You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
A L A U N E<br />
3<br />
Abdelouahid Djillali, chef de pro<strong>du</strong>it à Spimaco Algérie<br />
«Certains parlent de pénuries, alors<br />
que le générique est disponible»<br />
T. Doudou/D. <strong>News</strong><br />
Le générique constitue, pour les pays<br />
émergents, un moyen efficace de<br />
ré<strong>du</strong>ire la facture des importations et<br />
une maîtrise des dépenses de santé.<br />
Pour le chef de pro<strong>du</strong>it de Spimaco<br />
Algérie que nous avons rencontré au<br />
salon «Algéneric», le générique à besoin<br />
d'être promu et reconnu pour être<br />
accepté par le citoyen.<br />
Algérie <strong>News</strong> : Comment évaluez-vous votre présence<br />
sur le marché <strong>du</strong> médicament algérien ?<br />
Abdelouahid Djillali : Notre laboratoire est<br />
présent sur le marché algérien depuis 2001. Plus de<br />
dix ans après, nous continuons malheureusement<br />
à importer le médicament, bien que nous ayons un<br />
mégaprojet de partenariat avec le groupe Saïdal. Le<br />
projet en question est un partenariat mixe représenté<br />
par la société Tafco. Si tout se passe bien,<br />
l'usine en question verra le jour en 2014. Elle fabriquera<br />
des médicaments sous la forme sèche ou<br />
comprimés.<br />
Quelle est la part <strong>du</strong> médicament générique dans<br />
le marché algérien ?<br />
Les pouvoirs publics ont indéniablement<br />
exprimé leur volonté pour promouvoir le générique<br />
tant auprès <strong>du</strong> grand public qu'auprès des<br />
opérateurs <strong>du</strong> secteur. Mais la volonté seule ne suffit<br />
pas. La promotion et la vulgarisation <strong>du</strong> générique<br />
nécessitent une mobilisation permanente et<br />
une stratégie à long terme. Le simple citoyen<br />
ignore ce qu'est un médicament générique et la<br />
différence avec un princeps. Plus grave encore, certains<br />
pensent que le générique n'est rien d'autre<br />
qu'un médicament de deuxième voire de troisième<br />
choix. Une connotation qui renvoie vers les médicaments<br />
contrefaits. Puisque c'est moins cher, dont<br />
c'est de moindre qualité qu'un pro<strong>du</strong>it d’origine.<br />
Une amalgame favorisé par certains opérateurs qui<br />
n'ont pas intérêt à ce que le générique se généralise,<br />
pour des considérations purement commerciale.<br />
Pis encore, même certains médecins ne font<br />
pas la différence entre un générique et un princeps.<br />
« Le simple<br />
citoyen ignore<br />
ce qu'est un<br />
médicament<br />
générique et la<br />
différence avec<br />
un princeps.<br />
Plus grave<br />
encore, certains<br />
pensent que le<br />
générique n'est<br />
rien d'autre<br />
qu'un<br />
médicament de<br />
deuxième voire<br />
de troisième<br />
choix. Une<br />
connotation qui<br />
renvoie vers les<br />
médicaments<br />
contrefaits. »<br />
Quelle est la différence alors ?<br />
La grande différence entre le générique et la<br />
molécule-mère est dans le coût de la pro<strong>du</strong>ction.<br />
Une molécule-mère est le fruit d'un long travail de<br />
recherche et d'expérimentation, qui nécessite des<br />
investissements importants.<br />
Le générique, quant à lui, n'est pas le résultat<br />
d'un long et coûteux processus, mais juste une<br />
copie conforme d'une molécule qui existe déjà.<br />
Une fois que le brevet d'une molécule tombe dans<br />
le domaine public, elle est «copiée» puisque libre<br />
de tout droit ou propriété. C'est ce qui explique la<br />
différence <strong>du</strong> prix. C'est prouvé scientifiquement<br />
que pour ce qui est des vertus thérapeutiques ou<br />
efficacité, il n'y a aucune différence. Certains<br />
consommateurs pensent que certains génériques<br />
sont des pro<strong>du</strong>its originaux, par défaut, car ils<br />
