu'elles font (è- ••'•
parées du corps, ont encore foin des cho- j.
lès qui regardent les hommes ; qu'elles,
protègent particulièrement ceux de leur I .•
Famille qui font reftez for la terre, &:'
qu'elles méritent d'eftre honorées. Maisj;
Hierocles va bien plus loin, & il marque '
les Saints d'une manière finette & fi pre- f
cifè, qu'on voit clairement qu'il n'a pu
tirer que des livres de la Religion Chref- j
tienne les traits dont il fe fortpour les désigner.
Où auroit-il pu apprendre ail- ;
leurs, que la me/me grâce divine qui fait Iti
Saints, Us rend dignes de nos refpelts, & .
de noflre culte. Qitil ne faut ks honorer
qu après qu'ils ont efté receus dans /«,:>;
Chœur dvin, & que ce culte conftfte pin- (
cipalement à les muter, & à obt'ir au*
préceptes qu'ils nous ont laift^, & À
* Je m'accommode icyà l'explication d'Hic»
rodes, car j'ay fait voit dans les remarques que j
le terme Grec tulf^nç igmixtitui Cgmfie ,it*
pmts d*v*tm*d*mem' m t'dbl-iiK,ieattfitz. -j |
V

PREFACE,
fuivrt les /entiers qu'Us nous ont tracti
avec mille peines & mille travaux en confignant
dans leurs efcrits pour le bien
commun des hommes, les élemens des vertus
& les règles de la vérité Je ne
crois pas qu'on trouve rien de femblable
dans tous les Auteurs Payens qui ont efcrit
avant la venue de noftre Seigneur.
Voilà donc des preuves certaines de ce
que je voulois établir, qu'Hierocles n'a
point changé les dogmes de Pythagore,&
qu'il s'eft feulement fervi des lumières de
laReligionChreftjenne pour expliquer ces
dogmes, parce qu'il n'y a que la Religion
Chreftiennejqui puiflè donner le^verit^
ble fens des'principes puifez 4FJS ^es livres
& dans les traditions des juifs.
Nous avons une tradu&ion Arabe des
yers.de Pyrhagore. Je ne puis pas juger
de cette copie, mais la traduction Latine
que Jean Elichman, tres-fçavant dans les
langues Orientales nous en a donnée, me
confirme dans ce que j'ay dit autrefois de
tous ces traducteurs Orieiitàux, qu'ils
font plus capables d'obfcurcir la.vérité
par leurs imaginations & par leurs fables,
que de l'éclaircir par la fidélitéde leurs
verrions. Celuy-cy a gafté la plufpart des
préceptes de Pyrhagore, & n'a rien comirisdansfa
théologie. Saumaifèen areevé
plufieurs fautes, mais il ne paroiil ( pas

PREFACE.
i
avoir efté auffi heureux à les corriger.,
Dans les endroits les plus importans & •
les plus difficiles il fait voir qu'il n'a entendu
ni le fyftéme de Pythagore, ni l'ex- '
plication qu'en a donné Hierocles. Gro- \
dus y eft bien mieux entré que luy,& en al
mieux fenti la beauté & la force. Il fçavoit
prefquetout Hierocles par cœur, &per-i
fbnnenes'eneftfèrvi plus heureufement ;
il en a tiré des rrefors dont il a enrichi fcs :
efcrits, &c fur tout fès commentaires fur
l'Ecriture fainte.
j
Au refte pour expliquer Hierocles, & <
pour demefler dans fà doctrine les veri- i
tez qu'il a connues d'avec les erreurs qu'il ;
n'a pas eu la force de corriger, il a fallu j
dans les Remarques s'eflever jufqu'à la
plus haute théologie. Comme mille exem-
»les m'ont confirmé la vérité de cette bele
maxime d'Hierocles, que l'homme eft i
Î
naturellement fécond en opinions effranges
8c erronées,quandil s'abandonne à fès ;
propres lumières, & qu'il ne fuit pas les
notions cornmunes félon la droite raifbn,
je n'ay rien avancé de moy-mefme, j'ay,
toujours fiiivi les guides les plus feurs, &,
j'ay tafché de ne m'éearter jamais des no-1
tions communes. !
Je ne fçay pas quel fuccés aura cet Ouvrage.
Il me femble que fiPythagore a acquis
tant de réputation dansunfiecle où

PREFACE.
il n'y avoit que fept hommes fàges, ildevroit
bien la confèrver, ou pluftoft l'augmenter
aujourd' huy où l'on en trouvera
à peine fept qui ne le foient point. Les
(âges fè font un honneur d'eftimer &
d'honorer ceux qui le méritent, 8c, com -
me dit Plutarque, orner les autres, c'eft un
ornement tres-digne, qui vient d'une furabondance
de gloire & d'honneur. Ceux
qui font chiches des louanges d'autruy,
font des envieux, ou des gens pauvres 5c
affamez de louanges, &qui ne veulent
pas donner ce qu'ils n'ont jamais receu.
Ils me permettront de les faire fôuvenif
icy, que les Anciens ont mis les Grâces auprès
de Mercure, dans le feul deflein de
nous apprendre qu'il faut avoir de la reconnoiflance
pour ceux qui travaillent à
nous inftruire, 3c qui nous font part de ce
qu'ils ont acquis par leurs veilles 3c pat
leurs travaux. Comme la lumière eft le
bien de ceux qui la voyent,les difeours des
Sages font le tien de ceux qui les entendent,
s'ils veulent les recevoir.
LA

LA VIE
D E
PYTHAGÔRE.
JsSIi; feigner comme un maiftre
enfeigne fes difciples , leur raifon a
toujours été long-temps à feperfectionner
, & ils ne font parvenus que fort
tard à connoiftre la fageflè. Et comme
cet heureux privilège d'avoir Dieu
pour maiftre, & pour précepteur, s'il
eft permis de parler ainfi, n'a jamais
été accordé qu'à un fèul peuple, tous
les autres ont croupi long-temps dans
les ténèbres de l'ignorance & de l'erreur;
& ces ténèbres ne (ê font diffipées
qu'à mefure qu'ils ont approché
.a

ij L A V i i
des lieux fréquentez par ce peuple c*
ïû, à qui les oracles de la véritable fagefle
avoient été confiez ; & à qui, par
cette raifon, appartient véritablement,
& à la lettre, le glorieux titre-de dif-
Bms le*, ciple de Dieu, qu'Homère ne donne
'k,ilf,iy£ à Minos qu'improprement, & par fî-
*tv iapirn'(, gure.
II ne faut donc pas s'étonner fi les
Grecs, malgré leur habileté, & tous
les talents de leur efprit, en quoy certainement
ils ont furpafle toutes les
nations du monde, ont été tant de ficelés
fans aucune teinture de la Philo- '
fophie, & fans aucune connouTance
de la nature. Ce ne fut que du temps
de Solon vers la XL VI. Olympiade,
c'eft à dire, prés de fix cens ans avant
Jefus-Chrift, qu'ils commencèrent à
Jîhilofopher.Encore parmy les fept Sages
, qui parurent alors avec éclat, n'y
eut-il que le feul Thaïes, qui, comme
Plutarque nous l'apprend, poufTa fes
fpéculations au-delà des choies d'uiage,
tous le&autres n'ayant acquis cette
réputation de fagefle, que par leui
grande habileté dans la feience qui

D I P-f-T H A G O R. H. iij
traite du gouvernement des états. Voila
pourquoy Damon de Cyrene les
Llamoit tous dans un traité qu'il avok
fait des Philofophes; Anaximéne leur
reprochoit, qu'ils étoient tous attachez
à îa * politique; &Dicearchus tlifoit
fort bien, qu'ils n'étoient ni figes, ni
amateurs delà (âgene, mais feulement
des hommes habiles & de bons Icgiilateurs.
Voila les premiers rayons de fa /âge/Te,
qui commencèrent à éclairer les
Grecs ; car Thaïes n'avoit point eu de
maiftre de fa nation, comme ils l'avouent
eux-mefmes. Perjonne ne le
guida &" ne luy fraya le chemin, dit
Diogéne Laè'rce, mais il alla en Egypte
, ù* converfa long-temps avec les
Prejîres Egyptiens.
Ce fut donc en Egypte que les Gréa
prirent les premiers élemens de la vé^
ritable fagefle. Mais d'où étoient venues
aux Egyptiens ces connohTances
fi fublimes, ces connouTances que n'a-
* C'eft ainfi qu'il faut liredans Diogcne Laërce
, fàt9-i

iv L A V i E
voient ni les Mages des Perfês, ni les
•Ouldéens , ni les GymnofopWfles ,
ni les Celtes, ni les Druides, ni aucun
des Barbares! Elles venoient certainement
du commerce que ces peuples
avoienteuavec le peuple de Dieu,
depuis qu'il avoit été captif en Egypte.
On fera peut-eftre icy une objection
qui paroift raifonnable. On dira,
pourquoy les Grecs alloient-ils chercher
la fageflèen Egypte où il n'y en
avoit que de légères traces ,~déja effacées
par mille fuperftitions l & que
n'alloient-ils dans la Judée, où la véritable
fageffe étoit fur le trofne l dans
cette contrée où les Prophètes infpi-r
rez de Dieu faifoient entendre tous
les jours leur voix, où le moindre ar»
tifan leur auroit appris en huit jours
de plus grands principes fur la création
du monde , fur la conduite de
Dieu, & fur les devoirs de l'homme,
qu'ils n'en pouvoient apprendre de
tous les Preftres Egyptiens, & de tous
les fages des autres peuples, & plus
que tous leurs Philofophes n'en ap-

DE P Y T'tt A G O R I. Y
prirent dans l'efpace de quatre-vingts
douze olympiades , ou de trois cens
fbixante-dix ans, qui s'écoulèrent depuis
Thaïes leur premier Philosophe,
jufqu'à. Epicure qui en fut le dernier;
dans cette contrée enfin , dans laquelle
feule habitoit la vérité, au lieu
que tous les autres pays du monde é-
toient le féjour de l'erreur & du menlonge
l
Il n'eft pas difficile de répondre à
cette objection. Je ne diray pas que les
Grecs defcendus des Egyptiens ,'pouvoient
avoir plus d'inclination pour le
pays de leur origine, & où ils trouvoient
leurs Dieux & leur Religion.
Je diray bien moins encore, com- u v .tv.diU
me Lactance, que Dieu les empefcha *'£'^'^''
d'aller en Judée, afin qu'ils ne pu/lènt
pas apprendre la vérité, parée qu'il
n etoit pas encore temps que les étrangers
connuflent la Religion du véritable
Dieu. Ce fèntiment me paroiflinfoutenable.
Je ne croy pas non plus qu'on foit
bien fondé & fuppofer que les Juifs
étant placez précifément entre les E-
a iij

Vj
L A V 1 E
gyptiens & les Perfes, il eft difRciîtf
que Pythagore , en allant d'Egypte
en Perfe, n'ait pas abordé chés les
Juifs. Dans tous les anciens, oh ne
trouve pas une feuie autorité qui
puifle faire feulement foupçonner que
Pythagore ait jamais mis le pied en
Judée. S'il yavoit été, les anciensew
auroientconfervé quelque mémoire »
& fon exemple auroit été fuivi. Nott
feulement Pythagore n'y a jamais été,
mais j'olê dire que les Grecs n'ont jamais
eu aucun commerce avec les
Juifs; & en voicy des raifons qui payoiflront
peut-eftre afïèz fortes.
Les Juifs fê regardoient avec juftice,
comme une nation que Dieu avoit
feparée de toutes les autres, pour fé
la fanctifier, & pour fe l'unir. Voila
pourquoy, renfermez dans leurs limites
, ils n'avoiertt aucun commerce a-
vec les étrangers. Pénétrez de leurs
privilèges, & fiers des bénédictions
que Dieu répendoit fur eux, ifs regardoient
les autres peuples, comme le
joiiet du démon, & de l'idolâtrie. Ils
u'avoient aucun ménagement pour

» E PYTHAGORE. vij
TeurReligion,iIs les traitoient avec une
rigueur & une févérité, jufqu a enfreindre
par aver/îon pour eux leurs.
Loix & leurs couftumes. Ils ne demandoient
pour faire le procès à un é-
tranger, qu'un feul témoin & un feui
Juge.
Il ne faut donc pas s'étonner qu'une
nation qui avoit en horreur toutes les
autres nations, leurs Dieux, & leurs
cérémonies, fuit auffi elle-mefme l'ob-
"et de la haine & du mépris de toutes
Î es autres nations; & encore moins
qu'une nation élûë de Dieu, fuft la
nation réjettée des hommes.Mais quoy
qu'on la regardaft comme la plus vile
des nations, on peut dire qu'elle étoit
encore plus inconnue que méprifëe.
On ne croiroit jamais jufqu'à quel point
elle étoit ignorée des Grecs, de ces
hommes curieux & avides de tout apprendre,
fi on n'en avoit des témoignages
qui prouvent que la Judée é-
toit pour eux un pays très-inconnu,
non feulement du temps de Thaïes,
fix cens ans avant Jefus-Chrift ; mais
cent ans encore après- la naùTance do
a iiij

viij L A V i E
PMI fa fn- Ce Sauveur. On n'a qu'à entendre PIu-
Hv.'iv'.'i»cf. tarque parler des cérémonies & des
*• feftes des Juifs. On voit clairement,
qu'ils ne connoiffoient ce peuple que
par des bruits confus, fur lefqueis ils
baftiffoient les fables les plus abfur-

DE PTT&AGOR!. IX
Dieu les eut rétirez d'Egypte. En ce
jour ifs prennoient des branches de citronnier,
de palmier, de myrthe, & de
fàule, qu'ils portoient à la main, comme
cela leur étoit ordonné.
* Plutarque confond ces fefîes, il
prend celle du jeufne & des expiationspour
celle des tabernacles, qu'il partage
en deux ; & il met la dernière,
celle des trompettes, qui précède les
deux autres.
Mais ce qu'il y a de plus étrange',
il afleure que c'étoient des feues célébrées
en l'honneur de Bacchus;il prend
pour des thyrfes les branches qu'ils portoient
à la main ; il dit que ces trompettes
étoient deftinées à invoquer
Bacchus, comme faifbient les Argiens
dans leurs Bacchanales. Il croit que les
Lévites étoient ainfi appeliez du furnom
de Bacchus qu'on appelloit Ly-
Jîus & Evius. H conjecture que le mot,
* Sumetifquc vobis die primo fruftus arboris
pulchcrrimac, fpatulafque palmarum & tamos ligni
dcnfamra frondium, & falices detorrente,
& lxtabimini cotam Domino Deo reftro. a/.
a Y

X L A V I B
fabat, eft tiré du nom ,Cabbos, qu'on
donnoit aux Preftres de Bacchus, à
caufe de l'exclamation ,fabboi, qu'ils
faifoient dans ies Bacchanales. Il débite
que les jours de fabbat étoient desfeues
de ce Dieu de la débauche parce,
dit-il, que ces jours-là ils s'excitoient
a boire, & à s'enyvrer.
Ce qu'il ajoufte des veftcments du
grand Preftre, ne marque pas moins
fon ignorance. H dit que l'Ephod ou
le pecftoral étoit une peau de cerf brodée
d'or, & que les clochettes qui pendoient
au bas de la robe de de/Tous l'Ephod
, étoient pour faire un bruit pareil
à celuy qu'on faifoit dans les fàcrifices
nocturnes de Bacchus, & à
eaufe duquel on appelloit les nourrices
de ee Dieu, Chalcodryftas, comme
,frappants Te cuivre.
If prétend qu'ils ne faifoient point
«Foblation de miel ; parce, dît—il, que
k miet.gafte le vin. La chofe eft auffî
ikufle, que la raffon eft abfurde. hes
Juifs ne faifoient pas brufler le miel
fiir l'autel; mais ils en faifoient des
oblations, car ils en offraient les pré-

DE P Y TlfXG"0'lC 1". Xj
mices. Enfin , il eu fi peu inftruit de
leurs couftumes, qu'il ne fçait fi c'eft
par vénération, ou par horreur, qu'­
ils ne mangent pas la chair de pourceau.
Voila la Judée entièrement ignorée
des Grecs, & voila les raifons qui
îesempefchoient d'y avoir aucun commerce.
Ne pouvant donc aller afiouvir
leur curiofité chés les Juifs, ils alloient
en Egypte où ce peuple avoit
laine quelques étincelles de fageffe,
& où il portoit toujours quelque
nouvelle connoiflànce, par le commerce
continuel qu'if avoit dans fe
pays ; * car les Egyptiens étoient uir
des peuples que Dieu avoit exceptez
de l'abomination qu'iï avoit ordonné
aux Juifs d'avoir pour la plufpart des
Gentils.
Quoy que ce ne fu/Tent que des
étincelles prefque mourantes, elles ne
lainerent pas, rafiemblées peu à peu,
& nourries par de bons efprits , de
*Non abominaberis Idumsenra, quia fiater
tuns eft, nec iEgyptium, quia advena fuifti ia
lerra ejus. DtMtron. z& 7-
a vj

Xij L A V t E
faire enfin un aflez grand feu.
Thaïes fut le premier qui en dégagea
quelques-unes de deflbus la
cendre qui les accabloit. Avant luy
ou l'Egypte n'étoit pas ouverte aux
Grecs , car on prétend que Ie s Roy
Pfammeticus fut celuy qui leur en
permit l'entrée vers la XXX. olympiade
, ou bien ils n'y alioient que pour
commercer, & pour fournir aux commoditez
de la vie ; & s'ils en rapportoient
quelques nouveautez, ce netoit
que des ombres de véritez , ou

DE PYTBAGôRE. xitj
gnoit à Milet ville d'Iûn/e.
Pythagorebeaucoup plus jeuneque
luy, & pourtant fon contemporain ,
fuivit fon exemple; & après avoir fait
de plus grands progrés en Egypte, il
alla fonder fa fe

xiv L A V I E
pté un périt coin du monde , étoit
enfevelie dans les ténèbres. On y verrou
auffi les éclipfes que cette vérité a
fouffertes de temps en temps , parce
qu'elle n'étoit pas encore aflez forte
pour triompher entièrement de l'illufion&
du menfonge.oùfa contagion
du corps tient naturellement l'e/prit
humain.
Pour moy après avoir donné la
vie de Platon , & une idée de fa
doclxine, j'ay crû que je ferois une
chofe auffi agréable qu'utile , fi en
donnant la Philofophie de Pythagore,
dont ce qu'il y a de plus confîdérable
efl renfermé dans les Vers dorez
qu'on attribue à Lyfis fon disciple,
& maiftre d'Epaminondas,
& dans les fçavants Commentaires
d'Hiérodes, je l'accompagnois de I*
vie de ce Philofophe. Elle avoit été
faite par de grands perfonnages de
l'antiquité, Xenophon , Ariftoxéne,
Hermippe, qui étant afTez voifms des
temps où Pythagore avoit vécu, pouvoient
eftre fideHement inftruits de
toutes les circonftance&de fa vie. Mais

DE P Y T H A G O R I . XV
tous ces ouvrages font malheureufcment
perdus ; & ceux qui long-tempsaprès
ont entrepris le mefme travail,
font peu capables de nous confoler
de cette perte. Diogene Laè'rce donna
une vie de Pythagore dans le fécond
fiécle; Porphyre en fit une dans
le troifiéme; & après Porphyre, fon
difciple Jamblique s'exerça fur le mefnie
fujet. Mais outre qu'ils n'ont obfcrvé
ni méthode ni régie , ils ont
tous péché par les endroits les plus
capables de défigurer un ouvrage ,
comme celuy-cy, je veux dire, par
trop de crédulité, qui leur a fait recevoir
des fables & des énigmes pour
des véritez nues, & par trop peu d'attention
fur les circonnances des temps
& des lieux; circonftances qui étant
bien approfondies, peuvent feules jetter
un fi grand jour fur les fentimen*
de ce Philofophe, qu'il n'y reliera,
plus la moindre obfcurité, qu'on démènera
aifément la vérité cachée feu*
les ténèbres de la fiction & du menfonge,
& que l'on découvrira les fources
où il a puifé la plufpart de fes opinions.

xvj
L A V i i
1 YT H A G O RE dcfcendok d'Ancée,
originaire de i'ifle a de Cephalenie, dite
SamûSjSc qui régna dans I'ifle de b Melamphylus,
dont il changea le nom,
& qu'il appella Samos, du nom de
fa patrie.
Cet Ancée n'étoit pas le fils de
Neptune, comme on l'a mal crû; car
Ancée fils de Neptune ayant été de
l'expédition des Argonautes, qui précéda
la guerre de Troye d'environ
quarante ans, comment celuy qui a-
voit été Argonaute pouvoit-ii eftre
de la migration Ionique, qui n'arriva
que cent quarante ans après la prile
de Troye l L'ifle de Melamphylus
ne fut peuplée par les Ioniens, & appellée
Samos, qu'après cette migration.
Homère, qui avoit connu ia migration
Ionique,, n'a jamais connu fe
nouveau nom de cette Ifle, qui de
• Ifle de la mer Ionienne, au deflus de Zante,
Cephalenie.
h ifle de l'Archipel , encore aujourd'hoy ,
Samt.

DE PYTHAGORï.
xvi)
fbn temps confervoit encore fon ancien
nom.
Ancée qui régna à Samos, étoie
fans doute un des defcendants de
cefciy qui avoit régné à Cephale- .
nie.
De la famille de cet Ancée, defcendoit
Mnemarchus, qui ayant époufé
une de fes parentes appellée Parthenis,
en eut Pythagore.
Je fçay bien que quelques auteurs
font autrement la généalogie de ce
Philofophe, & qu'ils le font defcendre
de cet Hippafus, qui dans le temps
du retour des Heracîides au Peloponefe
, c'eft à dire, quatre-vingts ans
après fa prife de Troye, fe retira à Samos.
Hippafus, difent-ils , fut père
d'Euphron , qui eut pour fils Mnemarchus
père de Pythagore; ainfiPythagore
féroit le troifiéme defcendant
d'Hippafus, ce qui ne fçauroit s'accorder
avec la bonne Chronologie,
qui ne fouffie pas qu'on faffe Pytha

xviij t A V r E
Delphes , pour y vendre pendant fà
fefte quelques marchandifes; car il é-
roit graveur, & iï faifoit commerce
de bagues, & d'autres bijoux.
Pendant le fejour qu'il y fit, il receut
un Gracie d'Apollon, qui Pavertiflbit,
que s'ii s'embarquoit pour la
Syrie, ce voyage feroit pour fuy très*
agréable & très—heureux, & que fir
femme y auroit un fils qui feroit recommandabJe
par fa beauté & par fa
fagefle , & dont la vie feroit utHe à
tous les hommes dans tous les temps.
Mnemarchus, après un Oracle fi formel
, ne manqua pas d'aller en Syrie;
mais auparavant il changea le nom de
là femme, & au lieu de Parthenis, il
l'appella Pythais, en mémoire de cet
Oracle d'Apollon Pythien. En quoy
on peut remarquer la couftume de*
peuples d'Orient, de changer les noms
pour des événemens extraordinaires #
comme on le voit dans l'Ecriture fain*
te, & dans Homère.
A Sidon Parthenis, ou Pythais accoucha
d'un fils qui fut appeiié Py~
«hagore, parce qu'il avoit été prédit

il PrfffAGO&i. xir
far cet Oracle d'AppolIon. D'autres
prétendent qu'il eut ce nom, parce
que tout ce qu'il difoit étoit auffi vray»
& auffi certain que les Oracles de ce
Dieu ; mais pour fonder cette opinion,
il faudrait prouver que ce nom
ne Juy fut donné que fort tard , &
qu'il en eut un autre pendant fon en- 1
fance.
Pythagore vint au monde vers l'olympiade
X LVII. quatre générations
après Numa, comme Denys d'HalicamafTe
l'a folidement établi, c'eft à.
dire, environ cinq cens quatre-vingt
dix ans avant Jefus-Chrift. Nabuchofor
régnoit alors à Babylone , & le*
Ptophétes Ezechiel, & Daniel prophétifoient..
Cette remarque ne ferapas
inutile pour la fuite.
Mnemarchus de retour à Samos,
employa la plus grande partie du gain
qu'il avoit fait dans (on voyage, à
baftir un temple à Apollon, & eut de
fon fils tous les foins- qui ppuvoient
appuyer les grandes elpérances qu'il
en avoit conceuè's. Le jeune Pythagore
croùToit tous les jours en lagef-

xr L A V i ê
fë : la douceur ; la modération , la juftice,
la piété paroiflbient avec tant
d'éclat dans toutes fes paroles, & dans
toutes {es actions, qu'on ne douta plus
de la vérité de l'Oracle, & qu'on regardoit
déjà cet enfant comme un.
bon génie venu pour le falut des Samiens.
On Tappelloit le Jeune chevelu,
& par tout où il paflbit on le
combloit de bénédictions & de louanges.
D'abord il eut pour Précepteur
Hermodamas, un des defcendans du
célèbre Creophyle , qui pour avoir
logé chés luy Homère, s'eft fait un
nom- qui ne mourra jamais.
Il paflbit les journées entières avec
les Preftres de Samos, pour s'inftruire
de tout ce qui regardoit les Dieux &
la Religion ; & commeiln'yavoitalors
dans cette ifle aucun Philofophe qui
puft remplir l'avidité qu'il avoit d'apprendre
, il refolut d'aller chercher
ailleurs ce qu'il ne trouvoit pas dans
fa patrie.
Il partit de Samos à l'âge de dixhuit
ans, vers le commencement de

DE PYTHAGORE. Xïj!
la tyrannie de Polycrate.
La réputation- de Pherecyde l'attira
d'abord à l'Ifle de Syros; de là il
pafla à Milet, où il converfa avec Thaïes
, & avec Anaximandre le Phyficien.
'
De Milet, il alfa en Phénicie, &'
fit quelque féjolM à Sidon, qui étoitj
fon pays natal. On prétend qu'il eut
là de fréquents entretiens avec des)
Prophètes qui defcendoient d'un cer-J
tain * Mochus, ou Mofchus, grand
Phyficien. II y a bien de l'apparence -
que c'en un nom corrompu, & que
ce Mochus n'eft autre que Moyfè. i
De Sidon, Pythagore pafla en E-
gypte, comme Thaïes & Solon y a---
voient été avant luy. A fon départ de
Samos, Polycrate luy avoit donné'
des lettres de recommandation pour]
Amafis qui régnoit alors en Egypte J
j& avec lequel il étoit lie d'une ami-*
* Strabon écrit, Iiv. xv*. que fi l'on en croit|
Po/Edonius , ce Mofchus qui vivoit avant UJ
guerre de Troye, étoit l'auteur du dogme de*}
atomes. Ce fyii ne convient nullement à Moy** *-
V

xxij X X V i i
tié fort étroite. Polycrate prioh ce
Prince de donner toute forte de pro-
«eclion à Pythagore, & de l'appuyer
fur tout auprès des Preftres de fon
pays pour le faire initier à tous leurs
myftèrcs. Amafis le receut très - favorablement
, & après l'avoir gardé
quelque temps dans fa cour, il luy
donna des lettres pour les Preftres
d'Heliopolis.
Les Égyptiens étoient fort jaloux
de leurs fciences, ils ne les communiquoient
que très-rarement aux é-
trangers, & ils n'y admettoient mefme
leurs compatriotes, qu'après les
avoir fait pafTer par des auftéritez &
par des épreuves très-rudes, & tréscapables
de rebuter. Les Preftres
d'Heliopolis, renvoyèrent Pythagor»
à ceux de Memphis ; ceux-cy l'adreflèrent
aux anciens de Diofpolis,
qui n'ofànt pas deiôbeïr au Roy %
& ne voulant pas non plus violer
leurs couftumes, receurent Pythagore
à leur novitiat, dans l'efpérance
qu'il fèroit découragé par les obfcrvances
rigourcuics qui ouvraient

i
DE PYTHAGORE. xxiij
-Fentrée de leurs myftéres. Mais ils i
iiirent trompez. Pythagore étoît pouf-1
•ié d'un defir fi violent d'apprendre.,
-que bien que ces Preftrcs ne \uy fit»
•lent aucun quartier, & qu'ils luy enjoigniflent
des pratiques très-dures,,
:& trés-oppofées aux cultes des Grecs,
•A effuya tout avec une patience extrême
, jufqu'à recevoir la Cironci-
Xion, comme le prétend Denys d'Alexandrie.
I
Après avoir .demeuré vingt-cinqj
ans en Egypte, il alla en Babylone,;'
.où il eut un grand commerce avec!
le Mage Nazatatus , ou Zabrarus ,
*jue les uns prétendent Ezechiel, &'
les autres Zoroaftrc. Mais l'éxacle
chronologie s'oppofè au fentiment dei
ces derniers ; car le Mage Zoroaftre,
précédaPythagore de quelques fiédes.j
A fôn retour de Babylone, il' paf-':
à Crète, & de là à Sparte, pour s'infftruire
des Loix de Minos, & de Ly- i*.,
•curgue, dont les états pafioien t pour les.
mieux poliecz. A Cnoflè vflle de Cre-i .
te,il eut un grannd commerce aveep
Epimenide»
i
i-
1

MÎT L À V I E
Après les longs voyages, il trouva
Samos dans un état bien différent
de celuy où il l'avoit lai/fée. Polycrate,
qui s'en étoit rendu maiftre, comme
nous l'avons déjà dit, enflé de
{es profpéritez, exerçoit un pouvoir
tyrannique fur ce peuple qu'il avoit
opprimé. Pythagore ha'hToit trop l'injuftice,
& aimoit trop l'égalité pour
fubir le joug d'un tyran. II préféra
un exil volontaire à la fèrvitude dont
il étoit menacé , & alla chercher un
azyle où il puft conferver fa liberté,
le plus précieux de tous les tréfors ,
& celuy pour la confervation duquel
ceux qui en ont connu le prix, ont
toujours facrifié tous les autres biens,
& leur vie mefme.
Il partit de Samos vers l'Olympiade
L X11. & vifita les Etats de la Grèce.
En traverfant le Peloponéfe, il s'arrefta
à Phlius, où régnoit Léon. Dans
les longs entretiens qu'il eut avec ce
Prince, il luy dit de fi grandes choies
, & luy parla avec tant d'éloquence
& defagene, que Léon étonné &
ravi, luy demanda enfin quel étoit
fon

DE PYTHAGORE. XXV
fon art ! Pythagore luy répondit,
qu'il n'avoit aucun art, mais qu'il
étoit Philofophe. Le Prince fut furpris
-de la nouveauté de ce nom qu'il
n'avoit jamais entendu, car c'étoit Pythagore
luy-mefine, qui choqué de
l'arrogance du titre que ceux de cette
profeffion fe

xxvj LA V I E
nobles que ces deux premiers, n'y
vont ni pour le gain, ni pour les applaudijjements,
mais feulement pour
jouir de ce fpeclacle merveilleux, &
pour voir & connoijlre ce qui s'y paffe,
nous de mefme, quittant notre patrie
, qui efl le ciel, nous venons dans
ce monde comme dans un lieu d'affemblée.
La, les uns travaillent pour
la gloire, les autres pour le profit, &
il n'y en a qu'un petit nombre, qui
foulant aux pieds l'avarice & la vanité
, étudient la nature. Ce font ces
derniers, ajoufta-t-il, que j'appelle
Philofophes : ù" comme dans lafolemnité
des jeux, il n'y a rien de plus
noble que d'ejlre fpeclateur fans aucun
intérefl, de mefme dans cette vit,
la contemplation & la connoijfance de
la nature font infiniment plus confïdérables
que toutes les autres applications.
Auffi il difoit, que l'homme a-*
voit été créé pour connoijlre, & pour
contempler.
Du Peloponéfe, il pa/Ta en Italie,
& s'établit à Crotone qu'il choifit, à
caufe de la bonté de fon terroir, &

»E PYTHàGORI. xxvij
de la douceur de fon climat. Les peuples
gui fhabitoient s etoient acquis
par leur vie laborieufe, & par leur
courage , une fi grande réputation ,
qu'on difbit en commun proverbe,
que le dernier des Crotoniates étoit
le premier des Grecs. Mais après uri
grand échec qu'ils avoient receu dans
un combat contre les Locriens , ils
s'étoient abaftardis, & étoient tombez
dans la moffene. Pythagore crut
une œuvre digne de luy de relever
le courage abbatu des Crotoniates, &
de leur redonner leur première vertu,
en les obligeant de renoncer à is
vie molle & vofuptueufê qu'ils avoient
embranee. If ne feur parfoitdonc tous
les jours que des avantages de la tempérance
, & des maux que la volupté
& fa débauché traifhent toujours
après elfes, & leur citoit les exemples
des Villes & des Etats que cesr
deux peftes avoient ruinez de fond
en comble. II comparoit le foin qu'­
on a du corps à l'acquifition d'un
faux amy qui nous abandonne dans
la néceffité, & le foin qu'on a de IV
b i)

xxviij LA V I E
me, à celle d'un véritable amy, homme
de bien, qui .nous fouflient dans
tous les befoins de la vie , & qui
nous eft utile, mefme après notre
mort.
H travailla av

DE PYTHACO-RE- xxix
•oit de la défaite du luxe & de la
vanité.
Cette victoire remportée fur des
femmes dans ce qu'elles ont de plus
cher, & à quoy elles font le plus o<
piniaftremcrtf attachées, doit faire juger
de ce qu'il étoit capable de produire
fur la jeunefle encore tendre,
& qui n'a point pris de pli. II l'aïlcmbloit
tous les jours dans le temple

xtx Là V I *
vérité, ajouftoit-t-il ; car après avoir
•appelle Jupiter, le Roy des Dieux,
il a cru enchérir infiniment fur ce magnifique
titre, en l'appellant père des
Dieux & des hommes.
. Les Magiftrats étonnez de Pimpreffion
qu'il faifoit fur fès auditeurs, &
craignant qu'il n'en abufàft peut-eftre,
pour ufurper la tyrannie , le mandèrent
un jour pour venir rendre comte
de fa conduite, & des moyens qu'il
employoit pour fè rendre ainfï maiftre
de tous les efprits. II leur parla
avec tant de folidité & de force, que
rafleurez par fa droiture de la crainte
que leur avok infpiré fa grande habileté,
ils le prièrent de fe méfier du
gouvernement , & de leur donner
les confèils qu'il jugeroît les plus utiles.
Le premier qu'il leur donna, fut
de bafiir un Temple aux Mufes, leur
jnfmuant par ià de cultiver i'efprit, &
de former le cœur par Pétude des lettres,
& de vivre tous dans la concorde
& dans Punion fous leur premier
Magiflrat; comme les Mufes qui

Ï>E PYTHAGORE.
XïxJ
ne font jamais en divorce entrc-clles,
& qui toujours également foumifes
à Apollon, ne rompent jamais l'harmonie
de leurs concerts. II ajoufta,
Que le plus feur rempart contre l'opprefiion
éf la tyrannie, c'était l'union
des Citoyens.
Le fécond confeil, fut de conférver
l'égalité entre-eux ; car l'égalité
n'engendre point la guerre : & de ne
chercher à fûrpaffèr les états voifins
qu'en bonne foy & en jufiice ;
car , leur dit-il, fans la bonne foy,
il efl impojfible que les états enfin ne
fe ruinent ; et la jufiice efl fi nécef
faire , que rien ne peut fubfifier longtemps
fans elle, ni dans le ciel, ni
fur la terre, ni dans les enfers. C'efl
pourquoy, Themis , la Déefie de la
Jufiice, efi afjife aux cofie^ du trofne
de Jupiter; Nemefis où la vengeance,
principal Minifire de la Jufiice, efi
•aux cofie7 du trofne de Pluton ; ér*
la Loy efi dans les villes fur le trofne
des Princes &fut le fiége des Ma*
giflrats; de manière que celuyqui vie~
le la jufiice tfe rend coupable envers
b iïj

«xij L A V x E
le Dieu du c'rel', envers le Dieu des
enfers, & envers la Loy qui efl la
Reyne de la terre, & a qui tes Princes
& les Magiftrats doivent eflre
fournis. Et fur l'exercice de la juftice,
il leur dïfoît, que les Juges- qui
nepuniffènt pas les méchants ,fe rendent
complices de kurs crimes, &"
veulent que les bons apprennent à le
devenir.
Le troifiéme Confeil, fut d'eflrelien
perfuadeç, qu'il n'y a pas de
lus grand malheur, que F anarchie.
D eft impoftïbïe que les états foient
heureux fans quelqu'un qui les gouverne
; & quand mefme les Loix
d'une ville ou d'un état ne feroïent
pas fort bonnes , il leur eft encore
plus avantageux d'y perfifter, que de
s'en départir , à moins que ce ne foit
d'un consentement général, pour fe
foumettre à de meilleures : car il n'y
a plus de falut pour un état, dés que
l'on s'éloigne des Loix-receuës, &
que chacun vit à fâ fantaifie & devient
fon Legiflateur, l'indépendance
étant la perte & la ruine des hommes.

CE PTTU AGORB. txxiij
Le quatrième , fut de n'ahufer
•point du nom des Dieux dans les
Jermens, éf de fe rendre tels que per-
Jonne ne pujl juftement refufer de les
croire fur leur parole ; car, leur difbit-ir,
// efi impoffible qu'une ville
qui a cette réputation, ne foit toujours
heureufe, & l'arbitre defes voifîns.
H" leur dit, que le mary efevoic
eflre fidèle à fa femme, & la fem^
me fidéfe â fon mary^ & qu'il n'y
avoit rien de plus ïnjufle , ni de
plus capable d'attirer les plus grands
malheurs, que de confondre les familles
par F adultère-, en y inférant
des eflrangers.
En général, il leur recommandent
la tempérance comme la venu dff
tout fexe & de tout âge , & la feule
qui conferve en mefnre tems les biens
du corps, & ceux de Pefprit : & pour
relever cette vertu, il faifôit remarquer
par Phiftoire mefme , les horreurs
du vice contraire. Dans quel
ttbyfme de malheurs, leur difoit-H,, *'
f intempérance d'un feul homme n'a~
b v

té hs Grecs éf
ne pi'ut-m Jîùplus
trâiêrai
ks
es Vainqueurs :
à i>aimïr h pzs~
à (sire en forte
I à la vertu, m**-
e h Lu)' j que
m ce que c'ciî ^^;"'^ J^
& leur fit conr
périr, h (eut m ^'^.r.:^
ï tels

s\~*.«~v- s •*£.•*• * * s- v\ ^-s-, \%.
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K ^ X ^ \^
ï£^^6^^^^v;^ -- : -;:,^^^
v-\-

xjcxîv LA V I E
t-elle pas plongé les Grecs & tes
Troyens ! a peine peut-on difcerner
le/quels ont. été les plus miferables,
des vaincus ou des vainqueurs !
II les exhorta à bannir k parefle
& l'oifiveté, & à faire en forte que
chacun fe portail à la vertu, moins
par la crainte de la Loy, que par
Ehonnefteté feule.
II leur expliqua ce que c'efl que la
véritable gloire, & leur fit connoiftre
que pour l'acquérir, le feul moyen
étoit de fe rendre tels qu'ils vouloient
parohîre aux autres. Le confeil, a-
jouta-t-fl, ejl une chofe facrée ; &
vous avec raifon de rejlimer : mais
il n'ejl pas Ji facré que fa louange ;
car le confeil ne regarde que les hommes
, & la louange ejt le partage
des Dieux â qui elle ejl particulièrement
deùè. Pour mériter (a louange,
il faut donc travailler à rejfemller
aux Dieux.
II leur apprit que Dieu eft feu!
Fauteur & la fource de tout bien;
& que de chercher ce bien ailleurs
qu'en Dieu, c'étoit tomber dans le

DE P Y T ET A G O R H". «XV
ridicufe dé ceux, qui dans la Coux
d'un grand Prince , négligeraient le
maiilre pour ne s'attacher qu'à fe*
officiers.
II leur représenta que ceux qui briguent
les premiers portes dans un é-
tat, doivent imiter ceux qui courent
dans les jeux publics; comme ces derniers
ne cherchent pas à faire du mat
à leurs Antagoniftes ; mais feulement
à mieux courir, & à remporter la victoire
: de mefineceux qui afpirent aux
premières places, ne doivent en nulle
façon nuire à leurs concurrents^
mais tafcher de remporter fur eux l'avantage,
en propolânt des chofes plu»
avantageufes & plus utiles à ceux
qu'ils veulent gouverner.
Enfin H leur fit voir qu'ils ne dévoient
imputer tous les defordres qui
régnoient dans leur ville, qu'à la mauvaife
éducation qu'ifs donnoient à
leurs enfans. // n'y a rien, dit-il, de
plus ridicule, ni de plus injenfé, que
ce que font tous les pères : Ils ont
grand foin de leurs enfans dans le
premier âge ; mais dés que ces enfans
b vj

xxxvj L A V I E
entrent dans l'âge le plus impétueux,
& le plus bouillant, & qtiiefi le rende7-vous
des paffions les plus dangereuses
, ils les abandonnent a euxmefmes,
& les laijffènt les maijlres
de leur conduite ; é* c'efl alors qu'ils
devroient redoubler leurs foins ,. ô*
donner à ces enfans des gouverneurs
ûu des maijlres capables de les retenir
j & d.e les empefeher (Palier Je
brifer contre les êceueils, dont ils font
environne-^ dans cette mer fi- orageu-
Les Magiftrats ravis de l'entendre,
non feulement luy permirent, mais
le prièrent de continuer fes- hiftruélions
dans les temples, à leurs femmes
& à leurs enfans : fouvent ils alioient
eux-mefmes l'entendre, & on
y accourok de toutes les villes des
environs»
II ne faiflà pas de trouver d'abord
de grands obftacles à la reforme qu'il
vouloit établir. Une ville entière ne
paffe pas fi facilement tout d'un coup
de la licence à la régie, & des excès
de la débauché à la tempérance & à

DE FïTHAGORE. XXXVÏf*
Ta frugalité. Mais par fà confiance &
par ik patience, il nirmonta toutes cesdifficuitez
qui ne fêrvirent qu'à faire
davantage éclater fen mérite, & la*
haute idée qu'on avoit de kiy.
• II continua donc tranquillement
fes leçons publiques, & toujours' dans :
les temples, pour ne rien enfeigner
que fous les yeux de la divinité ,
& pour faire entendre que Dieu é-
tant le père des lumières, & le fêul
maiflre qu'en doit fuivre , c'eft de
îuy qu'on doit tirer tomes lès inftruclions
qu'on entreprend de donner.
En parlant aux enfans, il leur repréfentoit,
que l'enfance étant Page
la plus agréble a Dieu, &" ce Iuy dont
il a le plus de foin, il itoitjitfte qu'ils
travaïilaffent à là conferver pure, ô*
à F orner de toutes les vertus. Les-
Dieux ne refufent rien à vos prières ,
leur difoit-il, & dans lès temps de
feehereffe & de Jiérilïté, ils accordent
à vos cris les p/uyes & F abondance:
Jerier-vous donc affe^ ingrats pour
refujer aux Dieux ce qu'Us vous de-

xxxviij LA V r E
mandent, & qu'ils ne vous demandent'
que pour vofire utilité.
II leur enfeignoit à ne commencer
jamais les querelles, & à ne chercher
jamais à fe venger. A ceux qui
étoientpjus avancez eir âge, il donnent
des préceptes plus forts. II leur
difoit, par exemple, que les chofes
difficiles contribuent plus à la vertu
que les chofes agréables ; que l'affoupiffement
de Fefptit efl le fier e de
la véritable mort ; que toutes les paffions
de Famé font plus cruelles que les
Tyrans ,& tes ennemis du bonheur ;
qu'il faut faire de grandes chofes fans
les annoncer & fans tes promettre ;
qu'il n'y a rien de plus dangereux ,
que de tenir dans la vie plufieurs
chemins ; que la tempérance efl la
force de famé, car elle efl la lumière
de Famé délivrée du joug des
paffions.
Pour rabauTer , & diminuer l'orgueil
& la confiance que donnent
prefque toujours les chofes 'extérieures
, il leur difoit, les richeffies font
un ancre bienfoible ; la gloire encore

