10 > P U B L I C I T E Algérie <strong>News</strong> 20-03-2013 Anep 512 953 ALGERIE NEWS Mercredi 20 mars 2013
dclg é a a e Analyses & Décryptages La rédaction d'Algérie <strong>News</strong> propose une nouvelle rubrique dédiée à l'analyse et au décryptage de l'actualité qui nous concerne et qui nous entoure. Nous lançons un appel à tous ceux et toutes celles qui veulent y contribuer à travers des articles ou des propositions. Vos contributions seront les bienvenues. Contact : ayachinews@yahoo.fr 11 Enfants Violence, maltraitance et délinquance Par Yazid Haddar L’horrible assassinat des deux enfants Haroun (10 ans) et Ibrahim (9 ans), dans la nouvelle ville Ali-Mendjeli, à Constantine, suscite colère et indignation. Lire > pages 12 - 13 Paranoïde Peine de mort: justice ou «Qissas»? Par: Sarah Haidar Les cris fusent de partout, fruits d'une émotion compréhensible : on kidnappe, on viole, on mutile et on tue des enfants. Le phénomène frôle l'endémie et il est d'autant plus révoltant que l'on n'arrive pas à comprendre comment ce désastre national a pu se former et prendre de telles proportions. Alors, on réclame le châtiment, on demande l'application de la peine de mort sur les tueurs d'enfants et, plus que ça, certains veulent que ces exécutions se tiennent sur les places publiques ! Il est vrai qu'assassiner l'innocence peut être considéré comme le pire crime que l'homme puisse commettre. Cela provoque non pas la tristesse classique qui suit la mort, mais de la colère, de la rage, car non seulement le crime est odieux en soi, mais aussi « inimaginable » en ce sens où la plupart des Algériens qui appellent à la vengeance n'acceptent pas l'existence de ces concitoyens capables de martyriser et de tuer des enfants. La réaction est donc à la fois épidermique et profondément psychique puisqu'elle est motivée par l'indignation extrême et le refus de croire que l'Algérie peut encore enfanter des monstres. Lesquels doivent donc mourir, d'abord pour leur crime, et ensuite pour leur simple existence ! Pour faire entendre leur voix, ces Algériens pro-potence n'hésitent pas à utiliser leurs propres enfants ! On voit, en effet, sur la Toile plusieurs photographies où des gosses de moins de douze ans arborent des pancartes réclamant la mort. D'autres se revendiquent carrément <strong>du</strong> système saoudien, en rappelant que la peine de mort est prévue par les textes religieux ! D'autres encore veulent simplement organiser des lynchages « légaux» des assassins ! Cette campagne populaire a trouvé des échos un peu partout : d'abord les mosquées qui, comme d'habitude, n'en ratent pas une pour récupérer et haranguer la vox populi ; mais il y a également le président de l'Union nationale des barreaux d'Alger qui dit clairement: « Il faut sérieusement penser aujourd'hui à réintro<strong>du</strong>ire l'exécution de la peine de mort avec un appui législatif conséquent, une finalité inscrite <strong>du</strong> reste dans les textes <strong>du</strong> Saint Coran et impossible à abroger en Algérie ». Cette « impossibilité »dont parle cet homme de loi est donc simplement justifiée par le cachet « sacré » et « intouchable» que confère le Coran à certaines pratiques. La déclaration <strong>du</strong> juriste n'est cependant pas aussi farfelue qu'il n'y parait puisque l'Etat revendique une religion, puisque la Justice puise dans la religion, puisque enfin l'argument religieux reste irréfutable car impossible à remettre en cause ! Du coup, la peine capitale devient non pas une application de la loi, mais un « hadd » ou « qissas » (châtiment prévu par l'islam) ! Mais la question qui se pose aujourd'hui est la suivante : si l'on met fin au moratoire et que l'on réapplique la peine de mort pour les tueurs d'enfants, est-on sûr d'éviter les erreurs judiciaires et d'ainsi envoyer un innocent à l'échafaud ? Peut-on être certain que cette mesure soit vraiment dissuasive et qu'exécuter un assassin puisse empêcher les autres de sévir ? Mieux encore, comment savoir si la réintro<strong>du</strong>ction de la peine de mort pour ce cas spécifique ne dégénèrera pas par la suite pour toucher à d'autres délits? Et enfin, la mort est-elle un châtiment plus <strong>du</strong>r que la perpétuité? Cette campagne populaire a trouvé des échos un peu partout : d'abord les mosquées qui, comme d'habitude, n'en ratent pas une pour récupérer et haranguer la vox populi... Ces Algériens qui n'hésitent pas à afficher sur le Net les visages de leurs enfants et à leur faire porter des discours aussi lourds et déstabilisants pour leur jeune âge, semblent également oublier que pendant dix ans, des bébés et des gosses se sont fait éventrer et égorgés par des hordes de barbares qui ont bénéficié plus tard d'un pardon général. Ils oublient que des milliers d'innocents ont été sauvagement tués au nom de cette même religion dont ils tirent la légitimité de leurs revendications. Ils oublient surtout que si l'on se mettait à convoquer l'islam pour amender le système judiciaire, les lendemains seront atrocement théocratiques, même si cela parait improbable à l'heure qu'il est. Car si l'Etat se contente aujourd'hui de tanguer lâchement entre le civil et le religieux, s'il a réussi à échapper au « Printemps arabe », rien ne lui garantit sa subsistance si tout un peuple se retrouve (encore une fois) rangé sous la bannière de l'extrémisme religieux, auquel il ne pourra survivre qu'en satisfaisant (encore une fois) d'autres exigences de ceux qui se réclament de l'islam. S. H ALGERIE NEWS Mercredi 20 mars 2013