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C U L T U R E 23<br />

David Bowie sort «The Next day»<br />

Phénix pépère !<br />

Dix ans qu’il ne s’était pas prononcé, ni sur la musique ni sur une de ses notes personnelles. Puis, le temps d’un clin d’œil, il<br />

ressurgit. Nouveau titre, nouvel album, en pleine forme, David Bowie est de retour. Et c’est une bonne nouvelle.<br />

Qui est Bowie ? Un mutant, un homme aux mille<br />

visages, un bout de vie et de rêve. Très souvent, le<br />

mot «androgyne» vient sur les lèvres dont certains<br />

aimeraient déposer la leur sur la sienne.<br />

Fantasme provenant des deux sexes et qui continue, peutêtre<br />

à creuser son sillon, quelque part, sur la planète<br />

«Ziggy». Donc Bowie ? Héros, personnage fictif, «rock'n<br />

'roller», artiste folk, soûl man furtif, pop, amoureux de tout<br />

ce qui bouge, plusieurs fois décédé pour renaître inlassablement,<br />

malade, guérison, acteur. Bowie, prénom David,<br />

né en 1947, quelque part dans Londres, affichant depuis le<br />

8 janvier dernier, 66 printemps tenaces, se ramenant vers<br />

nous, un nouvel album sous les bras, et clamant que les<br />

plus belles excitations, sans doute, se trouvent dans les lendemains.<br />

Rapide coup d’?il vers le titre de l’album… «The<br />

Next Day». Pas besoin d’en faire ni d’en dire plus. On branche<br />

le lecteur et on écoute les 14 titres (17 pour ceux qui se<br />

sont procurés l’édition collector). Verdict ?<br />

Ce n’est sans doute, l’album-fleuve ou le concept, qui réunirait<br />

40 ans de carrière, aussi inégal qu’excitant. Il n’y eut<br />

pas deux artistes aussi complets que Bowie. Bob Dylan,<br />

pour ne citer que le meilleur, n’a jamais réussi à aligner sur<br />

une dizaine d’années, des albums qui changeaient de gammes,<br />

d’atmosphères, à chacune de leurs publications. En<br />

cela, les seventies resteront comme la pierre angulaire<br />

d’une pop qui s’accoupla avec le rock, la soul et le jazz.<br />

En réécoutant «Space Oddity» et finalement «Red<br />

Money», extrait de l’album «Lodger», on se dit que la<br />

musique n’est pas qu’une partie de jouissance, bien plus,<br />

un plaisir rare et savoureux. Un état des lieux de notre<br />

monde aussi bigarré que contradictoire. Pour comprendre<br />

les enjeux des seventies, son architecture changeante, il faut<br />

(ré)écouter les albums de Bowie.<br />

Quid de «The Next Day»? A la première écoute, le sourire<br />

est là. On se souvient de l’année 1999 avec «Hours», de<br />

2002 et 2003 qui proposaient respectivement «Heathen» et<br />

«Reality». On se souvient aussi de cette situation d’inachevé,<br />

d’inconfort devant la masse plus ou moins souveraine<br />

des playlists savamment proposées par celui qui se<br />

faisait appeler, le temps d’un claquement de cœur, «The<br />

Thin White Duke».<br />

Dépassé tout ça, balayant d’un revers de la main les dix<br />

dernières années où les rumeurs accouraient à la porte de<br />

nos oreilles (malade, dépression, looser), on se colle au<br />

premier titre de l’album, et on sourit. Bowie est revenu.<br />

Guitare en trombe, voix d’outre-tombe, celle qu’il mit au<br />

goût <strong>du</strong> jour, dès les années 1980, et surtout, surtout, une<br />

propension à piocher, légèrement, parfois maladroitement,<br />

des bouts de sons enten<strong>du</strong>s dans son entourage, tout en<br />

ALGERIE NEWS Mercredi 20 mars 2013<br />

réécoutant ce qu’il avait pu faire autrefois, mais sans sombrer<br />

dans le retour aux sources.<br />

Bowie n’ayant jamais été un adepte <strong>du</strong> revival, d’où la<br />

pochette de «The Next Day», véritable pied-de-nez et<br />

détournement de la pochette de «Heroes», l'un de ses plus<br />

célèbres albums, sur laquelle le titre est barré, et dont un<br />

carré blanc envahit la pochette. Le passé est certes dans les<br />

esprits, mais il n’est plus dans l’image.<br />

Quatorze chansons donc. Pro<strong>du</strong>ction ? Toujours Tony<br />

Visconti. Musicos ? Encore Earl Slick et Gerry Leonard à la<br />

guitare, Gail Ann Dorsey à la basse, Sterling Campbell à la<br />

batterie. Et Bowie ?<br />

Il est omniprésent, parfois s’effaçant devant les riffs de<br />

Slick «The Next Day», qui pose les jalons d’un album puissant,<br />

touffu, parfois morcelé. Toute l’ambiance de cette<br />

nouvelle proposition musicale se retrouve dans ce numéro<br />

«uno» de la liste.<br />

Bowie pousse la voix, prend sur le glam, monte des<br />

escaliers, inlassablement, ne crie jamais, mais élevant sa<br />

tonalité, le timbre sans se soucier de l’identité <strong>du</strong> destinataire.<br />

Et ça peut aller dans tous les sens. Balade légèrement<br />

lacrymale qui aurait forniqué avec la pop indies des eighties<br />

sur «The Stars», «Are out Tonight», «Where Are We<br />

Now ?» ou «Valentine’s Day» ; narration déconstruite et<br />

décomplexée «Dirty Boys» ; relents de sa trilogie berlinoise<br />

«Heroes, Low, Lodger» dans «Love is Lost» et même<br />

«I’d rather be High» ; un rock qui ferait songer à «TV On<br />

the Radio» voire «Arcade Fire», ou bien en y réfléchissant,<br />

serait-ce l’inverse ? («If you can see me», «Boss of me»).<br />

L’album est à prendre avec des pincettes, ne pas trop attendre<br />

de l’icône, mais plutôt essayer d’évincer –difficilement,<br />

j’en conviens- l’historique qui plane sur Bowie. Franchie<br />

cette étape, «The Nex Day» n’est pas un pétard mouillé,<br />

juste un album d’un chanteur qui continue de mouiller sa<br />

chemise.<br />

Samir Ardjoum

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