DE PVTHAGORE.
XXXÎX
plusfoible; la beauté, & la force du
corps , les pojles, les dignité-^, F autorité
, le crédit, ancres encore trèsfaibles
& très-infidèles. Quelles font
donc les bonnes ancres ! la piété, la
prudence, la magnanimité, le courage.
Voila les ancres qu'aucune tempefle
ne veut emporter ni ébranler; car telle
ejl la Loy de Dieu, qu'il n'y ait de
véritable force mie dans la vertu, à*
que tout le reffe ne foit qu'infirmité,
que ntifére.
Les inftru

X\ L A V I E
H porta la mefme réforme dans Tes*
facrinces que les Crotoniates faifoient
pour les morts, avec une profufion
capable de ruiner les maifons lés plus
riches.
II recommandoit aux femmes l'amour
de leur» maris, & aux maris
l'amour de leurs femmes, comme un
devoir qui renfermoit tous les autres,
II leur repréfentoit que cette affection
étoit fi jufte & û indifpenfable , que
leurs pères & mères leur cédoient en
quelque façon tous leurs droits, &
confentoient qu'ils les abandonnaffènt
pour vivre enfemblc II citoit
aux maris l'exemple d'UlyfTe, qui réfufâ
l'immortalité que Calypfo Juy offroit,
à condition qu'il quineroit Pénélope
: & il difoit qu'il n'y avoit pas
de gens plus févérement punis dans
les enfers, que les maris qùTn'avoient
pas bien vécu avec leurs femmes, &
les femmes qui n'avoient pas bien vécu
avec leurs maris.
Après que Pythagore eut aïnfi reformé
les mœurs des Citoyens , &
qu'il les eut retirez des defordres grof-

DE PïTHACOR!. xM
fiers oà ils étoient plongez, if penfa
à pofer des fondemens folides de la
fagefle dont il faifoit profeffion, & à
établir fa fecte , afin que les femences
de vertu qu'H avoit déjà jettées
dans les coeurs .entretenues & cultivées
par ceux qui luy fuccéderoient,
païïaflcnt dage en âge , & qu'elfes
portaient toûjoursles mefmes fruits
après fa mort.
Il ne faut pas s'étonner fi la foule
des difciples s'offroit à un homme
dont on avoir déjà vu des effets fi
merveilleux. H en venoit de Grèce &
d'Italie : mais de peur de verfer dans
des vaiflèaux corrompus les trefors
de la fagefle, il ne recevoit pas indifféremment
tous ceux qui fe préfentoient
, & il prenoit du temps
pour les- éprouver ; car il difoit toujours
, que 'toute forte de bois n'efl
jpas propre h faire un Mercure, e'eft
à" dire, que tous les efprits ne font
pas propres aux fciences.
H confidéroit d'abord leur phyfionomie,
d'où il tiroit des indices de
leurs inclinations ; il obfervoit leurs-

kiij L A V i t
difcours , leur ris , leur démarche ;
il s'informoit de leur conduite, de
leurs commerces , de leurs occupations
; & il éxaminoit avec grand
foin, à quoy ils étoient le plus fenfibles.
Quand il leur trouvoit les difpofitions
néceflàires, avant que de les
recevoir , il éprouvoit leur confiance
par de longs délais. Content de
leur perfévérance, il les admettoit à fon
noviciat, qui étoit très-rude; car il
avoit trouvé la méthode des Egyp>tiens
fi raifonnable & fi jufle , qu'il
voulut l'imiter, en ne communiquant
fà doctrine qu'à ceux qu'il auroit c-
prouvez par toutes les aufléritez qu'il
avoit efTuyées. Il donna donc à fes
difciples les régies des Preftres Egyptiens
qui paroiflènt les mefmes que
celles des Philofophes des Juifs, qu'on
appeiloit EfTéens. Et il ne faut pas
douter que les Religieux de la primitive
Eglife n'ayent tiré de là toutes
les différentes épreuves dont ils fe fervoient
pour s'élever à une vie fi parfaite;
car les Chrétiens ont fort bien-

» B JPYTftAeORÏ. xltij
pu imiter les couftumes lesjîfus faines
des. Gentils, comme fes Hébreux a-
voien t pu convertir à leur ufage les dépouilles
des Egyptiens. On peut dire
me/me que les Chrétiens ne faifoient
en cc/a que reprendre leur bien ; car en
remontant jufqu'à la première origine
de ces régies, on trouve que les Gentils
les avoient prifès des Nazaréens ,
& des anciens Patriarches, c'eft à dire»
de la fburce me/me de la vérité. Pythagore
affujettiflbit donc d'abord fes
difciples à un filence de cinq ans, pendant
lesquels ils ne dévoient qu'écouter,
fans ofèr jamais faire la moindre
queftion, ni propofèr le moindre doute.
Ces cinq années de filence le reduifbient
quelquefois à deux, pour
ceux en qui il voyoit des qualitez extraordinaires,
& un naturel excellente
Pendant le temps de ce noviciat, ces
difciples étoient appeliez écoutants ; «^«i^
& quand on les croyoit afîèz inftruits
dans la fcience fi difficile d'écouter
& de fè taire, ils étoient admis, & on
leur donnoit la liberté de parler, de
propoiêr leurs doutes, & d'écrire ce

xftV LA V I E
qu'ils cntcndoient, & afors ils éroieirt
«jfriHS&Ks*' appeliez initie^ aux fciences : mais
ce qu'il y a de digne de remarque;
c'eft que de ce filence it en; fortoit
fbuvent des hommes plus fçavants &
plus habiles , qu'il n'en fort ordinairement
des écholes où les disputes,
toujours précipitées, devancent
le fçavoir, où l'on fouftre que la raifon
fbitcombatraë, & où c'eft'vaincre
que de ne pas fê rendre à la vérité.
Tant il eft vray que le filence
eft ia véritable voye de l'inftruclion ;
verba fa- c'eft pourquoy Saiomon a dit dans
S " ^Ecclefiafte , que les paroles des
kntio. £«/. fages font écoutées dans le filence.
«.'7- "'" Long-temps avant Fythagôre , le
Roy Numa inftruit de la vertu du
filence, avoit ordonné aux Romains
d'honorer particulièrement une des
Mufes , fous le nom de Mufe tacite,
( Muete) pour leur recommander
par là le filence, comme le feul
moyen qui donne à Pâme la docilité,
& qui peut l'initier aux myfté'res de
la fagefTe : en effeif la langue ne doit
«ftr-e que l'inftrument delà raifon , &

DE PïIHACORE, Xlr .
la raifbn ne fc forme que par lesfciences.
Quand Pythagore avoit ouvert la ,
bouche à (es difciples, il ne leur don- s
noit pas pourtant la liberté de par- |
1er fans mefure & iâns bornes ; car j
il leur difoit toujours, Il faut ou fe
taire, ou dire des chofes qui vaillent J
mieux que le Jîlence. Jette7 plujioji » .
une pierre au hasard, quune pa-\
rôle oyfeufe & inutile ; & ne di-'\'
tes pas peu en beaucoup de paro- 1
les ; mais en peu de paroles, dites •
beaucoup.
D'autres, comme Porphyre, prétendent
, & peut-eftre avec plus de
raifon , que ces deux fortes de difci- :
pies n'étoient pas, pour ainfi parler, 1
deux différentes claffes oà l'on mon-'
ta/l de /a moins parfaite à la plus par- j
faite ; mais que c etoient deux états 1
fixes, félon le choix que Pythagore!
faifoit des efprits ; car à ceux qu'il ne !
trouvolt pas propres à pénétrer les!
caufes & les raifons des chofes, il nei
leur donnoit que le précepte fec & !
nu , tu feras cecy, tu ne feraspas\

xlvj L A V i ï
cela. Et c'étoient ceux-là qui étoient
intwtfil. appeliez écoutants. Mais ceux en qui
' * if appercevoit de la pénétration , &
un génie capable d'aprofondir les matières
, il les faifoit entrer avec luy
dans le fecret des raifons, & il leur
expliquoit les caufês de tout ce qu'il
leur enfeignoit, & ceux-cy étoient
Httyifolluoi'. appeliez initie^auxfciences.C'étoient
les feuls qu'il reconnouToit pour fes
— véritables difciples, & pour capables
„__ ^ d'enfeigner. Quand on luy demandoit
la raifon de cette différence ,
'
i
"'
il répondoit qu'il ne fçavoit pas forcer
la nature , & qu'en donnant aux
plus greffiers le précepte nu, & aux
plus lubtils la raifon du précepte, il
ne faifoit aucun tort aux premiers.
Ils font, ajouftoit-il, au mefme état
que les malades qui appellent un Médecin
, & qui ne laiffent pas de guérir
de leurs maladies , s'ils exécutent
ce qu'il a ordonné, quoyque le Médecin
ne faflè que préferire les remèdes
dont ils ont befoin , fans leur
expliquer les raifons de {es ordonnances,

DE PYTHAGORE. xlvîj-
D'abord après le noviciat, les di(-
ciples avant que d'eflre admis, étoient
obligez de porter en commun tous
leurs biens, qu'on mettoit entre les
mains de gens choilîs, qui étoient appeliez
œconomes, & qui les adminiftroient
avec tant de fidélité & de foin,
que lorfque quelqu'un venoit à fe retetirer,
il remportoitfouvent plus qu'il
n'avoit porté.
Si quelqu'un de ces difciples après
avoir couru quelque temps dans cette
carrière, venoit à le la/Ter, & à quitter
cette profeffion pour fe replonger dans
fa. première vie, tous les autres le regardoient
comme mort, faifoient lès obféques,
& luy élevoient un tombeau,
pour faire entendre , que fi un homme
, après eftre entré dans les voyes
de la îàgefie, vient à les quitter, il 3
beau fe croire vivant, il ell mort. Ef
il y a de l'apparence que les Grecs as
voient emprunté cette idée des Hébreux,
à qui elfeétoit familière, comme
nous le voyons par Fexpreffion
de faint Paul, qui en parlant de la
veuve qui vit dans les délices, dit -,

xlviij LA V I E
viwns mor- e// e e jf morte, quoyqxi'elleparoijjh vi-
Tm.f. vante.
Pythagore eftimoit extrêmement
la mufique, il la regardoit comme
quelque chofe de célefte & de divin,
& il la jugeoit trés-néceflaire pour
calmer les partions de l'ame, & pour
les.adoucir & les donner. C'eû pourquoy
il vouloit que fès difciples commençanent
par là leur journée, &
qu'ils la finiflènt de mefme le foir.
Ap^és quelques momens donnez
| le rnatifi à cette forte de mufique ,
1 Pythagore naeaoit iès difciples fe promener
dans des lieux agréables, &
après la promenade , il les condujfoit
au temple; car il difoit, qu'il n'y a-
voit rien de plus mal entendu, ér" Je
\ plus .contraire, a la tranquillité de l'aj
me, que d'aller dés le matin dans le
monde Je plonger dans le tumulte des
affaires, avant que d'avoir calméfen
efpr.it, & de l'avoir mis par la mufique
, par la méditation , & par la
prière , dans Vafiiéte la plus convenabù
, & la plus digne de F homme.
A

DE PriHAGORE, xl'X
A la fbrtie du temple ils faifoient
quelques exercices pour la fan té; enfuite
ifs difnoient d'un peu de pain &
de miel, fans vin : après Je difner ifs
vacquoient aux affaires publiques ou
domeftiques félon feurs emplois: leurs
affaires finies, ilsfëpromenoiënt comme
le matin, alloient au bain, & fbupoient
avant fe coucher du Soleil.
Leur fbuper étoit ordinairement du
pain, des herbes, quelque portion des
victimes du fàcrifice , rarement du
poifTon, & un peu de vin. A la fin
du repas on faifoit les libations ; ce
qui étoit fuivi de quelque bonne lecture
, que le plus âgé de la table,
comme préfident, faifoit faire par le
plus jeune. Après la lecture, on faifoit
encore une libation ; & le préfident
congedioit l'afTemblée , en luy
donnant à méditer quelque fymbole
de leur maiftre. Mais avant toutes
chofês, il faut expliquer ce que c'eft
que ces fymboles de Pythagore.
J'ay déjà dit que les Egyptiens é-
toient fort refervez à. découvrir les fecrets
de leur philofophie, ils ne les
.c

lij L A V i E
par exemple, que, ce qui ejl fouverainement
ju-fle, c'efl de prier ù" de
facrifier ; que, ce qu'il y a de plus
fige dans les chojes humaines, c'efl
Ut médecine ; de plus beau, t'harmonie
; de plus fort, le bon fens ; de
meilleur, la félicité ; de plus vray,
que les hommes font méchants.
Il imita Jeftyle hiéroglyphique; car
pour marquer un Dieu créateur de
tous les eftres , il prénoit tantofl le
quaternaire, & tantoft l'uni//,- &pour
dire la matière, ou*ce monde vifible,
ii prenoit le deux, comme je l'expliqueray
dans la fuite.
Enfin , il imita fur tout le ftyle
fymbolique, qui n'ayant ni Vobfcurité
des hiéroglyphes, ni la clarté dix
langage ordinaire , fuy parut trèspropre
à inculquer les plus grandes
& les plus importantes véritez; car le
fymbole , par fôn double fens , qui
eft le propre & le figuré, enfeigne en
mefme temps deux chofês, & il n'y
a rien qui plaifé davantage à l'efprit
que cette double image qu'il fait envifager
d'un coup d'ceil. D'ailleurs,

D! PïfHAGORB. liij
comme Demétrius Phalereus l'a remarqué
, le fymbole a beaucoup de
gravité & de force , & il tire de fâ
brièveté un aiguillon qui pique, & qui
iâir qu'on ne l'oublie pas facilement.
Voila l'origine des fymboles, par
ïe moyen defquels Pythagore enfeignoit
fa doctrine fans- la divulguer, & Necioquens,
lans la cacher, pour me lervir encore &d fignig
des termes d'Heraclite.
'*"•
Le but de la Philofbphie de Pythagore
étoit de dégager des liens du
corps l'efprit, lans lequel il eft impoffible
de rien voir & de rien apprendre;
car comme il l'a dit, le premier, c'efl
l'e/prit feul qui voit,& qui entend, tout
Je ieûe étant fôurd & aveugle. Et parce
qu'il concevoit Famé un compofc
de deux parties créées enfèmble, de
la partie intelligente , qu'il appelloit
Ejpritj & * de la partie corporelle,
qu'il appelloit atne, corps lumineux,
* Ils concevoient cette partie corporelle, comme
une fubftancc fpiritudlc, Se d'une matière
très- (ùbtile ; comparée à l'entendement > à l'efprit
, elle étoit corps; Se comparée an corps ter*
relire, elle étoit cfprit.
c ii;

liv 1 A V I B.
* char fubtil de Famé , comme je
l'expliqueray dans ia fuite , ii enfcignoit
i purger également ces deu*
parties : La dernière , par les abstinences,
les initiations , ies purifications
, & les iàcriiïces qu'il avoit appris
des Egyptiens, & des Chaldécns,
& qu'Heraclite appeiioit des médecines,
car if croyoitquecette partie é»
toit dégagée par là des iiens delà matière
, & rendue capable par là pureté»
d'avoir quelque communication avec
les Dieux & la première,la partie intelligente,
il la purgeoit par la connoiffance
de la vérité, qui confifte à connoiftre
les chofes immatérielles & é-
teraelles. Pour cet effet il avoit recoin»
à des moyens analogiques à ceux
dont il fe iêrvoit pour le char fubtil
de l'ame. Ces moyens étoient premièrement,
les feiences mathématiques
, qui répondoient aux! purifications
, & aux initiations ; & en fuite,
la Dialectique , qu'il regardoit comme
l'infpecîîon intime de l'objet de
ces feiences, c'efl à dire, de la vérité,
& par confequent, comme la feu-

DE PYTHAGOM. \r
. le capable d'achever la délivrance de
l'ame. II commençoit donc par les
fciences Mathématiques, parce que
tenant le milieu entre les ctiofês corporelles»
& les incorporelles, eftes peuvent
(eûtes détacher Pefprit des choies
fênfibfes, & te porter aux éftres
imèlhgibtes. Voila pourquoy il «voit
recours far votai tux nombres ; parce
^oe ne pouvant expliquer aifea intelligiblement
par fe discours, ce que
font les premières efpéces , les premiers
principes > ii en faifoit la démonftration
par h» nombres. Ainfi
Pour faire entendre l'unité, l'identité,
l'égalité, la fiabilité du premier principe
qui eft la caufê de la création,
de l'union, de la fympathie, & de la
confervation de cet univers, il appefioit
ce premier principe, un, ou unité;
& pour expliquer la diverfité , l'inégalité
, la divifibilité , & les changements
continuels de ce qui n'eft jamais
le meime, ni dans le mefme é-
tat, c'eft à dire de la matière, il appelloit
cette matière, deux ; car telle
•il la nature du deux dans les choc
iiij

ÏVJ X A V I E
fes particuDéres, il fepare , il dhrife ;
& il y a bien de l'apparence que c'eft
là toute la fineflè que Pythagore entendoit
dans les nombres ; il les employoit
comme types, comme fignes,
& nullement comme caufes ou principes.
Mais après luy les difciples
jettérent dans fa doctrine un myftére

DI PYTHAGORI. Ivij
avant Pythagore, comme Thaïes, Solon,
&c. avoient bien rapporté en
Grèce quelque connohTance du véritable
Dieu ; mais c'étoit toujours à
ïeurs Dieux qu'ils attribuoient tout
ce qu'ils avoient appris de ce premier
eftre. Pythagore fût le premier , qui
mieux inftruit que les autres, y apporta
le véritable nom de Dieu, avec
l'intelligence de toute la force, & de
la vertu de ce làint nom, qu'il communiqua
à fes difciples, fous le nom
de quaternaire; Car le quaternaire de Tnt«*r«f.
Pythagore n'eft que le nom ineffable,
ou le Jehovah des Hébreux. Ce Philofophe
ayant appris ce grand nom,
ou dans les livres de Moyfe, ou dans
le commerce des Juifs, & voyant
qu'en Hébreu il étoit juftement de
quatre lettres, le traduiliten fa langue
par ce nombre de quatre .*& une marque
de cette vérité, c'eft qu'il donna
la véritable explication de ce mot,
telle qui l'avoit apprife, & telle que
nous l'a confervée dans les Vers dorez
Lyfis l'ami particulier, & le premier
difciplé de ce Philofophe; car cet auc
v

lviij LA VIE
teur l'explique tout fimplement,en appeiïant
le quaternaire, lafource de la
nature qui coule toujours ; ce qui n'eft
autre cnofè que l'explication du terme
Jehvaijqmfigniûe proprement,J ur ~
ee de tout ce qui a receu fe/ïre.Pour
peu que Pythagore euft donné dans
le myftére des nombres , c'étoit fà
une belle occafion de débiter ces é-
tonnantes chimères d'un quatrej qui a
tout produit par une vertu attachée
à ce nombre. Mais ce ne furent que
ïes fucceflèurs de ces premiers dïfcipies,
qui donnèrent dans ces vifions.
La phifpart des chofes du monde,
en s'éloignant de leur origine, s'éloignent
auflï de leur première fimplicité,comme
les fources prennent la teinture
& les qualités des terres qu'eHes
traverfént.
Deux raïfôns encore peuvent confirmer
dans cette 'penfëë. La première
, qu'Ariftote meime, en combattant
cette fàuffc idée des nombres
, qu'ils font le principe des chofes
, J'attribue toujours , non à Py-
*hagore , mais aux Pythagoriciens.

»E PTTBACORI, lïx
* Les Pythagoriciens, dit-il, font que
tout procède des nombres^, après luy,
Ciceron : b Les Pythagoriciens veulent
que tout vienne des nombres, &
des éléments mathématiques : Ils diiênt
les Pythagoriciens, parce qu'en
effet cette opinion ne dut fa nahTance
qu'aux difciples qui fuccédérent à
ceux que Pythagore avoit inftruits.
Auffi Ariftotc , dit-il, en quelque
autre endroit, en pariant de cette ofpinion
, Quelques Pythagoriciens, cfe n»9»w»'»
qui inâï«tié qu'ils n'étoient pas tous "»•»««*
«lecefentimem. ^ ""'•
La féconde raifon eft , que Socratc
& Platon qu'on doit regarder comme
les difciples de Pythagore, & qui é-
lévent fi haut la fcience des nombres,
Jïe reconhoiflènt en eux aucune vertu
geflmtive, qu'en tant qu^ils font
propre* à élever l'efprh à la connoif- /
faneê h Vérité-, par leurs proprié*
* Uv'ia.yftni iliwi èninm *& >>p8$S ti
• mt- MeUfhyf.lib. xn. c*,p. itt,
k Vyttâgorcï ex numeris & Mathmaticorom
initiis proficifci volent otnnia. Acadmic. qm,fl.
Ub. il.
C vj

k L A V T B
tez, & par leurs convenances. Laconnoijfance
du premier nombre, de l'unité
, dit Socrate, dans le vu. livre de
la République, * efl une des chofes qui
élèvent l'ejprit, & qui en le détachant
des chofes fenfïbles, le mènent
à la contemplation de ce qui ejl véritablement.
Et je ne doute pas que ce
.ne foit là tout le myftére qu'il faut
chercher dans les cérémonies, & dans
les théurgies , dont parie Proclus ,
qui n'employoient que les nombres-,
comme ayant fèufe la vertu d'agir
d'une manière très - particulière , &
qui par leur moyen opéroient les chofes
les plus, grandes, & les plus ineffables.
Le pré/ênt que Pythagere fit à (es
difciples, en leur apprenant le nom du
véritable Dieu, & toute la vertu de ce
nom, parut une chofe fi merveflleufe,
& fut reeeu d'eux avec tant dereconnoifiance
& de reipecl, qu'ils ne firent
*g>v Vki 7tù TO i>1êç dieu/, »

DE PYTHàGORB. hj
pas difficulté de jurer par celuy qui
leur avoit appris une vérité fi grande &
fi importante. L'interprète de ce nom
augufte leur parut mériter un honneur
divin : preuve certaine que les
véritez qui découlèrent de la connoiffance
de ce nom, furent plus lumineufês,
que toutes celles qu'on avoit
déjà portées en Grèce.
Voicy une idéegénérale de la Théologie
de Pythagore, toute fondée fur
la connoiflance de ce nom.
H concevoit que Dieu ayant tout S,"/^*
créé, il devoit eftre avant toutes chofes
,8c par eonfèquent unique ; mais
comme il n'étoit paspoffible que Dieu,
dans la création, n'euft pas donné
quelque image de luy-mefme', il
enfeignoit qu'il avoit d'abord créé les
Dieux immortels, entièrement fembkbles
à luy, & comme les, images
inaltérables & incorruptibles de cette
première caufe qui les avoit créez.Au
deffous de ces Dieux",!! reconnoinoit
des fubftances moins parfaïtesqu'il ap
TpeWoitDémûns ScHéros pleins de bonté
& de lumière, c'eft à dire, les An-

hij L A V î B
ges & les autres efprits bienheureux ;
ii les rcgardoit comme des images
moyennes de ce premier eftre , les
jjfaçoit en différentes fphéres, & vouîoit
qu'on les honorait tous fefon l'ordre
& le rang que la loy, qui n'eft
autre que la volonté du père, leur a-
voit donné; c'eft à dire, qu'H vouloit
qu'on proportionnait leur culte à leur
dignité , en rendant aux Dieux les
premiers honneurs, & aux Anges les
féconds, fans jamais les confondre ;
& ce qui eft très - remarquable, il
enfeignoit, que l'honneur & le culte
qu'on leur rendoit dévoient fe rapporter
& fe terminer au Dieu feui qui
tes avoit créez.
Au deiïous de ces Héros ou Anges
, il mettoit les âmes des hommes*
qu'il appeiloit arec raifon les dernières
des fubftances raifonnables, comme
il appeftoit ces Anges les fubflances
moyennes placées entre In Dieux
immortels, & les âmes •des hommes*
pour unir ces âmes avec ces Fils de
Dieu, & par eux avec Dieu mefme.
De là il tiroît deux confequenc«s qui

DE PT'THAGOUI. Ixîi)
meparoiflènt dignes d'une grandeconfidération.
La première, que quand
les âmes des nommes avoient dépouillé
dans ce monde toutes les affections
charnelles, & qu'elles avoient
orné & relevé leur nature par l'union
avec Dieu , elles devenoient dignes
des relpects & des hommages des autres
hommes ; car tout homme qui
aime & honore Dieu, doit aimer &
honorer auffi tout ce qui reflèmble à
Dieu. Mais en ordonnant ce culte,
il le régloit & le limitoit, comme on
le verra dans les commentaires d'Hierocles.
La féconde conféquence qui n'efl
pas moins remarquable que la première,
c'eft que les âmes des hommes
étant les dernières des fubftances
rahonnables, elles étoicnt auffi les
dernières auxquelles les hommes pou-
Voient étendre leur culte, & qu'ainli
en ne devoit honorer aucune nature
inférieure à cène de l'homme.
Grand principe qui ruine toutes les
religions des rayens, & fur tout celles
d'Egypte, mère de l'idolâtrie ,

Amiâusluminc
fient
yeftimemo.
•Pf. i«j. 2.
Imitte lucem
tuam
& veritatem
tuam.
rf.i'.s-
!xfa L A V i *
& qui avoit transféré à des ; figures
d'oyfeaux, de beftes à quatre pieds,
& de ferpens, l'honneur qui n'eft dû
qu'au Dieu incorruptible.
Pythagore ne concevoit d'immatériel
& d'incorporel, que Je premier
eftre, qu'il appelloit un efprit qui pénétrait
toutes les parties de cet univers
, & qui échauffoit, animoit, &
mouvoit toute la nature par fa préfence.
Tous les autres efprits, unt les
Dieux immortels, que les Démons,
ou Héros, il les concevoit reveftus
d'un corps lumineux , comme les
aftres qu'il appelloit auffi Dieux. Oir
pourroit croire qu'il donnoit auffi un
corps au premier eftre, fur ce qu'il
difoit après les Egyptiens & les Chaldéens,
que Dieu a pour corps la lumière
, & pour ame la vérité ; mais
c'eft une expreflion figurée, qui peut
avoir été prifè de ces paroles de David,Seigneur,
vous ejles revejlu de
lumière j comme d'un vejlement. Et ailleurs,
Faites éclater, Seigneur, votre
lumière & votre vérité.
II eft certain que Pythagore en-

DB PYTHAGORE. lxv
iêignoit que ce premier eftre n'étoil
ni paffibfe, ni expofé aux fens, mais
invifible, incorruptible, & intelligible.
C'eft pourquoy il deflèndoit de
mettre dans les temples aucune figure
de Dieu ni moulée, ni peinte,
eftimant que c'étoit un facrilége que
de repréfenter par des chofes terreftres
& périffables, ce qui eft éternel
& divin. II eft aifé de voir que Pythagore
avoit pris cette defîènfe dans
les livres des Hébreux, & c'eft une
chofe allez furprénante, que dans le
temps mefme de l'idolâtrie, & lorfque
les Idoles des faux Dieux paroifToient
par tout dans les temples & dans les
cérémonies des religions payennes,
un Philofophe payen ait condamné
hautement ce culte , & enfeigné la
vérité.
II tenoitque l'air étoit plein de ce*
efprits qu'il appelloit Démons & Héros,
& qu'il regardoit comme les miniftres
du Dieu fupréme : & il difoit que
c'étoient ces efprits ou génies qui
envoyoient aux hommes & aux animaux
mefmes les fonges, la famé &

Ixv} Li Vil
les maladies, & que c'tÉtoit *uffi à eux
que fe rapportoient 3c fe terrninoieni
fes purifications > les •expiations , les
divinations , & autres cérémonies.
Opinion qo'H avoit prife des Egyptiens
& des Chaf décrois, qui ne concevant
d'immatériel & d'incorporel
que fe premier fcftre, & donnant des
corps aux autres Dieux, & aux Anges
, étoient tombez dans cette erreur
de croire qu'iï n'y avoit que ces fub-
(lances corporelles qui agiflent furies
hommes & fur les animaux, & que le»
fumées des fâcrifrces,& toutes les choies
terreftres, qu'on employoit dans les
purifications & dans les initiations, ne
pouvoient approcher du feul Dieu père
& créateur, qui étoit impaflible &
inaltérable; mais que par (a force de
l'opération divine, qu'ils appelloienï
theurgie, elles pouvoient affecter les
Dieux corporels. Voila le fondemeni
des purifications & des expiations publiques
& particulières que Pythago-î
re pratiquoit : Les publiques , pour
purifier les villes, & pour éloigner les
maux qui les affligeoicnt, ou qui les
I

si 'PYTBàGO*.». hrvi)
mcnaçoient ; & les particulières, pour
•délivrer Pâme , & pour la purge*
des /builleures qu'elle avoit contractées
par la contagion du corps. On
prétend que par ces purifications publiques
, il avoit délivré Lacedemone
de la pefte à laquelle elle étoit fort
iu jette.
U avoit connu cette grande vérité^
que Dieu éunt Teflènce mefme de la
bonté, & ceue bonté étant la feule
caufe de la création des eftres, il a*
*oit créé chaque cliofe dans Fétat qui
étoit le meilleur pour chacune. D'où
il droit ces confequences, que le mai
ne pouvoit Yenir de Dieu, & que
Dieu recompenfoit les bons, & pu»
niffoit les méchants. Mais fur ces pu»
nitïons il enfeignoit une faune do~
clrine ; car il croyoit que les peine»

Ixvitj L A V i B
II concevoit la création d'une manière
bien fublime, & bien digne de
la majefté de Dieu ; car if difoit que
c'étoit fa penfée feule de Dieu, & fa,
volonté qui avoient tout créé, c'eft à
dire que créer pour Dieu , c'eft pen-
Jer & vouloir ; & que tout a éxifté
par la feule détermination de fa volonté
& de fa penfée. Ce qui explique
admirablement le fublime de cette
expreffion de Moïfè, Dieu dit que
la lumière foit, & la lumière fut; car
Dieu dit, n'eft autre chofe que Dieu
venfa, Dieu voulut. Tout fe hafta de
comparoiftre & d'obéir à fa volonté
& à fâ penfée , comme à un ordre
vivifiant , à un ordre qui appelle
ce qui n'eft point, comme ce qui
eft.
* Ciceron écrit que Phercyde fut
le premier qui dit que Famé étoit immortelle.
H veut dire que ce fut le
premier des Phifofophes Grecs ; car
long-temps avant luy cette opinion
* Pherecy.-ïes Syrus ptimus dixit animos homitium
eflc fempitcrnos. de. t. Tujîul. qutjt.
t. ut.
t

DE PYTHAGOKE. IXÎX
étoit établie chés les Egyptiens. Pythagore
après en avoir pris la première
teinture dans i'échoïe de fon maiftre ;
Pherecyde,s'y confirma pleinement en !
Egypte. Mais en prenant le dogme, I
il prit auffi les erreurs, dont les Egyptiens
l'avoient prefque entièrement
défiguré, & dont long-temps avant j
Pythagore, on voyoit des traces dans
les Vers d'Homère, qui avoit puifé
dans les mefmes fources.
l
Toute cette opinion de Pythagore
& des Egyptiens fur la nature de l'a- '
me, mérite d'eftre expliquée au long;
car elle eu ordinairement fort mal ;
entendue, & elle fert à l'intelligence ,
des anciens, fur tout d'Homère & de
Virgile, qui ont tous deux tenu la
mefme doctrine. !
Ceux qui ont fait la vie de Py- j
thagore , & qui nous ont rapporté j
fes fentimens, ne fe font pas attachez
à nous bien expliquer fà penfée fur la
nature de l'ame. Il faut donc la cher- 1
cher dans les écrits de fes difciples ; |
& aucun n'en a parlé plus à fond !
que Timée de Locrés, que Platon

lxr L A V i i
uletre. a expliqué. Nous voyons par là qu'il
• $£ concevoit l'ame de l'homme de mef-
» me nature que celle de l'univers , &
que celle des Démons, ou Héros, c'eflà
dire, desAnges;maisun peu moins
parfaite , & qu'il enfeignoit que des
reftes de cette ame universelle , qui
étoit un compofé de la fubftance fpirituelle
qu'il appelle entendement, &
efprit, & des quatre éléments, c'eft
à dire un compofé du mefme, & de
ïautre, Dieu avoit formé toutes les
âmes. Ainfi ce n'eft pas fans raifon,
qu'Ariilote dit que Platon dans le Timée,
fait l'ame des quatre éléments,
c'eft à dire, de la quinteflènee des quatre
éléments, aufquels il a ajoufté î'efprit,
la partie fpirituelle, & intelligente.
Mais ce dogme de Pythagore
n 'étoit pas un dogme nouveau qu'il
euft imaginé, c'étoit le dogme ancien
qu'il avoit trouvé tout établi chés
ïes Egyptiens, où Homère l'avoit appris.
Pythagore ne fit que le corriger
en un feu! point. Et voicy quelle étoit
cette ancienne Théologie.
Les Egyptiens & les anciens Grecs

DE P T T H A è O R ï . Itx)
imaginoient lame comme un compofé
d'entendement & d'aine, créez
enfitmbJe. Ils. appetfoieiM

kxij L A V i B
le corps ; & celle qui avoit bien vécu
alloit au défais de la Lune. Que là arrivoit
enfin une féconde mort, c'eft à
dire,Iaféparation de I'entendement&
de l'amc, ou du char fubtil. Que l'entendement
feréunhToit au Soleil, &
l'amè ou le char fubtil reftoit au deffus
de la Lune, ou étoient placez les
champs Elyfées, & qu'elle y confèrvoit
la figure du corps qu'elle avoit a-
nimé, de forte qu'elle étoit la véritable
image de ce corps : c'eft pourquoy
auffi les Grecs l'appelloient Idole
, & les Latins, Image. Homère
en parlant des^ombres qui font dans
les enfers , Ies ; appelle toujours indifféremment
âmes & idoles, c'eïl à
dire, images. Mais nulle part ce
grand Poète n'a expliqué plus nettement
cette Théologie, que dans l'onzième
livre de l'Odynee, où Ulyfle,
en parlant de ce qu'il avoit vu dans
les enfers, dit, * Après Sifyphej'apperceus
le divin Hercule , c'ejl a
Ei'A'Wiv. tw'Gç Si fjun i'faiâ&itt Siclit,
lipuvmf in %fik(.
dire

Dl fïTHACOR!. hcxii}
dire fon image j car pour luy, il efl
avec les Dieux immortels, éf affîjh
à leurs feflins. Pour luy, c'eft à dire^
fon entendement, la partie la plus divine
de fbn ame; & fon Idole, c'eft
à dire, la partie luntineufe de I'ame^
le corps délié •& fubtil dont l'entendement
étoit reveftu. Virgile fait
parler Didon félon cette ancienne
Théologie qui étoit la feule receuë
dans ces temps-ïà, lorfqu'elle dit,
Et nunc. magna mei fub terras
ibit imago.
Mon image, l'image entière de ce
corps terrejlre, s'en va dans les en*
fers. On voit pourquoy elle appelle
cette image , magna, grande, entiê"
re, c'eft,, parce qu'elle étoit de mefme
taille que le corps.
- Pythagore fuivoit cette mefme do*
arme , excepté le dogme de la féconde
mort, qui faifôit la féparation
de l'entendement & de ï'ame, ou du
char fubtil de l'ame ; car il tenoit que
ces deux parties étant nées enfemble,
étoient infcparables ; ; qu'il n'y avoit
qu'une feule mort qui feparoitTara*
.d

lxxiv L A V i é
& le corps mortel, & que l'entende-»
ment toujours uni à fon char , re-i
tournoit à fon aftre.
Virgile a fort bien expliqué ce retour
des âmes dans les aftres d'où, elles
étoient defcenduës, lorfqu'il a dit
dans le iv. liv. des Georgiques,
Nec morti ejfe locum,
fed viva volare
Sideris in numerum.
Il n'y a plus de mort; mais tous ce»
t (Ire s pleins de vie retournent dans
les après qui font tnfemble une merveilleufe
harmonie. Et, pour dire cela
en paffànt, ces mots fideris in numerum
, ne lignifient pas in modunt
fiderum, comme des ajlres ; car 09
n'étoit nullement l'opinion de Py-i
thagore , mais in fidera numerofa,
dans les ajlres qui font une harmo"
nie ; car Pythagore parfoit beaucoup
de l'harmonie des aftres & des
deux, il fe yantoit mefme de l'en*
tendre.
Voila donc ce partage fi célèbre
que les Egyptiens , & après eux les
Pythagoriciens, fjufoient 4 i'Jwmmç

DE P-VTHAGORÏ. lxXV
en trois parties, en entendement, en
ame, & en corps terreflre & morteL
II n'y a pas d'apparence que des hommes
fi fenfez ayent eu d'eux-mefmes
une opinion û extravagante, & qu'ils
ne f'ayent pas tirée de quelque vérité»
mal entendue , qui ait donné lieu à
cette erreur. Voicy ma penfée. L'ancienne
Théologie des Hébreux parioit
de l'homme félon ces trois rap->
ports, mens, anima, & corpus ; l'efprit,
famé, Se le corps ; comme nous
fe voyons par l'Ecriture fainte. Ces
Philofophes donc, ne comprenant
pas le fens de ce partage, ont imaginé
fur cela ces trois parties, fentendement,
comme la partie fpirituelle
de l'arne ; l'ame ou le char de Va*
me, comme Je corps fubtil & délié,
dont l'entendement étoit revêtu ; &
le corps terreflre, comme animé par;
l'ame, c'eft à dire par le corps fubtil. Il
eil donc trés-vrayfembiablequc de Famé
fpirituelle, & de l'ame fênfitive ou ;
animale, ils ont fait ce compofé d'entendement
& d'ame ; qu'ils ont mis
l'entendement, poux juger des cho-.
dij

htxvj L A VIE
fes intelligibles, & l'ame pour juger
des chofes fenfibles. On pourroit peuteftre
éclaircir cette idée de Pythagorc
par cette comparaifon : Dédale avoit
fait une Venus de bois qui marchoit,
& fè mouvoit par le moyen du mercure
dont il l'a voit remplie. Lfi bois,
c eft le corps terreftre & mortel ; le
mercure, qui fè moule fiir ce corps
qu'il remplit, & qui par là en devient;
l'image r c'efl l'ame, ou le char fubtii
de l'ame, qui par le moyen des esprits
, porte par tout la vie & le mou»
vement. Qu'on ajoufle à ces deux
parties l'entendement bu l'efprit, l'a»
me fpirituelle &. intelligente, voila
l'iiomme entier tel que Pythagore &
les Egyptiens l'ont imaginé.
Les Rabbins aflèz féconds d'euxmefmes
en imaginations extraordinaires
, fè font approprié celle-cy ;
car ils ont dit tout de mefme, que
l'ame étoit revefluè' d'un corps fubtii,
qu'ils ont appelle , non pas le char
de l'ame, comme Pythagore, mais le
vaijfèau de Fame,c& qui eft aflèz égal.
- £jnç autre erreur dont k docliine

DE PYTHAGOM. lxxvij
je la nature de l'ame auroit été comme
accablée, c'eftle dogme de la raetempfycho/ê,
ou du pafTage de l'ame en
plu/îeurs corps, fok d'hommes, foit
il animaux, s'il avoit été tel qu'on le
débite. Mais nous allons voir qu'on ne
s'e/l pas moins trompé fur le lêns où
on l'a pris, que fur l'origine qu'on luy
a donnée.
Si Pythagore en étoit le premier
auteur , on pourroit croire que l'hiftoire
de Nabuchodonofor, qui à caufe
de fes péchez fut fêpt ans parmi
ïes belles, à brouter l'herbe comme
les boeufs, luy auroit donné cette idée
que le vice dégrade l'homme de là
condition, & le transforme en belle
plus ou moins féroce,, félon qu'il eft
plus ou moins vicieux.
Mais il efl certain que cette opinion
eu plus ancienne que cePhilofophe, &
que c'étoit un dogme des Egyptiens
que les Grecs s'étoient attribué fort
injuftement, comme Hérodote le dit
formellement dans fon H. liv. Les Egjpf
tiens font attffî les -premiers qui ont
dit que l'ame de l'homme ejl immor-*
d iij

Ixxfiij L A V i s
telle, qu'après la mort dû corps, elle
j>ajfe fucceffivementdans des corps dé
bejles ; qu'après avoir pajje* par les
corps des animaux terrejlres, aquatiles
& aériens, elle revient animer le
corps d'un homme, & qu'elle achevé
ce circuit en trois mille ans. Il y a
des Grecs qui ont débité ce dogme,
comme s'il eufl été à eux en propre,
les uns plus tofi', les autres plus tard*
• J'en fçay les noms, &)e ne veux pas
les nommer.
Hérodote nous apprend par là -,
non feulement que les Egyptiens font
les premiers auteurs de cette opinion-;
mais encore que Pythagore n'étok
pas le fèuf qui i'euft débitée comme
fienne. Pour moy j'avoue que je ne
fçais pas qui font les autres dont Hérodote
parle , car aujourd'huy cette
metempfychofe n'eft attribuée qu'à
Pythagore, & un peu différente met
me de celle que debitbient les Egytiens.
Mais ces changements, que
'ythagore y fit, & ceux que d'autres
y firent dans la fuite comme
(es Pharifiens qui enfeignoient qu'il

»E PYTHAGORE. hx'x
n'y avoit que les âmes des gens de
bien qui pauaflènt en d'autres corps ,
celles des méchans étant détenues

txxx L A V I *
pourquoy David dit, que * Fiïam*-
me étant dans l'honneur, c'eft à dire,
ï'image de Dieu par fon origine, ne
i'a pas compris , au il a été mis au
tang des befles fans raifon, & au'H
•leur ejl devenu femblable. Or if n'y
a rien de plus naturel que- de donner
à l'homme le nom de ce à quoy
il reflèmble le plus. Auffi les anciens
Hébreux donnoient-ils aux hommes
îes noms des befles avec lefquelfes le
vice leur donnoit le plus de conformité
, & ils les appelloient loups,
i/tiens , pourceaux, ferpents , félon
qu'ils remarquoient en eux les vices
de ces animaux. De là les Egyptiens^
qui ne parloient que par énigmes, &
qui explîquoient leurs penfées phiftofl
par des figures, que par des mots^
mettoient unferpent pour un homîiie
malin & dangereux, un pourceau
pour un débauché, un cerf pour un
homme timide; & ils difoient qu'un
fcomme étoit devenu loup, pour dire
•Homocum in honore effet non intelleiir,
crimpjratus eft jumenris infipientibus, & fimiiis
fàftus cil illts. Pfal. 48. 1$. tr.

