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Octobre-Novembre 2005 - Ipam

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grand dam de l’ex-maire de Neuilly le grincheux Nicolas ou de son petit lieutenant Eric Raoult, maire du<br />

Raincy ! C’est une fiscalité plus juste, une autre politique scolaire, etc., qui sur de nombreux aspects, peut<br />

commencer à être mise en œuvre au niveau des collectivités locales !<br />

La démonisation des classes dangereuses bat son plein. Le vertueux Nicolas a compris que c’est le cannabis<br />

qui est une « catastrophe nationale de très grande ampleur » et concours aux désordres 85 . Et qui consomme<br />

du Cannabis ? Pas les accros au Ricard sans doute. Le talentueux Gilles de Robien lui, a découvert que nos<br />

ennuis venaient de cette épouvantable « méthode globale », d’apprentissage de la lecture. Salauds de profs !<br />

Il est pourtant assez vieux pour savoir que cette méthode (non utilisée) avait déjà été incriminée lors du<br />

phénomène des Blousons noirs des années 60 ! La loi antiterroriste, qui fait un peu plus reculer les libertés<br />

sans faire avancer la lutte contre les fous terroristes, a été votée avec l’abstention gênée des socialistes. Et qui<br />

sont les graines de terroristes ? Suivez mon regard vers le nord est parisien ou l’est lyonnais… Raison de<br />

plus pour maintenir l’Etat d’urgence en cadeau de Noël. « Ce n¹est pas un cauchemar : nous vivons bien<br />

dans la France du XXIe siècle », constate le journaliste Ivan Du Roy 86 .<br />

Bien entendu, ceux qui protestent contre cette démonisation systématique et continue se verront taxés<br />

« d’angélisme » par les bien-pensant comme Jean-Pierre Le Goff : « Dans les années 30, même si l’on était<br />

pauvre et victime du chômage, on était inséré dans des collectifs et capable de canaliser sa révolte. Ce n’est<br />

pas vraiment le cas aujourd’hui pour ces bandes de jeunes qui détruisent les écoles de leur quartier, les bus,<br />

les voitures de leurs voisins... Avant de s’interroger sur les conditions qui ont rendu possible ce phénomène,<br />

il faut le regarder en face, à l’instar des animateurs sociaux qui sont en première ligne depuis des années. Il<br />

est temps que la gauche rompe avec le déni de la réalité et l’angélisme » 87 .<br />

Pendant ce temps là, les anges de Clichy-sous-bois et d’ailleurs, les gamins de la république, qui, pour leur<br />

malheur, ne peuvent nier la réalité, verront s’évanouir les belles promesses, comme cette part des anges qui<br />

disparaît des tonneaux de Cognac pendant le vieillissement, mais sans pouvoir profiter de l’ivresse.<br />

Peut être, heureusement, auront-ils entendu l’écho de ces paroles d’espoir venu d’outre atlantique, par deux<br />

de leurs anges tutélaires, deux grands écrivains de la langue française :<br />

« Il n’est pas concevable qu’une Nation se renferme aujourd’hui dans des étroitesses identitaires telles que<br />

cette Nation en soit amenée à ignorer ce qui fait la communauté actuelle du monde : la volonté sereine de<br />

partager les vérités de tout passé commun et la détermination à partager aussi les responsabilités à<br />

venir » 88 .<br />

Et peut être apprendront-ils aussi que l’histoire racontée par Victor Hugo n’est pas seulement celle de la<br />

petite Cosette à Montfermeil, de l’autre coté de la colline de Clichy sous bois, mais cette histoire là, un jour<br />

de grande colère:<br />

« Fichtre! dit Gavroche. Voilà qu’on me tue mes morts. Une deuxième balle fit étinceler le pavé à côté de lui.<br />

Une troisième renversa son panier. Gavroche regarda et vit que cela venait de la banlieue.<br />

Il se dressa tout droit, debout, les cheveux au vent, les mains sur les hanches, l’oeil fixé sur les gardes<br />

nationaux qui tiraient, et il chanta:<br />

On est laid à Nanterre,<br />

C’est la faute à Voltaire,<br />

Et bête à Palaiseau,<br />

C’est la faute à Rousseau.<br />

Puis il ramassa son panier, y remit, sans en perdre une seule, les cartouches qui en étaient tombées et,<br />

avançant vers la fusillade, alla dépouiller une autre giberne. Là une quatrième balle le manqua encore.<br />

Gavroche chanta:<br />

Je ne suis pas notaire,<br />

C’est la faute à Voltaire,<br />

Je suis un oiseau,<br />

C’est la faute à Rousseau.<br />

Une cinquième balle ne réussit qu’à tirer de lui un troisième couplet:<br />

Joie est mon caractère,<br />

C’est la faute à Voltaire,<br />

Misère est mon trousseau,<br />

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