Parce que je suis une fille - Droits des filles

maintenu l’espoir vivant dans mon
cœur, c’est d’échanger des mails et des
appels téléphoniques avec mes amis
israéliens, ceux que j’ai rencontrés au
camp organisé par Germes de paix. Ce
sont des gens comme Julia qui m’ont
permis de conserver mon enthousiasme
pour la paix et pour un avenir meilleur...
Cela a beaucoup compté pour moi
d’entendre Julia condamner des actes
inhumains quels qu’en soient les auteurs
ou leur nationalité. Je me pose toujours
la question de savoir pourquoi je dois
voir tuer chaque jour d’innocents civils
palestiniens? Pourquoi dois-je voir tuer
chaque jour d’innocents civils israéliens?
Pourquoi ai-je du voir tuer trois mille
Américains le 11 septembre? La réponse
est la suivante, je crois que c’est pour la
tâche qui m’incombe, ma mission, une
tâche que nous devons tous accomplir:
travailler pour un avenir meilleur, si ce
n’est pour nous, pour nos enfants.” 126
Afin que les filles puissent poursuivre
leurs vies en tirant les enseignements
des expériences négatives ou positives
qu’elles ont eues, il convient d’adopter une
Effectifs des réfugiés scolarisés
par classe et par sexe, 2002 (%)
Classe
Chapter 4
Pourcentage
garçons
Pourcentage
filles
Pré-scolaire 50 50
1ère classe 55 45
2ème classe 58 42
3ème classe 58 42
4ème classe 59 41
5ème classe 62 38
6ème classe 64 36
7ème classe 64 36
8ème classe 64 36
9ème classe 66 34
10ème classe 67 33
11ème classe 71 29
12ème classe 66 34
UNHCR 2002 Statistiques de l’éducation, Enquête mondiale sur
l’éducation dans les situations d’urgence, Commission des Femmes
pour les Femmes et les Enfants réfugiés, février 2004, http://
www.womenscommission.org/pdf/Ed_Emerg.pdf
démarche holistique qui les reconnaisse en
tant que filles, sans les traiter uniquement
en victimes et en leur accordant l’espace et
le respect qu’elles requièrent pour participer
à la société. Elles ont le droit d’être écoutées
et reconnues en tant que détentrices de
connaissances légitimes et d’expériences
qu’elles peuvent apporter, en leur
permettant d’avoir un espace de rencontre
avec des pairs ainsi qu’avec des adultes et en
soutenant une éducation et une formation
appropriées à leurs vies. On relève dans un
rapport concernant des ex-combattantes
que: “Les filles et les jeunes femmes qui
retournent dans leurs communautés ont
besoin de savoir qu’il y a dans leur vie des
adultes qui exerceront une influence positive
et qu’elles ne seront plus contrôlées par
des hommes violents, comme c’était le cas
lorsqu’elles étaient captives.” Le rapport
note encore: “Elles ont besoin de voir que
bien qu’elles aient changé, elles ont une
place et un avenir dans la communauté vers
laquelle elles sont retournées et également
que la contribution qu’elles peuvent y faire
est importante.” 127 Ce deuxième point
s’applique à presque toutes les filles dans
des zones de conflit, qu’elles aient ou non
directement participé à des combats.
Afin que cela puisse se réaliser, les
institutions d’adultes et les adultes doivent
reconnaître la contribution que les filles et
les jeunes femmes peuvent apporter dans
ces circonstances tout en veillant, en même
temps, à ne pas leur faire sentir qu’elles sont
responsables de la solution de problèmes
Cours de
langue pour
des jeunes
femmes dans
un centre de
traitement
post
traumatique
en Bosnie
PETER BARKER / PANOS PICTURES
que les adultes ont créés dans leurs sociétés.