DE P Y T H A & qui ont effectivement
enfeigné que l'ame d'un homme, pour
expier les péchez après fa mort, paffoit
dans le corps d'un autre homme,-
eu d'un animal, ou d'une plante; les
Poètes l'auront débité dans leurs è~
erits i les hiftoriens mefme, qui font
lés écrivains , qui doivent le moin*
fouffrir le mélange de la fable, aur
font dit comme les Poètes que Py-~
d v

fxnrij L A V r i
thagore aflèuroit de luy-mefme qu'il
avoit été d'abord iEthalides fils de
Mercure , enfuite Euphorbe , après
cela Hermotime , après Hermotime
un pefcheur de Delos, & enfin Py~
thagore. Les Philofophes ont débité
avec plaifir une opinion finguliére ,
qui avoit quelque chofe de merveilleux
& de terrible; les Poètes l'ont
regardée comme leur bien, à caufê
de la fiction qui luy fêrt d'enveloppe;
car qui ne Içait que ta fable,
eft Fappanage de la Poèfie, & que
îes Poètes habitent le pays des fictions
& des monftres ; & les uns, & les
autres ont fêduit & attiré les hiftoriens,
qui mefme, comme nous l'apprenons
de Strabon, ont fbuvent été
auffi amoureux de la fable , que les
Poètes mefmes.
Une marque feure que Pythagore
n'a jamais eu l'opinion qu'on hiy attribue
, c'efl qu'il n'y en a pas le moindre
vertige , dans les fymboles qui
nous relient de luy, ni dans les préceptes
que Ion difciple Lyfis a recueillis
, & qu'il a laifiez comme un pré-

D £ P Y T H A G O *. î. Ixttilj
cis deTa doctrine : au contraire, il paroiftpar
ces fêntences, qu'il a enfeigné
que les fubflances raifonnables, tant
les premières, ïes Dieux immortels,
& les moyennes, les Anges, que les
dernières, les hommes , demeurent
toû|ours,quant à leur e/Tence, ce qu'elfes
ont été créées, & que les dernières
ne fe dégradent, ou ne s'anobliffênt
que par la vertu, ou par le vice.
£t c'eft ainfi qu'HierocIes Philbfoplîc
Pythagoricien l'a expliqué. Tout de
mefme, dit-il, celit qui s'attend qu'a-
•jprès fa mort il Je revejlira du corps
•d'une bejle, qu il deviendra animal
fans rayon, à caufe defes vices, oui
plante, à caufe de fa pefanteur, ù*
-de fa flupiditè, celtty-là prenant art
chemin taut contraire a ceux qui tranfforment
leffence de F homme en quelqu'un
des eflres fupérieurs, & la précipitant
dans quelqu'une des fubjtanees
inférieures, fe trompe infiniment,
éf ignore abfolument la forme effen-
•ctelle de notre ame, qui ne peut jamais
changer ; car étant & demeurant
toujours l'homme , elle efl dite
d vj

Ixxxîv LA VIE
devenir Dieu ou befie par le vice, ou
par la vertu, quoiqu'elle ne puiffi
eflre ni l'un ni l'autre par fa nature,
maisfeulement par fa 1 reffemblance a*
vec l'un ou l'autre.
Voila comme parle un Philofbphe
qui étoit choqué qu'on prift fi groffiérement
l'opinion de fon maiftre, &.
qui Iuy donne: le fcns qu'elle doit a-
Toir.
Je ne nie pas que lés Phiïofbphes qui
ontfuccedé à Pythagore,nayent en^
feigne cruëment cette doclrine, comv
me une vérité confiante; mais ils le
faifoient à bonne fin, & par un menfonge
pieux, pour effi-ayer les hom*~
mes, & pour les enapefeher de convmettre
de ces crimes,,& de ces péchez
, qui après la morramijatifToient
•à des pénitences & à des purgations
fi mortifiajites. Et en voicy un témoignage
bien authentique , & qui ne
permet nullement de douter que ce
ne fuft là leur efprit ; ç'ell celuy d'un
difciple de Pythagore, & d'un difeiciple
trés-inftruit des fentiments de
ce Philofophçic'eft de Timée mcfme

Dï PYTBACITRH. IfflHnf
«ïe.. Locrés, fur les cfcrits duquel Platon
a travaillé. Timée donc dans (bit
traité de l'ame du monde, dit ces
paroles bien- remarquables : Comme
nous guériffons quelquefois- les corps
malades par des remèdes violents ,
quand le mal ne cède pas aux remettes
bénins ; nous en ufons de mefmg
jpour la cure des âmes; quand elles
réfiifent de fe rendre aux fimples vé"
vite-^ ,. nous les guériffons par le menr
-fange. C'efi pour cela que nous font-
•mes réduits néceffairement à les menacer
de fuppRces étranges , & à
leur débiter, que les âmes paffenten
de nouveaux corps ; que l'ame d'un
poltron, par exemple, paffe dans le
corps d'une femme, afin qu'il foit exposé
à toutes fortes d'opprobres éf
de, mépris ; celle d'un meurtrier dans
le corps d'une befle féroce, afin qu'il
foit chaflié ; celle d'un débauché dans
le corps d'un pourceau. Produs infinue
la mefme choie dans fon v. livre
fiir le Timée.
On dira que biéntoft après Tj>mée,
on voit Socrate parler de cette

îrxxvj L A' "v" i E
metempfychofè comme d'un dogme
fimple & fans figure. Mais fi l'on é-
xamine bien les trois dialogues où il
en parle, & qui font fe Menon , le
x. livre de la République, & le Piledon
, on trouvera que dans le premier,
Socrate parlant à Menon, qui
étoit Pythagoricien, ne fait que gliffer
fur cette opinion, & qu'il ne la
•propofe que pour en tirer avantage
en faveur de la reminifcence , qu'il
•veut prouver, & dont il n'étoit pourtant
pas bien convaincu ; que dans le
x. livre de ia République, il ne fait
que rapporter une fable Egyptienne;
car ce n'eft nullement dans les fables
que l'on doit chercher la /implicite
d'un dogme Philofophique. Et enfin
on verra que dans le Phedort, où font
ïes dernières paroles de Socrate, ce
Philofopbe éxemte d'abord de la loy
de cette Metempfychofè , les âmes
-qui fe font retirées pures; & qui pendant
cette vie, ont fêrvi Dieu avec
vérité; & il afïêure qu'elfes vont a-
-vec les Dieux où elfes joùiffent d'une
félicité éternelle. Et pour les âmes

©B PYTHAêOH. htxxvij
impures & fouillée», ou qui ont vécu
dans la juflice, pluftoft par habitude
& par tempérament, que par Philolbphie,
il enfeigne qu'après la mortelles
pa/îènteii d'autres corps,ou d'animaux
ou d'hommes. Que peut-on conclure
de là, finon que Socrate en mouranr
laine aux gens de bien Fheureufe efpérance,
qu'en fortant de cette vie r
ils iront jouir d'un'bonheur fans fin;
& qu'il profite d'ue opinion receuë,
pour Iaifler aux médians la frayeur fahitaire
qu'infpire la terrible menace
du paflage de l'ame en plufieurs corps.
Tout cela s'accorde avec ce que je
viens de rapporter de Thnée.
JVJais ce qui eft encore plus fort
8c plus concluant, c'eft que Lyfrshrymefme
, Fami particulier de Pythagore,
& celuy qui avoit receu de fa
bouche les dogmes qu'H enfeigne
dans fès Vers dorez, dit formellement
, que quand l'ame, après s'eflre
purifiée de fès crimes , a quitté le
corps, & qu'elle eft retournée dans
le ciel, elle n'eft plus fujette à la
mort, & jouit d'une félicité éternel-

fxxxvfij L A V I t
Je. Nulle mention de ce paflàge dd
l'ame dans plufieurs corps ;c'eft pourtant
là que cette doctrine devoit eftro
débitée.
Si dans la fuite des temps- cette fiction
a été enfèignée par des Phiiofbphes
ignorans & greffiers , comme
«ne vérité réelle, fr on trouve qu'elle
a paffé dans la Judée, où l'on voit
fes Juifs & Herode mefme imbus de
. cette fiiperftition ; & fi encore aujour-
d'huy dans les Indes, elle eft prife à
la lettre par des peuples fort ignorans
, cela ne change pas la nature
du dogme. Tous les dogmes doivent
eftre expliquez par le fens qu'ils ont
eu à leur naiiïance, & nullement par
celuy que les- fiéclesfuivans leur ont
donné.
L'opinion de Pythagore fur la nature
de l'ame des belles n'a pas été
«on plus expliquée fort clairement.
Timée de Locrés fait voir qu'il a crû
que l'ame des beftes étoit une partie
de l'ame du monde,.une partie de la
matière fubtiie que Dieu avoh tirée
de tous lesaftres, c'eft à dire, que l'a-

t>i P"YrHAeoii. Ixxxi*
Aie des animaux étoit de mefme na-">
ture que Came animale , où le char
fabtil de l'ame de l'homme ; c'eft
pourquoy il dit que Dieu créa luymefme
les âmes des hommes, & que
les animaux & tous les eftres fans
raifon, il les laifla faire à la nature
feule. Ceux qui ont crû que Pythagore
donnoit aux bedes une ame raifonnable,
que les organes feuls cmpefchoient
de faire les fonctions, fè
' font trompez. Une marque fëure que
ce n'étoit pas là fa doctrine, c'eft qu'A
a fait l'homme la dernière des fubitances
raifonnables ; il n'eft donc pas
|>offibIe qu'il ait enfeigné que ia raifon
étoit commune aux animaux &
aux hommes. II eft vray que Diogéne
Laërce écrit que Pythagore accorde
aux befles , la colère & l'efprit, »/» w 5**
mais par ce«mot * efprit, il a enten- & u
du une forte d'efprit tarés-différent
de la raifon & de l'intelligence, qu'il
accorde à l'homme feuï. voila pourquoy
il difoir que l'homme feul étoit
* Ariftct; luy donne auffi le mefme. nom.

se 1 A V i B
capable devenu & de vice. En un
mot, comme il concevoit que l'ame
animale, ou le char jubtil de l'ami
donnoit la vie au corps terreftre &
matériel de l'homme , il concevoit
aulfi que l'ame des belles étant de
mefme nature que ce char Jubtil fuf>
fifoit pour animer les corps des animaux
; de forte que les animaux félon
Pythagore étoient véritablement
comme la Statue de Venus, dont j'ay
parlé, qui privée de raifon & d'intelligence
, le mouvoit par le moyen
du Mercure, dont fes organes étoient
remplis. Ce Philofophe n'étoit donc
pas éloigné de les croire de pures machines
, puifque leur vie n'étoit que
l'effet de la matière fubtile difpofée
d'une certaine façon. Ainfi il avoit
raifon de dire que cette ame des a-
nimaux étoit auffi ancienne que le
monde, & qu'elle dureroit autant que
Juy; car après la mort des animaux
leur ame s'en retourne auffî bien que
leur corps à fon principe, & à fa fource.
Après Pythagore, Empedocle vou-

tant expliquer fans doute le fenument
de fon maiftre, & faire voir que la
connoiiïance n'efl pas toujours dif-
»m

*dj Ï'A V ri
fuit néceflàirement de les principes J
que j'ay rapportez. Les Philofophes
n'en fçauront jamais davantage^ Us
ont beau s'abandonner à leur cnriolité,
ils affeureront bien ce que J'ame.
des beftes n'eft point; mais jamais
ils ne trouveront véritablement ce
qu'elle eft.
La PhHofophie de Pythagore tendoit
principalement à expliquer & à
*egler le culte des Dieux, & il doniroit
fur cela d exellents préceptes.Par
exemple, il nevoulok pas qu'on env
traft dans les temples par oecafion, &
.enpafTant,pour y adorer & pour y faire
fes prières ; mais qu'on fortift exprés
de fa maifon pour leur aller rendre
ce culte après s'y eftre bien préparé.
Je ne m'étendray pas fur cette partie,
parce qu'on la trouvera admirable*
ment traitée dans Hierocles.
II vouloit qu'on parlaft toujours
des Dieux avec tout le refpcd: dû à
leur effence, fource de tous les biensi
& il condamnoit fi fort les fables qu'-
Homére & Hefiode ont débitées des
Dieux dans leurs poëraes ^.qu'il afTu-

D E 4P Y T H À G O R E.
Xciî}
roit que les âmes de ces Poètes é-
toient Sévèrement punies dans les enfers
pour avoir parié des Dieux d'une
manière fi peu convenable à une fi ! **f
grande Majeflé.
j #..
Comme il n'y a rien de fi difficile !
que de bien prier, il deflèndoit à j
ceux qui n'étoient pas encore bien !
in/faïiits, de prier pour eux-mefmes, {
& leur ordonnoit de s'adrefier aux
preftres & aux facrîfîcateurs ; & c'eû
ce meûne principe que Socrate a pouffé
fi loin, en faifant voir que les hommes
ne ifçauroient bien prier, qu'a-
Ïrés

xcir LA V I g*
voient efbe honorez à toute heure &
en tout temps, & que les Démons, les
Héroi, ou les Anges, dévoient l'eftrcs
à midy; ce qui vcnoit d'une ancien-»
fuperftition qu'il avoit prife en Egypte,
& qui avoit perfuadé aux hommes
qu< le midy étoit l'heure où les
Dénsoos. fe répofoient, & qu'alors il
étoit rarsps de les appaifer & de les
re«dre iavorabïes. On ne peut pas
doarw t\iie cette fuperftition ne nifl
plus antienne que Pythagore, puif-

» E PYTHAGORE. TCV
4ès jours, en jours heureux & malheureux
, qu'Hefiode a expliqué à la
fin defes préceptes d'agriculture- Sssperihtion
qui régne encore dans iVfprit
d'une infinité de Chrétiens. .^
Nul Pjhilofophe n'a mieux parlé fF
que Pythagore de la toute-puiif^ïic* ^
«de Dieu ; méfurânt l'étendue de ce tl§t.
pouvoir à l'idée qu'il avoit de fen cû "•S*
îence, il enfeignoit qu'ii n'y avoiî rfe»>
de fi grand & de fi admirable, cp\>«
ne puft croire de Dieu ; rien de &
difficile & de fi furnaturelqu'on îîSîV
duft attendre. Il faut efpérer tout

accvj L A V i t
ïoy, il avoit imaginé un ferment divin
qui confèrvoit toutes choies dans
l'état & dans l'ordre où elles avoienf
été créées, & qui -en liant le créateur
à fa créature, îiok auffi la créature à
ion créateur; c'efl à dire, que Dieu,
en créant chaque chofe dans l'état qui
étoit le meilleur pour elle, avoit voulu
s'affujetir à la confèrver dans le
mefme état par un ferment appelle par
cette raifon, Gardien de t éternité, &
qui n'eft autre que i'immuabilité mefme
de Dieu, & un des effets de fa
juftice. Et ce mefme ferment, il con-
"cevoit que la créature l'avoit fait en
luy & par Iuy ; car la mefme ïoy qui
crée, lie -ce qui eft créé : c'efl pourquoy
les Pythagoriciens appelloient
ce ferment, inné & effencielà toutes
les créatures.
Mais d'où étoit venue à Pythagore
cette idée fi grande , fi noble,. & fi
convenable à la majeflé de Dieu \ II
l'avoit tirée fans doute des faintes
Ecritures, où il voyoit que Dieu»
pour marquer l'infaillibilité de fes pro-»
méfies, dit fouYem, qu'il a juré t
&

DE PYIHAGOSJ. cxvij
& qu'il a juré par luy-mefme ; &
en fuite avec un efprit admirable, il
étoit entré dans les raifons de ce ferment
divin, & l'avoit expliqué par
les principaux attributs de Dieu, qui
font fa bonté, fon immutabilité, &
(a juftice. Dieu en créant toutes choies,
n'a point renfermé fes veuës dans'
les temps, & a travaillé pour l'éternité
, qui eft luy-mefme.
Cette loy éternelle & ce ferment
divin , c eft' ce qui compofe la deftinée
, ou la providence , qui mène
chaque choie à la fin qu'elle doit a-
voir, & qui luy a été marquée. Les
'créatures ont beau s'en écarter par leur
defobéiflânce, & violer le ferment divin,
en s'éloignant de Dieu; elles
y rentrent en ce que Dieu fait fervir
leurs égaremens mefme à l'accomplif-

cxviij LA V I B
de renfermer de grands principes qui
peuvent encore nous fervir.
Avant le fiécle de Pythagore, &
pendant que la fecle Italique & la fecle
Ionique furent en vigueur , la
Morale n'avoit pas été traitée fort méthodiquement.
Elle étoit compriië
fous le nom général de Phyfique, qui
embraflbit toutes les parties de la Phrlofophie
, & elle étoit renfermée en
des préceptes ou fèntences, qui ordonnaient
ce qu'il falloit faire, mais qui
n'en expliquoient ni les raifons ni les
motifs. Socrate fut le premier qui fépara
cette partie de la Philofophie»
pour en faire un corps à part, il en
demeila parfaitement tous les principes,
& en donna les preuves, C'eft
à luy que la Morale payenne doit toute
fa perfection : mais il faut avouer
auffi que Socrate profita beaucoup
des lumières de Pythagore , qui découvrit
le premier ce grand principe,
que îa Morale eft fille de la Religion:
&voicy fur cela fès veuès. qui méritent
d'eflrç bien dévelopées.
Nous avons vu qu'il reconnoifïbit

DE P Y T H A GO RI.
XCHC
deux fortes d'eftres fupérieurs , les
Dieux immortels, & les Démons, ou
Héros, c'eft à dire les Anges. II ajout
toit à ces deux fortes d'eftres, les hommes
qui après avoir brillé par l'éclat
de leurs vertus dans cette vie, a-
voient été receus dans les chœurs divins.
De nos ïiaifons avec ces trois effences,
il tiroit tous nos devoirs envers
nos pères & nos mères, envers
nos proches, & envers nos amis; car if
enfeignoit que dans cette vie mortelle,
nos pères & nos mères nous repréfcntent
Dieu ; que nos proches nous
repréfèntent les Démons ou Héros,
c'eâ à dire fes Anges, & que nos a-
mis font l'image des Saints, d'où
il conduoit que nous fommes obligez
d'aimer & d'honorer premièrement
nos pères & nos mères ; enfiiite
nos parents, & après eux nos a-
mis ; & pour nous, que nous devons
nous regarder félon ces trois rapports,
comme Fils de Dieu , comme parents
des Anges, & comme amis de*
Saints.

C L A V I E
Perfonne n'a mieux connu que Pythagore
Peffence de l'amitié ; c'eft luy
qui a dit le premier, ^w* tout eft commun
entre amis, &que notre ami ejl un
autre nous-mefme; & c'eft ce dernier
mot qui a fourni à Ariftote cette belle
définition de Pami,que * c'eft une ame
qui vit dans deux corps.
II donnoit d'éxellents préceptes
fur le choix des amis, fur les moyens
de les confêrver, & fur les bornes
que nous devons donner à la complaifance
que cette union demande
néceffairemcnt, comme on le verra
dansHiérodes.
On luy a reproché qu'il n'eftimoit
que ceux de fa fécle, & qu'il regar*
doit tous les autres hommes comme
de vils efclaves dont il ne falloit faire
aucun cas.
Il avoit vu en Egypte les Egyptiens
méprifer extrêmement les autres peuples
; & il n'ignoroit pas que les Hébreux
traitoient bien différemment
les étrangers, & ceux de l'alliance;
* *IA0f > /Met \J*jg Sbo ffKfMUt innwlm>

DEPYTHAGORB.
mais Pythagore n'imitoit pas ces manières
par orgeuil; comme il avoit
pénétré ce qui fait le fondement &
la fin de l'amitié , ii avoit tiré de là
les raifons de cette préférence : &
voicy fês veuës.
H établiflbit que nos amis dans
cette vie, font l'image de ceux qui
ont quitté le monde, après avoir relevé
la nature humaine par leur union
avec Dieu, & après nous avoir inftruits
par leurs exemples, & par leur*
préceptes. De là il tÉroit cette confequence
néceflàire,que comme parmi
les morts nous n'honorons que ceux
-qui ont vécu félon les régies de la
ugeflè, nous qui fommes leurs dit
ciples dans cette vie, nous ne deyons
nous attacher qu'à ceux qui leur reffemblent,
& qui peuvent nous aider
' à parvenir à la mefme félicité; car le
but de l'amitié ne doit eftre que la
communication des vertus, & notre
union avec les eftres céleftes. Voila
pourquoy an Pythagoricien préférait
l'amitié cfyin Pythagoricien à
celle de' tous les autres hommes ;
$ iij.
cj

d) % A V ï Ê
parce qi$f le regardoit comme pfus
parfait. Et il faut avoiicr que ces Philofophes
portoient l'amitié pour ceux
de leur fécle à un point qui n'a peuteftre
jamais eu d'exemple. Et voicy
fur cela une petite hiftoire qui no
doit jamais périr.
Un Pythagoricien parti de chés
ïuy pour un long voyage , tomba
malade dans une hoftellerie, & dépenfa
tout ce qu'il avoit. Sa maladie
devenant plus opiniâtre & plus difficile,
fon hofte, qui fe trouva heureufêment
-plein de charité, continua
d'en avoir les mefmes foins , &
fournit à toute la dépenfe. Le malade
empire, & bien fafché de n'avoir pas
dequoy payer fon bienfaiteur, il ïuy
demande de l'encre & du papier,
écrit en peu de mots fon hiftoire,
met au bas un fymbole de Pythagojre
, pour marquer qu'il étoit Pythagoricien
, & ïuy recommande d'afficher
ce papier dans un lieu public
dés qu'il i'aura enterré; II meurt le
lendemain , & fês obféques faites,
i'hofte, qui n'attendoit pas grand-

DE PYTHASORI, ciij
chofe de jfbn placard, ne Jaifla pas
de l'afficher à la porte d'un Temple.
Quelques mois s'écoulent fans aucun
iuccés. Enfin un difciple de Pythagore
pafle, lit cette affiche, voit par
fe fymbole qu'elle eu. d'un confrère:
auffitoft il va chés I'hofte, Iuy paye
tous fes frais, & le recompenfe encore
de fon humanité. L'évangile nous
propofe des exemples de charité encore
plus parfaits ; mais on trouveroit
peut-eftre difficilement aujour-
«Thuy des Chreftiens qui fiflent pour
un Chreflien & pour un homme de
leur connoiflànce, ce qu'un Pythagoricien
faifoit pour un confrère q-u'ji
Ji'avoit jamais ni vu ni connu.
A l'égard du reproche qu'on a faiï
a Pythagore d'une extrême dureté
pour les autres hommes > je n'y trouve
aucun fondement. Au contraire,
je voy par tout ce qu'en ont dit fe$
difciples, que regardant Dieu comme
le lien commun qui unit tous les
hommes, il enfeignoit que c'étoit déchirer
Dieu, que de rompre cette
union- avec le plus inconnu; & au
e iiij

eiv L A V i t
contraire, que c'étoit s'unir étroitement
avec luy, que de la conferver a-
vec la fubordination néceffaire; car
tous nos devoirs envers ceux, avec qui
nous ne fommes unis, ni par le fâng,
ni par l'amitié, il les tiroitdes diverfes
liaifons, de patrie, de voifinage, de
commerce, & de focieté, ou enfin de*
liaifons de la nature feule, qui ne foupfre
pas qu'un homme foit étranger à
un autre homme. En un mot, il voxiîoit
qu'on étendiil fur tous les hommes
, mefme fur les médians, une
amitié générale qu'il appelloit humanité;
& que l'amitié véritablement
dite, c'eft a dire, cette liaifon volontaire
& de choix, on ne la contractait
qu'avec les fages & les vertueux,
à l'exemple de Dieu mefme, qui ne
hait perfonne, & qui ne fe communique
, & ne s'unit qu'aux gens de
bien.
Comment Pythagore auroit-il eu
pour des hommes cette dureté, luy
qui difoit ordinairement, que le feul
moyen que l'homme eujî de fe rendre
fmblalle à Dieu, c'étoit défaire du

si PYIHACOHI. CV
lien, & de dire la vérité / Luy qui
fouftenoit, qu'il y avoir des droits
communs entre les hommes , & les
belles mefmes l qui acheptoit des oy*
feleurs & des pefcheurs, les oyfeaux
& les poiflbns , pour leur rendre Jâ
liberté, & qui condamnoit la chaflô
comme une injuftice l
II conferva toute fa vie tant de refpedl,
tant d'amitié , tant de reconnohTance
pour fon maiftre Pherecyde,
qu'ayant appris qu'il étoit tombé
malade à Deios , il partit en mefme
temps de Crotone pour aller l'affifter,
demeura prés de luy jufqu'à fa
mort, & fit lés funérailles.
Jamais perfonne n'a été plus tendre
que luy pour les amis, il les affiftoit
dans leurs maladies, les confbioit
dans leurs affligions , & les fecouroit
dans leurs befoins. Et à l'égard
des autres hommes. II ne perdoit
aucune occafîon de leur faire du
bien félon leur mérite & leur état,
bien perfuadé que la plus grande vertu
de l'homme, c'efl l'amour des hommes.
e v

cy; L A V i E
II regardoit le ferment humain oir
civii, comme l'image du ferment divin
dont nous venons de parler; car
de mefme que le ferment divin eft
gardien de la loy de Dieu, le ferment
humain eft le gardien de fa foy
des hommes. L'obfervation de ce dernier
nous affocie avec la fermeté &
la fiabilité mefme de Dieu, & maintient
l'ordre &: la juftice. C'eft dans
cette vûë que Pythagorè appelfoit du
nom de ferment, tout ce qui eft jufte
; & qu'H difoit que Jupiter eft appelle
»/>' MO f» qui préfide au ferment,
pour faire entendre qu'il eft la juftice
mefme, & qu'il punit fevérement tout
ce qui eft fait contre fa loy.
Les Pythagoriciens ont donné fur
le ferment civil des préceptes admirables
, qui s'accordent fi parfaitement
avec ce qu'enfeigne la Religion
Chrétienne, qu'on ne peut douter
que le décalogue ne leur ait été connu.
Ifs gardbient avec fa mefme exactitude
une fimpfe parole donnée ,
qu'un ferment fait avec la plus gran-

DE PïTHAfiOl!. CVÎj
de fblemnité. Voiçy un exemple bien
fingulier de la fidélité de leurs promenés
dans les chofes de la plus petite
confequence. Lyfis , difciple de;
Pythagore, fortant un jour du Temple
de Junon après avoir fait fes prières
, rencontra Euryphamus de Syracufè
qui y entroit. Euryphamus le
pria de l'attendre. Lyfis iuy dit qu'if
l'attendroit, & s'affit fur un banc de
pierre qui étoit à la porte du Temple.
Euryphamus, après avoir adoré, fc
plongea dans une méditation fi profonde
, qu'oubliant Lyfis, il fbrtit par
une autre porte. Lyfis l'attendit de
pied ferme, non feulement le reftç
du jour, mais toute la nuit, & unes
partie du lendemain ; & l'auroit attendu
plus long-temps, û quelqu'un
dans l'auditoire de Pythagore, n'eufl
demandé en préfênce cFEuryphamus
des nouvelles de Lyfis. Ce nom pro-
nonce fit fouvenir Euryphamus de ce
qui s'étoit pane la veille. II fort donc
promptementjva à la porte duTernple,
& trouve Lyfis auffi tranquille
qu'il L'avoit laiffé. Que n'auroit pas
c vj

cviij LA VIE
fait pour un ferment un auffi feupu-
Jeux obfervateur de îa parole k plus
légère l Je fçay bien que cette acîion
fera traitée de fimplicité ; mais je fçay
bien auffi , comme difoit Solon fur
les ménfonges des Poètes, que fi une
fois le relafchement fè gîifîe dans les
petites chofes, il pane bien toit dans
les plus importantes & les plus férieufcs.
Comme Pythagore éxigeoit la fidélité
& la vérité dans les paroles,
il éxigeoit avec le mefme foin la justice
dans toutes les adlions. Il difoit,
que le felêtoit l'emblème de la juflite
; car comme le fel conferve toutes
chofes, & empefcne la corruption, la
juflice conferve de mefme tout ce qu'elle
anime, & jans elle tout efl corrompu.
C'eft pourquoy il ordonnoit que
la faliére fuft toujours fêrvie fur la
table , pour faire fouvenir les hommes
de cette vertu. C'eft fans doute
par cette raifon que les payens fanclifioient
la table par la faliére : ce qu'ils
pourroient avoir établi fur cette loy,
que Dieu avoit donnée à fon peuple.

.DE PYTHAGORB.
cix
Vous offrirez le fel dans toutes vos inomniooblations.
Et peut-eftre que la fuper-

ex ÉA VIE
partagez : les uns prétendent qu'il ne
mangeoit de rien qui euft eu vie, qu'il
deffendoit d'en manger, & que fi l'on
trouve dans fes fymboies, des préceptes
de ne pas manger certaines parties
d'animaux , ce qui renferme néeeflàirement
la liberté de fe nourrir
de toutes les autres s qui n'ont pas été
exceptées, il faut entendre que Pythagore
ne parle là qu'à ceux qui ne
font pas encore parfaits. Les autres xa.
contraire fouftiennent qu'il mangeoit
des chairs des victimes , & de certains
poiffons ; & outre que c'eft. le fèntiment
le plus ancien , car c'eft celuy
d'Ariftoxéne, il eft encoreleplus vrayfemblable.
Pythagore avoit imité les
moeurs des Egyptiens, & les Egyptiens
, à l'exemple des Hébreux partageoient
les animaux en mondes, &
en immandes, & ne deffendoient de
manger que les derniers.
Une marque feure que toutes ces
abftinences étoient tirées de la loy
des Juifs, c'eft l'ordonnance que Pythagore
fit fur les funérailles & fur les
chairs mortes. Ilprétendoit que touj

DJB PYTHAGORE.
cxj
homme qui avoit approché d'un morrV
ou qui avoit mangé des chairs de beftes
mortes, étoit foiiiHé. On reconnoift
là les propres paroles du Levitique,
& Fon voit que Pythagore en
avoit pénétré le fêns.
La mefme raifon fèrt à vuider fe
partage qui eft entre les anciens fur
l'explication qu'il faut donner au précepte
de Pythagore, de s'abjïenir des
fèves. Les uns ont dît qu'il deflêndoit
absolument ce légume, & les autres
ont prétendu que bien loin de
le deflèndre, if en mangeoieluy-mefme,
& qu'il faut prendre ce précepte
figurément; en quoy ces derniers font
encore partagez, une partie aneuranr
que par les fèves , Pythagore entendoit
les emplois civils, les magiftratures,
parce qu'aux élections, &
aux jugemens, on donnoit les fù£frages
avec * des fèves noires ou
blanches, & l'autre partie fouilenant
* C'éft pourquoy Hefycliins marque mip* ,
J^oxf ^(ft , '

tfxij L A V i E
que par les fèves le Philofophe n'a
entendu que l'impureté.
II y a un moyen fêur de concilier
toutes ces opinions. Premièrement il
eft certain que les Egyptiens avoien t en
horreur les fèves. Hérodote nous l'ap-.
prend formellement; Les Egyptiens,
dit-il, ne fement point de fèves,& ri en
mangent ni de crues ni de cuite s,& les
Preffres ri ofentfeulement le s regarder,
parce qu'ils tiennent cette forte de légume
pour immonde.
L'impureté de ce légume n'étoit
pas la feule raifon qui portoit les Egyptiens
à s'en abftenir; ils ne mangeoient
point de fèves, parce qu'ifs
en connouToient la nature, telle qu'-
Hippocrate nous la marque dans le
Cb*f. iv. H, livre de la diète. Les fèves, dit-il,
refferrent, & caufent des vents. II n'en
falloir pas davantage pour les décrier
chés .des peuples auffi foigneux de
leur fanté, que les Egyptiens, qui fè
purgeoient trois fois le mois par des
vomitifs & par des lavemens, & qui
croyoient que toutes les maladies des
hommes ne viennent que des alimens

fi i #YTM AÔORt. cxiif
dont ils fe nourrifïènt.
Pythagore avoit donc pris cela des
Egyptiens. Et comme toutes les abstinences
de ces peuples , & celles des
Hébreux, avec le fens propre ou littéral
, avoient auffî un fens figuré, il
eft trés-vray-femblable que fous cette
ordonnance de s'abftenir des féves^
il y avoit un ordre caché de ne fe pas
méfier des affaires civiles, & de renoncer
à toute impureté. Tous les
fymboles de Pythagore avoient ce
double fens, -que les Pythagoriciens
obfervoient avec la dernière exactitude.
Dans les préceptes jymboliques r
dit Hierocles , il eft jufte d'obéir au
fens littéral, & au fens caché : ci
neflmefmequ'en obéijjiant au fens littéral,
que l'on obéit au fens myfiique,
qui eft le principal & le plus important.
Le fens littéral de ces fymboles, conv
me de toutes les cérémonies légales, re*
gardoit la fanté du corps ; & fe fens mystique
regardoit la fanté de famé, fin»
nocence & la pureté. Voila les raifons
de faverfion que les Pythagoriciens a-

cxfr t A V x B
voient pour les fèves ; averfion G grande
qu'ils fe laiuoient tuer pluftoft que
de marcher fur un champ qui en étoit
femé.
C'eft fans doute de ce fens caché
qu'il faut entendre Hiiftoire qu'Iam-
Mque rapporte d'un certain Mullias
& de fa femme Timycha qui ne voulurent
jamais apprendre à Denys la
raifon de cette averfîon , jufques ià
que Timycha fe couppa la langue a-
vec les dents, & la cracha au vifage 1
du tyran, de peur que les tourment»
ne fa forçaient de fatisfaire fa euriofité,
& de violer ainfî la loy fondamentale
de leur échoie, de ne jamais
communiquer aux profanes les
feerets de leur doctrine. Et c'eft peuteftre
à cette première antiquité qu'il
faut rapporter l'origine de ce proverbe
qui eft encore en ufage, Révéler
les feerets de l'école ,jpour dire,
apprendre aux étrangers les chôfes
dont il n'y a que les confrères qui
doivent eftrc inftruits.
• Pythagore avoit connu cette vérité,
que les hommes s'attirent leur»

»BλYÏHAeO«.Ê. CIt
ïhalneurs volontairement, & par leur
faute, d'un cofté par le dérèglement
de leurs partions, & de l'autre par
un aveuglement funefte & volontaire
qui les empefche de voir & de faifir
les biens que Dieu leur préfénte *
&'qui font prés d'eux. Grand prin*
tripe fi ce Philofophe ne I'avoit pas
corrompu en le pourtant jufqu'à te
première vie, qu'il prétendoit que
les âmes ont menée, & au choix
qu'elles ont fait avant que de descendre
icy bas pour y animer les corps
mortels; d'où il tiroit les raifbns, non
feulement de la différence des états
& des conditions dans cette vie, mais
encore de la diftribution des biens &
des maux qui paroirtènt quelquefois
fi injuftement diftribuez. Je ne fçay
fi Pythagore avoit pris cette erreur
des Juifs, ou files Juifs Tavoient prife
de luy; mais il'paroift qu'elle étoit
en Judée , & qu'elfe duroit encore
du temps de Jefus-Chrift.
II enfeignoit que la vertu, la paix,
la fan té , tous les biens , & Dieu mefc
me rt'étoient qu'harmonie, que tout

etvf t A V i B'
n'éxifioit que par les loix de l'harmonie
, & que l'amitié n'étoit qu'une
harmonicufe égalité; d'où ilconcluoit
que les légiflateurs, & tous ceux qui
gouvernent des peuples étoient obligez
de travailler toujours à entretenir
cette harmonie qui fait la félicité
des particuliers, des familles, & des
états ; & que pour cet effet ils dévoient
ne rien épargner, & employei
le fer & le feu pour chafTer du corpSy
les maladies; de.l'efprit,l'ignorance;
du coeur, l'intempérance & les mauvais
defirs ; des familles les difïènfîons
& les querelles, & de toutes les com*
pagnies les factions & tout efprit ds
parti.
II donnoit ordinairement ce pré*
cepte excellent pour les mœurs : Faites
toujours d'un ennemi un ami, &
jamais d'un ami un ennemi. N'ayez
rien en propre, appuyé^ les loix ,&
combatte^ l'injujfice.
Et celuy-cy encore : Choififfe^ toâ~
jours la voye qui vous paroijl la meilleure;
quelque rude & difficile qu'elle
foit, l'habitude vous la rendra agréable
à"facilt.

DE PYTHÀGORË. CXVlj.
II étoit fi attaché & fi fournis à la'
raifon, que ni les travaux, ni les dou- <
leurs, ni les plus grands périls ne pou- ;
voient l'empefcher d'entreprendre.' K
tout ce qu'elle éxigeoit de luy, &
qui luy paroiflbit jufte ; connoiftre la ,- '
raifon, & fe déterminer'à la fuivre à ; ..
quelque prix que ce puft eftre, n'é-n
Le principal Magiftrat de Sybaris ,'
appelle Telys, ayant obligé fa ville
de bannir cinq cens des plus riches -'<
Citoyens. Ces Sybarites fe retirèrent • -.
à Crotone ; où ils fe réfugièrent au .
pied des autels. Telys averti de cette :
démarche envoyé des Ambaflàdeurs.
aux Crotoniates pour leur redeman- :
der ces réfugiez, ou fur le refus, pour^
leur déclarer la guerre. On aflëmble
le Confeil à Crotone, & on délibère
fur la propofition de ces Ambaffadeurs.
Le Sénat & le peuple ne fça*
vent d'abord à quoy fe déterminer.;
Enfin le peuple qui fe voyoit mena-

«rviij X A- Vil
ce d'une terrible guerre contre un
redoutable ennemi, & qui préfère
toujours l'utile à l'honnefte, penchoit
à rendre les bannis ; & cet avis alloit
l'emporter. Mais Pythagore fermant
les yeux au danger, ne balança point,
il remontra l'impiété de cette adUon,
de rendre des hommes. q*è les Dieux
avoient receus fôus feur îauvegarde.
Les Crotoniates changèrent tout d'un
coup, & aimèrent mieux fouftenir la
guerre contre les Sybarites, que de la
faire eux-jncfmes aux Dieux, en arrachant
de leurs Autels des malheureux
qui y avoient trouvé un azyle.
Les Sybarites alTemblent une armée
de * çroiscensmilIehommes.LesCrotoniate^.
vont à leur rencontre avec
cent mille combattans, fous la con-
* C'eft ainfi que le marquent Hérodote, Dio-
«tare, Scrabon. On eft d'abord porté à croire
qu'il y a eu faute aux notes numérales : mais
Strabon en parlant de la profpérité de la ville
de Sybaris, fait qu'on ne s'étonne pas de ce
grand nombre de combattans ; car il dit qu'el-
. aJe commandoit à quatre nations' voifines , 6c
u'elle avoit dans (on reffort vingt-cinq graac*
villes qui Juy ^Ws
obéuToicut.

DE PYTHAGÔRE. Cxi»
duite de J'Athlete Miion , qui njarchoit
à leur tefle couvert d'une peau
de lion, &. armé d'une mafluë comme
un autre Hercule, & ayant fur
fa tefte plufieurs couronnes qu'il a-
voit gagnées dans les combats des
jeux Olympiques. On prétend que *
cet équipage bizarre intimida les ennemis.
Quoy qu'il en foit, la valeur \,
*
triompha du nombre ; les Sybarites
furent défaits, & leur vilfe faccagéej
& détruite. Ainfi le mafle & pieux f
confeil de Pythagore, en erapefchant
les Crotoniates de commettre un facrilége,
leur fit remporter la plus fignalée
victoire dont on ait jamais par-s
lé ; il n'y a point d'exemple qu'en |
fb/xante & dix jours une puffitncbt
comme celle des Sybarites aitftc ren-i
verfée.
j
II recommandoit particulièrement'
la pudeur & la modeflie , blafmoit
tout excès dans la joye & dans la trifteflè
, & vouloit que dans tous les,
I
états de la vie on fuft toujours égal.
v
Comme tous nos devoirs fe nié-
furent par notre dignité , il exhor-»! "%
\Jf'

ont L A V i «
toit fur toutes chofes à fê connoiftrè
& à fe refpe*5ler foy-mefme ; & parce
que la mère, la nourrice, & la garde
des vertus, c'eft ia prudence ou la
fage confuhation, comme la téméririté
eft la mère des vices, & de toutes
les actions infênfées, il ordonnoit
de ne parler & de n'agir qu'après a-
voir bien confulté & délibéré.
II étoit perfuadé que comme la
Médecine, qui ne guérit pas les maux
du corps, eft vaine; la Philofophie,
qui ne guérit pas les maux de 1 ame,
eft inutile. Et il difoit ordinairement
que d'ofter la liberté au difcours, c'étoitofter
l'amertume à l'abfynthe, qui
n'eft plus bon qu'à eftre jette. Ces
maximes luy avoient infpiré une certaine
févérité qui le portoit quelquefois
à reprendre les fautes avec beaucoup
d'aigreur. Un malheur qui luy
arriva le corrigea de ce défaut ; car un
jour ayant repris un de fes difciples
en public d'une manière trop amére,
ce jeune homme fe tua de defèfpoir.
Pythagore fitfur cet accident des reflétons
qui luy fervirent le reite de fa
rie,

DE PVTHAGORB. CXTJ
vie, & il connut que la cure d'un
vice, non plus que'celle d'une maladie
honteufe, ne doit le faire qu'en
particulier. JDepuis ce moment il ne
luy-arriva jamais de reprendre quelqu'un,
en.prélence d'un autre, il fut
auffi doux & modéré dans les corrections
,- qu'il avoit été fêvére ; il fit
mefme fur cela ces deux maximes ,
qu'il ne faut jamais rien dire, ni riçn
faire dans la paflion, & pendant le
bouillonnement de fa colère; & qu'il
faut pluftoft choifir d'eftre aimé ,
que d'eftre craint, car le refpedl fuit
l'amour, Sç la haine accompagne la
crainte.
Je ne rappelle point icy tous les
grands préceptes de morale que Pythagore
a donnez , parce qu'on les
trouvera fort bien expliquez dans les
commentaires d'Hierocles.
, II me paroift que la divination , &
toutes les dépendances doivent eflre
comprifes fous la morale, parce qu'elles
font des fuites de la religion &
de la politique des peuples; ce quire=garde
certainement les moeurs.

cxxij LA VIE
Les Egyptiens ont été les peuples
du monde les plus attachez à la divination
: ils avoient inventé un nombre
infini de préfages , & d'augures.
Pythagore ne les avoit pas imitez en
tout, & de tant de fortes de divination
qu'il trouva établies & pratiquées, il ne
retint que celle qui fe tiroit du vol des
oyfeaux, & celle qui fe formoît * des
paroles fortuites. De toutes celles qu'­
on faifoit par le feu, il ne pratiqua que
celle qui le tiroit de la fumée de l'encens
bruflé fur l'autel. Ce ne fut pourtant
pas luy qui les porta en Grèce, car
la première & la dernière, je veux dire
celle qu'on tiroit du YOI des oyfeaux,
& celle qu'on tiroit de la fumée de
Fencens, y étoien t en ufage long-tem ps
avant luy, comme on le voit par les
poëfies d Homére, qui parle fouvent
du vol des oylèaux, & qui dans le
dernier livre de l'Iliade fait mention
de cette efpcce de b devins qui devinoient
par la fumée de l'encens.
• Que les Grecs appclloient xW»W, & lus
Lafias omina.
fc Qa'il appeUe }v»rxlêi.

DE PTTHAGOR.E.
CXXl'fj
Ce Phifofbphe tenoit que la divination
étoit un rayon de lumière que
Dieu faifoit reluire dans l'ame, à l'occafion
de certains objets.
Les anciens hiftoriens de fa vie prétendent
qu'il étoit grand Devin : &
pour le prouver ifs racontent, que fe
promenant un jour fur le rivage de
la mer avec plufieurs de fes amis &
de fes difciples, & voyant un vaùTeau
qui venoit à pleines voiles, il entendit
quelques-uns de ceux qui étoient
avec luy, qui difoient qu'ils feraient
bien riches, s'ils avoicnt toutes les
marchandifes que ce vaifleau apportoit.
Vous ne ferie^pasjï riches que
vous penfe^, dit Pythagore ; car
vous n'aurie^ qu'un mort. En effet il
fe trouva que ce vaifleau rapportoït
le corps d'un homme considérable qui
étoit mort dans un voyage, & qu'on
venoit enterrer dans Ion pays.
II recevoit encore la divination qui
vient des fonges, & il diflinguoit les
fonges purement humains, & les fonges
divins, & expliquoit les caufés de
ia vérité des uns, & de la fauflèté de*
fil

cxxiv L A V i E.
autres ; car quoyque l'explication des
fbnges^ auffi-bien que celle des préfajes
dépendift de I'infpiration divine,
{ es Egyptiens n'avoient pas laine d'en
donner des régies, & d'en compofèr
un art, en receuillant avec foin
tous les fonges & les préfages connus,
& s'imaginant que toutes les fois que
les mefnies chofes arrivoient, l'événement
devoit eftre le mefme. Mais
on peut dire que l'homme eft natu-
. Tellement fi porté à cette fuperftition,
qu'il n'a pas befoin de régies. La crain-
;te & l'efpérance qui ne l'abandonnent
jamais, luy faisant expliquer pouf
Juy, ou contre luy, tout ce qui luy
paroift extraordinaire & fin-naturel.
Auffi voyons-nous dans tous les temps
les préfages & les fonges expliquez ,
non feulement par les Preftres & par
les Devins de profeffion, mais par les
particuliers. L'hiftoire ancienne eft
pleine d'exemples d'hommes , & de
femmes raefmc, qui n'ont pas pluftoft
entendu un.fonge, qu'ils en donnent
l'explication..Dans Homère, un prodige
ne paroift pas pluftoft que les deux
armées l'expliquent.

