Chronologie de la construction du MusÃ©e - Invisu

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Concours pour le musée des Antiquités égyptiennes du Caire : chronologie des sources Hors cela, ses fouilles furent peu importantes et généralement malheureuses, mais il savait les mettre en relief dans des articles écrits aux Débats. [Grébaut est «débarqué»] P. 342 : Un beau jour, Trigane [Tigrane] Pacha, ministre des Affaires étrangères, m’avait invité à dîner […] : « – Tenez, M. de Morgan, voilà un projet de réorganisation du service des Antiquités, il est de Sir Collin Scott-Moncrieff [sic]. » […] – Fort bien Excellence, merci, je vais l’emporter chez moi, le lire avec attention, et dès demain, j’irai en causer avec Sir Evelyn Barring [sic]. » […] Jamais, je n’ai parlé de ce projet à Sir Evelyn, jamais son auteur Sir Collin ne m’en a entretenu, et j’ai conservé ce mémoire qui m’a été un guide précieux dans mes relations avec les Anglais. P. 342-343 : L’Égypte à cette époque faisait encore partie de l’Empire turc, le sultan était le suzerain du khédive et le nommait par firman. Aussi les représentants des puissances étrangères ne pouvaientils porter officiellement que le titre de consul général, mais tous étaient des diplomates de carrière, des ministres plénipotentiaires de première classe et Le Caire était généralement pour eux le vestibule d’une ambassade. P. 343 : La Caisse de la Dette constituait au Caire un second corps diplomatique. […] L’hiver au Caire, c’était un va-et-vient de princes, de grands savants, de gens de marque, tous plus intéressants les uns que les autres. P. 343-344 : Au musée de Ghizeh, ancien palais d’Ismaïl Pacha, cinquante salles environ étaient ouvertes au public mais les autres, qui tenaient lieu de magasins, étaient encombrées d’objets remarquables. Le temps avait manqué, me dit-on, pour exposer ces collections. Mon premier soin fut de mettre le musée en état, de vider les magasins et d’exposer au public tout ce qui méritait de l’être. A l’automne [1892], 46 salles nouvelles étaient ouvertes à la grande joie des touristes qui commençaient à débarquer en Égypte. 1892 Rapport de Jacques de Morgan au ministre de l’Instruction Publique et des Beaux arts, le 25 mars 1892. Quitté Marseille le 21 février 1892 et arrivé au Caire le 28. Conseil auprès de l’agent diplomatique, puis allé à Ghizeh voir Grébaut directeur général des antiquités. (AN, F 17 17240, dossier « Fouilles et Musées d’Égypte », sous-dossier « Musée d’Archéologie (Musée de Ghizeh) ») Mémoires de Jacques de Morgan 1857-1924, Souvenirs d’un archéologue, publiés par Andrée Jaunay, Paris, L’Harmattan, 1997 P. 356 : Parmi mes devoirs, se trouvait celui de réunir la fameuse Commission des Antiquités. Je résumai tous les sujets à traiter rentrant dans ses attributions et convoquai les divers membres : Moustapha Pacha Fehmy, président du conseil des ministres. Artin Pacha, ministre de l’Instruction publique. Tigrane Pacha, ministre des Affaires étrangères. Sir Collin Scott-Moncrieff [sic], sous-secrétaire d’État aux Travaux publics. Barois, secrétaire général aux Travaux publics. J’en étais le président. « – Messieurs, leur dis-je, bien que je ne sois qu’intérimaire, il convenait que je vous rendisse compte de ce qui s’est passé depuis mon arrivée dans le service des Antiquités car considérant ma mission comme terminée pour le moment, je compte repartir sous peu pour la France, laissant d’ailleurs le service assuré en l’absence de M. Grébaut. » Cette désinvolture abasourdit mon auditoire, personne ne réclama, et chacun se dit, voilà un directeur général qui ne se laissera pas rouler, mieux vaut vivre avec lui en bonne harmonie. Ainsi je ne demandais même pas un congé, je notifiais mon départ. C’était montrer que tant que je n’étais pas officiellement nommé, je me considérais comme fonctionnaire français et non égyptien, et que du jour où je serais nommé, j’entendais traiter d’égal à égal, avec les membres d’une commission, dont on m’avait nommé président. Jamais pendant six ans, je n’ai éprouvé la moindre difficulté avec ce comité qui faisait la terreur de Grébaut. C’est que Grébaut ne savait pas s’y prendre [ce n’est pas exact, les Archives diplomatiques à
