rapport - Faculté de Médecine

exemple aux mères de donner les caractéristiques spécifiques d'un marasme et d'un kwashiorkor. Il
nous explique par la suite qu'il n'est pas utile pour les mères de savoir poser un diagnostic mais que
cela leur fait prendre conscience de la gravité de ces pathologies et leur permet de reconnaître assez
tôt si un enfant est malnutri. Les femmes sont attentives mais leur attitude est variable : certaines
prennent la parole facilement tandis que d'autres plus réservées attendent d'être interrogées.
Le but de l'évaluation est de rédiger un rapport qui rendra compte de l'efficacité du travail
des animatrices. C'est pour cela qu'Etienne observe aussi bien les connaissances des mères que l'état
nutritionnel des enfants du village et les conditions dans lesquelles les animatrices ont réalisé leur
travail. Il observe le cahier de suivi où le poids et la taille de chaque enfant est noté une fois par
mois ; quelques calculs sur des enfants pris au hasard lui permettent de voir si le gain de poids est
convenable. Il inspecte le matériel et remarque que les animatrices ne sont pas équipées de balances
assez précises pour peser des enfants de plus de 10kg ; ceci est problématique et devra être amélioré.
En quittant le village, Étienne est satisfait. L'action des animatrices a porté ses fruits ; les cas
d'enfants malnutris sont rares et les femmes ont pris conscience de l'importance d'une bonne
alimentation. Le rapport sera envoyé aux organismes internationaux qui financent les actions de la
maison de la femme et permettra de leur montrer les bénéfices de leurs investissements.
6.5 L'association Jeremi Rhônes Alpes
L'association Jeremi Rhône Alpes (Jumelage et Rencontre pour l'Entraide Médicale
Internationale) est une ONG fondée en 1994 par des pédiatres Rhône-Alpins en collaboration avec
le Docteur Zala. L'association oeuvre pour l'amélioration de l'état nutritionnel et sanitaire au Burkina
Faso et à Madagascar. Ses objectifs sont la coopération, le développement à long terme, la formation
et l'autonomie des pays. L'association Jeremi Rhône Alpes est composée d'un comité central à Lyon
de quatorze personnes, dont la présidente est Brigitte Burley-Vienney, et d'une centaine d'adhérents.
L'association est financée par les côtisations des membres, par des dons et par une contribution
minimale des personnes prises en charge par l'association. Elle est entièrement gérée de façon
bénévole par les membres.
La création de cette association à Ouahigouya a été motivée par le nombre d'hospitalisations
toujours croissant pour cause de malnutrition et par l'échec relatif des stratégies d'aide massive et
ponctuelle qui luttaient contre la malnutrition jusque-là. Jeremi Rhône Alpes a donc proposé de
développer un programme de prévention intervenant sur le terrain, en amont de l'hôpital, afin de
décharger ce dernier qui se présentait comme le seul recours, souvent trop tardif, offert à ces
familles démunies.
Le projet, intitulé PLMVO (Programme de Lutte contre la Malnutrition de la Ville de
Ouahigouya), a été mis en place en 1996 avec l'appui des autorités sanitaires et administratives.
D'après les données du service pédiatrique du centre hospitalier régional de Ouahigouya où
travaillait le docteur Zala, deux secteurs de la ville, d’où provient le plus grand nombre d'enfants
malnutris hospitalisés, ont été choisis pour bénéficier du programme. Le projet reposait sur la
formation et l'embauche de deux animatrices. Leur mission était tout d'abord de recenser, en se
rendant au domicile des parents, tous les nourrissons âgés de 6 à 36 mois afin de dépister, au plus
tôt, l'apparition des premiers signes cliniques de malnutrition, puis d'instaurer un suivi régulier des
enfants (pesée, courbe de croissance, contrôle des vaccinations, prévention des anémies et des
parasitoses intestinales) au niveau des dispensaires des quartiers de Naba Tigre et de Bingo.
L'association ne prend pas en charge financièrement le traitement des enfants mais les réfère à
d'autres associations ou à l'hôpital. Le rôle des animatrices était également d'apporter des conseils
personnalisés ou communautaires sous forme de causeries afin de sensibiliser les mères à de
nombreux problèmes comme l'hygiène, le planning familial, l'eau ou les maladies endémiques telles
que le paludisme ou les IST et de leur apprendre à réaliser des bouillies enrichies.
Afin d'apprécier objectivement l'efficacité du projet, deux évaluations de l'état nutritionnel
de la population des secteurs concernés ont été réalisées : une enquête préliminaire en avril 1996 et
une seconde enquête trois ans plus tard. L'interprétation des données, confiées au Centre Rhône
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