DE PYTHàGORE. C«V
L'idolâtrie ne s'eft pas contentée
de produire toutes les fortes de- divination
•, eïle a encore enfanté les
illufions de h Magie. La mefme euriofité,
& le mefme orgueil qui ont
porté l'homme à vouloir pénétrer &.
prédire les décrets de Dieu , l'ont porté
à vouloir égaler fà toute-puiflknee,
& imiter les miracles qu'il opéroit par-
/avenu.
La magie eu née en Perfè. On
prétend que Zoroaftre eh avoit fait
un traité en XII. volumes, où il traitoit
de la nature & du culte, des rites
, & des facrifices des Dieux. Mais
fi la Perfe eft ia mère de la magie,
VEgypte en a été la nourrifTe. On fçait
tout-ce que les Magiciens opérèrent
à Penvi de Moyfè par leurs enchantemens,
& par leurs fecrets magiques.
Dans tous les temps cet art facrûége
a paru fi beau aux; Payens , que la
plufpart ont crû qu'il manqueroit.
quelque choie à la perfection de leurs
Philofophes-, s'ifs n'avoient été>Ma->
giciens. II y a mefme de l'apparence
que ceux qui ont fait ia vie de ces
f iij

cxrvj LA VIE
anciens fages ont voulu les égaler par
là à ces hommes extraordinaires que
Dieu a fufcitez fous la loy, & fous
la grâce, pour en faire les inftrumens
merveilleux de fa puiftance, & l'on
peut dire que ce penchant n'a jamais
été plus fort que dans les premiers
fiécles du Chriftianifme. La plufpart
des Philofophes Payens étoient adonnez
à cet art déteuable de la magie,
pour avoir de prétendus miracles à
oppofer aux Chrétiens. Eftant donc
magiciens, ils vouïoient que les premiers
Philofophes l'euflênt été , afin
que dans tous les temps la vanité de
la Philofophie payenne euft de quoy
fe fouftenir contre la vérité de la Religion.
Ceft à cette folle envie qu'il
faut rapporter tout ce que les anciens,
& fur tout Jamblique, & Porphyre
ont dit de la magie de Pythagore,
& des miracles qu'ils Iuy ont attribuez
Ils difent que pour perfuader qu'il
étoit Apollon Hyperboréen, il avoit
fait paroiftre une de (es cuiffes toute
d'or en pleine aflèmblée aux jeux

DE PYTHAGCRI. cxivij
Olympiques ; qu'on l'avoit va fouveni
dans la mefrae aflèmblée faire defcendre
à luy une aigle, luy parler longtemps,
& la renvoyer. Qu'une ourfi
iaifant de grands ravages dans la Poiïilïe,
il la fit venir à luy, la carefTa quelque
temps, & après luy avoir ordonné
de ne plus nuire à aucun animal vivant,
iHaiafcha;que i'ourfê s'enfonça dans
les forefls, ne fit plus de mai a perlônne,
& épargna jufqu'aux animaux.
Qu'il ne fit que dire un mot à l'oreille
d'un bœuf qui alloit dans un champ
fèmé de fèves ,-& que le bœuf tout"
auffitofl fe détourna, & prit un autre
chemin.
On rapporte encore plufieurs au-
très merveilles femblabks, & auffibien
fondées, qui avoient fait dire
qu'Orphée luy avoit tranfmis l'empi-*
re qu'il avoit fur les befles, avec cette
différence, que ce qu'Orphée n'éxecutoit
que par la force de fes chants
harmonieux, Pythagorele faifoit par
la vertu de fes paroles^
C'efl encore à la mefme envie qu'il
faut attribuer ce que les mefmes Hii
m)

cxxviîj L A ' V l i
ftoriens ont dit du javelot que ïe Scythe
Abaris avoit donné à Pythagore.
Ge Scythe attiré par la grande réputation
de ce Philofophe, avoit quitté fi
patrie pour l'aller voir. Pythagore luy
ayant trouvé beacoup d'ouverture d'ek
prit, & de grandes difpofitions à la Phi-«
lofophie, l'initia dans tous fes myftéres
; & Abaris, pour luy témoigner fe
reconnoiflance , luy donna un jave-*
lot d'une merveilleule vertu ; car avec
ce javelot Pythagore pa/Toit en un'
moment les plus grandes rivières,& !
les montagnes les plus inacceffibles,'
calmoit les tempeftes, chafïbit I* pé- ;
ile, & appaifoit tous les fléaux. On'
dit que par le-moyen de ce javelot if
fut vu eu un mefme jour à Meta-"
pont en Italie, & à Tauromenrum 1
en Sicile. H n'eft pas difficile de voir 1
que ce javelot a été imaginé fur fat
verge de Mone. Mais tous ces hifto- ;
riens , en débitant ces contes, n'a-:
voient-pas affez étudié le caractère dé
leur Héros , naturellement ennemi
de Pollen tarion & du fafle , & fi é-
roigné de la moindre vanité , que'

DE PïTHACORI.
CXXijE
dans- toutes (es actions, il fuyoit l'éclat
qui attire l'envie, & en fit mefme
un précepte qu'il donna à lès disciples.
Cet éloignement qull avoit
pour la vaine gloire, & qu'il vouloit.
înfpirer aux autres, alloit fi loin , qu'­
un jour il confeilloit à un Athlète de.
s'exercer; mais de ne chercher jamais
à vaincre, regardant en cela la vi->

cxzx LA VIE
des antres pour fe féparer du tumulte
du monde , & pour y méditer
tranquillement, s'étoit enfermé dans
un lieu foufterrain pour vacquer avec
moins de diftratfion à la méditation
& à l'étude de la Philofophie. Quand
il fortit de ce cabinet, il étoit fi défait
& û maigre, qu'on dit qu'il revenoit
des enfers , c'eft à dire, du
tombeau. Dans la fuite des temps
cette expreffion fut prife à la lettre,
& l'on débita qu'il étoit véritablement
defeendu dans les enfers, comme
la fable le racontoit d'Hercule,
& d'UIyne.
J'ay déjà remarqué que du temps de
Pythagore, la Philofophie n'étoit pas
encore partagée en Logique, Physique
& Morale ; & que ce partage ne
fut fait que du temps de Socrate &
de Platon. Avant eux, toute la Phiiolbphie
étoit comprifê fous le nom
général de Phyfique; mais pour garder
quelque ordre, je traiteray icy
feparément de toutes ces feiences qui
font aujourd'huy comme des parties
diftincles de la Philofophie, pour dé-

DE P Y T rf A G O *. I. CXXX)
couvrir les progrés que Pythagore y
avoit faits. Nous avons déjà vu en
gros fa Théologie & fa Morale ; ve*
irons à fa Phyfique.
La Phyfique proprement dite, a- *hfiv***
voit ete peu cultivée avant les lept *
Sages, on ne commença que de leur
temps à »'y appliquer. Oeft pourquoy
Phitarque afleure que les Grecs y é-»
toient encore alors fort (impies & fort
greffiers. Les autres peuples n'y é-
toient pas plus habiles. Âinfi il ne faut
pas chercher dans la doctrine de Pythagore
un fyfléme de Phyfique bien
complet & bien fuivi. II n'eitimoit pas
mefme aflèz cette fcience pour en faire
une étude particulière; car il difoit
quelaPhilolôphie, ou la SagefTe, étoic
la fcience de la vérité des chofes qui
étrillent véritablement ; que les chofes
qui éxiftent véritablement font les incorporelles
& éternelles, & que toutes
les choies matérielles & corporelles é-
tant nées & fujettes à corruption, elles
font fans dire, & par confequent qu'~
elles ne peuvent tomber fous la fcience.
Cependant quoyque ce qu'on nous
f vj

cxxxij L A V I fi
a confervé de fa^Phyfique ne fôit peut->eftre
qu'une petite partie de ce qu'il
enfeignoit, on ne laifle pas d'y trouver
des découvertes confidérabies, &
des principes qui marquent une aflèz
profonde connoifîànce, & beaucoup
d'efprit.
II concevoit la matière commeune
feule mafle, qui par la différente configuration
des parties qui la eompofent,
a produit les éléments. Ce qu'il
expliquoit de cette manière.
Des cinq figures des corps folides,
qu'on appelle auffi Mathématiques,
du cube, qui efl: le corps quarré à fix
faces, a été faite la terre ; de la Pyramide
, le feu ; de XoSlaedre, c'eft à
dire du corps à huit faces, l'air; d«
Kiccfaedre, ou corps à vingt faces 1 ,
l'eau; & du dodtcaedre, ©u

BE PYTHACORE. cxxxiij
trouvé trés-conforme à celle que m'en
a donné un célèbre Mathématicien M. Sauveu
que j'ay confulté, & qui afïeurément
n'a jamais lu Timée. Voicy comme
parle cet habile Mathématicien.
Par le cube Ou exaedre, Pythagore
a voulu marquer la fiabilité ou &*•
lidité de la-terre ; & par les, triangles
qui environnent le tétraèdre, Yoélae-\
dre > & ïkûjàedre, la fluidité du feu,
de l'air, & de l'eau. ~>
L e tétraèdre•-•, à c a i i f e d e û . figu»
re pyramidale ,& fon peu de folidité,
repréfente le feu qui eft trés-tenu,
& trés-mobile.
Uoflaedre, qui eft comme deux
Pyramides jointes enfemble par une
bafe quarrée, ayant plus de foiidité,
repréfente l'air qui eft moins léger, &
moins*fùbtil que ie feu. Cette figure
par une dé fes pyramides, s'approche
d« feu-élémentaire-, & par l'autre de
la terre t qu'elle ne touche que par un
point ,'e'eft à dire, dont elle eft -détachée.
UiCafaedre, qui eft tomme deux
pyramides pentagones appuyées fur

cxxxiy LA Ytt
un rond environné de triangles, reprefente
l'eau, qui eft'plus fohde , &
plus pefante que l'air, & qui fe repofe
fur la terre qui contient les trois éléments
à triangles.
Enfin le dodécaèdre, étant fermé
de douze pentagones, marque Ia-ftr->
prémefphére de l'univers; parce qu'­
outre que le pentagone renferme les
autres figures , les douze faces renferment
les quatre éléments, les fept
deux, & le firmament. Tintée s'explique
prefque dans les mefmes termes,
& ce que je viens de rapporter
peut fêrvir de commentaire à ce qu'il
a écrit; mais ce fyitéme eft bien différent
de ceïuy des atomes dont Leucipe,
& Democrite ont été les auteurs.
Cette matière ainfi diverfifiée par
k diverfe configuration de (es parties
, fouffre de continuels changements
, & fournit fans ceflè des altérations
infinies pour les productions
& les corruptions ; c'eft pourquoy
Pythagore l'appelloit autre, & il difoh
que de cet autre, & du me fine,

SE PYTHAGôRE. CXXXV
qui eft Dieu, le monde avoit été fart
un animal vivant & intelligent, à eau*
le de l'efprit qui le meut, & qui l'anime.
H enfeignoit qu'il étoit rond;
que le feu en occupoit le milieu; &
que la terre ronde auffi , & l'une des
étoiles, c'efl à dire des planettes, tournant
autour de ce centre, faifoit ainfi
le jour & la nuit, & qu'elle avoit des
antipodes, fuite nécenaire de fa rondeur.
II fut le premier qui découvrit l'obliquité
du Zodiaque , & qui reconnut
que la Lune recevoit toute fa
lumière du Soleil ; que Parc-en-ciel
n'étoit que la réflexion de la lumière,
& que l'étoile dn foir qu'on appelle
Venus & Vefper , eft la mefme que
l'étoile du matin appellée Lucifer &
Phofphore, & il expliqua fa nature
& ion cours : mais il ne paroift pas
qu'il ait connu qu'elle empruntoit
fa lumière du Soleil, comme la Lune.
II appefla le premier l'univers «•'*-
fut, monde, pour marquer la beauté,
l'ordre, & la. régularité qui régnent

crxxvj LA VIE
dans toutes lès parties. Voila d'où*
vient que dans tous les écrits plus anciens,
que Pythagore, on ne trouve,
jamais ce mot employé pour dire
l'univers.
Il difoit que le temps ejl la fphére
du dernier ciel qui contient tout; pour,
faire entendre que le temps envelopn
pe,'& renferme toutes chofes ; &.
que ie mouvement de l'univers eft la
mefure du temps, qui a commencé,
avec ce monde vîfible, & qui, comme
dit Platon , fut créé avec le ciel,,
afin qu'étant nez enfemble, ils fînif-.
fent auffi enfemble, s'ils viennent \*r
mais.à élire diffous.
Il paroift qu'il eft le premier, qui
tranfportant fur la .furface de la terra
les deux tropiques, & les deux cercles
polaires , a divifé cette furface en
cinq zones. Celle qui occupe le milieu
de la terre entre les deux tropiques
, il l'a appellée la %one torride /
celles qui font entre les tropiques, &
les cercles polaires, il les a appellces
tempérées ; & les deux dernières, du
coite des pôles, il les a.appeliez les

DE PY T H A 6 O R E. CJCMVij
jattes froides, ou glaciales. Et Ha
crû qu'il n'y avoit que celle du tropique
d'elle , & celle du tropique
d'hyver qui funent habitées , comme
tenant le milieu chacune de fon
cofté, entre la chaleur extrême de la
zone torride , & le froid exceffif de
la zone glaciale.
• Il appelloit la mer une larme de
Saturne : Les deux ourfes polaires, les
mains de Rhèe : La Pléiade, la lyre
des Mufes: Les planettes, les chiens
dePrùferpine. Et j'avoue que j'ignore
parfaitement les raifons qui ont pu
donner lieu à ces idées.
' Sur la larme de Saturne , un fça- i M MHMtvant
Auteur a crû que cette expreffion "»"•
pouvoit avoir été tirée des fables des
Juifs, qui difoient que toutes les fois
que Dieu (è fouvenoit des calamitez
de fon peuple, il jettoit deux larmes
dans la mer océane : mais cela me paroift
bien éloigné. Il y a plus d'apparence
que ce font des expreffions é- (
nigmatiques fondées fur d'anciennes
fables, que nous ignorons.
J'ay déjà- dit que les Egyptiens é-

cxxxvtfj LA VIE
toient les peuples du monde les plus
foigneux de leur fanté. Cette grande
attention avoit produit un nombre
infini de Médecins ; mais de Médecins
qui n'ayant encore prefque aucune
connohTance de la nature , ne
fondoient la médecine que fur les expériences,
& ne tiroient leur pratique
que des receuils publics- que l'on- a-
yoit confervez.
Thaïes , Epiménide , Phérecyde
furent les premiers qui commençant
à étudier la Nature, joignirent la Médecine
à la Phyfique. C'étoient des
Médecins Philofophes moins attachez
à la pratique qu'à la théorie, & qui
très-contents de connoiftre les caufes
générales, raifonnoient fur tout ce
qui paroiflbit.
Pythagore fuivit leur exemple : 8
s'attacha à la Médecine, & l'on peut
dire que les découvertes n'ont pas été
inutiles pour la perfection de cet art.
Il reconnoiffoit les quatre élément»
comme les fujets des quatre premières
qualitez du froid & du chaud , du
fec & de l'humide, & c'eil ce qui

é i PYTHAGORI. cxxzix
donna bientoft lieu à la découverte
de ce grand principe, que ce ne fonc
pas ces premières qualitez qui font les
maladies ; mais les fécondes, l'acerbe,
l'amer, le doux, le faJc, & toutes les
autres faveurs. Principe qu'on peut
appeUer le fondement de la Médecine.
H appeïïoit Fyvrene , la ruine de
Jafantéj le poifon de tefprit, & tapj>renti[fage
de la manie. II difoit que
le printemps eft la plus faine des faifons,
& l'automne la plus mal-faine.
II condamnoit tous les excès dans le
travail, & dans la nourriture, & vou-
Ioit qu'on y gardait toujours l'équilibre
& la jufte proportion.
En général, il condamnoit l'amour.
Quelqu'un Iuy ayant demandé
en quel temps H pouvoit approcher
d'une femme ï'fl Tépondit,qtumd
tu feras las de te bien porter.
Il pofoit le chaud pour principe
de la vie. II fouflenoit que tous les
animaux nanTent àes femences , &
qu'il eft impoffible que d'un élément
fçul, comme de la terre, il naine au-

cxl L A V I E
cun animal vivant; par là il ruinoitlc
fyftéme de Thaïes qui ne reconnoif—
foit que l'eau pour principe des chofes.
II enfeignoit que ce qui forme
l'homme eft une fubftance qui defcend
ducerveau ; &, comme il l'appel-.
loit luy-mefme, une goûte du cerveau,
imprégnée d'une vapeur chaude>que>
de la fubflance font formez les os, les
nerfs, les chairs, & toutes les autres
parties; & que de la vapeur chaude fe
forment i'ame & Je Sentiment ; carpar
cette vapeur chaude iln'entendoit que
les efprits; & c'eft dans ce mefme fens
qu'il difoit que le fentiment en général
, & la veuë en particulier étoîent
une vapeur- trés-chaude.
II difoit que le fœtus eft formé en
quarante jours, & que félon les loix
de l'harmonie, c'eft à dire du mélange
des qualitez, il naift le feptiéme,
le neuvième , ou le dixième mois,.
& qu'alors il a en Juy les principes.&
les raifons de tout ce qui iuy doit arriver
pendant fa vie, qui ne manque,
jamais d'eftre conforme à l'harmonie 1
dont il eft compofé : car, comme'l'a

DE J'YÏHA G'O R. t.
txlj
.dit après luy Timée de Locrésïbn dit
ciple, nos difpojîtions à la- vertu ou
au vice, ( comme à fa fan té & à la
maladie, ) viennent plujlojl de nos parents,
& des principes dont nous Tommes
compofe^, que de nous^mejmes.
Outre le premier partage de l'ame |-
en entendement, & en ame, ou char*'
fubtil de Pâme , il en faifoit un fécond
; car il enfeignoit que l'ame eft
compofée de trois parties, de la fènfitive,
de l'irafcible, & de l'inteffigente.
Que fa fênfitive, & l'irafcible *
communes à tous les animaux, ont
Jeur fiége dans le cœur où elles font
Je principe des partions & des fenti-J
jnens, & que la raifonnable particulier!
re à l'homme a fon fiége dans le cer-i
veau, où elle efl le principe de l'intelligence
, ou l'intelligence mefme. Que
les deux premières font nourries &
entretenues par le fàng, & que les rainions
& les difeours font les vents qui
entretiennent le feu de l'ame intelligente.
Quand on lit le Timée de Locrés,,
que Platon- a expliqué, on voit clai-j

V
I
«lij LA V I I
rement que Pythagore avoit parfaitement
connu les cauiès de la fànté
& des maladies du corps & de l'âme.
Auffi Hippocrate a-t-il fuivi la
piufpart de fcs principes, en les perfectionnant.
C'eft de Pythagore que Timée a-
voit appris que la nature a formé notre
corps comme un infiniment capable
d'obéir & de fê conformer à
tous les différents genres de vie; &
que comme cet infiniment pour eftre
en bon état doit avoir la fanté, h vivacité
du fentiment, fa force, & la
beauté, ou jufte proportion des parties;
il faut auffi accorder & accommoder
famé aux vertus qui répondent
analogiquement aux qualitez ou
vertus du corps. Qu'il faut donc ïuy
donner la tempérance qui répond à
la fanté, ia prudence qui répond à
la vivacité du fentiment, le courage
qui répond à la force, & enfin fa juftice
qui répond à ia beauté ou jufte
proportion des parties. Et que les
principes de ces vertus de i'ame & du
corps viennent véritablement de la

DE PYTHAGORB. cxliij!
nature ; mais que le progrés & Ia[
perfection viennent de l'éducation &j
du foin; celles du corps par le moyen
de la gymnaftique& de la Médecine,
& celles de l'âme par le moyen de la
Philofophie ; car comme Platon l'a
dit admirablement dans le commentaire
qu'il a fait fur ce traité du Ti-"
mée, * La culture de ces deux parties
, dont nous fommes compofe7 ( de
l'arae & du corps, ) c'ejl de donner)-
à chacune la nourriture & les mou~\
vements qui luy font propres.
Pvthagore apprit les nombres &'
l'arithmétique des marchands Phce
niciens, & il trouvoh cette (cienccti
rnerveilleufe, qu'il difoit que celuy.
qui l'avoit inventée étoit le plus ÛL-<
ge des hommes, & au demis mefme
de celay qui avoit impofé les;
noms aux choies, ce qu'il regardoic (
pourtant comme l'effet d'une pro- : '
ronde fageffe. Il le fervoit des nom-j
bres pour expliquer la création & les
principes des eftres comme je l'ay dé-
* Cette matière eft traitée plus à fond dans ma
préface fur les Oeuvres d'Hippocrate.
&

CXIÎT L A V I B
ja remarqué. Par exemple, il difoit,
que i'ame étoit un nombre Je mouvant
foy-tnefme ; àt" que tout rejfetnlloit
au nombre*
•1 Ariftote n'a, combattu cette pre-
-^-'miére expreffion , ,& n'y a trouvé des
abfurditez infinies, que parce qu'il l'a
prife à la lettre, comme fi Pyth^gore
avoit voulu dire que I'ame étoit
véritablement une unité, un point
qui fe mouvoit, & qui changeoit de
fituation; .mais ce n'étoit nullement
là le fens de ce Philofbphe., qui par
cette figure vouloit faire feulement
:
entendre que I'ame a un caractère
de divinité, & qu'étant immatérielle
& indivifible , & fe mouvant par fa
volonté, elle reflèmbloit à Dieu mefme
; comme en difant que tout ref-
Jèmbtoit au nombre, il n'a voulu dire
autre chofe, finon que la divinité é-
toit reconnoùTable dans tous les ouvrages
de la nature, & qu'elle y avoit
comme tracé fon image.
On attribue mefme à Pythagore,
ou à (es difciples l'invention des nottes
numérales que nous appelions
chiffres,

oi PYTHAGORE. cxlv
chiffres, & que l'on attribue vulgairement
aux Arabes. Voffius a prou- Dasfti nous
vé qu'elfes font plus anciennes qu'on iïluX
n'a crû, & M. Huet, ancien Evefque
d'Avranches, & un des plus fçavants
hommes de notre fiécie, a fait voir Dtmcnfh^.
trés-clairement que ces chiffres ne font *.T«.Y.T
*jue les lettres Gréques, qui peu à peu f -' 7 '-
ont été altérées & défigurées par les
copifles ignorans, ou par une longue
habitude d'écrire, qui corrompt ordinairement
la main. On croit auffi
que les Pythagoriciens avoient connu
-le progrés décuple ; & je fuis perfùadé
qu'on fê trompe. Il efl certain que
les dix doigts ont fixé anciennement
le calcul au dixain, & que l'on repétoit
toujours de manière que par
la diverfe pofition des doigts, & par
la différente figure qu'on leur donnoit,
on leur faifbit fignifier tantoft
~xm, & tantoft mille. C'eft fur cela
qu'eft fondé le bon mot d'Oronte,
gendre du Roy Artaxerce , lequel
ayant été difgracié, dit que les favo- '
ris des Rois étaient comme les doigts
de la main, qu'on fait valoir corn-
•g

. cxlvj L A V I B
me on veut un ou Sx mille. Mais on
ne montrera jamais que les doigts
ayent conduit à ce progrés, qui donne
tant de vertu aux chiffres , que
plufieurs de ces chiffres étant mis enîèmble,
le dernier ne vaut qu'un, le
pénultième vaut dix, l'antépénultième
vaut cent, & ainfi à l'infini, en
augmentant toujours la valeur du
chiffre au décuple de celuy qui le
précède , félon cette régie, nombre ,
dixaine, centaine , mille, dix aine de
mille. Je ne voy pas qu'il y ait aucun
veftige de cette opération d'arithmétique
dans toute l'antiquité; & fi je
croy cet ufage moderne, je croy auflî
la raifon fur laquelle il eft fondé trésinconnuë,
& très-difficile à découvrir.
usMMbim».. Comme les debordemcns du nil
tiques» /• » '
uGcmU- confondoient tous les ans les limites
des héritages, & diminuoient les terres
, pour les rétablir, & pour faire
en forte que chacun ne payait le tribut
au Prince qu'à proportion de ce
qui luy reftoit de terre, il fallut inventer
un art, qui en remettant cha-

DE
P Y TH A G O R. B. Cîtlvij
cun dans ion bien , marquait auffi
precifément la diminution qu'il avoit
ibuflèrte, & ce fut ce qui produifit
la Géométrie, dont on attribue l'invention
à un Roy d'Egypte, c'eft à
dire à fes ordres, & la perfection à
Pythagore. On voit par là que l'Arpentage
a été les premiers éléments
de la Géométrie ; & il faut qu'il ait
été bien ancien en Egypte, puifqu'on,
le trouve trés-connu , & trés-pratiqué
en Grèce plus de trois cens ans
avant Pythagore, comme on le voit
dans les poè'fies d'Homère qui a orné
ion Poème de comparaifons tirées de
cet art.
Nous ne fçavons pas juiqu'où Pythagore
avoit pouffé les Mathématiques,
car il ne nous refle preique
rien qui puiffé nous faire juger du
progrés qu'elles avoient fait par ion
moyen. Nous fçavons feulement qu'il
r étoit fort appliqué, & que ce fut
Îuy qui trouva, & qui démonftraque
le quarré de l'hypotenufe d'un triangle
rectangle eft égal aux deux quarrez
des deux coftez. On dit mefme
g ij

cxlviij LA VIE
'•qu'il eut tant de joye de cette découverte,
qu'il immola aux Mufes une
hécatombe.
Mais comment Pythagore auroitil
immolé cent bœufs, luy, qui con-

DE PYTWA6 0RE. cxlix
ne pouvoit les offi-ir. C'eft ainfi que
Porphyre écrit, que Pythagore offrit
un bœuf en facrifice, non pas un,
boeuf vivant, mais un bœuf fait de
Pafte : & Athénée rapporte de mefnic,
qu'Empedocle, difciple de Pythagore
, ayant été couronné aux jeux
Olympiques, diftribua à ceux qui é-
toient préfents un bœuf fait de myr- *
rhe, d'encens, & de toutes fortes d'aromates.
Pythagore avoit encore tiré
cette couftume d'Egypte, où elle é-
toit fort ancienne, & où elle fe pratiquoit
encore du temps d'Hérodote,
qui écrit, que malgré l'horreur que
les Egyptiens avoient pour les pourceaux
, ils en immofoient à Bacchus
& à la Lune , & mangeoient la chair
de ces vidlimes ; & que ceux qui n'avoient
pas le moyen d'avoir un pour-»
ceau pour l'immoler, en faifbient un
de pafte, & après l'avoir fait cuire,
ils Foffiroient en facrifice comme un
surceau vivant. Cette couftume des
Ê
gyptiens pouvoit avoir été empruntée
des Philiftinsqui of&irentà Dieu DMIUI.HV.
des rats d'or. Mais ce qu'il y a de t ^ "
g "j

el L A V i E
Bien remarquable, c'eft qu'elle a pa£
fé d'Egypte dans les Indes avec beaucoup
d'autres rites des Egyptiens, &
des Pythagoriciens; & qu'elle s'y conferve
encore aujourd'huy, comme
M. Thevenot le marque dans fes
r*l. t. cbtf. voyages des Indes, en parlant de Bra-
47m
mens de Telenga, province de l'Indoftan.
Il y a, dit-il, un autre jour
de ré/ouiffânce , auquel ils font une
vache de pajle, du ils emphffent de
miel, & puis t'égorgent, & la mettent
en pièces. Ce miel qui coule de
tous coftei reprêfente le fang de la
vache, & ils mangent lapafie au lieu
de fa chair. Je n'ay pttfçavoir Porigine
de cette cérémonie. Cette origine
n'eft autre que celle que je viens
de marquer. Le mefme voyageur rapporte,
qu'en ce pays-là il y a un certain
jour dans l'année, auquel ces
Bramens mengent de la chair de pourceau
, mais fecrettement, de peur de
fcandale. C'eft encore un rameau de
la fuperftition d'Egypte dont parle Hérodote.
t. aufjHt. On fait honneur à Pythagore de

SE PYTHAGORB clj
ïa découverte des proportions harmoniques.
On raconte mefme comment
cela arriva. On écrit, qu'un jour, a-
prés avoir médité long-temps fur les
moyens d'aider l'oiiye, comme on
en avoit déjà trouvé pour aider &
afTeurer fa véuë paf la régfe, le compas
, l'aftrolabe, & autres inftrumens,
& le tact, par la balance & par les mefures,
il pana par hazard devant la
boutique d'un Forgeron, & entendit
plufieurs marteaux de différente
groflèur, qui battoieut le fer fur l'enclume.
La juftcffe de cette harmonie
le frappa, il entra dans la boutique,
examina les marteaux, & leur fon,
par rapport à leur volume; & s'en é-
tant retourné chés luy, il fit un inf-,
trament de la muraille de fa chambre
, avec des pieux qui tenoient lieu
de chevilles ,• & des cordes d'égale
longeur, au bout defquelies il attacha
différens poids , & en frappant
plufieurs de ces cordes enfëmble, il
en formoit différents accords, & s'inftruifoit
par là des raifons de cette
différente harmonie, & des intervalg
"ij

clij LA VIE
les qui la caufoient; & fur cela il fit
le célèbre canon d'une feule corde,
qui fut appeHée, le canon M Pythagore,
où iî marqua toutes les proportions
harmoniques. C'eftce canon que
fon fils Arimnefte confacra longtemps
après dans le Temple de Junon,
à Samos, fur une lame de cuivre
, & le mefme qu'un certain Simus
enleva , & qu'il redonna en fuite fous
fon nom , comme s'il en avoit été
l'inventeur.
Pythagore avoit fur la mufique un
fentrment bien particulier, & que les
maiftres de l'art trouveront pourtant
raifonnable & jufte, quand ils l'au-
D4«/fe«MWfont approfondi. II condamnoit, &
f« gt ,4+. rejettoit tout jugement que 1 on fait
de la mufique par l'ouye ; parce , dit
Plutarque, qu'il tfouvoit que le fentiment
de l'ouye étoit déjà (1 affoiblî,
qu'il n'en pouvoit plus juger fainement.
II vouloit -donc qu'on en jugeaft
par l'entendement & par l'harmonie
analogique & proportionnelle.
C'étoit à mon avis pour faire entendre
que la beauté de la mufique eft

DE P Y T H À G ORI, clîij
indépendante du chant qui flatte l'oreille,
& ne confifle que dans la raifon,
dans la convenance & dans les proportions
dont l'intelligence eft le feui juge.
Quand à ce qu'il difoit, que le
fens de i'ouye étoit déjà deuenu foible
& impuinant, cela s'accorde avec
ce qu'il afleuroit, que û fes hommes
n'entendoient pas l'harmonie de l'univers
, c'étoit à caufe de la foiblefïe
& de l'imbécilité de leur nature qu'­
ils avoient iaifTé abaftardir & dégénérer.
II regardoit la mufique comme un
grand remède pour la fânté, & H s'en
fervoit dans les maladies du corps,
comme dans celles de l'ame.Mais il ne
regardoit comme véritable mufique
que celle qui marie la voix avec les inftruments.
Car, comme Platon l'a dit
après luy, la mufique parfaite eft un
compofe de voix & d'harmonie. La
voix feule eft plus parfaite que les inftruments
fèuls ; mais il manque quelque
chofé à fa desniére perfection ,
c'eft I'harmonie;&Iesinftruments feuls
fans la voix, ne rendent que des fons
g v

cliv L A V i K
vagues qui peuvent bien émouvoir,.
mais qui ne peuvent jamais ni inftruire
ni former les moeurs, ce qui doit eflre
îa première fin de ia mufïque. Home
Te femble avoir enfeigné à Pythagore
cette vérité; car il ne repréiente pas
Achile jouant Amplement de la Lyre,
, mais chantant fur fa Lyre les exploits
des Héros. Voila pourquoy.de tous
les inflruments ce Philofbphe n'approuvoit
& ne retenoit que la Lyre ,
& il rejcttoit fur tout la flufte, comme
ayant un fon trop violent, & plu»
propre à mettre en fureur, qu'à ramener
aux mœurs , pour me fervir
des termes d'Âriflote, qui a embrane
le fentiment de Pythagore , comme
Platon, & qui après en avoir dit le»
raifons, toutes tirées de la Morale, affêure
que Minerve ne rejetta pas tant
les fïutes, parce qu'elles rendent di£forifïe
le vifage de ceux qui en jouent,
que parce qu'elles ne contribuent en
aucune manière à former i'efprit &
îes mœurs.
Ariftoxéne a écrit que Pythagore
lût fe premier qui porta en Gréée les

DE PYTHAGOKï*. d*
poids & les mefures; mais cela efl démenti
par les témoignages de l'antiquité;
les poè'fiesfeules d'Homère font
voir que les poids & les mefures é-
toient connus en Grèce plufieurs fié*
des avant Pythagore.
Du temps de ce Philofophe la Lo- u ic^ut.
gique ne faifoit pas partie de fa PhiïofopÊe.
On n'avoit pas encore fait
des régies pour réduire en art le rationnement,
que l'on croyoit auffi naturel
à l'homme que la parole. La
néceflïté de cet art commença pourtant
bientoft à fe faire fêntir; car ce
fut environ vers ce temps là que le*
Sophiftes commencérenr à s'élever,
& à abufer du raifonnement pour
combattre la raifon; c'eft pourquoy ie
Difciple de Pythagore, qui a fait les
Vers dorçz, donne ce précepte : Ilfe
fait parmi igs hommes plujîeurs fortes
de raifomtements boas & mauvais. Ne
les admire pas légèrement t & ne les
rejette pas nonplus. Mais fi l'on a-
vance des faujjete^, cède doucement,
& arine-toy de patience.
Voilà tous les préceptes de LogU
g vj

clvj L A ; VIE
gique qu'on trouve dans ce fiécie là,
Comme parmi les Hébreux du temps
de Salomon, qui fe contente de dire
dans le mefme fëns, & dans la mefme
veuë, que toute fcïence fans examen
& fans -preuve, ne fait que tromper.
Nulle méthode marquée encore,
nulles régies prefcrites; mais feulement
des avertiflements vagues ,
de fè deffier des raifonnements, & de
ïes examiner pour difcerner ia vérité
d'avec le menfonge. Ces avertiflements
ont enfin produit ïa Dialectique,
qui eft la véritable Logique. A
mefure que ïes Sophifles fe font multipliez
, & accréditez, on s'eft aufli
plus attaché à la Dialectique, fi néceA
faire pour les combattre, & pour empefcher
feur progrés. Voila pourquoy
Socrate la cultiva particulièrement
, & Platon la perfectionna, &
en régla mefme l'étude. Ils ne donnèrent
pourtant ni régies, ni préceptes
, ifs n'finfêignoient que par exemples;
& comme dit Ariftote, * ils en-
* Où ytf n^liio, âhfiM ta ^m •menant i)Jir-
Wf Dtjif Afi. EUnch, t. j-f.

DE PYTHAGORI.
dvr)
Joignaient, nàn pas l'art, mais F effet

la pre£ '^\
clviif
cultiver
L à
politique,
V I E
qui
^
faifbït
que toujours l'occupation des pré- -^
miers fages. II l'appuya fur fês véritablés
fondemens,qui font l'égalité & fa
^
»^<
juftice. Auffi parmi les ouvrages qu'on jt, t
cite de Iuy, à y a non feulement des «cor
livres de Phyfique, & des préceptes
de Morale, comme ceux qui font
fc,
»H
contenus dans les Vers dorez, mais w
encore des traitez de Politique. Tous m.
ces ouvrages fe font perdus : mais «jn
l'étendue d'efprit, & le grand fêns it
de Pythagore n'auroient jamais pu fi ïçî
bien paroiftre par fes écrits de Politi- '*\
que , qu'ils éclatent par les grandes &
chofès qu'il a exécutées. Les action;
t]
beaucoup mieux que les paroles font ^
juger de la fageffe de ceux qui don- \
nent des loix aux peuples, & qui é- n
tablùTent des régies pour le gouver- «
nement des Etats. Le fàge n'efl pas l
feulement heureux, mais il rend heureux
tous ceux qui l'écoutent. C'eft
ce que fît Pythagore; il délivra du
joug de la fervitude plufieurs villes <
d'Italie, & de Sicile; appaifa les fédi- i
tions dans plufieurs autres , rétablie
!Î

DE P V T H A G-O R !• dix
l'union & le calme dans une infinité
de familles déchirées par la difcorde,
& adoucit les mœurs féroces de plusieurs
peuples, & de plufietirs tyrans;
fâ rage/Te, fa douceur, & fon équité
étaient comme des vents frais & a-
gaokbles , qui ralfentiflbient l'ardeur
des plus emportez. Un tyran de Centorupine
en Sicile fut fi frappé defés
difcours, que non feulement if dépofala
tyrannie, mais il fe dépouilla mefme
de tous (es biens, dont'il donna
une partie à fa fœur, & l'autre partie
à la Ville, & ne fe referva que le nécefTaire
pour vivre dans l'état d'un fîmple
particulier.
Un feu! refiftaaux remontrances de
Py thagore, ce fut Phalaris de Crète tyran
de Sicile, & le plus cruel des tyrans.
Pythagore étoit allé à fà Cour
dans Fefperance de ramener à la pieté]
& à la raifon cet homme impie, qui
faifoit gémir fes peuples dans la plus
infuportable de toutes les fervitudes.
II luy parla avec beaucoup de liberté
& de force, fur le culte des Dieux,
fur la providence à laquelle les mé

clx L A V i E'
chans ne peuvent jamais fè dérober ,'
& fur les horreurs de la tyrannie. Phalans
ne pouvant fupporter des véritez
qui 1 effiayoient, fans le corriger, s'emporta
contre luy, & contre le Scythe
Abaris qui I'accompagnoit, & les menaça
de les faire mourir. L'attente de la
mort n'étonna pointPythagore, il continua
de parler au tyran avec la mefme
liberté ; le tyran n'en devint que
plus endurci. Mais fi les raifons de h
Philofophie furent molles contre la
dureté de ce monftre, elles eurent la
force de ranimer fes Cretois, & de relever
leurs courages abbatus par la tyrannie.
Phalaris fut tué le jour mefnie
qu'il avoit marqué pour la mort
4'Abaris & de Pytha*gore.
Ce qui fait encore beaucoup d'- :
fiomieur à ce Philofophe, ce font les*
grands hommes fortis defon échoie
, comme AfCfoicas, Lyfis, Empédocle,
Timée, Epfcharmus,,& plusieurs
autres, parmi lefquelson compte
mefrae fan Efclave Zaaiolxis qui é-
toit ée Thrace, & qui fit de fi grands 1
progrès auprès de fon maiftre, qu'il '

DE PYTHAGO-RB. cllj.
mérita d'eftre choifî pour donner des
ioix à Ton pays.
Voicy encore deux fages Legifïateurs
formez dans la mefme école y
Çharondas.qui gouverna la ville de
Thurium, & Zaieucus qui donna des
loix à celle de Locrés. Le lecteur ne
fera peut-eflre pas fafché de voir icy
quelques traits de la fàgene de ces
deux Pythagoriciens.
Charondas chaflà du confeil , &
priva de toute fonction publique
ceux qui avoient donné des marâtres
à leurs enfans, fuppofant, & peur
eflre avec raifon , que puifqu'ils a-
voiem fait ce tort à ceux qui leur
dévoient eftre fi chers , ils feroient
très-capables de faire tort à leur patrie
, & de luy donner de mauvais
confeils.
Comme rien ne contribue tant à Ja.
corruption des mœurs , que la fréquentation
des vicieux, il fit une loy
contre les mauvais commerces , de
manière qu'un jeune homme qui
hantoit mauvaife compagnie , étoit
appelle en juftice, & puni comme

cxij L A V i B
d'une mauvaifè action.
1} fut le premier qui établit pour la
jeuneffé des maiftres payez des deniers
publics.
Mais on vante fur tout fa loy fur
les tuteles. II ordonna que les biens
des enfans orphelins feraient adminifhez
par les plus proches parents
du cofté du père, & que leur personne
& le foin de leur éducation ,
ne feroient confiez qu'aux plus proches
parents du cofté de la mère;
car la vie de l'orphelin feroit plus en
feureté entre les mains de ceux qui
ne pouvoient prétendre à fon bien,
& fon bien feroit régi avec plus de
fidélité & de foin par ceux que la
fucceffion regardoit, & qui n'étoient
pas maiftres de la perfonne.
Zalcucus, après avoir exhorté fes
citoyens en général à la piété, les Magiftrats
à la juftice , & à ne confùlter
dans leurs jugemens ni la haine, ni
l'amitié, & chaque particulier à la
bonne confcience , à ne faire jamais
tort à perfonne, à n'avoir point de
guerres immortelles; mais à regarder

DE PYTHàGORB. clxîif
un ennemi, comme pouvant redevenir
ami, en quoy il eft aifé de reconnoiftre
la doctrine de Pythagore,
II s'attacha fur tout comme fon maiftre
à refréner le luxe; & voicy fur cela
une de fes loix qui a paru trés-remarquable
par fa fingularité : Qu'aucune
femme libre ne mène avec elle qu'une
efclave, à moins qu'elle ne foit yvre :
Qu'elle ne forte de la ville pendant
la nuit., Ji ce n'ejlpour adultère:
Qu'elle ne porte ni or, ni broderie ,
à moins qu'elle ne faffe profefjion de
courtifane : Que les hommes ne portent
ni anneaux d'or, ni habits magnifiques,
s'ils ne veulent paffer pour
débauchez. B prétèndoit qu'il n y a-
voit perfonne afiez impudent pour
faire profeffion publique de turpitu
de, & pour porter un fi honteux tefmoignage
contre luy-mefme au milieu
de fes citoyens.
Comme rien n'afïèure tant le re-
>os des peuples, que le maintien des
} oix, pour empefeher fes citoyens de
iè dégoufler de celles qu'ils avoient
xeceuè's, & de les changer fans une

clxiv LA V t. E
néceffité prouvée par des raifons de la
dernière évidence, il ordonna que celuy
qui entreprcndroit d'anuller une
loy ancienne , & d'en propofer une
nouvelle, feroit introduit dans Paffembiée
du peuple la corde au cof:
que là il- déduirait les inconvéniens
qu'il trouvoit dans la loy qu'il vouloit
profcrire, & les avantages qui reviendroient
de celle qu'il vouloir établir
: que s'il avoit raifon, il feroit honoré
& recompenfe comme un père
de la patrie, dont aucun danger ne
pouvoit refroidir l'amour & le zélé y
& s'il avoit tort il feroit étranglé fur
i'heure mefme comme un perturbateur
du repos public.
Nous avons déjà vu le refpecl que
Pythagore avoit pour le mariage. It
le regardoit non feulement comme
une fociété nécenaire à la politique,
mais encore comme un acîe de reli-
. gion ; car il difbit qu'on étoit obligé
de laifler après foy des fuccefleurs pour
honorer les Dieux, afin que leur culte
fuft continué d'âge en âge. II fé
maria à Crotone, & époufa Thcano

DE PYTHAGORE.
dxf
fille de Brontin , un des principaux
•de cette ville là. Il en eut deux fils
Arimnefte, & Telauges ; ce dernier
fiiccéda à l'école de fon père, & fufl
tnaiflre d'Empédocie. Il en eut auffij
«ne fille, appeliée Damo. La mère &,
la fille fe diftinguérentpar leur grand
fçavoir ; mais plus encore par leur,
vertu. Dans des cérémonies de Religion
, elles étoient toujours choifies,
l'une pour mener le chœur, dei
femmes, & l'autre pour mener celuy

elxvj L A V i z
avoit donné quelques-uns de fês é-
crits, avec deftènfës exprefles de les
communiquer à perfonne hors de fa
famille. Damo obéit fi exactement,
que quoyque dans une extrême pauvreté,
elle réfufa ime gmffc Ibnsme
qu'on luy offroit de lès. ouvrages» aimant
mieux eftre pauvre eu obéiiîaut
aux volontez de fon père „ que de

ot PYTHàGORE. clxviiji
tes. Leurs fymboles n'étoient-ils pas|
publics Mais ils ne les expliquoient
pas dans leurs écrits, ils ne les expli-i
quoient qu'aux difcipIes.Philolaus fut:
le premier qui en donna l'explication
dans ces trois volumes que Dion a-'^
chepta cent mines, par le confeil de
Platon, qui voulut par ce moyen fou-'
lager l'extrême pauvreté de Philolaus;;
& c'cft ainfi qu'il faut entendre les pa-|
rôles de Diogene Laè'rce , Jufqrià
Philolaus il ri étoit pas permis de con
noijlre aucun dogme de Pythàgore,
ce fut luy qui publia le premier ces
trois volumes célèbres, que Platon fit
achepter cent mines. Il veut dire, qu'il
n'étoit pas permis aux étrangers.
Quant aux ouvrages de Phyfique
& de Politique, qu'on cite de Pythàgore,
il eft bien difficile, ou pluftoft
impofiible d'établir s'ils étoient de!
ïuy ou de fes difciples ; car ces der-l
niers pouvoient fort bien avoir imité*
une couftume qui étoit en Egypte,
Quand quelqu'un avoit fait un ouvrage
, il étoit obligé de le foumettre â
/a cenfure des Preftres commis poui

clxviij I A V u
cet examen. Si l'ouvrage étoit approuvé,
on l'écrivoit fur des colomnes fans
nom d'auteur ; & tous ces ouvrages
€toient attribuez à Hermès, à Mercure
le Dieu qui préfide aux (ciences.
fl peut fe faire de mefme , que les
premiers difciples de Pythagore ne
mettoient pas leur nom à leurs écrits,
& qu'ils les attribuoient tous à leur
maiftre , comme à celuy dont ils a-
voient tout receu. H eft vray que cette
couftume , qui marquoit tant de
reconnoiflànce, ne dura que peu de
temps, puifqu'on voit Architas, Empedocle,
Simonide , Timée mettre
leur nom à la tefle de leurs ouvrages.
Quoyqu'il en foit, iï eft certain
que tout ce que ies premiers difciples
de Pythagore avoient écrit, doit eftre
regardé comme l'ouvrage de Pythagore
mefme ; car ils n'écrivoient que
les fentiments, & ilslesécrivoient avec
! tant de religion, qu'ifs n'y auroient
l pas voulu changer une fyllabe, regart
dant les paroles de leur maiftre comî
me les oracles d'un Dieu , & nalléguant