Si l’on fait quelquefois appel aux jeunes
femmes dans les activités de consolidation
de la paix et de reconstruction, on les
désigne rarement spécifiquement pour
entreprendre une action. Souvent – comme
le précise la Résolution 1325 du Conseil de
Sécurité des Nations Unies – les activités sont
conçues pour appuyer la participation des
femmes aux efforts de consolidation de la
paix. La Convention des Nations Unies des
droits de l’Enfant inscrit la promotion de la
participation des jeunes dans les décisions
affectant leurs vies, et les opinions des
enfants ont été recueillies lors des processus
de paix en Irlande du Nord, au Sri Lanka, au
Soudan et en Colombie. Mais comprendre
que les filles possèdent la force, les aptitudes
et la capacité de réaliser des changements
peut également aider à former des sociétés
nouvelles à l’image de leurs vrais besoins et
de leurs expériences.
Une éducation de mauvaise qualité peut
avoir des conséquences graves aussi bien
pour les filles que pour l’avenir du pays.
Ainsi bien que l’on admette généralement
que la contribution des femmes est cruciale
dans les efforts de reconstruction, le fait
qu’un grand nombre de filles et de femmes
soient empêchées d’accéder à l’éducation
constitue à terme un obstacle majeur à
leur participation dans la société et aux
efforts déployés pour consolider la paix. En
Afghanistan, où les filles étaient dans une
large mesure empêchées d’aller à l’école
avant la campagne ‘Retour à l’école’ de
2002, elles continuent de rencontrer de
nombreuses difficultés et les hommes de
la famille considèrent que les femmes sont
incapables de participer aux processus de
prises de décision. 128
Si l’on souhaite voir les jeunes femmes
prendre une part active au développement et
aux efforts de paix, lire et compter sont aussi
importants que savoir s’exprimer et parler
avec assurance. L’accès à l’école présente
donc une grande valeur – symbolique
mais également pratique – dans le cadre
des efforts déployés pour assurer une
contribution positive des jeunes femmes
dans le changement afin qu’elles aident à
rompre le cercle infernal qui peut si aisément
ramener la violence dans les périodes
d’après-conflit.
L’ÉCOLE EN BOÎTE
Le Programme d’Éducation Rapide
fut élaboré pour donner aux enfants
un apprentissage de base rapide à la
suite d’un conflit. En Sierra Leone, ce
programme a permis de dispenser à des
enfants et à des jeunes un enseignement
primaire de base en deux ans au lieu
des cinq ans habituels dans un cadre
classique. Au Libéria, en collaboration
avec la Fondation des Éducatrices
Africaines (FAWE), Plan a mis au point
un programme similaire pour les jeunes
femmes, dont plusieurs étaient devenues
mères au cours du récent conflit, leur
offrant ainsi l’occasion d’acquérir une
éducation et des compétences de base.
En s’appuyant sur leurs propres expériences,
les filles peuvent gagner de l’assurance
et se familiariser avec des idées et des
compétences nouvelles. Mais elles n’auront
pas l’occasion de les utiliser s’il n’y a pas
en même temps un débat de société sur
la manière dont il faudrait transformer les
comportements attendus pour les filles et
les garçons. Afin que cela puisse se réaliser,
il faut un engagement politique en faveur
du changement et des discussions au sein
des communautés et des familles au sujet
de ce qu’elles envisagent pour la nouvelle
société de l’après-conflit, une société dans
laquelle ne régnerait pas simplement la paix
au plan national mais également la paix entre
les femmes et les hommes, les filles et les
garçons à la maison, dans les communautés
et les écoles. 129
OUVRIR DES PORTES EN COLOMBIE
La jeunesse de Colombie est confrontée
à d’énormes défis. Il existe peu
d’opportunités sociales, éducatives
ou d’emploi ou d’occasions de se faire
une vraie place dans la société. Les
familles et les communautés ne sont
pas toujours des lieux de vie faciles
– nombre de jeunes sont piégés dans
une culture de violence qui les rend
vulnérables au recrutement dans les
différents groupes armés.
En réponse, le projet de Plan sur
la Résolution de Conflits par des
Adolescents aide des jeunes femmes et
des jeunes gens à éviter de participer à la
88 L a Situation des filles dans le monde 89