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2 > A L A U N E<br />
LE LIEN<br />
Yacine Chabi<br />
Djoudi<br />
lanterne<br />
rouge<br />
L'Algérie n'a pas su tirer profit<br />
de la conjoncture économique<br />
mondiale, caractérisée par une<br />
très forte hausse <strong>du</strong> prix <strong>du</strong><br />
pétrole. Une manne pétrolière<br />
qui, faute d'une politique<br />
économique claire et à long<br />
terme, n'aura pas servi à «grand<br />
chose», sauf à mal redistribuer<br />
cette «rente». Au moment où<br />
des pays arrivent à sortir de la<br />
zone des pays à "haut risque<br />
économique", comme le<br />
Pakistan, l'Algérie côtoie le Mali<br />
et le Tchad. Lors de sa dernière<br />
visite, Christine Lagarde a eu le<br />
mérite d'aler-ter les décideurs<br />
algériens sur les dangers que<br />
pourraient engendrer certaines<br />
politiques économiques<br />
«hasardeuses», comme la<br />
hausse «aléatoire» des salaires<br />
sans référants économiques, la<br />
non réforme <strong>du</strong> système<br />
bancaire, l'absence de marché<br />
des capitaux, la règle de 49/51...<br />
Lagarde n'a pas voulu être trop<br />
«méchante», elle qui venait<br />
récupérer son chèque de cinq<br />
milliards de dollars. Quelques<br />
jours plus tard, c'est un cabinet<br />
de référence mondiale qui rend<br />
public un classement qui donne<br />
froid dans le dos. Nous faisons<br />
partie <strong>du</strong> cercle restreint des<br />
douze pays considérés comme<br />
étant à «très haut risque» en<br />
matière d'exportation. Ce qui<br />
signifie pour les nantis, un pays<br />
où exporter un pro<strong>du</strong>it ou un<br />
service pourrait être néfaste<br />
pour le partenaire étranger qui<br />
s'y aventure. Classement<br />
politique ou subjectif, le mal est<br />
fait.<br />
Le même jour, ce n'est pas la<br />
Coface ou Aon qui s'alarme.<br />
C'est ni plus ni moins notre très<br />
cartésien ministre des Finances.<br />
Il lance une véritable bombe à la<br />
gueule des décideurs et surtout<br />
des citoyens demandeurs de<br />
meilleurs salaires. «La masse<br />
salariale a atteint ses limites».<br />
Au delà, c'est la bulle<br />
spéculative qui risque d'éclater.<br />
Sur ce point, Lagarde avait eu<br />
une petite phrase lourde de<br />
sens, per<strong>du</strong>e au milieu des<br />
éloges et des roses d'usage.<br />
«Les hausses de salaires en<br />
Algérie ne sont pas calculées sur<br />
la base de la pro<strong>du</strong>ctivité ni sur<br />
celle <strong>du</strong> taux de croissance».<br />
Explication plus terre à terre : La<br />
hausse des salaires se mérite et<br />
se décide quand elle est<br />
justifiée. Autrement, elle ne fera<br />
qu'accentuer l'inflation. En<br />
Algérie, la manne de l'or noir<br />
sert à calmer la rue au lieu de<br />
préparer un avenir meilleur.<br />
Climat des affaires<br />
Un classement plombe<br />
l'Algérie<br />
Le très sérieux cabinet américain Aon, numéro 1 mondial <strong>du</strong> courtage d'assurance,<br />
a ren<strong>du</strong> publique hier la carte 2013 des risques à l'exportation. Le quotidien économique<br />
français «Les Echos» a publié la carte des pays à très haut risque pour l'année 2013.<br />
Sur les douze pays jugés "plus risqués", l'Algérie figure en bonne place.<br />
Un classement qui intervient<br />
à un moment où<br />
plusieurs organismes<br />
financiers internationaux<br />
indiquent que les performances<br />
économiques <strong>du</strong> pays sont "relativement<br />
stables et appréciables"<br />
comparées à d'autres pays de la<br />
région. La carte de AON Rubini<br />
Global Economik est le résultat<br />
d'une mesure <strong>du</strong> climat des affaires<br />
dans 163 pays émergents, à l'aune<br />
de neuf critères bien précis. Bien<br />
que AON ne soit pas le seul cabinet<br />
spécialisé dans ce genre de classement<br />
et d'études, les économistes<br />
considèrent que ses études sont<br />
plus crédibles, avantagé par un<br />
accès aux informations d'une vingtaine<br />
d'entreprises multinationales<br />
spécialisées dans l'assurance. Ainsi,<br />
l'Algérie fait partie des douze pays<br />
qui présentent un risque certain<br />
pour tout opérateur souhaitant<br />
opérer des exportations de biens ou<br />
de services.<br />
L'Algérie rejoint les pays comme<br />
le Mali, le Tchad, l'Ethiopie pour<br />
l'Afrique et le Turkménistan,<br />
Panama et la Moldavie.<br />
Au moment où le débat s'anime<br />
en Algérie sur la détérioration <strong>du</strong><br />
climat des affaires et au lendemain<br />
des annonces des pouvoirs publics<br />
sur un programme spécifique<br />
visant à l'améliorer, ce rapport de<br />
projection pour l'année en cours<br />
confirme la détérioration effective<br />
Estimée à 2 600 milliards de DA<br />
La masse salariale a atteint sa limite<br />
Le ministre des Finances, Karim Djoudi, a<br />
indiqué hier que la masse salariale représente<br />
2 600 milliards de dinars alors que<br />
les transferts sociaux sont de l’ordre de 1 300<br />
milliards de dinars.La masse salariale a atteint,<br />
selon lui, la limite qu’il paraît nécessaire de stabiliser<br />