DE PYTHAGORB. cbtîx
guant, pour aflèurer la vérité d'un
dogme, que ce mot célèbre, il ta dit.
Les préjugez, qu'ils avoient conceu»
en fafaveur,étoient fi forts que fon autorité
feule dénuée de rauon , paflbic
pour la raifbn mefme.
Rien n'égaloit le refpecl qu'on avoît
pour luy. On le regardoit comme la
plus parfaite image de Dieu parmi les
nommes; &>if confèrvoit dans 1 efpric
de les difciples toute la majefté de cette
Image divine. On appelïoit fa maifon
le Temple deCerés, & fà cour leTemle
des Mufes. Et quand il alloit dans
E:s villes, on difbit qu'if y alloit, non.
pas pour enfeigner les hommes, mais
pour les guérir.
Qui ne croiroit qu'un homme fi honoré
& fi refpeclé, & qui n'avoit jamais
fait que du bien aux hommes,auroit
eu une vieillene tranquille & une
fin heureufe;mais ce n'eft pas toujours
ce que doivent attendre les Hérauts
de la fâgene. La corruption Se l'injuftice
des hommes leur promettent
plus de traverfes que de tranquillité.
Les dernières années de Pythagorç
• h

dxx LA VIE
-fè^panerent dans la perfécution , & il
mourut d'une mort tragique. Voicy
le commencement & l'origine de tes
malheurs.
II y avoit à Crotone un. jeune homme
nommé Cylon, que fa naùîànce,
fes richefles, & le grand crédit de fa
famille, avoient tellement enflé d'orf
'ythagore, de fe préfenter pour eftre
euii, qu'il croyoit faire honneur à
fon difcipfe. Pythagore, quine jugeok
pas des hommes par ces choies étrangères,
& qui reconnouToiten luy un
fonds de corruption & de méchanceté,
le renvoya. Cylon outré de cette
injure, ne chercha qu'à fe venger. II
décrie par tout ce Philofophe, & tafchc
de le rendre fufpecl au peuple,
en faifanjc paflèy lès aAemblées, pous
des rendtezrVQUS. d« mutins, & de féditieux,
qui neehesrchoient qu'à bouîeverièr
l'Etat, pour s'en rendre les
maiflres. Ces calomnies gagnent facilemeat
aéancô dans l'efprit du peupletoujours
injjufie & foupçonwmx,
Se toûjou**. pr

DE PYTHAGORB. clxxj
«ru'iï regarde comme des pédagogues
qui ie gefhent & qui Je combattent*
Pythagore fon bienfaidteur, en* déjàregardé
comme un ennemi publie. Urt
jour que tous fesdifciples étoienta/fem-
Mez avec iuy dans la maifon de Milort
à Crotone, Cyion y ails accompagné
d'une fouie de feéierats, & d'un grand
nombre de fes amis dévouez à fort
re/Tentiment. IIsenTkonnéremfanîJrô-»
fon , & y mirent le feu. II n'échappa
de cet embrafement que Pythagore f
Lyfis , & Àrchippe. Cehay-cy fe retî*
ra à Tarante qui étoit fa patrie, 6i
Lyfis paflà dans le Péfoponéfè , où: if
demeura aflèz long-temps-, & il affa enfuite
à Thebés, où fl lut précepteur
d'Epaminortdas.
Pour Pythagore, il prit ie chemin
de Locrés. Les Locriens avertis qu'il
alïoit cirés eux, & craignant l'inimitié
de Cyion, & le fort de Cro--
tone, envoyèrent au> devant de Iuy
leurs principaux Magiftrats , pou*
le prier de vouloir le retirer ailleurs,'
& pour hiy offrir tout ce dont il aurait
beibiu dans fon voyage. II pafl»
h
H

clxxij L A V I E
à Tarente , & bientoft une nouvelle
perfecution l'obligea d'en fortir. II fê
retira à Métapont ; mais la fédition de
Crotone avoit été comme le lignai
d'un foulévement général contre les
Pythagoriciens. Ce feu gagna toutes
les villes de la grande Grèce. Les é-
choies de Pythagore y furent détruites
, & Pythagore luy-mefme âgé de
quatre-vingts, ou quatre-vingts-dix
ans, fut tué dans l'émeute de Métapont
, ou félon d'autres, il mourut
de faim dans le Temple desMufes oà
H s etoit réfugié. Etrange fatalité ! ceïuy
qui avoit appaifé tant de guerres,
calmé tant de féditions, & éteint le
8ambeau de la difcorde dans tant de
familles, périt dans une fédition excitée
contre luy, & qui le pourfuic
de ville en ville , pour fervir ie reffêntiment
injufte d'un particulier; &
la plus part de fès difciples font enveloppez
dans fa ruine. Socrate a fort
bien marqué le caractère du peuple,
quand il a dit, qu'il tue fans raifon,
& qu'il voudroit enfuite faire revivre
de mefme, s'il étoit poffible. Les mef-

DE PYTliÀGOKï. CÎXXti j
wies : villes qui avoient tant perfecuté
Pythagore, & où fes difciples & Iuy
avoient été les victimes de leur fureur,
furent celles qui demeurèrent le
plus attachées- à fa doctrine, qui fuivirent
le plus exactement fes loix,
& qui refpeclérent le plus fa mémoir
re.
Voila tout ce que j'ay pu recueillir
de plus certain furies circonfiances de
ïa vie & de la mort de Pythagore,
& for l'origine de fes opinions. Sa
doctrine ne ie renferma pas dans les
bornes trop étroites de la grande Gréce,
& de la Sicile, elle fè répandit \
dans toute la Grèce, & dans l'Afie.
Les Romains ouvrirent les oreilles à
les doctes enfeignemens ; & l'admiration
qu'ils eurent pour luy fut fi
grande, que long-temps après fa mort,
ayant receu un oracle qui leur ordonnoit
d'ériger des ftatuè'sau plus ûge,
& au plus vaillant des Grecs, Ss firent
élever dans la place, deux ft&tué's de
bronze, l'une à Afcibiade comme au
plus vaillant, & l'autre à Pythagore
comme au plus fage. S'il faut donc
h iij

clxxiv L A V i i
méfurer la gloire d'un Phiiofophe à
h durée de Tes dogmes, & à i'éten
due des lieux où ils ont pénétre, rien
n'égale celle de Pythagore, puifque
fa plufpart de fes opinions font encore
fuivies à la lettre dans la plus grande
partie du monde entier. Mais ce
n'eu pas là ce qui luy fait le plus
d'honneur; ce qui eft infiniment plus
glorieux pour luy, c'en que les deux
plus grands génies que la Grèce ait
prcduiïs, Socrate & Platon ont fuivi
h doctrine & fa manière de l'expia
"quer, & que ce n'eft qu'en marchant
fur fes traces, qu'ils ont porté le flambeau
de la vérité fi loin , & ont approché
de fi prés la véritable fageffe,
qu'on croiroit qu'ils l'auroient certainement
trouvée, fi on ne fçavoit qw
les gentils ne pouvoient que la chercher.
L'échoie de Pythagore fubfifta jufques
vers la fin du régne d'Alexandre
le Grand. Vers ces temps 1à l'Accadémie
& le Lycée achevèrent d'obfcurcîr
&'d'abforber la fecle Italique
qui s'étoit fouuenuë Jufqu'alors avec

» B P T T H A C O H ! . dlXV
tant d'écfat, qu'Ifocrate écrit, Nous
admirons plus aujourd'huy un Pythagoricien,
quand il fe tait, que les au*
très ,mejme les plus éloquents, quand
ils parlent. Dans la fuite des temps,
on ne laifla pas de voir des difciples
de Pythagore, mais ce n'étoici»
que des paniculiers qui ne faifbient
plus de corps, & il n'y eut plus d'échole
publique. On trouve encore
une lettre de Pythagore à Hieron
tyran de Syracufe, mais cette lettre
eft fuppoiee , Pythagore étoit mort
avant la naiflànce d'Hieron.
h iiij

LES
SYMBOLES
DE
PYTHAGORE,
ec /e«r explication.
J
E ne repéteray point icy ce qui a
été dit. des fymboles , & de leur
origine dans la vie de Pythagore. Les
fymboles font des fentences courtes,
& comme des Enigmes, qui fous l'enveloppe
de termes fimples & naturels,
préfêntent à l'efprit des véritez analo-»
giques qu'on veut luy enfeigner. Ces
fortes de fymboles furent comme le
berceau de la Morale; car n'ayant befoin,
non plus que les proverbes , ni
de définition , ni de raifonnement,
& allant droit â inculquer le précepte,
ils étoient très-propres à inftruire les
hommes dans un temps, fur tout, où

SYMB. DE PYTHAC. clxxvij
la Morale n'étoit pas encore traitée
méthodiquement. Voila pourquoy ils
étoient fi fort en ufage, non. feulement
en Egypte, mais en Judée &
en Arabie, comme nous le voyons
par les Proverbes de Salomon qui en
font remplis ; par i'hiftoire de la Reyné
de Saba qui alfa éprouver la fâgefle de
ce Prince par ces fortes d'énigmes; &
par I'hiftoire de Samfon : & ils conyenoient
encore plus à Pythagore, qui
à l'exemple des Egyptiens cherchoit
à cnfeigner fa doctrine fans la divulguer
, & fans la cacher.
h
Zyjprfwi \xép€uivetV'
Ne panez pas la balance. Jugum nt
tranjihas. Plutarque & faint Jerofmc
l'expliquent; ne viole^pas la juflïce.
Athénée & faint Cyrille ; n'écoute^
point Tavarice. Cela revient au mefme"
fçns;car de l'avarice vient l'injuftkev
IL
Xo'mxi jiuî 'ÇfatyiàivziJi.
Ne vous aflèïez point fur le boï£h
v

clxxviïj SïMioiE
feau. In chœnice ne fedeto. Ce fymbole
a été expliqué fort diverfcment ;
mais iefens le plus naturel à mon a-
vis, c'eft celuy qui exhorte les hommes
à travailler tous les jours pour
gagner leur vie ; car celuy qui ne travaille
point ne doit point manger. Le
boifleau, chœnix, étoit la mefure de
bled que l'on donnoit à chaque efclave
pour fa nourriture.
III.
Ne déchirez point la couronne.
Coronam ne vellito. Ce fymbole peut
eftre expliqué de plufieurs manières :
Je trouve au moins qu'il peut avoir
trois fens : Le premier, qu'il ne faut
pas corrompre lajoye de la table par
les inquiétudes & par les chagrins ;
car dans les feftins c'étoit la couftume
de porter des couronnes de fleurs.
Le fécond eft , qu il ne faut pas vio-
. 1er les loix de la patrie ; car les loix
font la couronne des villes ; & c'efl
Je fens que faint Jerofme a fûivi, Coronam
minime carpendam, idejl, leges

DI PYTHASORI, clxxix
vrbium confervandas. Et le troifiémc ,
qu'il ne faut point médire du Prince j
& déchirer fa réputation. Ce qui eft
conforme à ce mot de Saiomon dans
FEcIefiafle ; In cogitation* tua régi
ne detrahas.
I V.
M« i&ietv rlco ^J)av.
Ne rongez point le cœur : Cor non
totnedendum. rourdire, qu'Une faut
pas s'affliger foy-mefme, & fè confumer
par le chagrin, en fe livrant à
une noire mélancholie ; comme Bellerophon,
dont Homère a dit, « St>-
(ùr xjmJhr, Jpfefuum cor edens ; &
il fêmble que c'ell fur luy que ce précepte
a été fait.
V.
N'attilêz point le feu avec le glaive
: Jgnem gladio ne fcalpas. C'eft à
dire, qu'il ne faut pas exciter ceux
qui font déjà ajfe^ irrite^.
V J

clxxx
SYMBOLES
V I.
M» 'fklçpiipio&uj îfài TBtîç Sçpvi «À-
Quand vous elles arrivé fur Tes
frontières, ne defîrez point de vous
en retourner : Non rêvertendum cum
ad terminos perveneris. Pour dire ,
Quand vous ejles arrivé à la fin de
vofire vie, ne retule^ point, ne craiçne^
point la mort, & ne dejîre^pas.
de vivre.
VII.
Ne marchez point par le chemin
public : Fer viam publicam ne vadas.
Pour dire, qu'il ne faut pas fuivre les
opinions du peuple , mais les Jentimens
des Sages. Ce fymbole s'accorde
avec le précepte de l'Evangile,
d'éviter la voye fpatieufe & large.
VIII.
Ne recevez pas fous votre toicl les
Jiyrondcles : Domejlicas hirund'mes

DE PYTHAGORE. chxxf
ne habeto. Pour dire , ne recevez pas
çhês vous les grands parleurs.
IX.
EV JttitTvàja àxovct dtoo /XM

clxXXij
S Y M B O I 1 S
monnoye. Philoftrate rapporte mefme,
& M. Spanheim l'a remarqué le
premier, que dans une ville de Pamphilie
, un homme fut condamné
comme criminel de Leze - Majefté
divine, pour avoir battu un efdave
qui fe trouva avoir fur luy une dta-'
chme d'argent où étoit empreinte la
tefte de Tibère. Caracalla imita ce
deteftable orgueil ; car Dion nous
apprend qu'il condamna au dernier
fupplice un jeune homme de l'ordre
des Chevaliers, pour avoir été dans
un vilain lieu, ayant dans fa poche
une pièce de monnoye où la tefte de
ce Prince étoit gravée.
X.
VOJj ii,
Aydez aux hommes à fe charger,
& non pas à fe décharger : Homtnibus
omis Jîmul impanendum, non detrahendum.
Poux dire , qu'il ne faut
pas ayder les hommes à vivre dans la
pœrejje & dans la molleffe ; mais les
porter àpajjêr leur vie dans les tra-

DE PYTHAGORB. chxxii'j
vaux & dans les exercices de la vertu,
& leur impofer des régies plus
laborieufes & plus pénibles à mefure
qu'ils avancent dans les voyes de la
perfeâlion. C'eft le fens que faint Je-»
rofîne a donné à ce (ymbole dans forc
apologie. Oneratisfupponendum onus,
deponentibus non communicandum, id
ejt ad virtutem incedentibus augenda
jorœcepta, tradentesfe otio relinauendos.
X L
M« pctJi'*>ç 7ravn tjuCi^av ttiçuti.
Ne touchez point facilement dans
la main : Ne cuiquam dexteram facile
porrigito. Pour dire, nefaites pas
facilement amitié & alliance avec toute
forte de perfcnnes ; ou pluftoft , ne
cautionne^pour perfonne, comme Sa-
Jomon dit, Filz mi fi fpoponderis pro Tnv.vr.K
amico tuo, defixifli apud extraneum tr ' 1 '
tnanum tuam. Stultus homo plaudet •pw.n.u,
manibus cum fpoponderit pro amico
fuo.

t> £ P V T H A 6 O K t. dxxnr %
Beau qui vous a éclairé, afin qu'il
puijjè vous éclairer encore.
XV.
Mn
comme font la plufpart des hommes
qui courent à la fervitude, & fouvent
par vanité.
XVI.
TctfA^civujff, fui Tçtçetr*
Ne nourrinez point les animaux qui
ont les ongles crochus : Anima/ia unguicurvia
ne nutrito. Pour dire, nefeuf-
Jre^ pas dans votre màifon des gens qui
ne font pas fidèles, des voleurs.
XVII.
Ktiafiav dm^âctf.
Abftenez-vous des fcYes: Afabrs ctfjmUU*
alflineto. Pour dire, abflene7~ vous ^LTil'T/i*
de tout ce qui peut nuire a votre ^J"*'*»"»
fanté, à votre repos, ou à votre réputation.

* dxxxYj S y M s o t fe
XVIII.
Ne mangez pas des poiflbns qui
ont Ja queue noire : Melanuros ne
guflato. Pour dire , ne fréquente^
point des hommes diffame^, & perdus
de réputation pour leur méchante
vie.
X I X.
TipuSivov fwi iârietv.
Ne mangez Pas le rouget: Neery*
thinum edito. Pour dire, renoncei à
toute forte de vengeance, & ne verfer
point le fang ; car le &ng eft defigne
par le rouget.
X X.
MvTÇetv £càt>v fui è&iw.
Ne mangez point fa matrice de
l'animal : Anhnalis vulvam ne comedito.
Pour dire,feparez-vous de tout
ce qui efl mortel & corruptible, &
renonce-^ à tout ce qui porte a la
génération, & qui vous, attache à ce
monde vifible.

»B PïTHAOOM. clxXXVij
XXI.
AMtenez-vous de la chair des beC
tes mortes : A morticinis abjlineto.
C'eft pour dire , ne participa point
aux chaks profanes des animaux qui
ne font pas propres aux Sacrifices, à
renonçai à tomes las «swm mortes.
XXII.
ALftencz-vous de manger les a-
nimaux : Ab animatibus abftinete.
Pour dire, n'ayé^ aucun commerce*'
rec les hommes fans raifon.
XXIII.
Mettez toujours le fel fur Yotre ^'/jw*''/
taMo : Salem apponito. C'eft à dire, fiu*»io»i
j • ' j ••/•/!• dam U vit Jt
ne perde^ jamais de veue la jujtiçe, fjtu^tt.
& pratiquez-la toujours.
XXIV.
Ne rompez pas le pain : Panem ne

dxxxvtij S Y M s o t ë
frangito. Ce fymbole a été expliqué
fort diverfement; les uns ont dit que
Pythagorè ordonne par là de ne pas
déchirer fa vie, en l'occupant à beaucoup
de chofes qui ne tendent pas à
mefme fin ; les autres qu'il exhorte à
Funion & à la concorde : mais dan»
Fexph'cation des fymboles, il faut que
le fens propre & le fcns figuré conviennent
enfemble ; fe pain eft fait
pour eftre rompu.
Je fuis perfuadé que par ce précepte,
Pythagorè veut corriger l'avarice qui
ne régne que trop dans la piufpart des
charitez que les hommes font. Anciennement
on faifoit le pain de manière
qu'il étoit partagé en quatre par des lignes
qu'on tiroit de/Tus en le mettant
cuire; c'eft pourquoy Jes Grecs! appetloient
7Mf «TAKçO» , & les Romains, quadrant.
Quand il fe préfentoit un pauvre
, on rompoit le pain, & on donnoit
ordinairement une de ces quatre
parties, ou quelquefois la moitié, com-
Mp. 17. Uv.K me on le voit dans Horace,
Et mihi dividuo jindetur munere
quadra*

DE PY THAGORB. clxxxixi
Pour couper donc la racine à l'avari-j
ce, Pythagore exhortoit par ce Sym- j
Jboie à ne pas rompre le pain pour'
n'en donner que la moitié, & à Je
donner plufloft tout entier, fans ménagement;
c'eft ainfi que Salomon dit
dans l'EccIefiafle, Mitte panent tuum {
fuper tranfeuntes aauas. Jette^ votre,
pahtfur les eaux courante s.Yo\xr dire,,
donne7 à tous les pauvres fans diûinclion.
Je fçay bien qu'Efaïe dit, Frange
efurienti panent tuum.-rompe^votre,
pain à celuy qui a faim; ce qui paroift
d'abord contraire au précepte de]
Pythagore. Mais Ifaïe, en difant votre]
pain, veut peut-eftre dire, le painj
qui eft néceffaire à votre nourriture!
car alors on eft pardonnable de le»
partager, & de ne pas le donner en-*
lier.
i
XXV.
E'Afitfo» «c Sa«oy yÀ 6/nppyrvaQvq.,
Ne rependez point l'huile fur le]
fiége : Se dent oleo ne abjlergito. Je;
croy qu'icy Je mot de fiége, fignifiej
le trofne des princes, & les fiéges des
'

cxc Svulôiit
Maghlrats, & le mot d y huile, lignifie
les effences, les parfums qui font
ordinairement pris pour les louanges,
les flateries.
Pythagore exhorte donc par ce fymbole,
à ne pas louer les Princes & les
Grands du monde, parce qu'ils font
puiffants, & qu'ifs occupent de grands
portes. II ne faut louer que la vertu.
Peut-eftre que par ce fymbole Pythagore
a fait afîufion à i'hiftoire de Jacob,
qui après la vifion de l'échelle myftérieufe,
prit à fon réveil fa pierre qui fuy
aroit fêrvi dech«ret,Féleva comme un
titre du vceu qu'il faifoit, & y verfà de
l'huile, & erexit in titulumfundens o~
leum defuper; & que ce PMofophe a
voulu dire, qu'il'nefaut pasrendreaux
Princes les honneurs qui ne font dûs
qu'à Dieu.
XXVI.
2

Dl FïTHAGOll. CXC)
dans une méchante orne ; car elle ne ;
fait qu'en abufêr , & les corrompre, j
Le mot *)*t* tnatella , lignifie, un
•pet de chambre. Et par ce mot, Py-i
thagore defigne les hommes vicieux ;
& corrompus, dont la perte câ feure. (
les Hébreux les defignoiem de met j
me par les vaifièaux à deshonneur»
comme nous le voyons par iâint Paul, i
Rom. ix. 12.
I
XXVII.
AXtKTÇvàva. tçêtpt /u*v, pi •9t/'« Ji t]
Nourriffez le coq, & ne l'immolez
point ; car il eft confàcré au Soleil
& à la Lune : Galhtm nutrito,nec\
facrificate ; Lima enm &Je H JaceÀ
eft. Le coq z toujours, été 1'emblémq
de ceux qui veillent pour nous, qui
nous averdlTent, & qui nous évcd4
lent, pour nous faire remplir nos de4
voirs, & vacquer à nos occupations]
ordinaires, pendant le cours de cette,
vie mortelle. ;
Pythagore a donc voulu dire par,
ce fymboïe, qu'il faut nourrir des gens,

CXCÎj S Y M B O l t
6 utiles, & ne pas les immoler à la haine
& au reflentiment qu'infpire quelquefois
la lïberté^qu'iis prennent, &
qu'ils ne prenndw que pour notre bien.
Les Crotoniates, & ceux deMetapont
n'obéïrent point à ce fymbole ; car ils
immolèrent le coq, Hs tuèrent Pythagore.
Les Athéniens n'en profitèrent
pas non plus; car Us immolèrent
Socrate qui les tenoit fi bien éveillez.
X X V YÇl I.
O'JtivJuç /JJn f&mfy'vety
. Ne brifèz point les débits : Dentés
ftefrangitû. Les Grecs ont dit, brifer
les dents , dans le mefme fens que
les Latins , Genuinum frangere , &
4entem rodere, pour dire ,femer des
médifances, faire des fatyres. Et c'eft
ce que Pythagore deffendparce fymbole.
r
XXIX.
i TMV o%iJk )&Toçpe(peiv. )Sm OTM/
! Eloignez de vous le vinaigrier :
Acetarium vas àbs te removeto. Le
fens

DE PYTHAGORE.
cxciij
fens de ce fymbole eft le mefme que
celuy du précédent; car le vinaigre a
toujours été pris pour le fiel de la
fâtyre ; c'eft pourquoy Horace a dit,
halo perfufus ace te. Pythagore nous
exhorte par ce fymbole à éloigner de
nous toute forte d'aigreur, & tous les
termes piquants dont ^nt aiguife les
railleries. "
XXX.
Crachez contre les rognures de
vos ongles & de vos cheveux : Capillorum
& unguium tuorum prœfegmina
confpuito.
Lorfqu'un Hébreu avoit pris à la
guerre une femme étrangère, & qu'iï
vouloit I'époufer, il luy étoit ordonné
de luy couper les ongles & les cheveux,
& de la faire changer d'habit, après
quoy elle étoit comme une nouvelle
créature ; radet ccefariem, & cïrcum- Dtut.xvi.
H.i}.
ctdetungues, & deponet vejtemin aua
capta ejl. Pe là les rognures des ongles
& des cheveux ont été prifes pour les
.i

cxciv SYMBOLE S
foûillûres & les œuvres mortes du vieii
homme.Pythagore nous exhorte donc
par ce fymbole, à maudire nos premières
affections, & à avoir pour elles
une horreur qui nous empefche
d'y retomber.
XXXI.
TI&ç wÀ/ov mçaiufjSfjoç {JW oupet.
Ne faites pas de l'eau à la face du
Soleil : Contra Soient ne meito.
La nature, en formant l'homme,
n'a point expofé à la veuë les parties
qu'il n'eft pas honnefte de nommer,
& par où le corps lé purge; mais pour
me fèrvir des termes de Xenophon ,
elle a caché & détourné ces égouts
îe plus loin qu'il luy a été poffib/e,
afin que la beauté de l'animal n'en
fiift pas fouillée. Dans les actions
donc qu'exigent les néceffitez du
corps, il faut imiter la modeftie de
cette v mére commune, & ne faire jamais
à la face du Soleil, c'eft à dire ,
en public, les chofes qui ne doivent
eftre faites qu'en fêcret, & qui blefleroient
la pudeur, fi elles ctoient fai-

DEPYTHàGORE.
CXCV
tes devant tout le monde. C'eft à mon
avis le feu! véritable fens de ce fymbole
qu'Erafme a voulu rapponer à
la magie contre toute forte de raifon :
& ce qui le prouve, c'eft que ce fymbole
eft tiré du précepte d'Hefiode,
qui deftemlort aux hommes de faire
de l'eau de-bout en plein jour.
H vouloit que l'on fe baiftàft comme
faifoient les Egyptiens, félon fa
remarque d'Hérodote, -qui dit qu'en
Egypte les femmes faifoient de l'eau
debout, & les hommes affis. Il paroift
mefme que c'étoit la couftume
des Hébreux; car ils difoient couvrir
tes pieds , pedes tegere, pour dire,
vejkatn éf alvum exonerar.e. Et c'eft
de là à mon avis , qu'on doit tirer
l'explication de ce partage d'Ifaïe 36.
12. Ut comedant fltrettra fua, & hibant
urinantj>edum fuorum, & qu'ils
boivent l'urine de leurs pieds ; c'eft à
dire, l'urine qu'ils font en couvrant
leurs pieds. Pythagore avait tant de
foin de la pudeur dans les héceffitez
•àe, la nature, que les hiftoriens de fa

c*cvj v SYMBOLES
vie remarquent, que jamais perfonne
ne Pavoit vu en cet état,Ou'A'
tûm-n iytà(Qn oîl-n ffy.g>i>cSt, JSeittû etlttt
unquam vidit alvum exonerahtemllinterprete
Latin avoit traduit, perfonne
ne le vit jamais voyager. Voila un miracle
bien furprénant, que perfonne
n'euft jamais vu voyager un homme
qui avoit été en Italie, en Sicile, en
Egypte, en Perlé, & qui avoit paffé
la plus grande partie de fa vie en
pérégrinations.
X X X I I.
Ne parlez point à la face du Soleil:
Ad Soient verfus ne loquitor. C'eft
pour dire, qu'il ne faut pas découvrir
les fentiments de jon cœur en
public, ér 1 devant tout le monde.
XXXIII.
M» v Jil jys9ii/

DE P Y T H A G O R E. CXCVIJ
reux, que cefuy de ne pas voir le Soleil
quand il efl Je plus fort & dans
Ion plus haut période. C'efl de cel
état déplorable que parle Ifaïe, quand
il dit impegimus meridie quafi in tenebris.
Pythagore tache de prévenir
cet aveuglement par ce fymbolc, en
difant, que Iorfque la lumière efl à
ion plus haut point, il n'efl plus permis
de dormir ; c'efl à dire, de demeurer
dans les ténèbres, & de faire
des œuvres de ténèbres.
XXXIV.
"Xtça/ngi'tav aiaçuç amu^ç^crat au-
2« » X3\ TOP TV7IQV OWJÇDÇUjUt.
Brouillez le lit dés que vous efles
levé, & n'y laifTez aucune marque de
votre corps : Surgvns è leâlo , flragula
conturbato, vejligiumque corporis
corrfundito.
nPlutarque dans le vin. livre de fes
os de table, explique ce fymbo-
; l'honnefleté, & de la pudeur,

CXCvitj
S.YMBOLBS
louer la bonne difcipiine qui régnoit
à Athènes dans ces premiers temps
où elle étoit honorée & respectée,
dit, que les jeunes gens étoient fi bien
élevez, qu'à l'école on n'en voyoit
pas un feu! qui euft ofé commet-
- tre la moindre immodeftie , ni découvrir
le moins du monde ce que la
modeftie ordonne de cacher; & qu'­
ils étoient u {crapuleux fur tout ce
qui regarde la pudeur, qu'en fe levant
de leur place , ils n'oublioient
jamais d'égaler , & d'unir l'endroit
où ils étoient affis ; afin qu'il ne reftaft
fur le fable aucun veftige des
parties du corps. D'autres l'expliquent
fimplement, comme fi Pythagore difoit,
Faites votre lit dés que vous
*Jles levé, afin que vous nefoye-^yas
tenté de vous y coucher pendant U
jour ; car le jour eft deftiné au travail
, comme la uuit au repos.
On pourrait croire auflï qu'il a voulu
nous avertir, que quand nous fommes
levez nous ne devons pas permettre
que rien nous faflè fouvenir
de ce qui s'eft pane la nuit; la nuit

DE PYTHAGORE. CXCHS
eft pa/fëe, le jour eft venu, il ne faut
doncphis penfer aux ténèbres, mais
à ia lumière.
XXXV.
Ne chantez que fur la Lyre : Carminibus
utendum ad Lyram.
Nous avons vu dans la Vie de Pythagore,
que ce Phjlofophe vejettoit
les nulles, & autres infiniment* de mu*
fique, comme contraires aux mœurs,
& qu'il ne retenoit que la Lyre ; par-r
ce qu'en jouant de la Lyre on peu«
chanter les bienfaits des Dieux, &Ics
vertus des grands hommes. Quand
il dit donc, qu'il ne faut chanter que
fur la Lyre, il veut infpirer à fes difciples,
qu'ils doivent ne s'entretenir
que de choies grandes & férieufes ;
& ne faire le fujet de leurs difcours,
dans le temps mefme de leur recréa-»
tion, que des louanges des Dieux, &
des éloges des Héros. D'ailleurs, comme
rien ne fait tant fentir le défaut
d'une voix peu juflc , qu'un Infiniment
bien d'accord ; & le défaut d'un
i iiij

ce SyxfsotE
inftrument difcord, qu'une voix fort
jufte; Pythagore a pu exhorter par là
fes difciples à faire de leur vie un tout
bien fage, bien uni, & dont aucun
vice, aucune palïion ne troublait & ne
« dérangeait l'Karmonie.
XXXVI.
T« çpdfigi'f àe< avauJiJifjSpct t^tiv*
Tenez vos paquets toujours prells :
Stragulafemper convoluta habetûXyefk
pour dire, qu'il faut ejlre préparé à tout
ce que la fortune voudra ordonner de
nous; & n'avoir rien qui nous retarde
quand notre dernière heure fonne.
XXXVII.
CM THç Ç&v&iç /-ui àv&%tpéiv.
Ne qui ttez poi n t votre polie fans l'ordre
de votre Général: Injujfu Imperatoris
dejlatiàne èfprafidio ne décédas.
Les Payens n'ont pas plultoll commencé
à philofopher, c'eft à dire, à
fe fervir de leur raifon, qu'ils ont connu
l'injuftice affreufe qu'il y avoit à
fe tuer foy-mefrae. Nous ne nous

DE P Y T H A G O R. E. CCj
' fommes pas créez, c'eft Dieu qui nous
a créez, & qui nous a mis dans cette
vie, comme dans un pofte. Nous ne
-devons donc jamais le quitter que par
l'ordre de celuy qui nous y a mis.Phifolaus,
difciple de Pythagorc, en avoit
fait une démonftration, dont on peut
voir l'abbregé dans le traité de Platon
de l'immortalité de l'ame, tom. u.
page 164.. de la féconde édition.
XXXVIII.
Ne coupez point du bois dans le
chemin : In via ne ligna cœdito.
Ce fymbole renferme un précepte
bien important, & que les nommes
font bien fujets à violer; c'eft de né
jamais convertir à fon ufage particulier
ce qui eft pour la commodité
publique. Vous allez dans un chemin
, n'y coupez pas, n'y ébranchez
pas les ^arbres qui doivent fervir,
& donner de l'ombre à ceux qui
paneront après vous. Vous habitez
une maifon que doivent occuper ceux
qui rempliront après vous le mefme
i v

ccij SYMBOLES
employ, ne la dégradez point : En un
mot, ne prenez que i'ufage de ce
dont vous n'avez pas Ja propriété.
Ce fymboie peut encore avoir un
autre fêns qui n'eft ni moins important
, ni moins profond que le premier.
Les Hébreux regardoient comme
la dernière mifére, & la dernière
baueflè d'eftre réduits à couper du
bois, & à porter de l'eau : •& c'étoit
l'état où on reduifoit les prifonniers
que l'on avoit faits à la guerre; comme
Jofué fit aux Gabaonites qui l'avoient
trompé , & aufquels il prononça
cette terrible malédiction : Non
7»/ «*•»* deficiet de Jiirpe vejîra ligna cœdens,
aquafque comportons. Les Grecs a-
voient imité cela des Hébreux : Pythagore
dit donc que dans le cours
de cette vie nous ne devons pas nous
rabaiuer à des fondions indignes de
notre condition, & faire Je métier des
plus vils efclaves. Or tout ce qui ne
répond pas à la nobieffe de notre efiènce,
nous ravale & nous avilit. C'eft
ctuptr du bots, que d'avoir des penfées
baflès, & que d'eftre l'efclave de
fès paflions.

Dl P Y T H A G o t. ï. cctij
Je ne dois pas oublier qu'Iambli-»
que rapporte ce fymbole un peu différemment,
« itôi**%b,7iefendei,
ne divifez point dans le chemin ; &
qu'il en donne une explication bien
différente. II dit que la vérité eft une,
& que le menfonge eft divers ; & que
dans le cours de cette vie, il ne faut
point divifer, c'eft à dire, qu'il ne
faut pas fe féparer de la vérité, & faire
un fchifme qui eft toujours une
marque de fauflèté. -;
XXXIX.
Ne roftiffez point ce qui eft bouilli:
Quod elixutn ejl ne affato.
Comme je méditois fur le fens de
ce fymbole, j'enay heureufementtrouvé
l'explication dans Athénée : voicy
fes paroles ; Quand les Athéniens fa- a v . xtv , „,
crifient aux Saifons., ils font bouillir ,
& nm pas rojlir les viandes qu'ils
offrent ; pour prier par là ces Déejfis
d'éloigner les chaleurs étouffantes, à 1
la féchereffe, & de nourrir les fruits
de la terre par des chaleurs modérées,
i vj

cciv S Y M B O L E S
& par des pluyes favorables qui viennent
dans le temps ; car cette cecltan
douce & \humide fait de très-grands
biens. Elle n'emporte pas feulement la
crudité j mais elle adoucit la dureté,
et meurit toutes chofes. D'ailleurs elle
cuit & prépare F aliment, & le rend
plus doux & plus fain ; cejlpourquoy
on a dit en proverbe ,qu il ne faut
vas rofiir ce qui ejl bouilli.
Athcnée rapporte ce fymbofe de
Pythagore, comme un proverbe qui
étoit dans la bouche de tout le monde
, & par lequel on Vouloit faire entendre
, que quand on avoit ce qui
fufnfoit pour la fan té, il ne failoit pas
chercher d'autre ragouft par delicatefle.
On peut donner auflî à ce fymbo-»
le un fêns plus relevé. Ce qui eft
bouilli peu t eftre regardé comme J'embléme
de la bénignité & de la douceur
; & ce qui eft rofti , comme
l'emblème. de fa colère & de la fé~
cherefle. Pythagore exhorte donc (es
difciples à ne prendre jamais en mauvaife
part ce qui eft fait dans la fini-

DE PVTHAGORE. CCV
plicité & dans l'innocence, & à n'aigrir
jamais les efprits.
X L.
Détournez de vous le glaive affilé :
Gladium acutum avertito. C'efl pour
dire, qu'on ne doit avoir aucun commerce
avec les-médifants j car le glaive
aigu a toujours été l'emblème des
langues fàtyriques & médifantes, comme
on le voit dans les Pfèaumes de
Dayid, qui dit, Lingud eorum quafi
gladius acutus : &. ailleurs, exacuerunt
quafi gladium linguas fuas : Leur
langue efi comme un glaive aigu : &
Ils ont aiguifé leur langue comme un
glaive.
X L I.
Ta TnTtfwfgi. 'SZï THç içamÇtiç ^wî
Ne ramaflez point ce qui eft tombé
de la table : Qua ceciderunt e men-
Ja,ne tollito.
Ce fymbole, comme le XXIV. eft
pour exhorter les hommes à la cha-

ccvj SYMBOLES
rite. La table étoitfacrée, & on ne pou-»
voit y remettre ce qui en étoit tombé,
il étoit confacré aux Héros, c'eft à dire
aux Anges, & ilfalloit le laifler pour
les pauvres. Ce qui tomboit de la table
, étoit parmi les Grecs , comme
parmi les Hébreux les épies qui a-
voient échappé à la main des moiffonneurs
, & qu'il n'éteit pas permis
au maiftre de ramaflèr ; car Dieu i'avoit
defièndu. Cum meffueris Jegetem
terra tua non tonde bis ufque adfo~
lum fuperficiem terra > nec remanen*
tes Jpicas colligês,
X L I I.
Awtytf w) aççpo KVTmetsrfflvfiç.
Abftenez-vous mefme du coflre de
cyprès : Ab arc a cyparijfina abjiineto.
Il femble que par ce fymbole Pythagore
ait voulu exhorter les hommes
à ne faire pas tant de dépenfe
pour les funérailles. Les riches te faifoient
enterrer dans des cerceuils de
cyprès, parce que le cyprès a la vertu
àe conferverles corps. Avant Pythagore,
Selon avoù travaillé à modérer

•DE P Y T H A G O R E
CCÎj
la dépenfê des enterremens ; & après
luy, Platon eut le mefme foin ; car
on voit que dans ie xn. livre des
Lobe il régie cette dépenfè à un trèsbas
pied, puisqu'il deffend que les plus
riches employent plus de cinq mines,
c'eft à dire, plus de cinquante écus à
leurs funérailles : & c'eft ce que la
loy des xn. tables avoit auffi réglé
pour les Romains : Rogum ajcianc
polito.
On ppurroit croire auffi que ce
Philofophe a voulu détourner fes disciples
d'aller aux funérailles, & que
c'eft le mefme précepte que ceiuy que
Dieu donne aux Nazaréens. Omni
tempore confecratipnis fua fuper mortuum
non ingredietur.
XLIII.
To7ç /dp où°$t/ioiç

ccviij S T M B O L E S
fait, & le fymbole de k concorde ;
ne pouvant eftre partagé, au heu que
le nombre pair peut eftre partagé, à
caufe de l'égalité de fes parties ; c'eft
pourquoyileft le fymbole de la diviîron.
De là vient que Dieu le Père
& créateur de toutes choies étoif défigné
dans la doctrine de Pythagore
ar l'unité, & la matière par le deux.
£ )e là il eft aifé de conjecturer le fens
caché de ce fymbole. Je croy donc
que Pythagore a voulu dire , qu'aux
Dieux infernaux, comme étant plus
corporels, & plus terreftres, on pouvoit
offrir des facrifices matériels qui
peuvent eftre partagez, & qui par cette
raifon font défignez par le nombre
pair, & qu'aux Dieux céleftes if ne
faut offrir que ce qui eft indivifible;
l'ame, ou Fefprit défigné par le nombre
impair, comme i'eftre dont il tire
fon origine.
X L I V.
M» fff&rivJltv $*otç

DI PYTHAGORE. CCîX.
cîe vigne non taillée : Ex imputaùs vitibus
ne Dits libato.
lue traducteur Latin de Plutarque,
& après luy Amiot, ont crû que par
ce fymbole Pythagore tendoit à détourner
les hommes d'of&ir aux Dieux
des fàcrifices fànglants, & fe font imaginez
que ce Philofophe avoit appelle
ie fang, du vin de vigne non taillée :
mais cela n'eft fondé que fur un texte
corrompu, comme je l'ay établi dans
mes remarques fur la vie de Numa.
Cette figure fêroit bien outrée, &
bien violente. Il faut donc s'en tenir
à l'explication que Plutarque a donnée
à ce fymbole, en difant que ce
Philofophe a voulu recommander l'agriculture
comme une grande partie
de la piété, en exhortant à n'offrir
aux Dieux rien de fauvage, & qui ne
vint d'une terre rendue douce & humaine
par ia culture.
XLV.
Ne facrifiez point fans farine : Ne
fine farina facrijicato.

ccx
SYMBOLES
Les Grecs, avant que d'égorger les
victimes, répandoient fur leur tefte
de la farine d'orge, ou de l'orge avec
du fêi; ce qu'ils appeiioient tv'^yliaç,
Homère , «»AO;JW •€*£** •»£. On a
donc crû que Pythagore recommandoit
par ce fymbofe de n'offrir jamais
de victime fans cet orgefacré. Mais
j'ofe dire que ce n'eft pas le fens de
ce précepte; le but de Pythagore- efl,
de recommander fagriculture comme
dans Je fymbole précédent , &
en mefme temps if veut détourner
ies hommes des facriftees fanglans,
& leur apprendre, à n'offrir aux Dieux
que des gafteaux, ou, s'ifs veulent offrir
des victimes, à fubftituer è fa place
dçs victimes vivantes, des figu-.
res de ces mefmes victimes faites avec
de fa pafle; comme il f'avoit pratiqué
en immofant un bœuf fait de farine
, félon fa couftume qu'il avoit apprife
en Egypte , & dont j'ay parlé
dans la Vie de ce Philofophe.

DE PlTHASORI. CCX)
XL VI.
AwTnehnvç Qvt jgtf 4D&

eocij SYMBOLES
le mouvement du monde •; mais je
croirois pluflofl que ce précepte ejl
fondé fur ce que les temples regardant
l'Orient, ceux qui y entroient
tcurnoient le dos au foleil; & par
confequent étoient oblige-^ , pour fe
tourner de fon coflé, défaire un demi
tour a droite ;&pour fe remettre enfuite
en préfence du Dieu, ils achevaient
le tour en faifant leur prière.
A moins que ce changement dejîtuation
ne fignifie quelque chofe d'approchant
des roues Egyptiennes , &
que ce ne fo'tt pour faire entendre
qu'il n'y a rien de fiable ni de permanent
dans ce monde, & que de
quelque manière que Dieu tourne &
remué notre vie, il faut luy en rendre
grâces, & en eflre contents.
J'ay expliqué ces roues Egyptiennes
dans mes remarques fur cette Vie
de Numa, & j'ay fait voir que PIutarque
n'a pas touché la véritable raifon
de ce tournoyement que Pytha--
gore ordonne. II vouloit par là, que
l'on adoraft l'immenfité de Dieu q^ui
remplit l'univers.

