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rapport - Faculté de Médecine

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La langue : bien que la langue nationale soit le français, une infime partie <strong>de</strong> la population<br />

rurale s'exprime dans cette langue. Le Burkina Faso compte, en effet, plus d'une soixantaine d'<br />

ethnies et tout autant <strong>de</strong> dialectes. Le Dr Zala est <strong>de</strong> langue maternelle Dioula et s'exprime <strong>de</strong> façon<br />

convenable en mooré, les <strong>de</strong>ux langues principales ; il n'est pourtant pas rare qu'il ait besoin d'un<br />

interprète pour comprendre ou expliquer <strong>de</strong>s notions à <strong>de</strong>s patients.<br />

L'analphabétisme et le niveau <strong>de</strong> connaissances : le taux <strong>de</strong> scolarisation est très faible au<br />

Burkina Faso, une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s patients et <strong>de</strong>s mères d'enfants mala<strong>de</strong>s que nous avons<br />

rencontrés étaient analphabètes. Nous aimerions insister sur les conséquences directes <strong>de</strong> ce<br />

problème dans la relation thérapeutique.<br />

Lors <strong>de</strong>s causeries au CREN, les animatrices utilisent un langage imagé et font référence à<br />

<strong>de</strong>s symboles précis pour sensibiliser les femmes ou leur faire comprendre <strong>de</strong>s notions essentielles.<br />

Par exemple, lors <strong>de</strong> la causerie sur les groupes alimentaires, les animatrices donnent aux femmes<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ssins représentant une case, un feu et un ca<strong>de</strong>nas, puis leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> chercher <strong>de</strong>s mots<br />

en relation avec ces images. Les animatrices amènent les femmes à parler <strong>de</strong> construction, d'énergie<br />

et <strong>de</strong> protection, valeurs essentielles à la vie et qui doivent se retrouver dans une alimentation<br />

équilibrée. Les aliments constructeurs regroupent la vian<strong>de</strong>, les oeufs, le poisson et le lait; les<br />

aliments énergétiques, les céréales <strong>de</strong> tout type, les tubercules, les noix, le sucre et l'huile, et enfin<br />

les aliments protecteurs sont les fruits et les légumes. Un élément <strong>de</strong> chaque groupe d'aliment doit<br />

être consommé chaque jour. Les animatrices répètent ces notions jusqu'à ce que les femmes les aient<br />

intégrées. Nous avons vite compris qu'il n'était pas utile <strong>de</strong> parler <strong>de</strong> gluci<strong>de</strong>s, <strong>de</strong> lipi<strong>de</strong>s et <strong>de</strong><br />

proti<strong>de</strong>s et qu'en utilisant ces symboles les animatrices réussissaient à faire passer le message.<br />

Lors <strong>de</strong> ses consultations, le Docteur Zala se heurte également à <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong><br />

communication liés au manque <strong>de</strong> compréhension <strong>de</strong>s patients. Ces difficultés l'obligent à répéter <strong>de</strong><br />

nombreuses fois les posologies, sans avoir la certitu<strong>de</strong> que les mères comprennent, et vont jusqu'à<br />

limiter les médicaments que le Docteur Zala peut prescrire. En effet, malgré <strong>de</strong> nombreuses<br />

tentatives d'explications et <strong>de</strong> démonstrations, la plupart <strong>de</strong>s mères ne comprennent pas comment<br />

utiliser ou administrer certains médicaments. Il ne peut pas, par exemple, prescrire <strong>de</strong>s flacons <strong>de</strong><br />

sirop avec <strong>de</strong>s bouchons <strong>de</strong> sécurité, car les femmes n’arrivent pas à les ouvrir. Il n’est jamais sûr<br />

non plus qu’une femme en sortant <strong>de</strong> son bureau va acheter et donner les médicaments à son enfant.<br />

Il n’est pas rare, en effet, que celles-ci reviennent en consultation trois jours plus tard avec les<br />

médicaments mais sans avoir commencé le traitement, ne sachant plus quand ou comment les<br />

donner à l’enfant.<br />

Le docteur Zala doit donc faire preuve <strong>de</strong> patience, répéter ses recommandations et surtout s’assurer<br />

que la mère intègre les informations. Il assure un suivi très rapproché <strong>de</strong> l’enfant en <strong>de</strong>mandant à la<br />

mère <strong>de</strong> revenir tous les <strong>de</strong>ux jours, et arrive, ainsi, à limiter les risques d’une mauvaise prise en<br />

charge.<br />

Les croyances : pour gagner la confiance <strong>de</strong>s mères et obtenir une bonne adhérence<br />

thérapeutique, le me<strong>de</strong>cin doit tenir compte <strong>de</strong>s croyances et <strong>de</strong>s représentations que celles-ci ont<br />

<strong>de</strong>s maladies. Or, au Burkina Faso, cela peut s’avérer très difficile, les croyances étant parfois<br />

diamétralement opposées à la pratique <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine mo<strong>de</strong>rne. Prenons l’exemple <strong>de</strong>s mixtures<br />

laxatives. Les mères les admininistrent dans le but <strong>de</strong> purifier le corps <strong>de</strong> leur enfant mala<strong>de</strong> mais<br />

dans bien <strong>de</strong>s cas cela est en contradiction avec les mesures <strong>de</strong> réhydratation et les traitements<br />

antidiarrhéiques prescrits par le mé<strong>de</strong>cin. Cette pratique n’est pas une exception, le docteur Zala et<br />

les infirmiers doivent chaque jour tenter d’expliquer à <strong>de</strong> nombreuses mères que les <strong>de</strong>ux<br />

traitements ne sont pas compatibles et qu’elle doivent faire confiance à la mé<strong>de</strong>cine mo<strong>de</strong>rne.<br />

Les barrières à la communication transforment les pratiques médicales les plus simples en<br />

véritable casse-tête. Comme le répète souvent le Docteur Zala : « Au Faso, tout <strong>de</strong>vient<br />

compliqué ! »<br />

Somalie<br />

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