n'ont jamais connu les «originaux».<br />
Certains pensent que les génériques ne sont pas<br />
totalement conformes aux originaux...<br />
Non, c'est un faux raisonnement. C'est vrai, à<br />
l'étranger, il y a des fraudes concernant la bioéquivalence,<br />
et certains génériques ne répondent pas<br />
aux normes. En Algérie, la commercialisation de<br />
n'importe quel pro<strong>du</strong>it exige le certificat de<br />
conformité de la bioéquivalence.<br />
Quels sont les pro<strong>du</strong>its les plus commercialisés<br />
sous forme de génériques sur le marché algérien ?<br />
Le générique touche toutes les classes de pro<strong>du</strong>its.<br />
Rares sont les pro<strong>du</strong>its ou médicaments qui<br />
échappent au générique, exception faite pour certaines<br />
thérapies en phase expérimentale ou protégées<br />
par des brevets. Il arrive qu'un même pro<strong>du</strong>it<br />
(molécule) se décline sous une vingtaine de molécules<br />
génériques sur le marché algérien. Quand<br />
certains malades ne trouvent pas de médicaments,<br />
c'est parce qu'ils cherchent des molécules bien précises<br />
hors des génériques. Une attitude qui peut<br />
révéler des pénuries, au moment oû le médicament<br />
existe bel et bien sur le marché, sous forme<br />
de générique. Cela arrive souvent.<br />
Y a-t-il encore des difficultés à convaincre un<br />
patient de l'efficacité <strong>du</strong> générique ?<br />
Quand certains médecins ne sont pas, euxmêmes,<br />
convaincus ou tout simplement ignorent<br />
ce que peut être un générique, comment voulezvous<br />
que le patient soit à son tour persuadé de l’efficacité<br />
<strong>du</strong> générique. Ce sont les médecins qui<br />
prescrivent les médicaments, pas les laboratoires.<br />
De ce fait, il est encore difficile de faire passer le<br />
message au patient algérien, et notre défi est de<br />
convaincre le consommateur algérien. Cependant,<br />
rien n'empêche que certains modèles sont acceptés<br />
facilement par le patient.<br />
Etes-vous en mesure de nous avancer quelques<br />
chiffres ?<br />
Des chiffres, je n'en ai pas sur moi. Ce que je<br />
peux vous confirmer, c'est que parmi le Top 10 des<br />
pro<strong>du</strong>cteurs de médicaments en Algérie, nous<br />
avons huit molécules mères et deux génériques. Je<br />
peux vous confirmer aussi que le nombre de laboratoires<br />
spécialisés dans le générique est plus<br />
important que ceux qui pro<strong>du</strong>isent les princeps.<br />
Concernant les brevets, comment cela se passe-til<br />
pour les pro<strong>du</strong>cteurs de génériques ?<br />
Il n’y a pas un seul schéma dans cette procé<strong>du</strong>re,<br />
quelques laboratoires achètent des licences.<br />
Celles-ci ouvrent droit aux techniques et procédés<br />
de fabrication sans pour autant donner les spécificités<br />
<strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it. Autre cas de figure, il y a ceux qui<br />
achètent les licences et développent, eux-mêmes, le<br />
pro<strong>du</strong>it. D'autres choisissent de fabriquer les pro<strong>du</strong>its<br />
sans acheter la licence. Certains en Algérie,<br />
ont réussi la fabrication d'un générique avec succès,<br />
après que le pro<strong>du</strong>it d'origine soit tombé dans<br />
le domaine public.<br />
Y a-t-il eu des conflits entre fabricants ou laboratoires<br />
en Algérie ?<br />
Sur le marché <strong>du</strong> générique, il existe une grande<br />
concurrence entre ceux qui fabriquent les molécules<br />
mères et ceux qui fabriquent leurs propres<br />
génériques. Chacun à sa stratégie. Les grandes firmes<br />
multinationales ont une longue expérience<br />
dans ce domaine. Les fabricants algériens locaux<br />
ne peuvent pas faire face à cette concurrence.<br />
Entretien réalisé par Khelifa Litamine<br />
ALGERIE NEWS Mercredi 20 mars 2013