DE PYTHAGORJS ccxiij'l
XL VIII. f
Adorez affis : Adoraturus fedeto.
Plutarque a lu autrement ce fym- !
bole , «s^nSa*

ccxiv SYMBOLES
remarque qui n'eft pas inutile. C'eft
que du temps d'Homère & de Pythagore
, on ne fçavoit ce que c'étoit
que d'adorer à genoux; on adoroit
ou debout ou affis.
XL IX.
Uaç$i Qtmetv (M) ôvv^ov.
Ne vous faites pas les ongles pendant
k facrifice : Adfacrificïa^ungues
ne prœcïdito.
Hefiode avoit dit plus obfcurément
& plus énigmatiquement,
'; VbViim mâÇoic Suit iti i»fkda.ul\t »
Au*t >bn XMpoSi*f*mi «f&>r< «»

DI P V T H AC.O R. E. CCXV, i
que pendant qu'on eft dans le tem-t j »
pie il faut ne penfer qu'à Dieu , fe, ! {
tenir datts le reîpecî, & rejetter tou-. i ,
tes les pen'fées baâès & indignes de la I 4.
fainteté du lieu, & de la religion. 2>
Iamblique en donne pourtant une au- \ *"
tre explication qui me paroift très- j
fondée. H dit que Pythagore a voulu ' ••
cn/êigner par là, que quand on fait 1 i\
un facrince, il faut y appeller fes pa- | à"^
rents les plus éloignez, ceux dont on ' *
pourrok le plus fe paner , & qui font
dans la condition la plus baiTe & la
plus méprifable ; car cet acle de -religion
doit bannir toute penfée d'orgueil
, & réunir les familles. On fçait
que les facrifices étoient toujours fui-1
vis d'un feftm auquel on prioit les pa- i
Tents & les a*nis.
L. j
Quand il tonne, touchez la terre
Ciim tonat terram tangito. .
Le tonnerre qui gronde fur nos
teftes a toujours été pris pour les û- «^
gnes de ia colère de Dieu. Pythago-
/

crxvj SYMBOLES
re a donc voulu dire par ce fymbolc,
que quand Dieu donne des marques
de fa colère, nous devons tafcher de
le- defarmer par notre humilité.
LI.
. * Ne vous regardez point au miroir,
a la clarté du flambeau : Ad lucernam
façïetn in fpeculo ne contemplator.
Le Miroir eft ordinairement trompeur
,^j&. il trompe encore davantage
quancrçp^ie confulte aux flambeaux;
. car cette t faune lumière favorifê fes
menfonges, les augmente, & fert à
ïes cacher. Pythagore veut .donc nous
avertir par là^, de ne pas contribuer
nous-mefmes à nous tromper , en
nous regardant dans des objets qui
nous fardent, & qui nous déguifent;
& il nous ordonne de nous regarder
dans la véritable, lumière, qui,eft la
feule où nous puiffions nous voir tels
que nous fommes véritablement.,
Ou peut aufli rapporter ce fymboie
à la Philofophie, & Iambiique fa
fait ; mais fon explication eft plus obfeure

DE PfTHAOORE. CCXviJ
fêureque le texte. J'efpére qu'on entendra
mieux ceJIe-cy. Le miroir eft
icy la firnple apparence des chofes de
la nature ; car le miroir ne reprefente
que la fuperficie des objets , & le
flambeau eft l'opinion, l'imagination.
Si nous jugeons donc des véritez naturelles
fur les premières apparences,
& que nous ne les regardions qu'à la
lumière de nos opinions, lumière qui
eft toujours très - in fi délie, nous ne
pouvons que nous tromper. Il faut
donc les regarder dans la véritable lumière,
qui eft Dieu.; car la connoiflànce
de la nature eft une fuite &
une dépendance de la connohTance
de Dieu ; & c'étoit la doctrine de Pythagore,
comme nous le voyons dans
les Vers dorez, L. & LI. & dans les
commentaires d'Hierodes ; & c'eft à
«juoy (e rapporte le fymbole fuivant.
LU.
E'v , Jbo.
Un, deux : Unum, dutf*
Par l'unité , Pythagore de/îgnoit
Dieu créateur de toutes chofes, & par
.k

ccxviij SYMBOLES
le deux, la nature ; comme je l'ay expliqué
dans la vie de ce Philofophe.
Ce fymbole fignifie la mefmc chofc que
le précédent, qu'il faut connoiftre
Dieu avant toutes choies, & enfuite
la matière; car comme on ne /çauroit
connoiftre la nature du deux, fi
l'on ne connoift auparavant celle de
l'un qui l'a créé, de mefme on ne
peut connoiftre ce monde vifible,
fi l'on ne connoifloit Dieu.
LUI.
Honore les marques de la dignité,
le Throne, & le Ternaire : Honorât»
inpr'mis habitum. Tribunal, & Triabolum.
Iamblique me paroift s'éloigner
beaucoup du véritable fêns de ce fymbole
, quand il dit que Pythagore veut
infmuer qu'on doit préférer la fècle
Italique à la fè

DÎ PVTHAGOR.E. CCXÏX
Lilius Giraldus, & d'autres ont cm
gu'icy par le Ternaire, Pythagore a
voulu marquer la fàinte Trinité, dont
ils prétendent que le myftére n etoif
pas inconnu à ce Philofophe , non
plus qu'à Platon qui fèmble en avoir
parlé dans là leçon de & dans fa fixiéme
lettre : mais je fuis perfuadé qu'ils
fe trompent. Jamais Pythagore n'a eu
la moindre idée de la Trinité, & non
feulement il n'a pas entrevu ce myflére,
mais encore le fyftéme de fa doctrine
y paroift entièrement oppofé;
& c'éft de ce fyftéme qu'on doit tirer
J'explication de ce ternaire, telle que
je vais la donner. Nous avons vu qu'il
a établi trois genres de fubftances raisonnables
, les Dieux immortels , les
Héros c'eft à dire les Anges , & les
hommes morts dans la pratique de la
vertu, & que la grâce divine a élevez
à la gloire, c'eft à dire les Saints. Et
voila ce qu'il entend icy par le ternaire
dans lequel il veut que nous renfermions
notre vénération & notre
culte, en nous dépendant d'honorer
aucune nature inférieure à ces trois là,
M

ccxx SYMBOLES
comme nous l'avons vu dans Hierocles.
J'efpére qn'on trouvera que 'c'efl
le véritable fens de ce; fymbole ; le refle
eft aifé. Par le Throuie , Pythagôrc
marque les Rois &Jes.-Princes-, & par'
les marques de la dignité, il defigne
tous ceux à qui 'ces Princes font part
de leur autorité. II veut donc que nous '
honorions les Rois & les Magistrats,
en un mot tous ceux que Dieu a mis
au defRis de nous, pour nous gouverner
&' pour nous conduire.
LIV,
Quandfcsvents foufflent, adorePécho
: Flantibus venus, écho adora.
J'avoue que je n'entends point l'ex-
* plicationqu'Iamblique a donnée à

» s PYTHAGORE. ccxxj
Femblénre des lieux deferts, & que
Pythagorc, par ce fymbole , a voulu
exhorter fes difciples à quitter lés villes
où ils verraient des guerres & des
féditions, & à fe retirer dans des lieux
plus tranquilles , dans des forefts , &
dans des deferts, où efl la retraite
d'écho : comme dit Ovide,
hi.de latetfykis, nul loque in mm*
te videtur,
Omnibus auditur.
LV.
Ne mangez pas fur le char : Ex
curru ne comedito.
C'eft ainfi que l'on .a traduit ce fymbole;
Le char marque les voyages &
l'action ; car il fervoit & à voyager,
& à combattre. Pythagore veut donc
nous avertir par ce fymbole , qu'il
n'eft pas temps de manger quand il
faut agir ; ou bien que dans cette vie-j
qui eft un véritable voyage t il ne faut
pas s'imaginer qu'on n'y foit que pour
manger & boire , & pour ne penfer
qu'à ce qui regarde le corps. Voila
k iij

ecxxîj S Y M B O I ê S
l'explication qu'on a donnée à ce fymbole
; je n'en fuis pas trop content, &
jufqu'à ce qu'on trouve mieux, vorcy
ma conjecture. Le mot Grec Ji^w,
ne lignifie pas feufemenrun char, mais
un fiége, une chaife, fellam. Quand
Pythagore deflènd donc de manger
de fon fiége , il deflènd de mangei
jtffis, c'eft à dire fans travailler.
LVI.
Chauffez le pied droit ïe premier,
& lavez le premier le pied gauche:
Dextrwn pedem primum calceato^Jiniflrum
vero primum lavato. La chau£
iure marque les fonctions de la vie
active ; 6E le bain marque les délices,
d'une vie oyfeufe & molle.
Pythagore veut donc exhorter lés
difciples parce fymbole, à avoir plus
d'empreffement pour fa vie active,
que pour la moleffc & la volupté.

DE
PYTHAGORB. ccxxiij
LVII.
Ne mangez pas la cervelle *Cereirum
ne edito. C'eft pour dire, ri accable-
point votre ejprit d'un travail
rxcejftfqui l'abbatte ,& qui l'èpuife ;
«lonnez-iuy du relâche,
Nec aternis minorem
Conjïliis animum fatiga.
L VIII.
Ne plantez pas le palmier i-Pal*
tnam ne plantato.
J'ay lu ce fymbole de Pythagore,
mais je n'en ay trouvé nulle part
f'explication : il faut donc la deviner.
Le palmier eft très-utile & trésfecourabfe
dans le pays où il vienc
naturellement. Plutarque témoir
gne que les Babyloniens comproienc
trois cens foixante militez qu'ils tiraient
de cet arbre ; mais tranfplanté
il n'eft bon a rien, & ne porte qu'un
fruit fauvage qu'on ne fçauroit manger.
Quand rythagore dit donc,
k iiij

CCXTÎV S Y M B O t E S
qu'il ne faut pas planter le palmier,
il veut dire qu'il ne faut rien faire
qui ne foit bon & utile. On peut
donner auffi à ce fymbole un autre
fens qui ne me paroift pas moins bon.
Les anciens ont écrit, que le bourgeon
que les Grecs appellent la cervelle
du Palmier, eft très-doux à manger,
mais qu'il caufe de grands maux
de tefte ; Xenophon rapporte mefme
dans le fécond livre de l'expédition
de Cyrus,que les Grecs de l'armée de
Clearque fe trouvèrent mal d'en a-
Voir mangé. Pythagore veut donc
nous avertir par ce fymbole, qu'il fant
fuir tout ce qui eft doux & agréable
fur l'heure, & qui dans la fuite caufe
des peines & des chagrins.
L i X.
l7nv

X> E P Y T H A C O ». E. CCXXV
qu'Apollonius parlant un jour des libations
devant un jeune homme, &
ayant dit, qu'il y avoit une liqueur
qu'il faffoit fàcrifier aux oreilles , &
en faire les libations par les oreilles ;
Je jeune homme le prit à rire, parce
qu'il n'eft pas poflîble de boire par les
oreilles. Ce jeune homme prenoit
à la lettre un fymbole qu'il devoit expliquer
fïgurément. Pythagore, & a-
prés luy fon difdple Apollonius, voiiîoient
dire qu'il falloit accompagner
de Mufique les libations , & honorer
les Dieux en chantant des hymnes &
des cantiques,qui font les plus agréa- -
blés libations qu'on puifie leur faire.
Pythagore avoit appris en Egypte *
que les Juifs èmployoient les voix &
fcs inftrumens pour chanter les Ioiïan»-
ges de Dieu. Pfalterium jucundum T>f. n. >
cutn cythara. Homère a connu cette
vérité, que la mufique eft agréabl»
.à Dieu; car il feint qu'aux fcftins des
Dieux, Apollon joue.dé la Lyre, &
que les Mufes chantent d'une voix
pleine de charmes;
k v

ccxxvj SYMB OIE s •
Voicy encore quelques Jymboles qu'on
prétend avoir été recueillis par Plutarque.
Je les ay cherche^ inutilement
dans Je s ouvrages ; je ne laiffê
pas de les rapporter, mais fans U
texte Grec que je n'aypas vu.
L X.
Ne mangez pas la féche : Sepiarn
i ne edito.
i**tittni PJutarûue nous apprend une prow«r/»»f
Ut pnete imgufiere de ia lèche, qui nous
fiHx**if n . Jgyyjj.j ^ CXp{iqu er ce fymbole. II dk
que quand elle eft prife dant un fiiet,
eHe jette une liqueur qu'eBe a fous le
£on, & qui efè noire comme de F-éncre;
& qu'amft hoircifla&t ia nieriqai
efi tout autour d'elle, & fe cou-vrant
comme d'un nuage obfcur, elle fe def
obe aux yeux de cefuy qui I*a

DE
PYTHAGQRE. CCXXVJJ
commerce arec des gens diflimulez &
faux » car ils nous manqueront au befoin,
& fè déroberont à nous en brouillant
tout par leur fauûeté & par leur
noirceur poux fè tirer d'afïâires.
LXI.
Ne vous arreftez point fur les confins
: In limine non conjîflendiim. C'eft
pour dire , ne demeure-^ point dans
un état équivoque & douteux, prene^
votre parti.
L X 11. •
Cédez à un troupeau qui pane :
Progredienti gregi e via cedendum.
C'eft pour dire, qu'Une faut pas s'oppofer
à la multitude.
L X 11I,
Fuyez la belette : Muftelam foïam Aevita. devita. Dmi *>*»' '* *">
C'eft pour dire ,faye^ les rapporteurs; fi.
'"-car, comme dit rfutatque, on prétend
que ta belette fait tes petits par la
boucbe, & que par cetteraifon elie eft
l'emblème de la parofe qui procède
de la/bouche. Plutarque dit, on pré-
- —-- k vj

cczxviij STMBGLES
tend, parce qu'il fçavoit Bien que cela
étoit contefté, & qu'Ariftote mefmc a
fait voir que la belette fait fes petits
comme les autres animaux , & que
cette fable n'eft fondée que fur ce que
la belette tranfporte lbuvent fes petits
d'un lieu à un autre ayec fa bou-
•ehe.
L X IV.
Refufêz les armes que vous préfente
une femme : Arma à muliert
fumminijlrata re'jke. La femme, à
caufè de la foiblefTe de fon fexe , eft
l'emblème de la colère & de la vengeance
; car ces pâmons viennent de
foiblefTe.
Pythagorea donc voulu dire, qu'il
faut rejetter toutes les infpirations que
tlonne Pefprit de vengeance. Peuteftre
auffi qu'il a voulu enfeigner, qu'il
ne faut jamais entrer dans las reflentimens
des femmes, & fe livrer aux
fureurs qu'elles veulent infpirer. Mille
exemples ont fait voir les maux qui en
arrivent.
s

DR PYTH AGORE.
L X V.
ccrai X
Ne tuez point le ferpent qui eft
tombé dans votre cour : Colubrum intra
cèdes collapfum ne perimïto. C'eft
pour dire , ne faites point de mal à
votre ennemi quand ifejl devenu votre
Juppliant & votre hofle.
Le fêrpent fignifie toûjous un ennemi
, parce qu'en effet c'eft l'ennemi
de l'homme depuis la malédiction pn> Gmtf. 3. ».
noncée contre luy.
L X V I.
C'eft un crime de jetter des pierres
aux fontaines : Lapidem infontemjacere
fceltis. C'eft pour dire, que c'efi
un grand pécké de tourmenter & de
perjecuter les gens de bien, & ceux qui
Jervent utilement le public.
Hefiode avoit dit avant Pythagore,
fuiF 'Ç)n Kfyiveiw ov'pêiv, neque fuper fon- *
tes meito. Pour dire, ne corrompe 1^
point, & ne rende^pas inutile le lien
que les autres font ,& ne vous mo~
que^pas de vos bienfaiteurs. Salomon
a comparé de mefme les gens de,

ccxxx SYMBOLES
bien aux fontaines , quand if dit que
c'efl une fontaine troublée avec le
pied, & une fource gaftée & perdue,
que Je jufle qui tombe devant l'hn-
"Pnveri.it. pie. Forts turbatuspede, & vena corrupta
jjttfius cadens coram hnpio.
L X V 11.
Ne mangez pas de la main gauche:
Sinifira c'ibutn ne fumito. C'eû pour
dire, ne vive^ que d'un gain jufie &
légitime, & ne vous nourrijfc point
de rapines & de vols, mais de votre
travail; car la main gauche a toujours
été la main fufpecle de larcin ; c'eft
pourquoy Catulle écrit à Afinius, qui
ïuy avoit vofé fon mouchoir,
Marucine Afitû manu finifira
Non belle uteris mjoco atqutvino:
Tollis lintea negligentiorum.
L X V 111.
C'eft un crime horribfe «Tofler h
fueur avec te for : Sudoremferro abfiergeretetrumfacinus.Ccûpoxa
dire,
queç'efi une ailion très-criminelle dofier
à quelqu'un par la for ce & par la

D E> P Y T H À G O R E .
CCXXXJ
violence le bien qu'il a gagné par jon
travail, éfà laJueurde'fonfront; caria
Jueur fê prend Ordinairement pour ce
que l'on gagne par fon travail, à caufe
de la malédidlion prononcée après le
péché du premier homme : ïnfudore
vultus tui vejceris. Cefymbole de Pythagore
dit la mefme chofè que cette
lentence de l'EccIefiaftique, 34. 26.
Qui aitfert in fudore panent, quafi qui
ûccidit proximum fuum : Celuy qui
ojle le pain gagné à la fueur du
front, ejl comme celuy qui tué fon prochain.
L X IX.
N'appliquez pas Je fer fur les traces
de flrçmme : Hominis vefiigtaferro
ne chifigito. C'eft pour dire, ne déchire-^point
la mémoire de ceux qui font
morts. Car ce fymboïe n'a aucun rapport
»u prétendu fortilege que l'on pra-
.tftrùe aujour

ccxxxij
SYMBOLES
LX X.
Ne dormez point fur le tombeau ;
In fepulcro ne dormito. C'eft pour
dire, que lès. biens que vos pères VûUS
ontlaijfei, ne fervent pas à vous faire
vivre dans l'otfiveté , & dans la molleffe.
Et je fuis perfuadé que Pythagore
avoit tiré ce fymbole de ce précepte
d'Hefiode, qui deffend de s'affeoir
fur les tombeaux.
L X X I.
Ne mettez pas au feu le fagot entier
: Integrum fafciculum in ignem ne
mittito. Pour dire, wwj d'économie,
& ne mange^ pas tout votrmÊienà ht
fois. *
Lxxir.
Ne fautez pas du char à pieds jphits:
De rheda junclis pedibus ne exilito.
Ceft pour dire, ne faites rien à retour
die, & ne change^ pas d'état té'
mérairement, & tout d'un coup.

ï> E P Y T H A G O R. S. CCXXïiij
L X X I I I.
Ne menacez, point les aftres : In
nftrutn nedighum intendito.Oeû pour
dire, ne vous emporte^ point contre
ceux'qui font au dejfus de vous, éf
contre ceux qui ne travaillent qu'à vous
éclairer dans vos ténèbres.
L X X I V.
N'appliquez point la chandelle contre
la muraille : Candelam ad parietem
ne applicato. C'eft pour dire, ne
vcus opiniajlre^voint à vouloir éclairer
des gens grojjiers ; car ils rejîjlent
à vos lumières comme une muraille
rejette & repoufle les rayons du Soleil.
LXXV.
N'écrivez point fur la neige : In nive
ne fcribito. C'eft pour dire,ne confie-^
pas vos préceptes à des naturels
mois, & efféminé^; car la moindre
chaleur, c'eft à dire la moindre perfeclion
les fond , & vos préceptes s e-
vanouiffent.

tCXXxW S Y M B OU S DE PïTB.
Les Grecs ont dit dans le mefraê
fens, écrire fur l'eau, pour dire prendre
une peine inutile, donner des préceptes
à des naturels mois qui ne fçauroient
les retenir, & où ils s'efiâccni
incontinent.

mmmmmmmm
tttHft>t>ft¥tt*ttft
L A V I E
D'HIEROCLES.
I
L n'eft rien de plus naturel quand
on fit un ouvrage , que d'en vouloir
connoiftre l'Auteur; & plus l'ouvrage
eft beau & utHe, plus on eft curieux
de fçavoir à qui on doit le plaifir
& Je profit qu'on tire de cette lecture.
C'eft ce qui m'a porté à rechercher
qui étoit l'Hierodés auteur
de ces excellents commentaires fur
les vers de Pythagore ; car ce n'eft pas
le connoiftre que de fçavoir feulement
fon nom , qui luy a été commun a-
vec plusieurs autres : & je voy mefmcs
que les plus fçavants ne font pas d'accord
fur ce point.
L'antiquité nous fournit pïufieurs
hommes célèbres qui ont porté le nom
d'Hieroclés. Le premier, c'eft Hieroclés
frère de Meneclés, natif de la
ville d'AIabandc dans la Carie. Ces

ecxxxvj LA V I E
deux frères avoient acquis beaucoup
de réputation par leur éloquence. Ciceron,qui
les avoit vus & entendus,
en parle en plufieurs endroits de fes
ouvrages, & voicy le jugement qu'il
en porte dans fon Orateur à Brutus :
Tertium ejl in quo fuerunt jratres illi,
AJîaticorum Rhetorum principes ,
Hier odes & Menecles minime mea
Jententia contemnendi. Etjïenim h forma
v.eritatis, & ab Atticorwn régula
abfunt, tamen hoc vitium compenfant,
vel facilitate vel copia. La troijtéme
Jorte ejl celle dans laquelle ont travaillé
les deux frères, les premiers des
Orateurs Asiatiques , Hieroclés éf
Menecles , qui a mon avis ne font
nullement à méprifer ; car, quoyqu'ils
s'éloignent du caraclére de la vérkê,
& de la régie Attique, ils réparent
ce défaut par la facilité de leur compofition,
& par leur abondance. Ce
caraclére de compofition tel qu'il eft
marqué dans ce paflàge fuffit pour
faire voir que PHieroctés de Ciceron
n'eft pas celuy qui a travaillé fur ces
Vers de Pythagorc ; car fa manier»

D'H IEROCtES. ccxxxvij
d'écrire ne tient nullement dePAfia- /
tique, tout y cil ferré & concis. D'ailleurs
il étoit Orateur & non pas Phi- '
Jofbphc.
Le fécond étoit Hiérpdes cité par s« reUtiow
Stephanus, comme un grand voya- ^j"^"
geur qui avoit fait des relations de dePhii.ftotout
ce qu il avoit vu de plus extraor- -,„ ~PHhHmi
dinaire & de plus remarquable. Par "''
exemple, il parle d'une nation d'Hyperboréens
appellée les Tarcynéens,
"chés laquelle des Gryphons gardent les
mines d'or. Il dit, que rien ne mérite
davantage d'eftre vu que les Brachmanes,
nation adonnée à là Philofophie,'
• & confacrée particulièrement au Soleil
,.qui.ne mangent nulle forte de
viande, qui vivent toujours à l'air,
qui refpeélent fur tout & cultivent la
vérité, & qui ne portent que des rotes
faites d'un lin qu'ils tirent des rochers;
car ajoute-1-il, ils prennent
certains petits filaments qui viennent
fur les rochers, les filent, & en font
des habits , qui ne bruflent point au
feu, & qu'ils ne mettent point à la
leffivepour les laver; mais quand ils.'

J'^'iCCTCXXviij L A V I B
ifont fales , ils les jettent au milieu
îd'une flamme vive, & ils deviennent
jblancs & tranfparents. II parle du lin
appelle ajbefle, & qu'on trouve encoure
aujourd'huy dans les Pyrénées tel
ïjqu'il le décrit. Cet Hierociés vivoic
^jquelque temps après le fiécle de Stra-
«bon , c'eft à dire après Tibère.
Le troifiéme eft un Philofophe Stoïcien
don t il eft parlé dans Auiugeile,qui
,«dit, que toutes les fois que le Philoiojhe
Taurus entendoit parler d'Epicue,
il avoit d'abord dans labouche, ces
mots d'Hieroclés , homme grave &
! f faint, * Que la volupté f oit la fin de
ï l'homme, dogme de courtifane. Que la
vrovidence ne f oit rien, autre dogme de
courtifane. Par ces mots, ce (âge Stoïcien
fe muniflbit comme d'un contre»
poifon contre les deux maximes qui
faifoient le fondement de la Philofophie
d'Epicure, & qui étoient tréspernicieufes
dans le fens que les Epicuriens
relâchez leur donnoient.
I
•vJii,7riptH( Scyjia. Comme a corrigé tcfçavant
An o Iois Jcau Peu ion.

©'H IEROCIES. Crxw'x
Cet Hiereclés eft donc plus ancien
que Taurus, & par confequent il vi-j
voit au plus tard fous l'Empereur A- ( '
drien. Ni le voyageur, ni le Philo—i
fophe ne peuvent eftre auteurs de ces;
commentaires fur les Vers dorez. Un
ouvrage fi grave & fi fublime n'eftpas
l'ouvrage d'un voyageur ; & notre ]
Hieroclés étoit Pythagoricien, & non
pas Stoïcien. D'ailleurs il eft certain '
que ces commentaires ne font pas du
fecond fiécle
On trouve un autre Hieroclés qui
étoit Jurifconfulte, & dont on a cité
un traité des maladies, & de leur cure
, qu'il avoit dédié à Bauus Philôfbphe
de Corinthe.
Il y en a encore un cinquiémequi é-
toit Grammairien, & dont on a la notice
de l'Empire de Conftan tin ople. Ni i..
le Grammairien, ni le Jurifconfulte ne
font notre Hieroclés.
Mais voicy certainement où il faut
le chercher. Sous l'empire de Diocletien
il y avoit un Hieroclés de Bithynie
qui exerçoit à Nicomedie l'of-•'!
ficc de Juge, &. à qui l'Empercujr
!
I

ccxl LA V I E
donna le gouvernement d'Alexandrie
pour le recompenfer des maux
qu'il failôit aux Chrétiens. Il ne fe
contenta pas de les perfecuter avec la
dernière fureur, il écrivit encore contre
eux deux livres quil appeila Philaie
thés, c'eft à dire, amis de la vérité,
où il s'efforçoit de prouver la fauflèté
de l'Ecriture fainte par mille prétendues
contradictions qu'il croyoit y
apercevoir, & où il égaloit on préférait
mefme à Jefus-Chrift, Apollonius
deTyane.
Peu de temps après on trouve un
Hieroclés natif d'Hillarime, ville de
.Carie, & qui après avoir fait quelque
temps le métier d'Athlète, quitta le
Gymnafe pour s'appliquer à la Phi/ofophie,
A*t etdAHrt&iy Sfa tpiKomçia* d)(3iiç t
qui des combats du Gymnafepajja tout
d'un coup à la Philofopnie, dit Stcphanus.
Jufqu'icy ces deux Hieroclés ont
été confondus. Voulus prétend que
le Gouverneur d'Alexandrie eft fe
mefme que l'Athlète, & je voy que
Jean Pearfon, un des plus fçavants
hommes

ft'K II ROC LE S.
CCJtJj
hommes que l'Angleterre ait portez,
ne s'éloigne pas de ce fentiment, à
condition qu'on luy permette d'expliquer
autrement le pafTage de Ste-
Îihanus , que je viens de rapporter.
I veut que le mot Grec, «9Att'«/f,
qu'on a expliqué , les combats du
Gymnafe, lignifie, [es combats que
les Chrétiens ont eu à fbuftenir contre
lesPayens,& les perfècutions qu'ils
ont fouffèrtcs : & pour le prouver if
cite un partage d'Eufebe qui parle des
combats des glorieux Martyrs , &•-
tmfvnur fMpTvpar iâhi*uç. Mais ce fçavan»
Anglois ne s'eft pasapperceu qu *3A"W
peut bien eftre dit en ce fèns, par rapport
à ceux qui fouffrent,& nullement
par rapport à ceux qui font foufîrir.
Far exemple, on dira, ce Martyr, au
Jbrtir defes glorieux combatsJut couronné;cax
c'eft le Martyr qui combat.
Mais on ne dira pas du Juge qui préfide
à ces éxecutions impies, qu'au
for tir defes combats ilallaferepofer;
car le Juge ne combat point.
Ce fumage de Pearfon pour le fentiment
de Voulus , n'étant donc ap-
.1

ccxlij L A V i t
puyé que fur une explication fi peu
Fondée, ne doit eftre d'aucune authorité.
Mais voicy d'autres raifons qui
combattent ce (entiment de Voflius,
& qui font voir qu'il n'a examiné d'affez
prés ni les temps, ni les caractères
différents de ces deux Hierodes.
• Le métier d'Athlète, &. celuy do
Juge ne font pas plus différents que
ces deux Hierodes font différens, &
par le cœur & par Tefprit.
Dans le Juge, les anciens n'ont
trouvé que cruauté , qu'ànimofîté,
qu'injuftice.
Dans le Philofophe, nous ne découvrons
qu'équité , que droiture,
qu'humanité.
Dans le Juge, on a trouvé un esprit
médiocre, un jugement peu jufte
& peu exercé, une critique froide, fit
un fonds inépuifable d'impudence &
de mauvaife foy. II ne faut que lire ce
qu'Eufebe nous en a confervé ; cela
efl pitoyable, nulle raifon, nul jugement,
nul efprit.
Et dans le Philofophe , nous remarquons
un efprittrés-éciairé & très*

D'HIé s.o c tes cndiîj
profond, une raifon faine, un jugement
exquis, beaucoup de pénétration
& de fagene, & une grande a-
mour pour fa vérité.
II ne paroift pas poffible que les livres
d'Hierodes contre la Religion
Chrétienne, & ces commentaires fur"
îes Vers dorez de Pythagore , foient
l'ouvrage du mcfme auteur. Dans les
premiers tout étoit frivole, il n'y a-
voit rien de nouveau ni de fingulier;
ïa plufpart mefme des objections é-
toient des objections pillées fouvent
mot à mot de Celfe & de Porphyre,
déjà refutées cent fois, ou méprifées;
&, cequieA très-remarquable, (buvent
contraires aux maximes du Phi-
Iofbphe. \
Au lieu que dans ces derniers, fi
on en excepte quelques opinions que
ce Phifofophe avoit receuës de fort
maiftre avec trop de (implicite, il n'y
a rien que de folide. Nulle part des
veuës plus grandes & plus fubiimes
fur la nature de Dieu, & fur les devoirs
de l'hpmme ; & nulle part des
principes plus faims & plus confor*
iij

cclxiv LA VIE
mes aux véritez de la Religion Chrétienne.
Cet ouvrage eft comparable à
tout ce qu'ont écrit les plus grands
Philofophes de l'antiquité. I[ paroift
qu'il avoit lu les faintes Ecritures ;
mais bien loin de jetter des pierres,
contre cette fontaine .divine, on voir
clairement qu'il y avoit puifé, & qu'il
s'étoù heureufernent fervi de cette
fource de lumière pour éclaircir beaucoup
de points de fa théologie des
Payens ; pour l'enrichir mefme , &
pour la dégager de beaucoup d'erreurs
grofliéres que la lumière naturelle
ne pouvoit feule diffiper.
On dira peut-eûre que ces conjectures
ne font pas a/Tez fortes pour
obliger à faire deux auteurs d'un fèuf ;
& qu'il eft trés-poflible & trés-vrayfemblable
qu'un homme qui a témoigné
beaucoup de force fc beau cou p^
q efprit dans les traitez de Philofophie,
tombe , & fe démente quand il entreprend
de combattre la vérité , &
de faire triompher le menfonge. Porphyre
luy-mefme, qui avoit fait de fi
Beaux ouvrages, que nouslifons en-

D'H IERCCI.ES. ccxlv
tore avec plaifir, n'eft plus le mefme &
ne témoigne plus le mefme jugement
& la mefme folidité dans les livres qu'il
avoit compofez contre la Religion
Chrétienne. Que peut faire le plus
Erand génie, quand il combat contre
Heu l Cela eft certain ; mais Porphyre
n'eft point fi différent de luy-mefme
dans ces derniers oùvrages.que ïeféroit
l'auteur de ces commentaires, s'il avoit
fait les livres contre les Chrétiens.
Voicy encore une raifon qui me
paroift anez forte. On fçait qu'Apollonius
de Tyane, cet infigne impofteur
qu'Hierocles , auteur des livres
contre les Chrétiens , avoit fa folie
d'égaler & de préférer mefme à Jefus-
Chrifè, privoit l'homme de fon libre
arbitre, & fouflenoit que tout étoit
gouverné par les loix de la deftinée que
rien ne pouvoit changet. Eufébe employé
un chapitre à combattre cette
faufle doctrine dans le traité qu'il a fait
contre Hierocles. Je dis donc, que
fi cet impie Hierocles étoit le mefme
«rueceluyqui a fait ces excellents commentaires,
Eufebe n'auroit pas nra-nliij

CCtlvj 1 A V I *
que de tirer de ces commentaires*
jnefmes des armes pour battre en ruine
ce faux dogme d'Apollonius fur
ïa liberté, & de reprocher à fon panegyrifte,
qu'il élevoit au deflus dé
•notre Seigneur un homme prévenu
d'une erreur capitale fur une vérité
très-importante, & fans laquelle il
n'y a plus ni vertu, ni vice, ni fa»
gefle, ni folie, ni ordre , ni juftice
; & un homme auquel il étoit luymefme
très - oppofé, puifque jamais
Philofophe n'a établi plus folidement
& plus fortement que luy ce dogme
du libre arbitre. Eufebe auroit encore
tiré de ces commentaires & des autres
traitez d'Hierocfes, de quoy réfuter
& détruire toutes les fables & toutes
les chimères dontPhiloftratetafche
d'embellir la vie d'Apollonius,puifque
rien n'eft fi oppofé à cette faune
Philofbphie que la doctrine de notre
Hierocles. De là je croy que l'on peut
conclure aflèz probablement que l'auteur
de ces commentaires n'eft pas
l'impie Hierocles contre lequel Eufebe
a écrit.

D'H IBIOCLIS. ccxlvij
Mais voicy d'autres raifons que je
tire des temps, & qui auront peuteftre
la force de preuves.
Hierocles, Gouverneur d'Alexandrie
, & l'auteur des deux livres contre
les Chrétiens , étoit mort avant
l'an^o. deJefus-Chiïft.
Damafcius qui vivoit fous PEm-t
pereur Juftinien, avoit vu Thcofcbc
difcipîe du Philofophe Hierocles ,
comme il le dit luy-mefme dans le
paffage que je rapporteray plus bas.
Ilparoift bien difficile, qu'un homme
qui floriffoit encore en 528. ait
vu & connu le difciple d'un homme*
mort avant 340. Et par conséquent il
n'eft guère vray-fcmblable que l'Hierocles
Philofophe, & auteur de ces
commentaires fur les Vers dorez, foit
le mefme que f Hierocles, Gouverneur
d'Alexandrie, & l'ennemi des
Chrétiens.
Si l'on nous avoit confèrvé quelues
particularitez de la vie du Phi-»
Ifophe, elles fortifieroient peut-eflre
h raifons que je viens d'avancer ;
nis nous ne fçavons de luy que trés-t
1 iii;

ceilviij L A V î ï
peu de chofe, & que ce qu'en a écrit
Damafcius, & que Photius, & après
ïuy Suidas , nous ont confervé.
Voicy ce qu'en dit cet écrivain qui
flonflon aflez avant dans le 6. fiécle.
Le Philofophe Hierocles , celuy qui
par fa fub limité, & par fon éloquence
, a rendu Jî célèbre l'école d'Alexandrie
, joignait à la confiance & à
la grandeur d'âme une beauté d'efprit,
& une fécondité au-delà de toute
imagination. Il par bit avec tant de
facilité , & étoit fî heureux dans le
choix des beaux termes, qu'il raviffoit
tous fes auditeurs, & paraiffoit
toujours entrer en lice contre Platon,
pour luy difputer la gloire de la beauté
de la diélion, & de la profondeur
desfentiments. Il avoit un difciple appelle
Theofebe, qui de tous les hommes
que j'ay connus, étoit le plus accou/fumé
par la pénétration de fon ej
prit, à lire les penfées les ptusfecrer
tes du cœur. Ce Theofebe difoit ait
Hierocles expliquant un jour Platâ,
dit que les raifonnements de Socrte
reffembloient aux de^ quife trouvni

D'H IEROC1BS.
CCxlix
toujours debout, de quelque manière
qu'ils tombent. Un malheur qui arriva
a ce Philofophe ,fervit À mettre fort
courage & fa magnanimité dans tout
leur jour. Ejlant allé à Byfance il s'attira
la haine de ceux qui gouvernoient;
il fut mis en prifon , mené devant le
tribunal, condamné, & livré aux fix
Ttcleurs qui le mirent tout en fang.
Alors fans s'étonner , /'/ remplit fa
main du fang qui couloit de fes playes
& lejetta au vif âge du Juge, en luy
difant ce vers d'Homère,
TLvK*a>\ m, m eîm,i*tf çaytç ànSfifU»
Tien Cyciope , boy ce vin, après
t'eftre raflafié de chair humaine. //
fut banni, & s'en étant retourné à Alexandrie,
il philofophoit à fan ordinaire
avec ceux qui alloient l'écouter.
On peut remarquer l"excellence & la
grandeur defon efprit dans les commentaires
qu'il a faits fur les Vers
dore^de Pythagore, dans fes traite-^
de ta Providence, & dans ptufieurs
autres ouvrages, où ilfaitparoijtre des
mœurs trés-fages, &wfçavoirprofond
& êxacl. \ v 4

cc\ L A V I E
Cet éloge ne convient nullement
à Hierodes ennemi des Chrétiens, on
n'auroit point dit du Gouverneur d'Alexandrie,
qu'il avoit rendu une école
floriflànte. Cet Hierodes , bien loin
de pouvoir difputer à Platon la gloire
du ftile & de îa profondeur des Sentiments
, n'étoit, comme je Fay déjà
dit, qu'un génie fort médiocre. Et
d'ailleurs , quelle apparence que le
Gouverneur d'Alexandrie eût receu à
Byfance le traitement dont Damafrius
parie icy; au lieu que tout cela
peut fort bien convenir à l'Athlète
devenu Philofbphe.
Lés ouvrages philofophiques, que
Damafcius avoit vus d*Hierodes, é-
toient un traité de ia providence &
de ia deftinée, & de l'accord de notre
liberté avec les décrets de Dieu, divïfécn
fept livres. Photius nous a confervé
des fragmentsdes trois premiers.
Un ceconomique, à l'imitation de
Xenophon, & un traité des maximes
des Philofophes, dont voicy Jes principaux
chapitres.
Comment il faut fê gouverner fby-

t)'H IEROCLES.
Cclj
mefme. Comment il faut fe conduire
envers les Dieux, envers la patrie ,•
envers fbn père & là mère, envers fe»
frères, fâ femme, (es enfans, fes proches.
Nous en avons encore dans
Stobée, des fragmente confidérabies,
qui marquent beaucoup d'efprit*
beaucoup de douceur, en un mot un
caractère bien oppofè à celuy du Juge
d'Alexandrie : Par exemple , dans
lé traité de l'amour fraternel, il dit,
que pour en bien ufer avec tout le mon-'
de, il faut nous mettre à la place de
chacun, &nous imaginer qu il ejt nous,
& que nous fommes luy.
Qu'il n'y a rien de plus digne de
thomme ,& qui mérite plus de louange
, que défaire far fa douceur &par
fies manières, qu'un homme brutal,
emporté & féroce, devienne doux, traitable
& humain.
Dans le traité du mariage, après
avoir dit beaucoup de chofes de la néceflité
de cette Uaiiôn, il dit, queprefque
tous les mauvais mefnage s vien-.
nent des mauvais choix qu'un fait j
on n'époufe des femmes que pour leurs
\ vj

çcltj L A V I E
richejfes ou pour leur beauté', fans fé
mettre en peine de leurs mœurs & de
leurs inclinations : De la vient qu'an
fe marie fouvent pour fon malheur ,
& que l'on couronne la porte de fa
viaifon pour y recevoir un tyran, àf
von pas une'femme.
Il ajoufte, que ceux qui refufentde
fe marier, & d'avoir des enfans, aceufent
leurs pères de s'eflre marie^
fans raifon, éffefont le procès à euxmefmes.
Dans le traité, comment on doit
vivre avec foir père & fa mère ; il dit,
que les enfans doivent fe regarder dans
la maifon de leur père & de leur mère,
comme dans un temple où la nature les
a placeç, & dont elle les a fait les
preftres &* les minifhes , afin qui/s
vaquent continuellement au culte de
ces divinité^ qui leur ont donné le
jour.
II dit encore, que les enfans doivent
fournir a leurs pères toutes les
ehofes néceffaires, frque de peur tPen
oublier quelqu'une, il faut prévenir
leurs defirs, & aller fouvent jufqu à

D'H IEKOCIES.
CcRÎJ
deviner ce qu'ils ne peuvent pas expliquer
eux-mefmes ; car ils ont Jâuvent
deviné pour nous > lorfque nous ne pouvions
marquer nos bejoins que par nos
cris, nos begayemens & nos plaintes.
II avoit fait auffi des commentaires
fur ïe Gorgias de Platon : & voicy fur
cela une particularité afTez planante
que Damafcius raconte dans Photius,
It dit qu'Hierodes expliquoitun jour
à fes difciples le Gorgias de Platon ;
Theofèbe qui étoit prêtent, écrivit cetexplication.
Quelque temps après ,
Hierocles ayant encore pris le Gorgias
pour l'expliquer, le mefmeThcoièbe
recueillît auffi cette explication
telle qu'elle fortoit de la bouche de
ion maiftre; & comparant en fuite la
dernière avec la première, il n'y trouva
prefquerien de femblable; cependant,
ce qu'on a de la-peine à croire,
elles luy parurent toutes deux trésconformes
à la doctrine de Platon;
ce qui fait voir, ajoufte-t-il,-* quel
* J'ay confervé la phrafe-Gréque qui m'a paru
belle. WS|«4M twà'GktSl'mmwi, 'iïi/lfytf W'A'OT

ccliv t A V u
océan, quelle profondeur de fens 3
y avoit dans ce grand homme.
Theofebe ayant fait remarquer cette
différence à Hierocles, celuy-cy dit
en cette occafion le bon mot que j'ay
déjà rapporté, que les difcours de Soerate
font comme les dez qui fe trouvent
toujours debout de quelque manière
qu'ils tombent.
C'eft grand dommage que tous ces
©uvrages tFHierodes le lbient perdus
: mais je regrette encore plus la
perte d'un traité qu'il avoit fait de la
juftice ; car ce dernier fuppîéeroit à
tous les autres. C'étoit fans doute un
ouvrage trés-foJide & très-profond,
s'il en faut juger par ces commentaires
fur les Vers dorez de Pythagore,
où nous voyons que ce Philofophe a-
voit pénétré Peflence de fa juftice.
Nous avons encore un petit traité
intitulé , itpoxAt»v{ ç/AOTOçOU àçûa, les
contesvlaijans'du Philofophe Hierocles.
C'eft un petit recueiï de que!-,
ques fottifes ou iimplicitez, dites par
des gens firaifchementfortisde Pécole,
qui dans tous les temps , ont paffé

'H IEROCIïS. cclv
pour plus fimples & plus niais que
les gens du monde.
En voicy quelques-unes.
Un écolier s'étant allé baigner pour
ïa première fois, enfonça & penfa fc
noyer. Effrayé du péril qu'il avoic
couru, il jura qu'il ne fe mettroit plus
dans l'eau qu'il n'euft appris à nag
er -
Un autre voulant accoutumer fon
cheval à ne point manger, ne luy
donna plus ni foin ni avoine ; &
fon cheval étant mort enfin, il dit,
Que je fuis malheureux ! 'fay fer du
mon cheval dans le temps qu'il avoit
déjà appris a ne plus manger.
Un autre voulant voir s'il avoit
bonne grâce à dormir, fe regardoil
dans fon miroir les yeux fermez.
Un autre voulant vendre fa maifon,
en ofta une pierre qu'il porta au
jmarché , pour montre.
Un autre ayant une cruche d'excellent
vin , la cacheta. Son valet fk
un trou par defTous, & heuvoit ce vin.
Le maiftre voyant fon vin diminuer»
quoyque le cachet fuit entier, étoit

cclvj LA Vtï
forpris , & n'en pouvoir deviner fa
caufe. Quelqu'un luy dit; maisprennez
garde qu'on ne ie tire par deflbus.
Eh, gros fût, dit te maiftre , ce n'efl
pas par dejjôus qu'il manque, c'eflpur
dejfus.
Toutleçefteeftàpeu prés demefme,
& je m'étonne qu'on ait pu attribuer
au Philofophe Hierocles un ouvrage
fi frivole, & fi peu digne d'un homme
grave. Le ftile lêul prouve qu'il
eft beaucoup plus moderne; car on y
trouve des termes f que ni le quatrième
, ni le cinquième fiéele n'ont connus,
& qui démentiraient bien les
louanges que les anciens ont données
à la beauté de la diction de ce Philofophe.
Dans la Bibliothèque du Roy, on
trouve quantité de lettres du Sophi-
&e Libanius, qui n'ont jamais été imprimées.
Parmi ces lettres il y en a
baucoup où il eft parlé d'un Hierocles
; & quelques-unes mefmes, qui
s'adrefient à luy. Il paroifl par là que
c'étoit un Rhéteur qui avoit acquis
beaucoup de réputation par fon.élo-

. i>'H ISROC t E s. cclvîj
quence, & qui étoit toujours demeuré
pauvre , parce qu'il avoit été toujours
homme de bien. Ce caractère
eft trés-conformc à celuy de l'auteur
de ces Commentaires, & trés-oppofé
à cefuy du Gouverneur d'Alexandrie
que fes cruautez & les injuftices a-
voient enrichi. Le temps mefme convient
aflez à celuy où flori/Toit notre
Pythagoricien ; car l'Hierodes de Libanais
peut avoir vefcu jufques dans
le cinquième fiiécle. Mais je laiflecette
recherche à ceux qui auront le
temps, & qui voudront fe donner la
peine de recueillir toutes ces lettres
trés-dignes de voir fe jour, de les mettre
en ordre, & d'examiner fi tout ce
que l'auteur y dit de cet Hierocles &
de fa. famille, peut s'accorder avec ce
que Damafcius en a écrit, & fi on,
peut par là détruire ou fortifier mes
conjectures.

nreAro PO T
KPTSA EPH.
ciyauooç.
wvo/ngt ftÇcûv.
1oU n y>v&ç Tif4$L,ffi4 T àf%ç du»
Çih'tfMIOl.

kmkmmmmmkk
JLES VERS DOREZ
DE PYTHAGORE.
T" TfOnore premièrement les Dieu*
JL L immortels, comme ils font établit
& ordonne^ par la Loy.
Refpeéle le ferment avec toute forte de
religion. Honorée enfuite les Héros
pleins de bonté &.de lumière.
Refpeéle auffiles Démons terrejlres, en
leur rendant le culte qui leur ejl 1er
gitimement dû.
Honore aujji ton père & ta mère, &
tes plus proches parents.
De tous les autres hommes, fais ton \
ami de celuyquife dijlingue par fa
vertu.
Cède toujours à fes doux avertijfemens,
& à fes acTions bonne fie s &
utiles.
JEt ne viens jamais à haïr ton ami pouf
une légère faute, autant que tu le
peux,

cclx nreAropor XPTSA £DH.
Otp&t

LES VERS DORBZ DE PYTH. cclx)
Or lapuijfance habite prés de la «/-
cefjité.
Sçache que toutes ces chofesfont ainjî:
mais accoufiume-toy à furmonter
éf à vaincre tes payions :
Premièrement, la gourmandife , la
parejje , la luxure•, '& la colère.
JVe commets jamais aucune aélion honteufe,
ni avec les autres,
JVi en tonparticulier ; & fur toutref
peèle-toy toy-mefme.
Enfuite .obferve lajuflice dans tes a-
clipns &dans tes paroles j
Et ne t'accoutume point à te comporter
dans la moindre chofefans réglées,
fans raifon :
i
JWaisfais toujours cette reflexion,que
par la dejlinée il efl ordonné à tous
les hommes de mourir.
Et que les biens de la fortune font incertains
j & que comme on peut les
- acquérir, on peut aufji le s perdre.
Pour toutes les douleurs que les hommes
fouffrent par la divine for tu*
ne,

edxij nrôAropor XPYSA EîïH.
iîr atftifîpa» {%IÇ, ts>&M>Ç (pipe ,
dyttctKfêi.
[MF
i* o. Où wwu dwç ayt5oç SWTW*7»Àt /#7-
©8 fflJtùOl.
)&j éCô-AO)
E'^ed**/ owuTuy. \j*U

VERS DOREZ DïPYTH. cctxîi|
Supporte doucement ton fort tel qu'il
efi, & ne t'enfafche point.
Jtfais tafche d'y remédier autant qu'il
teferapofjwle.
Etpenfe que la deflinéen envoyé pas la
plus grande portion de ce s malheurs
aux gens de bien.
Il fe fait parmi les hommes plufieurs
fortes de raifsnnemensbons & mauvais.
'
JVe les admire point légèrement, &ne \
les rejette pas non plus :
Mais fi l'on avance des fauffete^ t
cède doucement, fr arme-toy d$
patience.
Obferve bien en toute occafioti ce que
je vais te dire :
Que perfonne , ni par fes paroles,
ni par fes aclions ne te féduife jamais.
Et ne te porte h faire ou à dire ce qui
n'efipas utile pour toy.
Çonfulte &'délibère avant que d'agir;,
afin que tu nefajfespas des aclions
folles.

cclxîv nr©Aropor XPïSA EIIH.
ûft^pcl 71 -GifMas&v if , Mytiv r
«aepç aijpéç.
ah'tna,
mir ai un m.
3 O. Tlptiost JèfJwJiv ffîim •Taçuanf àT^xè
J)fa.

