Parce que je suis une fille - Droits des filles
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enlevées par les Forces RENAMO,<br />
rentrent dans l’ile Josina Machel, un<br />
conseil leur est proposé en même<br />
temps qu’un rituel: “On fait <strong>une</strong><br />
tresse spéciale pour les <strong>fille</strong>s et on leur<br />
donne <strong>des</strong> conseils pour les mettre<br />
en garde contre <strong>des</strong> rapports sexuels<br />
avec <strong>des</strong> partenaires multiples et les<br />
exhorter à n’avoir de relations sexuelles<br />
qu’<strong>une</strong> fois mariées. La tresse doit<br />
les aider à oublier qu’elles ont eu de<br />
mauvaises expériences et <strong>des</strong> souvenirs<br />
douloureux pour soulager leur colère.”<br />
L’étude contient aussi un avertissement:<br />
“Certains rituels violent les droits<br />
humains <strong>des</strong> femmes et <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s,<br />
renforcent le patriarcat et l’oppression<br />
inhérente aux rôles de genre ; ils<br />
soutiennent la discrimination de genre<br />
et le sexisme comme, par exemple, la<br />
croyance selon la<strong>que</strong>lle les femmes<br />
sont la propriété <strong>des</strong> hommes.” Cet<br />
avertissement impli<strong>que</strong> la nécessité d’un<br />
travail tout en finesse pour soutenir<br />
les femmes, surtout les leaders, en<br />
travaillant avec les <strong>je</strong><strong>une</strong>s <strong>fille</strong>s dans leur<br />
communauté pour concevoir et exécuter<br />
les rituels de guérison appropriés.<br />
c) Les <strong>je</strong><strong>une</strong>s <strong>fille</strong>s mamans et leurs bébés<br />
Les <strong>je</strong><strong>une</strong>s mères doivent souvent faire face<br />
à <strong>des</strong> responsabilités nouvelles dans un<br />
contexte de stigmatisation et d’exclusion<br />
par la communauté, et sans les compétences<br />
et la formation nécessaires pour assurer<br />
durablement leur subsistance et celle de<br />
leurs enfants. Comme l’a relevé cette étude:<br />
“Les <strong>je</strong><strong>une</strong>s mères déclarent <strong>que</strong> parce<br />
qu’elles sont souvent coupées de la famille<br />
et <strong>des</strong> réseaux sociaux, elles luttent pour<br />
donner <strong>une</strong> éducation, de la nourriture et<br />
<strong>des</strong> soins de santé à leurs enfants nés de<br />
mariages forcés. Beaucoup de ces <strong>je</strong><strong>une</strong>s<br />
mères ont perdu <strong>des</strong> années d’éducation<br />
et ne possèdent pas les compétences<br />
nécessaires pour subvenir de manière<br />
productives à leurs besoins qui se trouvent<br />
par ailleurs exacerbés en raison de la<br />
stigmatisation qu’elles doivent affronter à<br />
cause de leurs expériences passées et de leur<br />
exclusion <strong>des</strong> réseaux sociaux.” 152<br />
Ces <strong>je</strong><strong>une</strong>s mamans ont <strong>des</strong> difficultés à<br />
se faire accepter au sein <strong>des</strong> communautés<br />
parce qu’elles sont revenues avec un<br />
enfant. Selon <strong>une</strong> étude, ces <strong>je</strong><strong>une</strong>s<br />
femmes “semblent faire l’ob<strong>je</strong>t de re<strong>je</strong>ts<br />
plus nombreux de la part <strong>des</strong> membres de<br />
leur communauté et rencontrer davantage<br />
de problèmes de réintégration <strong>que</strong> leurs<br />
homologues masculins.” 153<br />
Une <strong>je</strong><strong>une</strong> mère de Guinée dit: “Les<br />
femmes adultes nous traitent en enfants et<br />
nous font sentir <strong>que</strong> nous n’appartenons pas<br />
à leur groupe. Les <strong>fille</strong>s <strong>je</strong><strong>une</strong>s et célibataires<br />
