Journal 6/11 - BSLA

les tâches vont de la configuration du jardin de devant
à la gestion régionale du paysage. cette ampleur de la
thématique, que nous avons voulu en fait également
rendre avec le thème du congrès Scales of nature,
fait qu’il n’est pas simple de détecter des tendances
claires. Les thèmes qui vont continuer à nous interpeller
intensément à l’avenir sont sûrement ceux liés
au changement climatique. D’autres sont la pression
croissante sur le paysage par l’urbanisation et par
l’utilisation accrue de l’eau, du vent, de la biomasse,
etc. comme ressources pour les énergies durables. en
raison des événements récents dans le monde arabe,
on réfléchit également de manière plus intensive sur
le rôle des paysages urbains, des parcs et des places
en tant qu’espaces sociaux. De par leur engagement
inter- disciplinaire, les architectes paysagistes jouent
de plus en plus des rôles prépondérants dans ces
processus d’évolution qui deviennent toujours plus
complexes.
La politique a donc passé avant l’esthétique
Oui et je pense que c’était bien que, pour une fois,
l’esthétique est restée quelque peu à l’arrière-plan. Il y
a des questions plus fonda- mentales qui nécessitent
des discussions. La qualité de la place Tahrir au caire
n’est finalement pas déterminée par le fait que les
bancs qui s’y trouvent sont en fonte ou en acier chromé
mais par le fait de savoir si elle pourra être cernée
par un cordon de police ou non.
Quelle est la renommée des architectes paysagistes
suisses au niveau mondial
Excellente, c’est ce que l’on a pu sans cesse constater
pendant le congrès. elle est marquée par une riche
histoire et a toujours continué à apporter, depuis le
19ème siècle, des contributions originales et à donner
des personnalités importantes et elle a récemment fait
parler d’elle avec des projets innovateurs. c’est aussi
ce qui a été l’une des raisons pour inviter le monde de
l’architecture paysagiste à zurich puisque beaucoup
de ces temps forts sont concentrés ici.
Y-a-t-il encore des particularités locales dans notre
monde mondialisé
Absolument. c’est moins le mérite des collègues que
fondé dans la discipline architecture paysagiste ellemême.
etant donné que, par définition, le paysage est
ancré dans le territoire et la zone de végétation aussi
bien que dans la culture, il en résulte presque obligatoirement
des différences régionales. Les projets
d’architecture paysagiste sont des réponses d’une
société spécifique à des questions spécifiques pour un
espace spécifique et sont donc en fait toujours «particuliers».
La remise de la Topos Landscape Award 2011 a également
eu lieu dans le cadre du congrès de l’IFLA. ce
prix a été attribué à l’architecte paysagiste Antje Stokman,
professeure à l’université Leibniz de Hanovre et
partenaire du cabinet OSP Urbanelandschaften. Que
signifie le prix pour vous et pour le corps de métier
des architectes paysagistes
Je suis contente qu’avec ce prix ma méthode de travail
interdisciplinaire orientée sur le travail en équipe
soit récompensée et non pas le travail d’un bureau de
planification classique, pas des projets construits mais
l’incitation à de nouvelles idées et méthodes et à des
thèmes nouveaux dans l’architecture paysagiste.
Quel effet le prix peut-il avoir
Je pense qu’il doit envoyer un signal et donner du
courage à tous les architectes paysagistes pour
surmonter le clivage de la propre discipline entre la
planification du projet et la planification du paysage et
pour s’immiscer de manière offensive dans la participation
sur un pied d’égalité aux décisions en matière
de développement territorial, de planification urbaine
et d’ingénierie.
Le réchauffement climatique et l’écologie sont des
aspects récents de votre spécialité. Quelles sont les
tâches les plus urgentes
Le 21ème siècle offre, en raison de l’importance croissante
de ces aspects, la possibilité pour l’architecture
paysagiste de jouer un rôle prépondérant dans le
développement et la réalisation d’une infrastructure
paysagiste pour nos villes. La nécessité de l’utilisation
accrue des énergies renouve- lables parallèlement à
une économie d’énergie et le danger croissant dû à la
pénurie d’eau potable et aux crues requièrent des reconversions
techniques fondamentales du système et
créent de nouveaux champs d’activité qui ne peuvent
pas être résolus par les seuls ingénieurs.
Mais comment exactement les architectes paysagistes
prennent-ils le relais
Pour de nombreux thèmes, par exemple la valorisation
de la biomasse, la promotion des formes de mobilité
écologiques ou la montée du niveau de la mer, il ne
peut pas s’agir seulement de solutions purement techniques
mais au contraire il s’agit, de manière égale,
de leur intégration architecturale et écologique dans
l’espace urbain et paysager en tant que contribution à
la réalisation d’espaces de vie humains et naturels.
De manière générale, est-ce que l’on perçoit que la
discipline et l’ampleur de sa thématique ont changé
Les architectes paysagistes sont souvent réduits à un
rôle de planificateur spécialisé: soit celui des éternels
agrémenteurs, soit celui des éternels protecteurs de
la nature. Malheureusement, les architectes paysagistes
se conforment souvent à ces stéréotypes et
laissent la réalisation des contextes fonctionnels et
de grande envergure du développement du territoire
à d’autres professions. c’est pourquoi, il est important
de se remettre à l’esprit la force holistique propre de
l’ensemble de la discipline: la réalisation d’une interaction
intégrante et équilibrée entre les processus écologiques
et la forme construite. Sur la base de ces aptitudes,
les architectes paysagistes doivent développer
la confiance en soi, s’immiscer dans des questions
fondamentales du développement des infrastructures
et du développement urbain pour collaborer sur un
pied d’égalité avec les architectes, les planificateurs
urbains et les ingénieurs des premières réflexions sur
la conception à la réalisation de la construction.
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