VERS DOUEZ #E PYTH. edxv
Car c'efl dun mifetabïe de parler t
& d'agir fans raifon, ,& fans réflexion.
Mais fais tout ce qui dans la fuite net'affligera
point,

ccJxvj nreAropor XPYSA EnH.
Mi/Vf curtA

VERS DOREZ DE PYTH. cclxv'j
Jifais ne fais pas non plus avare &
mefquin. Lajujle mefure efl excellente
en toutes chofes.
Ne fais que les chofes qui ne pourront
te nuire j & raifonne avant que de
les faire.
Ne laijje jamais fermer tes paupières 40.
au fommeilaprès ton coucher.
Que tu n'ayes examiné, par ta raifon
toutes tes aclions de la journée.
En quoy ay-je manqué / qu ay-je fait. f
qu ay-je obmis de ce que je dévots
faire !
Commençant par la première de tes
allions, continué ainfi de fuite.
Si dans cet examen tu trouves que tu
ayes fait des fautes, gronde-t-en
fevérement toy-mefme ; & fi tu as
bienfait, rêjouis-t-en.
Pratique bien toutes, ces chofes .méditeles
bien ; il faut que çules aimes de
tout ton cœur.
Cefonulles qui te mettront dans la voye
de la vertu divise.
m ïf
J^

cclxviij nreATOPOT XPTSA EïïH.
mçaxftw t
°' T ' «fy*^ *»A*c oyxw

VERS DOREZ DEPYTH. cclxix
S en jure par celuy qui a tranfmis dans
notre ame le facré quaternaire,
Source de la nature, dont le cours efl
éternel. Mais ne commence à mettre
la main à rœuvre,
Qu'après avoir prié les Dieux dachever
ce que tu vas commencer. Quand
tu te feras rendu cette habitude familière.
Tu connoiflras la conftitution des 50.
Dieux immortels, & celle des hommes,
Jufqu'où s'étendentles diffèrens eflres,
& ce qui les renferme, éf qui les lie.
Tu connoiflras encore,félon lajuflice,
que la nature de cet univers efl par ,
toutfemblable ;
De forte que tu nefpèreras point ce
qu'on ne doit point efpérer, êf que
rien ne te fera caché dans ce monde.
Tu connoiflras aufjt, que les hommes
s'attirent leurs malheurs volontairement,
& par leur propre choix.
Miférable s qu'ils font! Ils ne voyènt ni tfn'entendent
que les biens font prés
deux.
m iij

ccltx nr©AroPoY XPTSA Eira.
Ovn xJwucn, Pvùtnv Ji &xâ>v 7mdçpt
owj'.aztcn,
To/« [JUi{& fipvtar $\dxï

VERS DOREZ UEPYTH- cckxj
Il y en a trés-peu qui fâchent fe délivrer
de leurs maux.
Teleft le fort qui aveugle les hommes,
& leur ojle l'ejprit. Semblables à
des cylindres.
Ils roulent ça & la, toujours accabler^
de maux fans nombre ;
Car lafunefl'e contention née avec eux,
& qui le s fuit par tout, les agite fans
qu'ils s'en apperçoivent.
Au lieu de la provoquer & de l'irriter, 60.
ils devraient la fuir en cédant.
Grand Jupiter,père des hommes, vous
les délivreriez tous des maux qui les
accablent,
Si vous leur montrie^quelefi le démon
dont ils fe fervent.
Mais prends courage, la race des hommes
efl divine.
La facree Nature leur découvre les myfléres
les plus cacher.
Si elle t'a fait part de fes fecrets, tu 65.
viendras aifément h bout de toutes
les chofes que je t'ay ordonnées.
m iiij

Cclrxij Br©ArOK)T »YSA EUH.
Ëtjawiffetç -^^Uù «JV Ttévetv "SW TWJ'efe
tmcAatiç.
Ef T» wov -fy$Ç %f'tvav. xs\
$&£&
*
Hviojçv yrei/uluu çnouç updvzSfdw à-
E«r«a/ àSùva-mç 9ioV> *(*ÇçynÇ% riz
*Tt flwrroV
«•SSft

VERS DGRïZ DE PfTH.cchcxifJ
Et guérijffant ton ame, tu la délivreras
de toutes ces peines, &de tous ces
travaux.
Mais abjliens-toy des viandes que nous
avons défendues dans les purifications,
Et dans la délivrance de Famé /fais en
le jujle discernement, & examine
bien toutes chofes.
En te laijfant toujours guider & conduire
part entendement -qui vient a"enhaut,
& qui doit tenir les refnes.
Et quand après avoir dépouillé ton 70.
corps mortel, tu arriveras dans F air
le plus pur,
Tu feras un Dieu immortel, incorruptible
, & que la mort ne dominera
plus.
«SSft
mv

TABLE
D E S
PRINCIPAtE S MATI ERES
contenues dans ces deux
volumes.
Le chiffre Romain marque le premier volume,
& le chiffre Arabe le fécond.
A
B A R i s, Scythe, Diftiple de Pythagore,
fon javelot, cxxyiii.
Abftinencesde Pythagore, ex. tirées de
la Loy ides Juifs, cxi. avoient deux
fèns, le propre & le figuré, exiii. 223.
Abftinence de certaines viandes, à quoy
utile : 223. elle tendoit à purger lame,
227. faite avec ordre, 228.
Abus de noftre liberté, fes effets funeftes,
195, 203.
Accomplir les loix de la vertu,ce que c'eft,
4. 288.
Accufer, nous ne devons accufèr de nos
malheurs que nous-mefmes, 75.
Actionrde deux bonnes actions il faut
toujours choifîr la meilleure 3 39. la

Table des Matières.
raifon i%6.
Action doit eftre animée par la prière, &
la prière par l'a&ion, 176.
J/i dorer nuds pieds, quel fymbole,ccxi.
Adorer affls,qad fymbole, ccxiij.
Adultère, fburce des plus grands malheurs,
xxxiij.
*Mther, le lieu convenable au corps lumineux
félon les Pythagoriciens,235.424.
Affli&ions,ne viennent pas du ruzard,o.
Agamemnon, fbn caractère, 127.
Agir fans raifon & {ans reflexion, c'eft
. d'un miferable Se d'un infènfe,ii9.122.
Agir fans prier, vertu impie, vj6. 370.
Agriailture, fon éloge, ccix.
Afo*ii>t Ce dit des Martyrs, Se non des Juges
qui affifte nt à leur martyre, ccxlj.
Aigreur dans les difputes, vient de foibleflê
Se de défiance, 108.
Aifles de l'ame, leur perte & leur renaiffance,
194. 222.
Ai/les du corps lumineux, 216.
Aliments, choix des alimens, 141.
Ame,conceuè' par le^Pythagoriciens comme
un corripofé de deux parties, Uij.
lxxj.
Comment tirée des quatre élemens felon
Timée, lxx. de Ît/Ethtr chaud Se
froid, lxxj. moulée Quk corps, ihid.
m vj

Table des Matières.
Partage de lame en entendement & ame,
d'où pris, fcxv.
Elle ne peut jamais changer de nature ,
lxxxiij.
Ame nombre fè mouvant foy-mcfhie, &
comment,, cxliv. Dieu n'a point fur h.
terre de demeure plus- agréable qu'une
ame pure, 17.
Ames des hommes, dés qu'elles fontunies
à Dieu, doivent eftre honorées, Ixfij.
Ame de l'homme, (es pafuons & Ces altérations,
y.
Ames des hommes peuvent eftre appllées
Dieux mortels, & comment, 8 1 .
Mort de l'ame,quelle, 9. 252.
Ame ne doit eftre foumife qu'à Dieu; 4a;
elle ne peut fouftrir de l'injuftice des
hommes. Ibid. fout ce qui ne-touche
point l'ame compté pour peu de choCe,
49. ceux qui croyent l'ame mortelle,
incapables de pratiquer la juftice, 67.
302. le fêul foupçonque l'ame eft mortelle,,
étouffe tout defir de vertu, 72.01-
ferme toutes les injuftiees, 9j.
Tout ce qui ne nuit point à l'ame, n'eft
pas un mal, 78.
Ames des hommes tirées du mefine tonneau
que les Dieux du monde, quel fêntiment,
j8. 328. D'où vient la ref-

Table des Matières.
fèmblance de 1 amc avec Dieu, fof.
née avant le corps félon les Pythago u
riciens, 102. 331. éternité de lame,
comment doit eftre entendue, 330.
comment l'ame peut eftre attachée!
l'entendement, 163. elle ne peut mourir
avec le corps, lïj.h. forme eflènrielle,
188. fa cheute, 192. L'ame comparée
à un char aiflé qui a deux chevaux
& un cocher, 218. explication de cette
image, 402. purgation de l'ame, quelle,
221. reveftuë d'un corps fpirituel
félonies Pythagoriciens, 217. 218.
Avantage qu'on peut tirer de cette erreur,
400. doit eftre ornée de feience &
de vertu, 230.
Ame de l'homme le dernier des ouvrages
de Dieu, 257.
Ame, immortelle & libre, confêquencï
neceflàire de cete vérité, 305. Première
vie de l'ame felonles Pythagoricieas y.
308.
Amç, plante celefte, 32^.
Ame des beftes, lxxxix. nullement diflincl:e
de la matière, xcj.
Ami : belle définition de l'ami, c.
Préceptes de Pythagorc lùr le choix des
amis, & fur les moyens, de hs confervetjbiJ.8c
cj.Amis l'image des Saints,,

Table des Matières,
ibii. & 43.
Choix d:s amis, quel, 42. Amis compapagnons
de voyage,4f.Conduite qu on
doit avoir avec fes amis, 44. &c. haïr
fês amis pour une légère faute, ce que
c'eft, 45. la feule chofe où il ne faut
pas les fupporter, 45. 4^.
Amitié, efTence de l'amitié parfaitement
connue par Pythagore, c. But de l'amitié,
c). bel exemple d'amitié chez les
Pythagoriciens, cij. Amitié doit s'eftendre
fur tous les hommes, avec quelle
fubordination, civ. doit eftre recherchée,
pour la vertu, 42, c'eft pour le
bien commun que l'amitié nous lie,4j.
la plus grande des neceffitez, 45. milieu
qu'ilfaut garder en renonçant à
l'amitié de quelqu'un, 4^.
Amitié,la fin des vertus, & leur principe
la pieté, 50. 293. elle doit s'eftendre
fur tous les hommes, mefme fur les
méchans, 50. 51. Belle preuve de l'obligation
d'aimer tous les hommes, 52.
196.
Amitié, n'eft autre chofe que l'humanité,
52.
Amour des femmes pour leurs maris, &
des maris pour leurs femmes, renferme
tous les devoirs, xl.

Tables des Matières.
Amour, l'œil de l'amour. V. oeil.
Amour des hommes, la plus grande vertu
de l'homme, cv.
Amour des véritables biens inné dans nos
cœurs, 166. produit Tempérance, & l'efperance
la vérité, ibid. & 358.
Sans l'amour tout eft imparfait, 2^3.
Amour tend à l'immortalité, 413.
Analogie entre les eftres fùpetieurs, & les
inférieurs, 290.
Anarchie, le plus grand malheur des Eftats,
xxxij.
Anaximéne, reproche qu'il faifoit aux
Philofophes, iij.
Ancée, un des ayeux de Pythagore, xvj.
xvij.
Ancres, quelles font les bonnes ancres,
xxxix.
Anges, leur nature, TO. 253. &c. pourquoy
ainfi. appeliez, 30. Erreurs des
Pythagoriciens, 30. 278. s'ils fonttous
de meïme nature, 261. leur dignité un
don de Dieuu. Ibid. Ayant efté créez libres
s'ils ont pu changer, 254. fi leur
connoiflânee peut diminuer, ibid. leur
rniniftere, & le culte qui leur eft dû ,
271. comparez aux Amples initiez,
%j4. corporels, félon Pythagore, 279.
Animal raifonnable, le feul qui fente la

Table des des Matières.
juftice, 97.
Anneau, Ne porttT^ p*s un étmtau tfiroit,
quel fymbole, clxxxv.
Antipodes connues par Py rhagore,cxxxv.
Aphorifines.de laPhilofophie,leur utilité:
1. la Philosophie eftoit enfeignée par
Aphoriûnes, 242.
Apollon ,Hyperboreen, cxxvj-
Apollonius de Tyane nioit la liberté de
l'homme, cclxv.
Apotheofe comment obtenue, 1^5.
Application aux bonnes œuvres porte à
la prière, 178.
Apprendre ce qui mérite d'eftreappris,
131.
Ariftote a mis le premier la rahon en règles,
clvij.
Ariftote refuté, cxliv. cité 3^3.
Arithmétique, regardée comme mervetfleufe,
cxliij.
Arpentage, les premiers ékmens de la
Géométrie, cxlvij. fort ancien & connu
par Homère, ibid.
Arrangement raifonnable, ce que c'eft,
259.
Art d'expliquer les longes mis en règle
par les Egyptiens, ccxxiv.
Alïèmblage qui conftituë la divine Fortune,
314.

Table des Matières.
Àftres pour les Supérieurs, ccxxxiij.
N
Até, Déefïè de l'injure, 330.
Athéniens, pudeur des jeunes Athéniens'< t
cxcviij.
Athlètes des fàcrez combats de la Philo*
fophie, Z33.
Avare nepeuteftre fidelleau ferment, 23.
S. Auguftin expliqué, 409. trouve des
myfteres infinis dans les nombres, 36a.
Aumofhe attirée par la feuleeompaffion,
deshonnoreceluy qui la reçoit,roo.33o;
Autel d'Apollon à Délos, jamais arrofi
de fàng, cxlviij.
B
BAin, marque les délices, ccxxij.
Beau, tout ce qui ne peur s'unir ave*
le beau, eft ou vice ou peché,78.
Beau accompgné de peine, préférable avi
honteux accompagné de plaifîr , 135,
Rien n'eft beau, que ce qui eft fait félon
la règle de Dieu, \-j6.
Belette, fymbole des Rapporteurs,. &
pourquoy, ccxxvij - .
Bellerophon rongeant fbn cœur, clxxix.
Beftes, de pures machines, xc.
Biens de la vie peuvent nous corrompre ,
& les maux nous fân&ifier, 78.
Biens politiques, &*.

Table des Matières.
Biens qui font prés de nous, & en noftre
pouvoir, 196.
Bœuf, fait de paftç, cxlix. de myrrhe,
d'encens. & d'autres aromates, Uni.
Boire, excès plus aife à commettre dans le
boire, que dans le manger, 139.
Bols,Ne coiiptXjpas du bois dans le chmn t
quel fymbolc, ccj.
Bonne foy de quelle neceflîté, xxxj.
Bonne vie, en quûy confifte, 346.
Bonté acquife, & bonté eflêntielle, leur
différence, 14.
Bonté de Dieu, c'eft Ion eflènee, 14.
Bonté de Dieu, la feule caufe de la création
des eftrcs. ibid.
Bornes, il n'y a plus de bornes, dés qu'on
pafle la mefure du befoin, 148.
Brachmanes, leur vie, ccxxxvij.
Brouiller le lift, quel fymbole, cxcvij.
C
CAmpagnes de l'injure, 191. 380.
Caufe, la bonne caufe fait feule le
mérite de la bonne mort, 338.
Cautionnement deffendu par les Sages,
clxxxiij.
Céder doucement, ce que ce mot fîgnifie,
107.
Cérémonies (àcrées introduites pour pur

Table des Matières.
ger de toutes les penfèes terreftres, 1)1.
Cérémonies myftiques ne regardent que
le corps félon leS Payens, 419.
Cervelle de palmier, ccxxiv.
Chalcodryfia, nom des nourrices de Bacchus,
x.
Chaldéens, leur fùperftition fur les jours
heureux & malheurux, 346.
Champs Elyfees, où placez, Ixxij.
Chandelle, N'appliqueras .la chandelle
contre le mur, quel fymbole, ccxxxiij.
Char fubtil de lame, liv. lxxj. fourni par
la lune. ibii.
Char de lame purgé par les initiations 8t
par l'infpe

Table des Matières.
les lettres Grecques, cxlv.
Choies, les meilleures cnofès faites mal à
propos, deviennent mauvaifes, 134.
Chryhppe, partage de Chryfippe rapporté
parCiceron, 385.
S. Jean Chryfoftome cité, 259. 398.
Ciel, fejour de la vie, 194.
Cœur pour la colère, 224.
Coffre de cyprès, ce qu'il fignifie, ccvj.
Commerce avec les nommes divins paroift
par les bounes œuvres, 21b.
Concurrents dans un eftat qui ils doivent
imiter, xxxv.
Conditions neceflàires pour le bonheur,
345-
Cbnnoiflànee defoy-mefme, & le mé*
pris de tout ce qui eft indigne, leurs eftedts,
73.
Connoiflànce de noftre ignorance, fès effets,
130.
Connoiflànce des c'aufes des eftrcs mené 1
la connoiflànce de Dieu, \6~j.
Connoiffirnce de fcience, comment & en
qui elle fê forme, 182.
Connoiflànce de la nature, une fuite de la
connoiflànce de Dieu, 183. Avantage
qui revient de la connoiflànce des ouvrages
de Dieu, 187.
Connoiflànce de Dieu produit la connoif

Table des Matières.
fançe de noas-mefines, 378.
H y a deux chofes dans la connoifTance ,
la connoifTance & le choix, 2.54.
Çonrioiftre, fe connoiftre foy-mefine, Se
fo refpe&er foy-mefine, produifent en
nous un mouvement tout divin, 68.
doivent précéder toutes nos actions &c
toutes nos connoiflances, 70.
Connoiftre felon lajuftice, ce que c'eft,
18*.
Confaence,juge tres-jufte & très-naturel,
C'eft de luy que la Raifon reçoit les informations,
160,.
Confèil, eft fàcré, xxxiv. |
Constitution des Dieux, & des hommes,
126.
Confultation Cage, la mère des vertus»
119.fes trois eftets,i2o. &c. la délivrante
de tous les maux, 121. La perfection
des vertus. Ibid.
Confulter avant que d'agir, 122. (es effets,
116.129.
Contemplation doit eftre toujours accompagnée
de la vertu & de la pureté, 232.
4 "* r I
Contention runefte née avec nous, noftre
compagne, & le fruit du corps de péché,
zoo. k fuite, toi. zxz.' 116.

Table des matières.
Contention toute bonne quelle, zor.
Contradiction dans les devoirs, ce qu'elle
exige, 39. _ ^ .
Coopération de l'homme dans l'œuvre de
fâ régénération, 399.
Coq, le fymboledes gens de bien qui veillent
pour nous, cxcj. Nourrijjc'^ le
coq, & nt CimmoltT^point, quel fymbole.
Ibid.
Corps, foin du corps à quoy comparé,
xxvij.
Corps comparé à un infiniment, cxlij.
Corps ne doit pas eftre négligé, IJ^. toujours
dans la génération & la corruption,i3tf.Ildoit
eftre rendu un infiniment
de fagcflè,i4o. fa confèrvation eft
une partie de la vertu, 144. médiocrité
dans tout ce qui le regarde, 145. erreur
des Pythagoriciens fur ce corps mortel,
133. 422. regardé comme 1 image de
Famé, & comment, 407.
Corps lumineux des Dieux & des Héros,
lxiv. des âmes, lxxj.la pmgationdece
dernier, 218. 221. appelle char fubtilde
lame, no. infpirc la vie au corps mortel,
222. 406. doit eftre rendu pur, 230.
comment l'image du corps mortel,407.
Corruption de-noftrecœur la feule «aufe
de tous nos maux, 100.

Table des Matières. , j
Couper du bois, & porter de l'eau, regar- ]
dez comme la dernière mifère, ccij. j
Couronne des fruits de la joye divine,i57.
Couftume remarquable des Egyptiens , ;
cxlix. fbn origine, ibid. panée aux In- j
des, où elle elt encore aujourd'huy, cl. I
Couftumes des mefines .fur les efcrits , i
clxviij.
'
Coutume des Hébreux fur les femmes pri- j
fès à la guerre, cxciij. !
Couftumedes Hébreux & des Grecs fur j
les Prifonniers faits à la guerre, ccij. i
Couvrir fès pieds, ce que c'eft,cxcv. j
Création, ordre de la création félon les
Pythagoriciens, ij.
Ce qui eft créé, ne peut exifter toujours '
par fît nature, 331.
Créer pour Dieu, ceftpenfèr & vouloir,
lxviij.
Creophy le, hofte d'Homère, xx.
Crime capital fous Tibère & fous Caracalla,
clxxxj. clxxxij.
Crotoniates, leur ancienne vertu, xxvij.
- Victoire ftgnalce qu'ils remportent fur
les Sybarites, cxix.
Calte doitcftre proportionne à la dignité
dès eftres qu'on honore, lxij. doit toujours
&Tappotterà!>wu.^w^. ne doit
eftre rendu à aucune nature-infèrieurc {

Table des Matières.
à l'homme, Ixiij.
Cure des vices ne fè doit faire qu'en particulier,
cxxj.
Cylindre, fon double mouvement, 203.
Cylon, Auteur des perfècurions contre
Pythagore, clxx,
D
DAmafiiis, Efèrivain du vj. fiecle.,
ccxlviii. 247.
Damo, fille «le Py thagore, fes Commentaires
for Homère, clxv. fon relpeà
pour Jes derniers ordres ,de fon père.
ibidem.
Damon de Cyrene>, lit.
David, les Pteaumes de David, 384.
Dédale, fa ftatue de Venus, lxxyj. xc. fes
différentes flatuës, 342.
Déification qui fe fait peu à peu, & par
degrez, 236.
Délivrance de nos maux, quelle, 19.
Deffcndus aux amis, 47.
Démons terreftres, les Saints,-;!. &c.
Démon pris toujours on majiyaife part
dans la Religion Chreftiennetz78.
Démon pour I ame, 209. $6.
Denys

Table Aes Matières.
Denys, S. Denis dans fon Traité de U
Hiérarchie, 314.
Depenfè hors de fâifôn, blafmée comme
orgueil, 150.
Depoftde la vertu doit eftre confèrvé,^
Deitinée, fà propre fîgnification, 63.
Deftinée, n'envoyé pas la plus grande
:
portion des maux aux gens de bien, &C
comment, 91.
Devins, par la fumée de l'encens, cxxij.
Devoirs, nos devoirs fè mefùrent par noftre
dignité, exix. 6%. 303.
Devoirs incompatibles, oomment il faut
s'y conduire, 38.
Devoirs de la vie civile, fuites & dépendances
des devoirs de la Religion, 190.
Deux, employé pour fignifier le monde
vifible, lij. lv.
Dialectique, la délivrance de lame, 229.
416". la partie la plus precieufè de la-
Phiiofbphic, 415. l'infpe&ion des eftres,
& comment, 416.
Dicearchus, iij.
Dieu, fburce de tout bien, xxxiv. fâ fâgeffeincpmprehenfîble,
1. appelle quattrnaiee
8c «wtV^lij.lv.untquejlxj.crée des
-. images de luy-mefme./fcV. fà bonté
feule caufê de la création, Ixvij. fà toute
puifTance, xcv. bien commun qui Ui
. n

Table des Matières.
tous les hommes, ciïj. il ne hait perlbnne,
civ. appelle le me/me , cxxxiv. la
caufè des Dieux, 7. il a dû produire
des images de luy-mefine, 8. 150.
Dieu tout Don par (à nature, 14. appelle
du nom affermait, Se pourquoy, 1.
Ceux qui aiment Dieu,doivent aimer tout
ce qui reflèmble à Dieu, ji.
Dieu eftend fan amour fur tout le genre
humain, 51.
Comment il aime les médians. Ibid.
Il eft bien loin de la peniee des médians",
. 59-
Dieu prévient les hommerpar fèsgraces 4
Dieu reniéquand on fait le mal, 8c con*
feflequandonlefbuffre, 86.31e.
Dieu & l'entendement, la feule règle de
ce qui eft beau, 129.
Dieu le nombre des nombres, itfj. jtfi. Il
prefente les biens à tous les hommes,
mais il ne les montre pas à tous, 214,
il n'attire pas les hommes à la vérité
- malgré eux, 215.398. Il n'eft pas l'auteur
des maux, 214. fà lumière &nof-
• treveuë doivent concourir enfêmble,
2l£.
JDien appelle la perfe&ion inteiUgentcdp

Tahk des li/ïaùeres*
lame, 223. Ils'cft reprcfènté tout entier
dans la création des fubftances raisonnables,
258.
Dieu Père & Fils un feul Dieu, 274.
Le nom de Dieu fè trouve de quatre lettres
dans la plupart des Langues, 360.
Dieu eftant connu, nos devoirs envers les
hommes ne peuvent eftee ignorez, 294.
Dieux immortels, les fils de Dieu,fubftan~
ces immuables & inaltérables, 7.251,
ne perdent jamais avec Dieu, 28.
Doivent eftre honnorez félon leur ordre-
& leur rang, 7.
Dieu, pour homme fèmblable à Dieu, 4.
Dieu celefte & fènfïble , ce que c'cft,
172.
Difficile, les chofès difficiles contribuent
plus à la vertu, que les agréables,
xxxviij.
Dignité, noftre dignité la règle de nos devoirs,
cxix. 6%. 303 . Celuy qui connoift
bien fa dignité, eft incapable de fè
laitier feduire, iii.
Difcernement. qu'il faut faire desraifbnnemens,
106.109.
Difciple de DieUj quel peuple a mérité ce
tkre, ij.
Les premiers Difciples de Pythagoie atcribuoienr
leurs ouvrages a leur raaif- v
nij

Table des Matières.
tre, clxviij.
Difcours eft inutile, dés qu'on en oftcla
liberté, cxx.
Difpofitions à la vertu Se au vice, & d'où
elles viennent, cxlj.
Difputes, la douceur & la modération
qu'il faut y garder, 106,107. 334.
Diflemblance«efunit &£eparetout,ijo.
Divination, partie de la morale, cxxj. Les
deux fortes de devination receuës par
Pythagore,cxxij.leur ancienneté. Ibià,
ce que c'eft que la divination'cxxiij.
divination par les fonges. lbid.
Divine Fortuné,'ce •que c'eft, 81. 82. &
313. , . ' . - ,
Divifer dam le chemin, quel fymbole,
ccii j.
Dix, intervalle fini du nombre, 1^9. La
puiflànce du dix c'eft le quatre, & comment,
17p.
Dominer, il faut dominer nospaffions, 8t
nos affections terreftres, 15^.
Dons, & victimes des foux, \C.
La magnificence des dons, n'honore pas
Dieu., ibid.
•Douleurs j retendue de ce mor, 77.
Douleur raifonnable que nous doivent
caufer lès afflictions, 88.,
Doutes malheureux, doutes des homraos,
3°4,

Table des Matitres.
Droits communs entre les hommes & les
befteSjCw
E
ECho, le fymbole des lieux de(érrs,
ccxxj. Quand iestyents fiufflent,ado-
. re Cicho, quel (yrdûolzyibid.,
Eccleiîaftique"expliqué, ccxxxj. cité, 271.
c 348. ,
Education, mauvaife "éducation des enfàns,
fource' de tdus les défôrdres,
xxxv.
Egalité n'engendre point de guerre, xxxj.
Egypte, inftruit la Grèce, iij. quand ouverte
aux Grecs, xij.
Egyptiens, d'où avoient tiré leur {âgeflè,
iv. exceptez de l'abomination que les
Juifs avoient pour les Eftrangers, xj.
Jaloux de leurs fciences, xxij. le*
aufteritez qu'ils en joignoient avant que
d'initier dans leurs myrteres, xxij.xxiij.
xlij. pourquoy mettoient des lphynx
à la porte de IeursTemples,l. leurs trois
fortes deftyle,li. leur dogme fiirla nature
de lame, îxx. lxxi. premiers auteurs
de l'opinion de la Metempfychofe
lxxvij. abhorraient les fèves-, &
pourquoy, exij. très foigneuxde leur
fânté, exij, fe purgeoienc deux fois le
n iij

^Tahle des Matières.
mois, 'Aid. attachez à la devination,
cxxij. ne parloient jamais du premier
principe, & pourquoy, 147. leur ancienne
Théologie fur la mort, 424.
Elément, un élément feol ne peut rienproduire,
cxc
Empedocle , Vers d'Empedode, 191.
191.
'Enfance, l'âge le plus agréable a Dieu,
xxxvij.
Enfans, devoirs des enfans envers leur*
pères, cclij.
Employer aux prières publiques, xxxvij.
Entendement, partie intelligente de l'âme,
fourni par le Soleil félon les Pythagoriciens,
lxxj.
Entenderaent,appellé le cocher, tzé.
Entreprifes, ce qui en allure le fûccés, IJO»
Envie prifè pour blafme, 149.5/1.
Epargne, hors de fâifôn blafinée comme
bafleflè, 150.
Epicure, le dernier des Philofophes qui
ont fait fècte, v. le temps qui s'écoula
depuis Thaïes jufqu'à luy. Ibid.
Epreuves des Religieux d'où tirées, xlij.
Efclavage qui vient de rignorance, %
Efclavage du péché, eft volontaire, 201.
Efcrivains fàcrez, la fin de leur cotem-
L plation, a efté le commencement de

Table des Matières.
•' noftre inftruâion, 305.
Efperance en Dieu toujours accampa»
- gnéede lumière, 35*.
Efprit eft le feul qui voit, qui entend, &c.
liij.
Efprit politique tient le milieu entre le
contemplatif & lemyftique, 232.
Efprit touché & affermi dans l'amour,
unit à Dieu, 17. le font temple de là
' lumière de Dieu y Uid.
Efprits, appeliez, vapeur chaude. cxL
Eflèens, Pirilofbphcs des Juifs, xlij.
Eflence moyenne entre Dieu & l'homme,
fà neceffîté, 9. fon eftat & Ces qualitez,
10.
Eflênces raifbnnables, leur ordre & leur
«rang, 11.14. &c.
ffïènce, l'attention à noftre eflence pro-
^ duit l'accompliflênient de tous nos de-
' voirs,73
Eflènce de l'homme, ce que c'eft, 113.
Effares, qui eftant nos égaux, fè fonteflcvez
par l'éminencê de leur vertu, 28.
Eftres celeftes, étheriens, & terreftres, 32.
-Eftres mperieurs ne fcnourriflent point de
chair humaine, 96. $16. n'ont que le
- pouvoir de nous faire du bien, 97.32^
Eftres moyens partagez en trois clafles,3o.
Eftres difrerens,jufqu'où s'eftendent,& ce
n iii)

Yalle des Matières.
qui les renferme, & qui les lie,i8. pre-
- miers comment liez aux derniers j i8t
Eufcbe combat la fauflè doârine de la
deftinée,xcxlv.
Examen de fa confidence, comment doit
eftre fait, 154. doit fe faire tous les
foirs, 155. il eft comme un Cantique
chanté à Dieu à noftrc coucher. Ibict,
doit eftre fait de fuite & par ordre, 150.
il réveille en nous le fouvenirde l'immortalité
, ihid.
Excellence confifte dans la bonté & dans
lumière, 29.
Excès plus aifé à commettre dans le boire
que dans le manger, 139. tout cxeés,
doit eftre banni comme le défaut, 14$.
Exercices, emportent l'excès de la nourriture,
137. la mefure en doit eftre réglée.
Ihid. leur choix, 138.139.
Exemption de faute ne fait pas la banne
vie, 154.
F
Able, l'appanage de la Poënc, Ixxxij.
Fables d'Homère & d'Hefiode conr
damnées par Pytbagore, xrij.
JFacultez de Famé, 1^5. \66. quatre facultez
pour juger des choies, 172. 362.
$aire,ilne faut jamais faire ce qu'on n#

Table des. Matières.
fçait point, 130.133.
Farine, m point facrifitr fans forint*

Table des Matières.
Fils de Dieu, la véritable image du Père,
z 7

Tafie det Maûerts.
Gentils ont imité les règles des Nazateeaf,
xliij.
Géométrie née en Egypte, ôi ce qui la fit
inventer, cxlvij. perfectionnée par Pythagore,
ibid.
Germe malheureux qui eft en nous, zoo.
38*.
Glaive aigu pour les langues medifàntes^
ccv. DttoHrnt'^dt vous le glaive affilé,
quel fymbole, tbid.
Gloire véritable, gloire quelle, xxxiv.
Gourmandilè, fesfuites tuneftes,^.
Grecs, quand coramenœrent à philofoher,
i j^pourquoy ils alloient chercher
Ei làgeue en Egypte,' iv. ils n ont eu
aucun commerce avec les Juifs, vj. viij.
Saint Grégoire de Nazianze,z5. 279.
Gryphons, qui gardent les mines d'or ,
ccxxxvij.
H
HAine accompagne la crainte, cxxj.
Harmonie, l'eftenduë de ce mot fe

Table des MatiereSi
Hecaté, gouffre où reftoient lés âmes gui
avoient mal vefctf, lxxj.
Heraclite, If. beau mot deluy, \jt,
Hermionée, le (impie orge d'Herraionée,
1.
Bermodamas, premier Précepteur de Pythagore,
xx.
Héros, nom donne aux Anges, Ixijvtiertnent
la féconde place, & comment ils
doivent eftre honorez» 2^. tout éclatons
de la lumière qui rejaillit de Dieu fur
eux, ry. pourquoy appeliez Htros, &
et qu'ils Fonrpour nous./foW.pourquoy
appeliez bon*Damons & -Ang« J^o,ame
- raisonnable avec un corps lumineux,
218. l'origine de ce mot, 277.
Hefiode expliqué, excv. ccxiv. ccxxix.
cité, 3 R3» 3 £7.
Hieroclés,il y a-euplufieurs Auteurs de ce
nom^ecxxxv.
Hieroclés, Stoïciérf, beau mot deluy,
ccxxxviij.
Hieroclés de Bitniniei le perfècuteur des
Chreftiens, lès ouvrages, ccxl.
Hieroclés d'Hillarime, Athlete,& en&ite
L Pralofophe, véritable Auteur de ces
commentaires, & très différent du pert
fccuteùr, Uni. preuves de cette euffçrence,.
ccxlij. ccxlvij.

Table des Matières.
Hiftoiredu Philofbphe, cexlvhj. Ces ouvrages,
ecl. bon mot deluyfur Socrate,
ccliv. pafîàge remarquable de fort
Traité de la Providence, 3 ai. 324.
Hieroclés Auteur des Contes plaifàas,diffcrpntdu
Philofbphe, ibidem.
Hiéroglyphes des Egyptiens* lj.
Hippafusne peuteftrele bifàyeuide Py-
«hagore, xvfj.
Hipocratea fuivi les Principes de Pythathagpre,
cxlij.
Hiftoired'un Pythagoricien, cij.de Mullias
& de fà femme Tymicha, cxivt des
Sybarites & des Crotoniates, cx-vi j,
Hiftoriens, les premiers Hiftoriens auflî
amoureux delà fable que les Poètes,
lxxxij.
Homère a connu la grandeur du nom de
fcre J xxx. il fuit la Théologie des Egyptiens
fur la. nature, lxx. tes idoles, ce
que c'eftoitylxorij, les divinations qu'il
a connues, cxxij.
Homère cité, 35b. 380;.
Homme créé pour contempler, xxvj. partage
de l'homme en trois parties, d'où
tiré, lxxv. expliqué par une comparaîfon,
lxxvj.
. Homme malheureux par fà faute, cxv.
Hommes vicieux deugnez par des vaik

Table dés Matières.
zoi. comment'peuvtnt devenir Dieux,
. 2^3. 234.. après leur mort demeurant
toujours inférieurs aux Anges félon les
Pythagoriciens, 23^.
Un homme ne peut eftre eftranger à un
. autre homme, 294.
L'homme ne peut eftre attiré à la vérité
malgré luy, 211. 399. il n'eft pas l'image
des Anges, 428.
Honneur qu'on rend aux eftres fûperieurs,
enquoyconfifte, 16.
Honorer Dieu, ce que c'eft. Ibid. le fèul
qui le fçait honorer, 17.
Honteux ne peut changer par les circoi*.
fiances, 58.
Huile pour les louanges, les flatteries,
cxc.
Humanité, il faut confèrver l'humanité
pour tous les hommes, 50.
Hyrondelles, fymbok des grands parleurs,
clxxxj. Ne murnffti^ pdt Ut
hyrondtllesspuà fymbok. Jbia.
I
J
Amblique, cité, 273. 3^1. 3^7. 4*2.
405.411.418. '
Javelot de Pythagore, fur quoy imaginé ,
cxxviij.
Idolej ce que c'eftoit dans le langage

Table des Matières.
d'Homère &c de Pythagore, lxxij.
Saint Jean, paffage de l'Évangile- félon
S. Jean expliqué, 398.
Ignorance de la caufè de nos maux jette
dans l'impiété, j6.
Ignorance de ce qui eft fèant & honnefte ,
les maux qu'elle produit, 150.
Ignorance, fonds inépuifable d'opinions
vaines, & d'efperances, & de craintes
frivoles, 188.
Images de Dieu deffenduës par Pythagore,
Ixv, pourquoy deffenduës fur les
anneaux, clxxxj..
Image,fîgnification de ce mot dansée langage
de Pythagore, Ixxij» &c.
Comment nous devenons l'Image de
Dieu , itfi. cette image de Dieu s'efface
bientoft, fi fon origir al ne l'entretient,
& ne la conferve, 371.
Immortalité de l'ame crue par les Egv-
• ptiens , lxix, immortalité ^adheranœ à
noftreame, 187..
Impieté mère de tous les viees, 93. il y a
de l'impiété à entendre mefme ce qui
eft impie, 397.
Impur, ne peut toucher à ee qui eft pur,
230.
Indépendance, la pêne des hommes ,
xxxij.