de notre âge qui n’ont pas d’enfants nous<br />
font sentir <strong>que</strong> nous sommes sales parce<br />
<strong>que</strong> nous avons fait <strong>que</strong>l<strong>que</strong> chose de<br />
mal et qu’elles pensent <strong>que</strong> si elles nous<br />
fré<strong>que</strong>ntent, les hommes ne les aimeront<br />
plus. Nous sommes seules la plupart du<br />
temps.” 154 Les raisons pour les<strong>que</strong>lles les<br />
familles re<strong>je</strong>ttent les <strong>je</strong><strong>une</strong>s <strong>fille</strong>s revenues<br />
mères sont complexes. Peut-être <strong>que</strong><br />
la famille les blâme d’<strong>une</strong> manière ou<br />
d’<strong>une</strong> autre pour avoir enfreint les règles<br />
<strong>que</strong> la société a édictées concernant le<br />
comportement sexuel <strong>des</strong> femmes. Peutêtre<br />
ne sont-elles pas en mesure de nourrir<br />
deux bouches supplémentaires. Peut-être<br />
craignent-elles <strong>que</strong> le père de l’enfant<br />
poursuive leur <strong>fille</strong> et devienne violent.<br />
De nombreuses <strong>je</strong><strong>une</strong>s mamans ont besoin<br />
d’aide pour s’occuper de leurs enfants –<br />
s’ils sont issus d’un viol, la mère elle-même<br />
peut avoir <strong>des</strong> sentiments négatifs vis-à-vis<br />
d’eux. Les enfants <strong>des</strong> <strong>je</strong><strong>une</strong>s mères qui ont<br />
été violées ont de bonnes chances d’être<br />
confrontés à la stigmatisation ce qui peut<br />
mettre en danger leur santé ou parfois<br />
même leur vie. Les enfants peuvent ne pas<br />
avoir été enregistrés à la naissance, avoir été<br />
abandonnés ou même tués.<br />
65% <strong>des</strong> participants à <strong>une</strong> étude, ont<br />
décrit <strong>des</strong> enfants issus de viols comme<br />
étant particulièrement vulnérables à<br />
Facteurs de ris<strong>que</strong>s encourus pour les<br />
enfants issus de viol/exploitation en<br />
temps de guerre<br />
Pourcentage de participants individuels signalés<br />
en ris<strong>que</strong> 155<br />
Stigmatisation.................................65%<br />
Santé...............................................55%<br />
Absence d’enregistrement...............40%<br />
Abandon.........................................30%<br />
Pauvreté..........................................30%<br />
Infanticide.......................................29%<br />
l’exclusion sociale ou à la stigmatisation sur<br />
la base de leur origine. Ces enfants sont<br />
qualifiés d’: ‘enfants du diable’ (Rwanda),<br />
‘enfants de la honte’ (Kosovo), ‘enfants de<br />
l’ennemi’ (Timor-Leste); ‘bébés monstrueux’<br />
(Nicaragua), ‘bébés Janjaweed’ ou ‘bébés<br />
sales’ (Darfour, Soudan). 156 Les <strong>je</strong><strong>une</strong>s mères<br />
ont <strong>une</strong> tâche difficile mais beaucoup d’entre<br />
elles aiment leurs enfants en dépit de la<br />
manière dont ils ont été conçus.<br />
DONS DE DIEU: HISTOIRE DE QUATRE<br />
JEUNES MAMANS<br />
• “J’ai quitté la maison de ma famille<br />
parce <strong>que</strong> mes frères m’en ont chassée.<br />
Mais après un moment, ma mère<br />
m’a demandé de revenir. Mon enfant<br />
était malade mais ils ont refusé de<br />
me donner le moindre argent pour le<br />
soigner disant <strong>que</strong> cela ne valait pas la<br />
peine de soigner un enfant qui n’avait<br />
pas de père connu. Il est tombé malade<br />
trois fois et j’ai du faire un travail dans<br />
les champs pour gagner un peu d’argent<br />
pour payer les soins. La dernière fois<br />
qu’il est tombé malade, <strong>je</strong> n’ai pas pu<br />
payer son traitement et il est mort.<br />