sous peine d’avoir des flux inflationnistes<br />
additionnels. Djoudi a précisé que le gouvernement<br />
veut maintenir une stabilité dans le<br />
budget <strong>du</strong> fonctionnement. « La masse salariale<br />
prise en charge par le budget de l’Etat est<br />
estimée à 2 600 milliards DA en 2013 (plus de<br />
34 milliards de dollars) alors que les transferts<br />
sociaux atteignent 1 300 milliards DA (17 milliards<br />
de dollars », a indiqué hier à Alger le<br />
grand argentier <strong>du</strong> pays. « Nous voulons assurer<br />
une relative stabilité des dépenses de fonctionnement<br />
pour que la masse salariale soit<br />
<strong>du</strong> climat des affaires et les craintes<br />
maintes fois exprimées de certains<br />
opérateurs étrangers hésitant à<br />
investir en Algérie. Le plus dangereux<br />
dans le dernier rapport de<br />
conjoncture d'AON, ce sont les critères<br />
pris en compte. Ainsi, sur les<br />
neuf, sont cités : les opérations de<br />
change, l'ingérence politique, les<br />
risques légaux et réglementaires, la<br />
violence politique, la vulnérabilité<br />
<strong>du</strong> secteur bancaire, le climat des<br />
affaires et le risque de crise budgétaire.<br />
Pour ce qui est des opérations<br />
l'Algérie fait partie des douze pays qui<br />
présentent un risque certain pour tout<br />
opérateur souhaitant opérer des exportations<br />
de biens ou de services.<br />
limitée, sous peine d’avoir des poussées inflationnistes<br />
additionnelles que nous ne souhaitons<br />
pas », a-t-il déclaré à la Radio nationale.<br />
Fin 2012, le ministre avait assuré que la prudence<br />
budgétaire prônée par l’Algérie se tra<strong>du</strong>irait<br />
par le renforcement de la fiscalité ordinaire<br />
mais ne ferait en aucun cas appel à la<br />
ré<strong>du</strong>ction des transferts sociaux, <strong>du</strong> soutien<br />
des prix ou encore de la masse salariale. A la<br />
question de savoir si le gouvernement allait<br />
réviser l’IRG (Impôt sur le revenu global), M.<br />
Djoudi a répon<strong>du</strong> : « On demande aux pouvoirs<br />
publics de dépenser plus, de percevoir<br />
moins de recettes et d’assurer les équilibres<br />
internes et externes et c’est contraignant !». Et<br />
avec des exonérations fiscales annuelles de 450<br />
milliards DA, le taux de l’IRG ne peut pas être<br />
à son tour ré<strong>du</strong>it, a-t-il dit. Pour l’année 2013,<br />
ALGERIE NEWS Mercredi 20 mars 2013<br />
de changes, ce critère renvoie à la<br />
convertibilité des monnaies.<br />
L'absence d'un vrai marché de<br />
change en Algérie, et la prédominance<br />
<strong>du</strong> marché noir a lourdement<br />
pénalisé le travail des opérateurs<br />
étrangers, que ce soit dans<br />
leurs transferts bancaires ou dans le<br />
rapatriement de leurs deniers.<br />
L'ingérence <strong>du</strong> politique renvoie<br />
immédiatement à la politique de<br />
subvention menée par l'Etat. Une<br />
politique longtemps critiquée par<br />
les investisseurs et dernièrement<br />
par les économistes algériens euxmêmes<br />
à l'instar de Benachenhou.<br />
Quant aux risques légaux et réglementaires,<br />
la loi <strong>du</strong> 49/51 symbolise<br />
à elle seule ce risque, à laquelle il<br />
faut ajouter les lenteurs bureaucratiques.<br />
Enfin, pour le risque<br />
politique, les événements de<br />
Tiguentourine et la crise au Mali<br />
ainsi que l'instabilité de la région<br />
ont, semble-t-il, pesé sur l'issue <strong>du</strong><br />
classement.<br />
Yacine Chabi<br />
Qui est Aon ?<br />
Aon, officiellement Aon<br />
Corporation, est l'un des<br />
acteurs majeurs de la gestion<br />
des risques, <strong>du</strong> courtage<br />
d'assurance et de<br />
réassurance, <strong>du</strong> conseil en<br />
ressources humaines et <strong>du</strong><br />
management et de la<br />
souscription d’assurance.<br />
Aon Corporation a été créée en<br />
1982 lors de la fusion de Ryan<br />
Insurance Group et de<br />
Combined International<br />
Corporation aux USA. Le nom<br />
Aon signifie unité en gaélique.<br />
La société regroupe dans le<br />
monde 60 000 salariés via<br />
600 bureaux dans plus de<br />
120 pays.<br />
le ministre des Finances a soutenu que pour<br />
l’année 2013, la tendance visant à ré<strong>du</strong>ire les<br />
dépenses publiques, qui était de l’ordre de 12%<br />
en 2012, permettra d’atteindre un taux de<br />
croissance globale de 3,4% <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it intérieur<br />
brut (PIB). Il a expliqué que la croissance<br />
négative en hydrocarbures enregistrée depuis<br />
2006 fait baisser la croissance hors hydrocarbures<br />
dont le taux prévisionnel de l’année 2013<br />
se situerait autour de 6%. Djoudi a également<br />
rappelé qu’actuellement le soutien de l’Etat<br />
direct qui consiste en l’appui aux prix des pro<strong>du</strong>its<br />
de première nécessité et de large consommation<br />
est estimé à 13% <strong>du</strong> PIB alors que celui<br />
indirect (électricité) est de 6% <strong>du</strong> PIB, pour<br />
argumenter la faible croissance économique <strong>du</strong><br />
pays.<br />
Mohamed B.