Concours pour le musée des Antiquités égyptiennes du Caire : chronologie des sources Nantes, agence diplomatique du Caire, montrent que les difficultés de J. de Morgan ont augmenté dans les années 1896 et 1897 et ont certainement conduit à son départ]. P. 357-359 : Mon personnel dans le service des Antiquités était assez nombreux et de qualité médiocre : environ quatre cents gardiens disséminés dans toute l’Égypte, douze inspecteur égyptiens plus fripons les uns que les autres, un conservateur adjoint égyptien, Akhmed Bey Kamal assez bon homme, un autre Européen, Daressy, esprit très borné, enfin le fameux Brugsch Bey conservateur et par suite mon second. Les bureaux étaient représentés par Bazil, le demi-frère de Maspero, comptable et chef au secrétariat, et une demi-douzaine d’écrivains indigènes placés sous ses ordres. A. Barsanti, ancien marbrier sculpteur, devenu réparateur, tenait lieu d’inspecteur européen. J’avais donc un égyptologue supplémentaire, Virey, qui m’avait été attribué, très fort mais un peu empoté. Je le mis au catalogue du musée, travail qui lui convenait et dont il s’acquitta fort bien. Ainsi nous étions cinq Européens pour tenir en ordre le musée de 96 salles, pour recevoir les visiteurs de marque, faire les douilles, les relevés et les publications. Et cela suffisait. […] A côté du service des Antiquités, se trouvaient d’autres ressources : celles de l’Institut français d’archéologie orientale au Caire ; Bouriant en était de directeur, Gustave Jéquier, Georges Legrain, Casanova, en étaient les attachés. Bouriant était un excellent homme et un savant très modeste quoique de grande valeur. Tout jeune, il avait fait la campagne de 1870 dans l’Infanterie de marine et il avait été l’un de ces héros qui prirent, reprirent et défendirent l’église de Bazeilles. Une balle lui avait traversé la cuisse et, blessé il avait été emporté en Belgique, je ne sais comment, en sorte que s’étant guéri, il passa dans l’Armée du Nord et vit encore le feu à Bapaume. Malheureusement pour lui, il avait épousé une jeune fille du canal de Suez ; elle ne lui apporta que des dettes et des goûts de dépenses et fut le malheur de sa vie. Vers 1900, se trouvant à découvert vis-à-vis de l’État pour une somme importante, il eut une attaque de paralysie cérébrale et, après une affreuse et longue agonie, mourut. Sa misérable femme l’avait tué. Gustave Jéquier était un Suisse d’excellente famille dont je reparlerai plus loin car il devint mon attaché et ami quand je partis pour la Perse. Georges Legrain était un enfant de Paris, très intelligent, très spirituel, très instruit. Fils d’un ouvrier typographe, il avait débuté en apprentissage chez un dessinateur de papiers peints. Doué d’aptitudes remarquables, il parvint vite à gagner sa vie, puis cultivant toujours le dessin, entra aux Beaux-Arts peinture, mais ne réussit pas. Grâce à son talent, il gagnait quelque argent en faisant des dessins pour les éditeurs. Il suivit alors les cours de Revillout au Louvre, mais n’étant pas bachelier, manquait des bases d’instruction si nécessaires dans la carrière scientifique. Casanova était un Corse arabisant, corse jusqu’au bout des ongles. Jaloux et désagréable à autrui, paresseux, il ne perça pas. J’oubliais Boussac, dessinateur de mérite, mais ignorant et vaniteux, on ne le voyait d’ailleurs jamais, enterré qu’il était à Thèbes, dans des tombeaux où lentement il peignait de très belles mais très inutiles aquarelles. Puis il y avait les fouilleurs étrangers : Édouard Naville un Suisse travaillant pour une société anglaise Egypt Exploration Fund. Flinders Petrie fils naturel d’un capitaine de bateau anglais, un practical digger sans instruction et qui cependant est parvenu à se faire une réputation au milieu de ses compatriotes. Ayant beaucoup fouillé et tout publié, ses livres sont fort utiles. J’avais donc, d’une part à me méfier de Petrie et de Naville, et d’autre part à encourager Bouriant, Legrain et Jéquier. P. 380 : Cette puissante société [Egypt Exploration Fund], très appuyée à Londres par Sir Evelyn Barring [sic], avait pour objet de contrebalancer ou même détruire, vis-à-vis du grand public anglais, le prestige du service français des Antiquités. Les touristes anglais ne juraient que par elle, ne demandaient à voir que ses travaux parce qu’ils étaient british et de savants professeurs anglais qui passaient chaque année leur hiver en Égypte, entretenaient l’enthousiasme chez leurs compatriotes. Un fouilleur anglais, plus spécialement, jouait un rôle très important, c’était Flinders Petrie qui en Angleterre passait pour un génie. Il était devenu archéologue en Égypte, peu à peu. Il fouillait fort bien, mais il lui manquait la base scientifique indispensable. En Égypte, il se considérait en pays conquis, il causait souvent de grands ennuis, en demandant des terrains que le service des Antiquités se réservait.
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