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Ici et là-bas<br />
Refus de<br />
lois injustes<br />
Editorial<br />
2<br />
Droit au logement n° <strong>176</strong><br />
Septembre 2006<br />
Le rapport 2006/2007 sur l’état<br />
des villes dans le monde d’ONU-<br />
Habitat le rappelle tragiquement.<br />
Les conditions de logement de<br />
centaines de millions de personnes sont<br />
plus que précaires. Slums, favelas, villas<br />
miseria, bidonville, taudis: que de<br />
noms pour une même réalité disséminée<br />
sur l’ensemble de la planète,<br />
celle du logement de la pauvreté et des<br />
exclus. Situation tragique qui touche<br />
des enfants, des femmes et des hommes<br />
de tout âge et qui, selon le rapport,<br />
n’est pas prête de disparaître malgré les<br />
déclarations et objectifs généreux que<br />
se fixe la communauté internationale.<br />
En effet, comme le montre notre dossier<br />
(p. 6 à 9) des centaines de millions<br />
d’individus supplémentaires rejoindront<br />
ces prochaines décennies la cohorte<br />
des mal-logés avec les conséquences<br />
que l’on imagine quant à la santé ou la<br />
mortalité.<br />
Moyens financiers insuffisants, planifications<br />
inexistantes, politiques de logement<br />
dérisoires ou inadaptées, mais<br />
surtout règles économiques internationales<br />
et nationales profondément injustes<br />
sont les causes évidentes de ce fléau.<br />
Il y a donc urgence à agir.<br />
Cependant, les politiques de coopération<br />
au développement stagnent. Les<br />
aides publiques en faveur des pays du<br />
Sud sont largement dépassées en chiffre<br />
par l’apport financier que représentent<br />
les innombrables petits envois d’argent<br />
au pays, des travailleurs migrants – souvent<br />
des sans papiers - venus apporter<br />
leur force de travail dans les pays du<br />
Nord pour des emplois que nous snobons.<br />
Ces envois d’argent sont devenus<br />
indispensables à la survie d’une population<br />
en expansion. Le départ vers des<br />
pays offrant du travail est donc une<br />
opportunité pour tous.<br />
Mais de nombreux hommes et femmes<br />
se battent dans leur pays d’origine pour<br />
améliorer les conditions de vie, notamment<br />
pour le droit au logement et un<br />
habitat digne pour tous. Notre dossier<br />
relate des mobilisations organisées au<br />
Kenya, au Zimbabwe et au Nigéria pour<br />
défendre le toit des plus démunis.<br />
Or souvent, et il faut le souligner, les<br />
militants de base comme les responsables<br />
d’organisations défendant les sans<br />
abris ou s’engageant contre les expulsions<br />
en masse des bidonvilles et contre<br />
les autres injustices locales sont pourchassés<br />
par les gouvernements ou les<br />
possédants. En fuite, souvent sans titre<br />
de voyage, il recherche la protection de<br />
démocraties, telle la Suisse.<br />
Il est donc indispensable que nos lois<br />
sur les étrangers et l’asile soient respectueuses<br />
du droit international, non discriminatoires,<br />
humaines et permettent<br />
la protection réelle de ceux qui partent<br />
travailler ou qui fuient la répression et<br />
la mort, souvent sans être porteur de<br />
documents officiels.<br />
La défense ici et là-bas du droit au logement<br />
comme droit universel passe aussi<br />
par le refus de lois pénalisant ceux qui<br />
cherchent protection pour s’être engagé<br />
dans leur pays comme nous le faisons<br />
librement chez nous.<br />
Carlo Sommaruga