Maintenant mes frères et toute ma<br />
famille m’aime et me traite bien parce<br />
<strong>que</strong> <strong>je</strong> n’ai plus d’enfant.”<br />
• “Les problèmes se posent maintenant<br />
<strong>que</strong> mon enfant grandit. Mon père dit<br />
<strong>que</strong> <strong>je</strong> devrais renvoyer l’enfant à son<br />
père bien <strong>que</strong> <strong>je</strong> ne sache pas de <strong>que</strong>l<br />
soldat <strong>je</strong> l’ai eu et où il peut bien se<br />
trouver en ce moment.”<br />
• “Les gens me considéraient comme<br />
moins qu’<strong>une</strong> femme parce qu’ils<br />
disaient qu’<strong>une</strong> <strong>fille</strong> qui a fait un enfant<br />
sans être mariée doit être bannie de la<br />
société ; personne ne doit lui donner<br />
à boire et même si son enfant tombe<br />
malade personne ne doit lui prêter même<br />
100 francs pour acheter <strong>des</strong> cachets. Ils<br />
ont dit ‘Va-t-en, traînée!‘. Personne ne<br />
peut vous aider dans ce cas-là.”<br />
• “Eh bien, j’aime cet enfant dont <strong>je</strong> ne<br />
connais pas le père et <strong>je</strong> l’aime autant<br />
<strong>que</strong> les autres enfants. Je l’aime parce<br />
<strong>que</strong> c’est moi qui l’ai mis au monde et<br />
<strong>que</strong>, pour moi, il est comme les autres.<br />
En plus, <strong>je</strong> remercie Dieu pour ce qu’il<br />
a fait pour moi parce <strong>que</strong> <strong>je</strong> pense <strong>que</strong><br />
tous mes enfants sont <strong>des</strong> dons qu’il<br />
m’a faits, parce <strong>que</strong> tout le monde n’est<br />
pas capable de faire <strong>des</strong> enfants.” 157<br />
L’expérience de devenir mère alors qu’on<br />
n’est encore qu’<strong>une</strong> enfant, et dans <strong>des</strong><br />
circonstances aussi hostiles, exige de ces<br />
mamans <strong>une</strong> résilience extraordinaire. Avec<br />
un peu d’aide, elles peuvent gérer leur<br />
situation et sont prêtes à travailler dur pour<br />
s’occuper de leurs bébés et enfants. Mais<br />
elles ont le droit à un soutien, peut-être celui<br />
de vivre avec d’autres <strong>fille</strong>s qui se trouvent<br />
dans <strong>des</strong> situations semblables, d’accéder<br />
à <strong>des</strong> soins pour les enfants et à un revenu<br />
de manière à ne pas se retrouver dans <strong>des</strong><br />
situations où on les exploite. 158<br />
VOUS ÊTES QUELQU’UN! 159<br />
Ce poème a été écrit pour 300 mamans<br />
enfants qui ont défilé fièrement dans les<br />
rues de Gulu, leur ville natale du nord de<br />
l’Ouganda, le 25 mai 2007.<br />
Vous êtes <strong>que</strong>lqu’un!<br />
Vous n’êtes pas <strong>une</strong> marchandise avariée<br />
Vous n’êtes pas un butin<br />
Vous n’êtes pas un rebut<br />
Vous êtes <strong>que</strong>lqu’un!<br />
Ils utilisent leurs bouches pour briser votre<br />
moral Comme il a envahi votre féminité et<br />
brisé Votre corps<br />
J’utilise <strong>des</strong> mots pour construire votre âme<br />
Et vous donner la vie à nouveau...<br />
Vous êtes importante, vous comptez<br />
Vous êtes importante vous faites<br />
<strong>une</strong> différence<br />
Vous êtes ici dans l’aujourd’hui<br />
Malgré les torts et les souffrances<br />
D’hier<br />
Vous pouvez être plus <strong>que</strong> ce <strong>que</strong> vous<br />
êtes aujourd’hui<br />
Vous atteindrez <strong>une</strong> montagne plus haute<br />
<strong>que</strong> jamais Auparavant<br />
Vous êtes <strong>une</strong> rescapée, <strong>une</strong> combattante,<br />
<strong>une</strong> conquérante<br />
Tenez-vous sur la montagne de la<br />
98 L a Situation <strong>des</strong> <strong>fille</strong>s dans le monde 99