Table Jes Maùerei.
inégalité de conditions, d'où procedoîîf ,
felon les Pythagoriciens, 74. 308. elle
eft un bien, 309.
Inégalité qui règne dans les- animaux, &
les plantes mefine, là came, 84.
Initiez, eftoient de deux fortes,275.
Jnjuftice embrafle tous les vices, & s'eCtend
fur toutes les facultez de l'ame^i.
Innocence perdue parte péché fè recouvre
par le repentir, 125. Se par la pratique
des vertus, 245.
Infènfé , fon caractère, 127. vuide de
Dieu, 197. tout tourne en mal aux-
• infênfez, 198.
Intelligence a fon fiege dans le cerveau ,
- cxlj.
Jours heureux & malheureux, fuperftition
très-ancienne, xcv.
Irradiation de l'entendement divin dans
nos âmes, 162.
Ifàie expliqué, excv.
Ifles des Bienheureux, 234.
Ifocratecité, clxxv.
Jugement de Dieu contre les pécheurs-,
compofe la divine fortune, & comment,
82. 313.
Jugement féduit par une tranfpofition
dans l'examen de les péchez, 159.
Juifs. Ils p'avoient aucun commerce avec

Table des Madères.
les eftrangers, & leur rigueur pout
- eux, vj. vij. imbus de la (uperftirion
de la metempfychofe, lxxrvnj.
Julius Firmicus, cité, 274.
Juftice, rien ne peut (ubftfter uns elle,
xxxj. la plus parfaite des vertus, Se
elle les embraue toutes, 61. leur fin ,
Uni. elle renferme tous les devoirs, 6i.
elle doit eftre obftrvée dans les actions
& dans les paroles, ibid. ne peut {ùhfi£
ter fans la prudence, ibid. la juftice de
Dieu nous rafraichit la mémoire, &
: conferve en nous le (èntiment de la ver.
tu, 85. Ce que produit l'exacte jufti-
,. ce, 112.
Juftice comparée à l'octave de la Mufique,
•• 298.
Juftice n'eft que proportion, 300.
Juftiner les accidens de cette vie, corn*
ment, 74. 307.
K
K
A-mXSÔrui ^Mitf, 282.
Ko'^ujf, nom donné à l'Univers par
Pythagore, & pourquoy, cxxxv.
Actance, fentimcnt de Laitance re-
/ fùtéi v.

Table des Maliens.
JLangueeft tenue en bride par l'abftinence
du ferment, 15. elle ne doit pas devancer
la réflexion, ilnd.
Léon, Roy de Phlius, xxiv.
JLiaifôns,d où procèdent tous nos devoirs,
xcix. civ.
Liaifbns différences qui fè trouvent dans
la vie, & les devoirs qu'elles exigent ,
é .Sec.
Libanais. Lettres manuferites de Liba»
nius, tres-dignes de voir le jour, cclvij.
Libations par loreille comment doivent
, eftre entendues, ccxxv.
Libéralité, vertu qui règle la recette & là
. dépenfe, 70. quelle vertu & en quoy
elle confifte, 150. fille de la tempérance,
304. :
Liberté, fans la liberté, il n'y a plus ni
vertu, ni vice, ccxlvj. 215. ufage que
nous faifbns de noftre liberté, 199. elle
vient de Dieu, & a befoin de fbn fêcours,
174. 368.
Linafbefte, ccxxvij.
Livre theologique de Pythagore, appelle
Livre [ocré, 361.
Logique, anciennement elle ne faifbit pas
partie de la Philofbphie, clv. ce qui l'a
produite, Und.
Logique de Pythagore, quelle, clvj. en-

Table Jes Matières.
feignée par exemples, Se non par règles,
ibid.
Louange, le partages des Dieux, xxxiv.
Loy ancienne fl'eft que la volonté de
Dieu,lxij. lôy éternelle la vertu iittmuable
de Dieu, xcv.
Loy éternelle, ce que c'eft, n. 249.
Loy fort ancienne fur les victimes,cx\viï j.
Loy remarquable pour le maintien dés
loix, clxiij.
Loy finguliere ihr les tutelles, clxij.
Loix, les couronnes des villes, clxxviij.
Loy (àcrée de l'amitié, ce qu'elle exige,
49.
La Loy veut que chacun fort traité félon
fôn mérite, 75.
Loy divine préexiftant dans la bonté infinie
de Dieu, 85. fbn but digne dé
Dieu & utile à l'homme, 89.
Loix que l'entendement divin ùnpoiêaux
âmes, 156.
Loy de l'entendement, i£j.
Loy qui crée, lie ce qui eft créé, iéç.
Loix publiques, échantillon de la Philo*
phie pratique, 23 2.
Lumière incorruptible & intelligente ,
177.
Luxe doit eftre banni comme h malpropreté,
144.148.

Table dés Matières.
t-yre, Ne'ehanterqnt fur la lyrt, quel
fymbole, cxcix.
M
MAgie, fille de l'idolâtrie, cxxv. née
en Perfe & nourrie en Egy ptejbid,
Main gauche, la main fùfpeéte de vol,
ccxxx. Ne matfgtz. pas de la maingau*
cht, -quel fymbole, ibid.
Mal, le mal n'exifte point par luy-mefme,
.80.
Mal attaché à noftre nature eft naturel
Se acquis,i99.j8£.le mal vient de nous,
& la punition vient de Dieu, 314.
Malheur,.le plus grand malheur de
l'homme, n6.
JMangtr de fin fiegt, quel fymbole,
ccxxij.
Marâtres defFenduës, clxj.
Marc Aurele, cité, 353.
Mariage regardé par Pythagore, comme
un a&e de Religion, clxiv.
Mathématiques dégagent refprit des chofes
fenfibles, lv. Purgation de l'ame,
«cellesfont auprésdela dialectique
comme les initiations, 416.' pécouver
te de Pythagore, cxlvij.
Matière ne tombe point foué la feience^
cxxxj. ce que c'eft que la matière feloo

Table des Matières.
Pythagore, cxxxij. pourquoy appelle*
antre, cxxxiv.
Matrice de l'animal défendue, 8c pourquoy,
clxxxv). fens myftique de ce
mot, 124.
Maux, les péchez font les véritables
maux, 78.
Maux volontaires, & «feux exterieurs,Xo.
Maux illuftrez par la prefèneede la vertu,
81.' nous pouvons convertir les maux
en biens, 87. le fruit du péché, 9. fouvent
meilleurs que les biens, z.
M*ux viennent de la necefficé feule, 19;.
principe de tous les maux, 194. les
hommes tafehent do guérir leurs maux
par d'autres maux, 1x7.
Méchants, comment doivent eftre aknez,
51. punis, ils deviennent un exemple
înftru&if pour les (âges, 87. punis
comme hommes & comme méchants,
& comment, 88. cherchent dans Va
mort de l'ame la confolation de leurs
• crimes, 113. leur juftice en fe condanv
nant eux,me{mesà la mort, n.4.
Medée infenfêc & rurieufe, 117.
-Médecine, la plus fage des choies humaines
lij.
Melamphylus, Ifle quand appellee S>
mos, rvj.

Table de Madères,
Mer, appellée larme de Saturnt, cxxxvij.
Mercure, tout bois n'eft pas propre à faire
un Mercure,xlj.
Menire juftedes aliments & des exercices,
137. ce qui n'incommode point l'ame i
138. elle n'eft pas la melme pour tout le
monde, 140*
Mefure Pytbagorique, 14a. 1a mefore du
befôinpallee,il n eftplusdebomes,i4S.
Metempfycbofe, opinion plus ancienne
que Pythagore, lxxvij. receuëpar les
Pharuiens, lxxviij. fêcret de cette fiction,
lxxix. enfèignée cruëment par
un menfonge pieux, lxxxiv. receuë des
Juifs, Ixxxviij. ce que c'eftoit, 188.
377- , •
Midy, Ne dorme^pas a mdy> quel fymbole,
cxcvj.
Miel, oblation de miel, x.
Milieu entre la malpropreté Se le luxe»
i4tf.
Milieu qui fepare & qui unit, 180.
Milon Cxotoniate, (on équipage bizarre,
cxix.
Miroir trompeur, ccxvj. Ne vont regar*
deTÇjHts au miroir à la clarté du flambeau,
quel Cymbolcjiid.
Mifblogie, haine des difcours, combien
dangereufe, 104. 332.

Table des Matières.
Mnemarchus, père de Pythagore, xvij.
faprofeffion, xviij.
Mocnus, xxj.
Mœurs, cara&erifées par les métaux, 5.
Monde» animal vivant & intelligent,
cxxxv. 13. ruine du monde, erreur des
Pythagoriciens,**^. ce

x Tabte des Matières.
Maïês, baftir un Temple aux Mules, ce
que c'eft, xxx.
Jkiufe muete adorée par Numa, xliv.
Mufique véritable & parfaite, cliij. remède
pour la fànté, ibid. finde la Musqué,
cliv.
fique agréable à Dieu, ccxxv.
près, les petits cftoient une préparation
pour les Grands, 41&.
N
NAilïànce, lorfquc lame vient animer
le corps, 195.
Naijfance, gtntration,CQ que les Pythagoriciens
entendoient par ces mots, 412.
Nature, elle ne fouffrepas qu'un homme
foit eftrangor à un autre homme, civ.
modeftie de la nature doit eftre imitée t
cxcjv. la connoiflance de la nature eft
une fuite de la connoiflance de Dieu ,
•ccxvij.
Aucune nature inférieure à la nature humaine
ne mérite noftre culte, 27. 34.
payer les droits à la nature, ce que c'eft,
41.
Nature pour Dieu, 183.
Nature làcrée, pour la Philofophie, 210.
Nazaratus, un Mage, xxiij.
Nazaréens, xliij.
. ©

Table des Matières.
Neceflité de l'efprit, (z force, 48.399.
Neceflité libre & indépendante^, confirme
la liberté, 470. elle eft dans les
bornes de la (cience, 49. & 193.
Neceflité de la nature, comment uluftrée,
118.
- Neige, pour les naturels mous Se Izfcnesjccxxxiij.
N'cfirive^ pas fur U
neige, quel fymbole, ièia. '
Nombres, comment employez par Pythagore,
lvj. Nombre pair, êr nombre
impiùr, quels fymboles, ceviij.
Dieu,le nombre des nombres,^.
Nombres, peuvent eftre ngnificatifs ,
mais jamais principes, 361.
Noms changez pour des évenemens extraordinaires,
xviij.
Noms, viennent pluftoft du hazard & de
la convention des hommes, que de la
nature, 19*. 390. quels font les noms
convenables, ibid. fàgeflè de ceux qui
ont les premiers impofe les noms
aux chofes, 197. comparez aux ftatuaites,ibid.
& 392. comment ils ont donné
ces noms, 391. & 393.
Notions communes , naturelles à tout
eftre raifonnable, 212. ce que c'eft,
333-
Nourricure, la jufte menus, 137. 139.

Table des Matières.
\& nourriture & l'exercice doivent fè fucceder
140.
>Jous, nous devons eftre nos gardes Se
nos fùrveillans, 59
Nous, c'eft l'ame, 112 nj.
O
OBeïlïànce aveugle & infènfée, précipite
dans l'impiété, 40.
Oeil de l'amour guide le cocher, 116.
413. ce n'eft que par cet œil que l'on
voit le champ de la vérité, ibia.
Oeuvres, neceffitê des bonnes œuvres,
178.
Offrandes des fous, appaft pour les facrileges,
té.
Offrandes ne doivent pas eftre trop magnifiques,
xxxix.
OfUtxtnt & t'fMtyoi, 430.
Ongles, Ne fe pas faire les ongles pendant
le facrifice, quel fymbole ccxiv.
Opération myftique doit eftre toujours
conforme à la raifbn, 231.
Opinion oppofée à la fcience, 130 playes
que font les faufles opinions, 66.
Opportunité, dogme de Pythagore fur
l'opportunité, xciv elle doit eftre recherchée
en tout, 134. Dieu appelle
opportunité, 34*.
jio

Table Jes Matières.
Or, le fçul métal qui ne (ê rouille point, j«
Oracles d'Apollon Pythien, 18. 19.
Ordre, ce que c'eft, 12. 14.
Oreille, Sacrifier aux oreilles, faire des
libations par les oreilles, quel fymbole,
ccxxv.
Orge avec du fel, répandu fur la tefte des
victimes, ccx.
Orphée, fàthéologie, 248. fbn fenrimenr
iur les nombres, 361.
Ourfcs polaires, appellées les mains de
Rhèe, cxxxvij.
Ouvrages de Dieu doivent eftre connus
félon la juftice, 186.
Oiiye ne doit pas juger de la Mufique, &
pourquoy, cxlij.
P
PAin, comment fait- en Grèce 8c k
Rome, clxxxviij.
Palmier, la grande utilité de cet arbre,
ccxxiij (es bourgeons appeliez cervel

Table des Matières.
quoy appellée Pythais, ibid.
. PamonS de lame plus cruelles que les tyrans,
xxxviij. les parties & comme les
membres de la folie, 53. fburces de tou-
. tes les injuftices, 54. il n'y a que l'excès
de vicieux, 241. elles fè preftent des armes,
297. données comme des aides de
la raifon, 341.
Patience, jufqu'où elle doit eftre portée
•_ avec nos amis,47. fes fruits,j8.
Pauvreté volontaire, 117.
Péchez d'omiffion & de commiflion, 158.
en quoy égaux, ibid, comment volontaires,
& involontaires, 203.
Peines de l'autre vie, crues temporelles
par Pythagore, lxvij.
Peines volontaires, les remèdes du péché,
125.
Penchants des paffions, autant de maflès
de plomb, 56.
Penchants de l'homme, d'où ils procèdent,
191.
Penfée de Dieu eft la production des eftres,
n. 25^.
Père, vénération due à ce nom , xxix
37. nos pères & nos parents nous repreiênrent
Dieu & les Anges, 37. la
feule occafion où l'on peut defbbeïï à
fon père, 39. honneur qu'on doit à fon
o iij

Table des Matières.
père & à fà mère eft fans bornes, Ibid.
en quoy il confifte, 41. ridicule des pères
fur l'éducation des enfans, xxxv.
Perfê, cité, 2^3.
Perfêvérance dans le vice ou dans la vertu,
feule punie ou recompenfee, 317.
Perte la plus grande que l'homme puifle
faire, ntf.
Perte des biens raifbnnable, quelle, 117.
337. pertes dont la vertu nous rient
compte, ibid.
Petau, le Père Petau cité, 2^2. 273.
Pétri Bungi numtrorum myfttria, $6i.
Phalaris tyran de Sicile & né à Crète, fâ
cruauté, clix
Philofbphe, différence du Philofbphe aux
autres hommes, xxv. les Philofophes
ne connoiftront jamais parfaitement
Tarne des befles, xcij. premiers Philofophes
prétendus magiciens,& pourquoy,
cxxv. Médecins, cxxxviij.
Philofbphie comprrfê fous le nom gênerai
de Phyfique,cxxx. eft la fcience de la
vérité des chofès qui exiftent, cxxxj.la
purgation & la perfe&ion de la nature
humaine, j. la Philofôphie' pratique eft
mère de la vertu, & fa contemplative
mère de la vérité, 3. leu'rseftets, 1.162.
164.

Table des Matières.
Philoftrate expliqué, ccxxv fes fables &
fês chimères ME la vie d'Apollonius,
ccxlvj.
Phyfique, peu cultivée avant les fèpt {àges,
cxxxj Phyfique de Pychaeore ,
ccxxxij, &c. bornes de la Phyfique,
375-
Pieté, (ans la pieté rien n'eft agréable à
Dieu, 19. la première, la guide & la
mère des vertus, 6. 93.
Pieux, quel eft l'homme pieux, 18.
Planâtes appellées Us Chitns de Proferpine,
cxxxvij.
Platon cité, 192. 193.194.233.244. 288.
300.328.332. 344.348. 374. 381. 390.
401. 402.
Pléiade , appellée Lyre dis Mufes ,
cxxxvij.
Plurarque, les contes ridicules qu'il fait
des Juifs,viij.&c. Lacune remarquable
dans Plutarque, 3^3.
Poids & memres connus en Grèce longtemps
avant Pythagore, clv.
Point,le point répond à l'unité, 171.
Poiflbns, Ne mangeras Us poijfons qui
ont la queue noirs, quel fymbole ,
clxxxvj.
Politique , l'eftude des premiers Sages,
iij, clviij.
n iiij

Table des Matières.
Pbrphyrej ccxlv. fon ouvrage du retour
des âmes, 409.
Pourceau de pile, cxlix.
Pouvoir, ce qui eft en noftre pouvoir, &
ce qui n'y eft pas, 6 j. ju(qu où s'eftend
la force de ce qui eft en noftre pouvoir»
6$. 301.
Prairiede la vérité, 19t. 381.
Pratiquer, méditer, aimer, \65.16e.
Preftiges doivent cftre bannis des expiations,
212.
Prière, neceflité de la prière, & ù. difficulté,
xciij. milieu entre noftre recherche
& le don de Dieu, 175. doit eftre
accompagnée de l'action, ibid. Se 178.
Principes des vertus viennent de la nature,
& leur progrés de l'éducation, cxliij.
Prifonniers de guerre, à quoy réduits,
ccij.
Proclus, fon inftru&ion Theologique»
405.
Progrés décuple, s'il a efté connu par Pythagore,
cxlv. &c.
Proportions harmoniques comment trouvées
par Pythagore, cl;.
Propreté outrée devient luxe & mollefle,
146". Ces bornes, 147.
Proferpine, champ de Proferpine, lxxj.
Providence, le compofede la Loy éternel-

Table des Matières.
le, & du ferment divin, xcvij. elle difc
tribuë à chacun cequiluy eft du, 75.
nier la providence & la juftice de Dieu,
c'eft anéantir la Religion, 92. s'eftend
fur toutes chofès à proportion de leur
dignité, 97. 329. fur les animaux en
gênerai, 320. 321. 324.
Prudence mère des vertuss, cxx. 61. le
guide de tous les biens, 6t. fês effets ,
61. la règle & la mefure de la juftice,
£9. elle veut que nous connoiffions
la caufè de nos maux, j6. elle cherche
ce qui eft fcanr à chacun, 300. fans
elle il n'y a ni juftice nifâinteté, 382.
Puiflànce, ne doit pas fe memrer par la
volonté, mais par les forces de la nature,
47.292. elle habite prés de la néceffité,
48.
Punitions, dont Dieu chaftie, & l'ufàgc
qu'on en doit faire, 125.
-Purgation doit précéder la contemplav
tion, 3. & la délivrance de l'ame, 229.
414.
Purgations prifes des Chaldéens & des
Hébreux, 410.
Purgation,illumination,& perfection, les
trois degrez, 415.
.Pyramide, la première pyramide dans le
quatre, rjz.
o T

Table des Maûens.
Pythagore n'a jamais efté en Judée, vj.
(on origine, fàpatrie,xv). &c. le temps
où il a vefcu,xxj.&c.changea le nom de
Sagt en eeluy de Phlhfopht^ xxv. il
enfeignoit toujours dans les Temples ,
& pourquoy,xxxvij.comrnentil éprouvoit
ceux qui Ce prefèntoient pour eftre
fes difciples, xlj. xhi. exigeoit un filence
de cinq ans^ qu'il reduifbit quelquefois
à deux,xliij. fes Difciples partagez
en deux claflês, xliij, eftimoit la Mufique,
xlviij. imite les trois fortesde ftyle
des EgyptienSjlj.lêspurgationsde lame,
liv. le myftere fes nombres, Iv. fi
theologie,lxj. lxiv. fbn idée fur la création
, lxviij. fbn opinion fiir l'ame des
beftes,lxxxxLfà fuperftitionfur le temps
de la prière, & des opérations Theurgiques,
xciij» xciv. juftifié fur le reproche
de dureté pour les autres hommes, ciij.
fà reconnoiflânce& fbn amitié pour fon
fiuiftre Pherecyde, cv. iès-abftinences ,
ex. fbn erreur fur la première vie des a-
meSjCxv.fbumisà la raifbn, cxvij. fà fèverité
trop grande, & ce qui l'en corrigea,
cxx. prétendu grand devin, cxxii|.
ce qu'il faut croire de fà magie & de fes
miracles, cxxyi. &c. de fà cuiflê d'or.,
de fbn aigle, de fbn ourfè, cxzvij. de

Table des Matières.
l'empire qu'il avoir furies befleff, 8c
qu'Orphée luy avoit tranfhus, ibid.
de fon javelor, cxxviij. ennemi de l'oftentation
Se du fafèe, ibid. fà descente
dans les enfers, fur quoy fondée, cxxix.
fon fyfteme fur la matière bien diffèrent
de celuy des atomes, cxxxiv. fes découvertes
dans la Phyfique, cxxxij. cxxxv.
s'il immola aux Mules une.hecatombe,
cxlviij. cxlix. il n'offrit jamais de fàcrifice
fànglant, ibid. Canon de Pythagore,
exhj. fèntiment bien particulier
qu'il avoit fur la Mufique»clij.fès traitez
de politique,de phyfique & de morale,clviij.
& clrx. chefs d'oeuvres de fà
politique, dviij. clix. grands hommes
fôrtis de fon école, clx.fà femme & fcs
enfans, dxv. fi Pythagore avoit eferit,
dxvj. & dxvij. fès paroles paûoknt
pour des oracles, clxix. reipeâ: qu'on
avoit poUr luy, ibid. perfécutions qu'il
eut à fbuffrir, ebexj. çlxxij. fa mort à
Metapont, clxxij. on luy érige une ftatuë
au milieude Rome, clxiij. durée de
fon Ecole, clxxiv. fà lettre à Hieron.eft
fuppofee, dxxv. fès Vers dorez-, le«c
éloge a. fon ordre dans fès préceptes,
4. d'où il avoittiré fon T

Table des des Matières.
mon,xlvij. regardez comme morts,
quand ils quittaient leur profeflion,
wid. leur vie, xlviij.
Derniers Pythagoriciens, leurs vifions,
lix. leur erreur fur les dieux, 6.13. fut
les peines de l'autre vie, 124, ils deffcndoienr
de fe tuer, 16$.
Ualitez, les fécondes qualitez font
Q les maladies, cxxxviij.
Quaternaire, nom de Dieu,, ce qu'il fignifie,
lvij. &c. iburce de l'arrangement
du monde, 169. la véritable fignification
de ce mot, 177. d'où Pythagore
avoir tiré cette idée, 35.
Quatre, milieu arithmétique entre un &
fept, 170. renferme la première figure
folide, 171. la première pyramide, 172-
fon eftenduë, ibid. & 3^4, comment
renferme les fbeietez, 364.
R
ÀbbinSjidée qu'ils ontprifêde Pythagore,
lxxvj.
Raifon mifê en cegies par Ariftote, xlvij.
Raifbn fè règle par f inftruc^ion, & la
pafuon par l'habitude, j£.
Raifon, eft la loy naturelle gravée au de-

Table des Matières.
dans de nous , 87. elle eft naturellement
dans l'homme, 79. c'eft Dieu, Se
comment, 129.
Raifonnement, l'abus du raifonnement a
produit la Logique, cxlvij.
Raifonnemens tiennent de la difpofkion
de lame, 104. doivent eftre bien examinez,
105. les vrais font les feuls qui méritent
ce nom, 105.333. les faux ne font
que des abois d'une ame infèniee, 106.
Raifonner avant que d'agir, 1 {1.
Raifons de la Providence, écdenoftreli
berté, 101.
Rats d'or, cxlix.
Recouvrer, le recouvrer foy-mefine,234.
Régime athlétique mauvais, 138^ celuy
qu'on doit choifir, ibid.
Pvegles les plus dures aux plus parfaits,
clxxxiij.
Belle règle pour diûinguer la vertu du vice,
78. 311.
Relafchement une fois receu, n'a plus de
bornes, eviij.
Reminifcence, fuite de la création des
âmes avant les corps, 35.2.
R^enaiflânce de l'homme, 191.
Repentir, montre le vice du choix, 122»
ie commencement de la {àgefle, «$,.
Reipeâ fuit l'amour, cxxj.

j. apu eus matièresi
Reipeft de nous-mefmes, nous éloigne du
nul, 58. 59.
Reuemblance avec Dieu,acquifè,ou eflèncielle
& éternelle, 31. la perfection de
tous les effares raisonnables, 237. (es diffêrens
degrez, 427. 428.
Reflèmblance unit toutes chofês, 230.
Révéler les fëcrets de l'Ecole, l'origine de
ce proverbe, exiv.
Riche au dehors, 123.
Richeflês, ne font qu'un fècours pour le
corps, 152.
Rocher de Tantale, %é. $16.
Rognures des ongles Se des cheveux, ce
qu'elles fîgnifiént, exciij.
Rompre !e pain, Nerompe^pas le pain,
quel fymbole, clxxxviij.
Roftir,iVir roftijfe'^ point ce qui efi bouilli,
quel fymbole, cciij.
Rouget, iVë mangei^pas le rouget, quel
fymbole, clxxxvj.
Rouille,remblême des vices, 5.
S
Acrifices des Payens ne fê rappor-'
toient qu'aux Dieux corporels, lxvj.
Sacrifices qu'on faifoir aux Saifbns, cciij»
Sacrifices doivent réunir les familles,
ccxv.

Table des Matières.
Sacrifices, échantillon de la Philofbphie
my.ftique, 231.420.
Sage, feul fàcrificateur, fêul ami de Dieu,
17. le fâge ne hait perfbnne, 51.
Sageflè, ordre & perre&ion infeparables ,
11.
Saints, idée que les Pythagoriciens en ont
eue, 32.34. 35. le culte qu'ils veulent
qu'on leur rende, 35. 281. 282.
Salière fàn&ifioit la table, cviij. fùperftition
fur les falieres renverfees, fort ancienne,
cix.
Salomon, Proverbe de Saloraon expliqué,
ccxxx.
Salvini, Docteur de Florence cité, 298.
' 2-99- 338.
Salut, la fin tres-glorieufê de tous nos
travaux, 233. l'ouvrage le plus grand
de l'art de l'amour, 234. n'eft nullement
le fruit de Peftude & du fçavoir ,
397-
Santé convenable & fèante au fige, 137.
Saumaifèrepris J 373. ,
Science, il faut ou l'apprendre des autres ,
ou la trouver de foy - mefine, 107. deux
moyens pour la recouvrer, 197. le fruit
de la vérité, 221. fource de douceur
dans les difputes, 334. différente de l'opinion,
342. les Sciences peuvent éclai-

Table des Matières.
rer l'âme, mais non pas la purifier, nf
la perfectionner, 415.
Seclie, poifîbn , fes proprietcz, ccxxvj.
Ne mangt^pas la ftche, quel fymbo-
: le, ibid.
Secours de Dieu toujours neceflàire pour
faire le bien, 177. neceflàire avant tour,
104.
Sel, le fymbole de la juftice, cviij.
Seldinus de dits Syris, repris, ^66.
Semblable connu par le femblable, fauffeté
de ce principe d'Empedocle, xcj.
Sentimens d'un particulier n'ont pas
tant d'autorité que ceux d'un corps ,
239.
Sept, lefeptpourquoy appelle vierge, &
{ans mère, 170. Minerve, 36*.
Serment divin , gardien de l'éternité ,
xcvj. comment lie la créature, ibid.
, d'où Pythagore avoir tiré cette idée,
xcvij. ce que c'eft,20. lien qui unit tout
à Dieu, 21. inné & eflèntiei à toutes
les créatures, ibid. gage de l'éternité,
22. fuite neceflàire de la Loy, 265.
Serment, tout ce qui eft jufte, cvj.
Serment humain, l'image du ferment divin,
ibid. & 2^7-fon oblêrvation maintient
l'ordre & la juftice,t £ù/. (à nature
& fbn but,2i.22.ledépofitairede lacer-

Table des Matières.
tîtude & de la \eàtè y ibid.fes effets jbid*
occafions où il eft permis ou deffendu ,
24.1a rareté en produit, l'obfcrvation,
z y. fidélité du ferment compagne infèarable
de la pieté, ibid. deffendu dans
E:s petites chofès, & pourquoy, itf8.
belle définition du ferment humain, 21.
167. observation du ferment humain *
. une fuite de celle du ferment divin, 2^9.
comment elle nous aflbcie à la fiabilité
. de Dieu, ibid.
Serpent, l'emblème de l'ennemi, ccxxix.
Service rendu à nos pères, plus il eft vil,
f plus il eft honorable, ibid. & 288.
Silence de cinq ans ordonné par Pythagore,
xliij. réduit quelquefois à deux*
ibW. la feule voye de l'inflrudion %
xliv. donne à l'orne la docilité, ibid.
Simplicité outrée, devient mefquinerie 8c
faleté, 146.
Simplicius fur Epi&ete, cité, 302.
Société comment conduit au vice, 58,
Socrate, homme divin, 306. fbn fêntiment,
fur la metempfychofè, lxxxvj.
cité, 128.
Soin, le premier fbin doit eftre celuy de
nous - meftnes, n$ t ordre des foinsque
nous devons avoir, 114.
Soin du corps, quel doit eftre, 13^ foia

Table des Matières.
outré du corps, la première caufe de
fès déreglemens, 139. il doit tendre à
rendre 1 ame plus parfaite, 141. 349.
Soin de l'ame &c du corps perfectionne
l'homme entier, 131.
Solitude, comment conduit au vice, 58.
Sommeil, long fbmmcil blafmé, 53.157.
examen avant le fommeil, 155.
Songes font partagez en divins & humains
, cxxiij. art de les expliquer ,
cxxiv. expliquez par tous les particuliers,
ibii.
Sort, celuy qui ne rapporte pas fon fort à
fa véritable caufe, eft fans confolation ,
S*-
Sort, pour éloignement de Dieu, zoi.
Soumiffion à Dieu volontaire & parfaite,
201,
Splendeurs, fécondes fplendeurs, ce que
c'eft, 279.
Stoïciens, comment ils accordoient la
deftinée avec la liberté, 384.
Sueur pour le gain fait par fbn travail,
cclxxxj. C eft un crime eTofter la futur
avec h fer, quel fymbole, ibid.
Supérieurs doivent eftre honorez, ccxx.
Sybarites, leur grandeur & leur richeflè,
cxviij.
Symbole, fbn double fèns, lij. exiij. fâ

Table des Matières.
force, liij.
SymboleSjle berceau de la morale, clxxvj.
en ufâge en Egypte, en Judée, en Ara -
bie, clxxvij. il faut obeïr à leur double
fèns, 125. préceptes fâcrez donnez fous
des ombres & dès voiles, 116. leur contradiction
apparente, comment conciliée,
128.
s£fM 4 v X M>r > comment employé par
Hicroclés, 408.
T
Able, la table eftoit (âcrée, ccvj.
il eftoit deftendu de ramaflèr ce qui
en eftoit tombé, ibid.
Tantale, fonrocher, %6. yi6.
Tarcyneens, quelle nation, ccxxvi j.
Témérité, mère des vices, cxx. 111.
Tempérance, vertu de tout âge & de tout
{èxe, xxxiij. les biens qu'elle produit,
5^. 57. mère de la libéralité, 70.
La tempérance Se la force, deux gardes
vigilants & incorruptibles, iij.
Temps, la fphere du dernier ciel, & pourquoy,
ex xxvj.
Ternaire, vénération renfermée dans le
ternaire, ce que cela fignifie,ccxix.
Terre, centre de l'Univers, 184.
Tertullien repris,253.

Table des Matières.
Tvtçiumt de Pythagore, 359. 36b.
Thaïes lé fëul des Sages qui s'appliquaft
aux méditations philo lophiques r ij. il
n'eut point demaiftre de fa nation, iij.
Ces connoiuances, xij. fonda la fècte
Ionique, ibid.
Theano, femme de Pythagore, un beau
mot d'elle, clxv.
Théologie de Pythagore, lxj, fcience
theologïque en quoy confifte, 572.
Theon Philofôphe Platonicien, 364.
Timée cité, lxxxv.
Timée de Platon, explication du Timée
de Locres, 243. Sec.
•Timon aceufe Pythagore de vanité ,
cxxix.
Tombeau, Ne dorme'fjpas fur le tombian,
quel fymbole, ccxxxij.
Tonnerre, quel figne,ccxv.
Tournoyement ordonné dans les prières,
& ce qu'il fignifioit, ccxij.
Tout reflèmble au nombre, l'explication
de ce mot, cxliv.
T'races,Efface\de dejfus la cendre les tracts
du pot, quel fymbole, clxxxiv. N'applique
1^ pas le fer fur les traces dt
Chomme, quel fymbole, ccxxxj.
Tradition, comment venue aux Grecs,
x
374.

Table des Matières.
Tranfgreffion de la Loy de Dieu fè fait en
deux manières, 199.
Triangle la plus fimple des figures , reâilignes,
171.
Tribunal de lame, de la confcience, 154.
155- •
Trinité, la fàinte Trinité inconnue* à Pythagore,
ccxix.
Troupeau, pour la multitude, ccxxvij.
Tuer, (è tuer foy-mefme,înjuftice reconnue
des Payens, ce.
V
Ache de pafte offerte en fâctiflce par
les Bramens, cl. origine de cette
couftume, ibid.
Vents pour les {éditions, les révoltes, les
guerres, ccxx.
Venus,la même eftoile que Vefper,cxxxv.
•Vérité, en s'inftruifànt de la vérité on apprend
à réfuter ce qui la combat, 108.
Vérité Se vertu, leurs effets, j. découlent
toujours de l'eflênce du Créateur, 108.
pourquoy neceflàires, zxi.
Vers de Pythagore poutqùoy appeliez
dortfj.^. élemens de perfection, 139.
oracles de la doctrine Pythagoricienne,
ibid. il eftoit ordonné de les lire
tous les foirs à fon coucher, ibid. leur

Table des Matières.
véritable Auteur, 242. deux Vers qui
manquoient au texte, rapportez, 352.
VertUjif n'y a de véritable force, que dans
la vertu, xxxix. Vertu divine & vertu
humaine, 3. vertu divine, cequec'eft,
\6-j.
La vertu nous lie à nos amis, Se la nature
ànosparens,43.
Vertu feule fait le prix des amis 6c des
Saints, ibid.
Vertus qui tiennent le milieu, 61. 299.
leur ordre, ibid. de l'Efprit divin elles
rayonnent dans noftreame, Scdenoftre
ame lur le corps, 6i. 300. les ailles
de l'ame, 194.
Nous devons faire fêrvir à la vertu nos
corps Se nos biens, £5. elle ne peut eftré
confèrvée fans les faines opinions, 66.
tout eft vil Se méprifàblc au prix de la
vertu, 6j. elle feroit inutile, fi l'ame
eftoit mortelle, 71. 72. ce que c'eft que
la vertu, 73. ombres de vertu, 74. la
vertu donne de l'éclat aux maux de
cette vie, 80. tout ce qui n'eft pas vertu,
eft inutile à l'ame, 115. die fe fait choifir
par & propre beauté, 120. image de
Dieu dans l'ame, 177. le comble de la
vertu, 138. rien ne peut la faire, changer,
196. il«ft faux que la pratique des

Table des Matières.
vertus {bit impoffible, 304. la vertu ne
fè forme en nous que par la coopération
de fbn original, 370.
Vertueux, ileft au defTus du vicieux par le
plaiiir mefine, 132.
Viandes, ce mot comprend fout ce qui eft
mortel & corruptible, 225.
Vice, père de l'infidélité,23. de la fuite du
vice naift la vertu, 60. vices de chaque
partie de l'ame, »'£«/. les vices font des
écarts & des éloignemens, de la droite
,raifon, 79.311.
Vicieux, tout vicieux peut s'amander, 79.
ne fçauroit eftre fidelle au ferment, .23.
Victimes artificielles offertes à la place des
naturelles, cxlviij.
Vie, cette vie comparée aux auemblées
d'Olyrhpie , xxv. première vie des
âmes félon les Pythagoriciens, & fès
fuites, cxv. 74. opinion receuë en Judée,
cxv. bonne vie en quoy confifte,
134, vie delicieufè, quelle, ibid. vie doit
eftre réglée fur les règles de Dieu, 12I.
\igné, ZFojfreZ^point dux Dieux de vin
de vigne non taiUét, quel fymbole,ccix.
Villesontbefoindesmefmes remedesque
lame, 420.
Vinaigre, pour le fiel de la fatirc, exciij.
EloigmX^de vous le vinaigrier * quel

'Table des Matières.
fymbole, ibid.
Virgile expliqué, lxxiij. 283.
Ulyflê, pourquoy refufà l'immortalité,
que Calypfo luy ofFroit, xl.
Un, Jeux, quel fymbole, ccxvij.
Union des citoyens, rempart contre la tyrannie,
xxxj.
Unité, principe de tout nombre, renferme
la puiflance de tous les nombres, 17^
Utuvers, comment une image de la beauté
divine, 183. formé fur la mefure &
proportion divine, 375.
Volonté de l'homme influe fur la Providence,
& comment, 94.
Volupté, n'exifte point par elle-merme,
Se eft l'effet d'une a&ion, cix. 132. de
deux fortes, & à quoy comparée, ibid.
Volupté, qui naift dé la vertu, ftablecomme
la vertu mefme, 132. elle fuit toujours
la nature de ce qui l'a produit,
ibid. la volupté du voluptueux imite la
volupté divine, 133.
Utile, il eft plus utile d'eftre puni en cette
vie, que de ne l'eftre pas,85. les feules
• chofes utiles à l'ame, 115.
Y
Vreflè, l'apprentiffage de la manie ,
cxxxix.
Zaleucus
A

Table des Matières.
ZAleucus, fès loix les plus remarquables,
cxliij. &c.
Zamolxis, efclave de Pythagore, devient
un grand Legiflateur, clxj.
Zenon d'Elée, imagina quelques fyllogifmes,
clvij.
Zodiaque, ton obliquité demonfhée pat
Pythagore, xxiij.
Zones, imaginées par Pythagore, cxxxv.
Zoroaftre, plus ancien que Pythagore ,
xxiij. Ces livres de magie, cxxv.
Remarque oubliée au bas de la page
div. de la Vie de Pythagore.
Il fit un Inflrummt de la muraille dtfa
chambre, avec des pieux qui tenaient lieu
de chevilles, &c. ] Plufieurs Auteurs an-
.ciens ont rapporté cette expérience de Pythagore,
comme très certaine. Gaudentius
-dans ion Introduction harmonique, pages
13.&14. Nicomachus dans fon Manuel
harmonique, liv. 1. Macrobe, liv. t. chapitre
1. Boe'ce, liv. 1. de la Mufique chap.
10. & Jamblique, chap. x€. delà Vie de
Pythagore. Les modernes fe font partagez

-fur ce f'ujct. Le Père Merfènne dans le 4.
liv. de l'Harmonie, & dans fes Observations
Phyfiques & Mathématiques ; & le
P. Fabri dans là Phyfique, tome 2. liv 2.
fouftiennent que cette expérience eft faut-
Ce.
Le Père Kircher aflèure qu'il l'a faite
luy-mefme, & qu'il l'a trouvée tres-veritable
: voicy Tes propres paroles ; Mufurg.
Vniverfal. lib. ix. Muficam Pytbagtricam,
dit-il, ad malleos confiitutam diverfis
in locis coram diverfis Principibus
tanto citm plaufu & adrnirationt exhibuimus,
ut ejus repetitiom vix fatiari
pojfe videnntur: Nous avons fait en différents
lieux devant plufieurs Princes, &
gens de la première qualité l'épreuve de la
Aiufiqut Pythagoricienne aux marteaux,
avec tant d'applaudijfement & defuccis,
que pleins £ admiration ils ne pouvaient ft
lajfer de la faire repeter.
Le Père Gafpard Schot dans fon liv.
-de la Magie univerfelle part, 1. liv. 6. &
dans ù. Mechanique. hydraulicopneumatique,
part. 1. approuve ce que dit Kircher,
& blafine ceux qui ont ofè accufer
de fauflètc cette expérience.
Il ne m'appartient pas de vuider ce
•différent >c'eft à ceux qui font profonds

Privilège du Roy.
LOUIS par la grâce de Dieu Roy de France
8c de Navarre, A nos amez & féaux Confèillers
les gens tenans nos cours de Parlemcnr,
Maiftres des Requeftes ordinaires de noftre Hottel,
grand Confeil, Prevoft de Paris, Baillifs, Se»
nef chaux , leurs Lieutenans civils Se autres no*
Jufticiers qu'il appartiendra, Salut. Le Sieur André
Dacier de l'Académie Françoifè, 8c de no/tre
Académie Royale de; Inlcriptions, nous a fait
remontrer qu'outre plufieurs ouvrages tant de fa
compofition que de celle de la Pâme Anne le F&
vre (a femme, c'y devant imprimez : en vertu de
nos Lettres de Privilège, ils travaillent encore à
d'autres ouvrages pour l'impreffion des quels
Us nous ont fait fupplier de leur accorder sotS
nos Lettres de Privilège. A ces caufès ; voulant
favorablement traiter lefdits Sieur & Dame Dacier;
nous leurs avons permis & accorde*, permettons
& accordons par ces prefentes, de faire
imprimer par tel Libraire od Imprimeur qu'ils
voudront choifir: Toutes les Tradudions & autres
ouvrages de leurs compofition, cy-devant imfrisue^ou
à imprimer, en telle forme, marge,caractère,
en autant de volumes, conjointement ou feparément,
& autant de fois que bon leur fcmblera
pendant le temps de quinze années confècutives,
a comter, a l'elgard des ouvrages cy devant imprimez,
du" jour de l'expiration des précédais Privilèges,
& a l'égard de ceux qui feront imprimez
cy-apres & de leur vivant, du jour que chacun
deldits ouvrages fera achevé d'imprimer pour la
première fois i & de les faire vendre & diftnbuer

par tout noftre Royaume : fâifânt défénfe a tonj
Libraires, Imprimeurs & autres, d'imprimer,
faire imprimer, vendre & distribuer lefdits ouvrages
(bus quelque prétexte que ce (oit, meime
d'imprefEon eftrangere & autrement, (âas le
consentement des eipofants, ou de leurs ayant
caufe ; fur peines de confifcation des exemplaires
contrefaits , de trois mille livres d'amende applicables
, un tiers à nous, un tiers à l'Hoftel-Dien
de Paris, l'autre aufdits Expofants, & de tous dé'
pens, dommages & interefts ; a la charge d'en
mettre deux exemplaires en noftreîBihliotheque
publique, un dans le Cabinet des livres de noftre
Chafteau du Louvre, & un en celle de noftre très
cher & féal Chevalier Chancelier de France It
Sieur Phelypeauxde Pontchartrain, Comman»
deur de nos ordre, avant que de les expofer en.
vente ; de faire imprimer lesdits ouvrages dans
noftre royaume & r non 4 ailleurs, en beau caractère
& papier, fuivant ce qui eft porté par les Re-r
glemens des années itfiS. Se zsig. 8c de faire enicgiftrer
les preiêntes es regiftres de la Communuaté
des Marchands Libraires de noftre bonna
Ville de Paris ; le tout a peine de nulité d'icelles ;
du Contenu defquellcs Nous vous mandons M
enjoignons de faire jouir les expofants ou leurs
ayant caufe pleinement St paisiblement ; ce/Tant
& faifant ceflèr tons troubles & empêchements
contraires. Voulons que la copie ou Extrait tlefdites
preiêntes qui feraau commencement, ou a
la fin defdits ouvrages, (bit tenue pour duëment
lignifiée : & qu'aux-copies collationées par l'un
de nos amez & féaux Conlêillers Secrétaires, foy
foit ajouftée comme a l'original ; Commandons
an premier noftre Huiflïcr ou Sergent, de faire
P "j

,. pour l'éxecution des prefèntes, toutes fignificitions,
deffenfcs, (ailles & autres aftes requis &
neceflaires, fans demauder autie permiflîon , &
nobnoftam clameur de Haro, Chartres Normandes
& Lettres à ce contraires : Car tel eft noftre
plaifir. Donné à Verfailles le vingt nniefmejour
de Décembre l'Ande grâce mil fept cents, & de
noftre régne le cinquante huitième. Signé, Par
le Roy en fon Confeil, Li C o M r s. &fceUi
du grand Sceau de cire jaune.
Regiftré fur le Livre de la Communauté' des
Imprimeurs & Libraires , conformément aux
Reglemens. A Paris le 13. Décembre 1700 Sfné
C. B A L 1 A K..O , Syndic. £nrcgiftré ceclxvi/.
des privilèges de noftre Syndicat.
J'aycedé a M. Rigaud,le Privilège quej'ay
obtenu du Roy, en datte du'v- Décembre 1700.
pour quinze années, regiftré fur le Livre de la
Communauté des Libraires & Imprimeurs de
Paris le 13. Décembre de la nvfmc animée, pour
Timprefllon d La Vie de Pythagore.& dis Commentaire
d , Hieroc!es,fHr tes vers dorez.ii te Philofofhe;
Se feulement pour la première édition
qui va cftre achevée en deux volumes Fait à
Paris le 16. Décembre 17 05. Signé, D A C 1 s R.
Regiftré fur le Regiftré No. 1 de la Commu-
* ramé des Imprimeurs & Libraires de Paris, fuir
yant leurs Reglemens. A Paris ce vingt-cmejuiéme
pur de Janvier 1706. page 63. du Regiftré.
'Signé GUEKIN. Syndic.
f Bayerische 1
| Staatsbibltothek I
l MOnchen I